ÉPISODE 11 : la cérémonie.
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- dépêche-toi, hotaru, il y a quelqu'un pour toi ! me crie kazuo.
cet après-midi, il y a la remise des diplômes au collège teiko. j'attrape le gros bol de fraises posé sur mon lit, puis je dévale les escaliers à une vitesse folle. akashi se tient sur le seuil de la porte. même s'il n'est vêtu que de son uniforme, il est ravissant.
je m'avance vers lui, souriante.
- prête ? me demande-t-il.
- bien sûr.
j'enfile une veste et nous partons en direction de l'école.
arrivés là-bas, nous nous rendons au gymnase, où a lieu la cérémonie. le proviseur effectue son ennuyeux discours, puis il appelle sur l'estrade chacun des élèves de dernière année. à peine a-t-il fini que nous nous éclipsons, akashi et moi, pour aller au bureau de mon père. momoi est là avec kuroko, kise, midorima, aomine et murasakibara.
- comme d'habitude, akashi, tu nous fais attendre, grommelle kise.
on installe une nappe sur le bureau avec huit chaises autour pour qu'on puisse tous s'asseoir. momoi a amené sa machine à fondue comme promis et kuroko a pensé au chocolat, qu'il a mis à fondre dans le bol de notre amie. murasakibara a fourni des bananes coupées en rondelles et kise a apporté des kiwis en dés. midorima a posé son ananas tranché sur la table et aomine n'a pas oublié ses morceaux de pommes. akashi a mis son pot de framboises sur le bureau et j'ai choisi les fraises pour compléter le tout.
je suis soulagée de constater que chacun a contribué à la réussite de ce festin. le fait qu'ils participent tous à l'activité me rend émue. ça me touche, de les voir ainsi, je n'étais pas certaine que l'idée d'une fondue tous ensemble les intéresserait.
- merci à tous d'être venus, je déclare sans me retenir de sourire.
- de toute façon, la remise de diplôme est encore plus chiante que ta fondue, marmonne murasakibara.
sa remarque fait pouffer kise. aussitôt que momoi lui donne un coup de coude en le réprimandant du regard, ce dernier cesse de ricaner et recentre son attention sur moi.
- je suis contente de vous revoir et j'aimerais vous remercier pour tout ce que vous avez fait. ce n'est peut-être pas grand-chose à vos yeux, mais je pense qu'il faut célébrer nos années au collège.
tous nos plats se retrouvent sur la table. nous sélectionnons les fruits que nous voulons manger. avec des assiettes en carton, nous dégustons l'excellente fondue. en même temps, nous faisons circuler les albums des diplômés pour que chacun écrive un petit mot dans celui des autres et nous discutons ensemble de tout et n'importe quoi. pendant un instant, le temps s'arrête. je les vois tous redevenir ceux qu'ils étaient avant qu'on gagne pour la deuxième fois les nationales et qu'ils se fassent appeler la génération des miracles.
au moment où l'album d'akashi se retrouve dans mes mains, je me crispe. je ne sais pas quoi lui dire. je ne voudrais pas que ce soit trop personnel parce qu'après tout, n'importe qui peut lire. mais je ne veux pas non plus que ça ait l'air trop froid.
kise, assis à ma droite, se penche vers moi. il devine que j'ai un doute.
- qu'est-ce qui t'arrive, shirogane ? me demande-t-il à voix basse, pour que personne n'entende. ce n'est pas ton genre d'hésiter.
- je ne sais pas trop. qu'est-ce que je pourrais bien lui écrire ? il y a tellement de choses que j'aimerais lui dire.
- écris ce qui te traverse l'esprit. quand c'est inconscient, c'est toujours plus vrai parce que l'inconscient ne sait pas mentir.
je hoche la tête. kise a un bon point. laisser l'inconscient parler, c'est comme se laisser guider par son cœur.
« il y a tant de choses que j'aimerais te dire, mais cet album tout entier ne suffirait pas à tout résumer, alors j'irai à l'essentiel.
dans un premier temps, sache que je veux te remercier. tu m'as été d'une aide précieuse, tu as été là quand j'ai cru que personne ne l'était. tu es extraordinaire et tu m'as fait grandir. ensuite, sache que, quoi que tu fasses, peu importe les décisions que tu prendras, je serai derrière toi et je te soutiendrai. je te souhaite le meilleur pour l'avenir.
akashi, mon sauveur, merci pour tout. »
je lui redonne son cahier. il se contente de le mettre ailleurs pour plus tard, comme nous le faisons tous.
il me sourit.
il sourit toujours aussi bien. chaque fois qu'il sourit, quelles que soient les circonstances, j'ai l'impression de le trouver encore plus beau.
