La cantine de la Bulle était plutôt animée ce soir-là, même les soldats semblaient plus laxistes. Pourtant l'un des habitants n'était pas d'humeur à se laisser aller. Ses pensées n'étaient rivées que sur une même et unique personne, qu'il n'avait pourtant jamais rencontré.

Haechan était né dans son bunker. Son grand-père avait été l'un des seuls à croire à la théorie de fin du monde. Il avait construit l'endroit de ses propres mains, remplissant chaque jour le nécessaire à la survie. Il avait entrainé avec lui la mère du jeune homme, Dona, elle n'avait que 16 ans à cette époque-là. Mais elle avait eu la chance de connaître le monde. Elle lui avait tout raconté et Haechan lui avait transmis à son tour à travers ses monologues.

20 ans après le terrassement de l'humanité, Dona et son père avait été surpris de retrouver un homme sur le point de donner l'âme. N'étaient-ils pas tous morts ? Son père Jeohyuk avait été un fugitif que sa mère avait recueilli malgré les protestations de son géniteur.

Haechan était fier de l'histoire d'amour de ses parents, c'est de cette manière qu'il était né alors que tout poussait à croire qu'ils seraient les derniers. Il avait pensé leur faire honneur en leur survivant mais la solitude l'avait vite frappé de plein fouet. Le blond était son sauveur en quelque sorte, mais il était loin de se considérer comme tel. S'il l'était vraiment, il sortirait Haechan de sa prison. Mais comment faire alors qu'il était lui-même enchaîné ?

- Tu manges pas Mark ? l'interrogea le nouveau venu.

Xiumin était son plus proche collègue de travail. Même s'ils avaient une différence d'âge importante, ils s'étaient tout de suite bien entendu quand Mark a été enrôlé à son poste. Mais malgré leur complicité, le blond n'osait pas se confier sur ce qui le tracassait.

- J'ai pas faim, répondit-il simplement.

Il ne s'était jamais trouvé très courageux et pourtant il était maintenant un total hors-la-loi. Peut-être finirait-il comme l'autre jeune homme de son âge qu'ils avaient jeté dehors ? L'idée de rejoindre Haechan était tentante mais il risquait de mourir avant même avoir avancé.

Xiumin lui avait raconté qu'à un moment certaines personnes avaient remis en doute le fait que l'on ne pouvait pas respirer à l'extérieur. Le gouverneur avait alors obligé les habitants à assister à leur asphyxie. Mark se remerciait intérieurement d'être trop jeune pour avoir manqué l'occasion.

Tout ça lui torturait l'esprit et aucune solution ne lui venait en tête. Si seulement il n'était pas tombé sur cet appel.. Non, il ne regrettait rien. Si ça n'avait pas été lui, Haechan serait mort. Mark finit par se lever sans oublier son plateau, bousculant sans faire exprès un autre garçon dans sa précipitation. Il s'excusa aussitôt, s'écartant pour laisser l'autre rejoindre la table de ses amis.

Jaemin lui fit comprendre que ce n'était rien alors le blond continua sa route. Le premier le suivit du regard, il reconnaissait bien cette façon d'agir, de manière stressée. Il haussa les épaules avant de se poser devant Renjun qui mangeait tout en lisant quelque chose sur sa tablette.

- Du nouveau ?

Renjun ne sourcilla pas, comme à son habitude. Décidément, l'intelligence venait avec la surdité. Baekhyun lui jeta un regard désolé alors qu'Hansol venait tout juste de s'installer. Il formait une drôle d'équipe, personne ne devait se douter de ce qu'il se tramait.

Avoir interrogé Hansol sur ses souvenirs perdus avaient aidé Renjun à mieux comprendre le système qu'il devait désactiver. Il avait réuni toutes les informations et il ne cessait de les parcourir en boucle. Il était si près de trouver la solution qu'il n'arrivait pas à penser à autre chose.

Baekhyun appuya le bout de son doigt contre la joue de l'ingénieur et ce dernier sursauta, enfin sorti de sa rêverie. Il retira la main de son ainé, confrontant les regards de ses amis qui attendaient son bilan.

