
chapitre 2
Walburga se réveille en grognant, cette soirée a été éprouvante. Après être retournée dans la maison, elle a été obligée de danser encore et encore, avec des enfants, des adolescents, des vieux et ça n'en finissait pas. Elle a mal aux pieds et aux mollets et reste à fixer le plafond un petit moment. La jeune fille soupire alors que la porte s'ouvre sur Lizbeth.
Elle se courbe et s'avance pour ouvrir les lourds rideaux, laissant la vive lumière, éblouir la brune qui se cache les yeux dans un gémissement. Elle n'a pas encore ouvert tous ses cadeaux, mais ses parents l'ont obligée à ouvrir celui d'Orion devant lui. Et encore une fois, c'est un collier trop gros, trop lourd et hideux qui a été découvert sans aucune surprise. Elle ne comprend pas pourquoi ils ont tant tenu à ce qu'elle passe du temps avec son cousin, mais elle s'est ennuyée.
Orion a des opinions qui diffèrent des siennes et elle n'a rien pu dire, se contentant d'approuver ses dires. La seule bonne partie de la soirée a été ce moment volé, partagé avec Sirius et en y repensant, le visage de Walburga se détend dans un sourire qu'elle dissimule sous le regard de Lizbeth qui attend qu'elle se lève. La brune se force à sortir du lit, s'enfuit faire une toilette et revient, habillée, pour que la servante la coiffe.
— Vous vous êtes bien amusée? demande Lizbeth.
— C'était bien trop long, souffle la brune. Et je ne te parle même pas de l'état de mes pieds. C'était vraiment un supplice. Et toi? Est-ce que ça a été?
Walburga sait comment ça se passe pour les serviteurs, surtout les femmes et voyant les yeux de l'autre fille se voiler de quelque chose qu'elle ne saurait dire, elle tourne le buste et lui prend la main qui tient la brosse.
— Qu'est-ce qu'ils t'ont fait? demande-t-elle la gorge nouée.
— Pas grand chose mademoiselle Black, répond Lizbeth. Retournez-vous s'il vous plaît, que je puisse terminer de brosser votre chevelure.
La jeune fille ne compte pas lâcher l'affaire. Elle se lève et prend la brosse qu'elle pose sur la coiffeuse puis elle prend la main de celle qu'elle considère comme une amie et l'attire sur le lit. La brune garde ses mains dans les siennes et la regarde, inquiète.
— Liz, murmure Walburga, dis-moi ce qu'il s'est passé. Et c'est un ordre.
Elle déteste donner des ordres, faire comprendre qu'elle est supérieure malgré tout, mais elle a besoin de savoir. C'est viscéral et son ventre se noue en voyant Lizbeth baisser les yeux sur leurs mains.
— Ils nous ont emmenées dans le bureau de votre père, avoue-t-elle.
Walburga déglutit avec peine. Deux choses peuvent arriver derrière la porte close du bureau. Une agression de deux manières. Par le sexe ou par de la torture et lorsque Lizbeth se met à parler, la jeune fille a envie de vomir. Elle relève le visage de la servante et lui caresse la joue.
— Ce n'est pas de ta faute, dit Walburga. Tu n'es pas coupable et tu ne le seras jamais. Écoute-moi, peu importe ce qui arrive dans ce bureau, je vais faire en sorte que ça n'arrive plus.
Elle ne sait pas comment, mais elle ne peut pas vivre en sachant ce que Liz a vécu sans rien faire. Il faut seulement qu'elle réfléchisse et elle lui presse les mains. Qu'est-ce qu'elle déteste porter le nom de Black. C'est une malédiction. Un poison qui parcourt son corps et elle craint qu'un jour, il ne lui atteigne le cœur.
— Je vais aller en ville, dit-elle, je vais te chercher un travail et si je t'en trouve un, tu partiras cette nuit, je t'aiderais, mais garde le silence, ne parle à personne, pas même aux autres employés. Tu me le promets?
— Oui, mademoiselle, répond la jeune femme. Je ne sais comment vous remercier, tout ce que vous faites pour moi. Vous n'êtes pas comme eux, vous méritez mieux et un jour, vous serez libre.
Walburga est touchée en pleine poitrine par ces mots. Parce qu'il est vrai que Lizbeth a raison. Elle n'est pas libre. Elle est prisonnière d'un nom de famille, d'un sang qui coule dans ses veines et elle hoche la tête en souriant.
— Dans ce cas, nous le serons toutes les deux, toi un peu plus tôt, mais je ne t'oublierai pas, promet Walburga. Et quand je serai libre, je viendrais te voir.
Parler et faire sont deux choses radicalement différentes. Walburga le sait et elle préfère mentir plutôt que de révéler que jamais elle ne pourra être libre. Partout où elle ira, ils se mettront à sa recherche et plus le temps avance, plus elle risque d'être appelée au Seigneur des Ténèbres afin d'être marquée.
Lorsqu'elle descend dans le salon afin de prendre son petit-déjeuner, le silence règne. Cette longue table les sépare tous de plusieurs mètres. Ses frères sont à gauche, ses parents chacun à un bout de table et elle s'installe à droite, face aux deux garçons.
— Prunella, hurle soudain Irma, espèce d'empotée, mon thé est froid.
L'elfe de maison se précipite dans le salon et attrape la tasse en s'excusant, mais Cygnus, attrape sa propre tasse pour jeter son contenu au visage de la créature qui hurle de douleur alors que son thé à lui est brûlant.
— Arrête! s'écrie Walburga.
Le silence se fait autour de la table et son père baisse son journal des yeux, le visage dur et fermé. Alors que l'elfe repart en pleurant, elle relève la tête bien droite et regarde son père.
— Elle est déjà bien assez hideuse comme ça, dit-elle. Pas besoin de la rendre encore plus moche.
Sa voix est dénudée de sentiment, froide comme son sang qui se glace à prononcer ces mots horribles. Ses deux frères se mettent à rire alors que ses parents échangent un regard, satisfaits de voir que leur unique fille commence à comprendre comment se comporter.
— Je vais sortir, enchaîne la brune. J'ai des courses à faire. Des robes à acheter principalement. J'emmène Prunella, je n'ai pas envie de porter mes affaires.
— Emmène la laisse, dit son père.
Walburga serre la mâchoire. Elle sait très bien que c'est une humiliation pour l'elfe. Elle est déjà reliée à la famille et ne peut pas s'enfuir. Elle ne répond rien et termine son thé avant de prendre un sac et elle fait signe à l'elfe de la suivre.
— Je suis désolée, dit-elle alors une fois en ville. Ton visage ... Je vais acheter de quoi apaiser les brûlures.
La jeune fille regarde autour d'elle puis elle se penche pour retirer cette laisse idiote du cou de la créature. Son pauvre visage est rougi et quelques cloques gonflées lui déforment. La brune entre dans une boutique afin de prendre des ingrédients pour Prunella et elle se met ensuite en quête d'un travail. Walburga entre dans plusieurs boutiques et remarque le regard terrifié des vendeurs ce qui ne lui vaut que des refus lorsqu'elle demande un travail. La jeune fille soupire et ignore certains camarades de l'école qu'elle croise. Elle n'a pas le temps pour une discussion et puis ce ne sont pas ses amis.
— Je ne rentrerai pas tant que je n'aurai pas trouvé un emploi pour Liz, dit-elle à l'elfe en la regardant.
La créature ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais c'est trop tard, Walburga tombe par terre sur les fesses alors qu'une imposante carrure se précipite vers elle pour la relever.
— Je suis désolé, dit un jeune homme. Est-ce que vous allez bien?
Walburga attrape les mains qu'il tend et quand elle relève les yeux, la jeune fille entrouvre les lèvres, surprise puis fronce les sourcils en voyant son visage tuméfié. Mais malgré cela, ça n'enlève rien à sa beauté et elle le reconnaît.
— Sirius, dit-elle. Pardon, désolée. Oui, ça va, je ne regardais pas devant moi. Que vous est-il arrivé?
Disant cela, elle porte une main à la joue du blond qui a un mouvement de recul et Walburga reprend son bras, chagrinée. Le petit moment passé avec lui a été tellement vivifiant.
— Disons que je ne suis pas très discret pour vous adresser la parole, dit-il avec ironie.
— Que voulez-vous dire? demande la brune.
— Mes parents nous ont aperçus hier soir, dit-il. Je n'aurais pas dû vous parler, vous n'êtes pas comme moi.
— Il me semble pourtant que vous respirez comme moi, dit Walburga. Qu'y a-t-il de si différent? N'allez-vous pas aux toilettes?
Sirius laisse un rire s'échapper de ses lèvres. Le blond grimace alors lorsque sa lèvre se tire dans cet éclat de rire et il se racle la gorge. Voyant que la brune semble attendre une explication, il lui fait signe de le suivre, préférant aller dans un endroit plus tranquille.
— Mes parents sont aussi des sangs-purs, dit-il. J'en suis un aussi, mais je ne me considère pas supérieur et le fait savoir alors, disons que je suis le mouton noir de ma chère famille. Je compte bien vivre comme un moldu, la sorcellerie rend les gens mauvais.
— Je suis désolée, dit-elle. Pour votre visage.
— Quoi? Avouez que ça me donne un charme, non? réplique-t-il malicieux.
Walburga le dévisage avant de rire et se couvre la bouche, mais Sirius lui attrape le poignet et lui baisse la main pour regarder son visage rieur. La brune sent son cœur s'emballer alors que leurs mains sont toujours liées.
— Ne vous cachez pas, dit-il, le rire permet la joie. Je dois retourner travailler, je suis heureux d'avoir pu vous revoir.
— Attendez! s'exclame la brune. Vous .. vous travaillez? Pourriez-vous me rendre un service?
La jeune fille regarde autour d'elle avant de s'approcher et le blond ressent un frisson le parcourir alors qu'elle lui avoue avoir besoin d'un travail pour une employée de chez elle. Touché par ce geste, il pose sa main sur la joue de Walburga et la caresse doucement.
— Vous n'êtes pas comme eux, c'est certain, souffle-t-il. Envoyez-moi Lizbeth ici, ce soir à minuit. Je l'attendrai.
— Je viendrai, assure la brune. Je ne peux pas la laisser partir seule en pleine nuit.
La jeune fille pose alors sa main sur celle de Sirius qui est sur sa joue et sent son cœur s'emballer alors qu'il tourne les talons et elle reste immobile un moment avant de reprendre ses esprits. Prenant une robe au hasard dans une boutique, Walburga rentre au manoir avec bonheur, elle a hâte d'annoncer la bonne nouvelle à Lizbeth.
Ayant rattaché Prunella, elle rentre dans la maison silencieuse et sombre et l'atmosphère est lourde, la brune ressent un frisson désagréable et elle dépose la robe sur le canapé avant de s'avancer dans le second salon et se fige. Son cœur tombe dans sa poitrine alors qu'elle reprend ses esprits et se précipite vers le corps inerte allongé sur le sol.
— Qu'est-ce que .. qu'est-ce que vous avez fait? hurle-t-elle à ses parents qui prennent un café dans le sofa.
Walburga caresse le doux visage de Lizbeth, ne cachant plus ses émotions et un son étranglé sort de sa gorge. Son père se lève et lui assène une gifle si puissante qu'elle sent sa lèvre s'ouvrir. Tout comme Sirius, pense-t-elle.
— Kreattur, hurle l'homme. Parle.
— Oui maître, dit l'elfe. Ce matin, j'ai entendu la fille du maître dire à Lizbeth qu'elle allait la laisser s'enfuir cette nuit.
Walburga serre la mâchoire, sentant la colère la saisir alors que Lizbeth reste inerte. Sa mort remonte à seulement quelques minutes parce que son corps est encore chaud et la brune couine lorsque son père lui saisit la gorge et la relève, postillonnant sur son visage.
— C'est de ta faute, lâche-t-il. Kreattur, enferme-la dans sa chambre, dépêche-toi.
Il donne un coup de pied à l'elfe alors que Walburga prend la direction de sa chambre. Elle entend la clé se tourner dans la serrure et une fois seule, elle s'écroule sur le sol en pleurant, maudissant cette famille dont elle est prisonnière.
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