18.
Minho était allé voir un médecin, qui avait hésité à le mettre en arrêt maladie, mais le policier avait protesté. Son épaule était encore douloureuse, l'entaille n'était pas profonde mais allait certainement laisser une large cicatrice. Il devrait maintenant prendre un léger traitement contre la douleur et pour éviter une infection, et désinfecter régulièrement sa blessure puis changer ses pansements, et bien évidemment il devait faire le moins de mouvements possibles avec son bras gauche.
Ses autres blessures superficielles allaient cicatriser rapidement. Son niveau de stress par contre, avait bien augmenté et il recommençait à angoisser. Mais il préférait ne rien laisser transparaître au boulot.
Changbin était arrivé un peu après lui et ils s'étaient installés face au grand tableau, réfléchissant pour trouver une issue à cette enquête opaque.
— J'suis complètement perdu.
— Mais non regarde, on peut soupçonner Jisung à cause de sa position compromettante, Jeongin parce qu'il est louche en tous points, il nous a caché des choses. Quelqu'un de la fête qui est vraiment très subtil, Hyunjin par vengeance mais c'est léger comme mobile. Quoique il est bizarre lui aussi... Ensuite, Seungmin qui pourrait être sous les ordres de son chef, et je crois que c'est tout. Puis les autres, mais on a pas de mobiles plausibles quoi.
— Ouais en gros, on a rien quoi.
— Faut qu'on revoit les dépositions, on a dû louper un truc. Et qu'on réinterroge des gens par rapport à ce qu'on a appris.
— J'suis presque sûr que le meurtre est lié au trafic.
— Ouais, je pense aussi. Et tu pourras interroger Jisung ? Si jamais il se souvient de quelque chose.
— Faut que tu me racontes d'ailleurs, lança Changbin avec un sourire narquois.
Minho leva les yeux au ciel.
— Y'a rien d'important à raconter, un autre jour. Ou jamais.
— Au pire interroge le toi, nan ? Il sera plus à l'aise, je pense hein.
— T'as pas tort.
Pour gagner du temps, Changbin était allé interroger quelques camarades de l'université de Wooyoung. Minho, lui, s'était rendu en voiture chez Lee Felix, là où Jisung logeait provisoirement. Il n'avait apparemment pas de cours prévus à ce moment là alors c'était idéal pour aller lui poser quelques questions. Il espérait juste que Jisung soit seul, un interrogatoire en présence d'une personne tierce n'était jamais concluant, il l'avait appris à ses dépends.
— Minho ?
Un blondinet en short de sport et t-shirt, un stylo en main et des lunettes sur le nez lui avait ouvert. Il avait oublié à quel point une paire de verres pouvait aussi bien aller au jeune homme.
— Qu'est-ce que tu fais ici ?
— Désolé de te déranger, mais j'ai quelques questions à te poser.
Il accompagna sa phrase d'un sourire gêné, auquel Jisung répondît par un petit rire. Il ne faisait que son travail après tout.
— Vas-y, entre et installe toi dans le salon.
Il lui obéit et timidement, s'avança dans l'appartement. Jisung lui apporta un café fumant et s'asseya en face de lui. Minho regardait aux alentours, l'endroit n'avait rien d'extraordinaire, plutôt confortable bien meublé et rangé, quoiqu'un peu sombre. Il se tourna vers Jisung qui le fixait, le questionnant sur son regard inquiet.
— Ça va Minho ?
— Un peu fatigué et toi ?
— Oui, nan mais, il t'est arrivé quoi ?
— Ah ça... Un gars est rentré chez moi et m'a agressé.
— Pardon ?
— Mais t'inquiètes hein, même si j'ai pas vu qui était le gars je vais bien.
— Non mais il a atteint ton cerveau là. T'as vu ton état ? T'es allé voir un médecin ?
— Oui.
— Et ?
— J'ai un traitement.
Jisung se passa une main sur le visage.
— Il était armé ?
— Il m'a défoncé l'épaule avec un couteau, oui.
— Donc il aurait pu te tuer.
Minho fronça les sourcils. L'entendre à voix haute le perturba. Maintenant il se demandait pourquoi un homme avait délibérément tenté de le tuer, alors que l'idée ne lui avait pas spécialement traversé l'esprit.
Jisung était à la fois énervé et inquiet. Inquiet à cause de l'état de Minho ; énervé contre lui, qui ne comprenait pas la gravité de la situation. Et énervé contre celui qui avait osé s'en prendre au policier.
— Bref, à la base je suis pas là pour parler de moi, ricana nerveusement Minho.
Jisung leva les yeux au ciel et soupira, puis s'installa en tailleur et concéda à écouter son vis-a-vis.
— Qu'est-ce que tu peux me dire sur le réseau de trafiquants ?
— De ?
— Celui pour lequel Wooyoung a travaillé.
— Ah, oui. Bah... pas grand chose, je sais pas comment il y entré, avec qui il travaillait, je sais juste qu'il voulait en partir mais que c'était tendu.
Il l'incita à continuer.
— Il avait vraiment besoin de cet argent pour finir de payer ses études. C'était pas un toxico ou quoi. Par contre il a eu le culot de mêler nos potes à ça, et du coup il y a eu pas mal de disputes.
— Avec qui ?
— Un peu tout le gratin. Moi déjà, Jeongin, Hyunjin, Felix, et même les autres. A chaque fois qu'on lui en parlait ou qu'on était ensemble, même quand on était trois parfois, il attisait le feu c'était insupportable.
— Ça le stressait ? Que du monde le sache ou qu'on lui parle de drogue juste ?
— Ouais, mais bon ça se comprend.
