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𝟎𝟎𝟔.

𝘊𝘩𝘢𝘱𝘪𝘵𝘳𝘦 6 - 𝘓𝘦 𝘮𝘦𝘳𝘤𝘦𝘯𝘢𝘪𝘳𝘦 𝘧𝘢𝘯𝘵𝑜𝘮𝘦

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Aenemys Velaryon

Elle poussa un soupir de contentement. Le silence ambiant de la nuit était brisé par des bruits étouffés, dans la semi-obscurité de la pièce. Le bruissement des draps accompagnait les murmures prononcés alors que ses lèvres humides parcouraient sa clavicule. Son souffle contre sa peau, ses caresses le long de son corps qui s'unissait au sien, tout était intense. Trop intense.

"Aenemys." Elle l'entendit susurrer ces mots avant d'ouvrir brusquement les yeux.

Aenemys Velaryon se réveilla en sursaut dans son lit, se redressant immédiatement, désorientée, regardant autour d'elle avant de comprendre qu'elle avait rêvé. Le souffle court, son cœur tambourinant dans sa poitrine à lui en faire mal, elle peinait à faire retrouver un rythme normal à sa respiration.

Qu'était-ce donc cela ?

Son corps tremblait légèrement se remettant, lui aussi, de toutes ces sensations qui lui avaient paru si réelles. La Velaryon sentit le feu lui monter aux joues en prenant conscience de la nature de son rêve, honteuse d'avoir eu de telles images dans son esprit avec lui.

Elle ne savait pas si elle était rassurée que tout cela ne soit qu'un rêve, ou au contraire déçue que cela ne soit pas la réalité, mais il était clair que Daemon Targaryen avait un effet sur elle qu'elle n'arrivait pas à contrôler.

En tout cas, pas quand elle dormait.

Elle regroupa ses genoux contre sa poitrine avant de poser son front sur ceux-ci et d'exhaler. Elle releva la tête en entendant la porte de sa chambre s'ouvrir laissant place à une tête rousse.

"Vous avez fait un cauchemar ma dame ?"

Son front luisant laisser comprendre qu'elle avait transpiré et ses draps pouvaient faire croire qu'elle s'était battue dans son sommeil. Il était évident qu'elle s'était sentie fiévreuse, mais il n'était pas difficile de savoir pourquoi.

Un ricanement lui échappa avant d'étirer ses lèvres dans un sourire gêné. "On peut dire ça, oui." Elle marqua une pause avant de regarder la femme qui se tenait proche de l'entrée de ses appartements. "Que fais-tu ici à une heure si matinale Jaede ?"

Le soleil était encore, seulement en train de se lever. La domestique étira un sourire avant de secouer la tête. "Vous ne vous souvenez pas ? Vous m'avez demandé de venir vous réveiller aux premières lueurs du jour, si vous ne l'étiez pas pour avoir tout le temps qu'il vous faut pour vous préparer pour le-"

"Tournoi !" s'exclama soudainement Aenemys, après avoir coupé la parole à sa servante, en bondissant de son lit. "Mais oui, bien-sûr. Quelle idiote je suis ! C'est la première journée aujourd'hui. Et ma tante et mes cousins vont sûrement arriver !"

Sa réaction amusa l'autre personne présente dans la pièce. "Faisons vous couler un bain car vous êtes toute luisante de transpiration et il est hors de questions que vous ayez l'air d'une souillon devant tant de prétendants."

Aenemys arqua un sourcil en regardant la rouquine. Celle-ci ignora le regard de sa maîtresse qui la fusillait sur place. "Chacun des chevaliers célibataires présent pourrait s'intéresser à vous, vous le savez bien."

"Alors j'espère qu'ils seront tous mariés avec beaucoup d'héritiers" dit-elle avec impertinence, n'ayant pas l'intention de faire office de convoitise chez qui que ce soit pour l'instant - bien que c'était, pourtant, déjà le cas.

Jaede eut un sourire amusé, peu surprise par la réponse de sa maîtresse. Elle se disait que si elle commençait à la préparer au fait que les hommes allaient de plus en plus se mettre à la courtiser, le jour où elle aurait à se marier, la transition serait moins brutale.

"Vous pourriez être agréablement surprise."

"Tu as raison. Je pourrais. À eux d'agréablement me surprendre mais je ne leur faciliterai pas la tâche."

"Je pense que vous n'avez pas à vous inquiéter du mariage." La Velaryon regarda sa domestique étonnée. Était-elle au courant de quelque chose qu'elle ne savait pas. "Votre caractère va tous les faire fuir." Cette phrase sonna comme une remontrance et comprit que les paroles d'avant n'étaient juste qu'un concentré d'ironie.

"Au moins ils sauront dans quoi ils s'engagent" marmonna-t-elle lâchement, n'ayant pas la témérité à tenir tête à sa domestique. Elle pouvait vraiment faire peur quand elle s'énervait et elle le savait d'expérience.

La rouquine finit par sortir de la chambre pour aller préparer l'eau chaude du bain.

Jaede avait été la domestique qu'on lui avait attribuée à son arrivée à la capitale et la suivait donc depuis dix longues années. Enfin elle n'avait pas été la première mais celle qui avait tenu le choc.

En arrivant au Donjon Rouge, Aenemys s'était montrée très turbulente. Le fait d'être auprès d'une autre partie de sa famille - qui était pour elle, à l'époque, presque tous des inconnus - n'avait pas compensé le fait d'être séparée de celle avec qui elle avait passé le plus de temps et grandi.

Alors, au départ, avec son esprit d'enfant de huit ans, elle avait imaginé un plan parfait pour qu'on la renvoie chez elle, à Marée Haute : rendre la vie impossible aux domestiques, septas et aux gardes. Si elle avait un comportement inapproprié pour la cour, on ne la garderait pas là-bas. C'était un raisonnement logique dans sa tête.

Elle voulait être si insupportable qu'on la chasserait de Port-Réal. Et son tempérament de feu avait rendu la chose possible. En théorie en tout cas. Car il en fallait plus pour effrayer la reine et le roi visiblement.

Dans un premier temps, le comportement de la Velaryon avait beaucoup amusé le roi. Oui, cela le faisait rire de voir les habitants du château s'arracher les cheveux à cause d'elle. "Ce n'est qu'une enfant, il faut bien qu'elle s'amuse. Elle n'a rien fait qui soit vraiment condamnable." Ceci était les mots que répétaient le roi à chaque fois que Ser Harrold Ouestrelin se présentait devant son suzerain pour lui partager les plaintes de certaines domestiques.

Cependant, la reine Aemma, sa tante avait décidé de prendre elle-même cette histoire en main après un léger incident. En tant que cousine responsable, Aenemys avait suivi et encouragé Rhaenyra - à ce moment-là âgée de cinq ans - après lui avoir soufflé l'idée, quand celle-ci avait voulu escalader un arbre.

Il était évident que les cris de la septa de la princesse ou ceux de la domestique du moment de la Velaryon n'avaient fait qu'amuser plus encore les deux enfants. Ce jour-là, Ser Harrold avait failli faire un malaise sous toute l'inquiétude qu'il avait ressenti. Il s'était aisément imaginé les deux filles tomber et se rompre le cou et lui la tête sur le billot en conséquence.

Les deux cousines avaient fini par redescendre quand la reine était arrivée suivie de la septa de sa fille qui était venue la trouver. C'est ce genre d'évènement qui avait valu à Aenemys d'être surnommé de "petite furie" par le garde royale ou qu'on dise d'elle qu'elle avait "un comportement de sauvage".

La reine ne comptait pas renvoyer sa nièce, cette dernière , en plus d'être de son sang, était adorable avec le couple royal et leur fille. Elle avait vite cerné le petit jeu, auquel la fille de sa défunte sœur, s'était prêtée. Elle savait qu'elle finirait par se calmer, il lui fallait quelqu'un avec assez de poigne et d'autorité pour la cadrer.