- Allo Renjun, ici la Terre, fit Jaemin avec des grands signes de la main.

- C'est bon je suis pas sourd, soupira Renjun.

Les autres levèrent les yeux au ciel à l'unisson sous l'incompréhension de l'ingénieur. Mais il ne s'en formalisa pas plus longtemps. Les repas étaient courts, ils n'avaient pas beaucoup de temps pour partager les informations qu'il avait récolté.

- Le système de la puce est incroyable, il permet de sélectionner exactement les souvenirs qu'ils souhaitent effacer. Dans le cas d'Hansol, ils ont absolument tout supprimer.

L'interpellé hocha la tête, il ne se souvenait de rien avant d'avoir été consigné à la laverie. On lui avait expliqué que c'était dû à un simple coup à la tête mais il avait eu beau réfléchir des nuits durants, aucune esquisse de son passé ne lui était parvenu. Et pour cause, il avait une puce dans la nuque.

- Pour les immunisés c'est différent, ils ont besoin de garder leurs expériences et leur savoir. Ils ont dû sélectionner avec soin ce qui ne leur plaisaient pas, ils doivent être en état de confusion à l'heure actuelle.

Un soldat passa et il fit une pause dans son monologue.

- Et on doit jouer sur ça. Dans tous les cas, si je réussis pour Hansol, le reste ne sera qu'un jeu d'enfant.

Mais ça se saurait, si c'était si facile..

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Kun passa son visage sous le robinet avant de le remonter vers le miroir de la salle de bain. Il avait terriblement mal au crâne et l'eau n'arrangeait décidément rien à la situation. Il contempla son reflet, touchant sa peau du bout des doigts comme s'il se découvrait pour la première fois.

Ses phalanges parcouraient les crevasses de ses nombreuses cicatrices et il se demandait leur origine. Mais il ne s'en souvenait pas, ou du moins, tout était trouble.

Il sortit finalement de la salle d'eau, s'arrêtant dans sa marche pour parcourir la pièce commune du regard. Elle paraissait démesurément vide, comme s'il manquait quelque chose, quelqu'un.

Allongé sur un banc, Ten bouquinait tranquillement sur sa tablette. Le jeune homme à la chevelure blonde orangée similaire à celle d'un lion tapotait du pied dans un rythme inconnu, il semblait concentré.

Kun connaissait Ten, ça il en était sûr. Il savait qu'ils étaient amis, ils partageaient des souvenirs communs. Mais étrangement, certains semblaient cryptés. Comme si des éléments censurés l'empêchaient d'y voir clair. Il était confus mais le médecin lui avait dit que c'était normal, alors il ne devait pas s'en formaliser n'est-ce pas ?

Il passa près d'une des deux chambres, apercevant Xiaojun assis sur une couchette. Il fixait son poignet qu'il étirait selon les exercices de rééducation qu'on lui avait prescrit. Il grimaçait, ça avait l'air de lui faire mal. Et pourtant, il continuait.

- Tu ne devrais pas trop forcer.

Le plus jeune releva son attention dans sa direction et arrêta son geste.

- C'est plus fort que moi.

Kun se décida à pénétrer dans la chambre pour se poser sur le matelas à côté de lui. Ils n'avaient pas vraiment osé se parler jusqu'ici. Un certain malaise était présent depuis qu'on les avait consigné dans cet endroit. Il plia ses genoux pour les amener jusqu'à sa poitrine, contemplant le lit d'en face complètement vide.

- Qu'est-ce qui ne va pas.. chuchota t-il pour lui-même.

Une nouvelle silhouette se profila à l'entrée de la chambre, attirant leur attention à tous les deux par sa venue hésitante. L'homme semblait bien plus perdu qu'eux mais ils étaient loin d'être dans la capacité de l'aider. Ils se fixaient mutuellement, comme s'ils allaient pouvoir trouver des réponses dans les pupilles de l'autre. Si Kun connaissaient bien Xiaojun et Ten, il n'avait aucune idée d'où sortait ce Taeil.

