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❝ the time is ticking my love ❞








LE LENDEMAIN MATIN SEMBLA IRRÉEL, et toute la journée qui suivit de même.

Minho et Jisung avaient pu voir la ville fantôme sous un grand Soleil, sous une température acceptable et un air respirable. Ils pouvaient certainement remercier le nombre de plantes incalculables qui recouvraient les bâtisses abandonnées, et qui filtraient l'air depuis plusieurs années peut-être.

Ils virent des animaux, que ce soit des oiseaux ou plus étonnants encore, des singes et des moutons. Minho se pinça plusieurs fois pour vérifier qu'il n'était pas en train de rêver, et il se demanda s'il n'était pas mort, s'il n'était pas arrivé au paradis sans le savoir.

Puis le reste de la journée, et de celle d'après, ils rencontrèrent des habitants du village, les aidèrent, à cultiver des plantes comestibles, à nourrir ces moutons dont ils se nourrissaient à leur tour, à s'occuper des inventaires, et d'autres taches quotidiennes qui leur permettaient de s'organiser et de garder un semblant de civilité.

Reprendre un rythme de vie normale leur procurait une sensation étrange mais loin d'être désagréable. Ça leur faisait du bien, de parler à d'autres personnes, de savoir qu'ils veillaient les uns sur les autres dans cette communauté, et Minho avait même vu Jisung sourire plusieurs fois. On leur expliqua que malgré tout, le danger pouvait toujours rôder autour d'eux, et qu'ils devaient toujours faire attention. Leurs barricades face au monde extérieurs restaient maigres et ils étaient encore en développement, ils ne pouvaient construire un village en quelques mois, comprenant tout ce dont ils avaient besoin, avec le peu qu'ils possédaient actuellement. Pour l'instant ils se contentaient de l'essentiel et tentaient de trouver des solutions pour subvenir à des besoins moins primaires que la nourriture, la santé et la protection. Heureusement, ils avaient de l'eau à profusion.

Alors qu'ils avaient exploré un autre immeuble en quête de nourriture ou de pousses comestibles, Jisung s'était fait attaqué par un oiseau. Ça l'avait surpris mais il s'était avéré que c'était habituel, les grands oiseaux qui planaient souvent au dessus d'eux étaient en fait carnivores et raffolaient des yeux des mammifères, n'importe lesquels, dont ceux des humains. Alors Jisung se retrouva avec une large griffure au front — ses réflexes lui permirent d'esquiver l'attaque à temps — et puis on avait réussi à abattre l'animal. L'avantage était que cet oiseau était aussi une viande délicieuse, qu'ils réservaient pour les enfants de la communauté.

⠀⠀— J'ai eu chaud, constata Jisung en s'approchant de Minho.

Les autres étaient un peu plus loin, à l'arrêt, visiblement à l'affût.

Minho écarquilla les yeux et s'approcha de Jisung, saisissant sa tête entre ses mains.

⠀⠀— Comment ça t'as eu chaud !? T'es fou ! Il t'a tailladé le front cet enculé.

⠀⠀— C'est un oiseau Minho, soupira Jisung. Et c'est rien, c'est une pauvre éraflure.

⠀⠀— On rigole pas avec les blessures.

Il leva les yeux pour voir la mine concernée de Minho. Il sentit ses lèvres former un rictus et cela n'échappa pas à l'autre, dont les traits s'adoucirent.

Jisung effleura de l'index le visage de Minho, de sa tempe au dessous de son œil.

⠀⠀— Moi aussi j'en ai une maintenant.

⠀⠀— Hm ?

⠀⠀— Une cicatrice, sur le visage.

Minho esquissa un sourire.

⠀⠀— Pas encore.

⠀⠀— T'es content quand même, que j'en ai une aussi. Hein ?

⠀⠀— Si t'as mal non.

⠀⠀— J'ai pas mal, s'agaça Jisung.

⠀⠀— Tu mens.

⠀⠀— Depuis quand t'es inquiet comme ça ?

⠀⠀— Depuis qu'un oiseau carnivore a essayé de t'arracher les yeux !

⠀⠀— J'ai un pauvre millimètre de peau en moins au front ! Minho...

⠀⠀— Tu verras, ça fait mal quand ça cicatrise.

⠀⠀— On a connu pire.

⠀⠀— Tu fais pas attention en fait, Minho claqua sa langue contre son palais.

⠀⠀— C'est du foutage de gueule.

⠀⠀— Ça me fait plaisir de te voir heureux, il avoua et Jisung afficha un air blasé. Mais regarde devant toi.

⠀⠀— Essayer d'être sérieux ça te va pas.

⠀⠀— Justement, c'est ton rôle et tu fais pas g–

Un coup de feu les interrompit et ils sursautèrent brusquement. Leurs réflexes et leur instinct de survie les poussèrent directement à s'abaisser et à sortir leurs armes. Mais rien ne se passa.

⠀⠀— Vous pouvez venir, y'a rien, lança un des hommes.

Alors ils s'approchèrent, confus. Le reste de la petite troupe se tenait en rond devant ce qui semblait être un corps. Jisung et Minho se penchèrent vers la source de leur curiosité et grimacèrent, en voyant les morceaux du crâne explosé d'un mutant, étalés sur le béton sale. Jisung détourna le regard, écœuré, mais Minho qui était moins sensible à la vision du sang, observa le corps bleuté et boursouflé de cet homme. Il avait perdu toute apparence humaine. Ses membres étaient atrophiés et déformés, une sorte de virus semblait avoir gangrené sa peau devenue violacée. Et son visage exprimait la torture de la solitude et les ravages d'une humanité déchue, de la plus atroce des formes.

Minho grimaça. Chaque mutant qu'il croisait était une épreuve à regarder, même pour lui.

⠀⠀— Il est sorti de nulle part, s'étonna l'un des hommes.

⠀⠀— Y'en a beaucoup dans la ville ? demanda Minho.

⠀⠀— Oui... mais on arrive à gérer les attaques, on est équipés. Il marqua une pause, les yeux toujours fixés sur le corps immobile, puis il reprit. J'ai jamais vu un mutant aussi... il laissa sa phrase en suspend et le pointa vaguement de la main.

⠀⠀— Aussi déformé ? compléta Minho. L'autre le regarda et hocha la tête. Moi non plus.

⠀⠀— Il était vraiment pas regardable, ajouta Jisung, toujours dos à eux.

Minho lui lança un regard et s'empêcha de rire trop fort. Le fait que Jisung soit débrouillard, combatif, courageux, qu'il sache garder la tête froide en toute circonstance mais qu'il soit écœuré par la vue du sang le faisait rire.

⠀⠀— On est censés se sentir plus en danger ? demanda un autre des hommes.

Un autre s'approcha de Jisung pour lui donner un morceau de tissu propre, qui lui servirait provisoirement de pansement de fortune, le temps qu'ils reviennent à la base.

⠀⠀— Si les mutants... mutent encore, j'imagine que oui, lança Jisung. Mais bon, jusqu'ici j'en ai jamais vu un extrêmement dangereux non plus.

Les autres acquiescèrent.

Ils vérifièrent les alentours et prirent leurs précautions avant de retourner vers leur lieu de vie, sans vraiment se presser. Ils s'étaient pas mal éloigner et il fallut un petit moment de marche pour qu'ils reviennent — qui parut ridicule pour les deux jeunes hommes, habitués à parcourir de très longues distances.

Le soir vint rapidement. Ils mangèrent à nouveau avec tout le groupe, sans forcément discuter avec chacun d'entre eux ; instaurer le contact avec des inconnus était encore difficile et ils ne savaient pas comment s'y prendre exactement. Mais Juan respectait ça et les laissait un peu dans leur coin. Il était venu les voir et avait papoté avec eux. Jisung était resté assez silencieux, des deux, Minho était le plus à l'aise dans une situation inhabituelle comme celle-ci.

De retour dans leur tente, à l'heure du coucher, ils constatèrent qu'ils n'étaient même pas un peu fatigués. Leur journée avait été calme, tranquille, et même très agréable. Ils étaient plutôt habitués à bouger de droite à gauche alors ça leur faisait bizarre.

Une faible lampe les éclairait alors qu'ils s'installaient.

⠀⠀— Jisung ! gronda Minho.

Jisung se tourna vers lui, prit par surprise. L'autre le regardait durement.

⠀⠀— Ça va pas de crier comme ça ?

⠀⠀— Tu t'es pas soigné.

⠀⠀— Tu recommences...

⠀⠀— Tu me laisses te soigner ? le coupa Minho. J'ai pas envie que tu mettes du sang partout dans ton sommeil en plus.

Tout ça car il savait que Jisung n'aimait pas la couleur rouge des hémoglobines.

L'autre hocha la tête, résigné. Minho ne le laisserait pas tranquille avant d'avoir fait ce qu'il voulait faire. Il ne dormirait pas avant de savoir que le front de Jisung était désinfecté. Il n'attendit pas et se précipita hors de la tente, manquant de trébucher, pour aller chercher ce dont il avait besoin. Les survivants étaient très bien équipés, il se demandait comment ils avaient fait pour trouver autant de fournitures et d'équipement. Certes ils étaient dans une ville, mais les seules villes que Minho avait traversées étaient en général loin d'être des terrains exploitables pour leurs ressources.

De son côté, Jisung entendit les pas de son ami s'éloigner. Puis il regarda autour de lui dans la tente. Il était à genoux dans cet espace étroit. Il fouilla un peu sous leurs couvertures, dans leur sac, et trouva enfin un large couteau. Il le frotta grâce au bas de son t-shirt, et tint l'ustensile droit face à son visage. Il se regarda un instant dans le reflet de la lame. Il ne savait pas s'il faisait peine à voir où s'il avait l'apparence d'un combattant courageux. Il était mitigé. Son front le dégoûtait, alors il essayait de ne pas y prêter attention. Son reflet était légèrement déformé mais c'était suffisant. Il se recoiffa un peu, passa sa main sur ses sourcils et tapota ses joues, pour les rosir un peu.

Ses mains retombèrent devant lui. Il plissa les yeux. Était-il réellement en train de se refaire une beauté pour Minho ?

Jisung se mordit la lèvre inférieur. Sa raison lui criait que l'amour n'était qu'une faiblesse supplémentaire, mais comment pouvait-il ignorer les battements de son cœur, qui vibrait à chaque fois que Minho le regardait avec autant d'attention ?

Il secoua la tête et rangea le couteau. C'était ridicule. Il savait déjà qu'il pouvait compter sur l'autre châtain, qu'il l'adorait, qu'il l'appréciait. Il était son tout. Il n'avait besoin de rien d'autre que ça.

