LITHIUM°27

Hyunjin et Jisung sont en train de se battre. J'ai écarquillé les yeux, abasourdie de la situation.

— Arrêtez, merde ! j'ai crié, ne sachant pas quoi faire d'autre.

On dirait deux pantins contrôlés par le même démon. Jisung prend le dessus, et fonce dans le plus grand. Il a tellement de rage dans les yeux que j'en prends peur, pensant qu'il va le tuer, et j'ai soudain un flashback du gars qu'il a défiguré, la dernière fois. Hyunjin tombe à la renverse, son crâne cogne contre le sol et il serre les dents, puis contre un coup de poing du guitariste et lui envoie le sien en pleine tempe. Jisung tombe sur le côté, son arcade a pris cher et le sang gicle par terre, mais ça ne l'empêche pas de repartir à la charge et de hurler un truc incompréhensible, avant de plier en deux le chanteur avec un coup de genoux dans le ventre. Hyunjin semble avoir le souffle coupé, et je ressors dans le couloir, cherchant en vain de l'aide, il va le tuer, il va le tuer, il... J'aperçois Chan, en contre-bas de la balustrade, toujours assis sur le canapé en plein milieu du salon. Terrifiée, je me penche et hurle son prénom. Un bon nombre de gens relèvent la tête, dont le principal concerné, et c'est à mon regard qu'il comprend tout de suite que quelque chose ne va pas. Il lâche son verre sur la table et fonce dans les escaliers. Minho sort des toilettes pile à ce moment-là.

— Ils... ils se battent, dans la chambre, je peine à expliquer.

Mais Chan a compris. Il fonce, et disparaît dans la chambre. De l'autre côté du couloir, Minho me fixe, sourcils froncés, avant de se jeter à son tour dans la pièce sombre. J'entre après lui, ne sachant pas pourquoi sur le coup, mais avec le recul c'est parce que je m'inquiétais pour toi, et j'assiste à la fin de la bagarre, compliquée, à Chan qui tire Jisung par les aisselles, et Minho qui pousse Hyunjin contre le mur, lui intimant de se calmer immédiatement.

— C'est quoi ce putain de bordel à la fin ?! crie Chan en plaquant Jisung par les épaules contre le mur d'en face.

Sauf que le guitariste ne se laisse pas faire, et arrive à se libérer, pour s'élancer de nouveau sur Hyunjin.

— Jisung, putain arrête ! crie le leader, et il le chope par le bras quand il arrive au niveau de Minho et Hyunjin.

— Faut qu'il arrête, hurle Jisung. Faut qu'il arrête son cinéma sinon j'vais l'encastrer dans le putain de mur !

Chan supplie Hyunjin du regard, il cherche des explications. Le chanteur a la lèvre qui saigne et il crache par terre, le regard infiniment mauvais. Il fait froid dans le dos, c'est la première fois que je le vois comme ça.

— Qu'il continue à faire son intéressant, comme s'il était le seul à avoir des soucis, pourquoi t'es encore là si t'arrives plus à te contrôler au moindre truc que je te dis ?! T'es qu'un incapable, Jisung !

Jisung se débat dans les bras de son leader.

— Il ne fait que des allusions à elle, tout le temps, c'est la pire des enflures, il me parle d'elle tout le temps, TOUT LE TEMPS PUTAIN DE MERDE ! explose Jisung.

Chan et Minho se regardent, comme consternés. Je suis clairement de trop, mais aussi incapable de bouger.

— Calme-toi, fait le leader un peu plus doucement.

— C'est qu'un fils de pute, voilà ce qu'il est, crache Jisung en se laissant tomber contre le mur, comme exténué.

— Ouais, c'est ça, réplique le chanteur en se dégageant brusquement de Minho. Et toi tu passes pour le petit saint traumatisé et jamais en tords, alors qu'on sait tous les deux que t'es qu'un sale menteur, Han.

— Ferme ta gueule, putain ! hurle le guitariste.