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La locomotive et son wagon unique fusaient à travers la campagne givrée, s'en foutant du vent qui tentait de la repousser dans le sens inverse. L'hiver avait fait son chemin, il semblait les poursuivre, de manière encore plus tenace que les monstres qu'ils avaient affronter.

Ils s'étaient tous resserrés l'un contre l'autre afin de se tenir chaud, le moindre mouvement leur donnait l'impression qu'ils allaient se briser en mille morceaux.

Yangyang tentait du mieux qu'il pouvait de retenir ses dents de claquer. Il semblait le plus sensible à la température, pourtant il avait Xiaoxiao sur ses jambes et les bras d'Hendery qui recouvraient ses épaules.

À côté de lui, Lucas s'était endormi après toutes ses émotions, sa tête dodelinait à la moindre secousse, elle avait fini par se poser contre l'épaule de Jungwoo qui n'avait pas sourcillé. Le roux restait éveillé, le regard dans le vague.

Il leva ses doigts congelés pour caresser avec douceur la chevelure du plus grand, ça l'apaisait alors qu'il tentait de penser à autre chose que l'Hiver meurtrier. Pour lui, c'était son plus grand ennemi. C'est le froid qui leur avait pris Doyoung.

Ses yeux dérivèrent vers Yuta, lui aussi était parfaitement conscient mais ses pupilles étaient plus que concentrées. Il ne cessait de fixer le visage profondément endormie sur ses cuisses. Il avait eu si peur, il était maintenant si fier. Plus tôt, Winwin avait réussi à attraper sa main et ils l'avaient tous hissé à l'intérieur.

Sicheng était tombé de fatigue et Yuta faisait de son mieux pour ne pas qu'il souffre du froid. Jungwoo pensa que c'était beau de tenir à quelqu'un. Et même si lui avait perdu ça, il comptait continuer à se battre pour que plus personne ne subisse le même sort. Ils étaient en sécurité maintenant.

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Felix renifla discrètement sa blouse blanche, fronçant le nez par le fait qu'elle n'avait pas l'air complètement propre. Il n'avait pas besoin de réfléchir longtemps pour comprendre pourquoi étant donné qu'il connaissait la personne travaillant à la laverie. Le vêtement portait son matricule alors Jaemin s'était sûrement vengé. Quel petit con celui-là, il perdait rien pour attendre.

Pour l'heure, il tentait de se concentrer sur ses tubes à essai où il expérimentait quelques manipulations classiques. Il était un tout nouveau scientifique alors on ne le laissait pas encore prendre des initiatives mais il se débrouillait si bien qu'il était persuadé qu'on lui laisserait rapidement accès aux produits plus dangereux.

Son ainée était rentrée dans le laboratoire, toujours le nez rivé dans sa tablette. Jessica était la figure qu'il admirait ici, il aspirait à devenir comme elle et il avait tout fait pour attirer ses bonnes grâces. Ce qui avait l'air de fonctionner.

La femme au chignon serré s'était postée devant lui, levant le menton pour lui ordonner simplement de la suivre, ce qu'il fit bien évidemment sans rechigner. Il se rendit rapidement compte au fil de la marche qu'il se rendait dans un couloir où il n'avait pas eu accès jusqu'ici.

Tout excité à l'idée de découvrir les coulisses de la Bulle, il n'arrivait plus à tenir en place. Son dur labeur payait enfin, il avait toujours été convaincu que la société lui rendrait bien. Mais plus ils avançaient, plus ils se disaient qu'il y avait une raison douteuse pour qu'ils gardent tout ça secret. Et la morgue devant laquelle ils étaient passés ne lui disaient rien qui vaille.

Finalement ils débarquèrent dans une salle spacieuse mais pratiquement vide. Aux murs blancs, contrairement au reste de la Bulle qui teintait vers le gris. Il y avait une fenêtre mais il faisait trop sombre pour voir en travers. Un homme de dos attendait, à la carrure imposante et aux cheveux poivre et sel. Il l'avait vu très peu de fois mais il n'avait aucun mal à le reconnaître.

Il était le seul à porter une tenue différente des autres, agrémentés de badges rouges afin de noter sa prestance. Felix n'était pas vraiment peureux, enfin si un peu. Mais ce qui l'effrayait le plus ici, c'était bien le gouverneur juste devant lui.

- J'ai failli attendre, tonna t-il.

- Mes excuses monsieur, s'inclina respectueusement Jessica. Je voulais présenter notre travail à mon nouveau subalterne.

Felix s'était instinctivement caché derrière Jessica comme un enfant dans les jupes de sa mère. Mais c'était bien de lui qu'on parlait alors il ne pouvait pas échapper au regard perçant du chef de la Bulle. Il ne le fixa quelques secondes mais le plus petit eut l'impression que ça dura une éternité.

- Bien, commençons alors.

Jessica se dirigea vers une sorte de table de commandes où elle connecta son éternelle tablette. Elle alluma la salle d'en face que la fenêtre laissait maintenant parfaitement visible. Felix avait voulu s'avancer d'un pas pour mieux la détailler mais le vieil homme l'avait empêché d'un coup d'oeil. Il n'y avait pas l'air d'y avoir grand chose, des chaînes accrochés aux murs et un.. berceau ? Il n'était pas sûr de bien voir.

Il se retourna en constatant la venue de deux nouveaux arrivants.. enfin trois pour le coup. Il reconnaissait bien évidemment le général Yixing, toujours aussi froid. Il escortait une jeune femme qu'il connaissait aussi étant donné qu'ils avaient été camarades de classe, Yerim. Elle portait un enfant dans ses bras, alors la rumeur était vraie ?

Il n'avait pas eu signe d'elle depuis que Jeno avait été condamné à l'exil, ça devait faire un mois maintenant. Le gouverneur lui avait reproché d'avoir donné la vie devant toute l'assemblée. Le plus jeune avait des frissons de dégoût rien que de penser qu'ils s'étaient accouplés.

Lui qui aurait pensé qu'elle lui affligerait un regard provocateur -comme elle en avait l'habitude pendant leurs cours-, il s'était trompé. Les pupilles de la jeune mère étaient vides et son visage cerné. Il aurait juré avoir aperçu un bleu à travers ses vêtements.

Il comprit rapidement qu'elle était là parce qu'elle n'avait pas le choix. Et elle n'avait décidément pas dû se laisser faire. Pourquoi ? Pour protéger ce petit être qu'elle gardait fermement dans ses bras ? Il ne comprenait pas, il ne pouvait pas comprendre.

Mais il avait beau avoir subi un lavage de cerveau par la Bulle, il sentit un pincement dans son coeur quand Jessica vint lui arracher l'enfant. Retenue par Yixing, elle tentait en vain de se débattre davantage mais elle n'avait plus aucune force.

C'est sous son regard impuissant et meurtri que la scientifique vint placer le nourrisson dans le berceau de la salle noire. Elle referma soigneusement la porte blindée avant de se replacer aux commandes.

- Tout est prêt monsieur le gouverneur.

L'interpellé s'était positionné aux côtés de la maman sûrement afin d'entamer la conversation. Yerim ne lui accorda aucune attention, elle ne lâchait pas Junkyu des yeux. Sa respiration était sifflante, elle donnait l'impression qu'elle était sur le point d'hurler mais aucun son ne sortait de la barrière de ses lèvres fendues.

- Démarrage, ordonna t-il.

Il se pencha ensuite à l'oreille de la jeune femme.

- Curieuse de savoir ce que ton cher et tendre a subi ?

Seuls les pleures du bébé lui répondirent.

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nda : omg j'suis vraiment horrible avec eux, j'm'en rends compte au fil de l'écriture mais au moins si vous doutiez de la gentillesse de la Bulle, here we are..
étrangement, j'arrive toujours à respecter mes délais.. en espérant que ça continue sur cette voie. je suis vraiment inspiré pour cette fiction et j'ai hâte de vous faire découvrir certaines scènes!

+J'AI EU MA PLACE POUR LE CONCERT DE 127 JE SUIS SI CONTENTE