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𝘛𝘌𝘓𝘓 𝘔𝘌 𝘊𝘈𝘕 𝘞𝘌 𝘚𝘛𝘐𝘓𝘓 𝘎𝘌𝘛 𝘏𝘐𝘎𝘏 ?

𝟐𝟐:𝟑𝟎 ; 𝐓𝐢𝐧𝐧𝐢𝐭𝐮𝐬

𝐭𝐰!!𝐦𝐞𝐠𝐞𝐧𝐫𝐚𝐠𝐞, 𝐡𝐨𝐦𝐨𝐩𝐡𝐨𝐛𝐢𝐞, 𝐝𝐞𝐚𝐝 𝐧𝐚𝐦𝐢𝐧𝐠

❛ᵇᵃᵇʸ, ᴵ ʲᵘˢᵗ ʷᵃⁿᵗᵉᵈ ᵗᵒ ᵇᵉ;ʷᵃⁿᵗᵉᵈ ᵗᵒ ᵇᵉ ʰᵒᵗ ˢᵗᵘᶠᶠ ⁽ʸᵒᵘ ᵏⁿᵒʷ?⁾매일 ᵖᵃʳᵗʸ ˡⁱᵏᵉ ᵗʰᵉ ʷᵉᵉᵏᵉⁿᵈ❜




— Et bah c'est pas trop tôt ! T'es enfin là Minho !! 

Une jeune femme s'avança à grand pas. Le claquement des talons de ses bottines se perdit au travers de la musique, la demoiselle courait presque, se jetant déjà sur le susnommé. Sa longue robe noire tout en cuir lui collait à la peau et dévoilait ses longues jambes parfaitement épilées. Sa poitrine déjà volumineuse était soulignée par un corset serré presque à l'excès, elle devait étouffer, là-dedans. Le jeune homme fut tenté de se reculer avant que ses bras ne se referment sur lui mais il était déjà trop tard. Ses mains plaquées contre son dos, la chaleur de ses bras au travers de son tee-shirt -presque comme si elle touchait sa peau nue- , sa petite tête collée à son torse, ses cheveux tous éparpillés sur lui et sa poitrine pressée contre lui. Elle l'embrassa avec avidité, sans aucune retenue, comme s'ils ne s'étaient pas vu depuis une éternité, ses doigts figés dans son cuir chevelu. Une profonde répulsion le submergea, tentant de passer outre le dégoût excessif que lui procurait les contacts physiques, il se sentit vaciller. Et lorsqu'elle se recula enfin il expira discrètement tout l'air contenu dans ses poumons.

Elle était belle Gladys, mais qu'est-ce qu'elle l'étouffait Gladys, le châtain ne s'y retrouvait plus vraiment. Et il était comme enchaîné à cette jeune femme qui l'embrassait avec amour. Avec envie. Désir, pas d'amour. Il confondait, il ne savait plus. 

 Et nous alors ? Tu t'en fous ?! S'indigna un garçon qui revêtait fièrement un costume du Joker, s'époumonant presque pour être entendu. 

Et elle l'ignora royalement. La grande brune était trop occupée à montrer tout les détails de son costume, Gladys s'amusait avec la queue de démon cousue dans le bas de son dos tout en expliquant au beau brun qu'elle avait choisi de se déguiser en démon parce qu'elle pensait que : "Les anges c'est dépassé tu comprends, et puis qu'est-ce que c'est cliché, mon dieu...!" Lui avait-elle dit avec un petit air hautain et un ricanement dédaigneux. Pourtant, il les aimait bien lui les anges, Minho, mais il se contenta de rire en acquiesçant. Il renchérit même, faisant rire tout ses amis. Qu'il se sentait ridicule. À jouer quelqu'un qu'il n'était pas simplement pour leur bon vouloir. Qu'il les détestait. Qu'il la détestait, et pourtant il se sentit coupable de ressentir ça en voyant ses yeux s'illuminer lorsqu'elle lui parlait avec tant d'entrain. 

La jeune femme poursuivit sur sa lancée, parlant des matériaux qu'elle avait utilisé pour son costume. Elle s'était apparemment refusée à utiliser du simili-cuir, étalant l'aisance financière de sa famille au passage. Cette soirée était autant une bonne façon pour tout les étudiants de leur école de mode de montrer leur talent que pour elle d'étaler sa richesse tout en appuyant son influence lorsqu'elle s'était proposée pour accueillir cette fête dans l'immense maison de ses parents. C'était comme si elle avait quelque chose à prouver au monde entier, quand dans les faits tout le monde s'en foutait.

 D'ailleurs Minho, t'es déguisé en quoi au juste ? T'as vraiment pas fait d'effort, pouffa-t-elle le fixant droit dans les yeux.

— Danny Zuko, dans Grease t'sais. Ouais j'avais la flemme j'avoue,  rit-il, bien qu'en réalité il se sentait gêné. Il avait envie de pleurer. 

La vérité c'était qu'il n'avait pas du tout envie d'être là, qu'il aurait préféré rester bien au chaud dans son minuscule appartement avec ses trois chats, devant un bon livre. C'était aussi parce qu'il aurait bien aimé se transformer en chapelier fou le temps d'une nuit, mais qu'on ne lui avait pas permis de trouver son Alice. C'était démodé, dépassé comme elle disait, pas digne du gars populaire. Il devait se contenter de sourire joliment, de jouer les forts, de jouer les durs quand en réalité il pleurait devant les pubs de la SPA et s'attachait à chaque chat errant qui croisait son chemin. 

Alors il avait juste enfilé l'un de ses jeans déchirés, ses bagues préférées dont une de sa maison de couture préférée qu'il avait mit du temps avant de pouvoir se payer, un simple tee-shirt blanc dans lequel il crevait de froid et une veste en cuir trouvée dans une friperie. Ses doc martens lui faisaient déjà mal aux pieds et il savait d'ores et déjà que le sang viendrait tâcher ses chaussettes. Cependant, le style devait passer avant tout, étudiant en mode exige. C'est pourquoi beaucoup s'était inspirés de grand couturier tel qu'Yves Saint-Laurent, Jean-Paul Gautier ou bien Vivienne Westwood qui était d'ailleurs une couturière qu'il chérissait tout particulièrement, la créatrice de sa maison de couture préférée.

Gladys le tira soudainement par la main le faisant violemment sursauter, l'arrachant à ses pensées, le jeune homme captant les rires qui se voulaient discrets. Tout le petit groupe suivant leur hôte qui les guida à travers les corps bruyants de la marrée étudiante. Le plafond s'élevait si haut qu'il n'en voyait pas le bout, et le salon si large qu'il en vint à se demander où il commençait et où il finissait. Le brunet put même entrevoir un podium coincé entre les jeunes adultes aux corps lancinants sous la musique assourdissante.

L'organisatrice de cette soirée costumée leur présenta donc la cuisine avec toutes les boissons et surtout et en particulier de l'alcool, ceux sur quoi son regard se fixa. Les quelques snacks présents passèrent totalement inaperçu à ses yeux et Minho s'empressa de se saisir d'une bière qu'il décapsula rapidement à l'aide d'un briquet. Le jeune homme avala une première gorgée. Sa gorge brûla. L'adrénaline dans ses veines aussi. Il en avala une nouvelle. Il sentit vaguement Alex lui frapper l'épaule, la bouche rougeoyante de son Joker s'étirant tandis qu'il riait, rigolant de le voir déjà commencer à boire avec autant de vigueur. Il avait envie de le frapper à son tour, mais dix fois plus fort.

Je veux juste tout oublier. Pitié.

Que c'était triste, que c'était navrant, il se sentait pathétique. Alcoolique avant même d'avoir fêter ses dix-neuf ans, mais l'absinthe lui faisait perdre la tête. Elle le sauvait, elle le rendait plus fort, plus courageux, plus joyeux. C'était ce qu'il croyait quand en réalité elle le perdait. 

Chassant ses pensées parasites, il but tout d'une traite et une nouvelle main s'abattit avec force sur son épaule. Cachant la grimace que lui provoqua la brûlure de l'alcool en riant de bon cœur avec son ami. Encore, il lui en fallait une autre. Et Minho n'eut pas besoin de demander pour qu'on lui en donne une, le jeune homme déguisé en Joker lui passa une nouvelle bière spontanément, amusé par une chose qui n'avait rien de drôle. C'est ainsi qu'il enchaîna les bouteilles et les verres dans l'immense cuisine de sa petite-amie qu'il rêvait de voir disparaître. Ils discutèrent de tout et de rien. De rien surtout. Et la pièce lui paraissait de plus en plus comme étant secouée par la houle.

Ce soir là, l'air tremblait sous le vacarme. Ce soir là, il sentait l'interdit et il puait l'alcool. Ce soir là, il était placé sous le signe du secret. Et Minho, il était à peine arrivé qu'il voulait déjà repartir. Sauf qu'il était déjà trop déchiré pour y penser plus. Il ne les entendait même plus parler, leurs paroles, n'étaient plus que piaillements insignifiants quand il capta une forme du coin de l'œil. Le cerveau embrumé, il se sentit vaguement tourner la tête dans la direction de l'intrigante silhouette. Le jeune homme s'entendit à peine prétexter aller aux toilettes quand on lui demanda où il allait. C'était à peine s'il s'était rendu compte qu'il avait bougé. L'absinthe semblait engourdir tout ses sens bien qu'il n'en avait pas pleinement conscience.