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je plie la nappe, que je cache dans un tiroir au hasard. ça sera une surprise pour qui la découvrira et d'ici là, elle restera une marque de notre passage non seulement à teiko, mais aussi dans cette pièce.
les garçons sont tous partis après avoir contribué au ménage de la pièce. il ne reste que momoi, akashi et moi.
je prends soin de ne laisser aucune trace après notre petite visite ici, hormis la nappe cachée. il ne faudrait pas que quelqu'un sache qu'on est venus. naturellement, on n'a pas le droit de pénétrer dans cette pièce sans la permission du coach, mais puisque mon père est shirogane kozo, j'ai pu lui piquer sa clé ni vu ni connu. il est encore à l'hôpital et, même si ça me rend triste, je dois bien avouer que ça a des avantages.
le téléphone posé sur le bureau vibre.
- merde, lâche momoi après y avoir jeté un coup d'œil. ma mère me cherche, il faut absolument que j'y aille. je suis désolée. à la prochaine !
elle détale sans plus attendre. nous terminons en vitesse de ranger et nous sortons du bureau. je suis surprise de constater que les étoiles sont les seules lueurs qui nous éclairent à travers les vitres du collège et qui font danser nos ombres dans la nuit. je trouve la situation amusante.
nous passons devant la classe que nous occupions l'an dernier, à notre seconde année. je m'arrête devant l'entrée.
- tu penses que c'est déverrouillé ?
- je pense surtout qu'on devrait partir.
d'un coup sec, j'ouvre la porte coulissante. la lune est si belle ! on la voit à travers les fenêtres. son reflet illumine la pièce d'une douce lueur. je constate que les bureaux ne sont plus regroupés par deux. tout est vide. c'est si étonnant...
- tu t'attendais à quoi ? me demande akashi, perplexe devant mon expression déçue.
j'entre, le garçon sur mes talons. il prend soin de refermer la porte derrière nous. instinctivement, je m'approche du tableau. il n'y a pas de craie. dommage, on aurait pu faire un bonhomme pendu.
- on a passé toute l'année assis un à côté de l'autre, tu te souviens ? je lui lance, prise de nostalgie.
je le vois hocher de la tête. il s'assoit au fond de la classe, aux pupitres qu'on a occupés. contrairement à lui, je reste debout. je m'avance tout de même vers lui.
- oui, c'était amusant.
- on se parlait par cahier au lieu d'écouter.
j'éclate de rire en me remémorant toutes les fois où m. suzuki a pété un plomb contre nous. il me surprenait souvent quand je répondais à akashi. il se fâchait surtout contre moi à cause de mon manque de discrétion.
- j'aimais bien ça, je lui avoue. tu te souviens de la fois où il nous a obligés à lui donner un coup de main pour tout ranger pour nous punir ?
il esquisse un léger sourire.
- bien sûr. on a bien ri pendant qu'on a fait le ménage. je me souviens que tu m'as laissé goûter d'innombrables morceaux de bento.
- avec tous les morceaux de déjeuners que je t'ai donnés, tu m'en dois un.
- un jour, je te ferai goûter un plat que j'aurai fait. il sera si bon, si onctueux, que tu ne voudras plus jamais manger autre chose. quelque chose de si extraordinaire que tu ne voudras que ça.
- j'en ai déjà l'eau à la bouche, je réponds après un rire.
silence.
- tu n'oublieras pas, hein ? je lui demande en m'assoyant sur le bureau devant lui.
- non. j'ai une bonne mémoire.
- et moi ? tu te souviendras de moi ?
- bien sûr.
- tu me le promets ?
- seulement si tu me le promets aussi.
- naturellement.
pour sceller notre accord, je tends mon auriculaire vers lui, qu'il enlace avec le sien. une fois que nos doigts se quittent, sa main vient se poser sur le pupitre, à côté de ma jambe. cette journée restera à jamais gravée dans ma mémoire.
- il faut que je te dise quelque chose, je reprends d'un air sérieux.
il lève la tête vers moi. la discussion devrait être rapide puisque je ne ressens pas le besoin de faire d'interminables détours. je n'irai pas par quatre chemins.
pas avec lui.
