quatre armes
𝓜𝓮𝓼𝓼𝓲𝓮𝓾𝓻𝓼 𝓛𝓮𝓮
mardi 5 mars 13h26
"Tu m'expliques??" Deux mains martyrisaient le pauvre, et énorme, bureau de Clark qui voulait simplement déguster son cookie avec son thé infusion mangue. Lorsque ses yeux se posèrent sur le petit papier avec écrit "mission bouches brisées RN-01 & LF-04", ils firent un long tour dans les cieux. Encore cette histoire.
"Tu le savais, enfin, tu t'en doutais. Pourquoi toute cette réaction?" Le directeur ne leva même pas les yeux vers Rino, sachant pertinemment que cela se résumait à une perte de temps pour tous les deux. Pour une fois, il ne souriait pas non plus. S'attirer les foudres de Rino sur ce sujet si fâcheux c'était se mettre en danger pour rien.
"Mais putain pourquoi vous faites tous comme si il s'était rien passé? Vous avez oublié qu'il a tué ma femme?!" Ah, au moins il voyait la réalité en face pour une fois. Clark n'en attendait pas moins de lui, même si deux ans c'était long. Encore manquait-il un petit détail à la liste, ce n'était pas sa femme qu'ils avaient tué.
"Tu veux que je te rappelle qui était Mìmì De? Tu veux que je te rappelle ce qu'elle était censée faire? Tu veux que je te fasse souvenir qu'à l'heure actuelle tu aurais pu la rejoindre si je t'avais pas sauver la mise?" Et plus ses propos atteignaient les oreilles de Rino, plus le directeur se levait de sa chaise pour le surplomber de toute sa puissance. Oui, si Clark ne l'avait pas pardonné, lui aussi on l'aurait tué depuis.
Le plus âgé des deux soupira, une nouvelle fois, fatigué de redire les mêmes choses à ce sourd. Peut-être que si il lui remettait bien les idées en place, ça arrangerait l'affaire non? Autant être brute, sauvage, sec une bonne fois pour toutes.
"Mìmì Lee, de son nom de jeune fille De était une correspondante ENNEMIE chinoise. Son seul but en venant à Sydney était d'épouser un de nos agents dans la plus grande discrétion puis d'infiltrer notre base afin d'avoir toutes nos informations."
Tout le monde le savait, dans toutes les agences aux quatre coins du monde. Daeyoung le savait, Emma Wilson devait le savoir, et Minho le savait aussi très bien, parce qu'il avait été aux premières loges du spectacle. Clark le savait, c'était lui qui avait programmé sa mort de toute façon, et LF-04 aussi connaissait par cœur l'histoire.
"Elle n'a jamais divulgué quoi que ce soit. Son gouvernement n'a rien su de nous, vous l'avez tué sans preuves. Elle était putain d'innocente! Les occasions pour elle de me tuer ce sont présentés de nombreuses fois mais elle a rien fait parce qu'elle est revenu sur le droit chemin!"
Son souffle se coupa quand une prise bien trop forte serra sa gorge . Clark était à bout à cause de ses conneries. Or, quand il soufflait pour la quatrième fois de la journée, ce n'était pas bon signe pour l'emmerdeur. Et là, c'était la goutte qui avait fait déborder le vase. Alors avec une lente approche, il rapprocha son visage de celui de Rino qui commençait doucement à prendre des couleurs sous l'asphyxie.
"Je ne te le redirais pas deux fois, le nom de cette traîtresse n'a rien à faire ici. Ton tatouage m'horrifie déjà assez pour que je ne supporte ce que tu viens de dire." Ses doigts agrippèrent davantage le coup de Rino qui tenait toujours tête à son supérieur. Leurs yeux se confrontaient dans une guerre interminable, entre qui aura le dernier mot. Le problème c'est que Clark était bien trop fort dans ce jeu de puissance et le souffle du brun commençait à un peu trop manqué.
Sa poigne se défit totalement du commandant tandis que ce dernier s'écroula sur la table en face de lui. Clark ne lui lança aucun regard, sa patience ne le lui permettait pas. De toute façon, quand il regardait Rino, ses yeux ne rejetaient que dégoût, méprisante et honte. Il se demandait encore pourquoi il lui avait donné une seconde chance si c'était pour être toujours follement amoureuse de cette sorcière. Pour ne pas faire monter la pression de son pouls, le directeur décida de faire un tour dans les locaux, histoire d'oublier ce petit accident et continuer sa journée dans le plus grands des calmes.
