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𐚁 Chapitre 87

━━━┅━ J I S U N G ━┅━━━

   Le deux s'était transformé en trois et le neuf en zéro ; il était désormais minuit et demi et j'étais prostré en tailleur sur mon lit depuis déjà près d'un quart d'heure. Mon téléphone posé sur le matelas, l'écran noir me faisant face, j'attendais impatiemment l'appel de mon copain dans un silence de plomb. Ce dernier m'avait envoyé un message en me confirmant que son père s'était retranché dans sa chambre et qu'il ne tarderait donc pas à lui laisser le champ libre. Alors, depuis la réception de cette information, je patientais et c'était de loin la chose la plus difficile que j'aie eu à faire.

Minho me manquait terriblement. J'avais l'impression qu'on ne s'était pas vu depuis des mois, alors je m'affolais à chaque notification qui me laissait penser qu'il s'agissait de lui. J'avais peur qu'il se soit finalement résigné, ou pire, qu'il ait accepté ma proposition simplement pour que je cesse d'insister et que je le laisse tranquille. Ces deux possibilités tournaient en boucle dans ma tête sans que je ne sache les réfréner, le stress et le doute se glissant ainsi peu à peu sous ma peau. C'était idiot de croire une chose pareille – mais je l'étais certainement – Minho n'était pas comme ça. Et j'eus effectivement raison puisque une sonnerie provenant de mon cellulaire se mit enfin à retentir dans la pièce tamisée qu'était ma chambre. Instantanément, mes lèvres se plissèrent en un large rictus, celui-ci s'agrandissant davantage lorsque je remarquai qu'il s'agissait d'un appel vidéo.

Rassuré et aussi heureux qu'un gagnant de loterie, je me jetai alors dessus pour décrocher. Je ne m'étais même pas apprêté et je devais probablement sembler être tout droit sorti du lit mais tant pis, tout ce qui m'importait c'était de voir son visage à lui. Son adorable minois que j'aimais tant contempler. Néanmoins, quand je levai l'objet au niveau de mon faciès, je fus accueilli par la bulle d'icône du profil Instagram de Minho.

Minho ? T'es là ? Questionnai-je d'abord pour m'assurer qu'il ne s'agissait pas d'un bug.

Salut, Jisung. Me répondit-il alors très clairement, d'une voix pourtant presque inaudible.

Salut ! Souris-je. Ta caméra est coupée, au cas où.

Ah, je sais. J'avais pas très envie de te montrer à quoi je ressemblais, aujourd'hui.

Qu'est-ce que tu racontes ? Rétorquai-je en fronçant les sourcils. T'as pas besoin de te mettre sur ton trente-et-un pour être beau, tu sais ?

Il ne répliqua rien et je me sentis soudainement bête de lui avoir dit ça. Après tout, il ne me devait rien et s'il ne voulait pas se montrer, c'était son choix et, malgré mes propos très sincères, je devais le respecter.

T'as mangé ? Demandai-je ensuite pour changer de sujet.

Oui, un peu. Marmonna-t-il.

T'as mangé quoi ?

Des pâtes et des poissons panés.

Miam ! Source sûre, j'approuve. Mes yeux fixés sur sa photo, j'affichai un grand sourire.

Et toi ?

Des spaghettis à la bolo' !

Oh, j'en veux. Pleurnicha-t-il doucement.

Viens à la maison, alors.

Tu sais très bien que je peux pas.

Justement, j'ai eu une idée !

Tout fier de mon plan encore fraîchement élaboré, je décidai de m'allonger confortablement dans le creux de mon lit avant de le lui expliquer. Mon bras nu en l'air afin de maintenir le téléphone, je plaçai mon autre membre sous ma tête puis, à ce moment-là, fus surpris d'entendre une courte vibration lointaine.

Minho ? L'interpellai-je en plissant les yeux.

Oui ?

T'as pris un screen' ?

Non... Mentit-il.

Je me mis à ricaner ouvertement pour me moquer gentiment de lui, il était prévisible et mentait si mal que c'en était comique. Malgré le fait que sa caméra était coupée, je savais pertinemment que son cou et le bout de ses oreilles devaient actuellement être teintés d'un doux cramoisis. Il était du genre à se retrouver facilement embarrassé, le rouge lui montant rapidement au visage dans ces cas-là puis, un sourire timide aurait courbé ses lèvres roses et ses pommettes se seraient arrondies, devenant ainsi beaucoup plus définies. C'était l'une des premières particularités que j'avais remarqué chez lui, un petit quelque chose qui faisait tout son charme et qui me donnait davantage envie de le taquiner.

Bon alors, c'est quoi ton idée ? Me pressa-t-il.

C'est ça, change de sujet... Soufflai-je en gloussant à nouveau. J'ai beaucoup réfléchi depuis tout à l'heure et-

Ah bon, ça t'arrive ? C'est rare. M'interrompit-il, d'humeur joueuse.

Non mais je rêve, je joue le prince charmant pour t'aider à t'échapper de ton donjon et toi tu me tacles !

Tu t'es pris pour Eugène ? D'abord, tu montes à ma fenêtre et, là, tu veux me sauver des griffes du méchant dragon ?

Le dragon c'est censé être ton père ? Puis c'est qui Eugène ? Demandai-je, confus.

Dans Raiponce.

Le cheval ?

Non, le mec super beau, là.

Les sourcils froncés à leur maximum, je tentais d'élucider ce mystère en me rejouant les scènes du film d'animation qui retraçait le fameux conte des frères Grimm. Cependant, ce fut un échec puisque le seul personnage auquel je pensais était l'animal de compagnie de la jolie princesse.

Le caméléon ?

