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- Debout les gars, c'est le grand jour! cria Kun en passant devant les deux cabines qui leur servaient de chambre.
Lucas grogna un instant, désireux de rester un peu plus longtemps entre ses draps chauds. Cependant un deuxième cri de Kun dans sa direction l'empêcha de se rendormir. Le leader savait à quel point son second n'était pas matinale. Il se redressera en baillant, les cheveux totalement ébouriffés.
Il vit Ten sauter calmement au bas de leur couchette superposée pour quitter la pièce en se grattant la tête, il enviait la facilité de celui-ci pour se réveiller. Le lit de Sicheng en face était vide, celui-ci avait encore dû se réveiller avant tout le monde. Il n'avait jamais vu quelqu'un d'aussi lève-tôt que son camarade.
Il se leva finalement, passant devant la chambre des trois autres. Yangyang était roulé en boule dans sa couverture et Lucas aurait juré l'avoir vu sucer son pouce.
Il ne s'arrêta cependant pas de marcher, déterminé à profiter en premier de la tranquillité de la salle de bain avant que les autres ne se réveillent pour de bon. Cependant il était déjà trop tard et les cris qui provinrent de la chambre confirmèrent sa vision précédente.
- Il suce son pouce! hurlait de rire Hendery en se tenant le ventre pour ne pas flancher.
- Ta gueule, répondit Yangyang le feu aux joues, en jetant un oreiller en direction du moqueur.
Mais celui-ci se baissa de justesse et malheureusement c'est Xiaojun qui le reçut en pleine face. Une expression de mécontentement se dessinait peu à peu sur son visage et le plus jeune trembla par crainte des représailles. Xiaojun fit craquer son cou d'un air menaçant et même Hendery frissonna.
- Je pense qu'il est temps de filer, chuchota t-il.
- Pour une fois que je suis d'accord avec toi, répondit Yangyang en s'enfuyant hors de la pièce en direction des douches.
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Sicheng était assis nonchalamment sur un capot, attendant patiemment le reste de ses compagnons. Le personnel s'affairait autour de lui mais cela ne semblait pas le déranger le moins du monde, ce serait toujours moins bruyant que Yangyang et Hendery le matin.
Il était toujours le premier debout tout simplement parce que c'était le meilleur moment de la journée pour mettre de l'ordre dans ses pensées. Et aujourd'hui, il avait bien besoin de se préparer mentalement à ce qui allait suivre.
Leur mission était simple en somme : tuer le plus de monstres possibles pour ainsi étendre la portée de l'emprise de la Bulle. Il n'avait aucune idée du réel objectif des politiciens mais il était logique de mettre un terme à la "vie" de ces zombies, ils pourraient facilement même en danger l'habitacle s'ils se trouvaient trop nombreux.
Son attention fut soudainement attirée par un outil tombant sur le sol dans un grand fracas. Il tourna sa tête dans la direction du bruit, un jeune homme étant déjà en train de se faire gronder pour sa maladresse.
Les aînés se pensaient tout permis ici et ce n'était malheureusement pas la première fois qu'il voyait l'un des travailleurs se faire martyriser, il détestait cette manie qu'ils avaient de les faire se sentir redevable à tout prix. Comme si toute leur vie se résumait à rembourser leur existence.
Il sauta finalement au bas de la voiture, marchant d'un air confiant pour s'incruster dans la discussion.
- Un problème ? fit Sicheng au soldat d'âge plutôt mûr.
L'homme le toisa de sa grande taille, reconnaissant parfaitement à qui il avait affaire. Il savait que l'équipe de Sicheng était vendu comme des privilégiés qu'on devait éviter de contrarier et même si ça ne le ravissait pas toujours, il pouvait parfois profiter de sa position. Visiblement énervé, le soldat rajusta son arme sur son épaule avant de pivoter les talons.
- Ces immunisés se croient tout permis, cracha t-il en s'éloignant.
Voilà comment ils étaient considérés.
Sicheng reporta son attention sur le plus jeune qui le regardait étrangement. Il lui tendit la main pour le remercier et le plus âgé se contenta de la serrer, sentant le contact d'un bout de papier contre sa paume qui le surprit.
Il voulut en savoir plus et interrogea le regard fuyant du plus petit devant lui qui semblait guetter tous les côtés de peur de se faire prendre. Celui-ci anticipa l'une de ses questions.
- De la part de Renjun, termina son locuteur avant de s'évanouir dans la masse d'ouvriers fourmillant, habillé identiquement.
Alors il glissa le bout de papier dans sa poche, parce qu'il savait très bien que le secret devait être bien gardé. Que les caméras balayaient la salle frénétiquement en quête d'un appas.
Plus personne n'utilisait de papier depuis longtemps, les tablettes numériques suffisant à elles seules pour communiquer. Mais connaissant le gouvernement, les conversations étaient sûrement surveillées et le meilleur moyen de se montrer discret était d'agir autrement.
