54 • SNITCH BITCH
davia sters
LØRDAG
09:00
- Davia !
Je grogne en enfouissant un peu plus ma tête sous mon oreiller, alors que je peux d'ores et déjà entendre les talons aiguilles de ma mère claquer contre le parquet des escaliers. Elle rentre dans ma chambre en fracassant presque la porte contre le mur alors que je me retourne, encore les pensées embrumées par le sommeil.
- Davia c'est quoi ce bordel ?! hurle ma mère en enlevant brutalement la couverture de mon corps.
J'ouvre grands les yeux, fronçant les sourcils et me redressant vivement sur le lit.
- On peut savoir ce qui se passe ? demandé-je. Maman on est samedi, pourquoi tu cries ?!
- Ton père t'as appelé cette nuit ?!
Elle se tient droite comme un i en plein milieu de ma chambre, les mains sur les hanches et un air énervé au visage alors que ma bouche s'entrouvre sous l'incompréhension.
- Quoi ? Que... Comment tu sais ça ? demandé-je abasourdie.
- Diana t'as entendu parler à papa cette nuit, c'est vrai ou pas ?
Je serre les dents et fusille ma mère du regard.
- Ouais c'est vrai ! Il m'a appelé dès qu'il a su que le poison était rentré à la maison.
- Je t'interdis de parler de ta soeur de la sorte !
- Oh je t'en prie, on peut savoir pourquoi tu me réveilles en furie juste pour savoir si papa m'a bien appelé ?!
- C'est vrai qu'il t'a demandé de partir vivre avec lui à Paris ?
Je me lève en furie et sors de la pièce, pour claquer la porte de la chambre de Diana qui dort encore "paisiblement".
- T'es qu'une pute, depuis quand t'écoutes aux portes ?!
Elle se réveille en sursaut quand je la secoue violemment par les épaules, mais je m'éloigne bien vite dès que son regard croise le mien, consciente que je ne l'ai pas encore touché depuis son arrivée.
- Ça t'amuse d'étaler ma vie privée à maman ? T'as que ça à foutre ?
- Tu voulais partir avec papa ! répond Diana tu tac au tac.
Si nous avons bien un trait de caractère commun, c'est de monter dans les tours dès que le ton change.
- Et alors ? Ici j'suis entourée d'une alcoolique et d'une bipolaire aux tendances psychopathes, c'est vrai que c'est la vie parfaite ! craché-je en me retournant vers ma mère qui vient de passer le pas de la porte.
Cette-dernière me fusille du regard.
- Nous faisons toutes des efforts, tu devrais en faire à ton tour au lieu de toujours t'en prendre au passé de ta soeur. Pour en revenir à...
- Moi je ne fais pas d'efforts ? ricané-je. Est-ce que tu te rends compte que l'on n'est même plus capables de se parler sans crier ?! Nos conversations se terminent inévitablement par des disputes et tu étales des mensonges devant mes amis, c'est moi qui dois faire des efforts ?! Vous êtes toutes les deux des cas désespérés mais vous refusez de l'admettre, et j'aurai sûrement dû accepter la proposition de papa, sinon j'vais pourrir ici au milieu des clashs ridicules et des bouteilles remplies de vengeance, c'est fini.
Je contourne ma mère pour aller m'enfermer dans ma chambre. Je me prépare très vite dans ma salle de bain et fourre mes affaires indispensables dans un grand de sport, avant de prendre mon sac de cours et quelques affaires utiles puis rouvre la porte. Je descends les escaliers à la vitesse grand V et enfile habilement mon blouson en cuir avant de me diriger vers la porte d'entrée.
- Davia ?! Où vas-tu ? demande ma mère en descendant les escaliers.
- Une de nous trois est en trop. Et vu que tu refuses de comprendre qu'elle n'a plus sa place parmi nous, c'est moi qui pars.
- Pour aller où ?!
- Chez quelqu'un qui ne me réveillera pas en gueulant juste pour me prendre la tête par rapport à des gens que j'aime plus que ma propre vie, bye maman.
Je quitte le domicile maternel et traverse tout mon quartier de richous l'air neutre. Mes pas sont rapides et décidés, ça ne pouvait plus durer. Diana a eu ce qu'elle voulait. Elle m'a chassé de chez moi, elle a eu toute l'attention de maman, c'est tout ce qu'elle désirait depuis des années.
Moi: Hey... T'es chez toi ?
Chris: Yep babe. Tu passes ?
Moi: Oui, si ça ne te dérange pas...
Chris: Jamais. Rapplique princesse (:
Je souris face à mon écran et prends la route jusqu'à l'appartement de Chris, à l'autre bout de la ville. De toute façon je n'ai pas de tunes pour le taxi ou le bus. J'arrive une vingtaine de minutes plus tard, essoufflée mais loin des problèmes familiaux. Je sonne les lèvres pincées, que va penser Chris en me voyant débarquer chez lui avec toutes mes affaires ? Je ne compte pas squatter chez lui, j'irai chez Solveig ou Eva plus tard. Aller chez Chris maintenant est juste un prétexte pour pouvoir lui parler de mon père.