Mais non, lui c'est Pascal !

Qui appelle son putain de caméléon Pascal ! M'exclamai-je en jetant mon bras en l'air.

Le rire que j'entendis ensuite compressa l'organe vital à l'intérieur de ma poitrine. Mon nez quasiment collé à l'écran, j'analysais l'icône de mon interlocuteur comme si je pouvais en réalité percevoir ce dernier à travers sa photo de profil. Un sourire plissa mes lèvres et je restai silencieux jusqu'à ce que Minho calme son hilarité. Sa voix m'avait manqué, c'était une libération de pouvoir l'écouter à nouveau.

Heureusement que j'ai des écouteurs, t'aurais réveillé mon père à force de gueuler comme un putois.

Comme un putois, carrément ? T'es un peu trop à l'aise avec moi, si tu veux mon avis. Lui dis-je, faussement outré.

Sauf que je l'ai pas demandé, ton avis. Rétorqua-t-il à la seconde.

Ah. Okay, bah... Les lippes pincées, je pris un instant pour trouver une réplique. Tant pis, alors. Tu resteras dans ton donjon pendant que, moi, je me ferai des spaghettis bolo' tout seul.

Un long silence s'ajouta à l'appel suite à ma provocation. Ce n'était évidemment qu'une plaisanterie pour moi et j'espérais que Minho l'ait compris mais le doute s'installait un peu plus à chaque seconde qui s'écoulait sans que que le jeunot ne me donne un signe de vie. Est-ce que j'avais été trop loin en me vantant ? Honteux, l'expression de mon visage s'affaissa petit à petit et je m'apprêtai à m'excuser lorsque mon interlocuteur prit la parole en premier.

Tu sais que tu louches un peu quand tu fixes quelque chose ?

Fausse alerte, Minho allait parfaitement bien. Il enchaînait raillerie après raillerie sans aucun scrupule, se servant alors de moi comme son punching-ball vivant. Néanmoins, je ne lui en voulais pas, au contraire, j'étais heureux de voir qu'il n'était plus aussi renfermé sur lui-même que ces derniers jours et qu'il acceptait enfin de me parler. Ainsi, j'allais simplement ravaler ma fierté et l'écouter bafouer mon égo autant qu'il le désirait. Les sourcils tout de même haussés par la stupeur, je pouffai amèrement de rire en éloignant mon cellulaire.

Tu préfères que j'éteigne la caméra, moi aussi ? Le menaçai-je ensuite, d'une voix moqueuse.

Non, je préférerais que tu m'expliques enfin ton idée.

Ah, oui ! J'avais oublié... Bredouillai-je en me redressant. Bon, alors voilà, c'est par rapport au Grand Oral. Tu passes bien à huit heures le vingt-six, non ?

Je dois y être pour huit heures quarante, oui, mais je passe vingt minutes plus tard.

C'est vrai, y a tout le bail de la préparation aussi...

Pourquoi ? Me demanda-t-il, sa curiosité titillée.

Je voulais t'inviter à venir chez moi la veille. Annonçai-je. On pourra réviser à fond pour que tu stresses le moins possible le lendemain et puis ça nous permettra de passer la nuit ensemble, pour éviter que tu risques de louper ton bus.

Seulement pour ça ?

De quoi ?

Tu m'invites à dormir chez toi seulement pour me rendre service ?

Une fois de plus, je restai penaud devant l'écran que je contemplais les yeux grands ouverts, totalement déstabilisé par la question que Minho venait de me poser. Cette dernière était d'une simplicité extrême, pourtant, je n'arrivais pas à discerner le ton qu'il avait employé et le message qu'il souhaitait me faire passer. Je clignai ainsi à peine des paupières, encore absorbé par les centaines de pensées qui envahissaient mon esprit à toute allure. De pauvres syllabes sans queue ni tête quittèrent inconsciemment ma gorge alors que je réfléchissais à la réponse que je pourrais lui fournir mais en vain, puisqu'il m'interrompit dans mon informe tentative.

Je rigole, Jisung... Marmonna Minho, un semblant d'inquiétude dans sa voix.

Ah ?

Je voulais juste te taquiner parce que... Enfin, je voulais que tu me dises que je te manque, en fait. Avoua-t-il presque en murmurant.

Mais évidemment que tu me manques, Minho... T'en doutes ?

Non ! C'est juste que je voulais l'entendre, c'est tout...

Tu ressens le besoin de l'entendre ? Le questionnai-je rhétoriquement pour lui confirmer que j'avais compris sa requête dissimulée.

Oui.

Un silence s'imposa dans l'appel mais il n'était pas gênant, au contraire. Je m'autorisai un moment pour choisir les mots qui allaient structurer ma petite déclaration. Ils étaient importants pour Minho, ces mots, alors je ne lui dirais pas simplement qu'il me manque, j'allais évidemment y mettre les formes pour qu'il réalise la valeur et le poids douloureux de mon monologue. Je m'installai contre la tête de lit, mon oreiller calé contre mon dos tandis que mon bras reposait sur l'un de mes genoux replié. Désormais suffisamment confortable, j'analysais de nouveau l'écran fixe en me demandant dans quelle position se trouvait mon interlocuteur et si lui aussi me dévisageait à travers le cellulaire.

Quand on a discuté par messages, tout à l'heure, j'ai été super égoïste et je m'en suis rendu compte trop tard... Commençai-je avant de déglutir. J'ai pensé qu'à moi sur le moment parce que tu me manquais beaucoup. Avoir passé tout le week-end sans aucune nouvelle de toi, ça m'a ramené à notre Guerre Froide de merde et j'ai paniqué.