Et c'est sûrement ce qu'avait fait le petit ingénieur, ceux-ci étant les seuls autorisés à manipuler des feuilles pour la précision de leurs plans.
Il ne savait pas encore ce que celui-ci avait voulu lui transmettre mais il était conscient d'une chose.
C'était que ce Renjun avait risqué sa vie pour lui passer ce mot.
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Kun fixait le miroir devant lui, où plus exactement son reflet qu'il ne pourrait plus observer d'ici les prochains jours. Il avait enfilé sa combinaison kaki aux multiples poches, zippée jusqu'au col et resserrée à la taille par une large ceinture où on pouvait facilement glisser une arme.
Il avait coiffé sa chevelure blonde de sorte à ce qu'elle dégage son front, une cicatrice de quelques centimètres traversant son arcade gauche.
En vérité, son corps entier en était recouvert, témoin des expériences qu'il avait sûrement subi quand il était petit et dont il n'avait que le vague souvenir.
Étant le plus âgé, il était sans doute celui qui avait subi le plus dans l'équipe.
Son dur passé avait forgé ce qu'il était aujourd'hui et bien qu'il éprouvait une profonde rancoeur envers ceux qui l'avaient élevé dans l'art de la guerre, il savait qu'il ne faisait qu'accomplir son devoir.
Pas pour les politiciens, mais pour les civils innocents qui habitaient les lieux.
Ils avaient eu la chance de les apercevoir une fois. Lorsque le gouverneur Zhang en personne l'avait emmené se promener alors qu'il n'avait que six ans. Il lui avait présenté avec fierté l'organisation pointilleuse des lieux, comme quoi chaque personne avait un rôle bien précis.
Il se souvenait avoir vu une classe de son âge ce jour-là, il avait voulu les rejoindre pour faire leur connaissance, lui qui avait toujours vécu dans la solitude. La plus jeune personne qu'il avait eu l'occasion de croiser était le fils du gouverneur lui-même et celui-ci l'effrayait encore plus que son père par son expression figé. Zhoumi l'avait retenu d'une main ferme contre son épaule, lui intimant l'ordre silencieux de ne pas franchir les limites.
- Ton rôle à toi, c'est de les protéger, lui avait-il chuchoté à l'oreille.
Et il avait bu ses paroles. Il les avait ancré dans son esprit pour y repenser chaque jour de sa vie, rythmés par les entraînements et les cours personnalisés. Même s'il savait extrêmement naïf, il n'avait tout simplement pas pu renoncer à cette conviction qui l'animait.
Et qui animait aussi tous ses compagnons.
Une large main se posa contre son épaule, cette fois-ci réelle et non tirée de ses souvenirs. Il put distinguer le reflet de son second dans le miroir, bien plus grand que lui et habillé de la même tenue. Celui-ci lui assenait un sourire rassurant qui avait eu le don de le réconforter toute son enfance lorsqu'il avait rejoint sa vie.
- On largue les amarres cap'taine, fit Lucas de sa voix naturellement rieuse qui eut le bénéfice de booster la motivation du blond.
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Yerim avait les yeux rouges, preuve évidente de ses larmes qui n'arrivaient plus à couler. Elle suivait docilement le soldat qui l'accompagnait et cela malgré la faiblesse de son corps post accouchement, tout en serrant son nourrisson dans ses bras.
On lui avait assuré qu'elle pouvait se reposer mais elle ne voulait pas quitter son enfant une seule seconde, de peur qu'on ne lui retire pour de bon.
L'homme dût lui ouvrir deux portes, celles d'un endroit tout nouveau pour elle, isolé du reste de la population. Il resta dehors, les hommes n'étant pas réellement les bienvenus ici. Elle balayait la salle de jeux métalliques du regard où quelques enfants s'amusaient avec des cubes sous le regard attentif des éducatrices.
Elle continua sa route, passant devant la pièce où les nourrissons faisaient leur sieste ou encore devant la petite cantine avec des tables aussi minuscules que mignonnes. Elle s'arrêta seulement quand elle eut atteint le bureau de la gérante des éducatrices qui répondait au nom de Taeyeon.
La porte coulissa toute seule tandis qu'elle s'engouffrait dans l'antre étroit. Taeyeon ne prit pas la peine de lui accorder un regard, concentrée sur l'écran virtuel qui lui servait d'ordinateur. Elle tapait activement sur le clavier comme si elle avait fait ça toute sa vie et en jetant un coup d'oeil à travers la transparence, la nouvelle arrivante put constater qu'elle inscrivait les données de chaque enfant.
Tous leurs progrès étaient ainsi conservés, permettant d'optimiser leurs évolutions au sein de la Bulle. Elle se demandait ce qu'elle écrirait sur son enfant, espérant de tout coeur que celui-ci grandisse convenablement. Le gouverneur Zhang lui avait assuré que le petit bout de chou avait passé les tests de santé avec brio.
