1942,

Cinq mois. Voilà déjà deux mois que la lune de sang est passée et Walburga n'a jamais trouvé le temps aussi long. La seule bonne nouvelle, c'est qu'elle peut à présent voir plus souvent Sirius et discuter avec lui devant les autres pourtant, leur relation n'est plus la même. Il a changé. Walburga a l'impression de l'avoir perdu lorsqu'ils ont reçu leur marque.

Elle a prié pour que Sirius ne tente rien durant son initiation et heureusement, il a reçu la marque des ténèbres sans rechigner, mais de ce fait, la brune a perdu le garçon qu'elle aime. Il n'est plus que silence et son visage n'exprime plus rien. Elle a peur qu'il s'éloigne encore plus. Qu'il ne veuille plus d'elle et ce sentiment ne la quitte plus.

Walburga aurait dû être en train de réviser pour ses examens, mais Pollux, décidant que désormais qu'elle va être une épouse, il a refusé de la renvoyer à l'école après les vacances de février. Elle erre depuis, dans cette demeure froide. Son teint est encore plus pâle. Soupirant, elle regarde le mot que Sirius lui a envoyé.

«Londres, à treize heures, dans notre endroit habituel.

Sirius.»

Walburga ne sait pourquoi, mais elle a un mauvais pressentiment. Comme si ce rendez-vous allait marquer un tournant pour chacun d'eux, mais elle tente de chasser cette angoisse et met la touche finale à son maquillage, un peu de blush afin de paraître moins fantomatique. La jeune fille descend dans le salon afin de trouver ses parents.

— Je vais sortir, dit-elle. J'aimerais en savoir plus sur les sortilèges impardonnables afin de pouvoir me perfectionner et être une des meilleures.

Pollux a un large sourire qu'il partage avec Irma. Il est fier de constater que sa chère et unique fille se donne les moyens afin de monter dans l'estime du Seigneur des ténèbres. Il hoche la tête puis Walburga franchit la porte. Elle respire l'air de la liberté et marche jusqu'au point de rendez-vous, une boule dans le ventre.

La jeune fille traverse la chaussée et elle s'engouffre dans la ruelle sombre. Elle distingue Sirius qui est assis sur les marches, derrière la charcuterie où il travaille et en la voyant, il se lève et s'approche. Walburga s'arrête et hésite. Elle ne sait pas si elle doit l'embrasser ou ne plus le faire.

— Bonjour, dit-elle.

— Je suis désolé de ne pas avoir donné de nouvelles avant, dit-il, j'ai été occupé.

— Ah.

Voilà tout ce qu'elle trouve à dire. Avant, elle aurait dit autre chose, mais actuellement, elle ne sait que penser et semble perdue. Sirius l'observe avant de poser une main sur sa joue et elle lui sourit doucement, espérant obtenir au moins un sourire de sa part. Pourtant, il a un visage sombre.

— J'ai quelque chose à te montrer, annonce le blond.

Il glisse sa main dans celle de la jeune fille et elle le suit. Elle ne sait pas où il va, ne connaissant pas vraiment Londres et elle reste silencieuse durant le trajet avant de s'engouffrer dans une ruelle et de là, il entre par une porte verte. Walburga monte les escaliers jusqu'à arriver dans un petit appartement. Vide.

C'est la première chose qu'elle remarque. Du moins, peu fourni. Il y a un matelas à même le sol, mais elle remarque des bougies par terre, qui éclairent l'obscurité due aux volets fermés et Sirius se tourne vers Walburga.

— C'est chez moi, explique le blond. Je le loue à un moldu très gentil depuis quelques semaines.

— Oh, c'est .. c'est vide, souffle la brune.

— Je ne vais pas y rester, je ne voulais simplement pas rester chez mes parents, pas depuis ..

Il s'arrête et Walburga le regarde, l'interrogeant silencieusement. Que voulait-il dire? Doucement, elle s'approche et pose sa main sur sa joue qu'elle caresse avec tendresse. Sirius semble s'apaiser et il la prend dans ses bras, humant son parfum.

— Parle-moi, supplie-t-elle. Je t'en supplie.