Quoique...

⠀⠀— Putain... Ils ont pillé un hôpital c'est pas possible, souffla Minho en passant sa tête dans la tente.

Jisung leva la tête.

⠀⠀— T'as couru ? il demanda en plissant les yeux.

⠀⠀— Non, il mentit, mais son front discrètement luisant et son souffle court le trahissaient.

Minho s'installa face à lui à nouveau et déposa face entre eux ce qui ressemblait à une trousse de secours de fortune.

⠀⠀— T'as trouvé ça où ? s'étonna Jisung en voyant la taille du sachet.

⠀⠀— T'avais qu'à venir avec moi si tu voulais savoir, il lui tira la langue.

⠀⠀— Mais... je suis gravement blessé, il ironisa, comment j'aurais pu ?

⠀⠀— Arrête de faire le malin.

Jisung papillona des yeux. Alors Minho toussota et se replaça pour cacher ses rougeurs.

Minho observa un instant la tâche brunâtre, en partie due à la croûte qui se formait, et retira délicatement le pansement, alors que Jisung fronça le nez. Puis il observa rapidement la blessure superficielle qui surmontait son sourcil.

⠀⠀— Ça fait longtemps qu'on a pas été posés comme ça, remarqua Minho alors qu'il fouillait dans la trousse en toile, dans un village. Avec d'autres humains.

⠀⠀— Hm. C'est trop beau pour être vrai, répondit Jisung, méfiant. Ça augure rien de bon.

⠀⠀— Tu vois toujours le mal partout, souffla l'autre, et il se repositionna face à lui.

⠀⠀— Non je suis juste réaliste.

Minho fronça les sourcils et se concentra sur son visage.

⠀⠀— Être réaliste c'est l'équivalent d'être pessimiste. Rêve un peu plus grand et peut-être qu'il t'arrivera de meilleures choses.

⠀⠀— Hmm... soupira Jisung, peu convaincu.

⠀⠀— Si t'étais positif tu te serais peut-être pas fait attaqué par un oiseau.

⠀⠀— Non mais rien à voir... J-

⠀⠀— Arrête de bouger et laisse moi me concentrer maintenant.

Alors Jisung se tut et le laissa soigner, vexé de s'être fait coupé au milieu de sa phrase.

Minho cala sa main à l'arrière de son crâne et se pencha vers lui, un fin tissu blanc imbibé d'alcool dans l'autre. Il commença à tapoter le front abimé de Jisung et celui-ci grimaça, sentant le liquide désinfectant entrer en contact avec sa plaie. Il s'assura qu'il ne lui faisait pas trop mal, puis recommença. Jisung serra les dents mais ne se plaignit pas, après tout il avait déjà connu bien pire comme douleur, ça, ce n'était qu'une égratignure.

Minho retira pas mal de sang qui avait séché et réalisa que l'oiseau avait bien plus amoché Jisung qu'il ne le pensait. Ses griffes acérées avaient ouvert sa peau et avaient fait un trou assez long, de plusieurs millimètres de profondeur.

⠀⠀— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Jisung en voyant la grimace que faisait Minho.

⠀⠀— T'as un trou dans le front.

⠀⠀— Ah... C'est pas grave, on peut mettre un pansement.

Minho quitta des yeux la blessure et croisa ceux de Jisung, qui semblait sérieux. Il haussa un sourcil, étonné.

⠀⠀— T'es sérieux ?

⠀⠀— Oui, tu vas pas me recoudre le front Minho, je te préviens. Mets juste des pansements serrés.

Minho fixa quelques instants Jisung. Il hésitait, il ne savait pas s'il devait l'écouter ou non, peut-être que de simples pansements étaient un peu risqués comme mesure de cicatrisation. Mais il n'avait pas spécialement le choix à vrai dire. Recoudre son front était une tâche trop complexe et au final, aussi dangereuse qu'un petit trou sanguinolent.

Il regarda à nouveau la plaie, puis les prunes de Jisung. Il s'égarait un peu. Ils étaient très proches et d'ici, il pouvait voir chaque détail de la peau de son ami, que ce soit de minuscules cicatrices, ses cils noirs et fins, ce grain de beauté au coin de ses lèvres, ou ces cernes qui donnaient à ses yeux un air plus triste. Pourtant cela ne le rendait pas moins beau qu'il ne l'était.

Jisung agita sa main devant ses yeux, le stoppant dans sa contemplation. Alors l'air de rien, il recommença à nettoyer sa balafre. À présent Minho sentait son regard insistant sur lui, il sentait ses yeux parcourir son visage et il en avait des bouffées de chaleur.

Il recommença à fouiller dans la petite trousse une fois la blessure correctement nettoyée, et il trouva de fins pansements, qui seraient parfaits pour maintenir la plaie fermée afin qu'elle cicatrise et qu'elle ne s'ouvre pas de nouveau. Il en sortit cinq. Il prit la main de Jisung et la tint ouverte, y déposa les pansements et se servit du premier. Habilement, il le mit à Jisung et continua ainsi avec les autres.

Jisung observait sa mine concentrée. C'était étonnant de le voir aussi appliqué à la tâche, Minho était un très bon infirmier et il pouvait parfois faire preuve d'une grande douceur. Il le savait, lui, mais rares étaient les fois où il pouvait le voir ainsi, la bouche entrouverte, les sourcils froncés et les yeux louchants légèrement sur son front sinistré. 

Minho se recula et admira son travail fini. Il s'apprêta se féliciter à voix haute mais fut couper dans son élan par Jisung.

Ça, il ne s'y attendait pas le moins du monde.

Jisung, qui brusquement, s'était avancé vers lui pour l'embrasser. Fougueusement. Profitant du fait qu'à présent, il était libre de bouger. Comme ça, sans préambule, sans prévenir. Minho écarquilla les yeux, à cause du choc ou de la surprise, il ne sût pas trop, et pourtant, il ne tarda pas à répondre au baiser.

C'était fou. Jamais il n'avait ressenti quelque chose d'aussi fort que lorsqu'il sentit les lèvres de Jisung s'écraser contre les siennes. Son ventre implosait et son corps semblait frappé par la foudre. Une véritable décharge électrique qui le traversait, et de la plus douce des manières.

C'était inattendu. Lui qui n'avait jamais oser exprimer à Jisung ce qu'il ressentait pour lui, lui-même n'en était pas certain, maintenant il comprenait. Il était tout simplement fou amoureux de lui. Sinon, il n'aurait pas senti ses oreilles brûler, son coeur trembler et son estomac se nouer, alors que Jisung l'embrassait. Lui, qui préférait les actions aux mots, et qui avait fait le premier pas.

Minho glissa sa main dans la nuque de Jisung, alors que celui-ci s'accrochait désespérément à sa hanche. Il sentit la langue du blessé venir titiller la sienne et y répondit avec provocation. Les yeux clos, ils se dévoraient littéralement, presque dans l'empressement. Comme si leur fin était proche, comme s'il n'y avait pas de lendemain. De son autre main, Minho agrippa la taille de Jisung et le colla contre lui, le faisant hoqueter. C'était comme une danse, agonisante par sa beauté. Dans l'espace gigantesque et silencieux, leurs soupirs résonnaient, autant que leurs respirations pressées.

C'était bon. Jamais Jisung n'avait été aussi sûr et peu sûr de lui à la fois, de ce dans quoi il se lançait. Mais jamais il n'avait été aussi certain d'aimer Minho plus que tout au monde, alors il l'avait embrasser, sans réfléchir plus. Il sentait que ses mouvements tiraient sa peau et sa blessure, mais il n'en avait rien à faire. Tout ce dont il avait besoin, c'était sentir les lèvres de Minho martyriser les siennes.

Soudainement, Minho posa une main sur son torse et le repoussa, coupant court à leur échange. Jisung ouvrit les yeux d'un seul coup, se sentant soudainement vide. Il regarda Minho, confus. Il avait le souffle court et les lèvres rougies, les cheveux en bataille par sa faute. Et lui devait sûrement être dans le même état. Ils se regardèrent un instant comme ça, silencieux, tentant de reprendre leur souffle. La main de Jisung reposait toujours contre sa hanche, et la main de Minho avait glissé contre sa joue.

⠀⠀— Pourquoi tu m'embrasses ?

⠀⠀— Tu poses vraiment la question ? souffla Jisung, agacé.

⠀⠀— Oui, je te pose la question.

⠀⠀— T'as besoin que je te fasse un dessin qui t'explique ?

Le ton montant entre les deux constrasta bizarrement avec ce qu'ils faisaient à peine quelques secondes avant.

⠀⠀— Ouais, ouais j'aimerais savoir clairement pourquoi tu m'as embrassé.

⠀⠀— Tu ruines le moment, il l'accusa.

⠀⠀— Je ruine le moment parce que j'ai pas envie que tu te foutes de ma gueule.

⠀⠀— Tu m'énerves Minho.

⠀⠀— Moi je t'énerve ? il haussa les sourcils et se pointa du doigt.

⠀⠀— Parce que là, tu doutes du fait que je t'aime comme un fou et tu niques l'ambiance.

Minho se figea, et peu à un peu, un sourire satisfait fendit son visage.

⠀⠀— Bah voilà, je voulais juste être sûr de ça.

Jisung roula des yeux et tenta de le frapper à l'épaule, alors que Minho riait, évitant chacun de ses coups. Puis au bout de plusieurs tentatives, il abandonna.

Ils soupirèrent.

⠀⠀— Je rigole pas quand je dis ça, je le pense vraiment tu sais.

⠀⠀— Je sais, Minho hocha la tête.

Jisung n'ajouta rien. Il connaissait Minho, il savait que ces simples phrases lui suffisaient. Il était honnête. L'autre ne se posait pas trop de questions, il lui faisait confiance et sa parole n'était pas à remettre en doute dans une situation aussi sérieuse que celle-ci. En regardant le fond de ses yeux, Jisung comprit que ces sentiments étaient partagés, et il se surprit lui-même à sourire.

C'était donc ça, le vrai bonheur.

Minho écarquilla les yeux de surprise, et planta son index dans la joue de Jisung, là où se formait l'extrémité de son sourire. Celui-ci roula des yeux, reprenant son expression habituelle, et tapa la main de Minho pour que celui-ci arrête de l'embêter. Et il ria simplement, enfantin.

