davia sters

TORSDAG
10:10

- Chris ?!

Il baisse la tête en rabattant la capuche de son sweat noir sur son crâne. Je ne peux m'empêcher de l'arrêter en posant une main sur son torse et en lui faisant relever le visage pour qu'il me regarde. Cependant, il détourne les yeux en soupirant, ne me prêtant aucune intention.

- Qu'est-ce qu'il t'es arrivé ? demandé-je assez inquiète pour lui.

Il se balance sur ses pieds et semble assez nerveux, au moment où j'allais insister pour avoir des infos de sa part, il m'adresse un bref regard et se décale en me bousculant pour tracer sa route vers l'entrée du bâtiment. Je reste plantée en pleine cour, tous les regards désormais sur moi, et je soupire. Je regarde Chris qui s'éloigne à toute vitesse loin de moi et cent mille questions se bousculent dans ma tête. Est-ce qu'il va bien ? Que lui est-il arrivé ? Eva et Solveig me rejoignent, les sourcils froncés.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demande la rousse et j'hausse les épaules.

- Bon, pas le temps de niaiser c'est l'heure d'aller en cours, poursuit Solveig ce qui m'étonne d'elle.

Je hausse un sourcil en la regardant.

- Depuis quand t'es pressée d'aller en cours ?

Elle hausse à son tour les épaules et je soupire, me dirigeant avec mes amies à l'intérieur du bâtiment. J'arrive en cours de sciences en me rendant compte que je partage ce cours avec Chris, mais quand je m'assois à ma place habituelle, je le vois dans le fond de la classe, assit à côté d'un Penetrators dont je ne connais pas le nom.

Nos regards se croisent et ça me fait mal quand il détourne presque tout de suite le regard pour prêter attention à ce que lui raconte son pote de terminale. Je souffle d'exaspération et sors mes affaires tandis que le prof arrive.

TORSDAG
11:04

Je rejoins Solveig et Eva au self, la boule au ventre. Pourquoi ? Le self est l'endroit où les ragots vont bon train et c'est l'endroit où une photo assez compromettante de moi à le plus de chance de tourner en un temps record. Quand j'arrive, j'entends des rires étouffés et les regards se posent sur moi avant de se détourner. Abrutis. Je me dirige d'un pas que je veux assuré et déterminé vers la table où m'attendent mes amies.

- Putain, elles font la paire les deux putes, entendis-je quelqu'un déclarer sans se gêner.

Je ne relève même pas et m'assois en balançant presque de rage mon plateau sur la table.

- On est servies toutes les deux pour notre première année de lycée, soupire Solveig un petit sourire aux lèvres qui se veut ironique.

- Je trouve pas ça drôle.

L'ambiance à la table se refroidit d'un seul coup après ma réplique et Eva nous lance des petits regards.

- Hum... Dans une semaine, personne ne se souviendra de cet incident.

- Mouais. Je vois bien "les deux putes" ou "les meilleures amies traînées" nous poursuivre jusqu'à la fin de la terminale.

- Pourquoi t'es si pessimiste ? marmonne Solveig en me regardant droit dans les yeux.

- Parce que je vois les choses comme elles sont, à savoir que nous sommes considérées comme deux salopes qui se tapent tous les Penetrators, surtout moi vu qu'ils me voient aussi avec Chris, des farouches qui se battent quand on les insulte et des pouffes qui insultent les ex des gars avec qui elles couchent, donc oui, je suis pessimiste seulement parce que notre situation est perdue d'avance.

- T'as couché avec Chris ? demandent-elles en même temps.

- Quoi ?

- C'est ce que tu viens de dire, répond Eva en avalant une bouchée de son omelette. Que tu insultais les ex des mecs avec qui tu couchais, et à ma connaissance, t'as insulté qu'Ava.

Je me tape le front.

- J'ai dit ça comme ça, j'ai pas couché avec Chris, soufflé-je.

- DAVIA STERS S'EST AUSSI ENVOYÉE CHRIS SCHISTAD !

Je me retourne vivement, pour dévisager avec de gros yeux l'abruti de première qui vient de gueuler ça comme s'il était poissonnier sur un marché.

- Mais t'es malade ?! Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit !

- Oh la salope !

Des rires et des moqueries fusent, s'en suivent les gestes qui vont bien et les larmes me montent aux yeux.

- Mais j'ai pas couché avec Chris, j'ai couché avec personne... soufflé-je comme si je n'avais plus la force de me battre pour gagner le respect.

- Davia... souffle Solveig en se levant.

Je me lève avant elle et attrape mon sac avant de faire quelque chose que je déteste faire quand j'ai des confrontations, je prends la fuite. Je pique un sprint vers la sortie et je croise le regard détruit de Chris qui me suit des yeux, toujours sa capuche sur la tête. Je refoule mes larmes devant les gens mais quand je cours dehors et que les premières gouttes de pluie me tombent dessus, les larmes coulent toutes seules.

Je cours le plus vite possible loin de ce bahut de malheur et m'arrête, épuisée et détruite, sur le rebord d'un perron en centre-ville. Je ne veux pas rentrer chez moi. J'étouffe. Je ne sais vraiment plus quoi faire pour que tout s'arrête de tourner autour de moi. Toutes ces emmerdes. C'est trop pour moi.

Je reprends mon chemin et je marche longtemps, ne pensant plus à rien, la pluie me glaçant les os. Je shoote dans tout ce que je trouve et hurle ma rage près du fleuve qui contourne la ville. J'ai froid et j'ai mal au coeur mais je continue d'avancer. À vrai dire je ne sais même pas pourquoi je fais ça.

Mon téléphone sonne et le nom de Chris s'affiche sur l'écran. Je décroche en reniflant.

- Davia ?

Je ne réponds pas.

- Mon Dieu, t'es où ? Tout le monde te cherche.

- Je rigole Chris, tu m'entends ? Je rigole.

Je ris jaune et bien exagérément et l'entends soupirer.

- Dis-moi où tu es s'il te plait.

- Je sais pas.

- Tu sais pas où t'as pas envie que je te retrouve ?

- Les deux.

Il soupire une nouvelle fois.

- Au moins tu réponds à ton portable, ça fait neuf fois que j'essaie de t'appeler.

- Oups.

- Pourquoi t'es partie comme ça ?

- Pourquoi t'as rien fait pour leurs dire que c'était putain de faux ?! hurlé-je. Oh mais au fait, tu me parles ? Putain, il me parle. Chris Schistad me parle, c'est un miracle ! Parce qu'il me semble que ce matin t'étais muet non ? Tu m'as planté comme une conne dans la cour juste parce que les gens nous fixaient et que tu ne voulais pas qu'ils nous voient ensemble c'est ça ? T'as honte de moi Chris ? Ça tombe bien, j'ai honte de toi moi. Tu vois, on ressent la même chose. J'essaie de t'aider, mais tu ne m'en laisses jamais l'occasion, alors que moi j'essaie de faire des efforts en te racontant deux trois trucs sur moi ! T'es bon qu'à chercher des filles et à les baiser pour les jeter le lendemain ! T'es qu'un connard d'immature et un gamin qui ne prend rien au sérieux, t'es fatiguant, on peut jamais te faire confiance sans que tu nous la fasses à l'envers. C'est ça, t'es un connard de gamin sans confiance à donner. Je ne t'aime pas okay ? Maintenant tu me laisses tranquille et t'arrêtes tout ton petit cirque autour de moi. Au revoir, Chris.

- Putain Davia attends !

J'ai déjà raccroché et les larmes ont recommencé à couler.