Chapitre 7
Cher Bill, j'espère que tu vas bien. Ici rien de nouveau, enfin si. J'ai décidé de suivre ton conseil. C'est vrai que je suis assez sec avec Lee depuis le début. Je ne comprenais pas mais maintenant j'admets que je suis un peu jaloux et surtout j'ai peur que Freddie me remplace. Je n'ai jamais été premier de rien dans la famille et avec lui, même s'il me rappelle sans cesse que je ne suis pas premier là dedans non plus, je suis le seul à le comprendre comme je le comprends. Et depuis que Lee est arrivé j'ai l'impression que lui aussi me fait passer au second plan... j'ai parlé de tout ça avec Tonks, la copine de Charlie. Elle m'a aidé à me remettre les idées en place et je pense qu'elle a eu raison sur beaucoup de points. Ne t'en fais pas pour moi, je suis bien entouré !
Concernant ton stage, j'espère que tu trouveras quelque chose qui te plaira (tu as tout à fait le niveau pour Gringotts, ne dit pas n'importe quoi).
Embrasse tout le monde pour moi,
George.
Sa lettre achevée, George roula le parchemin et se releva. Il était monté dans la volière afin de s'assurer d'être tranquille pour écrire à Bill. Il choisit comme messager une chouette hulotte qui tendit docilement la patte pour qu'il y attache le petit rouleau de parchemin. Très calme, elle alla se poser sur son bras un peu tremblant pour qu'il la porte jusqu'à la fenêtre.
« – Allez, bon vent ! » aussitôt, la chouette déploya ses ailes et prit son envol, effleurant la joue de George au passage. Il la regarda s'éloigner. Puis des pas se firent entendre, quelqu'un grimpait à l'échelle qui menait à la volière et la bientôt, la tête rousse de Fred surgit de la trappe.
« – Ah, tu es là ! On t'a cherché partout, ou étais-tu ?
– J'étais aux- » commença-t-il avec l'intention de lui parler de la cuisine, mais il s'interrompit en voyant que Fred n'était pas seul. Lee se hissa au dernier barreau de l'échelle et George ne pu s'empêcher de penser qu'il serait tellement facile de le pousser. Il n'en fit rien et se contenta de lui rendre un sourire crispé qui lui irrita la mâchoire. Il devenait décidément un as de l'hypocrisie. Il échangea un regard avec Fred et fut ravi de constater que son jumeau le comprenait toujours aussi bien. « Ce soir... »
***
Il était plus de minuit lorsque le portrait de la Grosse Dame endormie pivota pour laisser passer deux silouhettes.
« – Qu'est-ce que... » marmonna le portrait d'une voix pâteuse.
« – Ne vous en faites pas, rendormez vous ! » elle ne se fit pas prier.
« – Ok George, je te suis !
– C'est par là, il va falloir qu'on descende jusqu'au hall d'entrée.
– Si loin ?
– Suis moi ! » Fred se tut et tous deux descendirent l'escalier en priant pour qu'il ne se dérobe pas sous leurs pieds. Heureusement, ils parvinrent en bas sans encombre.
« – Et maintenant ? » ils étaient devant la porte fermée de la Grande Salle.
« – Chut ! » George dressa l'oreille. Il avait cru entendre une porte claquer quelque part. S'il n'avait que relativement peur de Rusard, il redoutait bien plus Peeves qui pourrait ameuter des gens comme le professeur McGonagall ou pire, Rogue ! Mais le silence était revenu.
« – Par ici. » ils descendirent les escaliers de pierre qui menaient au dortoir des Pouffsouffle et bientôt, le peu de lumière qu'ils avaient eu jusqu'alors les puis rapidement, parvinrent à la hauteur du tableau de la coupe de fruits.
George reproduisit le mouvement de Tonks et, quand la poire commença à s'agiter, il entendit avec satisfaction son frère pousser une exclamation de surprise. Dans un éclat de rire, la poire se changea finalement en poignée que George actionna. Les cuisines étaient éclairées par des bougies lévitantes pareilles à celles de la Grande Salle. Fred le suivit et laissa échapper un soupir d'admiration qui le remplit de fierté. Beaucoup plus sûr de lui, George osa appeler.
« – Goopy ? » Fred sursauta violement lorsque l'elfe apparu devant eux. George appréciait décidément sa position.
« – Oui Monsieur ? » demanda Goopy après s'être respectueusement incliné. « Que puis-je faire pour vous ? » George se tourna vers son frère qui avait à présent l'air ravi.