Le blessé s'occupa de ranger la petite trousse de toilettes, tandis que Minho retirait ses couches de vêtements en trop, s'apprêtant à dormir. Ils avaient traîné et ils savaient que le lendemain, ils le regretteraient, lorsque le réveil général aurait lieu et que malgré la fatigue, ils devraient travailler avec les autres.

Jisung s'allongea et rabattît la couverture sur tout le bas de son corps, et Minho faisait de même à côté.

⠀⠀— C'est bon ? demanda ce dernier, et Jisung hocha la tête.

Alors il éteignit sans plus attendre la petite lampe qui les éclairait encore, et ils furent plonger dans le noir complet.

Minho gigota, et Jisung fronça les sourcils en le sentant. Il devinait aisément que son ami n'était pas en train de s'allonger, et il se demandait ce qu'il pouvait bien trafiquer.

⠀⠀— Mais qu'est-ce que tu fais ?

⠀⠀— T'es où ? l'ignora Minho.

À l'aveuglette, Jisung tendit la main et manqua de le planter dans l'œil de l'autre, qui grogna. Il se redressa alors et plus doucement, chercha le bras de Minho dans le noir. Lorsqu'il se heurta à son épaule, il s'y accrocha et remonta sa main pour enfin trouver son visage. Il attrapa son menton, s'approcha lentement de lui, pour éviter une deuxième collision, et posa avec une maladresse qu'il contrôla rapidement ses lèvres contre les siennes. Minho soupira d'aise. Il glissa sa main contre celle de Jisung et la caressa du pouce, alors qu'il accentuait le baiser et se penchait encore un peu plus au dessus de Jisung, à demi allongé.

Ils se détachèrent, et Jisung expira un bon coup.

⠀⠀— Je te vois pas mais j'espère que tu souris, murmura Minho.

⠀⠀— Imagine-le alors, si tu peux pas en avoir la preuve.

Minho ricana et cette fois-ci, il s'allongea à ses côtés. Jisung était un trop bon voyant à son goût, pour avoir deviner ce qu'il voulait faire une dernière fois avant de rejoindre les bras de Morphée. Il se couvrit entièrement le corps des couvertures pour ne pas attraper froid durant la nuit. L'espace était étroit et il se sentait serré entre Jisung et le bord de la tente, mais cela ne le dérangeait pas le moins du monde. Au contraire, il en profita pour se tourner et passer son bras contre l'abdomen de son ami, qui même s'il était surpris par cette soudaine étreinte, y répondit. Minho nicha sa tête dans le creux de son cou, les yeux fermés. Il pouvait aisément sentir l'odeur corporelle de Jisung, cette fragrance si particulière qu'il connaissait bien maintenant. Il pouvait entendre sa respiration et son coeur battre.

Ils étaient bien, enlacés, l'un contre l'autre. Ils se sentaient en sécurité, ils se sentaient vivants.

⠀⠀— Minho ?

⠀⠀— Hm ?

⠀⠀— Merci d'exister.

Minho esquissa un grand sourire, que Jisung sentit contre sa nuque.

⠀⠀— Dors bien, 'Sung.

Et pour une fois, il fallut peu de temps avant que les deux garçons ne s'endorment. Jamais ils ne s'étaient sentis aussi bien l'un contre l'autre.

Pourtant leur sommeil fut de courte durée.

Au beau milieu de la nuit, Jisung sortit de sa léthargie. Ses paupières s'ouvrirent lentement, et il ne bougea pas le temps de s'habituer à la pénombre. Le froissement des couvertures résonna sourdement dans ce silence de mort, et il distingua approximativement une ombre dressée face à lui.

⠀⠀— Qu'est-ce que tu fais ? il murmura faiblement, d'une voix éraillée.

Minho était redressé, le regard tourné vers l'extérieur qu'il ne voyait pourtant pas. Il ne jeta même pas un regard vers Jisung.

⠀⠀— Écoute.

Jisung fronça les sourcils et se redressa à son tour, forçant un peu plus son réveil. Effectivement ils avaient l'habitude d'avoir le sommeil agité et de se réveiller au beau milieu de la nuit, mais à force c'était parce qu'ils avaient appris à sentir le danger.

Un mouvement lointain ou une présence indésirable faisait dresser les oreilles de Minho immédiatement. Alors Jisung réalisait que peut-être, son camarade de toujours avait effectivement, senti un danger. Il s'étonnait de ne pas s'être réveiller avant, comme quoi ce moment passé avec Minho la veille avait apaisé les tréfonds de son âme perturbée.

Minho bougea la tête, tendant l'oreille. Il essayait de déceler quelque chose, n'importe quoi. Un son, un bruit, une respiration, un pas, une voix... Tout ce qui pourrait confirmer ses doutes. Il ne s'était pas réveillé sans aucune raison. À ses côtés, Jisung enfila ses vêtements en vitesse, un haut plutôt épais et un pantalon, silencieusement, et glissa sa main dans le tas de leurs affaires entreposées à côté de leur couchette, pour attraper leurs armes. Il posa dans la main de Minho l'arme à feu et l'un des longs couteaux, alors qu'il attachait ses propres lames à la lanière en cuir qui enserrait sa cuisse et se saisissait d'une épée.

Ils entendirent des pas, à une certaine distance mais qui se rapprochaient à grande vitesse. Ils échangèrent un regard inquiet.

⠀⠀— Des pilleurs ? demanda Minho, comme pour s'assurer qu'il n'hallucinait pas.

⠀⠀— Et ils viennent la nuit. Ça va être un véritable massacre.

Et puis, tout arriva très vite. Ils n'eurent pas vraiment le temps de réfléchir qu'ils entendirent des éclats de voix. Ils étaient tous repérés.

Jisung sortit précipitamment de sa tente, ne laissant pas le temps à Minho de le retenir. Il se mit à courir vers les autres tentes, pour prévenir les autres.

⠀⠀— Des pilleurs ! il s'égosilla pour réveiller les autres. Il devait les prévenir du danger. On est attaqués prenez vos armes !

Il fallut peu de temps pour que la panique se propage, que les survivants ne se réveillent et sortent de leurs tentes. Il y eut des hurlements, quelques enfants se mirent à pleurer à cause de l'agitation. Certains se préparaient à fuire, rassemblant à la va-vite leurs affaires les plus importantes. D'autres se préparaient à résister, s'armaient, assuraient qu'ils allaient protéger tout le monde et sauver le Village.

Jisung s'essoufflait. Il connaissait à peine ces gens mais il devait éviter à tout prix qu'ils ne se fassent tuer. S'il avait l'occasion de sauver une majorité des gens d'une tuerie il le ferait.

Il s'approcha du bord et put voir en contrebas. Un groupuscule d'hommes, ils n'étaient pas en grand nombre mais leur taille et leurs armures étaient effrayantes. Il n'y avait aucun moyen pour eux de les contrer avec suffisamment de force.

⠀⠀— Ils sont déjà là ! il alerta en criant, et les autres relevèrent la tête dans sa direction. Fuyez par derrière !

Les pilleurs se mirent à courir. Ils montèrent les escaliers en sale état, et en quelques dizaines de secondes ils étaient là.

Tout le monde courait dans tous les sens. Une petite bombe artisanale fut lancée à distance, dans la direction de Jisung, et lorsqu'elle explosa non loin de lui, il s'écroula au sol. Le bruit l'assourdit un instant, son oreille siffla. Une tente prit feu, des hurlements résonnèrent sourdement.

Il se redressa, manquant de perdre l'équilibre. Tout allait vite. Il n'avait pas le temps de réfléchir. Les assaillants étaient à son niveau, ils se battaient contre les survivants. On comptait déjà un mort.

Il aperçut Minho, de l'autre côté de l'immeuble, qui aidait quelques personnes à fuir. Puis il le vit tirer dans la tête d'un des pilleurs, qui se jetait sur lui avant de s'écrouler au sol, tué sur le coup. Jisung se détourna de ce spectacle et se concentra à nouveau. Minho assurait de son côté, il devait faire de même. Il reprit son épée tombée au sol et se dirigea vers une partie du groupuscule qui menaçait son côté.

Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'il vit un homme blessé qui tentait de fuir, ayant fait tomber ses armes. Un homme pointa son arme à feu dans sa direction.

Alors Jisung fonça sur lui. Il n'hésita pas.

Un violent coup de pied dans son poignet le déséquilibra et il grogna bruyamment, avant de se tourner vers Jisung. Celui-ci, agile et vif, s'abaissa pour récupérer l'arme tombée au sol. Il manqua de ne pas voir les poings joints de l'homme qui s'abattaient sur son dos. Heureusement, il les évita de justesse, glissant au sol, et sans ciller, il pointa l'arme entre les deux yeux clairs et cruels de son assaillant, et tira. La détonation résonna horriblement dans ses oreilles, et le sang qui gicla sur son visage le rebuta.

Il n'avait pas le temps de se soucier de son dégoût. Il n'aimait pas tuer, mais il ne permettrait pas qu'on assassine sans pitié les habitants du Village.

Il laissa l'homme pour mort et regarda autour de lui. L'agitation régnait. L'adrénaline coulait dans ses veines, même si les cris, le sang, toute cette violence, il ne pouvait la supporter. Il avait un horrible sentiment de déjà-vu.

Jisung aperçut Minho de l'autre côté de l'immeuble, qui se battait à mains nues, accompagné de deux femmes de la communauté, contre deux énièmes de ces hommes. Il n'hésita pas en le voyant encerclé, ils ne feraient qu'une bouchée d'eux à en voir leur immense taille et leurs musculatures surhumaines. Il tint la lourde arme à feu dans ses deux mains, il ne prêta pas vraiment attention à sa forme étrange, à croire qu'elle avait été fabriquée très récemment. Il n'avait pas le temps de s'en soucier. Puis il tira, une fois, et le coup de feu partit sur le côté. Il recommença, visa l'un des hommes, et tira. Cette fois-ci il le toucha à la tempe, et son corps s'étala contre le sol.

Minho regarda le corps au sol, et releva la tête, cherchant du regard d'où venait le coup de feu. Ses yeux croisèrent, ceux de Jisung. Son souffla s'arrêta.

Rapidement il dut se concentrer à nouveau, et continuer à se battre au côté de ces deux femmes qu'il ne connaissait pas.

Jisung lui, tira à plusieurs reprises dans le coffre d'un des assaillants, qui suivaient les survivants allant se mettre à l'abris. Il vida quasiment le chargeur, chaque balle ne semblait pas l'atteindre à travers ces épais vêtements. Il s'avançait vers lui. Puis enfin, une atteignit sa côte. Il se retourna violemment et poussa un cri de douleur. Il regarda Jisung avec haine, avant de se diriger vers lui, un large couteau dans la main. Jisung releva l'arme et visa sa tête.

