— Bouge, t'es lourd.

Minho se releva légèrement avant de s'écraser de nouveau sur le jeune homme encore endormi.

Cela faisait des mois qu'il se réveillait en compagnie de Jisung et chaque matin était une épreuve en même temps qu'un bonheur sans égal. Tout était allé vite en fin de compte, entre ce début d'enquête et cette sorte de colocation. C'était un sentiment étrange mais tout sauf déplaisant. Minho était sincèrement heureux, tout autant que Jisung.

Et cette matinée là ne rata pas. Il était encore tôt et le ciel bleu sombre se teintait d'un léger éclat de lumière provenant de l'horizon. Quelques oiseaux chantaient et les premières voitures arpentaient les rues, le bruit du moteur résonnant entre les parois lisses des immeubles. Mais Minho était bien plus concentré sur la respiration lente de Jisung, à peine réveillé, tentant déjà de le pousser de son torse. Puis au bout de plusieurs tentatives il renonça, ses bras étaient encore trop engourdis pour qu'il ne fasse quoique ce soit. Et ils restèrent silencieux, l'un contre l'autre, peu friands de parler dès le matin l'un comme l'autre.

Minho en profitait bien sûr pour passer sa main sur les abdominaux fins de Jisung, glissant jusqu'au creux de ses hanches si bien marqués, appréciant le toucher de sa peau chaude et presque imberbe. Mais son ventre qui gargouillait vibra contre l'oreille de Minho, et celui-ci rigola en l'incitant à aller petit déjeuner.

Ils se levèrent finalement et à pas traînants se dirigèrent vers la petite cuisine ouverte. Il n'y avait encore pas beaucoup de lumière à l'extérieur, le sol était froid et la pièce presque sans bruit, seul le réfrigérateur ronronnant dérangeait le silence. Ces matins là étaient ceux que Jisung préférait.

Alors que celui-ci cherchait de quoi se nourrir dans les placards, le téléphone de Minho vibra bruyamment contre la table.

— Allô ?

Finalement, la colocation provisoire était devenue définitive. Ils s'étaient installés ensemble et vivaient leur petite vie de couple. Ce qui au départ était plutôt une contrainte, pour Jisung, qui ne pouvait se permettre de payer un loyer et sa nourriture, s'était transformée chaque jour en une vie commune heureuse, ponctuée de quelques disputes parfois, mais vraiment géniale.

Les cauchemars de Jisung s'étaient faits très rares en particulier grâce à la présence de Minho. Il dormait de mieux en mieux et se remettait doucement de sa période de deuil, même si c'était encore dur pour lui. Quoique, il redoutait le jour où le procès de Felix aurait lieu, celui-ci approchait à grand pas, la date ayant été fixée. Cela lui donnait parfois quelques angoisses mais il essayait de se ressaisir en se disant qu'il devait finir cette année d'étude brillamment, Felix ne gâcherait pas tout.

Lorsqu'il était allé le voir en prison, il avait été secoué pendant plusieurs semaines. Ça ne l'avait pas du tout aidé au départ, et puis il avait pensé à y retourner mais avait changé d'avis. Il se disait que cela donnerait encore trop d'espoir à Felix, au fond il avait mal pour lui, il se retrouvait seul contre tous, accusé de meurtres dont il était coupable, et celui qu'il aimait lui rendait encore visite en prison, preuve qu'il comptait encore pour lui. Au final la décision de Jisung n'était pas plus mal, si la santé mentale de Felix empirait, il s'en voudrait, mais c'était maintenant inévitable, quelque soit son choix. Et puis, il ne devait rien à celui un ami qui avait tué un autre de ses amis tout de même.

— Ok j'arrive.

Minho raccrocha et Jisung fronça les sourcils en le voyant d'un seul coup bien réveillé et semblant pressé.

— C'était qui ?

— Une collègue, apparemment une femme a été retrouvée morte dans un placard d'hôtel.

— Ça me dégoûte, articula Jisung. Comment tu peux faire ce métier ?

— Tu sais que le sang me dégoûte pas, répondit Minho en cherchant les affaires dont il aurait besoin.

— Oui je sais mais quand même.

Le policier pressé lui attrapa les épaules et le regarda droit dans les yeux.

— Si tu veux on re commencera cette discussion quand tu veux, il s'arrête dans sa phrase pour l'embrasser furtivement. Mais là je dois vraiment y aller.

— Hmm excuse-nous Peter Parker file à ton devoir, et il l'embrassa à son tour.

Alors Minho fila vers leur chambre pour s'habiller convenablement tandis que Jisung s'asseyait sur un des tabourets, la télécommande à la main pour regarder une bêtise divertissante sur l'écran du salon. Il entendait Minho s'agiter mais il sirotait tranquillement son café au lait en ayant maintenant l'habitude. Quoique le café le dégoûtait encore trop pour qu'il mette plus de café que de lait, et Minho se moquait de lui pour ça.

— Bon je file.

Le policier en tenue de travail — qui lui allait d'ailleurs très bien — traversa le petit salon en vitesse, puis fit demi tour pour embrasser Jisung sur la joue, et enfin attrapa sa veste pour s'en aller.

— Minho ? hurla Jisung depuis la cuisine.

— Quoi ? répondit le policier depuis la porte d'entrée, hurlant aussi.

— Tu m'aimes ?

— Bien sûr que non, enfin.

Jisung pouffa légèrement avant de croquer dans sa tartine.

— Passe une bonne journée ma mocheté préférée !

Et après avoir crié cette phrase, Minho claqua la porte, pour se rendre sur le lieu où commencerait sa future enquête. Alors que Jisung finissait son petit déjeuner le sourire aux lèvres.

Ils étaient heureux, et pour rien au monde ils auraient échangé leur petite routine contre une autre. Ils avaient été torturés, ils avaient souffert, l'un comme l'autre, mais s'étaient supportés dans l'adversité.

Jisung était stressé mais content d'avancer dans ses études, supporté par un brillant policier aux magnifiques yeux sombres. Et Minho était heureux de partager son quotidien auparavant morose avec une bille de joie au sourire en forme de cœur.

Même si leur histoire, présente comme passée, ou même leur relation n'était pas parfaite, même si il y aurait sûrement de mauvaises passes, pourquoi il passerait à côté de ce jeune homme, qu'il aimait comme il n'aimerait peut-être jamais plus. L'amour guide sa loi, comme les personnages du film préféré de Jisung disaient souvent.

Et puis, leur histoire était tout de même digne d'un roman policier, non ?

FIN.