12.
— Han Jisung, vous êtes libéré. Veuillez rester à la disposition de la justice jusqu'à la fin de l'enquête.
Changbin lui retira les menottes tout en récitant le discours de la procédure habituelle, et Jisung se frotta les poignets, marqués par les cercles de métal. Le soir même, après avoir informé leur chef, les deux lieutenants avaient été obligés de le libérer. L'avocate que lui avait payé son ami était redoutable, et il leur aurait fallu un élément infaillible pour pouvoir le retenir plus longtemps. Mais finalement, outre le fait qu'il soit mouillé jusqu'au cou dans cette affaire, Jisung n'était pas coupable. Du moins, aucune preuve ne pouvait le contredire ou l'affirmer.
De son côté, Minho était plutôt content de redonner sa liberté à Jisung, il s'en voulait quand même de le garder captif dans une cellule inconfortable, froide et sale, où il n'était pas bien nourri. Cela le rassurait de savoir qu'il n'allait pas passer le restant de ses jours à croupir en prison.
Il observa par la porte principale du commissariat Jisung qui descendait les marches, d'un pas assez las, sûrement à cause de sa fatigue, et qui rejoignait son ami venu le chercher. Au moins, il était entré de bonnes mains. Cela lui serra le cœur de voir son ami aussi inquiet de son état, le prenant dans ses bras pour le rassurer. Et à contrecœur, il prit la direction de son bureau.
Il ne pouvait s'empêcher de demander ce qu'allait faire Jisung maintenant libre, si il allait le revoir un jour ou si encore une fois, il perdrait sa trace. Évidemment, l'enquête n'était pas terminée et le jeune homme était obligé de rester à disposition de la police, comme expliqué par Changbin tantôt. Alors il ne perdait pas espoir, et comptait bien reparler à son amour de jeunesse.
Vêtu d'un léger pull en laine couleur pistache, il ressentait quand même le temps refroidi, malgré la saison printanière qui avait débuté depuis quelques semaines maintenant, et frissonnait légèrement. Minho était écrasé par la fatigue, et il mourait d'envie de rentrer chez lui pour s'enfouir sous sa couette en regardant un bon film.
Son collègue organisait ses dossiers mal rangés en manquant d'en faire tomber certains, sous le regard cerné du brun. Changbin lui jeta une rapide œillade, il avait de la peine pour lui. Il le savait très perturbé depuis quelques temps et il voyait son était se dégrader. Entre la fatigue qui l'accablait et les remords qui l'habitaient, Minho n'était pas épargné. D'un autre côté, il ne prenait pas vraiment soin de lui. Son travail occupait la majeure partie de son temps et sa vie privée était devenue inexistante.
— Tu devrais te reposer, tu sais.
— Hein ?
Changbin se tourna complètement vers lui, mettant en pause son moment rangement.
— Tes cernes descendent jusqu'à ton torse Minho, tu devrais pas passer quatorze heures par jour ici, c'est hyper mauvais pour toi, et tu le sais. À ce rythme-là, tu peux être sûr que dans deux mois même pas Chan te collera un psy' au dos.
Minho voulut rétorquer quelque chose, mais aucun mot ne sortit de sa bouche. Son coéquipier avait totalement raison, mais il ne voulait pas l'accepter. Se noyer dans son travail était devenu presque vital pour lui. S'éloigner de son quotidien triste et redondant et accumuler les enquêtes pour ne plus penser aux précédentes étaient devenus sa manière de vivre, s'investir dans son boulot était primordial pour lui. Il n'avait pas l'air de faire la différence entre « s'investir » et se dévouer corps et âme. Il était de nature déterminée et ne faisait pas les choses à moitié.
— Bon, tu vas rentrer plus tôt et te reposer. D'accord ?
Minho releva la tête pour croiser le regard bienveillant de son collègue préféré. Il n'avait pas le choix que d'écouter son conseil, ou Changbin irait voir leur patron pour qu'il le mette en arrêt. Alors il hocha la tête en souriant discrètement, et s'étira avant d'aller chercher deux cafés. Le reste de la journée s'était passée sans encombres. Les deux policiers avaient pris beaucoup d'avance ces derniers jours, et il restait très peu de paperasse à trier.