Le brun ouvre la porte quelques secondes plus tard, un grand sourire à la Penetrators-Chris plaqué sur les lèvres. Il ne remarque pas tout de suite mon sac de sport que j'essaie de planquer derrière mon dos, et je me jette sur ses lèvres pour l'empêcher de voir quoique ce soit. Il referme la porte derrière moi et je dépose mes sacs avant qu'il ne me soulève par la taille et que j'enroule mes jambes autour de lui en lui souriant chaleureusement.
- Coucou toi, chuchote t-il. Que me vaux l'honneur d'une visite aussi matinale ?
- Je t'en prie, il est bientôt onze heures, gloussé-je.
- J'suis encore ados, quand tu m'as texté j'étais encore dans mon lit, ricane t-il.
- Flemmard, souris-je.
- Je prenais des forces pour la bataille imminente.
Son sourire charmeur descend lentement vers ma poitrine mais je remonte son menton en levant les yeux au ciel. Nous nous embrassons une nouvelle fois avant de nous asseoir dans son canapé.
- Alors poupée, qu'est-ce qui t'amène ?
- J'ai pas le droit de venir voir mon petit-ami sans raison particulière ?
- Hum... À en voir tes sacs dans l'entrée, il doit bien y avoir une raison. Tout va bien ?
Grillée. Ce mec est incroyable et le mieux, c'est que c'est mon mec. Je soupire cependant, baissant les yeux.
- Rien de bien grave, juste l'embrouille de trop avec ma mère, et son chien-chien alias ma soeur qui écoute aux portes, soupiré-je.
Chris m'embrasse la tempe en caressant la paume de ma main avec ses doigts fins.
- Ce n'est pas rien si tu as pris tes affaires Davia. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- Ma soeur a écouté une conversation qu'elle n'aurait pas dû entendre, elle a tout balancé à ma mère et elle a pété un plomb, comme toujours. De toute façon je ne peux plus discuter avec elle, il faut toujours que ça finisse en engueulade. J'en peux plus Chris. J'vais aller chez Solveig le temps que les deux dernières semaines de cours se terminent. J'ai l'impression que ma mère et Diana se sont léguées contre moi pour me détruire...
Chris se redresse et se penche vers moi en prenant les mains, l'air sérieux.
- Davia, tu n'es pas encore majeure, même si tu es en mauvais termes avec ta mère tu ne peux pas disparaître de la sorte, elle va s'inquiéter et... et puis même, tu n'es pas majeure babe... Je sais que tu as eu des tonnes de disputes avec ta famille mais tu as toujours réussi à surmonter ça okay ? Ce n'est qu'une de plus semblables aux autres, et tu finis toujours par rentrer chez toi, ça va aller babe.
- Donc en gros tu me demandes de rentrer à la maison ce soir ? demandé-je d'une petite voix.
- Oui poupée, je sais que c'est difficile mais c'est la vie, tu ne peux pas disparaître de celle de ta mère en te mettant sur silence radio alors que tu n'as que seize ans Davia.
Je me lève brutalement, puis fais quelques pas dans l'espoir de me calmer. C'est la première fois que je vais me disputer avec Chris depuis que nous sommes ensemble.
- Écoute Chris, pas cette fois. C'est terminé. Tu crois que le soir où j'ai pété un plomb dans le bar avec les filles c'était anodin ? Le lendemain matin quand je t'ai dit tout ça c'était anodin ? Mon malaise, c'était anodin ? Ce n'était pas un simple malaise Chris, dis-je la voix tremblante de frissons. J'ignore si tu l'as remarqué mais ma terrible famille me rattrape peu à peu, jusqu'au départ de papa je tenais le choc, mais plus maintenant. Le décès de papi, ma mère qui se met à l'alcool alors qu'elle n'a jamais touché une seule goutte, le retour de ma soeur... Tout revient ou disparaît juste pour me faire sombrer, et ils y sont tous arrivés à leur manière. Tu ne comprends pas que toutes ces vagues de souvenirs mortels me font couler ? Tu ne vois pas que tous mes cauchemars sont hantés par un putain de diable ? Je vois un diable dans mes cauchemars Chris, un diable répugnant qui me terrorise, et un lac, et la mort de papi, et les disputes de mes parents, l'enterrement, Diana, Alexander... Tiens, il ne manque plus que cet enfoiré revienne et je deviendrai folle pour de bon ! C'est leur but de me rendre dingue Chris, et si je ne m'éloigne pas de tout ça ils vont y arriver ! C'est pour ça qu'il faut que je parte. Ce n'est pas juste "une dispute semblable aux autres". C'est bien plus que ça.
Chris m'observe l'air inquiet. Il se lève à son tour et me prends la main alors que je tremble.
- Alors où vas-tu aller ? Tu veux rester ici ?
- Mon père m'a appelé cette nuit. Je pars à Paris dans deux semaines.
Chris me lâche la main.
« Je ne pensais pas que je ne verrai plus aucune danse de ta vie aussi rapidement... La dernière que tu entames pour moi aujourd'hui est un tango beaucoup trop solitaire à mon goût. Je t'en prie, reste, reste Davia, pour l'éternité... »
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