christoffer schistad

TIRSDAG
20:00

Je suis fou de rage, encore plus que le soir où le montage de Davia a fuité. Encore plus où la fois où mon père m'a tabassé en revenant de son voyage d'affaires. Jamais je n'ai été comme ça.

Je fusille Ava Fister du regard, ma salope d'ex, qui aborde un horrible sourire victorieux. Elle pianote sur son téléphone avant de tourner l'écran vers moi pour me montrer cette stupide photo. Les likes Instagram défilent déjà et je sers les dents.

- T'es qu'une pute.

Elle m'envoie un clin d'œil.

- Ravie d'avoir fait affaires avec toi, babe.

Je grimace en me tordant nerveusement les doigts. Je n'en reviens pas, je suis pris au piège et le pire, c'est que je ne peux strictement rien faire contre elle. Elle est invincible.

- Regarde ! Tout le monde est content que nous soyons de nouveau ensemble Chris !

- Ne m'appelle pas comme ça. Seulement mes potes m'appellent Chris.

Je me lève et me poste devant elle.

- On joue la comédie seulement en public, c'est clair ?

- Il me semble que tu n'es pas vraiment en posture pour négocier les closes non ? chuchote t-elle alors qu'elle se rapproche dangereusement de moi.

Et dire qu'il y a quelque temps, c'était Davia qui était si proche de moi, et j'étais dans un état inimaginable rien que de la sentir dormir contre moi... Maintenant, tout est froid et je n'ai qu'une envie, tout casser.

- Nous mangerons ensemble chaque midi à la cafétéria, tu me ramèneras chez moi chaque soir et le plus important, on couchera ensemble deux fois par semaine.

Je manque de m'étouffer avec ma propre salive.

- Pardon ?! Tu te fous de moi ?!

Elle se mord la lèvre et j'ai juste envie de casser tout son appart'.

- Je sais que mon corps t'as manqué à toi aussi, babe.

Je vais devenir fou, mais pas comme je risquais de le devenir avec Davia, non. Là, c'est une colère noire qui m'atteint et qui va m'emporter dans ses tumultes quand je sortirai d'ici.

- Ah non, j'oubliais. Il y a plus important que le sexe, susurre t-elle. Tu n'es plus autorisé à parler à Davia, ni par messages, c'est clair ? N'essaie pas de me cacher quoique ce soit, Je le découvrirai toujours. Toujours, Chris.

- T'es vraiment qu'une salope, je te déteste, répondis-je les dents serrées.

- Embrasse-moi.

- Hors de question.

- Embrasse-moi où je diffuse la vidéo sur le site du lycée.

Je déglutis difficilement. Mon dieu Davia, si tu savais ce que je suis en train de faire juste pour te protéger.

- Je veux bien faire tout ce que tu veux, t'embrasser, coucher avec toi ou jouer la comédie, mais tu ne m'interdiras jamais de parler ou de voir Davia.

- Essaie un peu, et tout le monde lynchera ta petite protégée. C'est à toi de voir, Chris. Ne crois pas qu'elle a été très sage par le passé, tu l'as vu dans la vidéo, elle est folle.

- Non, c'est juste que ses démons l'ont bouffé au mauvais moment.

- Elle n'avait qu'à les contrôler, comme nous le faisons tous. Maintenant embrasse-moi si tu tiens autant à elle.

Sa voix est glaciale et dure, je plaque mes lèvres sur les siennes les sourcils froncés et le coeur en morceaux.

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avaqueenfister so happy to sleep in your arms again babe xx

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ONSDAG
00:00

J'ignore ce que je fous dehors à une heure pareille en pleine semaine, mais j'ai besoin de faire le vide dans ma tête. Je déambule dans les rues d'Oslo sous une pluie diluvienne qui me glace le sang, mais au lieux de rentrer chez moi, je continue d'avancer. J'ai trop bu. J'ai trop fumé. J'suis toujours dans l'excès dès que je ne vais pas bien. Putain, je sais pourquoi je ne veux pas rentrer chez moi. Parce qu'il y a mon père et je ne supporterai pas ses coups une nouvelle fois, pas ce soir, pas maintenant. Je suis trop faible pour qu'on me frappe, cette soirée est la pire de toute ma vie, et Dieu sait qu'il y en a eu des mauvaises par le passé.

J'ai froid, j'ai mal au coeur et j'suis même pas foutu de faire un pas droit, mais je continue. Je voudrais que les emmerdes s'arrêtent une bonne fois pour toute s'il vous plaît. Je m'attendais à tout sauf à ce qu'Ava me montre cette vidéo quand elle m'a forcé à venir chez elle après les cours. Je n'y croyais pas. Pas Davia. Pas elle. Ça ne pouvait pas être elle sur ces images, impossible. Et pourtant...

Je renifle, m'interdisant de pleurer. La drogue aurait dû faire effet mais ce soir, rien ne se passe. J'ai toujours autant envie de vomir, à moins que ça soit à cause de l'alcool que j'ai avalé plus tôt, j'en sais rien. Je ne sais plus rien. Mon téléphone vibre une nouvelle fois. J'ai sept appels manqués de William, trois de Davia et un message de mon père.

Papa: William m'a dit que tu dormais chez lui. J'espère que tu ne vas pas sortir, demain t'as cours. Je voulais aussi te dire que je suis désolé pour l'incident quand je suis rentré, je m'en veux beaucoup Chris... Quand tu rentreras demain soir, ça te dit qu'on aille manger chinois tous les deux ? Pour discuter ? Appelle-moi si t'as ce message.

J'en reviens pas. Depuis quand mon père s'excuse et s'en veut de m'avoir frapper ? Il le fait depuis que maman l'a quitté en me laissant avec lui. Il passe ses nerfs sur moi dès qu'il en a l'occasion. Mes doigts font défiler les contacts et s'arrêtent à temps avant d'appuyer sur le numéro de Davia.

« N'essaie pas de me cacher quoique ce soit, Je le découvrirai toujours. Toujours, Chris. »

- Putain de merde... soufflé-je en éteignant mon cellulaire.

Pourquoi une simple fille me manque autant alors que je l'ai encore vu hier, en cours ? Pourquoi ne pas pouvoir l'appeler ou lui envoyer de messages m'affectent autant ? Ce n'est qu'une seconde, elle n'a que seize ans, je ne devrais pas me soucier d'elle.

Trop tard. J'avais foncé dans ce qu'on appelle l'amour la tête la première et maintenant, j'étais coincé avec Davia pour la fin des temps. Est-ce que c'était réciproque ?

J'étais malheureux ce soir-là.