𝟎𝟎𝟑.
𝐶ℎ𝑎𝑝𝑖𝑡𝑟𝑒 3 - 𝐼𝑔𝑛𝑜𝑟𝑎𝑛𝑡𝑒
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Aenemys Velaryon
Quand elle vit les portes s'ouvrir, Aenemys se releva directement. Elle vit Daemon amorcer un mouvement vers elle, comme s'il voulait l'empêcher de se relever. Elle n'hésita pas une seule seconde. Elle essaya de lui écraser la main. Malheureusement, - ou heureusement pour lui - le prince avait de très bon réflexes et réussit, donc, aisément à esquiver le pied de la jeune femme avant qu'il ne s'abatte sur sa main.
Aenemys s'était attendue à voir de la surprise ou même de l'énervement, le genre d'expression qu'apparaissaient sur le visages des hommes après qu'une femme ai blessé leur égo en les repoussant mais rien de cela. Elle l'entendit rire. Elle baissa les yeux vers lui, consternée, et vit un sourire en coin sur le visage de l'homme. Il était amusé. Tout cela l'amusait. Depuis le début, il ne prenait rien au sérieux. Ce n'était qu'un jeu.
Pour lui peut-être, mais pas pour elle. Il était hors de question qu'on la retrouve seule avec un homme, si proche, pour deux raisons. La première - et pas des moindres : cela ferait trop plaisir au prince Daemon. Et la deuxième - qui, apparemment, était plus importante - : sa dignité, sa réputation ou quelque chose comme ça. Oui, même si échapper au fléau qui touchait toutes les femmes - le mariage - la botterait bien et qu'elle se fichait que son père ne la déteste plus qu'à présent, salir son nom c'était salir sa maison, et elle ne pouvait pas faire ça à sa famille. Pas à son oncle, ni à sa tante, ou encore à ses deux fripouilles de cousins. Bien que voir la tête de son père, si elle était source de rumeurs des commérages de la cour, serait sûrement exutoire.
En général, elle préférait ne pas - à part quand elle ne respectait pas trop les règles avec Rhaenyra - attirer l'attention sur elle et mener sa vie jusqu'à ce que son père juge bon de la vendre au plus offrant. C'était comme cela qu'elle voyait le mariage.
Aenemys descendit les quelques marches sur lesquelles elle était montée, ignorant Daemon en passant à côté de lui, pour faire face à Rhaenyra et Ser Harrold Ouestrelin, qui étaient, encore, tous les deux, à la porte, surpris.
"Alors ce conseil ? Une remarque sur ton retard ?" Aenemys avait décidé de briser le silence. Le son de sa voix défigea les deux nouveaux arrivants. Rhaenyra se mit à marcher dans sa direction.
"C'est passé inaperçu." Aenemys connaissait Rhaenyra et savait qu'elle n'était pas une personne spécialement discrète. Les lèvres s'étirèrent un sourire en coin.
"C'est ça. Petite menteuse." La mine contrariée qu'arborait la Targaryen depuis qu'elle avait fait son apparition dans la salle disparut. Un air espiègle et coupable sur le visage, elle posa ses yeux sur sa cousine qui criait ses aveux.
Ser Harrold tenait toujours la porte ouverte et observa d'un œil mauvais le prince. Il ne l'aimait définitivement pas. Rhaenyra s'arrêta à côté d'Aenemys, une fois qu'elle furent l'une au niveau de l'autre. Elle regarda son oncle puis tourna la tête vers sa cousine.
"Je n'en ai pas pour longtemps, on se retrouve-"
"Prends tout ton temps, ne t'en fais pas pour moi." Aenemys avait coupé la princesse. Elle savait qu'elle adorait son oncle et ne voulait pas gâcher leur retrouvaille. Et surtout, elle espérait un moment en toute tranquillité pour se remettre du bazar que venait de mettre Daemon dans sa tête.
Rhaenyra fit alors un hochement de tête entendu à la Velaryon, auquel elle répondit de la même façon. Elle accéléra alors le pas pour rejoindre le chevalier qui l'attendait. Au moment où elle arriva au niveau du commandant des manteaux blancs, une voix résonna dans la salle. Sa voix. Ce qui lui provoqua un frisson le long de l'échine.
"Je te dis à plus tard."
