LITHIUM°08
school; supertramp

Han Jisung.

Je me réveille avec un mal de tête à me cogner le crâne contre un mur. Sauf que je ne suis pas chez moi, mais chez Chan, et dans son lit, sans lui. Je pige pas. Quand je me redresse, toute la chambre tourne autour de moi. J'ai la cervelle qui menace de faire exploser mon crâne tellement elle tape contre les parois de ma tête. Je me prends le visage dans les mains, mais une douleur aiguë me fait les retirer tout de suite. J'ai les phalanges violettes. Du sang a coagulé, et mes doigts sont douloureux. J'écarquille les yeux. J'ai une montée de stress, et mon coeur s'emballe. Je me dégage des couvertures et même si je manque me vautrer par terre maintes fois, je me lève et tourne plusieurs fois sur moi-même, cherchant mes affaires. Je suis torse nu, avec un jogging de Chan.

— C'est quoi ce bordel, je souffle entre mes dents, complètement perdu.

Sauf que ça m'angoisse, et pas qu'un peu. Parce que ça ne veut dire qu'une chose. Je sors dans le couloir de la coloc', j'ai envie de vomir et j'ai du mal à respirer. Ce n'est pas normal que je ne sois pas rentré chez moi, la veille. Les seules fois où je me réveille dans cet état chez Chan, c'est que j'ai... déconné. Et là, au vu de l'état de mes mains, c'est sûr que j'ai déconné, et pas qu'un peu. Quand j'arrive dans le séjour, deux têtes se tournent vers moi. Félix mange des céréales. Il porte un tee-shirt orange avec des kiwis dessus. Il a la cuillère dans la main gauche et me regarde avec des yeux qui veulent tout dire. Chan est assit à l'autre bout de la petite table en Formica. Il est torse nu et son pied tape nerveusement contre le sol, alors qu'il touille son café au lait. Il s'arrête quand il me voit. Nos regards se croisent, et pas besoin d'être un génie pour comprendre. Du bout des lèvres, dans un souffle, je chuchote :

— Qu'est-ce que j'ai fait ?...

Chan reste immobile, puis finit par soupirer. Ça tourne à cent à l'heure dans ma tête et la panique me gagne, petit à petit.

— J'ai frappé qui ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? J'ai frappé l'un des gars ?! J'ai frappé l'un de vous ?! J'ai frappé qui, putain ?!

Chan se lève, d'un bond, et Félix le suit, je pense par pur réflexe. Trop tard, j'ai les mains dans mes cheveux et je tire sur mes mèches, la respiration saccadée. Le plus vieux se précipite vers moi, alors que je me plie en deux, cherchant de l'air.

— J'ai... j'ai frappé qui... qui... put- putain de merde, Ch- Chan...

— Calme-toi, c'est rien, me coupe le frisé en prenant mes mains dans les siennes. Tu n'as frappé personne de la bande, c'était juste un accident. Ça va, le type va bien maintenant.

Ça me stresse encore plus. Tellement que je tombe à terre, recroquevillé sur moi-même.

— Lix', la ventoline ! s'écrie Chan.

L'autre s'exécute, partant en courant dans la salle de bain. J'ai les larmes aux yeux. Je ne me souviens pas et j'ai peur de ça. Je ne sais pas ce que j'ai foutu et je m'en veux, de toutes les manières possibles et inimaginables.

— Jisung, respire, calme-toi. Ça va maintenant, personne n'est en danger.

Chan parle calmement. Il a l'habitude, tu parles... J'essaie de respirer, comme il me le dit, mais ce ne sont que de petits coups saccadés qu'autorisent mes poumons. Félix revient avec la ventoline et Chan m'oblige à en prendre trois fois. L'air rentre un petit peu dans mes poumons.

— C'est bon, c'est fini... Aller, ça va mon pote. Calme-toi.

Petit à petit, j'arrive à reprendre un semblant de respiration normale. Je lui arrache presque la vento' des mains et tire des taffes comme un déglingué, adossé au mur du salon. Félix me regarde par dessus l'épaule de Chan, l'air navré. Je crois l'être autant que lui. Chan repart déjeuner, sans rien dire. Il y a de la tension dans l'air. Je finis par me calmer complètement. La crise m'a comme anesthésié. On reste un long moment, en silence, chacun de nous trois à sa place.

— Hier soir, tu t'es comporté comme un imbécile, lance tout d'un coup Chan, sans me regarder.

Je ne réagis pas. Rien de nouveau, jusque là.

— Tu ne te souviens pas ?

Les larmes me remontent directement aux yeux. Il a sa réponse. Chan soupire.

— Il y a eu le barbec' avec la bande et... les filles.

Ma tête me lance un flashback, au hasard. C'est moi, en train de hurler « Trinquons ! », verre de soju à la main. Je grimace.

— Hum, hum.

— Et ensuite on a décalé à la soirée de Junghyun... et il y avait ces potes.

Flashback. Je suis en train de me rouler un joint, sur le canapé, entre deux des potes de Junghyun que je ne connais pas. Chan me dit de m'arrêter, et moi je...

— Oh, bordel... je souffle en me reprenant la tête dans les mains.

Chan ne dit rien. Il a comprit ce dont je viens de me souvenir. Je suis rongé par la honte et la culpabilité. Félix reste muet. Et puis, d'un coup, l'envie de vomir me reprend et je m'excuse auprès de mes deux amis pour m'enfermer aux toilettes, où je gerbe de manière peu classe tout ce que j'ai dans le ventre. Et puis, tout d'un coup, le flashback.

