8.
Le béton glacé et peu accueillant résonna sous son pas. Minho s'avança vers le fond de la salle, vers la cellule où se trouvait celui qu'il cherchait. La seule source de lumière de la pièce provenait d'une fenêtre en verre épais et opaque, créant un faible halo blanc autour d'elle. Les couleurs froides lui donnaient déjà la migraine, et il se demanda comment Jisung avait fait pour tenir ici, depuis son arrivée.
Il arriva finalement devant les barreaux qui les séparaient. A moitié somnolent, il ne le remarqua pas tout de suite. Et il manqua de tomber du rebord en le voyant, surpris par sa présence.
— Tu m'as fait peur....
Minho lui lança un regard désolé, et s'adossa au mur qui lui faisait face. Il ne savait pas vraiment comment commencer cette conversation. Pourtant c'était qui était venu le déranger pendant sa sieste, dans l'intention de lui parler. Alors il improvisa et lança une phrase irréfléchie.
— Il fait beau aujourd'hui hein ?
Dieu qu'il se sentait bête. Jisung ne voyait presque plus la lumière du soleil, le ciel ou tout simplement l'extérieur, et la seule idée qui lui était venue était la météo.
— Jamais vu un soleil pareil au mois de mars, incroyable.
Minho rigola doucement de la réponse ironique du blond.
— Vous avancez sur l'enquête ? Jisung renchérît un peu plus sérieux.
— Je suis désolé mais j'ai pas le droit de t'en parler.
— Tu peux au moins me dire si vous avez des suspects ? Des pistes solides ?
Minho se mordit la lèvre. Il ne pouvait donner aucun élément de l'enquête à un suspect, il en avait conscience, mais il ne pouvait ignorer l'air soucieux de Jisung.
— Tout ce que je peux te dire, c'est que là je rame, Minho souffla. Je comprends pas, personne n'avait l'air de lui en vouloir sans son entourage proche, donc pour moi c'est forcément lié à son trafic. Mais comment une personne extérieure serait rentrée dans une fête privée ?
— Mais si son fournisseur n'était pas, une personne extérieure ?
Le policier se tourna vers la cellule, il n'avait pas pensé à cette possibilité. Mais alors le fournisseur était sur la liste des invités qu'il avait feuilleté, la probabilité pour qu'il n'ait pas déjà interrogé le coupable était alors très mince. Vérifier les activités suspectes de plus de deux cents invités ne l'enchantait pas vraiment, il allait devoir y passer la nuit encore une fois.
— M'enfin bref. Jisung se releva et vint s'asseoir en tailleur devant les barreaux sale de sa cage. J'imagine que t'es pas venu dans ma cellule pour m'interroger et me parler de l'enquête.
La perspicacité de Jisung le démasqua, et il se sentait d'un coup peu confiant. Pourtant il avait raison, et malgré lui, le lieutenant n'avait parlé que de l'affaire actuelle.
Il imita son vis-à-vis, et malgré la fine saleté présente sur le sol, il s'installa en tailleur à quelques centimètres du blond, faisant légèrement accélérer les battements de son cœur.
— C'est vrai.
Minho prit un temps avant de déballer tout ce qu'il avait à dire. Les années et une situation complexe les avaient séparés, tout deux méritaient bien d'en discuter, de découvrir le pourquoi du comment. Parler à coeur ouvert était difficile, à cause de la timidité de l'un et de l'ego fragile de l'autre certainement, mais c'était une situation que Minho jugeait d'inévitable. Alors il prit son courage à deux mains et se lança.
— Je sais que .... Je sais que c'était pas facile. Mais j'aimerais quand même savoir, pourquoi t'es parti comme ça. Tu m'as brisé le coeur Ji' et je crois que j'ai jamais été aussi mal de ma vie, vraiment. Je peux pas t'en vouloir si tu m'expliques pas. J'étais là pour t'aider si c'était difficile avec tes parents, t'es venu à la maison quand ils t'ont dégagé. Alors comprendre pourquoi même avec mon aide et celle de mes parents t'es parti, c'était dur.
Il marqua une pause et se tritura les mains en sentant son coeur se serrer. De l'autre côté, il sentait le plus jeune se tendre et déglutir. Sans même le regarder, Minho savait qu'il appréhendait la suite, le coeur déjà lourd et prêt à craquer, mais il continua son discours, la gorge sèche.
