Les gars ont eu l'idée du siècle : s'incruster chez moi pour faire une giga teuf dans mon appartement. Si la voisine du 2e ne vient pas frapper à ma porte dans les 5 minutes, ça relève du miracle.

Bien évidemment, il y a de tout : de la bonne musique bien forte, de la drogue et énormément d'alcool. Contrairement à la plupart des gars, j'ai tout arrêté il y a plusieurs années.

Arrêter la drogue n'a pas été une tâche facile. Il a d'abord fallu compenser le manque de THC par une consommation excessive de tabac, puis, pour arrêter de fumer définitivement, j'ai essayé toutes sortes de trucs, comme les chewing-gums à la nicotine ou les patchs...

En ce qui concerne l'alcool, c'est une autre histoire. Ça a débuté bien plus tard, en 2017, quand j'ai commencé à m'intéresser à la religion avec l'aide de mon pote Mohamed. À la base, j'étais juste croyant, mais je n'avais pas vraiment de religion à part entière, bien que ma mère ait essayé durant toute mon enfance de m'inculquer les valeurs du christianisme. Aujourd'hui, grâce à Mohamed, j'ai trouvé la paix intérieure dans l'islam et je me suis débarrassé de tous mes vices.

- Tu veux un verre de whisky ? Me propose Mamadou.
- Je te rappelle que j'ai arrêté de boire...
- Il faut vraiment que t'arrêtes de te faire embobiner par ce FDP de Sneazz et ses idées à la con.
- Quand est-ce que vous allez arrêter de vous prendre la tête ?
- Quand il arrêtera de t'entraîner dans des bails chelous... Sérieusement, qu'est-ce qui t'a pris d'aller te convertir ? T'es même pas Maghrébin !
- Doum's, la religion, c'est sérieux, faut pas rigoler avec ça...
- C'est des conneries, la religion. Je respecte, mais personnellement, je n'ai pas besoin qu'un livre me dise comment pratiquer.
- Vu ta façon de pratiquer, c'est à se demander si t'es vraiment croyant...
- Ken, quand je t'ai rencontré, tu fumais comme un pompier et tu buvais comme un trou, je te reconnais plus là.
- J'ai mûri Mamadou et tu ferrais bien d'en faire autant.

J'étais à fond dans ma conversation avec Mamadou quand je fus brutalement interrompu par le bruit incessant de la sonnette. J'ouvre la porte et tombe sur ma voisine.

- Ce n'est pas bientôt fini ce raffut ?
- Ah, bonsoir... Madame Baumarchant... Quel bon vent vous amène...
- Votre musique de dégénéré empêche tout l'immeuble de dormir ! Ça commence à bien faire !
- Oh, ça va, n'exagérez pas, on fait juste un peu de bruit...
- Je vous préviens, si vous ne coupez pas immédiatement la musique, j'appelle la police !
- Soyez sympa, laissez-nous profiter un peu. On travaille comme des dingues toute la semaine !
- Ce n'est pas une raison pour foutre le bordel !
- Si vous voulez, je fais une photo dédicacée pour vos enfants et on n'en parle plus.
- Pour votre information, je n'ai pas d'enfants et je n'ai aucune envie d'avoir de photo dédicacée de votre tête. Je vous vois assez comme ça !

Le contraire m'aurait étonné. En même temps, comment une meuf aussi désagréable pourrait-elle s'occuper d'un gosse ?

Je décide de couper court à la discussion et d'éteindre la musique. De toute façon, ça ne sert à rien de négocier avec ces gens-là, ils auront toujours le dernier mot.