- Tu dois être Yerim, fit-elle finalement dans sa direction.
Celle-ci hocha la tête timidement tandis qu'elle attrapait d'une main la tablette que Taeyeon lui tendait, serrant toujours son enfant de l'autre.
L'écran bleuté affichait une fiche d'inscription déjà pré remplie par endroit comme la date de naissance ou encore le sexe, il y avait même le numéro de matricule, elle devina rapidement que c'était celui qui avait été attribué à son fils.
- D'habitude, on choisit les prénoms au hasard, expliqua Taeyeon en incluant les autres éducatrices avec elle dans sa phrase. Mais le gouverneur a bien spécifié que tu étais en droit de le nommer comme tu le souhaitais.
Yerim ne savait comment interpréter les actions de l'aïeul mais elle était bien trop soulager pour s'en méfier. Son bras retenant son enfant ainsi que la tablette, elle put dégager sa main libre pour taper le prénom qu'elle avait en tête depuis qu'il s'était sacrifié pour leur permettre de vivre.
Jeno.
Mais lorsqu'elle voulut valider, la zone du prénom devint rouge, affichant une erreur. Elle cliqua sur plus d'informations, intriguée de la raison pour laquelle elle ne pouvait pas l'appeler ainsi. Celle-ci s'afficha sous forme de liste de prénoms bannis. Il y en avait une bonne cinquantaine, qu'elle parcourut vaguement.
Elle pinça les lèvres à la vue d'un beaucoup trop familier tandis qu'elle était allée directement à la lettre de l'alphabet qui l'intéressait.
..., Jeno, Jeohyuk..
Elle renifla douloureusement à la vue du nom de son ami d'enfance qu'on avait jeté sans vergogne et dont on bannissait même le nom comme s'il n'avait jamais existé. Ses doigts se crispèrent sur sa tablette, elle commençait à avoir une crampe à force de porter son enfant d'un seul bras malgré qu'il soit léger comme une plume.
- Maman va quand même te trouver un joli prénom, chuchota t-elle, plus pour elle-même au final.
Elle décida de garder la lettre J pour débuter, celle-ci représentait beaucoup pour elle après tout. Puis finalement, elle tapa de nouveau sur le clavier qui valida cette fois aussitôt son choix.
Junkyu.
- C'est très beau, souligna Taeyeon en reprenant la tablette où elle finalisa quelques manipulations. Junkyu est maintenant officiellement un habitant de la Bulle.
Le bébé bailla en guise de réponse, dévoilant sa petite bouche sans dent, ce qui eut le don de faire sourire tristement sa mère qui était consciente dans quel monde son protégé avait vu le jour.
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Ten fut le dernier à grimper dans le véhicule, un fourgon où ils avaient placé soigneusement toutes leurs provisions ainsi que quelques armes. Il s'était installé à côté de Sicheng tandis qu'Hendery était au volant. Ils avaient tous convenus qu'il était plus prudent de ne plus prendre la moto et que personne ne devait rester de côté.
La première voiture contenant Yangyang en éternel pilote ainsi que le leader ouvrit la marche, suivit de près par le fourgon. Par déduction, la dernière contenait bien évidemment Lucas et Xiaojun, dont la personnalité était tout à fait contraire mais parfaitement complémentaire.
La première porte se referma derrière eux, cachant le garage précédemment visible dans leur rétroviseur. Puis l'éternel alarme résonna, annonçant que la sortie de la Bulle s'ouvrait pour les laisser passer.
Il n'en fallut pas plus pour que Yangyang appuie sur l'accélérateur, démarrant dans un grand vrombissement qui fit lever au ciel le reste de l'équipe alors que Kun se retenait déjà à la portière, effrayé par la vitesse.
- Relaxe le vieux, le taquina le maknae.
Hendery souffla un sourire tandis que l'extérieur était maintenant complètement ouvert à la hauteur de son fourgon. Il savait que les choses sérieuses allaient commencé à partir du moment où ils quitteraient le bunker. Et il était prêt.
- Quand faut y aller, murmura t-il à haute voix sous les regards encourageants de ses deux compagnons de voyage, avant de démarrer pour de bon.
Faut y aller.
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nda : annyeonghaseyo! (si vous venez de lire cette salutation avec une voix spécifique, vous savez sûrement qui m'a inspiré le nom de l'enfant hihi) j'espère que ce chapitre vous a plu, nos protagonistes sortent enfin! j'ai décidé de poster au minimum un chapitre par semaine donc restez branchés (j'me crois à la radio ou quoi)
+henyang in the air! l'ep 3 de RAINBOW V nous a enfin donné un nom de ship officiel pour hendery x yangyang (et montré qu'ils sont complètement tarés aussi)
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