25 ~ my worst nightmare
ROSÉ
- Rosé ? appela ma mère depuis le séjour.
- Oui ? répondis-je en relevant la tête de mon livre que j'étais en train de feuilleter allongée sur mon lit.
- Descend, il y a un colis pour toi !
Intriguée, j'ouvris ma porte pour tomber sur mon père qui ouvrait la porte de la salle de bain face à la mienne, brosse à dents dans la bouche. On se regarda aussi intrigués l'un que l'autre et je finis par pouffer de rire, comme à chaque fois que je regardais papa faire des grimaces. Il descendit avec moi et je trouvai ma mère toute sourire au salon, un énorme bouquet de fleurs blanches dans les mains. Elle me tendit le paquet que je pris alors que mes yeux étaient écarquillés, et tapa joyeusement dans ses mains comme ça lui arrivait très rarement.
- Hum... Tu es sûre que c'est pour moi maman ? demandé-je, embarrassée.
- Bien sûr ! Regarde, il y a une carte !
Je pris cette fameuse carte et mon père se plaça derrière moi pour pouvoir la lire en même temps.
« Bonjour Rosé,
J'espère que ces quelques fleurs te plairont, je les ai trouvé magnifiques et innocentes, tout comme toi tu l'es. J'espère également pouvoir te revoir au plus vite pour faire plus ample connaissance,
Jackson. »
Ma bouche s'entrouvrit et mes sourcils se froncèrent en pensant au bouquet de roses que m'avait offert Lay il y a quelques jours et qui était toujours dans ma chambre, alors mon père éclata de rire. Maman le fusilla du regard.
- On peut savoir ce qui te fait rire Michael ? demanda t-elle froidement.
- Et bien, ce petit s'accroche comme si sa vie en dépendait ! En plus, son humour est pitoyable et il embarrasse Rosé plus qu'autre chose, mais bon... Ce n'est pas un vilain garçon, je suppose.
Mon père avait du mal à stopper son fou-rire et j'allais le rejoindre avant de croiser le regard meurtrier de maman, alors je me ravisais rapidement.
- Je les ai inviter ce soir à dîner pour les remercier.
- Oh pitié, soupira papa en continuant à se brosser les dents devant ma mère.
Je mis ma main devant ma bouche pour m'empêcher de rire mais c'était peine perdue, papa me faisait vraiment rire n'importe quand.
- Michael ! s'écria maman les poings serrés. C'est une soirée importante, si tu vois ce que je veux dire.
Elle lui fit les gros yeux et mon père effaça toute trace de rictus sur son visage naturellement comique.
- C'est une blague ? demanda t-il.
- Non, pas vraiment.
- Attends, chérie, je ne suis pas sûr que ça soit le meilleur moment pour ce genre de choses...
- Si, maintenant c'est parfait, c'est l'âge idéal.
Je ne comprenais pas un traitre mot de ce qu'ils racontaient mais apparemment, j'étais au centre de leur conversation, et mon père n'aimait visiblement pas beaucoup ça.
- Hum... De quoi vous parlez ? demandai-je timidement.
- Tu le sauras ce soir, répondis sèchement maman.
- C'est hors de question ! hurla papa.
Il monta furieux à l'étage, alors que c'était la première fois que je le voyais s'énerver autant contre maman.
~~
Durant toute l'après-midi, papa et maman n'avaient fait que se disputer sur ce fameux sujet dont j'allais connaître le sens le soir-même. Maman m'avait dit de me faire belle et je l'avais écouté, ne voulant pas aggraver les tensions déjà beaucoup trop présentes. Papa avait crié vraiment fort, jamais il n'avait fait ça auparavant, et il répétait sans cesse dans une colère noire que c'était "Impossible et inimaginable, et qu'il ne laisserait pas faire une injustice pareille", ce à quoi maman répondait que "tout était déjà prévu et que c'était la tradition familiale". Généralement la conversation s'arrêtait là, mais papa recommençait en jurant sur tous les Dieux qu'il détestait notre famille, celle de maman et la sienne. Ça me faisait mal au coeur.
Nous étions désormais à table, maman m'avait fait assoir à côté de Jackson et je devais faire la conversation alors que j'avais juste envie d'aller me coucher. Papa, en bout de table face au père de Jackson, monsieur Wang, avait fait la gueule durant tout le repas, se contentant juste de répondre brièvement aux questions du second père de famille. Je me sentais mal, j'avais un horrible pressentiment mais je me forçais à faire bonne figure. Au moment du dessert, papa blêmit en voyant maman se lever.
