vingt-septième page
𝗹𝗮 𝗹𝗶𝘀𝘁𝗲
Le lit froid fit frissonner le corps presque nu du châtain. Son tee-shirt avait été retiré la veille mais simplement pour mieux sentir la chaleur de son copain. Copain qui avait d'ailleurs complètement disparu de son mobil-home, encore une fois. En sortant de sa chambre, il croisa ses parents qui mangeaient un petit déjeuner. A leur mine, eux aussi étaient fatigués. En leur demandant s' ils avaient croisé Minho, tous les deux secouèrent la tête.
"C'est pas grave, tu le verras tout à l'heure mon lapin. Son père embrassa son front pour lui dire bonjour tandis qu'il s'assit fermement sur sa chaise. Entre la tristesse et la colère le chemin était proche mais il n'allait pas faire une crise maintenant, bien qu'il aurait apprécié se réveiller à ses côtés."
Le petit déjeuner se fit à la va-vite histoire d'avoir suffisamment de temps pour tout ranger et nettoyer. Le petit logement laissait flotter la musique à travers toutes les pièces. Jisung avait eu l'occasion de découvrir pleins de nouveaux titres français alors il ne manqua pas de les faire écouter à ses parents.
Dans sa chambre, tout seul, le châtain se concentrait uniquement sur ses affaires. Ce qu'il adorait le plus dans le fait d'organiser ses vêtements était quand tout rentrait parfaitement dans sa valise, que ses objets ou chargeurs étaient eux aussi dans leurs étuis et qu'il ne reste plus aucunes choses au sol. Plus de chemise bleu assortie à ses chaussures ni de pantalon blanc pour aller avec son débardeur noir. Il aimait se sentir vide quand il nettoyait les poussières ou que son lit devenait blanc au fur et à mesure qu'il pliait les draps. En fait, il préférait ne plus penser à Minho ni à l'immense fossé qui allait désormais les séparer. Sans savoir même s'il reviendra un jour, s'il devait déjà tourner la page ou s'il voulait continuer à très longue distance. La promesse qu'il lui avait faite quelques jours plutôt, Jisung ne savait pas encore s'il allait la tenir.
"Chou ça va? Sa mère venait de rentrer dans sa chambre, alertée par les reniflements de son fils. Effectivement, il n'avait pas l'air au top de sa forme. Bien que ses mains essuyaient ses larmes, elles ne firent que redoubler quand son cœur se serra à la question de sa mère. Apparemment la séance nettoyage ne lui avait pas permis de se sentir moins malheureux."
Jamais il n'avait été influencé par quelqu'un, ça n'était jamais arrivé que son cœur batte autant à la simple vue d'un homme. Les souvenirs encore frais ne faisaient qu'alourdir le poids sur ses épaules. Il avait beau secoué la tête comme pour se défaire d'un papier collant. Les bras de sa mère n'étaient pas aussi réconfortants que les siens ni même ses mots qui essayaient vraiment de le calmer. Rien ne marchait si ce n'était que lui.
"Je sais pas, je suis fatigué je pense. A chaque mot, Jisung devait reprendre son souffle entre les sanglots et les spasmes. Il retira les bras de sa génitrice et cette dernière le laissa, sachant très bien comment gérer ses explosions de sentiments.
- Pleure Jiji, ça va te faire du bien. Tu peux dormir encore un peu si tu veux, on a du temps avant seize heures. Elle referma alors la porte de sa chambre pour plus d'intimité."
Au loin, on entendait la discussion des deux adultes qui s'inquiétaient pour leur enfant, mais ils ne pouvaient pas y faire grand chose malheureusement. Ce n'était pas la première fois que les pleurs de Jisung étaient aussi incontrôlables. Sa psychologue lui avait bien dit de surtout, tout laisser couler et ne pas se retenir. Quoi qu'on en dise, il faut que ça sorte. Son corps se rétracta, sa tête reposa sur ses genoux tandis que ses mains encerclaient ses jambes. Quant à son dos, il se reposait sur le lit, les fesses par terre.
