28☆ made of glass
LITHIUM°28
tumblr girls; g-eazy
(jsuis weak pr cette tof 🫠)
Les échos des acclamations juste en dessous de ma fenêtre me proviennent aux oreilles mais pourtant, je ne les entends pas. Je suis mon salon des yeux, je le connais par coeur, je sais exactement où sont rangées telle ou telle chose, mais pourtant tout me parait inconnu. Comme si je découvrais l'appart' pour la première fois.
Han Jisung est assis sur le sofa brun. Il ne se tient ni droit, ni affalé, en fait, je ne m'en souviens plus trop, c'est un détail futile, mais je peux vous dire qu'il porte trois bagues, et qu'il fait tourner nerveusement l'une d'entre elles, entre son pouce et son majeur. Il a toujours l'arcade rouge brun et les cheveux en bataille, qui lui retombent sur les yeux. Ça, j'en suis encore certaine.
— Hum, je souffle parce que le silence entre nous est si grand que j'en porte tout le poids sur mes frêles épaules, tu... tu veux un verre d'eau ?
Il a esquissé un petit rictus, comme ça, en coin, l'air de rien. Il ne me regardait pas, il détaillait l'une des toiles posées à même le sol, visiblement intéressé.
— Pourquoi pas, il a soufflé du bout des lèvres.
— Je t'aurais bien proposé autre chose, mais en fait... Je n'ai rien d'autre, quoi.
Il me dit qu'il s'en fiche et qu'il a assez bu d'alcool à la soirée. C'est mieux comme ça, il ajoute, plus pour lui que pour moi, j'ai l'impression. Mes mains saisissent le verre dans le placard, et soudain je ne me rappelle même plus où est mon putain de frigo. Je tente me ressaisir en attrapant par la même occasion la carafe, merde à la fin, c'est pas un pauvre type dans son genre, que je méprise totalement, qui va me faire perdre mes moyens dans mon propre appart', quand même !
Nos doigts se frôlent quand je lui tends le verre, j'ai comme dans l'idée première qu'il l'a fait exprès, mais au petit regard en biais qu'il me lance, en fait... c'est peut-être moi. Je m'assois un peu plus loin, sur le rebord de la fenêtre. Je suis encore pompette. J'allume une clope, simple histoire de contenance. Lui, il a laissé choir sa tête contre le dossier du canapé. Un silence prend place, l'air de rien.
En fait, je n'arrive pas à lui parler. Pile à ce moment-là, je comprends que je suis fascinée par lui, par ce qu'il dégage et ce qu'il cache, par ce que les autres disent de lui et la manière dont il a de le raconter, à sa manière, par des silences qui en disent plus long que n'importe quel mot qu'il pourrait laisser échapper de ses lèvres. Je comprends que je le cherche du regard à chaque fois que je sais qu'il sera à la même soirée que moi, et que tout d'un coup, tout devient beaucoup plus drôle quand il franchit le seuil de la porte. Mais il y a quelque chose de tellement... instable chez lui, que ça me déstabilise à mon tour, et quand il me prend la main, sans faire exprès, c'est comme si nous nous tenions tous les deux sur une balance, et le premier qui lâche l'autre nous fait tomber tous deux dans le néant.
C'est comme si j'avais le coeur qui lâchait quand nos regards se croisent. Je sais qu'il ressent des trucs pour moi, je sais qu'il ne sait pas en parler. C'est comme si j'entrais dans une autre histoire quand on se parle, une histoire qui n'est plus la mienne et dont je suis tout le temps l'héroïne, magnifique et cruelle, et c'est mon petit monde à moi, avec mes histoires plein la tête et mes rêves gonflés d'illusions. Soudain, on se regarde et on ne se lâche plus du regard. Il s'est redressé, lentement, et a posé le verre vide sur la table basse, entre deux feuilles gribouillées et le cendrier rempli de cadavres de tabac. Il s'est levé, comme en slow-motion, et moi j'ai laissé partir la fumée dans l'air froid de la rue.
Il y a eu un sacré bruit de verre cassé, en contre-bas, et ça m'a faite sursauter.
La seconde suivante,
il est devant moi.