"Enfoiré..." Chuchota le seul encore présent dans le grand bureau noir. Sa gorge lui faisait atrocement mal, étant sèche et irritée par les ongles du grand brun. Il essaya de tousser mais en vain, il lui fallait de l'eau.
Rino partit ainsi à la recherche de sa bouteille de jus de pomme, acheté un peu plus tôt. Encore fallait-il traverser le couloir sans que personne ne le remarque, ni lui ni sa grosse marque rouge autour du cou. Ses pieds se mirent alors en mode silencieux, autrement dit sur ses pointes. Le regard fluide et en mouvement, il vérifia qu'aucune âme n'errait dans l'agence.
Content d'apercevoir que personne n'était là, il put finalement sortir de sa cachette sans craindre quoi que ce soit. Le corps encore grelottant de son attaque précédant et les jambes flageolantes, Rino se dépêcha comme il put pour s'enfermer à nouveau dans son bureau. Cependant, l'arrivée inattendue de deux nouvelles voix l'empêchèrent d'avancer.
"Oui il faut que j'aille le voir mais, ah quand on parle du loup... Clark?!"
Son corps refusait de bouger malgré sa conscience qui lui criait de se bouger. Y'avait quelque chose qui le bloquait, ou plutôt quelqu'un qu'il avait reconnu. Pourtant, il ne restait que trois pas à Rino pour atteindre sa pièce attitrée. Il aurait facilement pu faire abstraction de ses gens et faire comme si rien ne s'était passé, comme si son cœur ne battait pas à la folie. Il faisait dos aux arrivants et observait, sans vraiment le faire, le bas de sa porte en plus de ça. L'excuse la plus probable pour ne pas leur répondre serait "pardon je ne vous ai pas entendu" puis partir, fuir à nouveau.
"Eh Clark tu réponds...même pas?" Les pas qui s'étaient pourtant rapproché de lui devinrent incertains, hésitants et lents. Le garçon derrière venait de comprendre sa bêtise, du moins, son erreur. Ce n'était pas Clark qu'il avait en face de lui, mais plutôt Lee Minho.
Ce dernier tremblait de peur de s'emporter s'il se retournait et voyait son visage. Parce qu'il était absolument sûr que le garçon n'était nul autre que Lee Felix, ou plutôt, le meurtrier de sa femme. Cet être qui n'avait eu aucun remord à tirer une balle dans la tête de sa bien-aimée et qui avait souri le lendemain comme s'il revenait de vacances. Ouais, cette personne si cruelle soit-elle vivait encore et se trouvait juste derrière lui. Alors veuillez comprendre la rage puissante qui s'était emparé du corps de Minho à la seconde où sa voix avait résonné dans sa tête.
"Minho...?" Il voulait le plaquer contre le sol, lui faire bouffer le mur jusqu'à ce que ses dents tombent toutes une par une. Trouvez sa mère et lui faire subir les pires horreurs du monde pour montrer à Felix la douleur de perdre le seul être chère qu'il nous reste. Mais il ne le fera pas, parce qu'il ne pouvait pas.
Les mots ne sortaient même pas de sa bouche, inutile de gaspiller sa salive pour quelqu'un comme ça. Cela ne servira à rien de toute façon, Felix ne regrettera jamais son acte deux ans après.
Finalement, la seule décision qu'il prit fut d'ouvrir précipitamment la porte en sentant la main du garçon se rapprocher dangereusement de son corps. Il referma violemment le meuble derrière lui, laissant échapper une rapide œillade à Felix. Quelle erreur. A peine quelques secondes et pourtant, Minho avait pu voir toute l'inquiétude, la mélancolie et la tristesse que le blond véhiculait dans son expression. De quel droit se sentait-il triste? Qui l'avait autorisé à avoir des émotions alors que son cœur n'était fait que de glace?