Le brunet s'enfonça entre les corps transpirants avec une certaine frénésie, il avait peur de la perdre vue. Il ne devait pas, non, il ne pouvait pas la laisser filer. C'est alors qu'elle s'arrêta. Au milieu de tout ces êtres inconnus. Sous les lumières rosés et mauves, filant entre les notes de musiques, resplendissante de grâce, la silhouette se fit nette sous ses yeux. Des cheveux blonds mi-long délicatement ondulés rempli d'étoiles savamment réparties, les douces plumes des ailes d'un ange, la tulle virevoltante d'un jupon dont la coupe lui rappela ceux des années cinquante et d'immenses bottes noires à lacets -des demonia remarqua-t-il- lui mangeant les jambes. 

Et puis finalement, les bras montant au ciel et le corps ondulant, les genoux fléchis et la tête en arrière, la silhouette se tourna face à lui. Elle dansait, et elle était sublime. De grands yeux sombres qui brillaient sous les stroboscopes, une adorable bouche en cœur, une mâchoire marquée, le teint halé, des constellations sur les joues et l'arête de son nez tout rond, comme sur les tulles présente sur les jupons de sa robe blanche. Des petites étoiles roses qui brillaient dans la pénombre. Il put remarquer le collier Vivienne Westwood pendant à son cou, la petite planète brillante se balançait au fil de ses mouvements.

Et dans ses yeux il y avait tout un univers. 

C'est alors que son sourire le frappa en plein cœur, il sentit son organe vital partir dans une course folle tandis qu'il avisait les paillettes violettes qui parsemaient son visage. Un ange. Cela ne pouvait être qu'un ange. Un vrai. Il en était persuadé. Sous toutes ces lumières multicolores, il lui sembla presque qu'un halo de lumière l'entourait, lui donnant un aspect étrangement irréel. C'est alors qu'il s'approcha de celui-ci, les mains moites. Et l'ange saisit sa main, il -ou elle ?- l'entraîna tout contre lui. Il fallait dire que le jeune homme n'était pas discret à le fixer ainsi, béat d'admiration. En même temps, l'ange était sublime et il était réellement impressionné par la tenue que celui-ci avait dû créer de ses mains. Cet ange était talentueux.

— Tu danses ? Sa voix grave effleura ses oreilles.

 Pas trop à vrai dire. Il le dit si bas, tout contre son oreille, qu'il se demanda si l'ange l'avait entendu. 

Seul un rire lui répondit alors que d'une main, la silhouette qui n'en était plus une l'entraîna à l'écart de la foule. Il lui sembla qu'à son contact toutes ses pensées s'étaient éclaircies, que son sourire, était parvenu à chasser les nuages de son cœur. Le brun remarqua qu'elle tenait à peine son poignet pour lui donner la possibilité de faire demi-tour, de se défaire de sa prise, de s'enfuir. Concentré sur les battements frénétiques de son cœur, sur le sang qui battait à ses tempes, les rougissements de sa peau et les pulsations de son organe vital qui accablaient ses tympans, le garçon aux cheveux brun manqua de lui rentrer dedans lorsque l'ange s'arrêta finalement, jugeant qu'ils étaient assez loin de la foule.

 J'm'appelle Félix, et l'ange sourit de toutes ses dents.

— Minho, se présenta-t-il brièvement. Il avait beau le détailler il n'arrivait pas dire si c'était une femme ou un homme. Son froncement de sourcils sembla attirer l'attention de Félix qui rit.

 J'suis une meuf, te creuses pas trop la tête va, tu vas finir par te chopper des rides à froncer les sourcils comme ça. Ricana-t-elle tandis que ses yeux se plissaient et que son petit nez se retroussait adorablement.

— Pardon, rougit-il en détournant le regard. J't'avais jamais vu avant, dis tu s'rais pas un ange par hasard ?

 J'sais pas, à toi d'me le dire. 

Et ils se sourirent, le regard complice, les joues rougissantes et les mots maladroits. Bafouillant. Hésitants. La jolie demoiselle le fixa longuement, tout deux gardaient le silence comme s'ils avaient peur de le briser. Il la surprit à le détailler. Son regard glissait sur lui avec précaution pour ne rater aucun détail de sa personne. Elle se devait de tout capturer pour l'encrer dans sa mémoire. Ses yeux sur lui le faisait rougir furieusement. Il avait l'habitude d'être détaillé avec envie, jalousie, moquerie sous couvert d'un air amical, désir et dédain mais jamais au grand jamais on ne l'avait regardé ainsi. Aucune femme ni aucun homme de cette terre maudite n'avait déjà posé un tel regard sur lui : emprunt de douceur, curieux, fasciné, admiratif.

"C'est drôle Minho, t'as des étoiles dans les yeux." fit-elle finalement, un fin sourire étirant alors ses jolies lèvres couvertes de rose. Rose qui, il le remarqua, maintenant qu'ils s'étaient éloignés des lumières luisait dans le noir d'un joli rose fluo. Dès cet instant, ses yeux refusèrent de quitter les lèvres de la demoiselle, jusqu'à ce qu'ils rencontrent ses semblables, rieurs et particulièrement amusés, lorsqu'elle se baissa pour rencontrer son regard. On pouvait lire dans ceux-ci : "mes yeux sont plus hauts tu sais ?" c'est ainsi qu'il se mit à rougir pour la énième fois de la soirée. Et les éclats de lumière dans les pupilles de Minho se mirent à scintiller plus fortement encore, et Félix sourit parce qu'elle les trouvait magnifique, ces iris étoilées. Elle aurait voulu pouvoir les détailler pour toujours, parce que qu'est-ce que c'était beau, d'illuminer de nouveau les yeux d'un jeune homme qui avait perdu le sourire une fois l'enfance envolée. Qu'est-ce qu'elle était heureuse, d'en être la cause.

La jeune femme s'avança doucement, lui laissant la possibilité de reculer s'il en ressentait le besoin. Elle avait remarqué qu'il se crispait à la moindre proximité, au moindre contact. C'est qu'elle était particulièrement attentive Félix. Surtout avec ce garçon qu'elle venait de rencontrer. C'est ainsi que la blonde le vit s'approcher à son tour. A vrai dire, elle ne savait plus vraiment pourquoi elle avait voulu se rapprocher, juste qu'ils étaient proches, vraiment très proches. Et aussi qu'elle...

 Ah bah t'es là Minho ! Ça fait presque une demi-heure qu'on te cherche putain. S'était écrié un grand roux déguisé en ce qui était, selon ses propres explications particulièrement foireuses, un damné. 

Ils s'écartèrent. Minho retint un grondement sourd, il aurait fallu une seconde infinitésimale pour que leurs lèvres ne se percutent, rien que ça. Il se retint de le fusiller du regard pour avoir éclater ainsi leur bulle, Félix sut que si ses yeux avaient pu tuer, ce rouquin au sourire débile serait déjà raide mort. Le retour à la réalité, était brutal.

 Oh mais attends c'est Elio ! Tu traînes vraiment avec ce PD ? S'exclama Alex, hilare. Il ne dit rien.

 Je m'appelle Félix, pas Elio et j'suis une femme j'te ferais remarquer. Répliqua froidement la demoiselle en serrant les poings.

 Ouais c'est ça, cause toujours tu m'intéresses, travelo de merde. Cracha le garçon déguisé en Joker.

 Allez viens Minho, on s'en va, on risquerait de finir contaminé, c'est contagieux ces choses là tu sais ? Minauda Gladys en collant tout son corps au jeune homme, un regard mesquin envers la demoiselle dont le visage était devenu livide. 

Elle se sentait bouillir de l'intérieur, premièrement devant toutes ces insultes homophobes et transphobe, deuxièmement parce qu'elle percevait chacun des muscles du beau brun se crisper au contact de la grande brune, qu'elle pouvait lire le dégoût et l'infini tristesse dans les yeux de celui-ci, il avait envie de vomir, il allait vomir si elle ne se détachait pas de lui, et vite, puis la déception balaya tout le reste. Lorsqu'il partit avec eux, en elle, il n'y avait plus que désillusion et déception.

Et lui, la terreur dégueulait de ses yeux.

⊹ ۪ 𖥔 ˑ ִ ֗ ִ ۫ ˑ

𝟐𝟑:𝟒𝟖; 𝐖𝐡𝐞𝐧 𝐖𝐞 𝐃𝐢𝐞 (𝐂𝐚𝐧 𝐖𝐞 𝐒𝐭𝐢𝐥𝐥 𝐆𝐞𝐭 𝐇𝐢𝐠𝐡 ?)