— Ça sera jamais comme avant, ça c'est sûr. Mais honnêtement, quand tout ça sera fini, je veux pas te perdre à nouveau. C'est égoïste de dire ça mais je veux pas te voir repartir. J'ai peur, vraiment peur, de me dire qu'on se reverra sûrement jamais. Et je me suis dit ça depuis que t'es parti. Tu vas me trouver niais et un peu stupide, mais nous deux c'était pas n'importe quoi. Les « amourettes de lycée » ça a rien à voir avec ça, je sais pas comment dire..... C'est comme si j'avais rencontré mon âme sœur quand je t'ai connu.... C'était clairement pas parfait mais bon, Jisung gloussa les yeux brillants. C'est toutes ces petites choses qui m'ont fait t'aimer.
Jisung laissa une larme s'échouer sur son pantalon, un sourire triste aux lèvres.
— Peut-être que tu me diras jamais entièrement la vérité, parce que tu veux pas en faire une excuse, je te connais tu sais. C'est pas une excuse, c'est une cause, prends en conscience s'il te plaît. Arrête de t'en vouloir de respirer. Non laisse moi finir. Tu peux faire le fier avec qui tu veux mais pas avec moi, ça marchera pas. Même si t'as sûrement changé, t'es toujours celui que j'ai connu. Tu vas laisser les petites choses s'accumuler et attendre, puis va péter un plomb personne va comprendre et tu vas faire une connerie. Bref, je m'égare. Tout ce que je veux dire, c'est que j'aimerais juste comprendre, le reste je m'en fous. Tu peux repartir après si tu veux, je peux pas t'en empêcher même si je veux pas.... Forcément je t'en veux de m'avoir lâché, mais c'est impossible de te détester.
Jisung tenta de calmer sa respiration. Son discours désordonné résonnait dans sa tête de manière confuse, et contre attente, c'était ces mots que Jisung attendait sans le savoir. Certains lui faisait mal mais il en avait besoin.
— On peut pas en vouloir à quelqu'un de subir des choses. Au final tu t'es retrouvé tout seul, alors si je te déteste, il reste qui pour t'aimer ?
Les mots de Minho étaient vrais, cruellement vrais. Et pourtant, ils le rassurèrent d'un certain côté. Pendant tout ce temps, il avait tellement douté sur ce que Minho avait ressenti, sur ce qu'il lui restait comme image de lui, si la seule personne qui lui restait s'était entièrement détachée de ses sentiments. Il n'était pas du genre rancunier, et Jisung lui en était reconnaissant. Après ce couteau dans le dos qu'il lui avait planté, il était près à lui pardonner, parce que, il en était sûr, Minho l'aimait encore.
Et il sanglota, il se sentait pathétique. Il pleura dans ses mains, ses épaules secouées par les spasmes. Et brisé par cette image, Minho passa ses bras entre les barreaux et vint l'encercler, ses yeux perlant légèrement.
— Chuuut, viens-là, ça va aller.
Pendant de longues minutes, silencieusement entrecoupées par les sanglots communs des deux garçons, Minho passait sa main dans le dos du blond, le réconfortant de paroles douces et rassurantes. Il le sentait, il avait réussi à briser un mur, celui que le petit blond avait construit entre eux. Pas d'une mauvaise intention, mais pour protéger Minho. Il s'en voulait tellement qu'il avait eu peur de le blesser à nouveau. Mais étonnement, le plus dévasté n'avait pas été le policier.
Petit à petit, Jisung s'arrêta de pleurer. Et la tête toujours appuyée contre l'épaule du brun passée entre les barres métalliques, il brisa le silence.
— Dis, quand tout ça sera fini, o-on pourra se voir hein ?
— Oui, oui on pourra se voir, t'inquiètes pas.
— Tu veux bien ? Il releva ses yeux, pour les poser sur le visage attendri du plus vieux. Sa bonté d'âme le bouleversait toujours.
— Bien sûr que je veux....
— Même si je pue ? Minho éclata de rire.
— Même si tu pues.
Après un long câlin avec le blond, le lieutenant était remonté pour continuer à travailler dans son bureau. Il se maudissait de ne pas avoir pris les clés des cellules, car le prendre dans ses bras au travers des barreaux avait été assez difficile, mais ils en avaient rigolé. Il était heureux d'avoir apaisé les tensions qui régnaient entre eux, même si leurs explications étaient loin d'être terminées et qu'ils n'étaient pas près de redevenir proches en un claquement de doigts. Se retrouver après autant de temps avait quand même été libérateur.