- j'ai demandé à intégrer le lycée seirin.
- c'est le même lycée que tetsuya, non ?
- en effet.
les sourcils froncés, il pose sur moi un regard perçant, comme pour découvrir le fond de ma pensée. c'est à la fois vraiment terrifiant et terriblement attirant.
- tu aurais pu choisir n'importe quel lycée, pourtant tu as choisi de le suivre. pourquoi lui ?
- je m'inquiète. après le dernier tournoi, il a quitté le club sans crier gare.
silence.
- pourquoi tu ne m'en as pas parlé avant ? dit-il en faisant référence à ma demande pour le lycée seirin.
- parce que... j'avais peur de ta réaction. je n'ai pas eu le cran de te le dire plus tôt. désolée.
je le vois baisser les yeux et adopter une position plus confortable dans sa chaise.
- je... comprends.
je ne réponds rien et lui non plus. j'écoute nos respirations régulières, comme si cette synchronicité était tout ce qui restait de notre camaraderie passée. je m'imagine entendre son cœur battre au même rythme que le mien. pendant un court instant, j'ai l'impression aussi folle qu'insensée de ne faire plus qu'un avec lui, l'un en face de l'autre, le regard vague, dans une bulle qui n'appartient qu'à nous.
je voudrais que ce moment s'arrête et qu'il recommence à l'infini.
- j'ai porté mon choix sur le lycée rakuzan, dans la région de kyoto, m'annonce-t-il.
- c'est affreusement loin d'ici, je murmure.
ce sont les derniers instants que je vais passer avec lui avant un long moment. encore une fois, je vais être séparée d'une personne qui, à un moment, a été des plus importantes dans ma vie. c'est une sensation douloureuse.
- je sais, se contente-t-il de répondre.
nous gardons le silence. nous prenons conscience de la situation. nous restons là, sans remuer le petit doigt. une minute, puis deux, puis trois. ça pourrait durer une heure, je m'en fiche éperdument. ça pourrait durer toute la vie, ça m'est égal. je me sens bien quand il est dans les parages, au point que j'ai l'impression de n'avoir besoin de rien d'autre.
le temps file, file, file. l'horloge de la vie continue de tourner à son propre rythme.
- tu sais, hotaru...
je me redresse en entendant mon prénom. mon regard se pose sur lui.
- un jour viendra où ce qu'on a vécu ici ne sera plus qu'un souvenir lointain. avant qu'il soit réduit à un écho du passé, je veux que tu saches que j'ai une grande estime pour toi et que je t'apprécie beaucoup. plus que comme une amie, à vrai dire.
je me mords l'intérieur de la joue. il ne le sait pas, mais au fond de moi, j'exulte. sa déclaration ne pourrait pas me faire plus plaisir. c'est une sensation merveilleuse que de savoir que mes sentiments pour lui sont réciproques. quand il est près de moi, je ne peux m'empêcher de ressentir une sorte d'euphorie qui me vrille la poitrine. j'ai l'impression d'avoir un feu ardent qui brûle au fin fond de mon âme et qui refuse de s'éteindre. au contraire, cette flamme grandit toujours plus quand je passe du temps en sa compagnie.
- moi aussi, si tu veux tout savoir... quelque part entre notre première rencontre et la première fois qu'on est rentrés ensemble, je suis tombée amoureuse de toi et je n'arrête pas de recommencer depuis.
d'un geste lent, je descends du pupitre sur lequel j'étais assise avant de me tourner vers lui. on se regarde quelques secondes dans le blanc des yeux. je replace une mèche de ses cheveux derrière son oreille. mon regard descend jusqu'à son sourire, et mon envie d'y goûter se fait plus brûlante que jamais. je me penche vers lui, vers son visage. comme il ne réagit pas, je m'arrête en plein mouvement, hésitante. nos bouches se frôlent.
- je peux ? je réussis à articuler.
- oui, me souffle-t-il.
je dépose mes lèvres sur les siennes. akashi répond à mon baiser avec ardeur. enivrée dans la douceur du moment, j'en oublie le monde autour de nous.
peu importe ce qui arrivera, il restera éternellement mon premier amour. il ne sera peut-être pas le dernier, mais je sais maintenant que, quoi que je fasse, il aura toujours une place spéciale dans mon cœur.
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