Minho avait fait une petite balade dans un parc, non loin du fleuve. Il avait apprécié la brise légère qui faisait s'envoler les fleurs de cerisiers et qui bousculait les pages de son livre. Assis sur un banc, il s'était plongé dans son roman et n'avait pas vu le temps passé. Et pour une fois, il ne s'était pas noyé dans ses pensées, ses émotions ne l'avaient pas submergé d'angoisse.
Puis il était rentré chez lui, et il avait pensé à Jisung, encore une fois. Il se demanda quand même, à quel point le hasard était bien fait, pour que leurs chemins se croisent ainsi. Pour lui, c'était forcément un signe, il n'y avait pas beaucoup de chances pour qu'ils se retrouvent, face à face, dans une salle d'interrogatoire. Et il n'y avait encore moins pour que l'éponge soit passée aussi vite. Comme quoi, les choses étaient drôlement bien faites.
Minho était affalé dans son canapé, une boîte de nouilles instantanées à moitié entamée sur la table basse et la télé allumée qui l'éclairait doucement. Il regardait d'un œil peu attentif le film qu'il avait mis, qu'il appréciait pourtant beaucoup.
Alors que l'un des protagonistes arrivait dans une maison luxueuse, dans un but malveillant, il détourna le regard et ne put s'empêcher de penser à son attitude avec Jisung. Il devait se l'avouer, il était très faible devant lui, cela n'avait pas changé depuis leurs années d'enseignement secondaire. Lui-même ne comprenait pas comment il avait fait pour lui adresser la parole aussi facilement lors de ces retrouvailles. Il s'en voulait presque d'avoir été aussi désarmé devant le faux blond.
Sûrement était-ce le fait de le revoir après tant d'années sans nouvelles, qui avait quand même réveillé une certaine colère en lui. Mais d'un autre côté, il avait ressenti une certaine euphorie, oui, une euphorie. De retrouver celui qu'il avait aimé, pendant une pincée d'années qui avaient semblées éternelles, ne reflétant que du bonheur.
Des sourires, quelques caresses, des rires, un peu de tristesse, et des moments inoubliables, intemporels, dont il souhaitait se souvenir toute sa vie. Minho sourit stupidement sur son canapé, un bras coincé derrière la tête. Il ne prêtait plus attention à la machiavélique famille Kim, seul Jisung occupait ses pensées. Merde, il pensait bien être piqué.
Le lendemain matin, Yang Jeongin avait été convoqué au poste de police. Son mensonge sur les affaires louches de Wooyoung devait être mis au clair.
Minho se sentait beaucoup plus en forme après une nuit de sommeil correcte, comparée à celles où il passait cinq heures les yeux à peine clos. Un rêve en particulier l'avait mis de bonne humeur dès son réveil, mais il l'avait oublié quelques minutes à peine plus tard. Puis ces derniers temps, dormir était une peur plus qu'autre chose. Il se rappelait sans cesse ces pauvres innocents, assassinés par la main d'un fou. Et tout cela par sa faute.
Il secoua sa tête pour remettre ses idées en place et éviter une petite angoisse si tôt. Le convoqué venait d'arriver et il se devait d'aller lui poser quelques questions.
Il passa une main dans ses cheveux avant d'entrer dans la salle sombre et peu chaleureuse. Un simple bonjour passa la barrière de ses lèvres, auquel son vis-à-vis répondit froidement. Un blanc suivit, où le policier vérifia quelques bricoles dans le dossier de l'enquête. Il s'installa sur la deuxième chaise lorsque le convoqué brisa le silence.
— Je peux savoir ce que je fais ici ?
Minho le fixa quelques secondes, puis croisa ses doigts pour les poser devant lui.
— Vous ne nous aviez pas parlé du trafic de drogues de Jung Wooyoung, pourtant vous nous aviez parlé de Han Jisung alors qu'il n'est pas concerné.
Jeongin sentit ses membres se tendre. Effectivement, il avait plus ou moins menti à la police, et il venait de réaliser que c'était stupide et qu'à présent, il était d'autant plus suspect.
— Vous savez qu'on risque de vous arrêter pour obstruction à l'enquête ?