Mais à sa grande surprise, le chien claqua. Il regarda le canon de l'arme, puis la crosse. Il avait beau presser la détente, le chien claquait à nouveau.

⠀⠀— Putain !

Il jeta l'arme à feu par dessus la rembarde, et sans hésiter il attrapa un couteau contre sa cuisse.

L'homme se précipitait sur lui. Il esquiva son premier coup de couteau, et érafla l'arrière de son bras. Il était couvert des pieds à la tête, et il était difficile de deviner quelles parties de son corps étaient protégées ou non.

Ses mouvements s'enchaînèrent. Quelques coups de poings se perdirent, et un kick du pied qu'il offrit à son adversaire le sonna. Alors il crut qu'il avait l'avantage, mais sans qu'il le voit venir, l'autre se jeta sur lui et porta un coup violent à sa cuisse.

Jisung hurla de douleur. Il sentit une brûlure lancinante dans sa cuisse, si bien qu'il fut immobilisé quelques instants. Il perdit l'équilibre, trébucha et ses fesses rencontrèrent violemment le sol. Son couteau tomba non loin de lui, et il recula par réflexe. Il baissa les yeux sur sa cuisse, et il put voir un trou béant s'y former, du sang coulait de partout et il pouvait apercevoir sa chair blanche, sanguinolente. Il releva la tête et aperçut l'arme responsable de sa blessure, une sorte de gant denté, que son assaillant avait sorti de son chapeau tel un magicien.

Sa cuisse était déchiquetée, il souffrait le martyr. Mais il ne pouvait pas s'arrêter de se battre. Il se traîna au sol pour s'éloigner de l'homme, mais celui-ci fut plus rapide et de son autre main, il le tira par le pied, le traîna au sol et asséna un violent coup de poing sur sa blessure, l'abimant encore plus.

Jisung s'arracha la gorge en hurlant à nouveau.

Ses tempes battaient. Il perdait déjà beaucoup trop de sang. En quelques secondes cet homme avait changé la donne. Sa vie était menacée, il était en danger de mort.

Soudain, un de ses compagnons sortit de nulle part et s'en prit à son agresseur.

⠀⠀— Pars ! Fuis ! il ordonna à Jisung.

Et Jisung ne prit pas la peine d'observer le combat qui commençait face à lui, il s'appuya sur son genou encore valide et se traîna plus loin. Il s'approcha d'un des piliers en béton et se cacha derrière. Les traces de sang qu'il laissait au sol le trahissait de toute manière. Il était foutu.

Il rabattit ses jambes du mieux qu'il
put et resta caché.

Sa tête lui faisait mal, sa vue se troublait. Il avait mal, tellement mal...

Un sentiment désagréable l'envahît, il sentit un goût de fer emplir sa bouche et il bascula la tête en arrière un instant pour tenter de calmer sa respiration incontrôlable. Chaque souffle était difficile, il était en train de défaillir.

Il n'arrivait pas à croire qu'il allait mourir. Il était foutu, sans défense, il perdait trop de sang et sa blessure était énorme.

C'était plus fort que lui, il voulait se battre et résister mais ce combat était déjà bien trop déséquilibré et sa plaie n'arrangeait rien à l'affaire. Il le sentait, son instinct le lui soufflait et la Faucheuse pressait déjà sa main squelettique sur son épaule, prête à l'emmener avec lui. Ce fameux repos éternel.

De tous les dangers qu'il avait rencontrés, il n'aurait pas pensé que ce serait l'homme le plus redoutable. Ses propres semblables mettraient fin à sa vie. Et pour quoi ? Des vivres, de stupides morceaux de nourritures et quelques objets matériels insignifiants. Il avait bataillé presque une vie entière pour survivre à cette apocalypse, pour traverser des tempêtes, des déserts, il avait mangé du rat et des feuilles d'arbres, avait vu ses camarades se dévorer entre eux, avait dû tuer un nombre de bêtes innocentes incalculables pour se nourrir et pire, tuer des hommes transformés, piégés par leur destin funeste. Et il périrait pour un misérable bout de pain.

L'idée de mourir ne le terrifiait pas. Ce qui le terrifiait, c'était l'idée qu'il puisse abandonner Minho dans ce monde hostile.

Il ne pensait qu'à ça.

Minho.

Il ne savait pas où il était, il l'avait perdu dans la pagaille. Il craignait qu'il lui soit arrivé quelque chose, mais Minho était fort, il était courageux. Il allait se sortir de là. Lui en revanche...

Jisung ferma les yeux, et tenta de calmer sa respiration. Sa pression sur sa plaie se desserra, la douleur était atroce mais il fit de son mieux pour en faire abstraction. Au loin les cris et le boucan retentissaient, ils étaient proches, il le savait. Il se préparait au pire.

Minho.

Était-ce vraiment comme ça qu'il allait partir ? L'abandonner lâchement ? Sans même se défendre un peu ? Il fallait croire que oui. D'ici quelques minutes tout au plus, on le trouverait. Ces hommes étaient sans pitié, il ne comprenait pas cette haine et cette violence injustifiée. Le chaos était la pire des choses et il révélait la véritable nature de chaque homme.

Jisung inspira lentement. Des pas résonnaient contre le sol, non loin de lui.

Minho.

Il n'aurait jamais le temps de lui expliquer à quel point il tenait à lui, à quel point il l'aimait. Il l'aimait à en mourir, mais il aurait préféré vivre en l'aimant encore.

Il l'aimait à un tel point que son coeur se déchirait de savoir qu'il allait quitter ce monde avant même d'avoir pu vivre avec ce joli garçon à ses côtés. Il aimait tout chez lui, ses qualités, ses défauts, sa folie, ses mains calleuses, ses cheveux brûlés par le soleil, cette dent cassée qu'il apercevait à chacun de ses sourires, sa manière de le regarder avec tant de douceur, sa compagnie, sa loyauté, sa démarche un peu gauche, sa détermination, son courage, son honnêteté, ses petites cicatrices... Tout. Il aimait tout chez lui.

Minho serait détruit, il le savait. Il ne voulait pas que Minho abandonne, jamais, ils avaient tant parcouru, il ne pouvait pas renoncer à survivre, il n'avait pas le droit.

Une larme roula contre sa joue. Il la laissa border son menton, et il la sentit s'écrouler lourdement contre sa main.

Il n'avait rien à faire de la bataille qui se menait derrière lui, derrière ce poteau qui abritait sa lâcheté et son corps blessé. Même s'il s'en sortait, sa blessure le tuerait.

Le coup de pied qui le projeta brusquement au sol, il ne le vit pas venir.

⠀⠀— C'est là que tu te caches vermine, l'accusa une voix sépulcrale.

Il geignit. Le choc avait éraflé sa joue et sa blessure se retrouvait compressée contre le béton sali. Son nez était froncé, il avait mal. La peur reprenait peu à peu possession de son corps, la peur de souffrir, la peur de l'agonie lente et sulfureuse.

Jisung releva la tête et vit son assaillant, grand, supérieur, armé. Il ne remarqua que ces détails. Il devait croire que son sauveur avait péri.

⠀⠀— Tu caches ton visage ? il grinça des dents. Assume au moins, si tu veux me tuer. Montre-moi ta sale gueule.

Il rampait avec difficulté, s'éloignant millimètres par millimètres de son futur assassin, alors que l'autre à chaque pas, se rapprochait un peu plus.

⠀⠀— Explique-moi comment vous filtrez l'eau, il ordonna, d'une voix glaciale.

⠀⠀— Je sais pas, souffla Jisung alors qu'il avait mal à la cuisse.

Il laissait des traces de sang au sol et il sentit le liquide poisseux sur ses mains, à nouveau. Ces morceaux de chair qui abandonnaient son corps et se détachaient comme de la viande sauvagement hachée.

⠀⠀— Tes copains ont pas craché le morceau alors je te laisse une petite chance de m'expliquer.

Il s'accroupit face à Jisung, et leur proximité le fit reculer. Il pouvait sentir son odeur métallique, son envie meurtrière, et croiser son regard le dévora de rage.

⠀⠀— Va chier...

⠀⠀— Comment. Est-ce que. Vous filtrez. L'eau. C'est simple pourtant.

⠀⠀— Je sais pas ! il s'écria.

Jisung se recroquevilla en sentant une douleur lançante le traverser. Il hurla à s'en arracher les poumons quand la main de son nouvel ennemi s'enfonça légèrement dans sa blessure.

⠀⠀— Dis-moi, il siffla sans ciller.

Ses doigts gantés appuyèrent un peu plus et agrandir légèrement la plaie de Jisung, qui saignait déjà beaucoup. Un filet de sang s'en écoula, rejoignant les autres qui gouttaient contre le sol. Jisung serra les dents, il glapissait, comme un animal accidenté. Des larmes de douleur inondaient ses joues et se mêlaient à quelques taches de sang.

⠀⠀— Minho, il murmura dans un sanglot.

⠀⠀— Je te laisse une dernière chance. Après je te tue.

⠀⠀— Crève la gueule ouverte, lui vociféra rageusement Jisung, lui crachant presque au visage.

L'homme se releva, sans une once de pitié, sans une once de regret. Il n'était pas le moins du monde dérangé. Il était calme, impartial, à croire que toute humanité avait quitté son âme pour de bon.

Un bruit de lame fit relever la tête à Jisung. Il redressa la tête et vit son agresseur sortir un sabre du fourreau accroché à son dos. Il ajusta sa prise et sans hésiter, brassa l'air. La lame manqua de frôler le visage de Jisung. Il retint son souffle, le sifflement de la lame le pétrifia. Alors sans hésitation, et malgré la douleur insupportable, il se releva en un instant. Il crut bien que l'élancement dans sa cuisse le tuerait. L'homme ricana, alors que Jisung s'appuyait contre le mur de béton.

Et ce fut à ce moment là, qu'il aperçut Minho.

Ses yeux larmoyants scintillèrent. Il le vit courir dans sa direction, la haine au corps, la fureur dans les yeux. Lui aussi avait du sang sur le visage, et la première inquiétude de Jisung fut de se demander si c'était le sien. Il ne pensa pas à l'homme à qui il faisait dos, à sa cuisse qui le lâchait et se contractait malgré la douleur.

Il ne pensa pas au sabre qui se dressait dans les airs derrière lui.