𝐭𝐰!!𝐝𝐞𝐛𝐮𝐭 𝐝𝐞 𝐥𝐢𝐦𝐞

❛ᴸᵉᵗ'ˢ ⁿᵃᵐᵉ⁻ᶜʰᵃⁿᵍᵉ, ʸᵒᵘ'ʳᵉ ᵃ ⁿᵉʷ ʷⁱᶠᵉ;ᴵ ʷᵃⁿⁿᵃ ᵏⁿᵒʷ, ᵈᵒ ʸᵒᵘ ˢᵗⁱˡˡ ᵏᵉᵉᵖ ʸᵒᵘʳ ᵖʳᵒᵐⁱˢᵉˢ[...]ᴵ ʰᵃᵛᵉ ᵃ ᵖʳᵒᵖʰᵉᶜʸ, ʸᵉᵃʰ, ᴵ ᵗʰⁱⁿᵏ ʸᵒᵘ'ʳᵉ ⁱᵐᵐᵒʳᵗᵃˡ, ᵒʰ❜

 Félix s'il te plaît attends !

Tentant de bloquer désespérément l'arche qui faisait office de porte pour l'empêcher de s'échapper de la cuisine, Minho se tenait devant la jeune femme, les bras écartés autant qu'il le pouvait. Cependant, il allait de soit qu'une surface aussi large ne pouvait être totalement bloquée par un seul homme, aussi désespéré soit-il. Ainsi elle le contourna en repoussant brusquement un de ses bras, un verre de vodka diluée dans du jus de raisin à la main. La petite blonde marcha d'un pas rapide, déterminée à le semer.

Cependant il ne sembla pas de cet avis car le brun l'attrapa par le poignet pour la tirer vers lui, l'empêchant de s'enfuir. Son regard exprimait une détresse telle que la jeune femme se résigna à l'écouter, les bras croisés sur sa poitrine et le regard dur. Regard qui cachait la tristesse et la colère qui l'habitait depuis que le jeune homme l'avait lâchement abandonné, sans un regard en arrière, sans même tenter de la défendre.

Il aurait voulu lui expliquer à quel point il était terrifié, que les iris glaciales de la grande brune l'avaient cloué au sol, que sa voix provoquait mille et une angoisse en lui et que lorsque sa main s'était enroulée autour de son poignet, il s'était revu au lycée. Quand elle le traînait dans tous les sens, le forçait à parler avec ces autres qui ne savaient que juger, comme s'il n'était qu'une vulgaire marionnette. Sans émotions, sans besoins, sans désirs. 

 Je... Félix je suis vraiment désolé j'ai été con, j'aurais dû te défendre corps et âme plutôt que d'écouter bêtement ces guignoles. C'est que... 

Sa voix trembla, cachant un énorme sanglot qui lui coupa le souffle, il ne savait pas s'il pourrait lui expliquer maintenant. Il ne savait pas s'il pourrait lui ouvrir son cœur ainsi, lui exposer sa faiblesse et ses peurs les plus terribles. 

 J-J'ai peur... J'suis terrorisé, je... C'est tout ce qu'il parvint à dire. A vrai dire c'était la première fois qu'il confiait ce qu'il ressentait et sa voix était plus tremblante qu'il ne l'aurait voulu. Il en voulu à ses émotions de transparaître autant, à sa voix de flancher ainsi.

 Bon, elle soupira en décroisant les bras pour saisir sa main. J'vois bien qu'tu t'en veux mais je suis désolé je peux pas te pardonner aussi facilement, tu m'as vraiment déçue. Par contre je connais un moyen pour que je t'en veuille un peu moins, si tu veux vraiment te faire pardonner, viens dont danser avec moi. 

Il n'eut même pas le temps de répliquer que déjà, la jeune femme le tirait à la rencontre de la houle des corps qui se déhanchaient sans réellement savoir ce qu'ils faisaient. Rien que des corps maladroits en somme. Minho la laissa guider ses pas qui ne savaient que faire, car si lui ne savait pas vraiment danser tout du moins il le pensait, elle, elle dansait comme s'il n'y avait pas de lendemain. C'était son âme qui dansait avec son corps. Son grand sourire lui fit comprendre qu'elle adorait ça, alors il la saisit délicatement par la main pour la faire tourner sur elle-même avec précaution. Sa robe s'éparpilla tout autour d'elle, s'épanouissant comme les pétales d'une fleur tandis qu'elle riait. On aurait dit une enfant, et cela le fit sourire puis rire à son tour, elle était adorable.

Ils dansèrent ensemble sans réellement savoir ce qu'ils faisaient, ce n'était que deux corps qui interagissaient entre eux sans se soucier de rien. Et tandis que Félix prenait une gorgée de sa boisson, une nouvelle musique au rythme plus langoureux et aux inspirations latines se lança. La blonde s'approcha doucement de lui avec un petit sourire et les yeux brillants de quelque chose qu'il n'aurait su décrire. A vrai dire, il s'en fichait bien de savoir si c'était de la malice ou bien du désir, si elle avait une idée derrière la tête, quand son dos rencontra son torse et que ses doigts fuselés s'accrochèrent à l'arrière de son cou, il ne pensait plus à rien. La jeune femme déposa doucement sa tête contre son épaule, glissant sa bouche contre son oreille : "Ça te dérange ?" elle murmura. Et son cœur s'emballa.

"Non, pas quand c'est toi." et il entoura sa taille de ses bras, les faisant glisser pour que seulement ses mains entourent ses hanches. L'ange le guidait plus que lui ne le faisait, mais Minho aimait sentir la chaleur de sa peau sous ses doigts au travers du tissu. Il appréciait la forme de son corps épousant sans vulgarité celle du sien. Il aimait la douceur si simple qui résidait dans leurs contacts multiples. Comme s'ils cherchaient à ne faire plus qu'un, leur deux êtres continuèrent à se coller, à se mouvoir en rythme. Et au fur et à mesure que les musiques défilaient il ne se quittèrent plus. Lorsque la mélodie devint douce, que les âmes s'apaisèrent, les bras de Minho rejoignirent le bas du dos de la jeune femme tandis que ceux de Félix vinrent serrer son cou.

Ils se serrèrent, très fort, comme s'ils avaient peur que l'autre disparaisse, comme s'ils avaient peur de soudainement se réveiller tout en se rendant compte que tout cela n'était qu'un rêve. Et quel rêve... Si s'en était un, ce serait le plus beau qu'il ai jamais fait. Et puis ils se pressèrent l'un contre l'autre si fort que lorsque le slow fut terminé, ils restèrent sans bouger au milieu des corps qui s'agitaient de nouveau. Prisonniers d'une bulle, de leur propre monde. Cependant, l'utopie fut brisée lorsqu'un inconnu les bouscula, Minho manqua de tomber et Félix rit à son regard meurtrier. Et puis la blonde s'agita de nouveau, entraîna le brun dans sa course effrénée, dans sa danse folle sans queue ni tête mais qui paraissait pourtant si censée d'un point de vue extérieur.

 Minho, j'ai chaud, viens on va se baigner.

 Q-Quoi...?

Le rythme effréné de Félix aurait pu être étourdissant, difficile à suivre, mais Tristan lui il y laissait son âme se perdre. Il se perdait dans cette énergie et cette joie qui semblait à toute épreuve. Il se noyait dans ses pas et il se serait volontiers abandonné à ses bras. 

C'est ainsi qu'une fois encore elle le traîna à sa suite sans lui laisser la possibilité de répliquer quoi que ce soit. Elle balança le verre qu'il tenait sans qu'il n'y fasse réellement attention et il fut entraîné hors de la foule, jusqu'aux immenses baies vitrées qui donnaient sur la terrasse et l'immense piscine de la propriété. Nombre de personnes y étaient rassemblés et sans considération pour ce qui l'entourait, tandis qu'elle tirait toujours Minho à sa suite, elle sauta dans la piscine. Sans prévenir. Le brun toujours sur le bord se fit généreusement arrosé, lâchant un cri aiguë.

Il la vit revenir à la surface, les cheveux trempés, sa robe lui collant à la peau et les ailes anges dans son dos totalement détrempées. Elle s'approcha du bord en riant, les paillettes étalées partout sur son visage auquel quelques mèches blondes collaient. Félix tendit la main en lui demandant de l'aider à remonter, requête à laquelle il accéda naïvement, saisissant la petite main de son vis-à-vis, petite main qui s'avéra sacrément vicieuse puisque qu'elle l'entraîna dans la piscine.

Il remonta à la surface en toussant et en jurant, dégageant les cheveux devant ses yeux. Le jeune homme retira sa veste pour la jeter sur le rebord de la piscine. Puis il se tourna vivement vers la jeune femme, furibond tandis qu'elle riait à gorge déployée, fière de sa bêtise.

 Putain t'es sérieuse là ? Geint-il. Mon téléphone était dans ma poche il doit être foutu maintenant, se lamenta-t-il.

 Oh allez, c'est pas la mer à boire ! Moi aussi mon portable était dans ma poche, viens là, rabat-joie. 

Et lorsqu'elle l'attira tout contre elle, ses protestations moururent dans sa gorge. La jeune femme s'agrippa à son cou comme à une bouée de sauvetage, leur deux buste trempés se rencontrèrent et ils rougirent de concert. Lorsque leur regard se croisèrent, leurs joues s'empourprèrent davantage. Minho entoura alors avec délicatesse la taille de la jeune femme pour les rapprocher tout deux du bord. En prenant grand soin de garder Félix contre lui, il entreprit de se hisser hors de la piscine tout en cachant la demoiselle de ses bras.