Ce qui l'énervait le plus était juste le fait qu'à tout moment Minho ne serait pas pris en France et retournerait en Corée avec lui. Qu'il pleurait pour rien et allait le revoir à la rentrée comme s'il n'avait pas pleuré la veille de son départ. Et ce qui le rendait triste était qu'il n'y croyait pas une seconde. Il resta dans cette position une bonne vingtaine de minutes, même quand ses larmes ne coulaient plus. Son nez reniflait de temps en temps, ayant trop peu d'énergie pour en prendre soin. Peut-être que ses yeux gonflaient et rougissaient mais il s'en foutait complètement. Qu'est-ce qu'il aurait donné pour être avec son copain en ce moment. Tout, c'était bien ça le plus inquiétant.
Quatorze heures sonna à l'église et les deux familles se rapprochèrent l'une de l'autre. Pour une fois, c'était la famille Han qui visitait leur camping. Jisung avait longtemps stressé par cette dernière rencontre. Encore maintenant sa tête restait basse et ses yeux se focalisaient seulement sur le sol. Le bungalow Hwang se formait peu à peu et seule la mère se reposait sur le balcon.
Elle leur fit de grands signes joyeux et informa les garçons que les vacanciers étaient arrivés. Minjae sortit le premier et évita à tout prix le regard de son camarade. Ses mains reprirent cette fâcheuse habitude de se frotter l'une à l'autre, pour montrer un signe de stress. Alors le plus jeune essaya d'imaginer toutes sortes de choses. Minho avait eu un accident sur la route, il n'était pas rentré de la nuit, il ne voulait plus le voir? Le père de famille sortit lui aussi embrassé avec euphorie son père. Les discussions des adultes emparaient toute l'atmosphère si bien que le garçon face à lui n'arrivait qu'à ouvrir la bouche sans laisser un son sortir. On voyait bien qu'il se forçait à dire quelque chose mais que même lui ne voulait pas se l'avouer. C'était si étouffant que La mère Hwang brisa le silence entre les deux jeunes.
"On s'excuse, Minho ne pourra pas vous dire au revoir, il a un rendez-vous urgent. On entendit un bruit de verre, mais ce n'était que le cœur de Jisung qui venait de se briser."
Il ne pleura pas, aucun son ne sortit de sa bouche de toute l'heure avant de prendre le bus jusqu'à l'aéroport le plus proche. Minjae avait pourtant essayé d'engager une conversation, mais la seule réponse qu'il avait eu c'était un sourire même pas honnête. Pendant toutes ses dernières heures en France, les yeux du producteur louchaient dans le vide. Ses sentiments s'étaient envolés, comme si Minho les avait pris avec lui. Les parents Hwang lui avait posé quelques questions auxquelles il répondit simplement mais en s'efforçant tout de même de rester courtois et polis. Ses géniteurs avaient discerné ce qui n'allait pas.
Ce n'était pas ce pays qui allait lui manquer, ni le stress de reprendre les études, de tout abandonner derrière pour laisser place à un nouveau chapitre. Encore moins ne plus avoir deux mois de vacances sans redouter de ne pas avoir assez d'argent, de dire au revoir aux privilèges d'être encore jeunes. C'était de laisser Minho derrière lui, ses souvenirs qu'ils partageaient avec lui, les premières fois avec lui, sa première fois.
Quand le véhicule qui les emmenait démarra, il espéra encore que la touffe brune de son amant apparaisse, mais ses espoirs s'envolèrent. Pas de message, pas de photo, rien, pas même un souvenir de lui. Dans l'avion, le silence se fit lourd. Ses parents avaient bien deviné que le cerveau de leur fils travaillait à mille à l'heure et pour une fois ils se trompaient. Il ne pensait à rien, dans ses yeux le vide éternel se formait peu à peu. Son casque JBL rouge l'accompagnait toujours, mais ne lui faisait écouter que son cœur qui, miraculeusement, battait encore. Quand son père lui proposa une pêche, il n'accepta pas même si c'était son fruit préféré. Quand sa mère lui avait conseillé de regarder Kiki la petite sorcière, il avait refusé. Quand une hôtesse de l'air lui proposa un thé, il nia la proposition.
