40 ~ god doesn't exist (bonus)
LAY
Je pressai le pas dans les rues sombres de Séoul. Ce quartier était pauvre et dangereux, mais malheureusement, c'était mon quartier. Il faisait froid cette nuit-là, après la fête de Lisa, et ma simple veste en jean déchirée que j'avais enfilé par dessus un sweat n'était pas suffisante, j'avais l'impression de retourner en hiver alors que le printemps commençait à pointer le bout de son nez.
Je reniflai et tournai dans la première ruelle, connaissant le chemin par coeur. Combien de fois j'avais emprunté ses rues malfamées à pieds puisque je ne pouvais pas avoir de moto ou de voiture ? Des milliers de fois. Deux silhouettes que je reconnus tout de suite se dessinèrent au bout de la ruelle, sous la faible lumière de lune. Celle-ci n'éclairait presque rien à cause des gros nuages qui la cachaient.
J'étais crevé, il était quatre heures du matin passées et j'avais fait plus de trente minutes de marche, je n'avais aucune envie de parler mais je savais qu'une conversation serait inévitable.
- Ah bah tiens, ça faisait longtemps mec.
Je tapai dans leurs mains sans rien dire, beaucoup trop triste et fatigué pour ça. Directement après, je remis mes mains dans les poches de ma veste. J'étais mort de froid et je n'avais qu'une envie: rentrer chez moi, même si je savais que ça ne serait sans doute pas mieux.
- Qu'est-ce que tu deviens mec ? me demanda Johnny en soufflant la fumée de sa cigarette.
Je haussai les épaules.
- Rien de spécial.
- Tu viens plus acheter ta dose ces temps-ci, t'es passé à autre chose ? questionna Taeyong à son tour.
- Question de tunes.
- N'oublie pas que tu nous dois du fric, hein Lay.
La voix du blond était menaçante, mais je n'avais pas peur, je n'avais plus peur, depuis longtemps.
- Me fais pas ton p'tit numéro de bad boy, mec.
Taeyong éclata de rire en me tapant l'épaule, puis quelques formalités suivirent et je pu enfin passer mon chemin. Johnny et Taeyong étaient à l'école primaire et au collège avec Kai, Suho et moi, et faisaient partis de la bande jusqu'à ce qu'ils arrêtent l'école pour se lancer dans la drogue. C'était des gosses de familles pauvres et leurs grands frères faisaient déjà du trafic, maintenant, ils étaient bien plus riches que moi. J'achetais de leur drogue de temps en temps, mais désormais je n'avais plus rien et ce n'était pas le moment de gaspiller les quelques sous qu'ils nous restaient dans de la drogue hors de prix. Suho me fournissait quand j'en avais besoin, enfin, c'était avant qu'il tombe "malade".
Je poussai la porte d'entrée pour découvrir, sans surprise, qu'il faisait presque la même température que dehors. Je n'enlevai même pas ma veste sûrement sale et m'avançai sans bruit dans l'un des deux pièces de la "maison", qui faisait office à la fois de salon, de cuisine et de chambre à coucher.
Sur la droite, contre le mur, je trouvai ma mère, habillée et endormie sur un vieux matelas défoncé, tenant ma plus jeune soeur dans les bras. Mes deux petits frères s'étaient couchés sur un même matelas, et je remis correctement la fine couverture sur eux avant de soupirer.
- Lay ?
Je sursautai presque en me retournant, pour découvrir les deux jumeaux debout en plein milieu de la pièce, se frottant les yeux. Ils n'avaient à peine que quatre ans.
- Mais qu'est-ce que vous faites encore debout vous deux ?
Je m'approchai de ma soeur et de mon frère et Lani vint directement dans mes bras.
- Tu étais où ? demanda Louis. Il y a un monsieur qui est venu tout à l'heure et qui a grondé maman.
Lani se mît soudainement à pleurer alors que je comprenais que c'était encore le propriétaire qui était venu pour demander l'argent du loyer.