Bien que le tissu soit relativement épais il n'empêchait que de part sa blancheur, il en devenait transparent au contact de l'eau. Alors pour empêcher que son corps ne soit exposé à la vue de tous, il récupéra sa veste avec laquelle il la couvrit puis passa l'un de ses bras sous ses jambes, l'autre se glissant dans son dos pour la porter, serrée tout contre lui et le visage enfouit dans son cou. Félix se sentait particulièrement en sécurité entre ses bras, la chaleur de son corps l'enveloppait dans une bulle de douceur, hors du temps, bulle à laquelle la jeune femme n'aurait voulu se soustraire pour rien au monde.

Minho retourna alors à l'intérieur pour rejoindre l'escalier qui menait à l'étage. Il monta lentement un nombre de marches qui lui parut infini tant le marbre semblait s'étirer sans jamais trouver de fin. Finalement, il chercha à l'aveugle la salle de bain et lorsqu'il la trouva enfin, il les enferma pour que personne ne vienne les déranger, et tant pis si quelqu'un voulait vomir, il tâcherait la moquette immaculée de la maison de cette connasse de Gladys. Un sourire lui échappa en y songeant. 

Le jeune homme déposa la demoiselle entre ses bras sur le lavabo incrusté dans le mur, tout fait de marbre brun et composé de deux évier. Derrière eux se trouvait une immense baignoire qui prenait tout l'angle et une douche ainsi que des toilettes. C'était immense, mais ce qui l'était encore plus, c'était le gigantesque miroir dans le dos de Félix qui prenait presque tout le mur.

Le brun reporta alors son attention sur la jeune femme qui tremblait de froid. Il trouva rapidement des serviettes et s'empressa d'en saisir une pour entreprendre de sécher les cheveux de la blonde qui observait son téléphone entre ses mains.

 Il est mort, dit-elle.

 Le mien aussi, constata-t-il en vérifiant le sien à son tour. Peu importe, on s'en fou. 

Et il commença à lui sécher les cheveux avec douceur. Prenant mille précautions, le jeune homme était si concentré sur sa tâche qu'il ne remarqua pas le regard de la demoiselle rivé sur lui. Dans sa pupille se reflétait les contours de son visage, la pointe aiguisée de son nez, la courbe douce de sa mâchoire. Jamais le regard félin de son vis-à-vis ne croisa le sien pourtant, elle aurait voulu le croiser, pour pouvoir s'approcher et souffler sur ses lèvres mille et un mots silencieux. Mille et un mots qui se passaient de paroles. Rien qu'une caresse. Elle prononça faiblement son nom, dans un murmure, et enfin, leurs yeux se croisèrent et ne se lâchèrent plus. Le regard interrogateur du jeune homme était posé sur Félix, n'attendant qu'elle pour faire taire le silence et combler le vide.

— Embrasse moi. 

Des yeux s'écarquillèrent, les pupilles se dilatèrent et les mains tremblantes de Minho vinrent rejoindre les joues de la demoiselle en une délicate caresse. Et il s'approcha doucement, anxieux, l'adrénaline courant dans tout son corps qui se mit à chauffer étrangement. Ses mains semblaient brûler au simple contact de la peau si douce qu'il avait sous les doigts, et bizarrement, ça n'avait rien de désagréable. Et puis lentement leurs yeux se fermèrent d'un commun accord et la tension avant l'impact se fit étouffante. Empressée. Et puis brutalement, leurs lèvres se heurtèrent, se mouvèrent entre elles, dansèrent entre elles.

Sa bouche avait le goût de l'océan, de l'univers, de l'infini, parce qu'elle était un tout Félix, prête à exploser sous la pression et elle explosait dans sa bouche en un parfum inconnu. Si enivrant qu'il lui faisait tourner la tête. Minho goûtait lui l'hypocrisie et les faux semblants mais pressé tout contre les lèvres de la blonde, il avait la saveur de la cannelle et de la douceur du printemps. C'est pourquoi tout deux fondaient dans leur échange, ils s'étaient cherchés toute la soirée pour enfin se retrouver puis de nouveau se perdre dans la mellifluence d'une embrassade ridiculement brutale, parce que leurs mains se cherchaient brusquement. Leurs corps se voulaient ardemment et luttaient pour se rapprocher. Leur désir était violent. La séparation le fut tout autant, parce qu'ils ne voulaient plus se quitter, juste retrouver la chaleur réconfortante de l'autre.

Les mains du brun étaient pleines de paillettes tout comme ses lèvres étaient barbouillées de rose. Cette constatation fit rire la jeune femme qui sortit des paillettes très certainement des discrètes poches que comportait sa jupe pour en recouvrir son visage. En captant son air furibond elle ne put s'empêcher d'éclater de rire tout en prenant un air malicieux : "Bah quoi ? Fait pas cette tête, j'trouvais juste que y'en avait pas assez, ça manquait de paillettes tout ça". Et son regard parla pour lui tandis qu'il se jetait sur elle pour à son tour la couvrir de paillettes avant que bien vite, les baisers ne les remplace. Puis bien vite, leurs lèvres refusèrent de se détacher et les mains se firent baladeuses. Cependant une main sur son torse le poussa à cesser ses baisers.

— M-Minho, a-attends s'il te plaît... Minho j-je suis-

 Je sais Félix, je sais et ça m'importe peu, la coupa-t-il.

 N-Non s'il te plaît, j-j'ai besoin de le dire. Et il se tut, l'incitant à prendre son temps. Je... Minho je suis une femme trans. Fit-elle les yeux larmoyants en le fixant.

 Et ça ne change rien, je te désire, je t'apprécie Félix, mais surtout je t'accepte. Toute entière.

La jeune femme fondit presque instantanément en larmes, parce que personne ne lui avait jamais rien dit de tel, parce que ça faisait du bien de l'exprimer auprès d'une personne qui jamais ne la jugerait. Auprès d'une personne qui l'acceptait pour ce qu'elle était, qui n'exprimait ni dégoût ni haine ni perversion malsaine. Il la désirait, il l'aimait, il la voulait, toute entière. Il ne voulait pas la posséder, elle n'était pas un objet, ne lui appartenait pas, il voulait l'aimer comme on ne l'avait encore jamais fait. Et lorsque ses bras la serrèrent fort, elle se sentit vraiment bien pour la première fois de sa vie. Lorsque les larmes furent englouties par un doux baiser, elle se laissa aller.

𝐅𝐥𝐚𝐰𝐥𝐞𝐬𝐬

❛ʸᵒᵘ'ʳᵉ ᵃ ᵈᵒˡˡ, ʸᵒᵘ ᵃʳᵉ ᶠˡᵃʷˡᵉˢˢ;ᴮᵘᵗ ᴵ ʲᵘˢᵗ ᶜᵃⁿ'ᵗ ʷᵃⁱᵗ ᶠᵒʳ ˡᵒᵛᵉ ᵗᵒ ᵈᵉˢᵗʳᵒʸ ᵘˢ;ᴵ ʲᵘˢᵗ ᶜᵃⁿ'ᵗ ʷᵃⁱᵗ ᶠᵒʳ ˡᵒᵛᵉ❜

Le tissu se froissa sous les doigts maladroits, la peau se dévoila lentement. Caramel, couleur coucher de soleil pour l'une et diaphane, pareil à la Lune pour l'autre. Les premiers soupirs s'évadèrent dans les airs, coururent jusqu'aux oreilles. Des frissons, c'était ce qui vibraient à la surface de leur épiderme brûlant d'un feu intarissable. D'un feu qui leur brûlait les entrailles et grillait leurs cerveaux. Il montait à la tête et les faisait disjoncter. On parla, un peu, beaucoup. On jura, on hurla, cria, gémit, demanda.

"Je peux ?" "Oui, vas-y" sa peau goûtait le soleil et ses soupirs sentaient le désir. 

"Putain" "Bon sang" insultes fleuries. 

"Continue, Minho, s'il te plaît" "Oui, encore" des suppliques dorées dans la nuit. 

"Tu aimes, ça ?" "O-Oui" des voix chevrotantes, les langues s'emmêlent, encore. 

"Minho..." "Félix." des voix soufflées contre le marbre, la buée sur le miroir.

"Ah..." "Oh" des mots qui n'en étaient pas, surprise, plaisir, bien être. 

"T'es magnifique" "Toi aussi, t'es beau comme ça, Minho" les compliments filaient d'entre leurs lèvres, doux, tendre. 

"J'crois que je..." "Moi aussi." les "je t'aime" impossibles à dire, la peur et l'amour dans le ventre.

"J'ai faim" "De quoi ?" "De toi." le désir et l'envie dévorante qui accaparaient l'esprit, l'âme éperdue, affolée. 

"Attention" "Pardon." les corps qui s'allongent contre la pierre, les traces de mains, comme des statues grecques quoi que pas très conventionnelle. 

"Là, oui..." "Putain" le caramel sous le palais, la Lune roulant sur la langue.

Y'avait des paillettes partout, entre leur corps tremblants s'étaient glissés mille et une étoiles violettes. Le violacé sur la peau, s'éparpillait au fil de leurs mouvements. Minho, était l'homme le plus doux du monde, Félix en était persuadée. Ses mains glissaient sur sa peau comme sur un objet à la valeur inestimable, parce que pour lui Félix était précieuse. Qu'il ne fallait pas risquer de lui faire mal, de la brusquer, qu'il était à l'écoute de ses demandes, de ses désirs.