— Je voulais pas être mêlé à tout ça, c'est pas vraiment mes affaires après tout.
Le visage peu convaincu de Minho le poussa à continuer.
— J'étais sûr que Jisung y était pour quelque chose, alors je vous ai mis sur la piste, c'est tout...
Minho se retint d'exploser. Il ne supportait pas les suspects qui se sentaient obligés de participer à l'enquête, en soi-disant aidant les policiers. À croire qu'ils avaient besoin de parasites qui les embrouillaient dans leurs pattes, pas assez occupés par leurs investigations. Il tapota ses doigts contre la table nerveusement, pour contenir son agacement.
— Mais ce n'est pas à vous de juger de l'avancée de l'enquête, vous auriez pu empiré les choses et nous mener sur une fausse piste.
Jeongin baissa la tête, plus par honte d'être remis en place que par remord, d'avoir brouillé les pistes d'une enquête. Minho souffla et décida de passer à autre chose, concluant qu'il ne connaissait rien sur le trafic. Et si c'était le cas, il était persuadé de ne rien obtenir de plus de sa part.
— Vous connaissiez bien le videur ?
— Qui ça ?
— Lee Jeno, le videur qui travaillait pour vous.
— Ah, lui. Vite fait, il venait régulièrement pour mes fêtes, mais sans plus. Professionnel, pas chiant... Non franchement, un mec carré.
Minho ne lui demanda pas son alibi, savant parfaitement qu'il allait lui répondre qu'il était en cours au moment du meurtre. Et à part interroger ses amis un à un, ce qui lui ferait perdre un temps fou, il n'avait aucun moyen de vérifier.
— Vous n'avez rien d'autre à me dire ?
Il hésita quelques instants, semblant avoir quelque chose à dire, mais se ravisa. Puis il hocha la tête de gauche à droite. Minho se redressa lentement, puis se pencha vers l'étudiant, pour lui murmurer un conseil.
— Tachez de ne plus nous mentir à l'avenir. Sinon croyez-moi vous aurez des problèmes.
Jeongin se recula légèrement, intimidé par le regard autoritaire du policier. Il baissa la tête et la hocha timidement. Puis ils sortirent de la pièce, et le jeune homme s'éclipsa en quelques secondes chuchotant à peine un "au revoir".
Minho retourna dans son bureau pour mettre au point quelques petites choses avec son coéquipier pendant une bonne heure. Puis ils sortirent pour se diriger vers l'espace de travail commun de leurs collègues moins gradés.
— Est-ce que quelqu'un a réussi à trouver quelque chose sur cette histoire de drogue ?
— Oui ! s'exclama une voix au fond de la pièce.
Un homme se leva et trottina dans leur direction, quelques feuilles à la main. Il manqua de tomber, ce qui lui fit lever les yeux au ciel, et se posta devant eux pour leur partager ses recherches.
— On a fouillé le téléphone de la victime, et il avait effacé la trace de certains de ses appels. Un numéro revient souvent, celui d'un certain Kim Seungmin.
— Et on peut le trouver où ?
Ils avaient pris leur voiture en direction de l'adresse que leur avait donné leur collègue. Minho s'arrêta quelques mètres plus loin, ayant repéré l'immeuble où ils comptaient se rendre.
Il claqua la porte de la voiture et se dirigea vers la porte en bois crasseux surmontée du numéro trente-sept, cachée à demi par le store abaissé d'un bar assez louche. Une ruelle sombre mais assez large le séparait du bar, et il décida de ne pas y prêter attention. Mais il changea d'avis en apercevant une bande, qui discutait bruyamment. Changbin s'arrêta, voyant son collègue s'engouffrer à petits pas dans la ruelle.
— Mais qu'est ce que tu fais ?
Minho l'ignora et continua d'avancer vers les quelques hommes regroupés devant l'arrière du bar, assis sur des chaises bancales en plastique autour d'une table dans le même état, buvant ensemble une boisson alcoolisée. Ils étaient cachés du soleil par une façade d'immeuble décrépi, d'où suintait une certaine humidité répugnante.
Lorsqu'il fut assez proche, les hommes s'arrêtèrent de parler pour le dévisager, et l'un d'entre eux lui demanda ce qu'il faisait ici.