- Pourquoi tu pleures petit ange ?
- Par... parce que maman a dit qu'on... qu'on devait partir de la maison, parce qu'on a pas assez de sous pour rester... Je veux pas partir Lay.
Je lui embrassai le front et pris également mon petit frère dans les bras avant de leur sourire autant que je le pouvais. Je rentrai dans la seconde et dernière pièce de la maison, ma mère avait insisté pour qu'elle devienne ma chambre, car elle voulait que j'ai un coin à moi au lieu de dormir avec eux. J'avais longtemps refusé, préférant laisser la chambre à ma mère, mais c'était peine perdue, elle avait ce côté très... insistant et impossible à faire changer d'avis.
- Écoutez, nous n'allons pas partir okay ? Mon travail me rapporte des sous, et bientôt, j'en aurai assez pour pouvoir rester ici.
Je les déposai sur mon vieux lit ayant autrefois appartenu à mon père, avant de prendre leurs mains et de m'accroupir devant eux.
- Maintenant il faut dormir, et demain je vous amènerai au parc avec Lee, Jack et Zack, ça vous va ?
Ils hochèrent la tête et Louis fut le premier à s'endormir.
- Papa, il me manque... chuchota Lani avant de s'endormir elle aussi.
Je déglutis difficilement et couvris mon frère et ma soeur avec la couverture, avant d'ouvrir doucement le tiroir du vieux meuble présent dans la petite pièce. Il me manquait énormément d'argent pour pouvoir payer le loyer, mon boulot de mécanicien n'était pas bien payer, mais je n'avais pas le choix.
Je m'assis par terre, observant la pièce minuscule d'un regard vide d'émotion. Jamais personne n'était venu ici, pas même Kai ou Suho. J'avais toujours refusé, toujours. Personne ne devait savoir que je vivais comme ça, la pitié ne me servirait à rien. Je repensai au bel appartement que possédait Lisa, et sans surprise, les évènements de cette nuit me revinrent en mémoire.
C'était la première fois de ma vie que ça m'arrivait. Durant des années je m'étais protégé de ce genre de choses, ne voulant pas souffrir inutilement. Et à cause d'une vengeance idiote et puérile, voilà que je souffrais de tout mon coeur, justement car tout mon coeur, tout mon putain de coeur, battait sans répit pour Rosé, mais qu'il battait désormais dans le vide. Sans battements en retour.
Je me foutais ouvertement de la gueule de Suho quand il s'était disputé avec Jisoo et qu'il était désespéré. Je ne comprenais pas pourquoi Kai paraissait si abattu dès que Jennie entrait dans nos conversations. Maintenant je comprends tout. Comment suis-je censé gérer ça ?
Je me sens horriblement mal.
C'est comme si j'étais destiné à souffrir, de l'instant où je suis né jusqu'à mon dernier souffle. Il fallait que je tombe sur la mauvaise personne, il fallait que mon putain de coeur choisisse la seule personne qui jamais, non jamais, ne m'aimera. Parce que son coeur à elle est heureux, avec quelqu'un d'autre.
Et je les ai vu s'embrasser, sans rien dire, sans rien faire pour l'empêcher. Parce que je ne pouvais pas aller contre le destin. Parce que j'étais trop occupé à essayer de respirer correctement et à ramasser les débris de verres cassés dans ma poitrine.
Je me relevai en reniflant avant d'aller m'allonger sur le tapis miteux à côté de mon lit, préférant le laisser aux petits.
Dieu n'existe pas. Ce n'est pas lui qui prends des photos du monde durant un orage. Il n'existe pas. Il n'a jamais existé, sinon, comment pourrait-il laisser ma famille souffrir à ce point ? Au moment où je fermais les yeux, je pensai qu'il fallait que j'aille voler un truc ou deux au supermarché, car nous n'avions absolument plus rien à manger pour le lendemain.
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