SEHUN

- Sehun ? Oh, reveille-toi mec.

Je grognai en tentant de faire taire Baekhyun avec l'un de mes coussins, mais le brun esquiva naturellement mon faible coup. Il me secouait l'épaule alors que j'avais juste envie de le tuer. Je finis par me redresser, les yeux plissés en regardant l'heure sur mon réveil.

- Putain Baek, il est sept heures du matin et on est dimanche, qu'est-ce que tu veux bordel de merde ?!

Il leva les yeux au ciel et soupira.

- Y a quelqu'un pour toi dans le salon. À mon avis tu devrais te lever rapidement.

- C'est Rosé ? demandai-je en ouvrant grands les yeux.

Baekhyun me regarda bizarrement.

- Pourquoi Rosé débarquerait dans notre salon à une heure pareille ?

- Pourquoi quelqu'un tout court débarquerait dans notre salon à une heure pareille ?

- Pourquoi avoir directement penser à Rosé ?

- Pourquoi tu fermerais pas ta gueule ?

Je me reçus un violent coup de coussin dans la tronche, puis Baekhyun m'insulta et parti se recoucher. Grognant une insulte, j'enfilai une veste d'intérieur et me dirigeai sans grande conviction dans le salon, étant persuadé que c'était une blague de Baekhyun. En même temps, ce n'était pas vraiment son genre de faire des blagues, et encore moins à une heure si matinale, mais si jamais c'était le cas, laissez-moi vous dire qu'il allait se prendre des coussins dans la tête, et pas qu'un.

Je fis un pas et me figeai brusquement, fixant la silhouette debout devant moi. Je n'en revenais pas, putain de merde tiens. Ma bouche s'entrouvrit alors qu'elle se contenta seulement de me sourire.

- Mais qu'est-ce que tu fous là ? demandai-je, abasourdi.

Baekhyun sortit de sa chambre et passa devant moi pour rejoindre la cuisine, me demandant comme si c'était tout à fait normal qui était la petite fille debout dans notre salon.

- Franchement ? Moi-même j'en sais rien, c'est papa et maman qui m'ont envoyé ici.

Je mis mes mains sur mon visage, complètement déboussolé. Baekhyun s'appuya contre l'encadrement de la porte, une tasse fumante à la main.

- Alors, c'est qui ?

- C'est ma soeur bordel.

- T'as une soeur toi ? s'étonna mon meilleur ami en faisant les gros yeux.

Je ne pris pas la peine de lui répondre, ça n'en valait pas la peine.

- Mais t'as quel âge ? demanda Baekhyun en regardant ma petite soeur.

- Dix ans, sourit-elle. Je suis Hani, enchantée.

Elle tendit sa main et Baekhyun m'adressa un regard interrogateur avant d'aller serrer sa main.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé encore pour que tu sois là ? soupirai-je.

Hani s'assit sur l'un des deux canapés et haussa simplement les épaules.

- J'en sais rien, je revenais de l'école et maman avait préparé mon sac en me disant que j'allais te rendre visite quelques jours. J'ai pas tout compris.

- Et t'as pris le train toute seule ?

- Hum.

Un long silence suivit, jusqu'à ce qu'une question ne traverse mon esprit.

- Attends, ça veut dire que t'as marché de la gare jusqu'ici toute seule ce matin ?!

Hani hocha simplement la tête, comme si c'était tout à fait normal. Je penchai la tête en arrière, soupirant contre les parents irresponsables qu'on avait. Baekhyun prit finalement la situation en main.

- Tu vas rester là quelques jours je suppose, donc viens, je vais te montrer un peu l'appart'.

Ça ne semblait pas gêner mon meilleur ami d'apprendre tout juste l'existence de ma soeur, il lui sourit et l'entraîna avec lui tout en me lançant un regard du genre « On doit parler ». J'attrapai mon portable posé sur la table basse du salon et appelai directement ma mère.

- Sehun ?

- C'est quoi ça ? Pourquoi Hani débarque chez moi à sept heures du matin et pourquoi elle a prit le train toute seule depuis Busan alors qu'elle n'a que dix ans ?

- Écoute, c'est compliqué...

- Explique-moi parce que là j'ai du mal à comprendre.

Il eut un long silence, j'entendis seulement ma mère soupirer à l'autre bout du fil.

- Ton père part en voyage d'affaires pendant plus d'un mois et tu sais que mon travail ne me permet pas de m'occuper d'Hani. Elle doit rester avec toi le temps que...

- Un mois ?! la coupai-je. Mais vous pouvez pas vous organiser un peu ? Je fais comment avec mes cours moi ?!

- Tu ne vois presque jamais ta soeur, tu peux bien nous rendre ce service non ? Elle était très contente de te revoir, et tu sais très bien que nous ne pouvons pas faire autrement. Je sais que tu t'occuperas bien d'elle.