C'était difficile pour moi de me livrer de vive voix alors, étrangement, j'étais plutôt rassuré que Minho ait coupé sa caméra. De cette façon, je n'avais pas à supporter son regard, car il m'en voulait encore certainement d'avoir été si insistant.

Comme je te l'ai dit, j'ai eu grave peur que tu débarques tout à coup pour me dire qu'au final tu veux plus de moi... J'étais tellement focus sur cette idée que j'ai même pas pensé à ce que, toi, tu subissais au quotidien. Et je sais que c'est un discours de gros mec insécure mais je te jure que c'était pas mon intention de te faire culpabiliser, même maintenant.

Je sais, Jisung. Murmura Minho à travers le cellulaire.

Non, je... 'Fin, j'ai bien vu que je t'ai un peu blessé, tout à l'heure. Mes yeux baissés, je cherchais mes mots. Je veux vraiment que tu comprennes que si je suis si con parfois, c'est à cause de mes sentiments pour toi, ils me font vriller et m'empêchent de réfléchir correctement... Mais c'est pas une excuse, hein ! 'Faut que je travaille dessus. Le truc, c'est que je m'en rends pas tout le temps compte alors 'faut pas que t'hésites à m'engueuler quand c'est le cas.

À t'engueuler ?

Ouais, à me dire que c'est pas okay, que je suis chiant ou trop collant, 'fin tu vois.

Je pouffai légèrement de rire pour tenter de détendre l'atmosphère, en vain puisque le silence qui s'ensuivit me fit regretter mes propos. J'étais une vraie catastrophe ambulante, incapable de garder mon sérieux et de faire preuve d'un minimum de maturité dans une situation de ce genre, c'était exaspérant et Minho devait probablement en avoir marre. Du moins, c'était ce que je m'imaginais car c'était à peine si je me supportais moi-même... Néanmoins, ce fut avec surprise que j'entendis mon copain ricaner doucement de son côté. Mon regard s'était alors immédiatement relevé sur le cellulaire, mon souffle réprimé dans mes poumons.

Oui, je vois. Finit-il par dire. C'est gentil de t'excuser mais je t'en veux pas. Je comprenais pas trop ton point de vue sur le moment alors j'ai pris ça à cœur, je suis désolé.

Non, non, t'as pas à t'excuser ! Répliquai-je vivement. C'est encore tout nouveau pour nous deux, en vrai. Des erreurs, on en fera et c'est okay, le plus important c'est qu'on puisse communiquer comme on le fait, là maintenant.

T'as raison, c'est le plus important.

Même devant l'écran figé de notre appel, je réussissais à distinguer un sourire dans sa voix. Ce dernier, de la manière dont je le visualisais actuellement, était si contagieux qu'il me fit esquisser un rictus gêné.

Change pas, Jisung. Me dit-il, l'air nostalgique.

Hein ? Comment ça ?

Plus je passe de temps avec toi, plus je me rends compte d'à quel point je suis chanceux. Je suis content que l'image que j'avais de toi soit resté intacte, je regrette absolument pas de m'être intéressé à toi.

Même après tout ce que t'as traversé par ma faute ? Murmurai-je doucement.

C'était loin d'être de ta faute, Jisung... Mais oui, même après ce que j'ai traversé, ça valait le coup.

Wow...

Quelque peu intimidé par sa confession, je fus dans l'incapacité de m'exprimer davantage. Il m'était impossible de ne pas rougir et d'empêcher mes lèvres de s'étirer jusqu'à mes pommettes tant je devenais si fébrile lorsque Minho me montrait son affection, peu importe la manière. Et le fait qu'il avoue de vive-voix qu'il ne possédait aucun remords, qu'il ne regrettait finalement pas d'avoir autant persévéré envers moi, m'apportait du baume au cœur et peut-être aussi beaucoup de soulagement. Par-là, j'entendais qu'il n'était en fin de compte pas si mal avec moi et que, même si notre relation venait tout juste de démarrer, il ne préparait pas déjà son évasion.

D'ailleurs, Reprit mon interlocuteur. c'est une bonne idée.

Mh ? Quoi donc ?

Ce que tu m'as proposé pour le Grand Oral. Clarifia-t-il. Par contre, tu t'en doutes, je suis pas sûr que mon père accepte...

Je pense qu'y a moyen si t'appuies bien sur le fait que j'habite à seulement quinze minutes à pieds du bahut et que t'es déjà arrivé en retard à l'exam' de philo', en plus.

Tu crois ? Me demanda-t-il d'une plus petite voix, incertain que ce plan puisse fonctionner.

On saura pas tant que t'auras pas essayé mais je veux pas non plus te mettre dans la merde avec ton daron, tu sais.

Je vais voir, promis.

Cool. Lui souris-je avant de bâiller. Oh, putain !

Qu'est-ce qu'il y a ?

J'ai oublié de me raser... L'informai-je en me palpant le menton. Eh, ça te dit je te fais un vlog skincare-routine ?

Un vlog ? Rétorqua-t-il, quelque peu perplexe.

Ouais, genre je suis une célébrité et je montre à mon viewer fav' comment je prends soin de ma peau.

J'ai l'air d'être une groupie ?

Bah... Un peu. T'as quand même été mon admirateur secret pendant un moment, tu m'envoyais des messages anonymes et tu m'espionnais même !

J'avoue que ça sonne beaucoup comme la définition d'un stalker, là...

À deux doigts, tu me kidnappais. Mes yeux s'écarquillèrent subitement lorsque j'eus une illumination. Eh, mais c'est pas ce que tu m'as dit un jour ?

Que j'allais te kidnapper ?