"Minho attends!" Sauf que s'il attendait une seconde de plus, son sang froid partirait bien vite et sa chevelure dorée deviendrait toute rouge. Il ne fallait pas sous-estimer Minho malgré sa petite carrure. Ses bras retenaient bien plus de force qu'un gorille parfois.
C'était débile de s'enfermer à double tour dans son bureau alors même que Felix était derrière cette porte. Porte qu'il pouvait très bien casser avec un seul coup de pied avec ses nombreux entraînements et ses ceintures noires en taekwondo. Mais Minho ne voulait pas le confronter, pas tout de suite, pas maintenant, pas dans une semaine, pas dans cette vie. Il ne voulait jamais le revoir. Apercevoir cette tête naïve et innocente qui avait prit plaisir à tuer sa femme le mettait déjà dans un état pitoyable. Non, s'il croisait ses yeux larmoyants, il était sûr de ne pas pouvoir se retenir de le tuer.
Il ne se passa rien pendant deux bonnes minutes, aucun bruit, pas un seul ne parlait. Pourtant, le souffle lourd du blond passait entre l'épaisseur de la porte. Felix retenta d'appeler le brun, or, ce dernier avait déjà fait son choix. Les efforts du plus jeune se réduirent en échec, personne ne pourrait changer la mentalité de Minho, surtout pas lui.
♞
Les heures étaient passées si rapidement que Rino se réveilla subitement, sans même avoir pris conscience qu'il s'était endormi. A cause de ça, il n'avait aucun moyen de savoir si Felix était parti ou non. Or, une sueur froide passa dans son dos lorsqu'il aperçut une ombre dans son bureau baigné par l'obscurité. Il se leva rapidement de sa chaise et brandit son couteau qui l'accompagnait partout où il allait.
Après quelques secondes, sa vision s'habitua à la pénombre et son souffle devint plus apaisé lorsqu'il se rendit compte que l'ombre n'était en fait que son manteau. Bordel, sa santé mentale avait pris un sacré coup pour s'emporter de cette manière. Enfin, cela signifiait peut-être que la fatigue commençait un peu trop à l'envahir. Son ordinateur affichait vingt-deux heures, normal qu'il se fatigue à rien.
Il prit alors la sage décision de partir de l'agence, ayant eu un peu trop d'adrénaline pour la journée. Bien évidemment qu'il vérifia chaque recoin des couloirs pour éviter de croiser sur de nouvelles personnes, encore moins voulu que Felix. Enfin, s'il y en avait des pires. Clark n'était plus dans son bureau et tous les commandants avaient l'air d'être dans ce même cas de figure. En clair, seuls les plus jeunes et les soldats restaient tard la nuit pour s'entraîner davantage.
Minho aussi avez été comme ça plus jeune. A tel point que ses nuits complètement se faisait plus rares qu'un père présent aux Etats-Unis. Cependant, il ne regrettait pas d'avoir perdu ses années libertines à affronter ses collègues sur un ring de boxe, à programmer des réseaux de sécurités pour vaincre des virus potentiels ou bien à calculer le périmètre d'une bombe d'un certain type. Non, Rino ne regrettait pas d'être entré dans l'agence australienne des forces spéciales, pas pour cela en tout cas. En observant deux jeunes qui ne dépassaient pas la vingtaine, rigoler dans une salle de combat physique, il se rappela de ses beaux jours aux côtés de Fezco et deux autres amis. Tout cela lui manquait un petit peu s'il osait se l'avouer. Ou peut-être que c'était le manque d'alcool qui le rendait si mélancolique? Après tout, cela faisait longtemps qu'il n'avait pas bu de Jack Daniel pour oublier.
Sa prochaine destination était décidée, ça sera le bar le plus proche, afin de se saouler modérément. Le problème étant que personne ne pouvait l'emmener et qu'aucune voiture, dont il avait les clés, étaient présentes sur le parking. Ça le faisait bien chier de demander à l'accueil une voiture et il ne voulait pas non plus demander à un jeune qui traînait. D'une parce que cela voulait dire qu'il n'en n'avait pas. D'une autre parce qu'il ne voulait pas socialiser. Ce faire des copains, c'était la dernière chose qu'il voulait faire ici.