Un nombre exponentiel de femmes de tout âge avait défilé devant la reine. Elle avait même laissé des femmes des plus basses naissances se présenter devant elle. Des femmes plus expérimentées que d'autres, certaines moins compétences que d'autres. Plus qu'une femme de chambre, il fallait quelqu'un avec une personnalité assez imposante pour impressionner Aenemys.

Puis Jaede était apparue, dans un accoutrement digne des teneuses de bordel de Culpucier, une cape sur le dos en plus. Ça avait été elle, à l'instant où les yeux de la reine s'étaient posés sur son visage.

Jaede avait été plus qu'une simple domestique. Elle avait dû endosser plus d'un rôle et remplir plus de besognes qu'une femme de son statut le faisait d'ordinaire. Elle avait été sa femme de chambre, sa dame de compagnie, sa gouvernante et Aenemys ayant catégoriquement refusé une septa, ne voulant pas vivre le même enfer que Rhaenyra et ayant une déjà reçu une éducation religieuse quand elle était à marée haute, Jaede avait aussi accompli la tâche de finir son éducation religieuse - alors que personne n'avait attendu ça d'elle, pensant tous que la rousse ne possédait pas elle-même de savoir quant à la foie.

Après plusieurs allers-retours et d'autres préparations, Jaede avait finalement fini de préparer le bain d'Aenemys. Appuyée sur le bord de la cuve, la rousse passa sa main sur la surface de l'eau pour vérifier la température de celle-ci avant de relever la tête vers sa maîtresse.

"Sinon, il y a toujours l'auteur mystérieux du cadeau." La Velaryon la regarda sidérée quand elle prit conscience que sa femme de chambre attaquait de nouveau le sujet dont elles débattaient auparavant. Elle n'avait pas perdu le sens de ses intérêts.

Son regard sondait la rousse, un léger sourire fourbe apparaissant sur son visage. Aenemys savait que Jaede se doutait qu'elle connaissait l'identité de l'envoyeur.

Aenemys posa ses yeux sur le livre posé sur sa table basse et ne put s'empêcher d'étirer un sourire. Elle s'approcha de l'objet et frôla du bout des doigts la couverture de celui-ci avant de le prendre en main.

Elle savait très bien de qui il venait. Ou du moins elle en avait sa petite idée, pour la simple et bonne raison que parmi la pile de livres qu'elle possédait, elle n'en possédait qu'un semblable à celui qu'elle tenait à présent. Et celui-ci aussi avait été un cadeau.

Son cadeau. Le premier et l'unique qu'il lui avait fait, déjà quelques années auparavant. Enfin jusqu'à maintenant.

Elle le reposa sur la table basse avant de se retourner vers Jaede. "Effectivement, il reste toujours ce mystérieux.." Elle ne savait comment le qualifier.

"Adulateur ?" proposa Jaede en guise de fin de phrase. Aenemys pouffa en imaginant la tête du prince Daemon s'il savait qu'on le qualifiait de la sorte.

"Oui, adulateur, on peut dire ça" s'en amusa-t-elle. En se dévêtant, Aenemys gloussa silencieusement en secouant la tête. Quelle drôle d'idée.

"C'est donc un courtisan et pour une fois cette idée n'a pas l'air de vous déplaire" certifia Jaede alors que sa maîtresse se glissait dans l'eau.

"Appelle ça comme tu veux" céda-t-elle. La domestique étira un sourire vainqueur. Aenemys n'avait pas nié. Elle n'avait même pas essayé. Et pour la rousse, cela signifiait beaucoup.

"Vous êtes donc courtisés."

Aenemys se contenta de sourire avant de ramener ses jambes contre elle pour avoir la place d'immerger totalement sa tête.

Jaede était si loin du compte. Elle n'était pas courtisée par l'expéditeur de ce livre, elle était son nouveau jeu. Mais il était vrai que cela plaisait énormément à la Velaryon que le prince essaie, pour une raison qui lui échappait encore, de s'attirer ses faveurs.

Aenemys était déjà lasse alors que la journée n'avait pas encore commencé. Et celle-ci promettait d'être longue. Et éprouvante.

"Elle est là !" s'exclama la voix de Corlys Velaryon alors qu'il parlait avec sa femme, leurs enfants à leur côtés.

"Aenemys !" s'exclamèrent en cœur les deux enfants.

Laena trépignait sur place en regardant ses parents pour avoir l'autorisation de courir vers elle, tandis que Laenor ne s'était pas donné cette peine. La Velaryon avait senti les petits bras de son cousin s'enrouler autour de sa taille, manquant de la faire tomber, ce qui la fit rire.

Elle tendit ses bras à Laena quand elle arriva vers eux et se pencha vers elle pour l'enlacer. Ils avaient tellement grandi mais elle les voyait toujours comme des bambins avec leur jolis petits minois.

"Que vous êtes beaux tous les deux ! Vous êtes pressé que le tournois commencent ?"

Les deux frères et sœurs se regardèrent avant d'hocher vivement la tête un sourire jusqu'aux oreilles. C'était sûrement le premier tournoi auquel ils devaient assister, elle comprenait leur engouement, qui l'amusait fortement.

"Aurais-je l'honneur d'avoir le même accueil ?"

Aenemys releva la tête vers sa tante et vit son sourire se dessiner sur son visage avant qu'elle n'écarte les bras dans lesquelles sa nièce se précipita pour l'enlacer en riant.

"C'est pour toi que je réserve le meilleur à chaque fois tante Rhaenys."

A contrario de son oncle, Aenemys pouvait utiliser un peu plus de familiarité, dans son langage, quand elle s'adressait à la Reine qui ne le Fut jamais. Elle en ignorait la raison. Pour elle, cela était de ce qu'il y a de plus banal car d'aussi loin pouvaient remonter ses souvenirs, cela avait toujours été le cas.

Plus qu'une tante, pendant les huit première années de sa vie, Rhaenys avait rempli la fonction de mère aussi. Et même quand elle a elle-même été mère, elle n'a jamais délaissé Aenemys et cela à ses yeux voulait tout dire. Maintenant qu'elle était adulte, Aenemys savait qu'elle avait eu plus d'une occasion et raison de ne plus se consacrer autant à elle quand elle était petite. Et même encore maintenant. Après tout, son père l'avait fait.

La princesse avait donc été sa première figure maternelle, et pour ça, Aenemys lui en serait à jamais reconnaissante. Elle lui avait appris à être une femme forte, et la Velaryon était sûre que cela avait joué dans sa vie à la cours.

Le Serpent de Mer avait posé ses deux mains dans le dos de ses enfants avant de les pousser légèrement, les incitant à avancer, pour laisser les deux femmes seules.

Dans les bras de celle qu'elle considérait comme sa mère, Aenemys poussa un soupir de complaisance mais à travers cette exhalation la Targaryen avait pu ressentir toute la maussaderie de sa nièce.

L'impression qu'avait Rhaenys, à propos de l'amertume de la Velaryon, se confirma quand elle sentit son emprise légèrement se resserrer.

Cette étreinte était plus qu'une simple étreinte. C'était une véritable bouffée d'oxygène pour Aenemys. Elle était si souvent séparée d'une part de sa faille et bien qu'elle s'était habitué et aimait sa vie à part Réal auprès de sa tante, la reine, et sa cousine, la princesse, il fallait dire qu'être loin des souches Velaryon pouvait lui manquer.

Elle se sépara de la princesse Rhaenys après quelque instant et regarda par-dessus l'épaule de celle-ci avec l'espoir inconscient d'y voir son père. Elle poussa un léger soupir, déçue, avant de reposer ses pupilles brunes sur la Targaryen.

"Ton père est resté à Lamarck" l'informa-t-elle pour qu'elle évite de se bercer d'illusion trop longtemps. Autant attaquer le vif du sujet directement.

"Évidemment." Elle souffla ses mots un sourire figé sur son visage, complètement déconvenue.

"Je suis sûre qu'il aurait aimé être là" dit Rhaenys ne croyant même pas à ses propres mots dans l'espoir que ses paroles puissent apporter un peu de réconfort à sa jeune nièce.