Minho tendit le bras, comme si la distance entre eux pourrait se réduire en une fraction de secondes. Jamais la panique n'avait eu telle emprise sur lui.

D'ici il pouvait voir Jisung, son Jisung à lui, la cuisse labourée par ses ennemis et du sang éclaboussé sur son visage, coulant sur son mollet et recouvrant ses mains tremblantes. Pourtant il le connaissait si bien qu'il savait que Jisung devait minimiser sa blessure et tenter de ne pas s'en soucier.

Il vit son visage, soulagé. Soulagé de le voir, de l'avoir en face de lui, dans ses derniers instants.

Et alors qu'il ne restait qu'une dizaine de mètres entre eux, tout s'arrêta.

Il vit les larmes de Jisung, son regard suppliant, sa main tendue dans sa direction.

Le sabre faucha l'air, et sa tranche se coinça dans le dos de Jisung.

Son visage se figea. Ses yeux roulèrent, son corps se révulsa, et son sourire se transforma en une grimace stoïque. Malgré lui, il tomba à genoux, puis se laissa mollement glisser face contre sol. Et Minho vit la tranche de la lame gigantesque, planté dans son dos, comme une hache reposant dans la bûche.

Minho sentit quelque chose exploser dans sa poitrine. Il poussa un hurlement. Sa voix se brisa presque. Jamais il n'avait semblé si désespéré, jamais un cri n'avait sonné si sincère, jamais personne n'avait sûrement déjà hurler de cette force.

Son corps le propulsait toujours. Il arriva à hauteur de l'homme, de cet homme, qui venait d'ôter la vie à quelqu'un qu'il pensait insignifiant. Il se jeta sur lui, comme un animal enragé. L'autre n'eut pas le temps de réagir qu'un poing s'écrasait déjà contre son large nez. Il tomba à la renverse, Minho au dessus de lui. Malgré sa force surhumaine il fut immobilisé au sol.

Minho ne voyait plus rien, il ne sentait plus rien. Il n'était que cris, que larmes. Il était à un stade de sa folie qu'il n'avait encore jamais connu. Ses poings s'abattaient à répétition sur le visage de l'inconnu, sans qu'il ne puisse s'arrêter. Il sentait des os craquer sous ses phalanges abîmées, il sentait ce corps gigoter sous le sien pour se dégager, sans succès.

Mais sa colère inconditionnelle était bien plus forte qu'un tas de muscles.

L'homme tenta de le repousser, à l'aveuglette, et Minho attrapa son couteau, contre sa cuisse, avant de le planter dans sa gorge, entre ses clavicules couvertes par un fin tissu. Le bruit du sang giclant ne le dégoûta pas, voir ces yeux écarquillés crier à l'aide et ces dents se recouvrir d'un liquide rouge gargouillant, voir ce trou béant dans la chair ne le répugna pas. Il enfonça le couteau avec plus de force, pour l'achever. Ses muscles se détendirent, il arrêta de se débattre, ses yeux cruels fixés dans ceux de Minho. Et lorsque sa main retomba au sol, Minho comprit qu'il abandonnait le combat.

Alors il se releva avec empressement, manquant de trébucher sur le corps inanimé de celui à qui il venait d'ôter la vie.

Il se retourna et son regard tomba sur le corps de Jisung.

Son coeur loupa un battement. Un frisson traversa son corps.

Minho se jeta sur son ami, dont le corps reposait sur le côté. Il pouvait voir la lame plantée dans son dos, parallèle à son corps immobile.

Il s'installa face à lui, à genoux. Il était paniqué. Il ne voulait pas que Jisung meurt, il ne voulait pas le voir mourir.

Il plaça une main contre sa joue et releva sa tête. Ses yeux étaient presque clos, fatigués. Son visage était pâle et son front suait à grosses gouttes. Il observa les autres dégâts que son corps avait subi puis saisit sa main, avant d'entremêler leurs doigts.

⠀⠀— Jisung ! Jisung... Ça va aller hein ? Je suis là.

Il esquissa un sourire. Il tremblait de tout son être, sa panique était incontrôlable.

Son pouce caressa la joue griffée de Jisung. Il pouvait sentir son souffle difficile contre son poignet.

⠀⠀— Gnn... Mi... Minho...

Jisung murmura quelque chose, comme un dernier souffle. Minho pleurait sans s'en rendre compte, tout allait trop vite.

⠀⠀— Quoi, quoi !? il s'écria. Quoi ?

Jisung marmonna quelque chose d'incompréhensible. Minho se pencha et colla son oreille contre sa bouche poisseuse pour entendre ce qu'il avait à lui dire.

⠀⠀— Ma cuisse...

Minho se redressa et regarda sa cuisse. Puis il plongea à nouveau son regard dans celui presque éteint de Jisung. Il ne savait pas, il ne savait rien. Minho ne réagissait pas à la blessure immonde qu'il venait de voir, ses lèvres tremblaient.

⠀⠀— S'il te plaît Jisung, il supplia. M-Me laisse pas, je t'en supplie me laisse pas seul... Je veux pas que tu partes, sa voix se déchira.

⠀⠀— Hmm...

⠀⠀— Je pourrai pas vivre sans toi... tu le sais ça...

La main de Jisung l'agrippant le coupa dans son élan.

⠀⠀— Cuisse, il souffla difficilement.

⠀⠀— Je vais chercher une trousse de secours, il s'empressa de se lever, mais Jisung malgré le leur de force qu'il avait, le retint à nouveau.

⠀⠀— Reste... avec moi. Hm.

Minho observa son visage déformé par la douleur. Le voir souffrir était la plus lourde des tortures. Il serra sa main dans la sienne.

⠀⠀— Je veux pas que tu souffres.

⠀⠀— Minho, il chuchota, et le susnommé se pencha, cherchant son regard. Tu sais que... je t'aime, quoiqu'il arrive.

⠀⠀— Ta gueule, je t'interdis Jisung.

Jisung tenta d'ouvrir un peu plus les yeux. Il croisa le regard terrifié de Minho, et esquissa un sourire se voulant rassurant.

⠀⠀— Je serai toujours avec toi.

⠀⠀— Non. Non non non, répéta Minho en secouant la tête, il sentait ses larmes monter. Mourir ensemble ou survivre ensemble c'est ce que t-

⠀⠀— Si tu survies, Jisung le coupa dans un faible souffle, si tu me promets de survivre, alors je partirai heureux.

Les yeux en amande de Jisung se plissèrent. Qu'il était beau quand il souriait. Même si ses joues rondes étaient rougeoyantes.

Minho ne put retenir les larmes qui s'échappèrent du coin de ses yeux.

⠀⠀— Dis pas ça...

⠀⠀— Je t'aime, Minho. Ça change pas, ça changera jamais. Sa voix était fébrile. T'as toujours été le numéro un, on était destinés à se rencontrer... Pleure pas, on est ensemble c'est le principal... Et puis ça devait bien arriver...

Il eut un dernier sourire. Maladroit, un peu tordu, mais la seule pensée qu'eut Minho fut que le dernier souvenir qu'il aurait de lui serait son magnifique sourire.

Il fronça le nez. Des larmes embuées ses yeux, Jisung tenta de les effacer, mais lever son bras était trop épuisant. Alors il se contenta de caresser la nuque de Minho, tendrement.

Son regard exprimait tant de choses, que cela dit encore plus mal à Minho.

Qu'ils s'aimaient. C'était indescriptible, à quel point ils s'aimaient.

Jisung sembla défaillir. Sa prise autour de sa main se défit, et ses yeux se firent plus vitreux. Minho le secoua, il ne bougeait pas.

⠀⠀— Non, non non réveille-toi Jisung c'est pas le moment. Jisung, Jisung ! JISUNG !

Il hurla à pleins poumons sur le garçon qu'il aimait tant. Ses paupières bougeaient à peine, il ne savait pas s'il respirait encore.

Autour de lui, le calme était revenu. Les quelques survivants sous le choc vagabondaient, ou étaient immobiles. Minho se fichait de savoir pourquoi. Il beugla à nouveau.

⠀⠀— À l'aide ! Aidez-moi s'il vous plaît ! Sauvez mon ami.

Il cria plusieurs fois, espérant que quelqu'un l'entende. Il était penché au dessus de Jisung, le secouant légèrement de partout.

Son coeur était sur le point d'imploser. Il voulait se réveiller, se dire que ce n'était qu'un mauvais cauchemar. Il voulait que Jisung rouvre grands les yeux et lui dise que tout cela n'était qu'une farce, qu'une blague de très mauvais goût.

La joue froide de Jisung le pétrifiait. Il refusait de croire que son corps ne bougeait pas, il refusait de se dire que Jisung était...

Mort.

Sans vie.

C'était le vide, le néant.

Il s'immobilisa au bout d'un moment, le regard bloqué sur ces deux prunes couleur noisette, perdues dans le vide. Sa bouche était entrouverte, ses mains reposaient contre le béton.

Minho le fixait sans y croire. Il ne ressentait rien. Il se sentait... vide. Il ne comprenait pas. Il refusait tout, la réalisation, la vue du corps de son ami sans se dire qu'il faisait autre chose que dormir.

Ce n'était pas possible.

Son Jisung ne l'aurait jamais abandonné.

Il ne vit pas la femme qui accourut auprès de lui, sûrement une survivante. Elle était munie d'une sorte de besace en toile et une autre, le visage bandé, l'accompagnait.

Minho se tenait là, pantois. Il ne réagissait pas, il ne bougeait pas. Il n'entendait pas les voix des deux femmes qui l'appelaient. Ils les voyaient seulement manipuler le corps de Jisung.

Le corps mou de son âme sœur.

Elles redressèrent légèrement Jisung pour examiner son dos. Doucement, l'une pressa son épaule pour avoir une meilleure vue sur la blessure. Elle gardait la mine sérieuse.

Elles parlaient, mais Minho ne croyait plus en rien. Il était béat, le regard creux, le cœur vide.

Il n'était plus rien.

Avec précaution, la deuxième enserra le manche du sabre et de son autre main, en attrapa la pointe. Elle tira d'un coup sec, et Jisung mouva légèrement, malgré son inertie. Comme une contraction musculaire.

On lui secoua l'épaule, mais Minho réagit à peine.

⠀⠀— Le sabre n'a pas déchiré les tissus du dos. Je pense qu'on peut encore le sauver !

La femme lui brailla presque dessus, et il fronça les sourcils.

⠀⠀— Quoi ? il murmura.

⠀⠀— On doit arrêter l'hémorragie de la cuisse, en attendant, elle agita la main. Vous, désinfectez son dos et faites le nécessaire.