- Putain... râlai-je. J'suis censé m'occuper d'elle comment ? Ça fait plus d'un an que je ne l'ai pas vu, et elle va rester toute seule toute la journée c'est ça ?

- Je suis sûre que tu trouveras quelque chose, je te fais confiance. J'ai mis dans son sac de l'argent pour que tu puisses t'occuper d'elle. Ai confiance en toi.

- Ça n'a rien à v...

- Sehun, mon coeur, je suis désolée mais je dois aller travailler et je vais être en retard. Je compte sur toi, sois un bon grand frère pour Hani.

Je ne répondis rien et elle raccrocha pour se rendre à son boulot, ma mère était serveuse dans un restaurant. Grand contraste avec mon père, homme d'affaires. Nous avions un mode de vie convenable, ni trop riche ni trop pauvre, mais ma mère avait à tout prix voulut continuer son métier car elle l'adorait, mon père avait simplement cédé.

Je soupirai en regardant mon téléphone posé sur le bar auquel je m'étais accoudé pour parler, quand Baekhyun fit son entrée dans la cuisine.

- Elle est toute mimi ta soeur. Pourquoi tu m'as dit que t'avais des frères et sœurs ?

Il s'activait déjà pour lui préparer un chocolat chaud et je me contentais de l'observer.

- J'en sais rien, la question ne s'est jamais posée.

- N'importe quoi. Tu sais tout de ma famille, mais moi rien de la tienne. C'est juste que tu n'as pas voulu m'en parler. T'as d'autres frères et sœurs ?

- Non, juste Hani. Et elle est là pour un mois.

Baekhyun se retourna face à moi en s'appuyant contre le plan de travail.

- Pardon ?

- Je disais qu'elle...

- J'avais compris abruti, c'est juste que... Beh que ça fait long. Qui va rester avec elle quand on sera en cours ?

Je pris ma tête dans mes mains.

- C'est justement ça le problème.

SUHO

« Il est tombé dans le coma. » Inconnu.

« Vous savez quand est-ce qu'il va se réveiller ?... » - Maman. Étrange qu'elle soit là.

« Malheureusement non, tout ceci reste imprévisible, nous sommes désolés. Nous avons tout fait pour le maintenir conscient, mais parfois, qu'il se "repose" de cette manière peut être bénéfique. » - Inconnu. Toujours le même. Peut-être un infirmier ou un médecin. Peut-être... n'importe qui, je m'en fous.

« Mais s'il ne... s'il ne se réveille pas ?... » Jisoo.

« Il y a des chances pour qu'en effet, il ne se réveille pas, mais nous... » Je m'en fous. Ce type me donne mal à la tête, il faut qu'il se taise.

Je sais qu'ils sont là, dans cette chambre d'hôpital. Papa, maman et Jisoo. Peut-être même que Kai et Lay sont endormis dans un coin, n'osant pas se mêler d'un conversation qui ne les regarde pas. Mais je me fous aussi de savoir s'ils sont bien là ou pas, comme je me tape complètement de savoir si mes parents ont bien fait le déplacement en apprenant la triste nouvelle de l'accident.

Je veux juste qu'elle reste. Je les entends, ses pleurs silencieux et son angoisse permanente. C'est étrange. J'entends les murmures, tous les sons que peuvent faire les gens présents près de moi, mais je suis incapable d'ouvrir les yeux. Ou alors, peut-être que je suis seulement en train de rêver. Peut-être.

J'aimerais dire à Jisoo, encore une nouvelle fois, que je suis désolé et que je ne veux que deux choses: qu'elle me pardonne et que l'on redevienne amis. J'aimerais la serrer dans mes bras en lui disant de ne pas s'en faire pour moi, que je vais bien même si je ne peux pas bouger. Je me sens bien, ici, je ne pense à rien d'autre qu'à mon seul et unique amour.

Les gens quittent la pièce, mais je sais qu'elle est encore là. Qu'elle hésite à s'approcher du lit, que finalement elle s'assoit sur la petite chaise près de moi. Qu'elle me regarde le coeur serré, priant pour que je me réveille bientôt. J'essaie mon amour, j'essaie. Ai-je encore le droit de l'appeler mon amour ? De ça aussi, je m'en fous.

Tu hésites, puis finalement, après quelques minutes pour toi mais des années lumières pour moi, tes doigts fins et froids effleurent ma main immobile. Tu hésites encore, je le sais, je te connais par coeur. Lentement, tu lies nos deux mains ensemble, quelques larmes ruissellent silencieusement sur tes joues. Est-ce que tu me croirais encore si je te disais « je t'aime de tout mon coeur » ?