deuxième dahlia
𝗳𝗹𝗼𝘄𝗲𝗿 𝘀𝗵𝗼𝗽
Les weekends passaient trop vite à son goût. La plupart du temps, Jeongin trainait sur son portable pour voir des vidéos drôles ou satisfaisantes. A la télévision, quelques chaînes arrivaient à le distraire ou bien il terminait un dossier qui devait être finalisé. Son temps libre, il le passait à lire ou jouer aux jeux vidéos. Les choses basiques qu'on fait lorsqu'on ne sait plus quoi faire de ces journées en fait.
Depuis qu'il était arrivé à Séoul, le brun avait perdu tous ses repères. Normalement, ses frères venaient toujours l'embêter dans sa chambre le samedi matin et ils passaient la journée au centre ville ou dans un parc quelconque. Le dimanche, c'était toujours un repas de famille avec des jeux de société. Désormais, c'était seulement la télévision et son ordinateur qui l'accueillait dans son petit appartement. Pas de famille avec qui passer du bon temps. Il n'était pas malheureux, il pouvait très bien retourner à Busan le temps d'un instant. C'est juste que plus rien n'était comme avant maintenant, et ça le rendait nostalgique.
Sauf que ce week-end, Jeongin avait été trop anxieux pour faire quoi que ce soit. Samedi, il l'avait passé à se triturer les doigts, à faire des cauchemars sans pouvoir se rendormir. Dès que son corps osait bouger, son cerveau lui rabâchait toutes sortes de saletés. Il n'arrivait plus à sortir l'image de Chan de sa mémoire. Lundi commençait à arriver trop vite. Son corps avait si peu dormi que le dimanche son estomac n'avala pas un bout, ne serait-ce, de pain.
De plus, l'hiver commençait légèrement à venir, la température de son studio baissait en chute libre. Dehors, on pourrait presque penser qu'il neigeait tant le ciel grisâtre refroidissait le cœur des gens. Les rues étaient vides de mondes, personne ne voulait sortir sous les nuages, ça n'avait rien d'amusant de toute façon.
Jeongin avait bien remarqué que les degrés descendaient rapidement. Ses doigts de pieds commençaient à geler sur le pauvre parquet tout froid et il n'avait rien pour se chauffer. Il s'était roulé dans son plaid et n'osait même plus ressortir de là-dessous. Dedans, son corps se sentait mieux, moins stressé et plus fort. C'était une sorte de cape invisible en fait, comme les bras d'une mère aimante. N'ayant plus la notion de quoi que ce soit, le jeune homme avait fini par sombrer dans cet amas de chaleur.
Le lendemain, quand son réveil sonna pour annoncer une nouvelle semaine, il se demanda sérieusement s'il pouvait devenir un papillon. Comme ça, il n'aura plus qu'à vivre une belle vie sans travail et loin de tous ces problèmes qui l'attendaient sagement à JYP. Mais bien évidemment, sa collègue de travail Yubin comptait sur lui pour se présenter à huit heures pétantes devant leur supérieur préféré.
Un souffle passa entre ses lèvres, personne ne lui demandait son choix après tout. Hyunjin lui passera un savon s'il ne se présentait pas à son poste à l'heure. A contre-cœur, Jeongin s'extirpa de ses couvertures. Son corps était devenu à nouveau froid, ses pas se firent lents, sa gorge sèche et son énergie morte. C'était largement plus agréable d'être dans ces draps.
La porte de la salle de bain passée, le jeune homme s'autorisa à regarder son reflet. Il poussa un cri de surprise en croyant voir un fantôme, mais ce n'était que son reflet. Des cernes plus gros que l'ego de Jiwoo entouraient ses yeux fatigués. Son teint était plus pâle que les nuages et ses globes oculaires étaient aussi rouges qu'une tomate. On pouvait aisément voir que son poids avait aussi chuté de quelques kilos. Il devait sérieusement se remettre sur pied. parce qu'il faisait peur à voir. L'eau chaude raviva doucement sa peau et le savon permit aux petits boutons de se faire exterminer.
Jeongin essaya de réparer quelques imperfections avec du maquillage, c'était déjà mieux que rien. En retournant dans sa chambre, il se prit une grosse claque. Elle était complètement retournée dans tous les sens, c'est à peine si on pouvait marcher quelque part avec cette pile de vêtements qui traînait par terre. Il y en avait partout et de nombreuses bouteilles d'eau en plastique ornaient chaque meubles. Depuis combien de temps ce bazar trainait-il dans sa chambre?
