5.
Vers l'heure du déjeuner, Minho avait enfin reçue la procuration qui lui permettait de perquisitionner l'appartement de Wooyoung. Alors il avait laissé son sandwich entammé sur son bureau et avait traîné Changbin en voiture jusqu'à son adresse. L'immeuble dans lequel il habitait était beaucoup moins luxueux que celui de Jeongin. Il se dressait sur une dizaine d'étages, les balcons faisant aussi office de paliers, un peu comme certains motels. Non loin de là, une ligne de métro passait dans un bruit assez désagréable. L'écart de richesse des deux quartiers avait surpris Minho, qui s'attendait à ce que Wooyoung ait le même rang social son ami.
Il laissa sa voiture noire sous le soleil printanier et se dirigea vers l'entrée principale, déjà entourée de policiers. Tous montèrent les escaliers, n'ayant pas trouvé d'ascenseur.
— Bon les gars, Changbin s'adressa à toute l'équipe. Je vous demande de fouiller chaque recoin, vous connaissez le profil du mort, donc si vous trouvez quelque chose qui colle pas, vous me le dites. Même un CD de Shakira, n'importe quoi.
Quelques collègues pouffèrent bêtement avant de s'engouffrer dans l'appartement barré par une bande jaune scotchée au préalable. Mais apparemment, cela n'avait suffi pour dissuader quelqu'un d'y entrer.
Sous leurs regards ébahis, un bazar sans nom s'étalait devant eux. Des meubles étaient renversés, des objets de toute sorte encombraient le passage, des papiers semblaient avoir été jetés à la va-vite. Quelqu'un semblait les avoir précédés peu longtemps avant. Et ça, ce n'était absolument pas prévu.
— Putain....
Le noiraud s'avança à travers quelques débris, suivi du brun. Il espérait que rien d'important n'avait été volé. Il ordonna à ses subalternes de fouiller quand même, et de chercher méticuleusement dans le désordre. Pendant ce temps là, Minho alla dans ce qui semblait être la chambre du défunt. De toute façon, il n'y avait pas beaucoup de pièces, la fouille allait être rapide.
Il passa le pas de la porte, et la pièce était plus ou moins dans le même état que les autres. Le lit avait été déplacé, un bureau situé sous la fenêtre croulait sous des affaires visiblement sorties en vitesse des grands tiroirs. Une bibliothèque trônant contre le mur de droite avait été dépecée de ses livres. Même la pauvre plante n'avait pas été épargnée.
Il évita de marcher dessus et se dirigea vers le bureau. Après avoir enfilé ses gants en latex, il éparpilla les documents de médecine pour trouver un quelconque papier intéressant. Mais il ne trouva rien, ni même dans les tiroirs. Wooyoung semblait être clean, et surtout très organisé.
Pourtant, si quelqu'un s'était donné autant de mal pour fouiller, c'était qu'il cachait quelque chose de très important.
Il examina rapidement la bibliothèque, son contenu comme le meuble en lui même. Peut-être que sous sa couche de peinture se cachait un indice, qui sait.
L'agitation de ses collègues dans tout l'appartement le dérangeait un peu. Une odeur plutôt agréable régnait dans l'appartement, elle lui rappelait quelque chose, ou plutôt quelqu'un. Ce mélange de jasmin et de rose, avec une pointe de pamplemousse, une odeur très particulière, même rare, mais très agréable et légère. Cette fragrance, il en était sûr maintenant, c'était celle du parfum de Jisung. Il avait donc gardé le même pendant toutes ces années.
Il demanda à Yeji de venir inspecter un peu mieux la chambre, et se dirigea vers la salle de bain, persuadé d'y trouver quelque chose.
Elle était assez petite. Une lumière légèrement verdâtre pendait au dessus de sa tête, des carreaux blancs rongés par le calcaire revêtaient l'intégralité de la pièce. Il passa rapidement sur les divers produits qui bordaient le lavabo et la porte de la douche en verre. Il se posta face au petit placard en hauteur, croisant son reflet dans la porte miroir fendue.