Aenemys s'était arrêtée, le chevalier, à son expression, lui lança un regard interrogateur, ne comprenant pas le haut Valyrien. La jeune femme ne s'était pas retournée mais elle devinait au ton de la voix du prince, le sourire qu'arborait son visage.
"Ce n'est pas la peine." Elle répondit avec indifférence avant de tourner la tête vers le chevalier. "Ser Harrold, allons-y je n'ai plus rien à faire ici."
A peine eut-elle le temps de faire un pas que la voix du prince se fit à nouveau entendre. "J'insiste. Je sais que nous nous reverrons." Aenemys sourit malgré elle, mais ne s'arrêta pas pour lui répondre.
"Je n'espère pas !" Elle avait parlé plus fort s'éloignant, le son du ricanement de Daemon eut à peine le temps de cheminer jusqu'à ses oreilles, qu'il fut coupé par le chevalier qui avait fermé la porte de la salle du trône derrière eux.
Son casque sous la main, Ser Harrold marchait aux côtés d'Aenemys, bien silencieux, semblant être dans ses pensées. La jeune femme sentait le regard de l'homme à ses côtés sur elle. Elle savait. Savait qu'il voulait savoir ce qu'il s'était passé dans cette salle.
La vérité était qu'Aenemys était très troublée par l'interaction qu'elle avait eu avec le prince. Plus qu'elle n'aurait pu l'imaginer. Elle se tourna soudainement vers l'homme barbu à côté d'elle, ce qui le surpris. Ses mains l'une dans l'autre, elle s'arrêta et scruta à son tour son accompagnateur.
"C'est assez désagréable de sentir quelqu'un nous fixer de la sorte vous ne trouvez pas ?"
"Excusez moi Lady Aenemys." Le soldat toussota avant de détourner un instant le regard, culpabilisant d'avoir rendu mal à l'aise la jeune femme mais l'expression de visage de cette dernière montrait bien qu'elle n'en tenait guère rigueur à l'homme.
"Et si vous me demandiez ce que vous avez envie de me demander."
"Pardonnez moi pour mon indiscrétion ma dame mais.. Je me demandais ce que le prince avait pu vous dire."
Ce fut plus fort qu'elle, Aenemys inclina légèrement sa tête sur le côté avant qu'un sourire attendrissant arbore ses lèvres. La jeune femme savait très bien que Ser Harrold Ouestrelin voulait savoir ce qui avait pu se dire entre le prince et elle mais, quand il avait enfin voulu être éclairé, Aenemys avait senti tout son intérêt. Il ne voulait pas savoir pour assouvir sa curiosité mais parce qu'il se préoccupait réellement d'elle.
"Ne vous en faîtes pas, Ser Harrold. Le prince n'a pas eu de comportements, ni de propos déplacés à mon égard. Mais je vous remercie de vous en inquiéter. Votre sollicitude me va droit au cœur."
Évidemment ce n'était pas tout à fait vrai mais il était préférable pour tout le monde de passer quelques détails sous silence. Le sourire soulagé sur le visage du garde royale le prouvait. S'il avait entendu ne serait-ce que la moitié de l'échange qu'elle avait eu avec le prince, il aurait sûrement sorti son épée pour ordonner à Daemon de s'excuser pour les propos outrageux qu'il avait tenus. Chose que celui-ci n'aurait absolument pas fait.
« Il y a plein de façons de s'occuper. » La phrase du Targaryen tournait en boucle dans sa tête. « Oh je n'en doute pas. » Aenemys secoua la tête et reprit sa route. La voix du prince empoisonnait son esprit. Son timbre de voix, son regard, son sourire, son rire, sa posture, la façon dont il avait de faire tourner cette pièce entre ses doigts, la moindre de ses mimiques, tout, chez cet homme, était attirant et ça en était diablement énervant.
Ser Harrold Ouestrelin accompagna la jeune femme jusqu'à ses appartements avant de partir rejoindre la princesse. Alors que la Velaryon allait rentrer dans sa chambre, une des domestiques de la reine arriva à son niveau et l'interpella.
"Lady Aenemys, sa majesté la reine vous demande."
Un message qui en ferait frémir plus d'un mais Aenemys, elle, se contenta de sourire avant de se diriger à la suite de la servante. En arrivant dans les appartements de la reine, la nièce du Serpent de Mer s'arrêta après avoir franchi les portes de ceux-ci.