Aenemys se contenta de sourire. Un sourire rempli de tristesse et d'amertume qui disait « Nous savons toutes les deux que c'est faux. »

"Il fallait quelqu'un pour garder Lamarck et rester à Marée Haute." Cette explication était vraie mais cette véracité pouvait porter à interprétation si on ne connaissait pas la vérité. Vaemond Velaryon n'était pas resté à Marée Haute par devoir, non, loin de là, mais par ambition et ça, même sans avoir vu son père depuis dix ans, Aenemys pouvait l'assurer. Le frère du Serpent de Mer avait dû se proposer avec vigueur pour occuper le trône de Bois flotté pendant ne serait-ce qu'un instant. Cela, sa fille n'en doutait pas.

"Heureusement qu'il est là alors" dit-elle d'un ton railleur.

Rhaenys se contenta d'étirer un sourire compatissant et exhala avant de passer sa main sur les cheveux d'Aenemys, comme une mère avec sa fille. Comme elle le faisait parfois avec Laena.

"Allons nous installer veux-tu ?" lui incita la matriarche. Sa nièce répondit par un hochement de tête, et toutes deux se mirent en marche vers les loges du tournois.

"J'espère que les combats vaudront le coup" partagea la fille à la peau halée. La princesse expira d'amusement en levant les sourcils, exprimant son avis plus qu'avec des mots.

"Ces hommes tu sais..." Aenemys étira un sourire quand sa tante prit la parole. Plus que partager sa façon de passé - chose qui était toujours très plaisante pour la plus jeune - elle allait dire des vérités que tout le monde préféraient ignorer et ça, elle le savait. Rhaenys Targaryen était une femme intelligente et vive d'esprit. "Ils attendent une occasion de livrer bataille depuis si longtemps, je suis sûre que certaines joutes seront plus sanglantes que nécessaire."

"C'est idiot. Ils devraient se réjouir de la paix." Tout cela était des plus aberrant aux yeux de la jeune femme.

"Tu as raison. Mais à la place, ils n'attendent qu'un conflit pour déterrer la hache de guerre."

"Alors qu'ils seront les premiers à se cacher derrières leur forteresses et à envoyer leur hommes périr" ricana Aenemys. Sa tante s'exclaffa en réponse avant d'hocher la tête.

Rhaenys passa son bras autour de celui de sa nièce. "Tu es vraiment une jeune femme maligne."

"On me l'a déjà dit. Apparemment je tiens ça de ma tante."

En réponse, Rhaenys afficha un sourire attendri.

A présent Aenemys en était persuadée. Elle passerait une bonne journée et ni son père, ni quelconques prétendants, ni le prince Daemon ne pourraient entacher cela. Elle prendrait du plaisir à observer - peut-être avec jugement - les joutes et s'amuserait avec ses amies.

Si seulement les choses avaient pu se passer ainsi...

♕♕

Dyron Bolton

Dyron Bolton se baissa légèrement pour sortir de sa tente, sa main poussant le tissu de l'entrée de cette dernière. En resserrant ses canons d'avant-bras, il observa le campement qui avait été établi pour le tournoi en l'honneur de l'héritier.

Il analysa, attentivement, les chevaliers et les drapeaux qu'il pouvait apercevoir. Baratheon, Stark, Mallister, Lannister, Hightower, Corbray, Tully, Tyrell, Tarly et d'autres armoiries différentes à perte de vue. Des combattants venus de tout le royaume avaient été envoyés pour ce tournois.

Enfin "combattant" était un bien grand mot, la plupart n'avaient, en rien, l'air de soldats. Des chevaliers de tournois voilà à quoi ils ressemblaient, ce qu'ils étaient et la plupart ne serait jamais plus.

Son attention fut attirée vers des éclats de voix venant de la tante devant laquelle était plantée le drapeau Lannister. Devant celle-ci, deux hommes.

"Tu verras Baratheon, je serais celui qui accumulerai le plus de victoires lors de ce tournois" s'exclama le blond ce qui poussa l'homme en face de lui à s'esclaffer, plus que nécessaire d'ailleurs.

En entendant cette querelle des plus puériles, Dyron ne put s'empêcher de ricaner doucement en secouant la tête reportant son attention sur le ficelage de son équipement. Il n'y avait que des hommes qui n'avaient jamais vraiment combattu pour se lancer dans un tel combat de coq juste pour de simples joutes.

Ne prêtant plus attention à cet échange qui ne lui importait guère, le brun ne vit pas l'écuyer du Lannister lui chuchoter à l'oreille.

"Et toi ! A la bannière avec un écorché."

Dyron leva la tête vers eux. Il entendit du bruit derrière lui et comprit que Karden - l'écuyer que son père lui avait collé contre sa volonté, et, qui, avait donc fait route avec lui, depuis Fort-Terreur - venait de sortir de la tente où il l'avait aidé à vêtir les différentes partie de son armure.

"Mon seigneur à Castral Roc ne vous a-t-on jamais appris que l'écorché était le symbole de la maison Bolton ?" Dyron avait dit ces mots avec indifférence mais un légère pointe d'arrogance était perceptible dans son regard.

"Bien-sûr que si !" répondit le Lannister avec dédain avant de regarder autour de lui en riant incitant les hommes autour à l'imiter. C'était visiblement quelqu'un qui aimait accaparer l'attention.

Quelques hommes eurent de léger ricanement mais la plupart préférait sans doute ne pas prendre part à - comment même pouvait-on nommer cela ? - cette démonstration de puissance du Lannister, n'ayant même pas connaissance de l'origine de l'aversion soudaine de ce dernier envers le Nordien.

Bien, qu'il en soit ainsi. Dyron avait la réponse à sa question. Il savait désormais comment agir. "Alors toi à la bannière avec un lionceau arrogant, tu peux m'appeler Bolton comme tu appelles le Baratheon par son nom."

Un grand silence frappa le périmètre du camp dans lequel il se trouvait, tous le regardant comme s'il était fou. Dyron n'était peut-être pas le futur seigneur de Fort-Terreur mais il ne laisserai pas un homme à la même position que lui, lui manquer de respect.

Si tous les chevaliers autour d'eux n'avaient pas forcément prêter leur attention à cette amorce de conflit, tous maintenant avaient les yeux rivés vers les deux hommes, chacun au pied de leurs tentes, se demandant la tournure que cela allait prendre.

Sûrement la plupart souhaitaient que cela en vienne aux mains pour qu'ils aient encore plus de divertissement. Cela était pitoyable de ressentir un tel besoin déverser le sang alors que la plupart d'entre ne survivrait dans un champ de bataille sans une ribambelle d'autres soldats prêts à donner leur vie pour que la leur soit sauvée.

Le Lannister dont il ignorait, et se fichait, du nom le regarda, outré que le nordien l'ai interpellé et tutoyer comme si il était un simple garçon d'écurie, mais étant donné que le blond ne s'était pas donné la peine de faire de commodité envers lui, Dyron s'était senti obligé de lui rendre la pareille.

Il étira un sourire forcé. "Très bien, Bolton." Il insista sur son nom en le prononçant. Dyron leva un sourcil. "Etais-tu en train de t'amuser de moi ?"

"Oui." Sûrement s'attendait-il qu'il se mette à se confondre en excuse. Il ne le ferait pas. Ce Lannister était complètement ridicule et il avait ri de lui et le referai s'il faisait d'autre démonstration de sa stupidité égocentrique.

"Mon seigneur vous ne devriez pas plutôt" tenta son écuyer.

"Karden." Se tenant les mains et déhanché, le fils de l'actuel seigneur de Fort-Terreur avait interpellé son écuyer sans même se retourner ou lui adresser un regard.

"Oui mon seigneur ?" Le jeune homme leva la tête, aspirant à être enfin sollicité par l'homme qui n'avait fait que repousser son aide, la plupart du temps, depuis le début de leur périple.

"Tais-toi s'il te plait." La voix grave du nordien avait figé le jouvenceau à la chevelure marron. Son ton était resté calme que depuis lé début de son échange avec le Lannister mais avait été ferme. Assez pour lui faire comprendre que cela était un ordre.

"Euh, oui, bien-sûr mon seigneur." Kardan hocha vigoureusement la tête avant de la baisser légèrement de reculer d'un pas. Il avait intégré le fait qu'il ne devait pas intervenir. Mais le fait qu'il avait connaissance que le chevalier qu'il servait pouvait très bien gérer ce qui allait se passer même si la situation prenait une tournure plus violente ne le rassurait pas. Bien au contraire.

« Essayez de ne tuer personne avant le début du tournoi » C'était ce que l'écuyer aurait dit s'il ne redoutait pas Lord Bolton.

Le Lannister poussa brutalement son propre écuyer sur le côté avant d'avancer furieusement vers le Nordien. Ce dernier le regardait réduire petit à petit les mètres qui les séparaient, sans bouger, calmement, pas le moins impressionné du monde par cet air menaçant, avant d'exhaler.

Il cligna mollement des paupières avant de poser un regard glacial sur l'homme qui allait arriver à sa hauteur. Clairement, sa voix s'éleva et s'abattit comme un vent d'hiver qui fouettait votre peau. "Vous devriez vous épargner. Il ne faudrait pas que vous vous fatiguiez, ou pire encore, que vous vous blessiez avant le début des joutes, et ne puissiez être le champion du tournoi.

Le Lannister s'était stoppé, à l'instant, où, le timbre froid de l'homme aux boucles noires était parvenu à ses oreilles. L'écuyer de celui-ci ainsi que l'homme qu'il affrontait avant cet incident en profitèrent pour le rattraper.

Le cerf plaça sa main sur la plastron du blond. "Il suffit Lannister, ne perd pas ton temps avec la racaille nordienne."

Une fois de plus, en entendant cette "insulte", qui était aussi une provocation non dissimulée, Dyron ricana. Il se retourna vers sa tente en secouant la tête. Son écuyer le regardait avec des yeux ronds.

"Pourquoi fais-tu cette tête ? Tu n'as pas de travail à faire ?"

"Si, si, mon seigneur, c'est juste que..." Karden se montra hésitant, son regard ne s'étant pas décroché du Bolton.

"Qu'y a-t-il donc ? Parle."

"J'ai trouvé cela impressionnant la façon dont vous avez géré les choses." Le jeune garçon avait avoué cela comme s'il s'adressait à une palefrenière pour qui il était tombé amoureux. Chose qui amusa grandement le chevalier.

"Le fait que tu aies trouvé cette tentative d'intimidation impressionnante me prouve une nouvelle fois que tu ne connais rien à la vie Snow."

Oui, Karden était un bâtard. Et pas n'importe lequel. Celui de Lord Karstark. En général, les écuyers étaient de garçon de noble naissance, chose qui n'était pas le cas de Karden. Enfin à moitié. A sa façon de se comporter ou à celle de s'exprimer, cela était flagrant. Dyron ne savait quel accord avait bien pu être passé pour que son père l'oblige à prendre le bâtard du seigneur de Karhold sous son aile mais une chose était sûre, il était bien présent et pas des plus discrets.

Dyron reprit où il en était avant d'être interrompu par Lord Lannister et s'assura que les liens de son deuxième canon d'avant-bras résistaient.

"J'espère en apprendre beaucoup." La voix timide de son écuyer parvint jusqu'à lui et il s'arrêta une nouvelle fois dans son activité pour lever les yeux vers lui. Karden déglutit avant de rendre avec le plus d'assurance qu'il lui était possible d'avoir - c'est-à-dire très peu. "Je veux en apprendre davantage avec vous."

Karden s'était exprimé de façon décidé avec sa version à lui d'un ton ferme. Le Bolton arqua un sourcil avant de complètement relever la tête vers son interlocuteur. Ça, c'était surprenant. Ses yeux ne se détachèrent pas du bâtard qui commença à se sentir mal à l'aise, son élan de courage s'envolant comme il était venu. Dyron scanna alors l'écuyer du regard, soudainement intrigué.

Il finit par étirer un sourire en coin. C'était la première fois qu'il s'imposait de la sorte. Enfin bien qu'il lui en faudrait beaucoup plus s'il voulait qu'un jour les gens le respectent. Plus que n'importe quel homme de basse naissance, car en plus de son statut social, il était un bâtard. Et se retrouver entre deux mondes comme cela était bien plus compliqué que d'appartenir clairement à l'un d'entre eux.

Karden déglutit en entendant le petit ricanement, presque inaudible, moqueur du seigneur. Cela l'amusait légèrement et, surtout, il avait piqué sa curiosité.

"Il va falloir t'endurcir." Cette remarque n'avait rien de hautain ou de mesquin. Avec son éternel ton flegmatique, Dyron avait juste relevé un fait.

Karden n'avait jamais été aussi fière de lui. Cette phrase, à ses yeux, était plus encourageante qu'autre chose. Cela était bien la chose la plus gentille qu'avait pu lui dire le seigneur depuis qu'il le servait.

Avec force, le Snow opina du chef. "Je le ferai." Un sourire sur le visage, il resta là à regarder le chevalier. Il était fière d'avoir exprimé sa volonté mais la niaiserie qu'il affichait commença à ennuyer le Bolton.

"Si tu fais bien ton travail pendant notre séjour à port-réal je te garderai peut-être." Cette fois-ci, bien que motivante, la sentence sonna comme une menace. Si il restait face à lui à le regard l'air incrédule, l'homme de Fort-Terreur allait finir par l'utiliser lui à la place d'un mannequin en paille à son prochain entrainement.

Karden tressauta avant de se reprendre et de partir presque en courant pour remplir ses tâches. Dyron s'assit sur un banc posé devant sa tante. Les coudes appuyés sur genoux, il reposa son front sur ses mains avant de fermer les yeux, se concentrant.

Avant de se battre il était toujours bon d'avoir un moment de calme, de méditation, de relâchement, quelque chose d'évacuateur pour la personne. Libre à chacun de choisir le moyen qui leur permettait de se vider l'esprit avant de focaliser leur attention sur leur objectif.

Cependant, Dyron n'avait pas réussi à se débarrasser de ses préoccupations durant son cheminement jusqu'à la capitale. Il était arrivé dans le sud avec son lot de problèmes, plus tourmenté que jamais et dans ce genre de situation, les moments où on était seul avec soi-même, il les évitait car les souvenirs, les tracas de l'âme en profitaient pour ressurgir.

« Tu as de la chance qu'on ai pu régler cela avant que cela prenne de trop grandes proportions. »

« Parce qu'exécuter un innocent pour vous c'est signe qu'on a su maîtriser les choses ? »

« C'est une solution comme une autre et c'est la moins conséquente et la moins déplaisante qui s'offrait à nous. »

« Une solution ? C'est comme cela que vous nommez cette exécution ?! Et ôter la vie d'un innocent vous ne trouvez pas cela déplaisant ? »

« Pourquoi te plains-tu ce n'était qu'un bâtard. Dans le nord des Snow, il y en a à perte de vue. Cela en fera juste un en moins. »

« Il ne s'agissait là que de n'importe quel bâtard mais le vôtre ! »

« Et bien au moins ton frère et toi pouvez être sûr qu'il n'essaiera pas de revendiquer des droits auxquels ils ne pouvaient même pas se permettre de rêver. »

« Père, vous... »

« Pourquoi sembles-tu si offusquer tout à coup ? Jusqu'ici prendre la vie à des hommes ne t'a jamais dérangé non. »

« On parle de la vie d'un innocent ! »

« Ne me blâme pas moi ! Si tu dois t'en prendre à quelqu'un, c'est à toi ! Tout ça, tout ce que j'ai fait, ces fausses accusations, cette exécution, tout ! C'est pour toi. Pour réparer TON foutoir ! Cela est la conséquence de TES actes ! »

« Ce n'est pas pour moi que vous l'avez fait mais pour vous et pour Kerith. Pour ne pas que le nom de notre maison soit entaché ! »