Voulant vérifier qu'il avait bien rangé les indices ramassés récemment, il fit demi tour et se dirigea vers la salle des archives, située au sous-sol. Elle était rarement surveillée et n'importe qui aurait pu y entrer. Mais étonnement, jamais personne n'y mettait les pieds.
Une fois descendu, il arpenta les étagères en désordre à la recherche du numéro de son affaire, et s'enfonça de plus en plus dans la salle interminable et peu éclairée. Puis au bout de quelques courtes minutes, il entendit un bruit et décida de s'approcher discrètement.
Il comprit d'un coup se qu'il se passait avec effroi, et accéléra pour passer un savon aux personnes qui osaient utiliser la salle d'archives comme chambre d'hôtel. Mais lorsqu'il les vit, il sursauta, ne s'attendant absolument pas à voir ça.
— Oh mon dieu !
— Putain Minho !
— Mais qu'est ce que vous faites ??
Le brun s'empressât de cacher ses yeux, choqué par cette vision. Devant lui se trouvaient Changbin et son supérieur, à moitié dévêtus, dans une position assez suggestive sur leurs précédentes activités.
— C'est pas ce que tu crois, Chan se défendit, tout en sautillant pour remettre son pantalon.
— J'aurais préféré ne jamais voir ça....
— Pourquoi t'as pas prévenu que t'arrivais ??
— Mais que quoi prévenir, vous étiez pas censés être là !?
Changbin cherchait sa chemise derrière une pile de caisses poussiéreuses, renfermant de vieux dossiers oubliés. Son coéquipier était toujours retourné, ayant trop peur de revoir ses deux amis encore nus.
— C'est bon ? Vous êtes habillés ?
Chan chuchota presque sa réponse, totalement mal à l'aise face à cette situation. Son subalterne venait quand même de le surprendre en train de coucher avec son meilleur ami sur une table bancale dans la salle des archives, lui qui était censé représenter l'autorité et le sérieux du commissariat.
Minho se retourna et ils restèrent bien quelques poignées de secondes silencieux, osant à peine se regarder dans les yeux, et les respirations encore saccadées du couple comme seul bruit. L'embarras était à son apogée et il ne savait pas vraiment comment réagir face à cet événement complètement inattendu.
— Je savais pas que vous deux vous....
— Eh bah écoute, on en apprend tous les jours, Changbin ricana pour faire passer la gêne.
— Minho.... Si tu pouvais éviter d'en parler aux collègues, s'il te plaît....
— Tu peux compter sur moi.
Chan sourit sincèrement au brun, reconnaissant du fait qu'il promette de tenir sa langue. Évidemment, il n'allait plus jamais regarder son chef comme avant, mais au moins il le respectait pour ce qu'il était. Il s'excusa platement et s'en alla de la pièce pour retourner à son travail, laissant les deux coéquipiers seuls.
Changbin secoua la tête, comprenant que son compagnon venait de s'enfuir lâchement pour ne pas avoir à continuer cette discussion gênante. Il se s'agita nerveusement et s'apprêta à expliquer la situation à un Minho la bouche grande ouverte et les bras croisés, abasourdi, quand celui-ci prit la parole.
— Et tu m'as rien dit ? Bin là tu me déçois.
— C'est ça qui te choque actuellement ?
— Non j'avoue je m'attendais pas à ce que tu aies un aussi beau c-
Changbin lui asséna une tape à l'arrière du crâne pour l'empêcher de finir sa phrase, sous ses ricanements moqueurs. Puis il sortit de la pièce les joues cramoisies, un Minho blagueur lui emboîtant le pas.
Il esquissa néanmoins un sourire en coin : c'était un soulagement de savoir que son ami avait bien pris la nouvelle. Il allait se faire harceler de questions d'ici peu, il le sentait....
déjà ce gif était hyper bg
ensuite je tiens à préciser que je suis totalement consciente du peu d'hétérosexualité dans cette ff 😀
du coup c'est pas très réaliste mais c'est vraiment pour le plot parce que l'imaginer voir ça ça m'a fait rire
sah c'était long (deso si y a des fautes)
sinon j'ai l'impression que ça va trop vite la d
voilà c'est tout cIAO
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