A l'intérieur, rien ne semblait avoir été vraiment dérangé. Les pots et quelques médicaments étaient seulement mal remis à leurs places. Rien d'anormal.
Minho s'apprêtait à refermer la petite porte quand un détail attira son attention. Les objets rangés sur l'étagère étaient parfois en double, et d'une certaine inutilité. Il trouvait ça assez étrange pour un jeune homme aussi maniaque que Wooyoung. Si dans sa chambre les livres étaient classés par des étiquettes, pourquoi le rangement des médicaments était aussi peu soigné ? Il réflechissa : la salle de bain était surement l'un des endroits les plus personels, la petite fenêtre opaque au dessus des toilettes et la position de la porte lui assurait une certaine intimité. Il y avait forcément quelque chose de caché derrière.
De ses deux mains, il tira les produits pharmaceutiques dans le lavabo pour dégager l'espace. Il tira aussi sur les étagères sans aucune douceur pour les retirer, et les balança par terre, révélant le fond de l'armoire miniature.
Il en était sûr.
— Bin viens voir ! Le brun s'écria pour être sûr d'être entendu.
L'autre ne tarda pas à arriver.
— Qu'est ce qu'il- oh my.
Derrière les étagères, un double fond était caché. Changin l'ouvrit sans plus attendre, et qu'il se trouvait à l'intérieur choqua les deux coéquipiers.
Jisung attendait maintenant depuis environ vingt minutes dans la salle d'interrogatoire. On l'avait enfin autorisé à se doucher, et il en était ravi, malgré l'état pittoresque de l'endroit où on l'y avait emmené. On lui avait aussi enlevé ses menottes, qui commençaient à lui lacérer les poignets. Il posa son front contre la table en métal fatigué d'attendre, quand soudain la porte s'ouvrit.
Il ne fut pas surpris de voir Minho, et esquissa un sourire en coin. Le charisme naturel du brun ne pouvait que le faire réagir malgré lui. Celui-ci vint s'asseoir après avoir fait signe à l'agent qui surveillait le blond de partir. La chemise qui renfermait les derniers éléments de l'enquête atterrît à côté des mains de Jisung, et le policier vint croiser ses mains devant son visage.
— T'es beau aujourd'hui.
— Ils t'ont enlevé les menottes ? Minho ignora sa remarque.
— Ouais, j'ai dit que je voulais que ça soit toi qui me les passe.
— On a perquisitionné l'appart' de Wooyoung.
Le sourire du décoloré tomba, peu rassuré par cette information. Il priait pour n'avoir laissé aucune preuve de sa présence.
— Je sais que t'y étais te fatigue pas.
Merde.
— Donc ma question est, qu'est-ce que tu faisais chez un gars que tu fréquentais à peine ?
— En fait, je connais très bien Wooyoung, bien plus que ce que tout le monde pense, Jisung souffla blasé.
— Comment ça ? Personne ne m'a dit que vous étiez amis... Minho s'étonna suite à cet aveu.
— C'est normal, avec les autres on restait pas trop ensemble. Mais on passait nos soirées et nos weekend ensemble, et donc récemment je suis venu habité avec lui parce que mon proprio m'a viré. On était très proches en vrai. Peut-être même trop....
— D'accord, Minho le coupa, préférant ne pas en savoir plus. Et pourquoi y'avait plus tes affaires chez lui alors ?
— On s'est disputé alors j'ai décalé chez un autre pote, il s'appelle Felix, si jamais tu veux vérifier. Il était à la fête.
Minho griffona au crayon le nom de cet ami sur une des feuilles de son dossier. Et il reporta son regard autoritaire sur Jisung.
— Jisung, tu peux m'expliquer pourquoi j'ai trouvé trois kilos de drogues dans sa salle de bain ?
Le susnommé manqua de s'étouffer, il ne pensait pas que la police découvrirait aussi vite cette affaire de drogue. Et pourtant, il avait aidé Wooyoung à garder ça secret. Mais une chose l'inquiéta plus que l'avis qu'aurait Minho sur son ami.