"Mon dieu, va falloir arranger tout ça un jour." Aujourd'hui n'était pas du tout la journée pour être en retard cependant. Jeongin se dépêcha de prendre sa plus belle chemise blanche, fit sa cravate avec application pour enfiler son pantalon. C'était le maximum de ses capacités. Une fois son café avalé, il prit ses clés et claqua la porte. Tant pis pour le petit déjeuner, de toute façon son ventre ne pourrait rien avaler avec le stress qui montait.
Jeongin prit une grande inspiration, ce n'était pas un simple lundi, c'était un lundi avec Monsieur Bang. Il en avait vécu deux des jours comme ça, deux semaines complètes. Heureusement que ce monsieur était parti en voyage, parce qu'il n'aurait pas pu supporter son premier mois avec cette cadence.
Leur supérieur était vraiment strict lorsque cela concernait le travail. Aucune rature, aucune faute et encore moins de bavure n'était tolérée sur les croquis. Ce que le chef supportait le moins, c'étaient les erreurs de calcul dans les devis. Il était capable de faire recommencer tout un dossier rien que pour un chiffre oublié. Son côté tyran avait laissé pas mal de séquelles aux équipes prises sous sa charge, dont celle de Jeongin. Tout juste arrivé dans l'entreprise, le jeunot s'était fait reprendre de nombreuses fois sur ses premiers travaux. Non pas que ses croquis avaient été parfaits du premier coup, mais monsieur Banhg ne savait pas forcément être aimable dans ses paroles. De plus que le brun était quelqu'un de très sensible et n'avait pas l'habitude de se faire crier dessus.
Malgré le peu d'entrain, le jeune homme dût descendre les escaliers et grimpa dans le premier bus qui passait. Avec toutes ses pensées, il avait failli le rater. Plus que dix minutes avant de croiser son regard dur et d'entendre ses reproches.
Banhg ne devait pas être bien plus vieux que lui, peut-être juste deux ans. Le pire, c'était qu'il n'avait pas l'air méchant dans la vie de tous les jours. Mais les deux fois où Jeongin avait été dans son bureau l'avaient traumatisé à vie. Il s'était fait marcher dessus, littéralement. Si la femme de ménage ne les avait pas interrompus à temps, le brun ne serait sûrement pas en vie à l'heure actuelle. Plus que cinq minutes avant de croiser son regard dur et d'entendre ses reproches.
Quand une jeune femme interpella ses passagers de leur arrêt, le cœur de Jeongin s'arrêta pour reprendre plus rapidement. Le bus était arrivé dans les quartiers industriels. Certaines personnes descendirent avec lui, sauf qu'elles n'allaient pas au même endroit. Même la petite mamie devant lui avait tourné au dernier moment dans une ruelle. Il aurait bien aimé un soutien émotionnel aujourd'hui, mais il était vraiment seul face à l'immeuble immense aux grosses lettres JYP.
Jeongin se sentait minuscule ainsi, dans son petit costume un peu large pour lui. C'était sûr, il allait se faire écraser par son supérieur aujourd'hui. L'hôtesse d'accueil l'accueillit avec un grand sourire lorsque le jeune homme passa son badge sur le machine. Des clients étaient en train de discuter avec les employés sur de nouveaux engagements près de la cafetière. Les bureaux transparents laissaient voir les chefs d'équipe qui se préparaient pour leur prochaine mission tandis que le brun arrivait enfin à sa salle de travail. Mine de rien, il fallait traverser une bonne partie de l'entreprise pour arriver aux quartiers des directeurs artistiques.
Un long souffle de soulagement passa la barrière de ses lèvres. Ni Hyunjin ni Banhg n'étaient encore arrivés. Yubin et Chunhee pour leur part, avaient déjà tout préparé sur leur poste. Le brun pressa le pas pour se tenir prêt à son tour.
"Pas trop stressé?" Jeongin demandait tout de même à ses collègues s'ils allaient bien, avant d'affronter le démon. Vu la tête que tirait la jeune femme, son état était semblable aux autres.
"Je veux mourir." Le joli sourire qu'elle abordait fit glousser ses deux collègues, c'était évidemment faux. Juste, le fait qu'elle dise cette phrase si naturellement était assez comique. Il vaut mieux en rire qu'en pleurer après tout.
"Du moment que tu ne vomis pas, on est bon." Plaisanta Chunhee qui était un peu plus détendu que les autres. Pour l'instant, c'était le seul qui échappait aux reproches du grand blond. Peut-être était-ce parce que lui aussi n'était pas cent pour cent coréen?
Jeongin, qui était au milieu d'eux, essayait tant bien que mal de cacher ses mains moites. Ce n'était pas le froid qui les faisait trembler pour une fois. Le brun avait du mal à respirer calmement avec l'anxiété qui s'accumulait dans sa gorge, ça lui prenait carrément les tripes. Chunhee n'avait pas l'air de le remarquer, ce qui l'attrista un peu. Il aurait bien aimé un peu d'aide sur ce coup-là. A l'aide de sa main droite, il massa le haut de son cou comme pour débloquer un nœud à l'intérieur.
"Tu veux du café?" Yubin tourna sa chaise vers Jeongin, apercevant son état déplorable. Elle au moins était observatrice et avait bien capté que le plus jeune se détériorait depuis quelques semaines.
"Je veux bien, s'il te plaît." Dit-il d'une petite voix alors que des petites larmes se coinçaient sous ses yeux. Non, ce n'était pas le moment. D'un vif revers de la manche, il les enleva rapidement avant de reprendre ses exercices de respiration.
"Ça va aller okay ? Tu fais du bon boulot en ce moment, pas de quoi s'inquiéter." La jeune trentenaire posa sa main sur le crâne de Jeongin en se levant, tout en lui lançant un sourire plus chaleureux que l'autre. Elle s'inquiétait vraiment pour lui, et cela avait le don de le toucher. Elle était la collègue parfaite dont il pouvait rêver.
Ses mots rassurants n'avaient pas l'air de fonctionner, lui-même n'y croyait pas. La jeune femme se dévoua pour leur chercher un café et pendant ce temps, les deux jeunes hommes allumèrent leur ordinateur pour trier leurs nouveaux mails. Il y avait des nouvelles revues que de grandes enseignes proposaient, des magazines de mode sur les tendances et des dossiers. Rien de nouveau, les demandes n'avaient pas été relancées non plus.
Les quelques dossiers qui venaient d'être terminés n'avaient pas été reliés. Ses supérieurs n'avaient sûrement pas eu le temps de les examiner depuis la vieille. Eux aussi avaient des choses à faire, surtout avec le retour de monsieur Banhg. En attendant, Jeongin essaya de voir ses prochaines tâches pour la semaine. Il devait réaliser deux croquis pour un nouveau groupe qui allait débuter le mois prochain. De plus, une agence de danse voulait un devis sur la composition d'un DJ de leur agence. Les droits d'auteur n'étaient pas sa tasse de thé, mais Yubin pourrait toujours l'aider de toute façon. Il s'étira et sourit pour une fois en quatre jours, son emploi du temps lui permettra peut-être de sortir plus tôt ce mois-ci.
Seulement, deux coups sur la porte le firent vite redescendre sur terre. Une silhouette imposante était dans l'embrasure de la porte. Étant de contre-jour, on ne voyait pas vraiment son visage, sauf que sa carrure était trop populaire pour ne pas être reconnue. Christ Banhg était bien revenu.
Son esprit fut empli de fracas dont il ne savait que faire. L'air avait semblé s'enflammer d'un seul coup lorsqu'il vit Bang Chris montrer le bout de son nez dans la pièce. Il tenait son image tirée à quatre épingles. Être en équilibre entre deux mondes était sans doute quelque chose qu'il connaissait bien. Le blond était loin devant lui, en tout. Il était beau, à la limite du superficiel comme une petite flamme qui surgissait de nulle part.
Jeongin avait peur de respirer trop fort et de l'éteindre. Son cœur battait la chamade comme un allumé un peu fou, obsédé par la reproduction de son écho. Il lisait dans la persistance de ces images, la fascination du garçon australien dans son monde rigoureusement organisé, réglé au coup de sifflet. Il faisait régner une atmosphère de sérieux et de franchise. Une société où tout le monde, du directeur aux secrétaires, est d'humeur impénétrable. Où les adolescents lui paraissent inutiles et fainéants. Une sorte de monde clos idéal où tous les besoins sont couverts par l'argent.