Un truc du genre, ouais, je sais plus. Et que t'allais voler mon cœur aussi, en mode trafiquant d'organes.

C'est gênant...

Mais non, c'est mimi.

Ce souvenir amusant en mémoire, je lâchai un rire moqueur avant de me lever du lit. Désormais sur mes deux jambes, je pris soin de bien diriger la caméra frontale de mon téléphone vers mon visage pour que Minho puisse continuer de le voir. J'aimais passer du temps avec lui, même via un appel, ça me rendait comblé de simplement pouvoir entretenir une discussion avec lui. Ainsi, je commençai à me balader dans la maison en me dirigeant vers ma salle de bain, tout en continuant notre conversation. Une fois dans la pièce, je fermai la porte derrière moi pour plus d'intimité puis déposai l'objet qui contenait Minho sur le rebord du lavabo, à la verticale. J'esquissai ensuite un grand sourire en reculant de quelques pas, prêt à faire le pitre afin d'obtenir ne serait-ce qu'un rictus de sa part.

Pourquoi tu me fixes comme ça ? M'interrogea la voix mielleuse emprisonnée dans le cellulaire.

Malheureusement, je te fixe pas toi, je fixe ta photo de profil. Dis-je avec une pointe de fausse amertume.

Techniquement, c'est moi.

Sa répartie me fit lever les yeux au ciel. Je m'esclaffai ensuite en ouvrant le tiroir du meuble devant lequel je me tenais, à la recherche des produits dont j'allais avoir besoin. D'abord, je sortis mon rasoir manuel puis ma mousse à raser que je posai dans le creux du lavabo. Ensuite, j'attrapai un petit panier dans lequel je rangeais mes soins puis, de la même manière que précédemment, le plaçai près du robinet. Lorsque je me redressai, je dus vérifier si l'appel vidéo n'avait pas été interrompu tant le silence actuel était de plomb mais, contrairement à ce que je m'imaginais, Minho n'avait pas bougé, il s'était simplement tu.

T'es fatigué ? Questionnai-je alors le susnommé, curieux de savoir ce qu'il faisait derrière son écran.

Non, ça va. Me répondit-il à la seconde. Pourquoi ?

Je demande juste, au cas où tu voudrais aller dormir.

Je suis pas fatigué, je veux rester au téléphone avec toi. M'avoua-t-il timidement.

Mh ? Tu dis ça parce que tu m'aimes ou juste parce que tu veux continuer de mater mes gros muscles ? Le taquinai-je pour détendre l'atmosphère.

Pour tes gros muscles, évidemment.

J'en étais sûr...

De manière dramatique, je secouai ma tête de gauche à droite en soupirant de déception, ce qui réussit à faire glousser mon copain. Lorsque son hilarité s'estompa, la calme revint de plus belle, celui-ci seulement entravé par le boucan que je faisais. Néanmoins, le fait qu'il se taise à nouveau sans dire un mot m'obligeait à me demander si ça ne l'embêtait pas de me suivre dans mes pas de clerc. Après tout, je voulais le divertir, pas l'ennuyer. Je cogitai alors, les lèvres pincées tandis que je m'apprêtais à me rincer le visage. Quelques jets d'eau pour me rafraîchir, puis je tapotai ma peau à l'aide d'une serviette propre pour l'essuyer avant de commencer à appliquer la mousse à raser tout le long de ma mâchoire. Par la suite, j'attrapai mon rasoir et engagea ma routine d'un air sérieux.

Mes yeux fixaient mon reflet dans le miroir face à moi, je prenais soin d'y aller doucement afin de ne pas me couper mais je failli bien le faire quand j'entendis Minho éternuer. Pris d'un sursaut, je tournai mon regard vers le cellulaire puis lui souris légèrement.

À tes souhaits, mon ange.

Merci... Me répondit le susnommé en un chuchot. T'as de la mousse sur le nez.

Ah ? Ah, ouais.

Je lâchai un pouffement en le remarquant une fois que je jetai un œil dans la glace. Bien vite, j'y passai mon doigt pour retirer le surplus de produit puis me rinçai la main et mon rasoir à la fois. Je me préparai ainsi à continuer mon action lorsque ma bouche s'entrouvrit d'elle-même pour interroger mon interlocuteur.

Tout va bien ? T'es grave silencieux. Fis-je avec une pointe d'inquiétude dans la voix.

Je suis trop occupé à t'observer, c'est pour ça.

Ah, je comprends. Et t'apprécies la vue ? Demandai-je alors, cette fois-ci taquin tout en fléchissant mon biceps.

Plutôt, oui.

J'ai trop hâte d'aller dans une plus grande salle quand on déménagera ! Le matériel est pas ouf, ici.

Ah bon ?

Ouais, 'y a pas grand-chose pour se muscler vraiment, que des trucs pour le cardio et des petits poids. Expliquai-je, passionné. Changbin a réussi à être aussi balèze parce qu'il a le matos chez lui, dans son garage.

Tu veux devenir aussi musclé que Changbin ? Me questionna Minho, ce qui fit apparaître une moue sur mon faciès.

Quoi, t'aimerais bien ?

Je demandais juste par curiosité. Peu importe à quoi tu ressembles, c'est pas ton apparence qui m'a fait tombé amoureux de toi.

Mes lèvres recouvertes de mousse se plissèrent en un grand sourire à la suite de ses propos. Je savais que Minho était loin d'être superficiel mais, inconsciemment, depuis que j'avais connaissance de ses sentiments envers moi, je faisais mon maximum pour toujours être sur mon trente-et-un. Je voulais lui plaire et m'assurer qu'il ne trouve jamais mieux ailleurs, surtout lorsque Seungmin était dans les parages, tellement que je n'avais parfois que cette optique en tête. Alors, l'entendre m'avouer ceci avec cette sincérité dont on ne pouvait pas douter, ça apaisait mes craintes et me rendait un peu plus confiant.