Il goûtait la courbe de ses muscles définis, son buste plat, ses hanches légèrement dessinées et le sel de sa peau dorée. Ses mains voguaient maladroitement sur son corps et celles de la blonde leur répondait avec autant de maladresse, puis les rires faisaient pétiller leurs yeux et comblaient les vides. 

Y'avait la transpiration qui roulait sur les muscles tendus par l'effort, les cris dans le vide, les peaux qui claquent, les mains qui s'éparpillent et les bouches qui s'égarent, le froissement du tissu qui rencontre des pieds sur le sol. Piétiné. La chute silencieuse de quelques plumes autour d'eux, les ailes étendues sur le sol. L'ange déchu. Et puis les cheveux dans les yeux, parfois dans la bouche. Les poils sous les doigts, la douceur de la peau, l'humidité contre les phalanges. La rudesse du marbre contre les corps. La sensation glacée de la pierre qui se réchauffe en même temps que les êtres. 

Les âmes en vrac, la lumière dans les yeux, les cheveux tout fous et le glamour jeté à l'entrée. La bienséance qui tambourinait à la porte -"Gladys ?"- qui n'avait plus aucune importance, parce qu'ils s'en cognaient. C'était pas vulgaire, ni sale, juste doux, brut, cru, brutal, empressée, désireux, envieux, chaud, froid, excitant. C'était plein de gémissements, du bruit mouillé des baisers, de demandes, de suppliques, du grondement du désir, de soupirs de plaisir, de déclarations d'amour silencieuses et qui pourtant hurlaient dans leur esprit malgré l'absence de mots quelconque. La poésie du sexe. Ils écrivaient leurs propres vers entre leurs gémissements.

Et sur la peau de Minho serpentait des traces de rouge à lèvres, contre ses pectoraux, sa bouche, son cou, le dessous de son oreille, son ventre, l'intérieur de ses cuisses, ses épaules, ses chevilles, ses poignets, ses mains, le creux de ses clavicules, la chute de ses reins... Vestiges du passage de Félix, quand des suçons avaient pris place aux même endroits sur le corps de celle-ci. Magnifique corps qu'il voulait chérir autant que cela lui était permis. Parfois quelques griffures, morsures d'amour et traces d'ongles restaient imprimées dans l'épiderme de l'un comme de l'autre. Instinct primaire, réactions instinctives entraînés par leur désir trop grand. L'un dans l'autre, ils tentaient de réduire l'espace, de l'effacer, le réduire à néant. Ne faire plus qu'un, entrer en symbiose devenait ce qui s'avérait être dans l'instant présent l'achèvement, l'avènement d'une âme secouée par l'envie et le plaisir, asservie par un amour qui se passait de mot.

Et puis enfin, après l'ascension, le point culminant, le climax, le big bang, l'explosion. Et ils avaient explosés ensemble, rasant tout sur leur passage, les bouches pressées contre les oreilles :"Je t'aime un peu trop je crois" ; "On aime jamais trop, Minho".

⊹ ۪ 𖥔 ˑ ִ ֗ ִ ۫ ˑ


𝟎𝟏:𝟏𝟓;𝐬𝐮𝐩𝐞𝐫𝐝𝐞𝐚𝐝𝐟𝐫𝐢𝐞𝐧𝐝𝐬

ᴼʰ, ᴵ ʷᵃⁿᵗ ᵗᵒ ˡⁱᵛᵉ ⁱⁿ ᵃ ⁿᵉʷ ᵈⁱᵐᵉⁿˢⁱᵒⁿ;ᵀᵃᵏᵉ ᵃ ʳᵉᶜᵒʳᵈ, ˢʰᵒᵒᵗ ʷⁱᵗʰᵒᵘᵗ ⁿᵒ ˢᵘˢᵖᵉⁿˢⁱᵒⁿ;ᴵ ʷᵃⁿᵗ ᵗᵒ ˡⁱᵛᵉ ⁱⁿ ᵃ ʷᵒʳˡᵈ ʷʰᵉʳᵉ ᴵ;ᶜᵃⁿ ᵇᵉ ʷʰᵒ ᴵ ᵃᵐ ʷⁱᵗʰᵒᵘᵗ ʰᵃᵛⁱⁿᵍ ᵗᵒ ᵗʳʸ

— Tu les as ? Regarde ce que j'ai trouvé


La jeune femme acquiesça en brandissant fièrement le sac à bandoulière qu'elle avait laissé dans le vestibule avec les affaires des autres invités tandis que le jeune homme tenait une robe toute en tulle rose poudré dans sa main droite. Après s'être tranquillement reposer calés l'un contre l'autre, affalés dans la baignoire ridiculement grande de la salle de bain, sans rien dire pour une durée indéterminée et nus comme des vers, Minho avait eu une idée que Félix avait directement approuvé. Le podium avait soudainement refait surface dans son esprit et il s'était simplement dit, pourquoi pas défiler ?

C'est pourquoi se trouvait étalés sur le sol leurs vêtements, des bombes de peinture, du fil, des aiguilles, des épingles à nourrice... Et du tissus, dans tout les sens, parce qu'ils déchiraient, rapiéçaient, recousaient. Le jean du brun n'était plus que lambeau, enfin, des lambeaux savamment réalisés. Aucun des trous créés n'avaient été fait au hasard et quelques épingles à nourrice rattachaient ensemble les déchirures délibérément trop importantes. Son t-shirt blanc avait subit le même sort bien que moins déchiré, quelques trous avaient été répartis de façon harmonieuse et des taches de peintures noires dégoulinaient à certains endroit.

Quand à sa veste, le jupon de la robe qu'il était allé chercher dans le dressing de la propriétaire de l'immense bâtisse, avait fini par être rattaché à celle-ci telle une traîne. Découpée méticuleusement, ils avaient superposé les couches, rajouté des chutes de tissu du jean du jeune homme entre celle-ci pour mixer les textures. "BRAT" trônait fièrement dans son dos en grandes lettres zinzolines bavant de toute part. Félix avait trouvé sur le marbre du lavabo d'immenses créoles qu'elle avait décidé de lui enfiler en décrétant que ça lui irait à merveille. Le jeune homme se surprit à se fixer longuement dans le miroir, une étrange sensation l'étreignant et l'enveloppant. Il aimait cette féminité qui se découpait contre la psyché et qu'il n'avait jamais osé libérer jusqu'à aujourd'hui.

La robe de la demoiselle fini déchirée, couverte de peinture violette, rose, noire, dansant entre ces teintes pour donner un côté grunge à l'habit qu'ils s'évertuaient à défoncer le plus possible avec la plus grande précaution et le plus grand soin. Les ailes déjà abîmées après avoir fini dans la piscine, furent recouverte d'avantage de peinture, le noir se mêla au blanc tandis que certaines plumes furent arrachées et que quelque éclats de peinture magenta rose relativement foncé apparaissait à certains endroits.

Lorsqu'ils eurent terminés, ils s'empressèrent d'enfiler leurs vêtements changés du tout au tout. Ils se sourirent en s'admirant mutuellement, longuement, dans le silence paisible du lieu où seules leurs respirations venaient à résonner et quelques bribes éparses de musique, les sons ricochant contre les murs dans l'acoustique étrange que possédait les salles de bain. Puis, soudainement, Félix s'avança en saisissant ses mains, paraissant particulièrement excitée par une idée qu'elle venait d'avoir : "Viens on se maquille ?". Et il n'eut le temps de rien faire si ce n'est de la laisser faire de son visage ce qu'elle voulait. Leur proximité lui donna des frissons, sa simple présence le mettait dans tout ses états. Il put admirer son faciès, ce qu'il ne cessait de faire depuis leur rencontre, ses yeux refusaient de se détacher d'elle, comment le pourrait-il ? Son être tout entier le subjuguait. Il était comme aimanté.

Minho la laissa donc étaler le rouge à lèvres pourpre contre ses deux croissants de chair, c'était brouillon, comme lorsqu'on gribouille une feuille et elle appuya ses lèvres contre les siennes pour l'étaler contre sa peau, le saccager, ruiner la peau fine de ses lèvres, rendre leur pourtour rouge sang. Puis le noir vint dégouliner de ses yeux, on aurait presque dit qu'il avait pleurer pendant trois jours non-stop. Les paillettes, indisciplinées, éclataient sur sa peau en de petites étoiles sombres et pleuraient sur ses paupières en un cheminement complexe de constellations. Et lorsqu'il se regarda dans le miroir, il y vit le reflet de son âme elle-même en bordel, semblables à une maison de poupée retournée, ses habitantes aux vêtements déchirées arborant des mines maussades.

C'était au tour de Félix désormais et il ne put s'empêcher de sourire, excité à l'idée de la maquiller. 