Les femmes se pressèrent sur le membre le plus abîmé.

Minho ne comprit pas de suite ce qu'il se passait. Il n'assimilait pas bien les paroles. Puis il comprit.

Un souffle d'espoir ranima son coeur. Il inspira violemment et jeta un œil à Jisung. Un doigt contre sa carotide, et l'une des deux femmes s'écria qu'il respirait encore.

Minho n'en croyait pas ses oreilles. Il écarquilla les yeux.

Il ne laissa pas de place à l'émotion : il devait sauver Jisung. Il s'empressa alors de se positionner de l'autre côté de son corps et prit dans la trousse étrangement très bien équipée, de quoi désinfecter et panser son dos.

Il se pencha sur le dos de Jisung et constata que ses vêtements avaient été coupés nets. Il poussa les tissus encombrants sur les côtés et observa de plus près ce qu'il pensait être une blessure mortelle. La vérité était que Jisung s'était munie d'un haut à coque, le sabre s'y était coincé et n'avait que superficiellement atteint son dos. Une fine ligne le traversait, saignant légèrement, mais à peine. Ce qui devait l'avoir assommé sans aucun doute, était la force du coup qu'on lui avait porté.

Minho ne put retenir un sourire. Il éclaboussa son dos d'alcool et tapota à l'aide d'un tissu propre, pour désinfecter. Jisung saignait à peine du dos. Il fit confiance aux deux femmes. Il s'en fichait du contexte, de la manière...

Il fallait sauver Jisung.

Tout se passa vite. L'agitation au fond des sous terrains, Minho n'y prêta pas attention. Il fit à Jisung une rangée de pansements qui lui permettraient de ne pas tirer sur la blessure. Si jamais il parvenait à s'en sortir...

Minho secoua la tête. Il devait y croire, il n'avait pas le choix. Une fois pas deux. Il devait faire confiance à ces deux femmes, qui après avoir subi une attaque de pilleurs s'étaient jetées sur les autres survivants pour les soigner, pour leur éviter la mort, utilisant tout leur matériel dont le plus pointu et le plus difficile à trouver pour le sauver. Elles semblaient tout avoir pour soigner quelqu'un entre la vie et la mort.

Minho respirait difficilement. Il voyait des fils, des aiguilles, des produits injectés dans le bras de Jisung, un fin tube et une poche de liquide. Il voyait des tissus tâchés de sang jetés au sol, les uns après les autres.

Son coeur battait à mille à l'heure, et il priait pour que celui de Jisung en fasse bientôt de même.

Il se redressa sur ses genoux. Le pantalon de Jisung était arraché autour de sa blessure, sa peau était nettoyée et sa plaie quasiment refermée. Quelques gouttes de sang s'échappaient encore mais il semblait fermement et soigneusement recousu, pour une opération de fortune.

⠀⠀— À son réveil il aura mal.

Ces mots sortirent Minho de sa transe.

⠀⠀— Pardon !?

⠀⠀— Il va devoir prendre des anti douleurs. Ils sont naturels, c'est fait à partir de plantes et c'est très efficace, tu verras.

L'une des femmes lui tendaient un pot, avec une bouillasse verte à l'intérieure.

Il ne bougea pas et regarda simplement Jisung, allongé sur le dos, il n'avait pas le choix.

⠀⠀— Il va se réveiller ?

Une nouvelle larme dévala sa joue. La femme posa le petit pot à côté du corps de Jisung.

⠀⠀— Ça sera de ton ressort ça. Pour la blessure, je reviendrai tout à l'heure. Donne moi ton bras. Vous êtes compatibles ?

⠀⠀— Oui. Mais... Tout à l'heure, je... je comprends pas.

Minho s'exécuta en comprenant ce qu'elle voulait faire. Elle planta un fin tube dans le bras de Jisung, et fit de même avec Minho. Il devait lui donner un peu de sang pour ne pas que Jisung se retrouve entièrement vidé. Il ne suivit pas toutes les étapes, il ne se demanda même pas comment le Village avait fait pour trouver autant de matériel. Il comprenait cela dit comment ils avaient fait pour survivre aussi longtemps.

⠀⠀— C'est pas le seul blessé, elle pointa vaguement Jisung du doigt. Ils ont emporté ce qu'ils pouvaient ces crevards, même les trousses de secours. Mais y'a que des dommages collatéraux une fois qu'ils sont partis et qu'ils ont eu ce qu'ils voulaient. Un ricanement lui échappa. Nous.

Elles commencèrent à partir, pressées, mais Minho les arrêta.

⠀⠀— Pourquoi vous êtes revenues ? il leur lança avant qu'elles ne partent.

La seconde s'arrêta et se tourna vers lui, esquissant un léger sourire.

⠀⠀— On abandonne personne. On aurait pu fuir ou se mettre à l'abris mais le Village a besoin de nous. Faut qu'on sauve nos camarades, et on est peut-être les seules à en être capables. Elle me regarda. Jamais arrêter de lutter.

Minho resta un instant silencieux.

⠀⠀— Merci.

⠀⠀— Remercie-le lui. Son regard dériva vers le corps meurtri de Jisung. S'il survit c'est qu'il a une volonté de fer.

⠀⠀— Je crois que le soigner ça aide un peu non ?

La femme rigola légèrement.

⠀⠀— Oui... oui ça aide oui.

Il hocha la tête, la remerciant silencieusement. Elle répondit par le même mouvement et s'en alla, sa trousse de secours au bout du bras, tachée de sang.

Minho se demanda comment sur la même planète, certains pouvaient vouloir tuer par plaisir alors que d'autres donnaient leur vie pour sauver les autres.

Il arrangea l'endroit quand au bout d'un certain temps, il put retirer le tube qui les reliait. Il installa Jisung un peu plus confortablement. Cela lui prit du temps, d'aller récupérer ce que les pilleurs avaient bien pu leur laisser, des couvertures tâchées, des vêtements... Minho avait son masque avec lui, heureusement. De leurs affaires personnelles il ne restait plus grand chose mais il s'en fichait, ce n'était que du matériel. Et puis l'homme qu'il avait tué possédait bien plus que ce qu'il ne pensait dans ses affaires. Lui aussi avait un masque, en meilleur état. Il avait des armes, et une épaisse veste d'une matière que Minho ne connaissait pas, mais qu'il utilisa pour ne pas que Jisung ait froid.

Lorsqu'il eut fait cette petite couchette de fortune pour lui, il s'assit à ses côtés.

Les survivants qui restaient s'affairaient à constater les dégâts. Ils distribuaient le peu de nourriture qu'il restait, soignaient les derniers blessés, pleuraient la mort de ceux qui n'avaient pas échappé aux coups mortels des assaillants. Lui, dans son coin, les regardait de loin en même temps qu'il veillait sur Jisung. Il aurait voulu les aider mais il ne voulait pas quitter une seconde de plus celui qu'il aimait tant, celui qu'il avait eu si peur de perdre. Et puis son réveil, il l'attendait avec impatience. Il avait peur que cela n'arrive jamais, alors il se laissait bercer par son optimisme éternel.

Il observa son visage endormi, visiblement tourmenté. Il caressa tendrement sa joue, où une croûte s'était formée. Il poussa ses mèches de cheveux rougies sur le côté et nettoya avec un tissu humidifié les traces de sang qui séchaient sur sa peau caramel. Il prenait soin de lui, comme une poupée de porcelaine. 

⠀⠀— Ça va ?

Minho sursauta presque. Il n'avait pas prêté attention à Juan, qui venait d'arriver à ses côtés. Il se frotta les yeux et l'autre rigola.

⠀⠀— Tu m'as fait peur...

⠀⠀— Désolé, désolé. Il vint s'asseoir à côté de Minho. T'es blessé toi ? L'autre hocha la tête de gauche à droite, il n'avait que quelques égratignures. Et Jisung il lui est arrivé quoi ?

Minho haussa les épaules et ne répondit pas à sa question.

⠀⠀— Il est stabilisé là. Enfin, je crois.

⠀⠀— Tu peux faire confiance à nos super infirmières, il essaya de le rassurer. Un jour une bête m'a arraché l'oreille... Je sais pas vraiment ce que c'était, un gros chat quoi... Et elles m'ont sauvées, malgré le peu de moyen qu'on avait à l'époque. Je n'ai même pas eu d'infection.

Minho releva la tête.

⠀⠀— Je pense qu'une oreille et un trou dans la cuisse c'est pas pareil Juan, avec tout mon respect.

Juan eut un petit rire, puis il lui assura, avec le plus grand sérieux :

⠀⠀— La différence c'est que ton ami, il a la rage de vivre. Il va survivre. De toute façon on lui laisse pas le choix, on va le soigner autant qu'il faudra. Dès que les autres n'auront plus besoin de soins.

⠀⠀— Désolé, réalisa Minho. Je devrais venir vous aider je-

⠀⠀— Non non, Juan le retint par l'épaule. Toi tu restes ici tu veilles sur lui. Okay ?

Ils se regardèrent, et Minho eut un sourire. Le Village avait de la chance d'avoir quelqu'un comme Juan.

⠀⠀— Toi il t'est rien arrivé ?

Juan souffla, et son sourire retomba légèrement.

⠀⠀— J'ai aidé une partie du Village à se cacher dans un endroit sûr que je suis le seul à connaître. Ils sont en sécurité là, on attendra demain pour les faire sortir. Mais... y'a beaucoup de dégâts.

Minho grimaça.

⠀⠀— C'est-à-dire... ?

⠀⠀— On a eu cinq de ces enculés, il tourna la tête, six, pardon. C'est lui qui... ? Il pointa Jisung du menton, et Minho hocha la tête. Il ne précisa pas qu'il n'était pas sa seule victime. Ni même que sûrement quatre de leurs assaillants étaient les victimes de lui et Jisung.

⠀⠀— Oui, il répondit doucement, comme un enfant honteux.

⠀⠀— Tu l'as bien défendu dis donc. Ils se sourirent, puis Juan reprit. Mais ils ont eu dix-neuf d'entre nous, de ce qu'on a compté pour l'instant.

⠀⠀— Putain...

Minho devina aisément pourquoi ils n'avaient pas été avertis d'une intrusion dans le bâtiment. Ils devaient avoir eu celui qui montait la garde cette nuit là, le premier mort.