Un sourire niais sur le bout des lippes, je fus incapable de répliquer quoi que ce soit. J'avais beau tenter de formuler une phrase tangible, mes neurones ne semblaient pas vouloir coopérer entre-eux. De cette manière, je laissai le mini monologue de Minho en suspens, ses mots tournant en boucle dans mon esprit en s'infiltrant peu à peu dans mon cœur, là où je pouvais aller les chercher chaque fois que j'en aurais besoin. De son côté, le brunet ne répliqua rien non plus, toujours aussi mystérieux que sa photo de profil laissait paraître. J'avais alors continué de raser l'autre moitié de ma mâchoire afin de terminer ma tâche au plus vite et passer à autre chose. Je me rinçai ensuite de nouveau le visage pour enlever les résidus de produit puis m'essuyai le visage entièrement avec une serviette.

— Et voilà ! J'ai une peau de bébé, maintenant. Annonçai-je, enthousiaste.

— Dommage, ça t'allait bien. Souffla Minho en souriant.

— Peut-être mais j'aurais irrité tes joues en t'embrassant.

— Faudrait-il déjà que tu puisses m'embrasser. Il pouffa amèrement. La dernière fois, c'était il y a neuf jours...

Tu comptes les jours ?

— Les heures, même.

— En vrai, si tout se passe bien, on se verra dans moins d'une semaine ! Dis-je pour tenter de le rassurer.

— Si tout se passe bien, oui... Marmonna-t-il, défaitiste.

— Eh, je suis sûr que ton père va accepter, okay ? Et si c'est pas le cas, on trouvera une autre solution pour se voir.

— Tu promets ?

— Je te le promets.

J'étais certain que les arguments étaient suffisants pour que le géniteur de Minho lui accorde le droit de passer la nuit chez moi mais je comprenais que, de son côté, ce ne soit pas aussi évident à croire. Le voir si démoralisé me fendait le cœur et je détestais le fait d'être impuissant dans cette situation. Tout ce que je pouvais faire était le consoler et lui promettre de toujours être là pour lui, peu importe comment les événements allaient se dérouler, peu importe si on devait être séparés encore longtemps et si les obstacles étaient nombreux. Ce dont j'étais plus que certain était qu'on allait un jour se retrouver et, à partir de ce moment-là, plus rien ni personne ne pourra se mettre en travers de notre chemin.

Il était presque deux heures du matin lorsque je terminai enfin la totalité de mes soins. Certains masques avaient dû rester sur mon visage pendant un long quart d'heure pour qu'ils puissent agir, alors pendant tout ce temps, j'avais enfilé mon costume d'animateur pour divertir mon copain. Blagues après blagues, des anecdotes par-ci et des potins par-là... Heureusement, le faire rire n'était pas d'une très grande difficulté car ce dernier riait à chacun de mes mouvements comme si j'étais la personne la plus drôle de la planète. Ou bien était-ce le masque aux motifs zébrés qui me rendait à mourir de rire ?

Lorsque je m'essuyai une toute dernière fois le visage après avoir rangé tout ce que j'avais utilisé, je lâchai un lourd soupir de soulagement. Minho était de nouveau silencieux, l'écran toujours figé sur son icône tandis que je pouvais m'observer bouger sur le cadre qui montrait ma silhouette. La salle de bain avait été envahie d'un calme reposant, il n'était ni gênant ni suspicieux, juste agréable et j'étais heureux de ne plus autant être stressé dans ces moments-là. Il fallait seulement que j'apprenne à lâcher du lest et à lui faire confiance, à me faire confiance. C'était aussi simple que ça au risque de tout gâcher. Cependant, aux côtés de Minho, tout semblait toujours plus facile, il avait le pouvoir d'alléger mes tracas et me pacifier. Une chose que je n'avais jamais réussi à contrôler avant qu'il n'entre dans ma vie.

— T'as fini ? Me questionna subitement mon interlocuteur, le son de sa voix me faisant sursauter.

— Quoi, t'en as marre ? Demandai-je à mon tour en esquissant un rictus en coin.

— Mh, je t'avoue que j'aimerais changer de chaîne, là.

— Ah ? Et tu voudrais quel genre de programme ?

— Je sais pas, qu'est-ce que t'as à me proposer ?

— Ça dépend de ton humeur... Je gloussai déjà en pensant à ce que j'allais dire. T'as le choix entre Gulli ou bien ce qui passe sur CStar le dimanche à une heure du mat'.

Le silence qui s'ensuivit en dit long. Même sans directement voir son visage, je savais pertinemment que ses sourcils s'étaient froncés par la confusion et rien que de l'imaginer se creuser les méninges pour trouver ce à quoi je faisais référence me fit rire à gorge déployée.

— Attends... Souffla-t-il enfin. Tu parles du porno' qui passe sur la chaîne chaque semaine ? T'en discutais la dernière fois avec Hyunjin, non ?

— C'est pas du porno', c'est des films érotiques ! Rectifiai-je en pointant du doigt le cellulaire.

— Je vois pas la différence...

— Tu devrais mieux regarder, alors.

— Non, merci. Ils jouent mal.

— Mais t'as regardé ? M'esclaffai-je en m'appuyant contre le rebord du lavabo pour ne pas tomber.

— Te moque pas... Bredouilla-t-il. J'étais curieux de savoir de quoi vous parliez, alors j'ai attendu le dimanche d'après pour voir... et j'ai regretté.