"Votre majesté." Aenemys fit un signe de tête en signe de respect. La reine Aemma était allongée sur un fauteuil se faisant de l'air avec un éventail. Un mestre, assis à un bureau prêt d'elle, semblait noter des choses. Aenemys savait que dans son état la reine était rarement voir jamais laissée seule, une armée de servante et de mestre prête à lui sauter dessus à la moindre quinte de toux.
"Bonjour Aenemys. Viens avance." La Arryn lui fit un signe pour qu'elle s'approche. Son ventre était énorme. La venue du futur enfant royal ne saurait trop tarder.
"Vous portez vous bien ma reine ?"
"Aussi bien que n'importe quelle femme dans mon état." Elle mit son éventail sur le côté de sa bouche, comme pour cacher ses prochaines paroles. "Je t'avoue avoir hâte que ce petit être se décide à sortir."
Aenemys eut un petit rire et un gloussement échappa à la reine. La Velaryon n'avait jamais vu une femme enceinte d'aussi bonne humeur. La grossesse lui réussissait bien. Et ce n'était pas un mal quand on savait comment les dernières s'étaient finies.
"Tu n'étais pas avec Rhaenyra ce matin quand elle est venue me voir."
"Non que je n'avais pas envie de vous voir votre majesté, je n'étais juste pas présentable." La reine leva les yeux au ciel comme si elle ne croyait pas à l'excuse de la jeune femme.
"Je vous ai pourtant dans de bien piètre état Rhaenyra et toi durant votre enfance. Te souviens-tu de la fois où vous avez grimpé à cet arbre ?"
"Bien sûr, la tête de Ser Harrold et des domestiques ce jour là sont inoubliables"
"J'avais bien failli défaillir. Que vous nous faisiez perdre la tête. Heureusement que vous vous êtes adoucie depuis le temps."
Un faible rire échappa à la Velaryon. Elle se pinça les lèvres avant de reprendre un visage neutre. "Oui, heureusement."
La reine lui lança un regard en coin suspicieux mais ne dit rien. Elle savait bien que les deux filles avaient de forts tempéraments et faisait encore beaucoup de bavures aux règles. La femme enceinte tapota, une place sur la fauteil à côté d'elle. Aenemys s'assit alors sur le bord, ne voulant pas importuner la reine dans son espace.
Aenemys sentit la main de la reine passer sur sa chevelure argentée. Elle lui adressa un sourire face à cette marque de tendresse. Aemma s'était toujours comportée avec Aenemys comme si elle était sa mère. Celle qu'elle n'avait, malheureusement, jamais pu avoir. Elle était une des seules voir la seule qui lui avait parlé de sa mère. La reine avait connu et était proche de la mère d'Aenemys parce que sa mère n'était autre Alaerys Arryn la grande sœur de la reine Aemma, première fille de la princesse Daella Targaryen. En plus d'être la tante direct d'Aenemys, Aemma savait ce qu''était de grandir sans mère, la sienne étant morte suite à sa naissance. Quel magnifique patrimoine.
"Es-tu pressée du début du tournoi ?"
"Cela va être divertissant." Enfin elle l'espérait. En réalité, la nièce de la reine se moquait bien de ce tournoi mais l'arrivée d'autant de gens à la capitale allait sûrement remuer la ville et créer quelques rebondissements. Qu'il y ait un peu d'action à Port-Réal la tardait fortement.
"Un vaillant chevalier attirera peut-être ton attention." Aemma lui fit un sourire entendu. En présence de sa tante, Aenemys retint une grimace. Elle avait oublié ce détail. Important détail. Les tournois pouvaient aussi être un défilé de prétendants pour les jeunes femmes célibataires en âge de se marier et enfanter. Et nombre de filles de son âge était déjà épouse et mère.
"J'en doute fort." Elle eut un sourire crispé sur son visage, essayant de ne pas montrer son dégoût face à la situation
"Quelqu'un a déjà attiré ton attention ?" Les yeux de la Arryn pétillaient. La reine n'était pas connue pour être une grande fan de commérage mais visiblement, l'ennui mortel de l'alitement la désespérait au point d'être ouverte aux rumeurs.