Au bout d'un moment ils laissèrent tomber et s'endormirent aux alentours de vingt trois heures quand le repas fut servi. Jisung n'y arrivait pas, la fatigue ne venait pas à lui. Il était las de cette journée et c'était sûrement la pire de toute sa jeune vie. Cela faisait sept heures qu'ils étaient dans l'avion et encore six heures avant d'arriver à Séoul.
A travers le hublot, le soleil avait complètement disparu, il voyait juste les quelques étoiles qui l'entouraient et la lune dans un coin. Sa mère dormait à point fermé sur l'épaule de son père qui se contentait de lire sur son portable. A des moments, ses épaules gigotaient à un passage drôle mais prit garde à ne pas réveiller sa femme. Jisung les regardait de loin, impatient d'avoir une relation comme ses parents. Peut-être qu'un jour il trouvera le bon, celui qui restera près de lui quoi qu'il arrive.
Pour passer le temps, il tria sa galerie et admira les clichés qui remplissaient tout son stockage. Beaucoup de photos de paysage s'affichait sur son écran, de lac aussi. Julie avait piqué quelques fois son portable ce qui expliquait la tonne de photos d'elle et d'Eliot. Il n'avait pas oublié la photo où triomphe Minjae et Kaïs qui avait battu à plate couture deux autres filles au volley-ball. Et bien sûr, Minho apparaissait sur la plupart des images mais ça ne lui faisait plus trop mal, au contraire ça l'apaisait. Surtout quand la photo très matinale que son aîné avait prise de lui-même s'afficha. Qu'est-ce qu'il l'adorait.
On voyait le début de son torse mais pas jusqu'à ses tétons. Ses cheveux sans dessus dessous, par sa faute, ajoutait un côté enfantin au cliché. Les draps blancs de sa chambre mettait en avant sa peau nu bronzé et le sourire qu'il abordait le faisait toujours craquer. De plus, on pouvait clairement voir le bras de Jisung sur le bas de la photo. Il hésita un long moment, et se décida enfin à la mettre en fond d'écran. Après tout, Minho n'allait jamais le voir.
"Chers clients, ne vous annonçons la fin du vol et nous vous souhaitons une bonne journée. Les portes de compartiments s'ouvrirent et la fine lumière estivale fit soupirer les coréens qui se réveillaient doucement."
La famille Han prirent leurs sacs et sortirent mollement du transport. Le soleil coréen à six heures du matin était bien différent du soleil français à dix heures. Plus frais et fatigué mais toujours aussi accueillant. Les valises arrivèrent rapidement sur le plateau tournant et après un bon quart d'heure, la famille de trois partit en direction de leur voiture.
"Je peux conduire? Le père, trop fatigué pour poser trop de questions, accepta la demande de son fils et rentra les valises rapidement avant de s'installer derrière pour dormir."
Sa mère s'installa à ses côtés et une fois tout contrôler, le châtain quitta le parking pour rejoindre l'autoroute direction, chez eux. Le trajet fut lent mais apaisant. Bizarrement, il n'était pas fatigué et plus heureux que la veille. Son portable était resté dans son sac depuis la sortie de l'avion alors nul ne savait s'il avait des messages. Au bout de deux heures de route, la musique se fit plus forte et les rires aussi. Sa génitrice avait commencé un karaoké très aléatoire et Jisung ne pouvait s'empêcher de la trouver drôle. Son père grognait à l'arrière mais avait vite suivi le mouvement quand "Candy" de H.O.T démarra.
Finalement, les cinq heures de route pour revenir à la maison passa rapidement et c'est à douze heures tout pile qu'ils ouvrirent la porte. La fraîcheur des lieux apaisa les cerveaux et sans tarder les valises se vidèrent pour faire des machines. Seulement, le portable de Jisung sonna et il ne s'empêcha pas d'y jeter un œil.
Taeki: on t'attends chez Sei loulou
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro