ÉPISODE 9 : le changement.
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neuf mois ont passé depuis le début de l'année. en classe, akashi et moi, on est toujours assis l'un à côté de l'autre, au fond de la pièce, à côté de la grande fenêtre. depuis l'épisode avec arai, on est devenus encore plus proches.
ces temps-ci, akashi est de plus en plus préoccupé par l'équipe, mais pour une raison que j'ignore, il ne m'en parle pas. on a beau rentrer presque tous les soirs ensemble, il ne me dit rien à propos de ça. il ne partage pas non plus ses inquiétudes quand il joue au shogi avec midorima et que je les regarde.
au club de basket, c'est devenu plutôt agité. nijimura a cédé son titre de capitaine à akashi et ce dernier a nommé midorima au poste de vice-capitaine. un nouvel élève du nom de kise ryota est entré dans l'équipe. un autre adolescent, haizaki shogo, a quitté le club. nos joueurs du cinq majeur n'ont pas cessé de progresser et de développer leurs talents individuels. depuis le départ de haizaki, ils ont commencé à se faire appeler la génération des miracles.
mon père, tombé malade, a dû se faire remplacer par l'entraîneur adjoint sanada. il a dû partir à l'hôpital le mois dernier et il doit y rester. j'essaie de lui donner le plus souvent possible des nouvelles.
je me rends au gymnase. aomine est parti. kuroko et sanada aussi ont disparu.
- franchement, c'est bizarre cette histoire, lance kise, un balai à la main. je ne sais pas pour vous, mais moi je trouve que faire jouer aominecchi, qu'il vienne ou pas à l'entraînement, c'est abusé.
hein ? qu'est-ce qui se passe ?
- j'ignore pourquoi l'entraîneur a pris cette décision, répond akashi, mais je dois reconnaître que c'est dur à admettre.
de quoi ils parlent ?
- justement, puisqu'on parle de ça, intervient murasakibara, si l'objectif c'est de gagner et qu'on n'est même plus obligés de venir à l'entraînement, je suis d'accord. moi aussi ça me saoule. en plus, c'est clair que ça ne sert à rien.
- comment tu peux dire ça ? s'exclame akashi. je ne te permets pas de dire de telles bêtises.
- quoi ? répond murasakibara. personnellement, je ne me vois pas perdre, que je m'entraîne ou non. d'ailleurs, je me demande si ça vaut vraiment la peine que je continue à écouter ce que tu me dis. tu sais, jusque-là, tu es le seul à qui j'ai obéi parce que je pensais que je ne te battrais jamais. mais ces derniers temps, j'ai de plus en plus l'impression que ce n'est peut-être pas le cas finalement. et je n'ai aucune envie d'obéir à des gens qui sont plus faibles que moi, y compris toi, aka-chin.
- répète un peu, rétorque akashi, le regard perçant.
momoi s'interpose vivement entre eux.
- mais qu'est-ce qui te prend, tu as perdu la tête ?! s'écrie-t-elle à l'intention de murasakibara. dis-moi que tu plaisantes !
- laisse, dit akashi en l'écartant légèrement. d'accord, allons-y. tu veux employer la manière forte ? tu ne me laisses pas le choix. ne te surestime pas.
akashi fait rebondir le ballon à ses pieds.
- on va régler ça en un contre un. le premier qui marque cinq paniers.
leur duel commence. murasakibara contre akashi très facilement alors que lui a de la difficulté à intercepter murasakibara. akashi se fait complètement balader, il se fait mener de quatre points.
- quoi ? s'étonne midorima.
- ce n'est pas vrai ! s'écrie momoi.
- je n'aurais jamais cru que ça serait aussi déséquilibré, ajoute kise.
moi non plus. ça ne lui ressemble pas, akashi est beaucoup plus fort que ça.
- franchement, je ne m'attendais pas du tout à ça, lance murasakibara, tu me déçois vraiment, aka-chin. tout compte fait, tu ne m'arrives pas à la cheville. je ne peux pas obéir à un faible comme toi, on n'est pas au même niveau. enfin bon, peu importe. j'ai plus qu'un panier à marquer et je gagne. après ça, je ne serai plus obligé de venir aux entraînements, comme tu me l'as promis.
akashi relève la tête d'un coup.
- comme je gagne toujours, j'ai toujours raison.
alors que murasakibara s'élance vers le panier, akashi intercepte le ballon.
quelque chose change. je ne sais pas quoi exactement. l'ambiance, peut-être.
- mais... mais je n'ai pas compris, qu'est-ce qui vient de se passer ?! s'écrie kise.
je regarde akashi. il... une énergie différente émane de lui. c'est une autre aura qui se dégage. elle est bizarre. elle est plus froide, on dirait.
- moi non plus, j'en ai aucune idée ! renchérit midorima.
- je crois que tu t'es un peu trop enflammé, atsushi, dit akashi en ramassant la balle. je te conseille de ne plus jamais m'énerver. personne n'a le droit de s'opposer à moi, pas même mes propres parents.
ce n'est peut-être pas flagrant pour les autres, mais j'arrive à sentir un changement radical dans ce qu'il dégage. en un quart de seconde, il s'est mis à dégager une énergie totalement différente. elle est diamétralement opposée à ce qu'il dégage d'habitude. il est devenu froid, presque effrayant.
ils terminent leur duel et akashi gagne finalement. enragé par sa défaite, murasakibara donne un coup de pied au support à bouteilles d'eau posé par terre.
- bon, ben, je vais rentrer, moi. bon courage ! lance-t-il en s'éloignant en direction des vestiaires.
- attends, mukkun ! lance momoi.
- c'est bon, j'ai compris. il suffit simplement que je recommence à m'entraîner sérieusement dès demain, c'est ça ?
- non. oublie cette histoire. tu peux faire ce que tu veux, je te demande seulement de nous faire gagner.
- quoi ?! s'exclame murasakibara en s'arrêtant brusquement et en dévisageant le capitaine.
- qu'est-ce que tu racontes, akashi ? c'est ridicule, comment peux-tu...
- shintaro, ryota, ça vaut aussi pour vous deux. tant que l'on gagnera nos matchs, je passerai l'éponge sur tout le reste. vu nos niveaux respectifs, ça ne sert à rien de vouloir à tout prix créer une cohésion entre nous. au contraire, ce sera même plus efficace de rester chacun dans notre coin.
- tu plaisantes ? c'est comme si tu nous disais de ne plus travailler en équipe ! c'est donc ça, ta stratégie ? s'insurge un autre élève.
- oui, tu as tout compris. pour la génération des miracles, le jeu d'équipe n'est rien d'autre qu'un obstacle qu'on doit éviter. voilà ce que je pense.
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je dépose sur le bureau de sanada le paquet de feuilles qui regroupe toutes les données concernant notre prochain adversaire et me rends ensuite à mon casier. j'enfile mes souliers. momoi me rejoint. elle me fixe avec un air grave.
- shicchan, il faut que je te parle de quelque chose.
je la regarde, surprise.
- quoi donc ?
- tu te souviens de l'intercollège de cette année ? on a joué contre l'équipe du collège shoei. c'est à cet établissement que ton ami kiyoshi étudie, non ?
je baisse la tête.
kiyoshi et moi, on a arrêté de s'envoyer des messages pendant les vacances. en fait, c'est plutôt que j'ai arrêté de lui répondre. on a recommencé à correspondre à la rentrée. depuis, on a dû se revoir une fois pour discuter de basket, mais c'est tout. on s'est revus à l'intercollège, on s'est salués, on a discuté ensemble avant le match d'un peu tout et rien à la fois. j'étais contente de le revoir, ça devait bien faire près de deux mois que je ne l'avais pas vu. quand je suis revenue vers akashi, il me fixait d'un regard froid et sans émotion.
puis, le match a eu lieu. on a gagné avec un pointage final de 148 à 51.
- oui, il va à ce collège-là. pourquoi tu me poses cette question ?
quand j'ai voulu lui parler, kiyoshi m'a tourné le dos comme si j'étais une étrangère à ses yeux. j'ai eu beau essayer d'avoir une conversation avec lui après, il n'a jamais retourné mes appels ou mes messages. il m'a juste ignorée. on ne s'est jamais parlés à nouveau par la suite.
- j'ai surpris une conversation entre akashi-kun et mukkun juste avant d'entrer sur le terrain, quand tu parlais avec kiyoshi. il lui a demandé de l'écraser.
- de l'écraser ? je répète, déboussolée.
- exactement. il voulait écraser ses idéaux et le blesser. je suis désolée, shicchan, je l'ai aidé sans le savoir.
- je ne comprends pas, momoi...
- il m'a demandé de lui trouver des cd de matchs que kiyoshi a joués. il a dû constater que c'était un joueur passionné, comme mukkun a l'habitude de les détester. j'imagine qu'avant la partie, il a trouvé un moyen de le provoquer pour qu'il l'écrase ou quelque chose du genre. écoute, tout ce que que je veux dire, shicchan, c'est que je suis désolée. c'est un peu à cause de nous que kiyoshi ne veut plus te parler.
je secoue la tête. j'ai de la difficulté à y croire, lui qui a toujours été si gentil...
- merci de me l'avoir dit, momoi-chan.
je retrouve akashi au pas de course. il est à l'entrée, sur le seuil de la porte. son sac est posé par terre.
- tu veux toujours rentrer avec moi ce soir ? me demande-t-il.
il tourne la tête vers moi avant de baisser les yeux une seconde. il fait basculer son sac sur son épaule, puis reporte son attention vers moi. j'inspire pour essayer de me calmer. l'annonce de momoi me bouleverse, mais je dois éviter de trop le lui montrer.
- on peut, je lui réponds simplement.
j'esquisse un sourire gêné. nous nous dirigeons vers nos maisons.
au début de l'an dernier, akashi me stressait. il n'avait pas une carrure si impressionnante, mais je trouvais qu'il avait un charisme incroyable. il inspirait le respect.
en ce moment, ce n'est pas du respect que je ressens, mais de la peur. son énergie est oppressante, c'est carrément effrayant de marcher à côté de lui. cette fois, j'ai bien peur que juste parler ne suffira pas à me rendre plus à l'aise. depuis son duel contre murasakibara, il m'effraie toujours autant. pour le coup, je ne pense pas que je serais moins terrifiée si je lui parlais comme je l'ai fait auparavant. il dégagera toujours cette énergie effrayante et ça n'est pas près de changer.
- il y a quelque chose que tu veux me dire, hotaru ?
- non, rien de particulier.
- je te trouve bien silencieuse. je t'ai connue plus bavarde, pourtant.
silence.
- je ne sais pas trop quoi te dire, pour être honnête.
- dis-moi tout ce qui te passe par la tête, dans ce cas.
je le regarde un instant. qu'est-ce qu'il cherche à faire exactement ?
- ça ne te dérange pas que j'aille droit au but ?
il se contente d'effectuer un léger sourire en coin.
- pourquoi tu as demandé à murasakibara-kun d'écraser kiyoshi-kun ?
- je ne vois pas de quoi tu veux parler.
il fait semblant, il sait pertinemment ce à quoi je fais référence. pourquoi il évite le sujet ? est-ce qu'il a peur de ma réaction ?
- alors c'est vrai ? tu as vraiment demandé à murasakibara-kun d'écraser kiyoshi-kun ?
- c'est ridicule. pourquoi aurais-je eu besoin de demander ça alors que, même sans l'aide d'atsushi, on aurait gagné ?
- je n'en sais rien, akashi-kun, à toi de me le dire.
il ne répond rien.
oh, et puis ! tant pis, j'abandonne. de toute façon, je ne suis même plus sûre de vouloir connaître la vérité et savoir s'il a, oui ou non, délibérément écrasé kiyoshi parce que j'étais avec lui. si la réponse est oui, je vais me mettre en colère contre lui. si la réponse est non, je vais culpabiliser d'avoir douté de lui. le mieux dans cette situation, il vaut mieux rester dans l'ignorance. peu importe ce qu'il a fait, je ne veux pas le savoir.
- tu parles du match contre le collège shoei ? tu veux savoir ce qui c'est passé ? me demande finalement akashi.
- non, j'ai changé d'avis.
le silence s'installe à nouveau entre nous.
- je trouve... que tu as changé, je lui avoue au bout d'un moment.
il ne répond rien à ma remarque et je ne le force pas à le faire non plus. s'il vient réellement à devenir une autre personne, alors je suis prête à l'accepter. peu importe quel genre de personne il devient, je veux m'adapter à sa nouvelle personnalité. je veux continuer à le soutenir dans tout ce qu'il entreprend et, plus que tout, je veux rester à ses côtés.
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