Aenemys allait répondre directement quand le visage du Prince Daemon apparut clairement dans son esprit. Ses yeux violets hypnotisant et ce fichu sourire. "Non" finit-elle par répondre après un moment d'inattention.
La reine leva un sourcil, curieuse par la soudaine absence qu'avait eu sa nièce. Il y avait quelque chose là-dessous, elle le sentait. Elle connaissait trop la Velaryon pour se laisser berner. Cependant elle préféra ne pas insister pour le moment par peur de la brusquer et qu'elle se braque. Après tout, elles auraient tout leur temps quand elle pourrait enfin se mouvoir comme elle le voudrait.
"Si jamais cela arrivait, n'hésite pas à m'en parler."
Aemma Arryn était très impliquée dans la vie de sa nièce. Elle savait que ce n'était pas le cas de son père. Étant en âge de se marier, elle s'assurerait qu'Aenemys ai un très bon parti mais qui lui convienne aussi. Elle connaissait l'aversion de la Velaryon quant au mariage mais ne doutait pourtant pas du fait qu'elle saurait prendre ses responsabilités et accomplir son devoir quand le temps serait venu. Alors si un jour un homme aurait la chance d'attirer l'intérêt de la cousine de la princesse, si cela serait possible, elle s'assurerait que cet intérêt puisse aboutir sur une relation qui pourrait combiner alliance et affection.
"Je n'y manquerai pas !" s'exclama Aenemys, moqueuse, avec grandiloquence ce qui fit sourire la reine. La femme enceinte donna un léger coup de son éventail sur le bras de sa nièce ce qui fit rire cette dernière.
"File, tu as sûrement mieux faire de tenir compagnie à une femme alité."
"Vous n'êtes pas n'importe quelle femme, vous êtes la reine. De plus je ne me lasserai jamais de la douce compagnie de ma chère tante." Cette phrase amusa la reine qui eut un léger rire. Aenemys déposa un baiser sur la joue de sa tante avant de finalement s'éclipser.
En sortant la jeune femme tomba sur la vieille sorcière que représentait à ses yeux la mère de son amie. Elle la suivit du regard et fut surprise de la voir s'engouffrer dans les appartements de sa tante. Que diable allait faire Claere Fort dans la chambre de la reine ?
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Claere Fort
Claere Fort retourna dans ses appartements et eut la surprise d'y trouver sa fille assise, accoudée à une table. Elle s'était arrêtée pour dévisager Aliza qui avait l'air l'esprit ailleurs vu qu'elle n'avait même pas remarqué la présence de sa mère. Claere referma la porte de sa chambre en la claquant.
Aussitôt sa fille sursauta et se releva précipitamment prenant bien soin de repasser les mains sur les plis de sa robe. L'air sévère, la matriarche s'approcha.
"Une dame ne se tient pas accoudé à une table comme-"
"Un ivrogne dans une taverne." la coupa sa fille, finissant sa phrase en marmonnant. Claere haussa un sourcil dévisageant sa progéniture. Il eut un silence. La femme attendit que la plus jeune, qui s'était décidée à jouer les effrontées baisse les yeux avant de reprendre la parole.
"Si tu le sais, pourquoi le fais-tu ? Es-tu limitée ?"
"Non." Claere connaissait sa fille par cœur ce fut pour cela que quand son petit nez se retroussa, elle sut qu'Aliza était en train de rentrer dans une colère qu'elle intériorisait.
"Des fois je m'en poserais la question." soupira-t-elle en portant sa main à sa tête, l'air fatigué.
La femme du maitre des lois se laissa tomber sur la chaise en face de celle où était assise sa fille quelques minutes auparavant. Elle posa son coude sur la table, mais avec élégance et non comme un pochetron, avant d'indiquer à sa fille de se rasseoir.
"Tu as quitté le Donjon Rouge ce matin. Sans nous avertir, ni ton père, ni moi, ou l'un de tes frères."
"J'étais avec la princesse, sa cousine et Alicent, mère, je.."
"Et qui t'en as donné l'autorisation ?"
Sa fille baissa les yeux quelques secondes avant de la regarder à nouveau. Claere vit la joue de la brune s'affaisser légèrement. Aliza se la mordait violemment pour réprimer ses émotions mais son regard mauvais trahissait son attitude impartial.