Je riais tant que j'avais l'impression que le sol s'écroulait sous mes pieds. Mon souffle était court et les muscles de mon estomac me faisaient atrocement mal alors que Minho, lui, me râlait dessus, bien trop gêné par ce qu'il venait d'avouer. C'était tout bonnement hilarant et il me fallut au moins deux bonnes minutes pour me calmer et retrouver ma sérénité, au risque de réveiller ma mère et mon petit frère. Et alors que j'essuyais les larmes qui s'accumulaient en grand nombre aux coins de mes yeux, j'entendis des tapotements provenant de mon téléphone. Curieux, je levai mon regard vers l'objet et, à cet instant-là, que fut ma surprise en apercevant le visage animé de mon copain.

Immédiatement, je m'étais rué sur l'appareil pour le capturer entre mes mains, les yeux écarquillés et en totale admiration face à lui comme s'il s'agissait – et peut-être était-ce le cas – de la huitième merveille du monde.

— Minho ? L'appelai-je pour lui demander indirectement pourquoi est-ce qu'il semblait si paniqué.

— J'ai cliqué sans faire exprès mais la caméra veut plus se couper ! Expliqua-t-il, les sourcils froncés.

— Bah, y touche pas ? Moi, ça m'arrange.

— Mais pas moi...

Frustré, il posa simplement son téléphone à plat sur son lit pour que je ne puisse voir que le plafond de sa chambre, sa tête désormais hors champ. Durant les quelques secondes qui m'avaient été permises de l'observer, j'avais ressenti des papillons dans tout mon corps. Ceux-ci s'envolaient et s'entrechoquaient, me rendant tout fébrile alors que je me trouvais presque paralysé par l'émotion.

— Attends, je retourne dans ma chambre. Lui annonçai-je avant de m'exécuter.

Ni une ni deux, après avoir quitté la salle de bain, je me dépêchai de m'enfermer dans la pièce et de rejoindre mon lit sans dire un mot. Mon téléphone toujours dans la main, je m'installai dos à la tête de lit comme autrefois puis attendis patiemment que la tension retombe avant de faire le premier pas.

— T'as jamais aimé les appels vidéo, toi, hein ?

— C'est déjà un miracle qu'on s'appelle, tout court. Répliqua-t-il, ce qui me fit pouffer légèrement de rire.

— Tu te souviens de la première fois qu'on s'est croisé ? Le questionnai-je après quelques secondes plongé dans le silence.

— Je crois, oui. Pourquoi ?

— C'était à la rentrée quand on était en première. J'étais en retard parce que je pensais qu'on devait venir à neuf heures...

— Je m'en rappelle, oui. Il gloussa doucement.

— Quand je suis entré dans la classe, le prof' m'a engueulé comme jamais devant tout le monde, c'était une dinguerie. Il m'a dans le collimateur depuis la seconde, 'toute façon. Mes iris levés vers le haut, je me remémorais la scène comme si c'était hier. En plus, je connaissais pas grand monde parce que mes seuls potes, Seungmin et Changbin, étaient dans d'autres classes, trop nul.

— C'est vrai.

— Du coup, quand le prof' m'a dit de m'installer, je savais vraiment pas où me mettre. 'Y avait de la place, pourtant, mais... Je sais pas, quand j'ai vu ce gars assis tout seul au fond de la classe près de la fenêtre, une sorte de force invisible m'a poussé à marcher vers lui. Je souris en visualisant ce souvenir que je chérissais tant. Je l'avais jamais vu de ma vie mais, bizarrement, j'avais l'impression de déjà le connaître. Ça fait grave niais dit comme ça mais je te jure que c'est la vérité !

Minho resta muet pendant mon monologue, probablement intrigué par l'histoire que j'étais en train de lui raconter.

— Il regardait par la fenêtre quand je suis arrivé près de sa table, le prof' était déjà occupé à parler du déroulement de l'année et, moi, je cherchais comment attirer l'attention de ce gars pour lui demander si je pouvais m'asseoir à côté. Moi qui n'ai jamais vraiment eu de mal à parler aux autres, surtout pour quelque chose d'aussi lambda, j'arrivais pourtant pas à ouvrir la bouche pour l'interpeller. Tu veux savoir pourquoi ?

— Mh. Me répondit-il simplement, ce que j'interprétai comme une approbation.

— Au début, je le savais pas trop. En fait, je m'en suis surtout rendu compte quand il a enfin tourné sa tête vers moi, après que je me sois assis à côté de lui sans sa permission. Il a posé ses grands yeux ronds sur moi, ses paupières clignaient rapidement comme s'il avait été surpris et on s'est observé comme ça un long moment sans rien dire. Un sourire nostalgique s'afficha sur mon faciès. Je sais vraiment pas combien de temps on s'est regardé mais j'avais l'impression d'être entré dans une faille spatio-temporelle !

J'échappai un rire amusé, mes yeux clos en y repensant.

— C'est à ce moment-là, je pense, que j'ai eu un coup de foudre pour lui. Avouai-je d'une voix plus faible. C'est ridicule parce qu'on se connaissait pas du tout, je le voyais pour la toute première fois et on n'avait même pas encore échangé un mot. Voilà, je vais pas le nier, j'ai commencé à crusher sur lui d'abord pour son physique, parce qu'il avait très sincèrement la bouille la plus adorable que j'ai jamais vu. Mais ce qui m'a réellement achevé, c'est son sourire... Je savais que j'étais foutu quand il m'a souri et salué ensuite. Je savais que c'était soit la meilleure chose qui allait m'arriver dans la vie, soit la pire.