— Non c'est toi qui la ferme ! hurle Hyunjin en retour et je déglutis difficilement. Depuis que je suis là t'as qu'une envie c'est de me dégager, et c'est juste parce que t'as la haine que j'ai pris ta place dans le groupe, admets-le ! C'est toi qui me lance des pics dès que t'en as l'occasion, et moi la plupart du temps je ferme ma gueule, mais quand j'ai le malheur de te répondre parce que j'en ai ma claque de ton comportement d'enfoiré, alors là malheur, on ne peut plus toucher au petit Han Jisung ! Tu te vois la victime de cette histoire ?! Tu crois quoi, que les autres ne pensent pas comme moi peut-être ?! Ils te ménagent juste, pauvre imbécile, mais ici tout le monde pense exactement comme moi, tu te comportes comme une enflure, tu joues avec le feu, et quand enfin tu te brûles, tu fais la victime...

Jisung a un regard pour Chan, qui lui, l'évite. Je fronce les sourcils. De quoi parle t-on, exactement ? Même Minho regarde le sol. Jisung respire fortement, les dents serrées.

— Je te ferai pas le plaisir de me prosterner à tes pieds, continue Hyunjin. Ils te remettent pas assez à ta place parce que se sont tes potes et qu'ils ont un espèce de respect pour toi parce que t'écris les chansons. C'est ça, la vérité. Tu vis dans ta bulle où tu te montes la tête tout seul, et tu crois que t'es le plus malheureux au monde. Et bah continue, fais-toi plaisir. Elle est morte il y a des années, tu piges ça ?! crie soudain le chanteur et Jisung sursaute. Arrête de vouloir attirer son attention, elle est morte Jisung !

— Hyunjin ! crie Chan et ça calme d'un coup la situation.

Le chanteur ricane, amer, jette un coup d'œil mauvais à Jisung qui ne bouge plus, et s'en va, tapant dans le mur du plat de la main au passage. Minho, Chan et moi, on reste stoïques. J'ai l'impression d'avoir assister à quelque chose d'interdit. Minho finit par s'en aller aussi, sans un mot. Chan s'approche lentement de Jisung, qui a mis sa tête entre ses bras, sur ses genoux.

— Jisung....

— Casse-toi, crache ce dernier.

Et Chan n'insiste pas. Avant de partir, il me fait signe de le suivre, et, gênée, je m'exécute, sans un mot. Il referme la porte derrière lui, laissant Jisung seul dans le noir.

— Il lui faut quelques minutes pour redescendre. Désolé que tu ai dû assister à ça, me fait-il avec un regard navré.

— Je suis surtout mal à l'aise pour vous, je réponds du bout des lèvres.

— L'abcès est crevé, ça ira mieux maintenant.

Et il redescend. Je suis encore sous le choc. Qui est morte ? Derrière qui Jisung se cache t-il ?

Et puis quand même, je me suis inquiétée. Il n'était pas ressorti de la chambre, et ça faisait bien trente minutes. Je me suis éclipsée, discrètement. J'ai toqué trois petits coups, mais personne n'a répondu. Alors, j'ai soufflé un bon coup et suis entrée, lentement. La pièce toujours plongée dans la pénombre. J'ai distingué sa silhouette, il n'avait pas bougé, il avait toujours la tête entre les bras. Comme je ne savais pas trop quoi faire, je me suis raclée la gorge.

— Jisung ?... j'ai chuchoté. Tu... tu veux boire un peu d'eau ?...

Je ne sais pas pourquoi j'ai dis ça. J'ai pensé qu'il devait avoir soif après s'être battu et avoir pleuré, sûrement. Lentement, il a hoché la tête de gauche à droite, sans relever les yeux pour autant. Je me suis sentie bien conne, je n'ai plus su quoi dire sur le coup.

— Sale spectacle, hein.

Et il s'est redressé, je n'ai pas vu qu'il avait les yeux rouges dans la pénombre mais je l'ai compris, et il m'a regardée un long moment. Il était vide, ce regard.

— Les autres s'inquiètent, en bas, j'ai dit en mentant un peu.

Jisung a ricané.

— C'est gentil, mais ça ne marchera pas.

— Je plaide coupable, j'ai souri en voulant détendre l'atmosphère.

Ça a un peu marché, il a eu un petit sourire. J'en ai profité pour m'approcher, et je me suis assise en face de lui.

— Pourquoi tu restes là ? Tu ne veux pas profiter de la soirée ? a chuchoté le guitariste.

Je l'ai regardé droit dans les yeux. Les persiennes laissaient filtrer de fines lignes de lumières blanche, et ça tapait contre son visage fin, quoiqu'aux joues rebondies. Il aurait pu être le personnage principal d'un film, s'il le voulait. Il aurait eu mon coeur entre ses doigts, s'il le voulait.