La Tyrell d'autrefois remarquait que sa fille prenait en caractère chose qui ne lui déplaisait pas même si en revanche, elle appréciait guère que celle-ci lui réponde. Alors elle avait décidé de la pousser un peu aujourd'hui pour voir comment Aliza allait réagir. Il était temps pour elle de s'endurcir si elle voulait être à la hauteur des enjeux de la cour.
"La princesse avait requis ma présence. À ce que je sache, son autorité surpasse celle de toute la famille."
Sa fille contenait un sourire, fière d'elle. Elle avait les sourcils haussés, et l'impertinence se lisait dans son regard. Quant à elle Claere observait sa fille silencieusement. D'un côté, agacée par l'effronterie de sa fille mais agréablement étonnée par sa répartie.
"Et c'est la princesse qui t'as conseillé de me répondre cela ?"
Au vu de l'expression de sa fille, la matriarche avait touché juste. Cela la déçut. Elle qui pensait que sa fille prenait en répartie mais non, elle n'avait fait que répéter les mots soufflés par la Targaryen. Plus qu'être déçue, cela énerva la femme. Sa fille était encore plus soumise à la princesse qu'elle ne le pensait.
"Je voulais que tu sois l'amie de la princesse, mais être sa suivante est déjà pas mal je suppose..."
"Nous sommes amies !" protesta ardemment Aliza.
"Oui mais tu passes après toutes les autres." Elle dit cela d'un ton las. Désintéressée, à présent, par la conversation qui tenait tant à cœur à sa fille. Claere balaya ses appartements du regard, à la recherche de sa domestique préférée et tout ce qu'elle remarqua était son absence. Son attention fut bientôt accaparée, à nouveau, par sa fille.
"Vous ne savez rien !" Aliza s'était levée en claquant sa main sur la table. Elle s'était levée si vivement que sa chaise s'en était renversée.
Claere observa sa fille, un sourcil arqué avant de les froncer. Sa fille venait-elle de lui crier dessus ? "Que viens-tu de dire ?"
"Que vous ne saviez rien." répéta Aliza en prenant bien soin d'articuler chacun de ses mots remplis de dédain.
Aussitôt Claere répondit elle aussi en criant plus fort, claquant à son tour sa paume sur le bois du mobilier. "C'est toi qui ne sait rien, pauvre petite ignorante !"
Elle écarta sa chaise avant de se lever successivement. Elle posa sa main sur celle de sa fille lui saisissant le poignet. Penchée au-dessus de la table, sa fille fit de même, leur visage se faisant face, se confrontant. Aliza défiait son autorité, et cela, Claere ne le laisserait pas passer.
"Tu n'as pas l'expérience que j'ai alors tais toi !"
Claere resserra son emprise sur le poignet de sa fille et la tira vers elle, de telle sorte que Aliza fut obligée de contourner la table pour se retrouver face à sa mère. La plus jeune poussa un couinement dû à la friction que venait de faire sa mère avec son poignet. C'était la facette qu'elle détestait le plus de sa mère qui apparaissait là.
"Avoir les bonnes grâces de la princesse ou de la fille de la main du roi est utile ! Utile pour les alliances, les mariages. Est-ce que tu saisis ça ?!"
Claere lui crachait ses mots au visage telle une vipère. Elle lui tournait légèrement le bras vers l'extérieur forçant sa fille à se pencher. Elle était totalement soumise à sa mère depuis toujours mais à cet instant elle l'était aussi physiquement. La vue d'Aliza s'embua alors que voir le regard larmoyant de sa fille, ne provoqua aucune pitié chez Claere, bien au contraire, cela l'énerva d'autant plus.
"Même la Velaryon à réussi à se rapprocher du prince."
Claere pouvait voir l'incompréhension dans le regard de sa fille qui se demandait de quoi elle parlait. Une domestique avait reporté à la femme du maitre des lois avoir vu la nièce du Serpent de Mer rentrer dans la salle du trône où elle avait entendu que le prince se trouvait. Elle s'était collée à la porte massive pour y entendre quelque chose mais était vite partie quand un soldat était passé par là. Tout ce qu'elle avait pu percevoir avait été le son d'un rire. En tant que bonne domestique qui se respectait, elle avait tout rapporter à sa maîtresse.