De sa voix grave, il salua poliment ses employés et cita quelques noms qui relevaient leurs regards vers lui. Jeongin pria intérieurement pour ne pas être pris. Plus les noms passaient et plus le temps s'écoulait. La liste paraissait interminable. Si monsieur Banhg voulait toute la salle, il suffisait de le dire tout de suite ! Chunhee et Yubin ne furent pas appelés, à leur plus grand bonheur. Contrairement à eux, Jeongin s'était fait embarquer parmi les nommés. Il n'avait franchement pas envie de connaître la suite des événements. Son corps voulait juste retrouver son lit douillet et chaud. Pas rester enfermé dans une pièce avec le grand blond qui le fixait sévèrement, prêt à surgir à la moindre faute.
Le brun se leva à contrecœur et se dirigea comme les autres en direction de monsieur Banhg. Ils le suivirent, sans broncher et sans une parole, dans la salle de réunion vide. Les employés s'assirent chacun à leur place attribuée dans un silence lourd de sens. Ils avaient, eux aussi, un peu peur de la suite même si la plupart étaient désormais habitués au caractère de l'australien.
Seulement, les employés se rendirent compte qu'un manquait à l'appel, et c'était Hyunjin. Normalement, tout le monde est censé prendre place aux réunions, surtout les chefs. Peu importe le dossier, personne ne devait s'absenter.
"Bien, monsieur Hwang à un imprévu et ne peut pas venir. J'ai des nouvelles collections qui vont devoir être gérées. Vous avez tous les détails dans les pochettes à votre nom." Monsieur Banhg claqua les quelques pochettes qu'il tenait sur la table, faisant résonner un bruit sourd et désagréable.
Ce qui était énervant chez le grand homme, était que peu importe ce qu'il faisait ou disait, il restait tout de même charismatique. Sa main n'avait qu'à passer dans ses cheveux et les gens tombaient à son passage. Personnellement, ce que préférait Jeongin chez lui était ses grandes mains ornées de bijoux dorés qui lui illuminaient son teint bronzé.
"Monsieur Yang?" Le ton de leur chef était tellement sec qu'ils hésitaient à respirer. Les yeux sombres de l'australien piquèrent droit dans le cœur du brun. Il ne savait plus à présent si Chris était incroyablement beau ou effroyablement beau.
"Oui?"
"Vous allez devoir faire des heures en plus. Votre dossier est bien plus gros puisque votre contrat est plus adéquat." Jeongin se retient de souffler et acquiesça. Lui qui avait pensé au pire, ça il ne l'avait pas vu venir. Ses jambes tremblaient au fur et à mesure que l'australien parlait, quand est-ce que ce cauchemar se finissait?
Le pire était quand ils se regardaient dans les yeux. Un frisson désagréable prenait tout son être. Il y avait une sorte de connexion qui les reliait, une attirance que Jeongin n'appréciait pas du tout mais ressentait tout de même.
La voix forte de Chan caressait ses oreilles, son sérieux claquait sa liberté et les dossiers privaient ses soirs. Le brun était sûr de ne pas finir la semaine sans avoir pleuré un bon coup pour tout décompresser. Quand monsieur Bang revenait, c'était toujours la même chose dans le bureau. Plus de travail et moins de dodo. Il avait toujours été comme ça.
"La prochaine tournée est dans longtemps, on peut s'estimer heureux. Sur ce, bonne journée."
Monsieur Banhg partit, laissant les vingt personnes dans la salle discuter entre eux. Les jeunes comme Jeongin commençaient déjà à se plaindre discrètement de la charge de travail, trouvant que cela était de l'esclavage moderne. Les plus habitués avaient juste rigolé en leur conseillant de ne pas perdre trop de temps. S'ils voulaient finir vite, mieux valait commencer tout de suite.
Pour sa part, le brun ne pensait qu'à partir de là, et du bâtiment en général, mais il n'était que huit heures douces. Son moral n'en pouvait déjà plus. Ses pieds le trainèrent vers sa salle de travail habituelle où l'accueillir ses collègues de travail, demandant des informations sur l'entretien. Il n'avait franchement pas la tête à ça, surtout que son portable venait de sonner.
𝓱𝔂𝓾𝓷𝓳𝓲𝓷:
ce soir je t'emmène quelque part !
j'ai cru comprendre que Chris vous a donné une tonne de dossiers ;)
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