« – Qu'est-ce que tu veux manger ? »
Les elfes de maisons ne tardèrent pas à s'attrouper autour des deux frères qui se firent un plaisir de leur commander tout ce dont ils avaient envie. La fin de ce second dîner approchant, les elfes prirent l'initiative de leur concocter (ou plutôt de faire apparaître) une ribambelle de petits gâteaux dont ils emplirent leurs poches.
« – Prenons-en pour Lee. » suggéra George décidément de très bonne humeur. Les deux brigands sortirent des cuisines une bonne demi-heure plus tard les poches pleines à craquer de gâteaux en tout genre. La joie de cette découverte fit oublier sa discrétion à Fred qui claironna presque :
« – Et quand je pense que les Poufflsouffle habitent juste à côté ! »
– Chut ! »
Trop tard, en tournant à l'angle du couloir du troisième étage, ils tombèrent nez à nez avec Miss Teigne qui poussa un miaulement sonore.
« – Elle a sûrement appelé Rusard ! On court ! » s'écria Fred. En quelques bonds, ils parvinrent à l'escalier mouvant. Ils le grimpèrent quatre à quatre sans regarder en arrière, montèrent jusqu'au cinquième étage dont ils longèrent le couloir sans trouver de cachette convenable. Hors d'haleine, ils reprirent l'escalier qui, par bonheur les cueillit au bon endroit. Mais alors qu'ils grimpaient en direction du huitième étage, il entendirent s'adresser à Miss Teigne Rusard au-dessus de leur tête.
« – Ou sont-ils, ma mignonne ? »
George poussa un juron. Comment avait-il pu les devancer ? Les jumeaux pivotèrent et dévalèrent l'escalier jusqu'au septième étage. Là, ils n'eurent que quelques secondes de répits avant que les pas précipités du concierge ne se fassent entendre. Ils reprirent leur course effrénée mais ils fatiguaient et Rusard s'approchait dangereusement.
« – Psst ! Par ici ! » avant qu'il ai le temps de réfléchir, une main surgit de la pénombre et prit George par le bras. Tendant sa main libre, il attrapa Fred et se laissa entraîner dans ce qui s'apparentait à... un placard à balais. Hors de danger, il se dégagea de la prise de son sauveur invisible pour saisir sa baguette magique. A côté de lui, Fred l'imita mais :
« - Chut ! » Rusard était à quelque pas de la porte de leur cachette. Tous trois se recrocquevillèrent sur eux-même. Ils entendirent le concierge renifler bruyamment, comme cherchant à flairer le fumet d'élèves désobéissants. George retint son souffle. Enfin, Rusard rappela Miss Teigne et tous deux s'éloignèrent dans le couloir. Ils regardèrent la lueur de sa torche fondre peu à peu dans l'obscurité. Enfin, lorsque la menace fut hors de portée de voix (et de lumière), George murmura :
« – Lumos. »
Il plissa les yeux, ébloui par la lueur de sa baguette.
« – Lee ?
– Tu nous as sauvé la peau mon vieux ! » s'exclama Fred en lui assénant une claque dans le dos. « Sans toi on aurait été mal ! » Lee haussa les épaules avec un sourire modeste qui fondit légèrement lorsqu'il croisa le regard de George. Celui-ci était partagé. S'il était reconnaissant au jeune Gryffondor de les avoir sortis d'affaire, il ne pouvait s'empêcher de regretter les quelques minutes ou Fred l'avait adulé, lui.
« – Je savais que vous aviez vos secrets mais j'aurais pensé pouvoir en être, maintenant. » Lee avait croisé les bras, l'air vexé.
« – Je suis tout à fait d'accord, mais c'est- » George le fit taire d'un coup de coude dans les côtes et fit face à Lee sans savoir ce qu'il allait dire. Il était bien sûr soulagé d'avoir échappé aux griffes de Rusard mais sa fierté lui faisait répugner à accepter l'aide de Lee. Du reste, il restait tout de même fort sympathique et puis...
« – On t'a rapporté des trucs. » finit-il par marmonner. Il fouilla sa poche et en sortit un cupcake qu'il lui tendit sans le regarder. Cela parut suffire à Lee qui sourit jusqu'aux oreilles et George ne put empêcher un sourire conciliant d'illuminer son propre visage.
Il faudrait à George encore quelques années pour réaliser que, contrairement à la plupart des gens qu'ils avaient rencontrés depuis leur arrivée au château (et accessoirement, leur proprement mère), Lee ne les avait pas confondus une seule fois. Ainsi naquit le trio le plus casse-cou de sa génération.
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