"Regarde moi !" Claere saisit l'autre poignet de sa fille pour l'obliger à lui faire face, tandis que cette dernière se penchait en arrière comme pour s'éloigner de sa mère, craintive. "Si tu dois écraser les autres pour te mettre en valeur fais-le et sans hésiter."
Aliza renifla bruyamment, retenant comme elle pouvait ses larmes sous toute la pression que mettait sa mère sur ses épaules de jeune fille de quinze ans.
"As tu compris?" Son regard était dur. Elle voulait s'assurer que sa fille retienne tout ce qu'elle lui disait.
"J'ai compris." grommela-t-elle tandis que son regard était rempli d'aversion.
"Dis le alors !" Aliza regarda sa mère silencieusement. Aucun mot ne sortit de sa bouche. Claere, qui avait desserré sa poigne sur les bras de sa fille, la raffermit, ce qui fit grimacer la brune. "Dis le !" Elle tira sur ses bras pour qu'elle se rapproche d'elle. Face à elle, confrontée à elle, elle savait que sa fille serait obéissante.
Une larme finit par échapper à Aliza. Puis une deuxième. Sur chaque joue, deux larmes glissaient le long de son visage. "Si je dois écraser les autres pour me mettre en valeur... Je le ferai" finit-elle par répéter le ton froid.
"Bien" souffla Claere qui changea radicalement de comportement. Elle avait fermé les yeux, laissant sortir de sa bouche un soupir de soulagement. Puis elle finit par lâcher brutalement sa fille.
Aliza porta son poignet, qui avait été le plus malmené, contre sa poitrine et se le massa de son autre main. Elle essuya d'un geste vif ses joues humides et resta silencieuse en regardant sa mère.
"La leçon est finie pour aujourd'hui. Va t'en, je ne veux plus te voir pour l'instant."
Sa fille tourna les talons et commença à partir. Alors qu'elle la regardait s'éloigner, Claere l'interpella. Aliza qui était au niveau de la porte, sa main posée sur l'encadrement de celle-ci, désormais ouverte, s'arrêta et prit quelques secondes avant de tourner la tête vers sa mère.
"Ce..." Claere stoppa sa phrase. C'était bien la première fois qu'elle ne savait pas quoi dire à sa fille. Qu'elle cherchait ses mots et qu'elle était hésitante quant à ses paroles. "Si je te dis tout ça, si je fais tout ça c'est pour toi. Le monde est cruel et toi, tu es peut-être encore trop naïve."
"Je suis loin d'être aussi naïve que vous ne le pensez mère." Aliza avait répondu de but en blanc. L'expression dans le regard de sa fille surprit la Tyrell d'autrefois. La main de l'enfant glissa le long de la porte alors qu'elle se retournait pour faire face une nouvelle fois à celle qui l'avait engendrée.
"Alors trop gentille. Je veux que tu ailles loin, que tu t'élèves haut et que tu survives aux vices de la cours." Un jour sa fille comprendrait ses actions et la remercierait.
"Dans un monde de dragon, il faut être un dragon..." marmonna Aliza en fixant le sol. Claere fut saisie par les paroles de son enfant. Cette dernière lève les yeux vers elle. "Vous m'avez dit ces mots à notre arrivée à Port-Réal mais.." Aliza marqua une pause avant de répondre d'un ton plus déterminé en reprenant des mots que Claere ignorait être ceux de la Velaryon. "Aussi dangereux qu'ils puissent être, ils peuvent être adorables."
Aliza se retourna prête à partir mais se stoppa. "Je n'ai pas besoin d'être méchante et de devenir un monstre comme vous. J'ai juste besoin d'être intelligente." Elle ajouta ses paroles avant de partir.
Claere observa sa fille quitter sa chambre sans un mot. Rare étaient les moments où elle pouvait se laisser attendrir mais des fois il lui arrivait de se demander si elle n'était pas trop dure avec sa fille. Mais non. Elle savait qu'elle faisait ce qu'il fallait. Un jour tous ses efforts paieront. Et peut-être plus tôt que prévu.
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Un début de chapitre avec celle qui a des Daddy issues et une fin de chapitre avec celle qui est la cause de Mommy issues. J'espère que vous avez apprécié le chapitre !
N'hésitez pas à commenter et à voter ! </3
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