— On est... amis, non ? j'ai chuchoté sans le quitter des yeux. Les amis font ça entre eux, ils s'inquiètent l'un pour l'autre.

Ses lèvres sont restées scellées. Peut-être que j'en avais trop dit, je sais pas. J'ai pincé les miennes entre elles, un peu honteuse de m'être laissée emporter.

— J'ai un secret.

J'ai dû réfléchir quelques secondes pour être certaine de bien comprendre ce qu'il venait de me dire. Il a avancé son visage vers moi, lentement.

— Je sais que t'as lu mon carnet. Et que tu sais de quelle chanson je parle.

Je n'ai pas su quoi répondre à ça. J'ai froncé les sourcils, lui, il a continué de fixer chacune de mes réactions, comme s'il cherchait le moindre indice pouvant indiquer qu'il avait tord. J'crois qu'il aurait aimé avoir tord, vous savez.

— C'est ça mon secret, c'est cette chanson. Il faudrait que j'aille voir un psy, pour ça, pour la décortiquer et qu'elle arrête de me hanter, c'est Chan qui me l'a dit plusieurs fois. Tu te rends compte ? Des mots que j'ai écris, moi, sont à l'origine de tous mes malheurs, ci ce n'est pas un miracle...

— Pas tes mots, c'est le sujet dont il faut que tu te débarrasses, j'ai répondu sous déduction logique.

Il m'a regardée, je l'ai regardé. Et puis, il a ricané.

— Sans doute.

— Qu'est-ce qui s'est passé, Jisung ? Pourquoi tu as écris cette chanson ?

Soudain, il n'a plus eu cet air hautain, malsain, au visage. Il s'est comme décomposé, et il a retrouvé ce regard mélancolique et noir qu'il avait tout le temps. Ses lèvres ont tremblé, et

ses doigts,
lentement,
ont délicatement effleuré les miens,
avant de les lier entre eux,
de la plus douce des manières qu'il soit.

Han Jisung m'a pris la main. La sienne était à peine plus grande que la mienne, mais je n'ai ressenti que la chaleur qui l'habitait, et la décharge électrique que son contact a provoqué dans tout mon corps.

— Un jour, il a chuchoté en fixant nos mains entrelacées, un jour je te le dirai... Tu écouteras la chanson, et tu comprendras tout ce qui reste encore un mystère en ayant simplement lu les mots sur le papier. Quand tu entendras la mélodie, tu comprendras, Aïka. C'est promis.

J'ai retenu mon souffle, l'instant semblait un peu solennel. Moi, j'avais un peu la tête qui tournait à cause du whisky et j'ai dû déglutir lentement pour ne pas briser l'instant. C'est finalement Jisung qui l'a brisé, parce qu'il a baissé la tête, lentement, et une espèce de petit gémissement s'est échappé de ses lèvres, j'ai compris qu'il avait mal quelque part.

— Ça va ?

Il n'a pas répondu, il a essayé de le cacher mais il était mal en point. C'était sa côte, apparemment.

— Laisse-moi voir.

Il n'a pas voulu, il m'a semblé soudain fatigué.

— Je te ramène chez toi, j'ai décidé en tentant de le relever.

— J'ai... paumé mes clefs, a chuchoté le guitariste.

— Alors je te ramène à Chan et F...

— Non, m'a coupé Jisung. Pas la peine qu'ils me supportent encore une fois.

Je l'ai regardé, il me faisait pitié. Alors, on est passés par l'escalier qui menait à la cuisine, et on est sortis discrètement par le jardin, en évitant ses innombrables conquêtes en talons hauts qui le cherchaient dans le salon entier, et la bande, qui, éparpillée, ne nous facilitait pas l'évasion.

Et puis, comme ça, Han Jisung s'est retrouvé pour la première fois chez moi.

LITHIUM_27
han jisung

naaaan les gars je pouvais pas attendre jpppp fallait que vous lisiez la suite 😂🕺🏻
bon mtn on est sur un autre suspens: que pensez-vous qu'il va se passer chez Aïka en vrai?? petit rapprochement? y a moyen qu'ils aient une dispute vu comment ils ont du mal à communiquer 💀💀 dites-moi vos pronos! 😋

de gros bisous 🫶🏼🫶🏼