« C'est ce que tout bon seigneur doit faire ! C'est ce que tu aurais dû faire. Mais heureusement, grâce au ciel, tu n'es pas mon premier né. Ton frère lui se comporte en véritable seigneur. Si tu pouvais être un peu plus comme lui. »

« Vous aimeriez bien. Mais Kerith et moi ne serons jamais semblables. Comme vous l'avez si bien dit je ne suis pas votre premier né, je ne suis pas le futur seigneur de Fort-Terreur. Il n'y a alors aucune nécessité à ce que je change. »

« Je te préviens Dyron, tu as intérêt à ne plus faire de vague pendant une longue période. Si tu disparais à nouveau... Il vaudrait mieux pour toi que ça soit parce que tu as été enlevé sinon je ne veux plus que tu t'absentes de nos terres avant le tournoi de l'héritier. »

« Le tournoi de l'héritier ? »

« Oui, le roi organise un tournoi pour la naissance à venir de son enfant à naître. »

« Merci, je suis au courant. Mais qu'est-ce que cela à avoir avec moi ? Vous n'allez quand même pas me forcer à participer à cette mascarade ? »

« Je ne vais pas te forcer car tu vas y aller volontairement pour représenter notre maison. Tu pourras faire la route avec le représentant des Stark. »

« Je sais trouver mon chemin tout seul. »

« Bien comme tu le veux. Tu auras aussi un écuyer. »

« C'est hors de question. »

« Je l'ai déjà choisi. »

« De mieux en mieux. De qui s'agit-il ? »

« Karden Snow. »

« Il faudrait que je sois infirme pour que j'accepte un écuyer. »

« Ce n'était pas une proposition. J'ai pris ma décision. »

« Donc en plus de me forcer à me coltiner un écuyer, je ne peux pas le choisir et vous me collez un bâtard inconnu au bataillon ? »

« Tu parles vraiment comme la plèbe. »

« Je représenterai bien notre famille alors. »

« Dyron, tu.. »

« Je ne suis pas un imbécile. Je ne trainerai pas notre nom dans la boue une fois arrivée à la capitale. »

« Tu as déjà failli le faire. »

« C'est sûr que tuer son propre bâtard donne une meilleure image de notre maison. »

« Ne fais pas trop le malin Dyron. Tu as beau être mon fils, j'ai mes limites. Une dernière chose. Si j'apprenais que tu n'es jamais arrivé à la capitale, et que j'entends de nouvelles rumeurs sur ce mercenaire, sous n'importe quel surnom absurde, j'enverrai des hommes pour le trouver et le tuer. Tu es prévenu. »

Le boucan qu'il entendit derrière lui le tira de ses pensées. Sans rouvrir les yeux, il soupira. Comment diable ce garçon pouvait-il être si bruyant et maladroit ? Karden était visiblement revenu dans sa tante et il ne préférait même pas se retourner pour voir ce qu'il y faisait de peur de voir le désordre qu'il avait pu y mettre.

Il avait promis à son père de ramener vivant le jeune bâtard mais bien qu'étant un homme très patient, il devait avouer que le Snow avait bien un talent, celui de lui donner aisément des envie de meurtres.

Il entendit le bruit des toiles de la tente et sentit une présence derrière lui. Dyron soupira, comprenant bien que son moment de sérénité - si l'on pouvait nommer le tourbillon infernal dans lequel il avait été plongé, quelques instants plus tôt, de la sorte - allait être interrompu.

"Mon seigneur, un homme là-bas ne cesse de vous scruter."

"Laisse le donc regarder."

Tout de même curieux, Dyron leva la tête, ses yeux parcoururent le camp à la recherche de celui qui ne pouvait détacher son regard de lui. Finalement ses prunelles brunes rencontrèrent deux billes vertes. Il se stoppa un instant.

Cet homme était différent des autres chevaliers présents ici. Lui, c'est un soldat, un guerrier, un combattant. Il le voyait dans son regard, dans son attitude, sa façon de se tenir, son expression du visage. Il ne dégageait pas cette vanité qu'avaient les autres, cet excès de confiance dont l'origine était totalement inconnu, alors qu'eux, n'avait jamais vraiment combattu.

Lui, si.

Et pour la première fois depuis qu'il était arrivé à la capitale, Dyron se dit que le tournois serait plus intéressant que prévu. Lui, pourrait être un adversaire redoutable.

Ses yeux passèrent de l'homme au drapeau planté derrière lui. Dix tourteaux sur un champ écarlate.

Son blason ne lui était pas inconnu. Il l'avait déjà vu. Aux Marches Dorniennes. Cependant il lui était impossible de se souvenir à quelle maison il appartenait. Chose qui était rare et qui l'agaça. Sa maison devait sûrement être mineure dans le royaume.

Dyron se redressa et tourna légèrement la tête vers son écuyer, bien que celui-ci soit derrière lui, lui faisant comprendre qu'il comptait s'adresser à lui.

"Karden, tu pourrais me rappeler à quelle maison appartient ce blason."

"Je l'ignore mon seigneur" avoua honteusement l'écuyer ce qui provoqua un soupir d'exaspération et de frustration au Bolton.

"Si tu aspire à être légitimé un jour, il te faudra acquérir les connaissances d'un fils de seigneur et cela inclut la culture. Tu devras mémoriser les noms de maisons, leur emblème, leur devise, la région où elles se situent, à quelle maison elles répondent ou au contraire desquelles elles ne répondent pas et ce genre d'informations très importantes. Cela comprend même les plus petites maisons, elles-mêmes vassales des bannerets."

L'air sérieux, Karden se contenta d'hocher la tête à chaque phrase que l'homme prononçait. Il le vit soudainement réorienter son visage vers l'homme à la mystérieuse identité.

"Nous allons peut-être savoir plus vite que prévu après tout." Le dornien s'était décidé à venir à la rencontre du nordien. "Tu te tais et tu écoutes" ordonna le Bolton au jouvenceau qui l'accompagnait pour ne pas que celui-ci intervienne dans la conversation qui allait s'ensuivre.

Le dornien s'assit sur le banc à côté de Dyron sans un mot et fixa l'herbe devant eux, légèrement penché, les deux avant-bras appuyés sur ses cuisses. Ce dernier se pencha pour vérifier ses grèves le plus naturellement et ne jeta même pas un coup d'œil à l'homme assis à côté de lui, attendant qu'il prenne la parole.

Le dornien finit par exhaler l'air amusé avant de relever la tête. "Vous aussi vous vous sentez étrangers aux gens d'ici."

"Je le suis, je suis Nordien." Dyron avait compris le sens de la phrase de l'inconnu bien que sa réponse pouvait laisser croire le contraire. L'homme assis à côté de lui parlait de la différence notable qu'il y avait entre les autres concourant du tournois et eux.

"Je ne me sens pas totalement à ma place aux milieux de tous ces seigneurs" avoua le chevalier à côté de lui.

Dyron s'arrêta dans son activité et tourna la tête vers son interlocuteur. Il n'était donc pas d'une naissance des plus nobles. Le Nordien était assez surpris par cette confidence. Il se demandait pourquoi il lui disait cela, à lui, un parfait inconnu. Pourquoi lui dévoilait-il ce qui, à ses yeux, était une faiblesse ?

"C'est normal, tu ne l'es pas." Le chevalier parut saisi par ces propos mais il comprit bien vite que ceux-ci n'avaient rien d'insultant, bien au contraire. "Tu es un combattant, eux sont des bouffons. Tu ne joues pas dans la même cour qu'eux."

"Vous non plus" rétorqua-t-il un fin sourire dessiné sur ses lèvres.

"Moi non plus." Dyron avait hoché la tête avec un léger rire. Il ne pouvait contredire l'homme à ses côtés.

Le dornien se redressa et, une main appuyé sur le genoux, se tourna vers le Bolton avant de lui tendre son autre main. "Criston Cole" se présenta-t-il enfin, levant le voile sur son identité.