Heureusement, la première hypothèse fut la bonne et j'étais rassuré de constater aujourd'hui que ce que j'avais jugé comme étant une petite amourette s'était avérée réciproque et désormais bien plus qu'un simple crush.

— C'est comme ça qu'on s'est lié d'amitié, même si de mon côté j'essayais de tâter le terrain, en espérant avoir un peu plus que ça. Tu te souviens de la soirée d'Halloween chez Soojin ? Lui demandai-je avant de continuer.

— Oui... Souffla-t-il d'une voix presque inaudible.

— On avait joué à action ou vérité, il me semble, et quand t'as choisi vérité, j'en ai profité pour te demander si t'étais queer... Tu m'as répondu que non, alors c'est à partir de ce jour-là que j'ai refoulé mes sentiments pour toi.

Absorbé par mon récit tiré de ma propre biographie, j'avais changé de pronom personnel en m'adressant directement au personnage principal de cette histoire d'amour tragique. Durant cette soirée, tous mes espoirs de pouvoir sortir avec Minho avaient été réduits à néant mais ça ne m'avait pas empêché de vouloir préserver notre début d'amitié. Je l'appréciais à sa juste valeur, je le trouvais incroyablement gentil, bienveillant et, quoique bien énigmatique, il prenait soin de moi comme jamais personne ne l'avait fait auparavant. Notre relation platonique me convenait alors parfaitement, jusqu'à ce que toute cette situation n'éclate.

Et pendant cette période critique, je m'étais retrouvé dans une spirale infernale de doutes et de suppositions sans véritables réponses, toujours en train de me demander si mes sentiments étaient de retour ou si les agissements de Minho me faisaient halluciner. Je slalomais entre mes différentes pensées sans trop les approfondir, par peur que je me fasse des films et que je finisse, une fois de plus, déçu. Ainsi, j'avais préféré jouer l'idiot en l'ignorant jusqu'au bout, de ne rien présumer tant que je n'en étais pas certain et de laisser mon meilleur ami décider de notre sort. C'était cruel mais il s'agissait de la décision qui me paraissait être la plus simple à prendre, en espérant que ça ne gâche pas tout, et ça avait bien failli être le cas.

Mon regard plongé dans le vide, je restai un moment sans rien dire en prenant le temps de visionner mes souvenirs comme s'il s'agissait d'un film que je laissais tourner en boucle. Seulement, les regrets étaient bien présents et très douloureux, c'était une erreur que je ne voulais plus commettre : laisser le temps faire et rester spectateur de ma propre vie pour ne pas bousculer les autres. Aujourd'hui, j'allais me montrer à cent pourcent honnête avec Minho et lui prouver qu'il était, en toute circonstance, à la hauteur de mes attentes.

— Je me demande ce qui ce serait passer si je m'étais confessé à la fin de cette soirée, quand on est rentré ensemble à pied. Murmurai-je lentement, comme un mémento destiné à moi-même.

— C'est plus important maintenant, si ?

Je repris mes esprits en entendant la voix de mon interlocuteur s'adresser à moi à travers le cellulaire que je tenais encore entre mes doigts. Mon regard se leva immédiatement vers l'écran où je pouvais apercevoir le plafond illuminé par – je supposai – sa lampe de chevet. Il me fallut un petit moment pour saisir la signification de ses mots et trouver une réponse à sa question en soit légèrement rhétorique. Pas que c'était difficile, au contraire, j'étais juste un peu chamboulé par les émotions que m'avait procuré ce retour dans le passé.

— Pour moi, ça l'est plus, non. Qu'on soit en couple ou juste potes, tant que je peux t'avoir près de moi, c'est tout ce qui compte. Dis-je d'un air sérieux avant d'esquisser un rictus. Même si je préfère les bonus auxquels j'ai le droit avec mon statut de copain.

— Profiteur. Lança Minho en un pouffement qui me fit moi aussi glousser fièrement. Merci de m'avoir dit tout ça, Jisung. Je savais pas que... que tu ressentais autant pour moi.

— Ah bon ? Tu penses que je t'aime moins que toi tu m'aimes ?

— Non, enfin... Oui, peut-être. Avoua-t-il avec hésitation. C'est juste que j'étais pas au courant de tout ce que tu viens de me dire, que ton crush pour moi avait duré quasi' deux mois entiers et qu'il y avait une signification derrière ta question pendant l'action ou vérité. Je me sens tellement bête de pas avoir compris, ce jour-là...

— On est deux, alors. Tu comprends ce que j'ai ressenti quand tu m'as tout avoué, l'autre fois ? On est deux gros cons amoureux, si c'est pas beau.

Je laissai une nouvelle fois échapper un rire d'entre mes lèvres. Celui-ci n'était pas amère malgré tous les regrets qui l'alimentaient, j'étais persuadé qu'il fallait seulement en retenir du positif car, même si le résultat n'avait pris effet que deux ans après, Minho avait bel et bien fini par réciproquer mes sentiments. J'étais ainsi gagnant dans tous les cas, et aujourd'hui plus que jamais. Les paupières anciennement closes, je ne remarquai pas le haut de la petite tête brune visible à l'écran avant de les ouvrir à nouveau.

— Oh mais tiens, voilà quelqu'un.

— T'es amoureux de moi..? Questionna-t-il, comme s'il n'en revenait pas.

— Comment je pourrais ne pas l'être ? Je veux dire, regarde-toi. Je secouai ma tête de gauche à droite. Comment je pourrais ne pas l'être ?

— Tu dis n'importe quoi... Bredouilla-t-il.

— Tu me crois pas ?

— Ça semble trop beau pour être vrai.

— C'est ce que je me suis dit 'y a dix-huit jours.