— Okay, j'te jure que j'ai arrêté mon trafic depuis longtemps, crois-moi, les mains jointes et le regard suppliant du plus jeune le convainquirent, néanmoins difficilement. Mais il avait l'air tellement soucieux de ce détail et de son avis qu'il le crut. Et pour la drogue, je savais pas où il la cachait, il a pas voulu me le dire.
— Donc tu savais pour la drogue ?
— Oui, j'ai voulu l'aidé à s'en sortir mais il a pas voulu arrêter, Jisung frottait ses mains nerveusement.
— Mais pourtant, Minho jeta un coup d'oeil au rapport de Ryujin, on a pas retrouvé de toxines dans son corps.
— Ah non mais il vendait en masse, depuis deux ou trois ans je crois.
Wooyoung était en fin de compte loin d'être réglo. Sa couverture d'étudiant en médecine modèle lui assurait une certaine sécurité en vérité. Il allait devoir enquêter de ce côté là.
— Pourquoi on n'a retrouvé, ni les affaires de Wooyoung, ni tes affaires sur la scène de crime ?
Minho enchaîna directement sur cette question, rappelant à l'autre la mort douloureuse de son meilleur ami. Ce détail l'étonna par ailleurs. Il se pencha pour se rapprocher du policier.
— Je sais pas. Et ça m'inquiète tout autant que toi. Je me souviens de rien, j'ai l'impression d'avoir été drogué. Jisung fronça les sourcils, et se redressa comme si sa phrase était une révélation. Attends, mais j'ai peut-être vraiment été drogué, j'ai du boire un truc que j'avais laissé sur le coin de la table ou je sais pas.
Minho se gratta la joue en réfléchissant. Il allait devoir demander à faire analyser un des cheveux de Jisung pour vérifier cette hypothèse. Cela expliquerait aussi le fait qu'il ait été retrouvé presque inconscient sur le corps de son ami. Il se rappela d'un détail.
— Tu as parlé d'une dispute avec Wooyoung, c'était à quel sujet ?
— On peut pas arrêter l'interrogatoire là ? Jisung s'affala sur sa chaise, impatient d'en finir.
— Non. Maintenant réponds à ma question.
— C'est pas très poli de se mêler des affaires des autres comme ça. Tu veux pas plutôt me parler de ta vie beau gosse ? Il releva un sourcil avec provocation. Le petit musclé avec toi là, il est bien frais lui aussi.
— Arrête de m'énerver et répond aux questions que je te pose. En fait, juste tais-toi et écoute moi sinon je vais m'énerver. Minho lui sourit faussement, il commençait à être agacé de ne plus avancer. Donc....
— T'attends quoi pour me passer les menottes ?
— Que tu fermes ta gueule.
Jisung haussa les sourcils, plus que surpris. Depuis qu'il le connaissait, c'était la première fois qu'il l'entendait l'insulter. Il ne l'avait pas vu pendant longtemps, mais il serait étonné d'apprendre que Minho s'énervait souvent, en utilisant des mots qu'il qualifiait autrefois, et peut-être encore aujourd'hui, de grossiers.
— J'adore quand tu t'énerves, susurra un Jisung narquois.
Le comportement de Jisung commençait sérieusement à l'énerver, à faire comme si de rien n'était et à jouer les dragueurs.
— Tu t'énervais jamais avant, j'aurais kiffé.
Ce fut la phrase de trop pour Minho, lui qui était déjà sur les nerfs. Ressasser un passé douloureux dont il était l'unique responsable était plus que culotté. Et les questions que Minho avaient arrêté de se poser depuis bien longtemps, ses craintes, son amertume et son chagrin, tout refit surface en quelques secondes.
— Pourquoi tu t'es barré du jour au lendemain ?
Minho avait lâché cette phrase avec un ton plus que glacial. Ses yeux le transperçaient de rage et pourtant semblaient appartenir à l'homme le plus triste du monde. Et Jisung ne s'attendait pas le moins du monde à cette question. Il se sentit coupable face à ses grandes prunelles foncées, et sa suffisance naturelle le quitta peu à peu.
— Minho....
— Sans aucun mot, aucun message, t'as disparu de la circulation comme ça, tu m'as laissé tout seul.