"Cole..." souffla Dyron du bout des lèvres avant de bien observer l'homme. "Tu viens des terres orageuses."

"Vous êtes un fin connaisseur mon seigneur." Le dornien fut surpris que le nordien ait assimilé si vite sa maison aux terres orageuses. Cette dernière n'étant pas des plus connues pour tout le monde.

"On peut dire ça oui."

"Les terres dorniennes ne vous sont pas étrangères ?"

"J'ai eu l'occasion de les visiter vaguement." Le dornien remarqua que le centre d'intérêt que prenait la conversation commençait à rendre inconfortable l'homme avec lequel il discutait. Ce dernier toussota avant de poser son regard sur la main qu'il lui tendait depuis plusieurs minutes maintenant. Le nordien la saisit aussitôt, il se rendit compte de l'attente dans lequel il avait plongé le jeune homme. "Dyron Bolton."

"Ce n'est pas un équipement très lourd que vous portez." remarqua Criston Cole quand ses yeux détaillèrent un peu plus l'homme à côté de lui.

En comparaison à la quasi-totalité des hommes dans ce camp, Dyron n'était pas tout d'acier vêtu. Il avait préféré le confort de son armure alternant cuire et acier selon les endroits. Canons d'avant-bras, plastron, gantelet. Ces éléments étaient en cuir. Tandis que ses épaulières, coudières, cuissards et grèves, qui protègaient des endroits plus sensibles et sournois à viser, étaient en acier. Sans oublier l'éternel cote de maille sous son plastron sans lequel aucun vrai soldat devrait partir combattre.

En tant que nordien, Dyron était des plus habitués à porter du cuir sous son armure. Ce dernier les protégeait du froid. Surtout lors des hivers. Cependant autant d'épaisseur n'étaient pas aussi nécessaire dans le sud que cela pouvait l'être chez lui.

"C'est suffisant" dit-il simplement après avoir baissé les yeux pour observer sa propre tenue.

"Cela risque d'être douloureux si vous vous prenez un coup." Cole affirma cela comme s'il était certain que cela arriverait. Dyron répondit alors avec un léger rictus dessiné sur le coin de ses lèvres.

"Pour cela il faut que je me fasse toucher." Il avait posé un regard opiniâtre sur lui. Il savait que si cela arrivait, on pourrait le compter sur les doigts d'une main. Pas plus.

"Vous êtes très confiant."

"Je sais ce que je vaux et j'ai confiance en mon équipement. Le cuir nordien est plus résistant qu'on ne le croit."

"L'acier protège tout de même mieux."

Inconsciemment les deux hommes s'étaient mis à débattre, comme deux camarades d'infortunes, comme deux compagnons, comme deux amis. Criston n'avait pas vécu cela depuis les combats dans les marches dorniennes, où à la première occasion qu'ils avaient, les hommes et lui se mettaient à parler même des sujets des plus futiles pour passer outre la mort de certains autres soldats.

Et pour Dyron, c'était la première fois depuis son retour à Fort-Terreur qu'il prenait réellement plaisir à discuter avec un homme de son âge.

"J'en porte de l'acier. Aux endroits les plus importants." Le nordien accompagna ses paroles de geste avec lesquelles il montrait l'acier qu'il portait. "C'est ce qui compte." Le Cole ne semblait pas des plus convaincu alors Dyron décida d'avancer son point de vue. "Avoir d'aussi grande armure réduit la mobilité."

"Sur un cheval vous n'avez pas besoin de bouger beaucoup" répondit-il. Il ne voulait décidément pas laisser tomber.

Mais ça tombait bien car le Bolton non plus. "Si mon adversaire choisit de continuer le combat au moins je serais sûr de pouvoir me mouvoir comme bon me semble."

"Vous êtes seigneur et vous ne savez pas combattre dans une armure complète ?" Criston eut comme réponse à la provocation qu'il venait de lancer un rire franc. Il se doutait bien que dans n'importe quelle tenue l'homme pourrait combattre.

Mais le seigneur n'eut pas le temps de répondre quoi que ce soit qu'il fut devancé par une voix révoltée. "Lord Bolton est un très bon combattant ! Vous auriez tort de le sous-estimer" Karden venait de se mêler à la conversation, prenant à point d'honneur à défendre l'honneur de son seigneur qu'il croyait menacé.

Criston se retourna vers le jouvanceau. En l'observa, il se rendit compte qu'il n'avait même pas, jusqu'à lors, remarqué sa présence. En reconnaissant l'innocence et l'inexpérience de la jeunesse, il sourit simplement. "Ne t'en fais pas je ne doute pas une seule seconde du talent de ton seigneur."

"Ne fais pas attention à lui" souffla Dyron en secouant la main comme pour chasser un nuisible. "Il parle beaucoup mais ne connaît rien à la vie."

"Il essaie de se faire bien voir."

"Il y arriverait mieux si il faisait ce que je lui disais comme se taire et écouter par exemple." Il avait dit ça d'une voix plus forte pour que le bâtard saisisse bien le reproche. Sans se retourner, sa voix avait tonné faisant grimacer Karden. Il enchainait les boulettes.

Cette scène fit rire le dornien. L'homme à ses côtés finit par s'orienter vers lui. "Tutoie moi l'ami tu veux ?" finit par dire le Bolton.

Son écuyer fut surpris d'entendre ça. Il prit conscience que son seigneur devait vraiment apprécier le dorniens pour lui faire une telle offre. Les seules personnes que Karden avaient vu être tutoyées par l'homme aux boucles noires avaient été, jusqu'à lors, victimes de moqueries ou d'arrogance. Ici, il n'en était rien. Et le fait qu'il avait proposé au Cole de faire de même avec lui, le prouvait.

Aux yeux de Karden, Dyron Bolton était quelqu'un de flegmatique, imperturbable et très impressionnant. Derrière cet air froid, il cachait une personnalité surprenante. C'était une personne foncièrement bonne au fond. Il était gentil mais cela le rendait redoutable car les gens le sous-estimaient alors qu'il n'y avait aucun doute que son sourire chaleureux pouvait se transformer en un regard glacial en un instant et qu'il pourrait vous tuer dans votre sommeil.

Peut-être se trompait-il. Après tout, il était loin de connaître par cœur le seigneur. Mais il avait chevauché avec lui durant trois longs mois. Et malgré les longues heures de silence, Karden avait commencé à cerner l'homme avec qui il avait voyagé.

Un nouveau moment de calme s'installa entre les deux hommes. Celui-ci ne fut pas long mais le jouvenceau eut l'impression que quelque chose s'était joué pendant ces courtes minutes.

La conversation prit inopinément une aura, que le jeune garçon qualifierait de mystique. Dyron avait sorti une de ses dagues de son fourreau et s'était mis à jouer avec. Il envoya un regard en coin à Cole.

"De quoi veux tu parler ? Je sens que tu veux me demander quelque chose."

"Dans les Marches Dorniennes, on... entend beaucoup de.. rumeurs ! Ça fait passer le temps pour les soldats entre les combats." De façon à peine subtile, Criston commença à amener sur la table un sujet que Dyron avait déjà deviné. Il s'était douté que tôt ou tard, il croiserait quelqu'un d'assez curieux et audacieux pour connaître et lui parler de ça. "Et l'une d'entre elles m'a toujours particulièrement intriguée."

Le dornien tâtait le terrain, tendant des perches que son interlocuteur pouvait saisir ou non. Pour l'instant le nordien préféra rester passif. "Tu m'en diras tant."

"Comme celle-ci provient de chez vous, je me suis dit que vous la connaîtriez peut-être."

Encore une nouvelle perche.

"Sûrement." Dyron arrêta sa dague en plein vol avant de planter ses pupilles noires dans les yeux verts de Criston Cole. "Des légendes rurales, on en a plein dans le nord."

"Celle-ci est vraiment... particulière. Et assez récente il me semble."

"Tu veux parler du mercenaire ?"