- Ça va être notre moment petite princesse, me chuchota Jackson à l'oreille.
Je me reculai en fronçant les sourcils.
- Pardon ?
Il m'adressa pour toute réponse un clin d'œil et posa son bras sur le dossier de ma chaise, alors que je fixais papa pour obtenir des explications. Celui-ci avait le regard fixe sur les deux mères.
- Bon, je suppose que c'est le moment tant attendu... Vas-y mon fils, sourit la mère de Jackson.
Celui-ci se leva alors que je ne comprenais plus rien à la situation, et mon père serra ses poings sur la table.
Jackson me tendit sa main et ma mère me fit signe de la prendre, ce que je fis car j'étais beaucoup trop sonnée pour réfléchir correctement à la suite des terribles événements.
Quand Jackson mît un genou à terre et sortit une petite boite de sa poche de costume noir, je pris peur et reculai d'un pas, heurtant par la même occasion la table. Les verres de vin tombèrent et le liquide rouge se répandit comme une longue traînée de sang sur la broderie blanche.
- Ça fait déjà plusieurs mois que j'attends de pouvoir te demander ça... commença Jackson alors que mon coeur battait trop vite à mon goût. J'en ai parlé à ta mère et elle a approuvé, alors je me lance ce soir Rosé...
Il ouvrit la petite boite et une stupide bague apparut dans cette scène stupide avec ce repas stupide et cette vie stupide. J'eu une soudaine envie de vomir tout mon repas.
- Rosé, j'ai des sentiments très forts pour toi depuis longtemps, à vrai dire, depuis la première fois que je t'ai vu, il y a maintenant des années de ça, quand nous avions environ une dizaine d'années. Alors ce soir, je me mets à genoux devant toi et te demande, avec tout l'amour du monde, si tu accepterais de devenir ma femme ?
La première chose qui se produisit fut le poings de mon père s'abattant durement sur la table. La seconde fut le bourdonnement incessant et croissant dans mes oreilles. Puis ma vue se troubla et je vis les gestes beaucoup plus lents que dans la vie réelle, et je me mis à respirer fortement dans l'espoir de reprendre mes esprits. Je m'accrochais tellement à la table que mes jointures étaient devenues blanches, aussi livides que mon visage. J'avais un mal fou à respirer et à tenir en équilibre sur mes pauvres jambes qui menaçaient de lâcher, et je mourrais de chaud, j'étouffais.
Je vis le visage de Jackson se décomposer avant que ma mère n'intervienne en disant quelque chose qui lui redonna le sourire, mais je n'entendais absolument plus rien, seulement ce bourdonnement infernal qui me vrillait le cerveau. Il fallait que ça s'arrête, je nageais en plein cauchemar. Ma mère se foutait visiblement de mon malaise imminent et elle me prit la main, afin que Jackson puisse y glisser son anneau ridicule.
Il fallait que je sorte de là, et au plus vite. Ça ne pouvait pas arriver, pas dans ce pays, pas dans cette vie, non. Je n'avais que seize ans, j'étais amoureuse d'un garçon depuis deux ans je... Non, non impossible, je devais réagir et sortir d'ici le plus vite possible. Avec le peu de lucidité qu'il me restait, je vis la porte d'entrée et saisis mon portable sur la table, avant de piquer le sprint de ma vie vers la porte.
Mon père m'appela mais ma mère lui cria dessus, alors ils ne firent plus attention à moi et commencèrent à se disputer, encore. Une fois dehors, les
bourrasques de vents vinrent me fouetter le visage et je frissonnais, néanmoins cette fraîcheur me fit un bien fou et m'aida à reprendre lentement mes esprits. Je marchais seule dans la rue, quand Jackson accourut derrière moi et me prit dans ses bras alors que je me débattais comme une folle. J'avais perdu toute trace d'amabilité pour lui et je criais:
- Tu n'as pas le droit, je n'ai que seize ans, tu te rends compte de ce que tu fais ?!
- Mais l'âge n'a pas d'importance chérie !
- Je ne t'aime pas Jackson ! hurlai-je alors que les larmes commençaient à couler.
Il me lâcha et me foudroya du regard.
- Et bien moi je t'aime et c'est suffisant.
Il tourna les talons et retourna à l'intérieur alors que courais le plus vite possible loin de ce quartier, les larmes m'obstruant la vue et le coeur en miettes. Je devais aller quelque part, je devais le voir, et tout de suite, sinon j'allais devenir dingue.
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