Chapitre 16
De la rosée perlait sur l'herbe et les arbres, et les bruits des monstres étaient comme plus discrets, plus timides. Cœur d'Amande mangeait un écureuil dodu attrapé un peu plus tôt dans un érable. Ce matin, il était décidé à aller vérifier que sa voie n'était pas de devenir un chat domestique, et pour ça, il devait se rendre dans un nid de bipède.
Ce fut avec une boule au ventre qu'il finit son repas, se leva, s'étira, se passa un coup de langue sur les flans et le poitrail, puis se mit en route. Pour se donner du courage, il pensa à la prophétie qu'il allait devoir accomplir. Il n'était pas trop surpris d'en être l'élu : depuis le temps qu'il recevait de tels songes sans même être guérisseur, il s'était douté qu'il était spécial. Au début de son apprentissage, il avait essayé en cachette d'apprendre les remèdes comme Nuage de Lune, mais il s'était très vite rendu compte que malgré ses songes fréquents il n'était pas fais pour ce grade.
Il marcha pendant assez peu de temps jusqu'au premier nid de bipède visible. Entouré d'une clôture de buissons, une petite aire d'herbe rase faisait obstacle entre le nid et l'extérieur du territoire bipède. Cœur d'Amande se faufila entre les branchages serrés et observa la zone plane. Un jeune arbre poussait en plein centre, et d'étranges pelages étendus sur des branchages avaient l'air d'attendre quelque chose. Ce fut seulement à ce moment là que le guerrier remarqua la femelle bipède étendue sur l'un d'eux, quelque chose qu'elle avait l'air d'apprécier regarder dans les mains. Prenant alors son courage à deux mains, il s'approcha prudemment et miaula doucement. La bipède baissa les yeux vers le guerrier et un sourire illumina son visage. Elle dit quelque chose d'incompréhensible pour le matou puis se leva.
Cœur d'Amande prit d'abord peur devant l'immensité de la femelle bipède, mais se ressaisit et se laissa faire lorsqu'elle s'accroupit pour venir lui gratouiller le menton, puis lui caresser le pelage. Il se força même à ronronner, ce qui parut plaire à la bipède. Pour accentuer encore, il se mit à lui tourner autour, puis avança vers la paroi transparente du nid et se frotta contre. Au début, la bipède eut un air surpris, puis elle sembla comprendre, alors elle alla ouvrir la paroi et Cœur d'Amande, malgré ses poils hérissés de frayeur, entra dans le nid frais. Immédiatement, un autre chat surgit de nul part et s'approcha de lui en le reniflant. Gris perle, Cœur d'Amande remarqua que c'était une femelle.
— Bonjour, le salua t-elle. Qui es-tu ? Tu ne viens pas d'ici, je me trompe ?
— Heu, bonjour... Je suis Cœur d'Amande, et je viens du territoire du Clan de la Rivière.
Les yeux de la chatte s'écarquillèrent.
— Tu es un chat sauvage ?
Une peur passagère voila ses iris bleus, mais la chatte domestique s'ébroua et le malaise disparut.
— Heu... Bien. Moi je suis Pearl, et euh... Voilà ma maison.
— Maison ? Qu'est-ce que c'est ?
— C'est ici. Ce dans quoi nous sommes actuellement.
— Oh, les chats domestiques appellent les nids "maisons"... Je comprends.
Les moustaches du guerrier frémir et un sourire se vit dans ses yeux.
— Que fais-tu ici ? demanda Pearl tout en l'amenant vers un grande pièce lumineuse et aérée.
— Je cherche ma voie, ma destinée. C'est grand, pour un nid ! s'exclama soudain le guerrier en levant le nez.
— C'est le salon, lui expliqua Pearl en remuant à son tour les moustaches, amusée. Ici nous avons tous ce qu'il nous faut pour être heureux. Des canapés, des arbres à chats, nos écuelles...
— "Nous" ? la coupa Cœur d'Amande.
— Oui. Nous vivons à trois ici. Nous avons tous été sauvés par notre maitresse. Moi, par exemple, j'étais un petit chaton lorsqu'elle m'a recueillie. Je venais de perdre toute ma famille, et ne retrouvais plus mon chemin. Je n'ai jamais su ce que j'étais avant.
Une tristesse se peignit sur son visage, et elle baissa la tête. Au même moment, un autre matou surgit de ce que Pearl appelait "arbre à chats". Son poil crème et roux était brillant, il venait à l'évidence de faire sa toilette.
— Bonjour ! lança t-il. J'ai entendu toute la conversation, alors nul besoin de te présenter, Cœur d'Amande. Je suis Soul.
— Enchanté, sourit le guerrier. Si ce n'est pas indiscret, comment es-tu arrivé ici ?
— Ce n'est pas une longue histoire, déclara le matou svelte. J'étais un chat errant, avant, mais j'ai décider de changer de mode de vie, j'en avais marre des bagarres quotidiennes, et manger des rats n'était pas la meilleure chose qu'il me soit arrivé.
— Et qu'elle est la meilleure chose qui te soit arrivé ? demanda le chat des clans, curieux.
Soul jeta un coup d'œil brillant à Pearl et colla sa truffe à sa tempe.
— C'est de l'avoir rencontré, murmura t-il.
— Je comprends, compatis Cœur d'Amande en sentant son cœur se serrer. Il changea immédiatement de sujet en demandant qui était le troisième chat vivant ici, et comme par hasard, il surgit devant eux.
— C'est moi.
Le matou présent devant le guerrier était plus enrobé mais musclé, les pattes et le museau large. il avait l'air vieux au moins autant qu'un ancien, même si son pelage gris foncé était en très bon état. Ses yeux gris portaient en eux la sagesse d'une lourde vie, et la vieillesse d'un ancien. immédiatement, il impressionna Cœur d'Amande, plus par cela que par sa carrure. Le guerrier sentit tout de suite un énorme respect monter en lui envers le vieux matou.
— Bonjour...
— Braise, ravi de faire ta connaissance.
Son ton et son expression dures et sévères contrebalançaient avec sa phrase chaleureuse, mais le guerrier n'y fit pas attention.
— Cœur d'Amande, ravi également.
Braise grogna et demanda avec un vague intérêt pour la réponse :
— Tu m'as l'air de venir de loin. Où t'a t-elle repêché ?
Ne comprenant pas, le guerrier jeta un coup d'œil à Pearl qui lui chuchota :
— Il parle de notre maitresse.
— Oh. Je suis ici de mon plein gré, en fait. Je... je cherche ma voie.
Braise grommela quelque chose d'inaudible en se détournant, et sortit par l'ouverture de laquelle venait Cœur d'Amande. Le guerrier le regarda partir, se demandant d'où venait son mauvais caractère.
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