Dyron vit la surprise traverser un instant le regard de son nouvel ami alors que son visage s'était figé un instant. Il l'avait devancé en le coupant dans son élan. Il ne se laisserait pas piéger sur ce sujet. A la réaction de Criston, le nordien étira un sourire.

"Vous connaissez alors." nota le dornien.

"Comment ne pas connaître une légende dont certaines versions touchent directement ma maison ?"

Il n'y aurait pas plus suspect chez un homme de nier connaître l'existence d'une histoire qu'il était forcé de connaître. Le mercenaire du Nord était la nouvelle légende rurale qui s'était répandu dans toutes les sept couronnes au fil des dernières années.

"L'écorcheur est l'un des nombreux surnom qui a été affublé à cet homme. Est-ce parce que c'est un Bolton ?"

"Encore faudrait-il qu'il existe."

Criston était perplexe face au ton taciturne qu'employait son interlocuteur. Aucune émotion n'y était déchiffrable. Il semblait si.. détaché de la conversation mais trop pour qu'il y soit réellement indifférent.

"Je suis sûr qu'il existe. On ne peut pas inventé tel homme. L'histoire a bien évidemment sûrement été modifiée comme toute histoire se répondant mais j'aspire à croire qu'il y a une part de vérité."

"Tu as l'air bien renseigné."

Un homme, un mercenaire comme il y en avait tant sur terre même s'il était plus facile d'en trouver sur Essos qu'à Westeros, on pouvait trouver ce type d'hommes aux seins des sept couronnes. Cet homme avait légèrement à faire parler de lui par ses actes et son talent mais rien de réellement important.

Son nom personne ne le connaissait alors il avait commencé à être affublé d'un tas de surnoms divers. Aussi vite qu'il avait été mentionné dans les premières conversations, plus personne ne parla de cet homme.

Il n'était qu'un mercenaire parmi tant d'autres.

Alors pourquoi ce simple mercenaire était-il devenu une légende urbaine ? A cause de la suite de l'histoire. De ce qui est advenu après.

Des bruits avaient commencé à courir. Des hommes auraient reconnu ce mercenaire. Qu'il avait les traits d'un Nordien. Mais le "pire" fut la découverte d'après. Cet homme descendrait de la noblesse.

Un fils de seigneur jouait au tueur à gage. C'est après cette révélation, peut-être infondée, mais qui fit le tour du pays, que le sujet devint plus sérieux.

Pouvez-vous vous rendre compte du déshonneur que causerait un tel fait s'il s'avérait être confirmé ? Les mercenaires étaient très mal vus au sein des seigneuries et s'étaler à ce type de coutume était condamnable pour quelqu'un avait des titres.

Vivre tel un vaurien.

Cette histoire n'était restée que supputations pendant longtemps. Mais une telle histoire qui laissait place à l'imagination ne pouvait pas se taire et disparaître. Non elle ne pouvait qu'être amplifiée, même modifiée, et au final répandue encore plus.

"Lorsqu'on combat il faut bien des choses pour occuper les soldats quand ceux-ci ne sont pas sur le champ de bataille."

"Alors dis moi ce que tu sais de cette histoire. Qui sait, peut-être pourrais-je t'éclairer ?" Après ses mots, Dyron planta sa dague dans un des pieds du banc avant de se tourner, les mains croisées, vers son partenaire de commérage, attentif à ce qu'il allait dire.

"Le bruit court qu'un seigneur du Nord aurait renoncé à ses droits pour partir de chez lui." Faux. "Il aurait voyagé dans le monde entier." Faux aussi. "Et serait devenue mercenaire." Première information véridique.

Criston observa le nordien pour voir si celui-ci comptait intervenir mais, ce dernier ne semblait pas prendre la parole et se décida à continuer.

"Cet homme a été affublé d'un tas de surnoms au fil des missions qu'il effectué. Au début, en dehors du périmètre où il exerçait, personne ne parlait de lui. Personne ne le connaissait."

"Et de tous ces sobriquets lequel est ton préféré alors ?" Le nordien se moquait ouvertement de son intérêt pour cela. Il ne se cachait pas du fait de trouver le concept de pseudonymes complètement ridicule. "Un mercenaire n'est qu'un mercenaire après tout" ajouta Dyron.

"Mais quand un homme est qualifié comme lui l'a été, cela finit toujours par attirer l'attention. Il paraît qu'on ne le voyait jamais venir."

"On peut voir tout le monde venir" le contredit Dyron. "Peut-être a-t-il seulement réussi à tuer ceux qui ont réussi cet exploit."

"Ce n'est pas moi qui le dit. Le mercenaire qui n'a pas d'ombre. Ce fut l'un des ses premiers surnoms, il me semble."

"Surnom stupide. Tout le monde a une ombre."

"Vous n'êtes pas très croyant" fit remarquer avec humour le dornien.

Il y avait plusieurs types de personnes en ce qui concernaient les légendes urbaines. Ceux qui croyaient à tout ce qu'ils pouvaient entendre ou à son inverse, ceux qui ne croyaient à rien d'autres ce qu'ils voyaient, ceux qui y croyaient partiellement et ceux qui n'avaient pas d'envie tranchés.

Le nordien avait toujours fait partie de la dernière catégorie, s'intéressant, globalement, très peu aux ragots du peuple. Il savait juste que croire seulement à ce qu'on voyait uniquement limitait l'esprit, tandis que croire à tout était une preuve de naïveté.

"Je crois en mes dieux seulement et cela est déjà bien assez." Et encore. Dyron était loin d'être l'homme le plus pieux au monde.

Converser avec le seigneur du nord n'était pas plaisant. Il ne se prêtait pas au jeu, il était pragmatique et se moquait presque du chevalier du sud, il essayait de couper court à tout ce que son interlocuteur disait pourtant cela ne sembla pas décourager ce dernier. "L'exécuteur. Il a été nommé comme cela aussi."

Criston ne renonça pas pour autant. Comme s'il voulait convaincre son nouvel ami de croire en cette histoire, ou le pousser à avoir ce semblant d'admiration qu'il paraissait éprouver. Ou alors ce n'était pas ça. Il cherchait à savoir quelque chose et quoi que cela puisse être, le dornien ne semblait pas décider à changer de sujet.

"Ce n'est pas très recherché. Tous les mercenaires exécutent des gens."

Le brun inclina la tête, lui donnant raison sur ce coup-ci mais ne s'arrêta pas dans son énumération. Il ne voulait définitivement pas lâcher l'affaire. "Après on l'aurait nommé d'esprit vengeur."

"Ca se trouve j'avais peut-être raison cet homme n'existe pas car c'est un esprit." Il ricana tout au long de sa phrase. Dyron aurait pensé que sa désinvolture et son manque de sérieux et d'implication de leur parlote aurait fini par irriter le dornier mais celui-ci secoua simplement la tête et semblait insensible à son comportement.

"Je n'y crois pas. Les hommes aiment fabuler. Ils ont pu vouloir rendre cette histoire plus mystique. Le fantôme du mort, le vengeur de l'ombre, le mercenaire fantôme. Tous ces noms ont été inventés pour capter l'attention des gens."

"Les gens n'ont donc pas de limites à leur bêtises et à leur imagination. Les fantômes ne sont que des fantômes, seuls les êtres faits de chair et d'os peuvent s'en prendre physiquement à un autre être humain."

Visiblement faire croire au dornien que l'homme de sa légende n'existait pas n'allait pas être faisable. Criston reprit alors son récit là où il l'avait laissé. "Mais les choses ont commencé à faire polémique quand les premiers bruits comme quoi cet homme en plus de bien exister étaient un seigneur se sont mis à tourner."

Dyron ricana à nouveau mais cette fois-ci son rire semblait plus mauvais. Un goût amer lui remonta dans la bouche. "On ne sait comment mais cette histoire s'est retrouvée accrochée à ma maison. Sûrement parce qu'il y a qu'un homme avec un écorché sur son blason pour renier ses titres et se lancer dans une vie de vaurien."