Le mégot a fini sur le rebord de la fenêtre, à deux doigts de la mort d'une chute fatale, et j'ai esquissé un petit sourire, mal à l'aise. Il se passe quoi, là ? C'est la première fois que ça m'arrive. Comme j'étais soudain gênée, gênée qu'il soit chez moi, gênée qu'il soit si près de moi, gênée que ça soit lui, qui soit si près de moi, bref, tout ça quoi, j'ai détourné le regard, fallait que j'échappe à cette scène de film à la con. Que je la détruise, que je la ruine, d'une manière ou d'une autre. Je n'avais pas le choix, sinon, ça allait mal finir. Mon coeur s'est mis à battre vite, trop vite. J'ai commencé à sentir le sang cogner dans mes tempes, et j'ai compris que ça allait continuer jusqu'à l'explosion totale de mon cerveau, si je ne trouvais pas un moyen de me sortir de là.
Han Jisung a entrouvert les lèvres, puis baissé la tête.
— J'crois que... que je suis claqué, il a soufflé, si bas que j'ai même eu du mal à l'entendre.
Il a mis les mains dans les poches de son jean, et s'est appuyé contre le mur, d'une épaule. Son regard s'est mis à scanner la rue festive, plus bas. Le néon rose de la résidence étudiante juste en face éclairait à intervalles réguliers une partie de son visage, délimitée par l'arrête saillante de son nez.
— On devrait... soigner tes coups, j'ai dis.
J'ai baissé les yeux vers sa côte. Jisung m'a adressée un regard amusé, puis a ricané.
— Tout baigne.
— Pas la peine de faire semblant. Aller, viens.
J'ai sauté du haut du rebord, et j'ai atterri si près du guitariste que nos épaules se sont frôlés. J'ai imaginé un monde où sa main aurait effleuré ma taille, puis la seconde suivante, j'ai couru loin de ce rêve, et j'ai sorti la trousse de premiers soins, dans le placard de ma salle de bain. Il s'est pointé, plus par dépit qu'autre chose, et je lui indiqué d'un coup d'oeil le rebord de la baignoire.
— Tu vas me faire le coup de soigner mes blessures, là ?
Un frisson glacé s'est répandu dans mon dos. Tout d'un coup, plus de doutes, j'suis chez moi, trois heures du mat' avec Han Jisung qui a remis son masque d'enflure le temps que je sorte le coton et le désinfectant. Mes muscles répondent à ma place, je lui plaque le tout contre le torse, j'ai les yeux qui le foudroient et même lui en est étonné.
— T'as qu'à te démerder, et puis t'auras qu'à dégager d'ici, vu que tout te fait chier, dans ton tout petit monde qui tourne qu'autour de ton foutu nombril, Jisung. Mets une goutte de sang dans ma salle de bain et j'te brise ce qu'il te reste d'arcade.
J'ai claqué la porte derrière moi, violemment. Qu'il aille se faire foutre. Lui et tout ce qu'il représente, son monde où j'ai osé me sentir importante, lui et son regard noir, ses mèches humides sur son front et ses chansons qui tournent dans ma tête depuis la première fois où je l'ai entendu les jouer, pendant l'anniversaire de Seungmin. J'ai enlevé ma robe, dans ma chambre, et j'ai enfilé un short et un tee-shirt, j'en avais ma claque de ces collants et de ce maquillage. J'ai foncé dans la cuisine et j'ai descendu deux verres d'eau, puis j'ai arrangé mon canapé, rangé tout le bordel sur la table basse, attaché mes cheveux en un chignon, j'ai les mains qui tremblent, j'ai essayé de me calmer et d'être normale, mais là c'était compliqué, alors j'ai rallumé une clope et je suis retournée sur le rebord de la fenêtre. J'ai laissé le froid m'anesthésier les membres, immobile, et au bout de dix minutes, le guitariste est sorti, lentement. On s'est toisés du regard, tous les deux.
— T'es barge, comme nana. Il fait négatif dehors, dégage de là.
J'ai voulu riposter, mais en deux enjambées,
il a atterri tout près de moi,
m'a pris la clope des doigts et l'a jetée dehors, puis
ses mains ont encerclé ma taille,
et m'ont fait descendre du rebord,
avant qu'il ne ferme la fenêtre, un peu brutalement.
Han Jisung sent le parfum de marque et la cigarette.
Je n'ai pas réalisé que j'avais retenu mon souffle, jusqu'à ce que je ne puisse pas répondre tout de suite à sa question.
— Arrête de vouloir prendre froid tout le temps comme ça, c'est quoi ton soucis ? il a chuchoté, d'une voix plus rauque que d'habitude.