Elle aussi doit lui avouer quelque chose, mais elle a si peur de sa réaction qu'elle préfère attendre qu'il parle le premier. Sirius se recule et il l'entraîne s'asseoir sur le matelas inconfortable. Le jeune homme ne sait pas vraiment comment annoncer cela.

— Ce qu'il s'est passé, dit-il. Cette nuit-là avec tu sais qui, ça m'a changé. Je ne peux pas faire comme si cette marque n'existait pas. Ce qu'on a dû faire pour rejoindre les rangs ...

Walburga ferme les yeux. Elle ne voulait pas y penser. Tuer quelqu'un a été si difficile qu'elle en a été malade durant des jours. Mais ils n'ont pas eu le choix. Ils le devaient pour survivre. Sirius inspire doucement, il n'a pas pu se résoudre à tuer cet homme et il a vu Walburga.

Il devait le faire. S'il voulait rester vivant pour la protéger et la sortir de cette famille alors, il a donné la mort. Walburga lui prend la main et elle se mordille la lèvre alors qu'il vient embrasser sa paume.

— Je vais partir, dit-il. La guerre fait rage et je dois aller aider. C'est mon monde aussi et je connais la guerre, j'ai déjà servi.

Walburga sent son cœur descendre dans sa poitrine. La jeune fille entrouvre la bouche et elle se relève d'un bond avant de se mettre à pleurer. Il l'abandonne.

— Non, dit-elle, tu ne peux pas partir. Tu .. tu n'as pas le droit. Et tu .. tu ne peux pas! Le seigneur des ...

— Il ne me retrouvera pas, la coupe Sirius en se levant à son tour.

— Q-Quoi?

Walburga dirige son regard sur le bras du jeune homme. Un énorme doute s'empare d'elle et elle lui attrape le poignet avant de relever la manche de sa chemise et elle pousse un sanglot terrible. Sirius abaisse alors sa manche pour couvrir cette chair à vif, coupée et lacérée.

— Tu t'es mutilé! s'exclame la brune.

— Je n'ai fait que redevenir moi, Walburga, dit-il. Ce n'est pas moi, cette marque. Je suis libre et tu peux l'être aussi!

— Tes parents et ... et ...

— C'est pour ça que je suis parti, dit-il. Ici, je suis tranquille. Je ne vais plus pouvoir venir te voir et j'ai besoin de ma rédemption.

— Alors c'est de ma faute? sanglote la brune. Tu t'en vas te battre parce que tu as tué cet homme à cause de moi?

Sirius attrape le visage de sa petite amie entre ses mains et il caresse ses joues avec ses pouces. Il essaye de chasser les larmes qui coulent à flots et il l'attire contre lui, la serrant contre lui et il ferme les yeux.

— Je suis désolé, souffle-t-il. Je vais revenir et on trouvera une solution. Je te le promets.

— Ne pars pas, je t'en supplie, dit-elle. Je ne veux pas que tu partes.

— Je suis désolé, répète le blond.

Sirius relève le visage de sa petite amie et il l'embrasse. Walburga répond à son baiser alors que le chagrin la submerge et elle ne peut pas imaginer le départ de Sirius. C'est trop douloureux. Elle s'allonge alors sur le lit et elle se blottit dans ses bras en pleurant alors qu'il tente de la bercer.

— Quand est-ce que tu pars ? demande-t-elle.

— Dans deux jours, souffle-t-il. Écoute-moi, je t'aime. Je compte bien revenir et trouver le moyen de te sortir de là et ensuite ... Ensuite, je t'épouserai et on vivra heureux. Je t'en fais la promesse.

Walburga hoche la tête et elle essaie de se dire qu'il reviendra, qu'il ne disparaîtra pas à tout jamais. La jeune fille ne veut pas quitter ses bras alors il la tient et la berce longtemps pour essayer de la calmer et bien qu'il ait envie de pleurer, il se retient. Elle a besoin de lui et il doit se montrer fort. Le secret qu'elle garde est de trop alors elle préfère ne pas lui dire qu'elle doit se marier avec Orion.

— Reviens-moi, souffle la brune. Reviens-moi à tout jamais.

— Je te reviendrai toujours, répond le blond. Et dans toutes mes autres vies, je te reviendrai parce qu'il n'y a pas un univers où mon cœur ne t'appartient pas.