Le nordien ne pouvait pas faire semblant d'ignorer cette histoire quand celle-ci dans son évolution et propagation avait fini par toucher directement sa maison. Il exhala avant de reprendre la parole pour apporter des informations que seuls ceux qui avait vécu cela en interne pouvaient apporter

"Cette histoire aurait pu compromettre les futurs seigneur de Fort-Terreur mais mon père est un homme trop vieux pour que quelqu'un suppose que ce bruit de couloir parle de lui. Et mon frère aîné était trop parfait et trop aimé et aussi beaucoup trop présent pour que quelqu'un puisse émettre le moindre doute sur sa personne. Un homme présent constamment dans sa forteresse ne peut pas faire parler de lui aux quatre coins de sept couronnes."

Oui ce fut grâce aux comportements exemplaire de sa famille, que sa maison avait réussi de peu à échapper à la honte. Bien qu'un petit scandale ait bien fini par éclater. Le noireau déglutit, ses yeux posés sur le sol, se remémorant les évènements et annonça la finalité de tout cela d'un ton détaché

"Il paraît qu'au final ce n'était autre qu'un bâtard qui aurait voulu essayer de mener la belle vie mais qui aurait utilisé le nom que jamais il n'aurait pu acquérir pour essayer de s'en sortir. Il aurait été tué."

"Beaucoup doutent que ce bâtard existe."

"Il existe" répondit vivement Dyron d'un ton tranchant, surprenant son interlocuteur. Malgré lui, le nordien n'arrivait pas à rester insensible à cette partie de l'histoire. "Arlan Snow a été exécuté à Fort-Terreur."

"Pour quels motifs ?"

Le seigneur du nord pourrait mentir. Cela couperait court à cette légende mais son père avait décidé d'utiliser son fils bâtard pour confirmer cette rumeur mais y mettre terme pour de bon. Il allait enfin apporter l'information que Criston Cole cherchait tant à savoir. Il allait assouvir sa curiosité.

"Usurpation d'identité et mercenariat."

"Alors c'était donc lui" en conclut directement le soldat qui sembla presque déçu de cette finalité.

"L'as-tu déjà vu ?"

Cette question surprit le dornien. Dyron n'avait pas pu se taire. De toute façon le Nord s'était fait son avis là-dessus et tout le monde continuait à croire à la version officielle mais, en son âme et conscience et en son honneur, le Bolton ne pouvait laisser une nouvelle personne croire à cette mascarade.

"Non."

"Il n'avait rien d'un guerrier. Ce n'était qu'un jouvenceau." Il aurait fallu le voir la tête baissée sur le billot. Cette vision ne quitterait jamais son esprit. Portant le poids de la culpabilité de cette mort sur ses épaules.

"Vous le croyez innocent ?" l'intérêt se fit à nouveau ressentir dans la voix du Cole.

"Ce que je crois, c'est que ce garçon a eu le malheur de naître hors mariage et d'être au mauvais endroit, au mauvais moment, à la mauvaise époque." Et c'était vrai. Sa mort était due à un malheureux concours de circonstances.

"Il y a aussi cet autre frère sinon." Si un Bolton lui-même croyait en l'innocence du bâtard, cela signifiait que personne n'avait réellement trouver l'identité du mercenaire fantôme. Alors le Dornien reprit ses hypothèses, continuant sa liste de suspects. "Un homme peu présent. Qui aurait été absent un long moment de sa forteresse."

"Il est vrai qu'un homme absent serait le coupable parfait."

"J'ai une question à te poser" annonça alors le dornien, l'air aussi sérieux que possible, comme il ne l'avait encore jamais été depuis leur rencontre. "Tu as combien de frère ?"

Non, Criston Cole n'avait pas ignoré avec indifférence le fait qu'un innocent avait sûrement été exécuté pour s'amuser à trouver le véritable "coupable". Il avait saisi l'occasion de formuler ce qu'il pensait depuis l'instant où il avait vu Dyron Bolton arriver il y a quelque jour au campement et s'installer.

L'homme du Nord étira alors un sourire. C'était donc ça. Du coin de l'œil, il regarda l'homme assis à ses côtés avant de ne dire qu'un mot. "Un."

« Et mon frère aîné était trop parfait et trop aimé et aussi beaucoup trop présent pour que quelqu'un puisse émettre le moindre doute sur sa personne. »

Le Bolton ne détacha pas son regard de Criston attendant une réaction. Sa réponse insinuait une seule chose, qu'il était l'autre frère. Et donc...

"L'hiver."

"Je te demande pardon ?" Dyron tourna la tête vers son ami, ne comprenant pas, pour la première fois depuis le début de leur conversation, ce qu'il voulait dire ou là où il venait en venir.

"Je réponds à ta question de tout à l'heure."

« Et de tous ces sobriquets lequel est ton préféré alors ? »

Le nordien prit quelques secondes à se souvenir de la question qu'il avait posée et fut étonné de sa réponse si tardive et s'en demandait la raison. Il plissa les yeux, légèrement méfiant.

"C'est celui-ci que je préfère. Je le trouve très poétique. Tu sais pourquoi on le surnomme ainsi ?"

"Car on ne le voit pas arriver. Il apporte un vent glacial, comme ceux qu'il y a un l'hiver, il apporte aussi le vent glacial de la mort. Il passe comme une brise et on ne retrouve qu'un corps froid et cela marque aussi son appartenance au Nord."

Sa réponse fut la dernière confirmation qu'eut besoin le dornien. Dyron n'avait fait aucun commentaire sur ce surnom alors que depuis le départ il n'avait daigner à commenter uniquement pour deux choses : se moquer ou énoncer des faits.

Criston sut à ce moment-là qu'ils étaient dans la deuxième option. Il avait énoncé des faits. Dyron avait accepté, à ses risques et périls, de lui faire comprendre la vérité.

Beaucoup de mensonges et de vérités réunis en une histoire. Non en une personne. Lui. Il n'avait jamais prévu que les choses prennent une telle tournure. Il n'avait jamais prévu qu'on l'associerait à sa famille. À la maison Bolton. Il n'avait jamais voulu leur nuire. Il n'avait jamais voulu nuire à personne.

Il avait juste voulu prendre un chemin différent. Certes remplis de violence et de sang mais pour lui c'était plus que ça. Plus profond. Il ne se serait jamais attendu à cette finalité. A sa mort si brutale. Le mercenaire de fantôme n'était plus et l'hiver ne parcourait plus les contrées. Il était mort avec Arrel Snow.

L'usurpation était condamnable. Surtout quand cela venait d'un bâtard. Mais ce garçon n'avait rien fait. Il était trop jeune et inexpérimenté pour cela.

Bien que sous-entendu, Criston avait eu confirmation de ce qu'il pensait. Il changea alors totalement de ton pour lui faire passer un message à son tour.

"Et il y a aussi ceux qui pensent que cette une vieille histoire qui est ressortie, un vieux compte qui n'est même pas originaire du nord ou une histoire qui n'a jamais existé." Le dornien ajouta ces mots avec frivolité donnant la fausse impression, qu'en fin de compte, il ne portait aucune considération à cette histoire alors qu'il n'avait fait que prouver le contraire.

Cette histoire, il y croyait toujours et la prenait en considération. Mais il n'en parlerait plus et ne parlerait pas du secret qu'il avait décelé.

Pourquoi se soucier d'un mort après tout . L'hiver était passé et parti sur l'entièreté du continent. Enfin, c'était la version officielle que les gens avaient avalée. Transformant une bonne fois pour toute, cette histoire en légende nordienne et ça définitivement. Personne ne pourrait plus rien inventer de nouveau à ce sujet.

Mais à ce moment-là, le chevalier comprit qu'il serait un des rares à connaître la vérité.

L'hiver était toujours là et il était arrivé sur Port-Réal.

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Introduction d'un nouveau personnage, n'hésitez pas à laisser vos premiers avis sur lui.

En fait non de deux personnages en comptant la domestique d'Aenemys ! Personnage très secondaire mais qui aura son importance tôt ou tard dans cette histoire.

N'hésitez pas à commenter et à voter ! </3

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