⠀⠀— Pas que des hommes. Y'a deux gamins qui se sont fait balancés dans le vide, je t'épargne les détails... Juan déglutit. Je compte pas les blessés. Ils ont pris toute la nourriture, ils les ont menacés de nous tuer pour savoir comment filtrer l'eau... Et puis ils ont continués leur route, tu connais les pilleurs. Minho acquiesça. Je suis revenu une fois que les autres étaient en sécurité et... et voilà, quoi.

Il regarda autour de lui. Tout ce qu'ils avaient construit était à refaire.

⠀⠀— T'as bien fait, lui assura Minho. Ça aurait été bête qu'ils te tuent aussi. Juan le regarda étrangement. T'es un putain de leader et te perdre les auraient anéantis.

Juan le remercia silencieusement, d'un sourire gratifiant.

⠀⠀— C'est pas fini cette histoire. Ces hommes... Ils étaient pas normaux.

⠀⠀— J'ai vu, Minho confirma ses dires. Leurs tenues, leur force, leurs armes... C'est bizarre. Y'a d'autres gens derrière ça, c'est pas possible. 

⠀⠀— Oui, je suis bien d'accord avec toi, soupira Juan. Je sais pas ce que c'est mais... J'aimerais bien le découvrir.

⠀⠀— C'est dangereux, il le mit en garde.

⠀⠀— C'est tout aussi dangereux d'attendre que leurs confrères nous traquent. Parce qu'ils en ont, c'est certain. Il fouilla dans sa poche et en sortit une plaque métallique, de la taille d'une prune, avant de la montrer à Minho. Aucun nomade n'a ça.

Minho plissa les yeux et observa ces inscriptions incompréhensibles gravées dans le métal abîmé. Un logo étrange était dessiné. Il fronça les sourcils.

⠀⠀— Une organisation tu penses ?

⠀⠀— Je pense ouais. Mais... On verra ça plus tard peut-être, hm ?

Minho hocha la tête.

⠀⠀— Oui, ça vaut mieux je pense.

Juan acquiesca, lui tapota l'épaule affectueusement, puis il se redressa.

⠀⠀— Bon... je te laisse. Prends soin de Jisung, fais moi venir si besoin. Je dois m'occuper des autres et les aider.

⠀⠀— Merci beaucoup, Juan.

Juan lui adressa un signe de la main et s'éloigna.

Minho resta là. Les dégâts que les pilleurs avaient causé lui donnaient l'envie de vomir. Ces atrocités... Ils les avaient déjà vécues tellement de fois. Mais jamais il n'avait connu une communauté si unie, prête à combattre ensemble et aussi solidaire. Et surtout, jamais cela n'avait mit Jisung en tel danger. Alors l'horreur dont l'homme était capable l'effrayait d'autant plus qu'avant.

Il rabattit un peu plus la veste sur la nuque de Jisung, pour ne pas qu'il prenne froid. Et pour la énième fois, il vérifia son pouls, pour s'assurer qu'il ne le quitterait pas.

Le temps n'avait jamais paru aussi long. Une éternité s'écoula.

Un calme de mort était revenu dans le bâtiment.

Les corps étaient déplacés, il entendait des sanglots au loin. L'aube se levait aussi, le ciel s'éclaircissait.

Et pourtant, Jisung était toujours endormi.

Il vérifia encore son pouls, sa respiration, sa plaie. Sa peau était atrocement pâle.

En fait, Minho était fou. Il se jetait à bras ouverts dans ce qui était dangereux, il n'avait pas peur de se blesser, pas peur de tuer, pas peur des autres ni de ses propres réactions. Il acceptait plus ou moins son destin avec le sourire car il savait qu'il n'avait plus rien à perdre dans ce monde en cendres. L'apocalypse l'avait réduit à néant, il n'était rien, il n'était qu'un homme seul avec pour seul objectif de survivre.

Mais rencontrer Jisung avait tout changé. Jisung lui avait donné une raison de se battre, une raison de survivre. Il ne faisait plus rien pour lui-même, tout ce qu'il faisait, chasser, se défendre, marcher, respirer, il le faisait pour eux. Pour eux deux. Sa survie était leur survie et vice-versa. Jisung était devenue sa raison. Sa raison de quoi ? De tout. Jisung lui avait donné une raison d'avoir peur de perdre quelque chose. Jisung était l'unique chose précieuse qu'il avait. La véritable apocalypse serait une existence sans lui à ses côtés.

Alors il avait terriblement peur, une peur comme jamais auparavant il avait connue. Peur qu'il ne se réveille pas, qu'il succombe à ses blessures, qu'on lui fasse du mal à nouveau.

Même s'il se savait à présent en sécurité — et il ne le ressentait pas sans grande surprise —, il ne voulait pas dormir. Il voulait absolument veiller sur Jisung, pour s'assurer que tout allait et pour être sûr que s'il se réveillait, ce ne serait pas seul.

⠀⠀— T'avais raison, il susurra en épongeant son front suant. C'était trop beau pour être vrai... Il fallait bien que ça tourne mal.

Il s'occupa de sa cuisse d'où s'échapper encore quelques filets de sang alors que le jour était revenu, mais le Soleil semblait plus triste que la veille. Les rayons qui doraient les murs du bâtiment ne changeaient absolument rien, Minho voyait le monde gris autour de lui. Seule la certitude que Jisung irait bien aurait pu le remettre sur pieds.

⠀⠀— T'as promis que tu me laisserais pas. Il glissa sa main dans celle de Jisung. Me laisse pas, hein... Il laissa son pouce caresser l'épiderme sèche de l'endormi. Toi t'as jamais peur... Mais moi j'ai peur sans toi. Il reposa son menton contre son poing, il avait du mal à parler et les mots qui restaient coincés dans sa gorge l'étranglaient. Je... je vais pas y arriver sans toi...

Il se mordit violemment la lèvre pour l'empêcher de trembler.

Minho observa son visage. Il n'avait pas l'air paisible, au contraire, et cela le rassurait. Cela voulait dire qu'il se battait, il résistait au repos éternel.

Il était beau son Jisung, il avait beau être en morceaux, plus faible qu'il ne l'avait jamais été et presque mourant, Minho l'admirait. Parce qu'il était fort. Pas seulement physiquement, parce qu'il savait se défendre, surveiller les dangers et tenir plusieurs jours sans manger. Mentalement, car il supportait l'idée d'une fatalité inévitable, car il ne craquait pas. Car il gardait toujours la tête froide et qu'il l'avait supporté durant des années. Minho ne saurait sûrement jamais combien précisément, et peut-être qu'il préférait ne pas savoir. Mais il savait que suffisamment d'années les avaient réunis pour les rendre inséparables.

Dire qu'il pourrait mourir s'il était séparé de Jisung n'était même pas un peu exagéré.

Il resta longtemps assis à côté de lui, très longtemps. Plusieurs personnes étaient venues pour savoir s'il avait besoin de quelque chose, de nourriture, de soins... Et tout ce qu'il recevait, il le gardait pour Jisung. On vérifia d'ailleurs son état, tout irait bien normalement. Il fallait attendre qu'il se réveille maintenant.

Et cela arriva, au bout de plusieurs heures sûrement.

Minho entendit un souffle s'échapper. Jisung semblait s'éveiller, difficilement. Il toussota, poussa une sourde plainte, et Minho s'affola.

Il se redressa, se mit sur ses genoux et surveilla chaque centimètre du corps de Jisung.

Il ouvrit les yeux, petit à petit, il louchait, ses repères étaient perturbés. Pendant un instant Minho crut qu'il avait perdu la vue mais il fut de suite rassuré par le regard perdu de Jisung, qui observait ce qu'il se passait autour de lui.

⠀⠀— Hm, humm...

⠀⠀— Jisung... Jisung, ça va ?

L'autre ne répondit pas. Minho se pencha au dessus de lui, veillant à redresser prudemment sa tête.

⠀⠀— Que... murmura Jisung, mais si faiblement que Minho ne l'entendît pas.

Puis il aperçut les bandages, les tâches de sang. Il écarquilla les yeux en voyant sa cuisse et paniqua. Minho le sentit remuer et comprit.

⠀⠀— Non, regarde pas. Ne regarde pas ta cuisse.

Jisung se mit à geindre douloureusement et à gigoter en voyant sa blessure, comme un animal apeuré. Il tenta de se dégager, eut mal en secouant sa jambe, et Minho dut le maintenir contre sa couchette improvisée, une main sur son torse et l'autre sur sa jambe rescapée.

⠀⠀— Shhhh, calme-toi, calme-toi.... Tout va bien Jisung.

L'autre ferma les yeux et laissa retomber sa tête contre la couverture roulée qui lui servait d'oreiller. Le coeur de Minho se serra en voyant l'expression de douleur sur son visage. Il lui attrapa délicatement sa mâchoire et lui fit entrouvrir les lèvres, pour qu'il prenne un peu de cet antidouleur naturel.

⠀⠀— Gnnnh, argh...

Jisung grimaça et eut un violent relan.

⠀⠀— C'est pas bon, je sais...

Il tira la langue du mieux qu'il put et respira difficilement. Puis Minho se pencha à nouveau vers lui, sa gourde à la main. Jisung le laissa saisir sa mâchoire de ses doigts tachés de son sang séché, pour qu'il lui donne un peu d'eau. La moitié du liquide coula sur ses lèvres et son menton, mais il put boire un peu. Ils recommencèrent, trois ou quatre fois. Jisung n'avait pas bu depuis longtemps et considérant son état, il le fallait bien.

Minho essuya son menton humide et sa nuque dans le même état. Il se retourna et Jisung n'eut pas la force de tourner la tête pour voir ce qu'il faisait.

Il se sentait terriblement faible, il avait l'impression d'être paralysé, d'être aux portes de la Mort et c'était le pire des sentiments. Surtout lorsque Minho à ses côtés, se démenait pour s'occuper de lui, depuis... depuis il ne savait combien de temps, mais longtemps à en juger par la lumière vive du Soleil.

Il avait peur de ne pas y parvenir, de ne pas avoir suffisamment de force pour se battre contre la douleur, pour surmonter les conséquences de sa blessure. L'idée que la vie puisse quitter son corps sous les yeux impuissants de Minho le terrorisait, il ne voulait pas le décevoir, il ne voulait pas le laisser seul. Alors il n'avait pas le choix, il ferait tout pour s'en sortir.

⠀⠀— Minho... marmonna Jisung.

⠀⠀— T'es fatigué, ne parle pas trop, lui conseilla le susnommé, inquiet.

Minho approcha un bol de Jisung, remua un peu le contenu et approcha des lèvres tremblantes du blessé une cuillerée de purée de champignons. Heureusement que ces parasites comestibles poussaient un peu partout.