Le jeune homme récupéra un gloss particulièrement liquide et le rouge vif vint remplacer le rose, la violence vint recouvrir la douceur. Bavure sur le bronze de sa peau, marrée de sang contre la pureté de ses traits. Des étoiles noirâtres furent tracées au niveau de ses yeux, une branche au-dessus, une à droite, à gauche, deux en bas... Le pourtour de ses yeux assombris, ceux-ci étaient semblables à deux billes noires, obscure, abyssal. Si profonde qu'il s'y perdit, effrayé par cette attraction pareil à celle provoquée par le vide, désireux d'y rester bloquer, pour une éternité.

Une main contre son épaule le ramena à la réalité et il capta le sourire de la jeune femme qui eu l'effet d'une bombe dans son esprit. Chacune de ses risettes le retournaient de part en part, c'était comme faire face à la personnification du Soleil et s'y cramer les doigts et la rétine. Sauf que lui s'était totalement abandonné à la chaleur mortelle de l'astre. La main glissa le long de son bras pour se nicher dans la sienne. Leurs doigts s'entrelacèrent tandis qu'ils se relevaient d'un même mouvement, regard complice, la pupille brillante et le sourire aux lèvres.

 Prêt à foutre la merde Minho ?

 Depuis qu'j'suis né, c'était le plus gros mensonge qu'il ai jamais sortit, assurément, mais prêt il l'était. Et toi ?

 Idem, l'heure de la révolution a sonné, rit-elle en l'entraînant à sa suite.

Et lorsqu'elle ouvrit brutalement la porte, leur bulle explosa et la musique les frappa. Lorsqu'ils mirent un pied hors de la salle de bain, ils surent que désormais, plus rien ne les arrêterait. C'est ainsi qu'ils dévalèrent les escaliers, la musique se coupa brutalement tandis que Félix réquisitionnait la platine du DJ pour y passer son mix personnel sous les indignations de celui-ci tandis que Minho piquait une chaîne à un type déguisé en prisonnier, le complimentant au passage sur la qualité de son déguisement, laissant le jeune homme inconnu hébété. 

Une vague de murmures s'élevait dans le salon avec la force d'un océan déchaîné, qu'arrivait-il à Lee Minho ? Pourquoi était-il maquillé et débraillé ? Et qui était cette fille inconnue semblable à un ange qui aurait traversé les enfers à la marche ? Pourquoi changeaient-ils de musique ? Que de questionnements qui faisaient s'agiter la salle toute entière. Et puis, le grésillement des guitares électriques, la basse qui s'agite, la batterie qu'on tabasse...

« So messed up, I want you here »

Minho sentit tout son être trembler, tressaillir, s'ébranler. 

Et puis, les demonias de la blonde vinrent percuter les marches du podium et ceux qui y défilaient déjà furent expulsés sans ménagement. Sûre d'elle, la jeune femme s'avança, la tête haute et le regard hautain. Aucun sourire si ce n'est la malice qui s'amusait à renvoyer l'ombre de son rictus sur le visage de la demoiselle. Félix avançait sans honte aucune et Minho la suivit bien vite. S'il avait été quelque peu hésitant au début, toute trace de peur avait disparu. Un sourire dérangeant collé au visage et le corps comme désarticulé il avait enroulé la chaîne tout autour de lui pour mieux pouvoir la briser une fois arrivé au bout du podium. Il se retourna, pointant de ses pouces l'inscription dans son dos avant de se retourner partiellement, un sourire insolent plaqué sur ses lèvres barbouillées de pourpre. Ce soir, il franchissait les barrières de la société. Ce soir, il brisait les attentes et se retrouvait enfin. Face aux démons, face au monde entier, face à lui-même.

« Now I wanna be your dog »

La foule de jeune adultes avait commencé à se réveiller, quelques acclamations, des bruits d'indignations, d'incompréhension. De surprise lorsque la blonde sauta au milieu de cette marée humaine et que le brun la suivit. Le buffet fut renverser, le punch rose fluo sur le sol désormais glissant, des chips écrasées un peu partout. Cette nuit, ils n'avaient plus rien à foutre de rien. Ils s'étaient libérés de leurs chaînes, celle qu'ils avaient eux même enfiler, littéralement. C'est pourquoi les murs blanc ne furent pas épargnés et que les bombes aérosols libérèrent leurs couleurs sous les cris affolés.

« Now I wanna be your dog »

Cette nuit ils se libéraient de tout, vandalisme, qu'on scandait en pointant des doigts accusateurs. Ce n'était que la vérité mais pour eux ce n'était rien d'autre que de l'art. Ils redonnaient vie à ce lieu impersonnel et oppressant. La maison tremblait encore plus qu'avant, les éclats de voix et la musique assemblés faisaient un vacarme monstre, peut-être des sirènes de polices s'y ajouteraient-elles. Minho avait déjà eu affaire à la brigade anti-tag par le passé, il lui avait fallu courir vite, très vite et il était prêt à sauter la clôture du jardin s'il le fallait. Pour l'heure il s'amusait, pour de vrai après tant d'année et le rire de Félix était la meilleure des récompenses. Ils avaient l'air de deux fous, anarchistes et vandales sans doute mais tout ce qu'ils désiraient était de faire entendre leur voix. Le monde était leur toile et ils comblaient le vide qui s'en était éprit.

« Now I wanna be your dog »

C'est ainsi que l'inscription "BRAT" dans son dos prenait tout son sens. Un ange souillé et rapiécé s'associant à un Danny Zuko version punk qui avait prit sacrément cher, c'était ce qu'ils étaient. Débraillés ils lançaient leur propre révolution au son d'un morceau des Sex Pistols. Rien de tout ce qui se passait ne leur paraissait réel pourtant c'était bien le cas et c'était ce qui les rendaient aussi euphorique. Ce n'était pas un rêve et l'adrénaline drainait chacun de leurs muscles. La pièce fut davantage saccagée, sans doute qu'ils finiraient en garde à vue, ils s'en foutaient un peu à vrai dire, qu'en avaient-ils à faire ? Leurs vies n'avaient jusqu'à présent jamais eu de sens, un immense foutoir du début à la fin. Ce déchaînement c'était leur rage, leur désespoir, leurs espoirs ravagés et leur rêves piétinés. Ils n'avaient jamais rien eu mais désormais ils étaient deux, ils s'avaient l'un l'autre et l'univers pouvait bien aller se faire voir, parce qu'ils avaient décider de vivre. Plus rien ni personne ne les détournerait, s'il fallait tout saccager pour se faire entendre ils le feraient.

« Now I wanna be your dog »

La révolution était en marche pour eux, leur monde allait être secoué, il était déjà en morceau, ils ne pouvaient plus que tout reconstruire et retrouver un semblant de lumière. L'espoir avait beau avoir un aspect illusoire, il permettait à l'homme de déplacer des montagnes, de se dépasser et de s'élever, encore et encore. Et c'était ce qu'ils faisaient, ils s'élevaient jusqu'au firmament. Même si la chute serait douloureuse ils savaient que jamais au grand jamais ils ne regretteraient d'avoir voulu vivre, pour de vrai. Tant qu'ils seraient ensemble tout irait bien, ils en étaient persuadés. Malgré que ce ne soit sans doute que chimère, ils n'étaient plus seuls et c'était plus que rassurant. Minho ne serait plus jamais obligé de ne compter que sur lui, Félix non plus. Dans l'euphorie de cette nuit d'automne il n'y avait plus qu'eux.

 Bon sang mais qu'est-ce qui se passe ici ?!

C'est ainsi qu'ils avaient couru comme des dératés tandis que la musique était coupée par une Gladys enragée, stupéfaite et quelque peu scandalisée, laissant derrière eux un arc-en-ciel et une dizaine d'autre graffiti sur les murs autre fois immaculés. Ils s'enfuyaient sans se soucier des mauvaises langues et des réflexions outragées. Les corps agités avaient été bousculer, la baie vitrée ouverte en grand sans ménagement, l'herbe piétinée par des pas empressés. Et ils avaient erré sans réellement savoir où se cacher.

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𝟎𝟐:𝟎𝟎; 𝐦𝐚𝐫𝐬

𝐭𝐰!! 𝐦𝐞𝐧𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐡𝐚𝐫𝐜𝐞𝐥𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭, 𝐦𝐞𝐧𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐯!𝐨𝐥

❛ᴱᵛᵉʳʸ ᵐᵒʳⁿⁱⁿᵍ ˢʰᵉ ʷᵒᵘˡᵈ ʷᵃᵏᵉ ᵘᵖ ʷⁱᵗʰ ᵃⁿᵒᵗʰᵉʳ ᵖˡᵃⁿ;ʸᵉᵃʰ, ʰᵉʳ ᴹᵘᵐ ᵃⁿᵈ ᴰᵃᵈ, ᵗʰᵉʸ ᶜᵒᵘˡᵈⁿ'ᵗ ᵘⁿᵈᵉʳˢᵗᵃⁿᵈ;ᵂʰʸ ˢʰᵉ ᶜᵒᵘˡᵈⁿ'ᵗ ᵗᵘʳⁿ ⁱᵗ ᵒᶠᶠ, ᵇᵉᶜᵒᵐᵉ ᵃ ᵇᵉᵗᵗᵉʳ ᵐᵃⁿ❜


— Dis, pourquoi Félix ? C'est pas très commun.

Il l'observa réfléchir en tripotant distraitement le collier qu'elle avait autour du cou, chercher ses mots quant à la signification que ce prénom pouvait avoir pour elle, pourquoi elle l'aimait tant, pourquoi lui en particulier et finalement, elle trouva.