— Kim Seungmin ?
— Ouais ?
Un jeune homme brun, une capuche couvrant une partie de ses cheveux, au visage doux et pourtant à l'allure menaçante, s'avança doucement vers eux, suivi d'un de ses amis, beaucoup moins confiant et visiblement plus âgé, d'après ses quelques rides et son menton râpeux. C'était d'ailleurs étonnant de voir cet homme suivre comme un toutou un autre qui semblait bien plus jeune que lui.
— C'est vous ?
— Ça dépend vous êtes qui ?
Minho fouilla dans sa poche à l'aveuglette à la recherche de son badge, et le brandit sous ses yeux une fois trouvé. Le supposé Kim Seungmin leva un sourcil en observant la carte, puis regarda le dénommé Lee Minho avec un dédain et un mépris sans pareil.
— Mec, t'es dans la sauce, lui chuchota le barbu.
Ils se fixèrent encore quelques secondes, et d'un seul coup, ils poussèrent les deux policiers contre le mur et se mirent à courir vers la rue.
— Putain !
Changbin n'eut pas le temps de se relever, que Minho était parti en courant dans leur direction. Les deux fugitifs tournèrent au coin du bar et il fit de même, sans les perdre de vue, son arme maintenant à la main. Il esquiva quelques passants, le souffle lourd. Il ne savait pas si son collègue avait réussi à le suivre ou non, ou si les autres hommes de la ruelle s'étaient enfuis. Mais ses pensées et son regard se concentraient sur deux silhouettes courant à tout allure, quelques mètres à peine devant lui.
Kim Seungmin jeta un œil vers l'arrière et fut surpris de constater que le policier les avait presque rattrapé. Il ne s'attendait pas à ce qu'un homme endurant les course. Alors il saisit puissamment la manche de son ami et l'entraîna dans un passage difficile à traverser, entre deux petites maisons mal entretenues. Ils n'avaient aucun mal à passer par dessus quelques objets ou morceaux de toit tombés, mais la tâche s'avérait plus compliquée pour Minho, et cela permît aux deux hommes de prendre un peu d'avance.
Ils continuèrent dans une rue adjacente, plutôt confiants mais essoufflés. D'ici quelques secondes, Minho reprendrait de la vitesse et il fallait faire vite.
Les passants s'écartaient, ne comprenaient pas ce qu'il se passait. Certains criaient, mécontents d'être bousculés ou de devoir simplement s'écarter. C'était le jour du marché, et les ruelles étroites n'étaient pas vides de monde, ce qui rendait la tâche bien plus difficile.
En passant devant une épicerie, ils jetèrent les cageots empilés par terre, pour barrer la route au policier. Cela ne fit que le retarder un peu plus. Il courait sans s'arrêter, le vent lui giflait les joues. Ses yeux ne quittaient pas les deux fugitifs des yeux.
L'un des dealers se retourna pour surveiller l'avancée du policier, mais fit l'erreur de marcher sur le pied de son ami, le faisant tomber. Il s'étala à son tour au sol, se heurtant l'épaule contre le béton irrégulier.
— Putain mais t'es complètement con ! Seungmin s'écria.
Minho arrivait en trottinant, puis s'arrêta devant eux, ricanant discrètement. Il attrapa leurs cols pour les faire se relever et leur fit une prise pour immobiliser leur bras contre leur dos.
Une fine pellicule de sueur s'était formée sur son nez et à la naissance de ses cheveux. Il respirait fortement, regardant la rue pour voir si son collègue allait arriver. Sentant l'un des hommes appréhendés bouger, il raffermit sa prise, le faisant geindre de douleur, et se décida à sortir ses menottes. Au même moment, Changbin arriva, en rangeant son arme de service, complètement essoufflé.
— Arh, faut vraiment que je me remette au sport...
haha qui est de retour 🕺🏻
est-ce que j'ai pas relu prck j'ai pas aimé ce que j'ai écrit ? alors que ça m'a pris 2000 ans ? haha bon
le prochain chap arrive bientôt (cette fois promis)
là ça stagne ça me soule mais bon, bientôt ça sera cRoUsTiLLaNt à sOuHaIt
et sinon merci de lire cette histoire ça fait tellement plaisir :(
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