Jisung tenta tant bien que mal de manger, Minho dut tenir sa mâchoire et l'aider à mastiquer. Il avait la patience pour l'aider et tenait à prendre soin de lui, peu importe le temps que cela prendrait.

Quelques bruits de fond se firent entendre le temps que Jisung se nourrisse, ils ne parlèrent pas, l'un quasiment incapable et l'autre concentré sur sa tâche. Au bout d'un moment, Jisung n'eut plus faim alors Minho reposa le petit bol et essuya prudemment sa bouche. Le plat était loin d'être délicieux mais il le ferait tenir, le temps qu'ils refassent leur stock de nourriture. Le passage des pilleurs était une véritable catastrophe, sur tous les points.

Jisung remua et Minho comprit qu'il essayait de parler.

⠀⠀— Je... je, il balbutiait, parler était un effort un peu trop difficile pour lui. Me souviens de rien... avant... le cataclysme.

Sa voix était atrocement faible et Minho dut ignorer son inquiétude grandissante lorsqu'il se pencha pour coller son oreille à ses lèvres blanches.

Il se redressa et sourit à Jisung.

⠀⠀— Je sais. C'est rien. Ce qui compte, c'est maintenant.

Jisung parvint à entrouvrir un peu plus les yeux, pour regarder Minho. Il était dans les vapes, et il ne comprenait pas lui-même pourquoi il avait avoué ça à Minho. Il avait eu besoin de lui dire, d'être honnête. Se confier à lui le rassurait peut-être, il se disait comme ça que Minho ne le laisserait pas, qu'ils étaient toujours aussi proches. Que même la menace de la Mort qui planait au dessus de lui ne mettrait pas en péril le lien spécial qui les liait.

Difficilement, il contracta son bras, et ce fut à peine s'il le sentit bouger. Mais il réessaya, et parvint à le déplacer de quelques centimètres. Il continua dans sa lancée et réussit à le redresser quasiment complètement. Plus il se forçait plus vite il retrouverait des forces, c'était son raisonnement. Minho le regardait faire, ne voulant pas l'interrompre ou l'empêcher de réussir ce qu'il s'était fixé comme objectif.

Puis enfin, il réussit à atteindre la main de Minho. Il entremêla leurs doigts, du mieux qu'il put, et l'autre raffermit sa prise sur sa main molle. Jisung referma les yeux. Il n'arrivait pas à croire que cela lui avait demander autant d'efforts. Il se sentait terriblement affaibli, épuisé comme pas possible. Mais sentir la paume brûlante de Minho contre la sienne lui faisait du bien.

⠀⠀— Merci, Jisung peina à articuler.

Minho eut un léger ricanement.

⠀⠀— Tu crois quand même pas que j'allais te laisser mourir ?

⠀⠀— Non... merci d'exister...

Un sourire en coin apparut sur les lèvres de l'autre, creusant sa joue.

⠀⠀— Merci de survivre. Et c'est pas un remerciement, c'est un ordre.

Jisung manqua de s'étouffer en riant, puis il grimaça.

⠀⠀— Pu...tain...

⠀⠀— J'ai réussi à te faire rire ? s'étonna Minho en écarquillant les yeux, puis il secoua la tête. Ah non non mais c'est pas le bon moment pour rire Jisung, pas dans ton état.

Il replaça les couvertures sur son blessé pour ne pas qu'il ait trop chaud, et veilla à ce qu'il ne gigote pas trop. Puis Jisung pressa sa main, voulant lui dire quelque chose qu'il murmura près de son oreille.

⠀⠀— L'antidouleur... il commence à...

⠀⠀— Ça marche ?

Jisung hocha vaguement la tête, et Minho esquissa un sourire.

⠀⠀— Je... je te laisserai pas, chuchota Jisung dans la foulée.

Et cette phrase surprit Minho, plus qu'il ne l'aurait cru. Il ne sût pas quoi répondre, il ouvrit béatement la bouche mais rien n'en sortit.

Un silence suivit, durant lequel Jisung planta son regard dans le sien, et même s'il défaillait et se trouvait extrêmement mal, l'intensité de son œillade le fit frissonner. Ces grands yeux sombres fatigués, qui lui exprimaient tellement de reconnaissance et d'affection le rendait faible à son tour. Sous ces grands cils noirs se trouvaient les plus beaux yeux qu'il n'avait jamais vu et qu'il ne verrait jamais.

⠀⠀— Tu sais... reprit Jisung de sa voix fébrile.

⠀⠀— T'es pas obligé, ça te fatigue beaucoup de parler, lui assura Minho.

Mais Jisung fronça les sourcils et lui fit comprendre qu'il avait besoin de lui parler, que c'était important pour lui, quitte à s'affaiblir un peu plus.

⠀⠀— J'aurais peut-être jamais l'occasion de le faire vu mon état... Minho voulut le contredire mais Jisung l'en empêcha. Mais justement... Sache que j'ai peur que la Mort nous sépare. Ils frissonnèrent. Ça pourrait arriver... n'importe quand. Et puis maintenant je suis... je suis pas très opérationnel. Il reprit son souffle, marquant une pause dans son discours, avant de reprendre à voix basse. Alors... ne doute jamais d'un truc.

Il s'arrêta un instant, sans le lâcher des yeux, et posa sa deuxième main sur celle de Minho. Elles étaient rêches mais tenir ses dextres dans les siennes était la plus douce des sensations.

⠀⠀— Oui ? bégaya Minho.

⠀⠀— Ça sera toujours... ça l'a toujours été, c'est nous deux face au monde. Et ça changera pas... Mais surtout c'est toi et moi. Il soupira. Je... T'es tout pour moi, je saurais même pas l'exprimer... Sans toi à mes côtés je sais pas si je me serais réveillé...

Jisung jeta un regard autour de lui, voyant tout ce que Minho avait rassemblé pour le maintenir en vie. Des bandages, de l'antidouleur, de l'eau et de la nourriture...

⠀⠀— C'est normal...

⠀⠀— Non, ce que je veux dire... Il inspira difficilement, mais continua. C'est grâce à toi que je me sens vivant, que j'ai envie de vivre. J'aurais abandonné depuis longtemps si je t'avais pas rencontré. Ensemble on est... on est loin d'être perdus... Avec toi je suis pas seul, et avec toi je me sens moi-même. C'est nul ce que je dis, je...

Jisung se mordit la lèvre. Il détourna ses yeux qui se faisaient brillants et fixa le plafond. Il avait mal, il souffrait. Mais il ne savait pas si son cœur était fatigué de pomper tout le sang de son corps ou s'il ne supportait pas tout le poids de l'amour qu'il avait pour Minho.

⠀⠀— Jisung... C'est pas grave, tu pourras trouver les mots justes un peu plus tard. Il eut un sourire, lui aussi sentait une boule se former dans sa gorge et le coin de ses yeux le piquer. J'suis heureux que tu me dises ça, vraiment.

Alors Jisung tourna la tête pour admirer encore ses deux prunelles brunes.

⠀⠀— J'ai pas besoin de me reposer... il geignit presque. Juste... te dire que... tout l'amour que j'ai pour toi c'est... il cherchait ses mots. Ça fait tellement longtemps, je sais pas comment te le dire à la fin.

Minho ne put s'empêcher de sourire, et une larme roula le long de sa joue alors qu'il se penchait vers Jisung.

Et prudemment, avec toute la douceur du monde, il posa ses lèvres contre les siennes.

Jisung eut l'impression de respirer à nouveau, un baiser de Minho était sûrement le seul remède à tous ses maux. Il ferma les yeux et sentit la perle salée glisser contre ses lippes. Minho fit très attention alors qu'il glissait une main dans sa nuque pour ne pas que Jisung se vide de ses forces. Il mouva ses lèvres et l'autre se laissa guider dans ce baiser. C'était bon, c'était doux, c'était sincère et brut et ça le rendait encore plus beau. Jisung aurait pu sentir son coeur s'arrêter qu'il aurait été heureux, heureux de mourir avec le goût du bonheur aux bords des lèvres. Heureux d'avoir aimer le meilleur des hommes, heureux d'avoir pu dire tout ce qu'il avait sur le coeur.

Jisung reprit son souffle alors que Minho s'éloignait de lui, il avait les lèvres rougies et des étoiles dans les yeux, alors il le supplia du regard de recommencer. Il avait besoin de son contact, sentir sa langue s'écraser contre la sienne lui procurait tant de bonheur qu'il aurait pu jurer aller un tantinet mieux. Leurs nez se frôlaient et la tendresse de Minho faisait encore battre son coeur.

Comment avait-il pu attendre aussi longtemps avant d'avouer ses sentiments les plus profonds, les plus sincères ?

Le risque de la Mort, il fallait croire.

Ils se séparèrent, lentement. Ils eurent du mal mais le souffle erratique de Jisung était à ménager. Minho colla son front à celui du châtain, qui le sentit sourire contre lui. Son souffle s'écrasait sur son arc de Cupidon, il sentait bon le bonheur et la tranquillité à présent.

⠀⠀— Je t'interdis de mourir, il ordonna.

Jisung eut un rictus rieur.

⠀⠀— Non, pas aujourd'hui.

Minho caressa sa joue de la pulpe de son pouce. Son contact était doux, Jisung se sentait bien près de lui.

⠀⠀— Pas aujourd'hui, répéta Minho.

Il s'éloigna un peu, et se laissa de nouveau happé par le regard merveilleux et envoûtant de Jisung, ces deux prunelles rondes et adorables.

⠀⠀— De toute façon, il susurra, même mourir ne nous séparera pas. N'est-ce pas ?







































T H E E N D
( not of the world )























³³³²³⁵































c'est censé être un one shot ouuuuu !??
😅😅 qu'est-ce que c'était long ptn
1ère et pas dernière fois que je publie
de la science fiction, g trop kiffé écrire

CELA DIT j'espère que c'était à votre goût

y'a un moment j'ai skip un peu, sinon
c'était vraiment trop long (entre leur
arrivée et leur baignade, puis leurs 2
journées dans le Village), ct pas ouf

maintenant imaginez ce scénario :
jisung a succombé ses blessures, et
à partir de ce moment-là comme
mécanisme de défense minho a tout
imaginé, parce qu'il supportait pas
sa mort. imaginez juste 😗😗😗

et bien sûr allez lire KILL BILL de
switsung qui va avec cet os 🥰

hydratez-vous bien, lisez et regardez
des œuvres de science fiction.
des bisous <3

linosaur

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