"T'as besoin de quelque chose on dirait." Bon, mission pas réussite pour le coup. Quelqu'un arriva pas derrière, ne laissant pas le temps à Rino de reculer puisque ses deux mains atterrirent directement sur ses épaules, l'empêchant de faire quoi que ce soit.
Cela ne faisait rien, il était sûr et certain que Fezco ne ferait rien contre lui, du moins, directement. Le bouclé sentait la clope à trois kilomètres à la ronde même si une douce odeur de vanille l'accompagnait. Ce qui dérangeait le plus Rino c'était de ne pas voir son visage et donc ne pas savoir ce qu'il pensait. Enfin, cela fut vite réglé lorsque son ami enleva ses mains de ses épaules pour les reporter vers sa cigarette.
"Tu ne changes toujours pas tes habitudes à ce que je vois." Même paquet de clopes depuis vingt ans, et plus s'il n'ose avouer qu'il a commencé à seize ans. Le pire c'est que Fezco faisait partie de ses chanceux qui n'ont jamais eu la voix enrouée à force de fumer. Il avait arrêté une bonne dizaine d'années, le temps que sa fille grandisse en fait.
"Toi non plus, tu fuis encore." S'il disait ça c'est parce qu'il avait vu la scène dans le couloir, entre lui et Felix. Y'avait une petite once de reproche dans ses propos, que Rino ne souhaita pas souligner. Glisser sur cette pente à quatre-vingts degrés alors que la pluie battait encore, ce n'était pas une très bonne idée.
L'instant de mutisme commença à partir du moment où les deux hommes s'assirent sur le rebord de la route. Le paysage en face d'eux était ravissant. Le soleil commençait doucement à se coucher, laissant derrière lui des reflets oranges et roses. Le fond se constituait partiellement de terres désertes avec quelques plaines de sable de temps en temps. Une seule voiture avait croisé le regard des hommes. Il n'y avait pas grand monde sur cette route en fait, que cela soit le matin très tôt ou le soir très tard.
Rino comprenait dans un sens. Que ferait une personne en campagne australienne alors que Sydney se situait à dix minutes même pas d'ici? Il n'avait pas la réponse et ne voulait pas l'avoir. Il s'en foutait complètement des australiens, du pays en général. Cela ne le concernait plus du tout désormais. Cependant, ça le faisait extrêmement suer de devoir avouer qu'il y avait bien des avantages que Séoul n'avait pas.
Sous le regard curieux de son ami, Rino tira une roulée de son paquet qu'il gardait précieusement dans sa veste en cuir. De son briquet bleu électrique, il l'alluma silencieusement, accompagné de la brise tiède du mois de mars. Une grosse fumée s'échappa dans les airs, formant de nouvelles formes à chaque coup de vent.
"Je déteste l'hiver à Séoul, c'est le seul point positif en Australie." Amorça-t-il pour briser le silence que des grillons coupaient entre-temps. De vraies vacances d'été se dit-il, sauf qu'il devait travailler et que personne ne le laissait tranquille.
"Pourquoi ça?" Les sourcils de Fezco se froncèrent en même temps que ses traits de visage, ne voyant pas où son ancien ami voulait en venir. Pourquoi disait-il ça sans aucun contexte ni sans expliquer sa thèse?
"T'as jamais remarqué que les cigarettes se consomment plus vite?" Fezco sourit de la bêtise de son ami. Décidément, son habitude de changer les sujets de conversation n'avait pas bougé.
Le visage de Minho s'éclairait d'une jolie lueur orange, accompagné de ses yeux qui brillaient à la simple vue du doux feu. Ses traits de visage n'étaient pas aussi serrés et froncés qu'avant, signe que la nicotine lui faisait le plus grand bien. C'était étrange pour Fezco de le voir aussi, apaisé. Étrange et bizarre mais pas moins agréable et rassurant.
"C'est comme si le froid aussi voulait une bouffée de toxine pour pouvoir survivre à la solitude de son être, comme si lui aussi en avait marre de la vie. Il vient te prendre ta roulé du bout des doigts, tire une taffe de deux centimètres et repart l'air de rien, et toi, t'as tout perdu durant ce rude hiver." Et Rino n'avait pas non plus perdu son habitude poétique qui consistait à balancer la chose la plus belle et random qu'il avait en tête.
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