— C'était pas facile pour moi t-
— Non tais-toi, les yeux de Minho scintillaient de larmes. T'as aucune excuse. Tu crois que ça fait quoi de te revoir menotté après quoi, huit ans d'absence ? De se dire que tu reviendras peut-être demain, pendant plusieurs mois, d'attendre que tu rentres, puis un an passe, et peut-être que Jisung il est mort, et entre temps on te dit « oh Minho il est où Jisung », « bah alors t'es tout seul aujourd'hui » tous les jours ?
Jisung déglutit, blessé par ces mots véridiques. Il s'en voulait tellement, si il savait ... Il avait du laisser l'amour de sa vie derrière lui pour le protéger, et n'avait rien pu lui dire. Il avait attendu longtemps avant de pouvoir le revoir, mais c'était trop tard, il le savait. Il l'avait bien vu, ou alors ses propres émotions l'avaient juste effrayé.
Ce jour, il s'en souvenait parfaitement, quand il avait trouvé le commissariat où travaillait Minho. Et qu'il l'avait vu par la fenêtre. Dieu qu'il était devenu beau, ses cheveux noirs plaqués en arrière, une ou deux mèches tombant devant son front. Ses lèvres fines, gercées par le froid, son nez droit qui lui donnait cette allure de dieu grec. Ses joues griffées par quelques magnifiques imperfections, creusées par l'âge adulte. Les sourcils froncés par sa concentration, assis nonchalamment sur son bureau, sa chemise blanche ornée du badge de commandant doré, retroussée sur ses bras devenus musclés avec le temps. Ses cuisses athlétiques enfermées dans ce pantalon d'uniforme.
Son cœur avait bondi dans sa cage thoracique à ce moment même. Ses joues pleines s'étaient fendues niaisement de bonheur. Il était sûr d'être tombé amoureux pour la seconde fois dans sa vie, du même homme d'exception que la première fois. Il avait eu envie de le rejoindre et de lui sauter dans les bras, de le couvrir de baiser jusqu'à, ce que son souffle ne se coupe, de se blottir contre son torse et de pleurer de bonheur pendant des heures.
Mais il avait pris peur. Sans même croiser son regard, il avait pu plonger dedans. Et il y avait vu une vérité désagréable, une haine tranchante. Et il l'avait su. Il avait détruit le petit coeur de Minho qui ne battait que pour lui. Il l'avait taillé en pièce, et ses yeux ne brillaient plus, ils étaient le reflet de sa blessure irréparable. Il ne souriait pas. Et il avait reconstruit son coeur maladroitement.
Et Jisung avait pleuré, silencieusement dans la rue vide. Et il était rentré chez lui. Il n'avait pas revu le brun, jusqu'à son arrestation, surement la seule pour laquelle il était reconnaissant.
— Je t'ai jamais mérité, sa voix brisée interrompa Minho, surpris par cet aveu. Tu méritais tellement mieux, c'est pas plus mal comme ça.
Le blond baissa la tête honteusement, mordant sa lèvre avec violence pour se retenir de pleurer. Et le ricanement nerveux du brun n'arrangea rien.
— C'est ça ta réponse ? Tu t'en bats vraiment les couilles de ce que j'ai ressenti en fait ?
Ses yeux luisants se relevèrent douloureusement vers le policier, le silence de sa réponse assez équivoque pour le blesser une fois de plus. Alors il se leva brusquement, poussa sa chaise avec rage et s'en alla, claquant au passage la porte dans un bruit retentissant.
Jisung s'étala sur la table froide, la tête cachée dans ses bras tremblotants. Et il sanglota.
— Pardon.... Pardonne-moi Minho ....
j'ai enfin sorti le chap et bien long en plus sans dec j'ai taffé sur celui là plus que sur mes devoirs
jsuis sur ordi, on fait comme on peut écoutez
j'espère que vous avez kiffé, ptits sentiments, pour la première fois on voit le jiSuNg aPpEuRé qUi a dEs éMoTiOnS. oue c'est un fdp avec minho oue mais en vrai on l'aime
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