La main qui a fermé la fenêtre est appuyée contre le rebord de la fenêtre, mais l'autre, elle tient toujours ma taille, m'empêchant de m'enfuir. Son regard tombe sur mes yeux. On est plus proches que ce que je m'étais imaginée. Le temps ralentit.
— Pourquoi t'es pas... comme les autres, hum ? il a soufflé.
J'ai essayé, j'ai lutté. Pour me sortir de là, pour revenir à la réalité, parce que j'avais toujours ce sentiment de ne pas être légitime d'un moment trop intense, trop parfait. J'ai tout fait pour me dérober à ses doigts, à l'intérieur de moi tout vacillait et se brisait, et cette petite voix me hurlait de fuir, de reprendre ma vie normale. La porte qui peinait à retenir l'océan craquait, le bois se fissurait, et le petit bonhomme faisait tout ce qui était en son pouvoir pour la maintenir fermée, mais ses jambes flanchaient, anéanties sous la pulpe des doigts du guitariste contre ma peau.
— Pourquoi tu ne veux juste pas finir dans mon lit et ne plus jamais m'adresser la parole après ?...
Pourquoi ? Parce que la simple évocation de finir dans ses bras me terrifiait, voilà pourquoi. Découvrir plus de lui me terrifiait, c'était pas évident ?
— J'aime pas ce qu'il se passe, Aïka, a continué Jisung. J'aime pas ce regard que tu me lances à chaque fois que je touche à un joint, j'aime pas quand on se dispute pour... pour des conneries... Je déteste quand j'ai l'impression de passer pour un moins que rien à tes yeux.
Cette dernière phrase, c'est peut-être moi qui l'ai imaginé, avec le recul. Mais c'est ce qu'il essayait de me dire, en tout cas. J'ai dégluti, difficilement.
— Un moins que rien ?... j'ai chuchoté. Ce qui me rend folle, c'est que t'ai même pas idée de... de tout le putain de talent que t'as en toi, voilà ce qui me rend dingue.
Ses doigts ont flanché. Il a détourné les yeux. Ça a été flagrant, comme le changement trop brutale d'une chanson à une autre, dans une playlist de mauvais goût.
— Je...
— Mais tu as raison, je l'ai coupé. Je n'ai pas envie de coucher avec toi, et tu devrais te barrer si tu pensais qu'il allait se passer quelque chose cette nuit. Je... Je ne veux pas être une de plus sur la liste, Jisung, tu piges ? C'est pas pour moi, tout ça. J'aspire à autre chose, dans la vie. Quelque chose de... mieux.
Je me suis dégagée, à contre-coeur.
— Tu peux dormir ici, si tu veux. Il est tard, je te laisse le canapé. Confort assuré, j'ai plaisanté pour détendre l'atmosphère, mais même ça, ça m'est apparu comme faux à mes propres oreilles, et je m'en suis voulue de tout cacher sous de la plaisanterie, à chaque fois.
Il n'a rien dit. J'ai mis deux coussins et une couverture sur le sofa. Nos regards se sont croisés une dernière fois, et je suis partie me coucher.
Quand je me suis levée, le lendemain matin, tout était bien plié, et Han Jisung avait disparu. J'ai trouvé quelques mots, gribouillés dans le coin d'une de mes feuilles de brouillon.
Merci pour le canap', top confort effectivement. Un jour, je changerai, c'est vrai, mais je peux pas te dire quand, encore.
C'est pour bientôt.
— J.
J'ai toujours gardé ce bout de papier. Il est encore dans mon porte-feuille et des fois, il tombe quand je cherche nerveusement une carte de crédit. Je le ramasse toujours.
LITHIUM°28
han jisung
purée la tof du début c'est tellement comme ça que j'imagine jisung dans cette histoire 🫠
les gars wssssh on a atteint + de 2k5 depuis le dernier chap et on est #1 en « chase atlantic » et #48 en « han jisung »!!!! 😭😭😭 MERCIIII 🫶🏼🫶🏼🫶🏼
bon tjrs pas de bisou ON ÉTAIT BIEN PRÊTS WSSSSH.... le prochain chap 😋😋😋
la scène près de la fenêtre JE- 😵💫
encore merci pour tout votre soutien et on se revoit soon soon soon! bon week-end à tous ☀️🫶🏼🫶🏼
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro