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granatina


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Quelques gouttes d'eau encore fraîches s'écoulent le long du verre de grenadine. Quelques glaçons y tournoient, fuyant la chaleur écrasante, se réduisent petit à petit. Le rouge rubis de la boisson se reflète dans ses lunettes teintées, déposées en face, brûlantes. Sur la petite table métallique, la peinture s'effrite et le journal repose, plié, le titre apparent.

La chaleur est affligeante, mais à la fois plutôt confortable. Le soleil a décidé de voler la vedette aux nuages légers du matin, qui arrosaient le ciel de fraîcheur.

Des bruits de verres s'entrechoquant, des discussions de part et d'autre, qui viennent caresser ses oreilles dans un souffle, s'emmêlant dans l'air étouffant. Une odeur de rose, mélangée à une autre, plus persistance. Une fragrance d'amour printanier, qui se fraye un chemin difficile entre deux mois brûlants.

Le temps et son esprit l'ont perdu, à peine de quoi se payer une gelato dans la poche, le vélo affalé sur un mur de briques jaunies, par le temps ou par les temps.

Sa réflexion le pousse à penser qu'une fatalité l'attend. D'un coup, les dieux l'ont condamné à un sort, sans le moindre secret, et sur lui s'abat un destin dont il ignore l'issue.

Peu de gens croient vraiment au destin, il trouve cela désolant. La destinée est pourtant inéluctable, une fin est un sentiment qu'aucun humain est capable d'éviter, l'approche saisissante d'un événement à jamais graver dans la mémoire, aussi bien dans la mort que dans le cycle d'une vie.

Jamais personne n'a pu échapper à sa destinée, il en est persuadé. On ne peut déjouer ce que les Dieux préparent pour nous. Ou alors, on décide de les salir à jamais, de se détourner d'une idylle, d'abandonner l'idée de destin. Complètement impensable.

Il reprend une gorgée de sa boisson, rafraîchissant sa gorge sèche. Sa chemise entrouverte laisse apparaître sa peau autrefois opaline, cuivrée par la lumière violente du soleil. Et ses yeux se baladent entre les personnes qui l'entourent.

Une famille non loin de lui odieuse, dont les marmots criards en agacent plus d'un, tous vêtus de ces tenues estivales peu raffinées, des chemisettes moulant leurs bras dodus. Des casquettes aux abords de leurs fronts suants, malgré les grands parasols carmins. Et leurs voix nasillardes ne pouvant s'empêcher de débiter un flot de paroles.

Son regard se détourne un instant de ce groupe de personne, et s'aventure de l'autre côté de la terrasse, maintenant caché par une paire de verres sombres. Quelques jeunes femmes pathétiques s'exposent à la vue de tous, un serveur étouffé par un veston en satin, de mauvaise qualité, trottine entre les tables bondées.

Et au milieu de ces tables, une attire en particulier son attention. Un verre pareil au sien, son rouge pâli par l'eau, trône aux côtés d'une serviette en papier épaisse, dépliée à moitié. Son corps se penche pour apercevoir son propriétaire. Et son attention se décuple.

Une silhouette élégante, de quart de face, tournée vers l'église qui fait face au café. Des cheveux bruns humides, effleurant une nuque délicate, d'une couleur douce quelque peu caramel, s'accordant à merveille avec une ample chemise crème.

Il se penche un peu plus, pour apercevoir un quelconque visage. Et quand il se tourne enfin, il peut enfin admirer ce physique angélique. Son androgynie le frappe, l'étonne, le fascine en même temps. Des traits qui semblent être dessinés par Raphaël lui-même, raffinés, lui coupe le souffle.

Il ne peut s'empêcher de se figer, quand deux prunelles chocolat se pose sur lui. Sa peau s'enflamme sous ce regard, caché derrière ses verres sombres. La créature céleste l'observe à son tour, instaure cette hiérarchie de regards intimidante.

Au milieu de cette foule, il rayonne de par sa grâce, son élégance naturelle, une félinité et une féminité séduisante, que même Apollon jalouserait. Une noblesse réside dans son regard, son aura semble envahir la place, sa puissance immatérielle digne de celle d'un roi. Pourtant, il est seul spectateur de cette souveraineté.

Les bruits de verres qui s'entrechoquent semblent se taire, le monde semble s'arrêter de tourner, pour admirer l'échange silencieux. Les dieux ne se préoccupent plus que d'eux, l'Olympe est à leur portée.

Son visage chauffe, il a envie d'en savoir plus sur ce qu'il suppose être un mirage. Il fixe toujours ses orbes foncées, dans lesquelles il semble se noyer, ornées de cils noirs. Il se sent électrisé par cette aura, il ne sait pas pourquoi, mais une affinité s'installe à travers ce simple échange, aussi mystérieux soit-il.

Et alors qu'il admire une dernière fois sa gorge inondée de lumière, ondulant sous l'afflu de liquide frais qu'elle ingurgite, l'ange se lève et s'en va, abandonné son verre vide au bord de la table.

Figé, comme un marbré au soleil, il ne réagit pas de suite. Pourtant, l'ange se retourne, il avance lentement dans des mouvements félins et délicats, presque flottant dans l'air, les tissus légers et clairs de sa tenue volant contre sa silhouette élancée. Puis, comme guidé par un appel divin, son buste se redresse, lentement, ses jambes tiennent mollement sur le pavé.

Et petit à petit, il se laisse guider, ses chaussures en cuir le porte vers cet être lumineux, il se lance à sa poursuite. Et l'autre, avec ses allures d'ange, continue sa route plus rapidement.

Son corps mince semble s'envoler au dessus des pavés, il contourne l'église et se lance dans une ruelle adjacente, à moitié éclairée par le soleil, renvoyait la couleur ocre des murs comme un miroir. Il longe une maison orange, toujours poursuivi, un linge pâle pendant au dessus de sa tête, séchant grâce à la chaleur estivale.

D'une douceur addictive, il emprisonne le brun dans ses filets, le tire lentement vers lui, l'enferme dans son obsession grandissante. Sa peau reflète le sole, s'harmonise en prenant une teinte hâlée, plus qu'elle ne l'est déjà. Seul leurs pas résonnent doucement dans cette rue vide d'âmes.

Puis brusquement, il tourne dans une autre rue, plus claire, directement exposée à l'astre, les plongeant sous l'œil indiscret des Dieux. Une multitude de fleurs les submerge, contrastant avec la diaphanéité de sa chemise, mais pourtant, grâce aux pourpres de certaines roses et aux pivoines flamboyantes, s'accordent dans une perfection et un esthétisme déconcertant.

Le marchand de gelato ne lui attire même pas l'œil, des couleurs répétitives et connues, pourtant appétissantes, qui ne satisferait pas son appétit de curiosité, gelant tristement derrière une vitrine de verre.

Derrière ses lunettes, il décroche à peine ses yeux de l'ange, profitant néanmoins de la beauté de la ruelle. Les bas immeubles sont plus écartées, laissant apercevoir le bleu du ciel, au dessus de ces toits en tuiles rousses. Le bruit délicieux d'une musique de Vivaldi vient caresser ses oreilles, et devant lui, l'être angélique semble danser, ses pas deviennent rythmés, ses bras se mouvent dans des gestes gracieux, effleurent l'air avec douceur, apportant une fraîcheur sous cette chaleur croulante.

Il ralentit, prend le temps d'observer ce paysage, digne d'une peinture des plus grands artistes français, constrastant avec l'éclat de lumière que dégage celui qu'il poursuit. Comme dans un opéra scandaleux, il le poursuit , dans l'espoir peut-être, de le piéger à son tour.

Dans sa poche, son carnet à dessin frappe sa cuisse à chaque pas, le suppliant de le laisser graver ce souvenir, cette idylle, mais le temps lui manque, il a un ange à attraper.

Et quand il relève la tête, il le voit, penché sur une fontaine, contre un mur, de l'eau jaillissant des deux bouches de Janus, dans un clapotis fort, qui résonne jusqu'à lui. Sa tête plonge dans l'eau brillante, et en ressort dans un geste provoquant, basculant en arrière les yeux fermés. La lumière se réverbère contre ses joues humides, à présent rafraîchies, et il ne peut qu'admirer cette scène divine, coi, les pupilles dilatées.

Son esprit lui ordonne de s'arrêter, avant de basculer dans l'ivresse, Mercure semble le prévenir du danger, de s'approcher du soleil et de s'y brûler.

Mais son cœur l'ordonne de se brûler, d'oublier les conséquences, et de s'abandonner vers cette envie, guidé par Bacchus, vers cette liqueur interdite.

Son visage dégoulinant se tourne vers lui, ses mèches autrefois plaquées virevoltent délicieusement, sa chemise s'humidifie sous l'aqua dégringolante de sa tête, et il recule, un pas, deux pas, lui sourit, et reprend sa douce course.

Il le rattrape, dans un vain effort, ses jambes accélèrent, ses muscles se bandent au maximum, son cœur est plus rapide, sa respiration s'alourdit et quelques gouttes de sueur viennent perler sur sa tempe luisante.

L'ange tourne, il tourne aussi, ils s'égarent, se coursent, se défient et s'attendent, s'inquiètent et s'invitent, se provoquent et s'entraînent, dans les rues joyeuses et vides soupirantes des joies italiennes.

Et dans un espoir sot, au coin d'une rue, s'apprêtant à enfin le retrouver, il sourit niaisement. Pourtant au tournant, en s'arrêtant vivement, il cherche autour de lui. Seul un chat blanc, maigre et dédaigneux, l'accueille au croisement de la via.

L'ange est parti.

Il doit le retrouver. Il doit retrouver l'ange qui s'est enfui.

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