 Et bien, tu savais que Félix était aussi un prénom féminin ? On l'utilisait aussi, bien que peu, dans les années mille neuf cent pour les filles. J'y ai trouvé un certain charme, il signifie heureux et être heureuse c'est tout ce que je désire, j'y ai vu comme une promesse, ce prénom c'était la promesse d'un avenir meilleur, d'être enfin heureuse.

 Et tu l'es...? Heureuse, je veux dire.

— Non. Rit-elle tristement. Et toi ? T'es heureux ?

 J'ai juste envie d'crever. 

Un silence pesant s'installa alors, elle le fixa avec de grand yeux tristes tandis que lui semblait n'en avoir rien à foutre. Le vent souffla, ils avaient grimpé sur le toit de la véranda à l'arrière de la maison, non loin de la piscine pour s'isoler mais surtout se cacher sur le toit presque plat de la gigantesque bâtisse. Ici, personne ne les trouveraient, ils en étaient persuadés. Le calme partiel leur faisait du bien après l'agitation au-dessous et le carnage qu'ils avaient créé. Il fallait dire qu'ils avaient foutu un sacré bordel mais au moins ils avaient bien ri. Assis côte à côte, leurs mains se frôlaient doucement. Le jeune femme ne put retenir un "pourquoi ?" qu'elle taisait depuis leur rencontre. Minho tourna alors la tête vers elle : "Tu veux vraiment savoir ?" se lisait dans ses yeux sombres. Et elle hocha la tête sans même s'en rendre compte. Un lourd soupir fendit le silence partiel. Il se mit à raconter, les meurtrissures de son cœur détruit.

Le regard perdu dans le lointain, il se remémora. D'aussi loin qu'il se souvenait, le châtain avait toujours été quelqu'un d'assez solitaire, se faire des amis n'avait jamais été son fort et le collège s'était déroulé dans un calme relatif pour lui. Sa solitude n'avait jamais été un problème et à son arrivée au lycée il avait commencé à regretter de ne pas avoir pu en profiter davantage. Les filles s'étaient alors présentées comme un ennemi jusqu'alors inconnu.

Il avait grandi, s'était embelli, avait "glow up" comme ils le disaient si bien. Ce changement, bien que superficiel à ses yeux avait attiré l'attention et il était rapidement devenu populaire sans réellement comprendre pourquoi ou s'en soucier. Et pourtant, lentement, il avait commencé à se forger une nouvelle personnalité débordante de faux semblant. Un Minho deux point zéro selon certains bien que ce ne fut pas son avis.

— Et puis tu vois, j'ai rencontré Gladys. Elle était crue, franche, drôle, différente. C'est devenu ma meilleure amie et je crois bien que je l'ai aimé. Très fort.

Il se souvenait d'à quel point elle ne supportait pas que toutes ces sangsues lui tournent autour et qu'il lui était particulièrement reconnaissant lorsqu'elle s'arrangeait pour les éloigner. Minho n'avait pas compris qu'il s'agissait là de jalousie. Ce n'est que lorsqu'elle se déclara à lui qu'il comprit. Si au début tout se passait bien, leur relation s'était dégradée et ils s'étaient fait mal, elle lui avait fait mal, parce qu'elle ne savait pas vraiment aimer et que lui non plus.

Le brunet s'était vu réduit au rang d'objet inatteignable qu'aucune fille ne devait approcher, même un bonjour se retrouvait à être de trop et le jeune homme se pliait en quatre pour Gladys. Il faisait tout ce qui était en son possible pour la rassurer, pour lui montrer qu'il l'aimait plus que tout mais c'était comme s'il n'en faisait jamais assez, comme s'il n'était jamais assez. Il devait être parfait. Et s'il y avait quelque chose sur lequel elle insistait beaucoup c'était de coucher avec lui et Minho n'avait jamais compris pourquoi.

— J'ai toujours pensé que ma première fois se ferait dans la bienveillance et la douceur, j'avais tort. A mesure que je refusais, elle insistait, j'ai... J'ai fini par céder.

Il prononça ces derniers mots dans un murmure, le regard vide. Il s'était retrouvé dans ce lit, incapable de s'échapper, de dire non. Il voulait lui faire plaisir, la rendre heureuse même s'il se devait de répondre à ses caprices pour cela. Pendant longtemps il s'était dit qu'il devait avoir un problème, que c'était normal de faire l'amour avec sa petite amie, sans réaliser que ce devait être une envie et non une obligation.

Il était enchaîné à elle, il avait pensé l'aimer pour toujours mais désormais elle le terrifiait. Et malgré cela, il ne put empêcher la culpabilité qui lui étreignit la gorge et les larmes qui lui montèrent aux yeux en réalisant que ce soir, il l'avait trompé. Il se détestait. Sincèrement. Les contacts physiques n'étaient plus que répulsion pour lui désormais, il avait tellement désiré disparaître, il voulait tellement disparaître... 

Le silence s'installa alors, lourd de chagrin, de colère, de désespoir. Et pourtant, une lueur d'espoir continuait de se battre, de survivre contre vents et marées. Félix se rapprocha prudemment du jeune homme prostré sur lui même, l'air sombre, rongé par une centaine d'idées noires diverses, et elle le prit dans ses bras. Elle le serra fort, plus encore que les premières fois. La blonde aurait voulu prendre sa tristesse, son malheur, son désespoir et le brûler sur un bûcher pour danser autour avec lui.

— Dis, tu sors toujours avec elle pas vrai ?

Le silence, les larmes qui roulent, la réponse silencieuse. Elle n'avait pas besoin qu'il utilise des mots, elle le savait, elle l'avait compris. Ce soir il l'avait trompé. Ce soir il avait commencé  à briser les chaînes qui le retenait malgré que ce soit d'une manière jugée immorale. Ce soir il avait touché la Lune du bout des doigts et il avait laissé la personnification du Soleil emplir son corps de chaleur. Repeindre ses pensées en jaune, orange, rouge, de toutes les couleurs possibles et avait jeté le noir et blanc à la poubelle.

Elle avait refermé une brèche. Ils avaient fait l'amour, le vrai, le leur, il n'y a rien d'écrit après tout. Ce moment, ces sentiments emmêlés, ces mots maladroits, n'appartenaient qu'à eux. Patience, communication, bienveillance. C'était la seule première fois qui compterait pour toujours et à jamais dans le cœur et l'âme de Minho. Il n'en voulait pas d'autre, pas avec quelqu'un d'autre. Il voulait garder Félix profondément encrée dans sa chair, pour toujours. En à peine quelques heures, elle était devenue son oxygène, il ne respirait qu'elle et elle ne respirait que lui.

Et puis doucement, la jeune femme commença à le bercer. Elle aurait pu lui confier son histoire elle aussi, elle aurait pu se laisser imprégner par l'atmosphère propice aux confidences. Cependant, pour elle, s'était comme si elle venait de naître. Souvenirs effacés par son subconscient, son esprit était comme une boîte de Pandore. Et pour l'instant, l'ouvrir était impensable, peut-être ne se rappellerait-elle jamais de son passé houleux où peut-être finirait-il par la rattraper pour l'engloutir toute entière.

Félix flottait dans un monde qu'elle découvrait au jour le jour, comme tout un chacun, mais elle le découvrait avec la candeur d'une enfant et balayait son désarroi d'un coup de poignet, avec courage elle affrontait tout les tracas qui lui explosait à la gueule. Elle se riait de cette vie qui avait mal commencé, elle aurait pu pleurer ou se morfondre mais désormais elle l'avait beaucoup trop fait par le passé pour s'y abandonner de nouveau. La jeune femme ne voulait pas replonger, elle ne pouvait pas, elle s'y refusait. Et elle aurait voulu transmettre cette rage de vivre et de vaincre à Minho.

Cependant, pour l'heure, il pleurait comme un enfant dans ses bras, il se faisait tout petit et pour la première fois de sa vie il se permettait de se lâcher, il effaçait ce tabou qui s'encrait dans les consciences et scandait que les garçons ne pleuraient pas, lui il pleurait. Il pleurait et il n'en devenait pas moins homme, pas moins fort. La véritable faiblesse résidait dans le fait de ne pas assumer ses propres sentiments, de les renier, et les femmes étaient à ses yeux bien plus fortes que n'importe quel homme. 

La femme qui le serrait fort contre elle, n'avait besoin d'aucun homme pour la soutenir et elle n'en aurait jamais besoin. Lui en revanche, il se surprenait à songer qu'il avait besoin d'elle à ses côtés et qu'il aurait voulu que jamais elle ne s'en aille loin de lui. Alors lui aussi la serra fort et ils finirent par simplement s'étreindre avec tendresse sur le toit de cette immense maison dans le froid de la nuit, sous la voûte céleste. Une main vint chasser ses larmes et embrasser les sillons enrougis qu'elles avaient tracé sur sa peau.

Et ils avaient fini par s'allonger, face à face, de profil contre les tuiles du sommet de la demeure.

— Dis Minho, t'as des rêves ?