Cette fille est en train de vomir, et je ne sais pas quoi faire pour l'aider. Elle sort de la salle de bain, elle a des yeux verts qui crachent de la honte à qui veut bien le voir, et c'est moi qui le voit. Je pige qu'elle me trouve nul, pire, ridicule. Pathétique, grotesque, et tout ce qui s'en suit. Elle passe devant moi en me répondant sèchement, moi je reste planté dans le couloir comme un con, et j'en oublie même que j'étais juste parti pisser, à la base. Et puis tout d'un coup, j'entends des remarques odieuses, et je me revois perdre le contrôle, et... fondre sur l'un des potes de Junghyun, poings sortis. Je gerbe une nouvelle fois, pris d'un haut le coeur. Mais où est ce type, maintenant ?! À l'hosto' ? Je l'ai défiguré, putain de merde. Je gerbe encore un coup. J'ai tellement rendu que plus rien ne sort. Je me rince la bouche, les mains agrippées aux rebords du lavabo. Je revois les gars me maîtriser et m'ordonner d'arrêter de le massacrer. Je revois Soojin et la miss, tétanisées.

Quand je ressors, Félix est parti s'habiller. Seul Chan traîne encore, sur son portable. Il me regarde longuement, je ne sais plus où me mettre.

— T'as fini de redécorer mes chiottes ?

J'aurais ri, en temps normal. Lui, esquisse un petit rictus.

— Je me souviens.

— Je m'en doute. J'ai appelé Junghyun ce matin. Son pote s'en est tiré avec le pif cassé, c'est tout. Honnêtement, j'sais pas comment c'est possible, mais bon. Il ne portera pas plainte parce que Changbin lui a mit un coup de pression par rapport à l'appart' rempli de drogue. Félix lui a rappelé que c'était cinq ans de prison pour détention de stup'. Et ça faisait plusieurs fois qu'il était odieux avec les nanas, ce type. Même Junghyun s'est excusé pour lui, tout à l'heure.

— Ça ne change en rien ce que j'ai fait, Chan.

— Je le sais bien. Mais estime-toi heureux que ça n'aille pas plus loin, c'est tout.

Je m'assois à la place de Félix. Il est déjà neuf heures moins vingt. Les cours commencent dans pas longtemps.

— Il faut que t'arrêtes tes conneries.

Je ne réponds pas.

— Je plaisante pas, Jisung, continue Chan à voix basse. Ça peut plus durer, des scènes pareilles. Jusqu'à présent on a réussi à te sortir de la merde à chaque fois, mais quand tu vas dépasser les bornes, dis-moi ce qu'on pourra faire pour toi au juste ?

— Je suis désolé, je souffle, en reniflant.

Je n'ose même pas le regarder. Il a raison sur toute la ligne, c'est affreux. Je m'excuse pour ce que j'ai fait à ce type, pour la soirée gâchée, mais surtout pour lui avoir mal parler.

— Il faut que tu y ailles, Jisung.

Je me redresse.

— Hors de question. Je ne suis pas malade.

Chan soupire.

— Tu vas finir par tuer quelqu'un, c'est ça que tu veux entendre ? Et si jamais ça avait été l'un de la bande, hum ?

— Je sais, je... je suis désolé, vraiment, ça... ça ne se reproduira plus.

Il ne répond pas. Son silence fait encore plus mal que quand il m'engueule.

— Les autres vont bien ? je demande d'une petite voix.

— Jeongin est choqué. C'était la première fois qu'il te voyait comme ça. Les autres, écoute... Tu connais la chanson.

C'est un cauchemar. Tout le monde a tellement l'habitude que je pète les plombs que ça ne vaut même plus la peine de le relever, c'est pathétique.

— Ah, et les filles... poursuit Chan. Seungmin m'a dit qu'elles avaient eu peur. Sacrée reput' que tu nous fais là, Jisung. Sympa pour le groupe.

Je ne réponds rien, à part que je m'excuse une nouvelle fois, et Chan se contente de me sourire, forcé, et me tapote l'épaule, avant de partir se préparer. Je retrouve mon tee-shirt, et mon téléphone, puis je me sauve. Le quartier est calme, c'est encore le matin. Je devrais avoir froid mais je ne sens rien. Il y a une vingtaine de minutes de marche jusqu'à chez moi. Un vieux son de Supertramp me vrille les oreilles, dans mes écouteurs bon marché. Je retiens les larmes de couler, faudrait pas qu'une connaissance me voit et que la carapace vole en éclat, pour un truc aussi idiot, ça serait bête. Alors je souffle un bon coup, même si je me hais, même si j'ai les phalanges qui tirent et que tout au fond de moi, je sais que je n'y arriverai jamais; je souffle un bon coup et je reprends mon visage impassible, une journée de plus.

Il y a ce nom dans mon cerveau. Aïka Lin. Et ses yeux verts qui me regardent avec effroi. Je ne sais pas pourquoi j'ai tenu sa main, sur le trajet. Je ne sais pas pourquoi je fais tout ça, la nuit. Je ne sais pas qui je deviens, la nuit. Je ne sais pas et ça me fout la frousse. Je sors mon portable presque déchargé et ouvre les notes. Faut écrire, quand ça déconne, là-haut.

I made mistake with these white lines,
And I'm clouded by all of the smoke,
I don't think I'll ever get sober...

LITHIUM°08
han jisung

le premier pdv de jisungggg 😵‍💫
il est pas net j'avoue

d'ailleurs vous aurez capté que la discographie de lithium c'est exclusivement des sons de chase atlantic 🕺🏻🕺🏻

jsp vous mais en ce moment c'est trop chaud avec les cours, j'ai pas une minute à moi wsh
vous êtes en études sup vous d'ailleurs? ou au lycée?

on se revoit au prochain update 💙💙