Minho hocha la tête. Et sentant que l'interrogatoire touchait à sa fin, Jisung fit dériver la conversation. L'ambiance morose qui s'était installée s'envola aussitôt et fut remplacée par une discussion joyeuse et ponctuée de quelques rires.
— Tu trouves pas ça bizarre ?
— De quoi ?
— Je sais pas... Se retrouver, reparler normalement.
Minho y avait pensé effectivement, toit s'était fait naturellement, sans qu'ils n'aient besoin de forcer et c'était assez étonnant.
— C'est bizarre, hein.
— J'aime bien, souffla Jisung avec un sourire béat.
— Ouais, moi aussi.
Ils se regardèrent quelques instants avant que Jisung ne se racle la gorge et se relève.
— Hum, t'as faim ? Peut-être ?
Minho reprit sa respiration, ses joues chauffaient légèrement.
— Nan mais je vais devoir repartir au boulot de toute façon.
— Déjà ? soupira Jisung.
— Ouais, désolé...
— On peut se voir ce week-end tu penses ? Là j'ai pas mal de cours mais genre, samedi après-midi je suis libre.
— Carrément, tu m'envoies un message ?
Il s'était levé et s'était dirigé vers la porte d'entrée, suivi de son hôte. Il se rechaussa rapidement, reprit sa veste et finalement passa le pas de la porte.
— Bon, prends soin de toi surtout.
Et après quelques secondes d'hésitation, Jisung prit Minho dans ses bras. Il soupira, il était bien dans ses bras. Puis finalement, Minho s'en alla avec un immense sourire. Et de l'autre côté de la porte, Jisung pétillait de joie.
— T'es allé voir Chan ?
— Ouais il m'a engueulé salement.
— Il t'a dit quoi ?
— Que j'étais irresponsable, qu'il s'inquiétait pour moi, que enquêter alors que je frôle la tétraplégie c'est pas hyper safe et bla-bla-bla... Bref, jamais dans l'excès.
— En même temps il a raison.
— Arrête de défendre ton mec toi, ricana Minho.
— Mais nan mais... Laisse tomber.
Ils décidèrent de sortir de leur bureau dans lequel ils passaient récemment leur journée à trier des dossiers et à ramer sur leur enquête actuelle, pour sortir quelques minutes, simplement le temps d'aller s'acheter un café de meilleure qualité que celui « au goût de pisse » que crachait la machine en face de leur bureau.
— Du coup t'as trouvé quoi toi ?
Minho avait répété à Changbin sa conversation avec Jisung juste après avoir commandé deux cafés au caramel.
— Pas grand chose, pareil. D'après les autres étudiants c'était juste une bande de potes avec des hauts et des bas, même si apparemment y'avait souvent beaucoup de tensions. Tout le monde les connaît, mais personne ne sait ce qu'il se passe au sein du groupe. C'est un peu comme un groupe de rock sectaire en fait.
Un des serveurs appela Minho et une fois leurs boissons récupérées, ils sortirent et commencèrent à marcher en direction du poste, d'un pas lent.
— Ça se passe comment avec Chan ?
— C'est l'amour fou, prononça Changbin d'un voix suraiguë tout en gigotant.
— Nan mais, pouffa Minho. Pour de vrai ducon.
— Premier degré c'est incroyable.
— Sérieux ?
— Parfois on s'embrouille un peu et c'est souvent à cause du boulot du coup. Maintenant on se voit presque tous les soirs, on alterne entre chez lui et chez moi.
— Attends, coupa Minho, depuis combien de temps vous vous fréquentez déjà ?
— Euh... Maintenant ça doit faire plus de huit mois.
— Ouais, peut-être un peu tôt pour emménager ensemble.
— Tu veux pas que je lui fasse ma demande aussi, lança ironiquement Changbin.
— Ça serait drôle à voir en vrai.
— Ha, ha. Mais plus sérieusement, il commença avant de prendre deux grandes gorgées de sa boisson, peut-être que d'ici deux ou trois mois je lui proposerai d'emménager ensemble.
Minho esquissa un sourire narquois et plissa les yeux dans sa direction.
— Hm ?
— Quoi ?
— T'es amoureux.
— Mais ta gueule, soupira Changbin.
— J'te jure.
— Genre tu t'y connais.
— On m'appelle Leetic dans le milieu.
— T'es con comme un balai c'est pas possible, gloussa Changbin.
— Eh, avoue c'était bien trouvé comme jeu de mot.
— Tu as encore tellement à apprendre de moi jeune padawan.
Discuter ainsi, en tant qu'amis et non collègues leur faisait à tous les deux grand bien. Ils terminèrent leur consommation à l'extérieur, avant de rentrer finalement pour se remettre au travail. Le temps se réchauffait de plus en plus, le printemps coréen était assez chaud et bientôt, leurs collègues allaient mourir de chaud sous leurs uniformes de police.
Ils triaient, triaient, triaient. La vie de policier se résumait aussi à ça, trier les affaires classées depuis longtemps, ranger les papiers égarés, écrire des rapports et corriger certaines erreurs de leurs collègues les plus têtes en l'air.
Quelqu'un toqua à la porte de leur bureau, et après quelques secondes, Yeji passa sa tête dans l'entrebâillement avec quelques papiers dans les mains.
— J'ai des trucs sur Hwang Hyunjin.
— Dis nous tout.
— En fouillant un peu j'ai trouvé la preuve qu'il avait acheté la même drogue qu'on a retrouvé dans les cheveux de Han Jisung.
Minho et Changbin échangèrent un regard bref et inquiet.
Hwang Hyunjin était dans la merde.
classée #2 en minsung le 26/06/2021
j'y crois pas c'est pas possible y a un bug GENRE MERCI EN FAIT WAAAAW + 2K lectures <3<3<33333
la honte comment j'update jamais fin bref
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