 Des rêves ? Devenir un chat, ça compte ? Et elle rit à sa demande en acquiesçant. Sinon, trouver une muse j'crois bien qu'ça m'a toujours fait rêver, d'ailleurs, tu voudrais pas être la mienne ?

 M-Moi ? P-Pourquoi ? Pas que ça me dérange, ça serait avec plaisir mais... Pourquoi moi ?

 Parce que... Quand je t'ai vu sous tout ces stroboscopes, nan en fait quand j't'ai vu tout court, j'ai ressenti un truc particulier que je saurais pas trop expliquer, mais t'es inspirante Félix. Terriblement inspirante, te voir face à moi, te parler, te sentir, ça éveille en moi des milliers de choses diverses. Et j't'avoue que j'adorais créer des vêtements pour toi si tu me le permets.

 Et sur quel thème ? 'Fin quel genre de concept ? Demanda-t-elle finalement, surprise, flattée, rougissante.

 L'infini.

Et elle sourit en gloussant tandis qu'il souriait à son tour. Ils se souriaient comme deux idiots amoureux. Peut-être était-ce ce qu'ils étaient mais ils ne souhaitaient pas y songer. Penser au lendemain, ils auraient tout le temps de le faire plus tard. Pour l'heure, ils se fichaient bien de ce qu'ils deviendraient tant qu'ils pouvaient encore faire durer cette nuit, tant qu'ils pouvaient encore rester ensemble, pour une éternité.

Ils n'étaient rien si ce n'était des humains dont les cœurs remuaient sous la houle de leurs sentiments naissants. Ce soir, leur lumière éclatait dans la nuit noire, aveuglante. C'était la rencontre entre la Lune et le Soleil. Comme une éclipse. Si on les regardait de trop prêt, on risquait de finir aveugle. Et il y en avait, qui aimait bien jouer avec le feu et se cramer les doigts. Il y en avait comme Gladys qui aimait bien emmerder le monde. Et d'autre comme Minho, qui adorait remettre à leur place les emmerdeurs de première.

Et s'il n'avait jamais eu de courage face à elle, si il avait été trop effrayé, si son emprise sur lui avait été jusque là trop forte. Lâcher tout ce qu'il avait sur le cœur, réaliser tout ce qu'il avait subit, ça l'avait libérer d'au moins une chose : la peur. Tant que Félix se tiendrait à ses côtés, le jeune homme en était convaincu, il pourrait tout affronter. Au moins essayer, et c'était un grand pas qu'il ne comptait pas regretter, faire marche arrière lui était impensable, alors lorsqu'elle lui ordonna de descendre de ce toit, le brun le fit, main dans la main avec la jolie blonde.

Ils escaladèrent les fenêtres, atterrirent sur l'énorme véranda, Minho aida la demoiselle à descendre en voyant que sa robe l'encombrait et une tornade brune se jeta sur eux. Elle s'énerva du fait que chacun de ses appels et messages aient été laisser sans réponse, du fait qu'il ai disparu pour traîner avec Félix bien qu'elle se soit abstint de le dire aussi poliment. Et tandis qu'elle continuait de s'énerver toute seule, Gladys remarqua enfin leurs mains liées et le mutisme du jeune homme face à elle. 

Un sourire crispé étira ses lèvres maquillées et un rire particulièrement nerveux lui échappa. La jeune femme déguisée en démon tenta de s'approcher du brun pour pouvoir l'embrasser, s'excusant précipitamment. La compréhension de la situation la fit se décomposer. Une expression colérique balaya tout le reste lorsque le jeune homme la repoussa gentiment. Le cœur de celui-ci se serra. De peur, de culpabilité, de chagrin, il ne savait plus trop à dire vrai, mais à quoi bon tout ces sentiments ?

Il n'était pas sans savoir que cela faisait longtemps maintenant qu'elle le trompait, qu'elle se moquait de lui dans son dos, que les regards de ses prétendus amis avaient changé pour se charger de pitié ou de moqueries tandis que leurs bustes se gonflaient d'un sentiment de supériorité absurde. Il voulait vomir, rien que d'y penser son estomac se retournait et son souffle restait bloqué dans sa gorge. La main de Félix exerçant une douce pression sur sa main le ramena sur terre tandis que d'un sourire elle l'encourageait silencieusement. Prenant une grande inspiration, il repoussa une nouvelle fois la brune qui revenait à la charge. Il ne se laisserait plus faire.

— Ça suffit, c'est fini. Il lâcha ces quelques mots avec un calme qui le surprit lui-même.

— Quoi... ? Elle rit, hébétée en le fixant avec de grand yeux, son cœur se serra.

— C'est fini.

Elle le fixa de nouveau et il la fixa en retour, silencieux. Dans ses yeux, mille et une contradictions. Le jeune homme se recula doucement en serrant fort la main de la blonde entre ses doigts. Il sentait comme une bouffée d'angoisse le submerger mais en même temps il se sentait soulagé, libéré d'un poids titanesque qui l'écrasait depuis des années.

— T'es sérieux ? Soudainement t'es gay et tu te la joue emo ? Tu te fous de ma gueule ? Il pouvait sentir sa colère augmenter graduellement, autant celle de Gladys que la sienne. La rage avait remplacé la peur et la tristesse.

— Je suis bisexuel, ce qui, pour ton information signifie que j'aime autant les femmes que les hommes, je l'ai toujours été et jusqu'à preuve du contraire, Félix est une femme. Répondit-il, contenant la fureur qui lui montait à la tête. Il aurait voulu hurler.

— C'est n'importe quoi... N'importe quoi, t'entends ?! S'écria-t-elle en s'avançant vers eux d'un pas furieux, les yeux exorbités. 

Elle tenta de le retenir une nouvelle fois, autant par les gestes que par les mots. Des mots bien grossiers, blessants, tranchants. Seulement il était trop tard, les chaînes s'étaient brisées et rien ni personne ne pourrait de nouveau l'enchaîner, il s'en fit la promesse tandis que pour la première fois de la soirée il tirait Félix à sa suite et non l'inverse. Elle riait, euphorique. Et il rit aussi, il était libre. Pour de vrai. Après tant d'années. Il l'était enfin. On s'écarta sur leur passage parce qu'ils avaient l'air de fous à rire pour un rien tandis qu'une Gladys hystérique leur courait après. Ou peut-être était-ce parce qu'ils bousculaient tout le monde, peu importait, ils avaient pour seul objectif de s'enfuir, le plus loin possible.

Lorsqu'ils ouvrirent la porte d'entrée, l'air frais leur claqua au visage. Derrière eux, une traînée de plume et de paillettes. Ils laissaient dans leur sillon des couleurs dont tout ces êtres insipides ne sauraient se doter. Ils laissaient éclater au grand jour leurs vraies couleurs dans une cascade de rires idiots, dans une tornade haute en couleur qui avait tout ravagé sur son passage. Derrière eux, ils avaient abandonné les cris et le désespoir pour enfin se permettre de se déployer totalement et peut-être d'enfin vivre pour de vrai. Leurs pieds foulèrent le sol pour les guider vers leur liberté, on n'entendait plus que leur exclamations de joie et le bruit de leurs chaussures qui claquaient contre le bitume.

Peut-être pleuvrait-il, peut-être qu'ils ne survivraient pas à cette nuit, peut-être que le soleil se lèverait un jour, peut-être bien qu'ils s'oublieraient. Peut-être que rien n'irait jamais bien ou que tout s'arrangerait. Cependant, pour l'heure ils n'étaient plus que deux jeunes adultes qui fuyaient la réalité, jetaient leurs problèmes à la porte, que deux jeunes adultes qui couraient comme des cons au milieu des rues parisienne sans penser à demain parce que pour l'instant il n'y avait pas de lendemain, il n'y avait qu'un maintenant. Aucun après, aucun avant, rien que l'instant présent.

Au fond, c'était juste deux pauvres âmes égarés, les étoiles les avaient laissé tomber, elles les avaient abandonné, et ils s'étaient retrouvés, retrouvés pour mieux se perdre, à deux. C'est ainsi qu'ils s'enfoncèrent dans la nuit, sans un regard en arrière, sans savoir où ils allaient. Et tandis qu'ils se laissaient engloutir par l'obscurité, qu'ils laissaient l'incertain se repaître de leurs âmes, aux étoiles furent rendus, les quelques poussières incandescentes qu'elles avaient laissées tomber dans leur ascension.

☄. *. ⋆

Hey shinies !!

Waw, je suis vraiment fière de ce que j'ai écrit, j'ai réussi à atteindre mon objectif qui était de 10 000 mots donc comment dire que je suis vraiment heureuse mais surtout fière de moi d'avoir réussi. J'adore sincèrement cet OS et tout particulièrement le personnage de Félix.

C'était pas prévu que je le sorte pour l'anniversaire de stray kids mais tant qu'on y est pourquoi pas, je fais d'une pierre deux coups, joyeux six ans à eux, je suis fière de pouvoir dire que ça fait désormais deux voir trois ans que je suis une stay !

D'ailleurs ce qui est amusant c'est que pour cet OS je le vois plus en court métrage que sous format écrit, alors qui sait, peut-être qu'un jour vous aurez droit à un court métrage de cet OS :)

J'espère que ça vous aura plu !!

Prenez soin de vous <333

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