Minho mit quelques temps avant de remettre en ordre les événements passés et de trouver la date à laquelle je faisais référence, ses sourcils étaient froncés et ses yeux plissés. Lorsqu'il réussit enfin à mettre le doigt dessus, j'aperçus les coins de ses lèvres se soulever et un rire résonna jusque dans mon palpitant.

— Tu comptes les jours ? Ajouta-t-il en citant mes mots, je décidai alors de faire de même.

— Les heures, même.

Le sourire sur les lippes du brunet s'agrandit davantage alors qu'il détournait son regard pour éviter de croiser le mien. J'étais heureux de constater avoir un effet sur lui, le faire rire, le faire rougir, le faire se sentir mieux dans les moments les plus durs à vivre. C'était mon rôle ; prendre soin de lui et j'étais soulagé de voir que je le remplissais assez bien, malgré mon manque d'expérience. Au fond, j'allais apprendre petit à petit au fil des jours et puis Minho était, selon moi, la personne parfaite pour m'aider à grandir et à m'améliorer. Je l'aimais, c'était évident, je n'en doutais pas une seule seconde.

— Jisung ?

— Mh ?

— Je voulais te remercier d'avoir insisté pour qu'on s'appelle, tout à l'heure. Ça m'a vraiment fait beaucoup de bien de passer du temps avec toi. Murmura-t-il doucement, le visage toujours à moitié caché.

— Ouais ? Tant mieux, je suis content alors. J'avais peur de te mettre trop de pression et de te coller aux bask'...

— J'aime que tu me colles aux bask'.

— T'es sûr ? T'as besoin d'espace, parfois, et c'est normal ! Essayai-je de le rassurer autant que possible.

— Oui, c'est vrai mais j'aime savoir que tu penses à moi et que je te manque.

— Je pense tout le temps à toi, je rêve même souvent de nous deux.

— Vraiment ? Ses yeux s'illuminèrent, il semblait émerveillé. Et de quoi tu rêves exactement ?

— Bah ça, je te le dirai pas... Marmonnai-je en pinçant mes lèvres pour le taquiner.

— Jisung. Me gronda-t-il.

— Oui, mon ange ?

Son visage disparut à nouveau, sa caméra virant alors sur sa droite pour ne se focaliser que sur le bas de son corps. Minho était visiblement allongé sur son lit, son estomac à plat contre le matelas et ses deux jambes se balançaient dans les airs chacune à un rythme différent. Il était tout bonnement adorable dans son short bleu marine, celui-ci en plus de l'angle du téléphone m'accordant ainsi une vue plus que plaisante sur son postérieur. Je ne me rendis pas compte que je faisais une fixette dessus jusqu'à ce que mon copain ne me retire ce droit en dirigeant une nouvelle fois l'appareil sur son visage. Immédiatement, je lui souris la bouche fermée, muni d'un air innocent pour paraître le moins suspicieux possible. Néanmoins, ce sourire devint bien sincère lorsque le brunet me le rendit.

— Trop beau... Soufflai-je sans le savoir, suite à quoi Minho grimaça. T'es confortable, installé comme ça ?

— Oui mais je commence à avoir sommeil.

— Ah ! Tu devrais aller te coucher, alors. Il est déjà deux heures et demie.

— Le temps passe trop vite... Il soupira tristement.

— Grave, c'est chiant mais ça veut dire qu'il nous reste que cinq jours avant de se revoir !

— Ça reste quand même long à attendre. Bredouilla-t-il. Dis, est-ce qu'on peut s'appeler tous les soirs ?

— Tu veux ? Mes pupilles se dilatèrent à l'entente de cette question.

— Tu serais d'accord ? Me demanda-t-il à nouveau.

— Évidemment que je suis d'accord ! Lui dis-je, sûr de moi. Mais si un jour t'as besoin d'espace, hésite pas à me le dire, hein, je veux surtout pas que tu te sentes forcé.

— Merci, je vais aussi faire de mon mieux pour te contacter dans la journée.

— T'inquiète pas pour ça, Minho. Je comprends mieux pourquoi t'as besoin de temps pour toi, alors je vais plus autant paniquer si tu me réponds pas dans la minute, je te le promets.

— C'est gentil...

— C'est pas "gentil", c'est normal. Lui assurai-je. Je suis là pour toi, dans les bons comme dans les mauvais moments, okay ? Et même si, toi, ça te gêne de venir en discuter, dis-toi que je préfère savoir ce que tu ressens plutôt que de rester dans l'ignorance et risquer de te blesser. Minho, je resterai toute la nuit à ton chevet en attendant que tu t'endormes, s'il le faut.

J'étais sincère dans mes propos, jamais le laisser tomber m'était venu à l'idée et mes paroles semblèrent le rassurer puisqu'il se mit à me sourire tendrement à son tour. Ces deux petites heures à ses côtés s'étaient écoulées à une vitesse folle mais je ne les regrettais à aucun moment, surtout en si bonne compagnie. À sa façon, Minho était un vent de fraîcheur, toujours présent pour me permettre de respirer dès que j'en ressentais le besoin et j'espérais plus que tout lui apporter la même sensation. Ainsi, on se dévisagea encore quelques secondes sans un mot, tous deux prêts malgré le peu de volonté à se souhaiter une bonne nuit. Cependant, je ne voulais pas partir comme ça, je voulais plus, beaucoup plus qu'un simple "bonne nuit".

— Eh, Commençai-je d'une voix timide. tu peux me les dire ?

— Te dire quoi ? Questionna Minho en retour, confus.

— Tu sais... Les deux mots et demi.

— Les deux mots et demi ? De quoi tu parles ?

— Mais si, tu sais ! Ce que tu m'as dit la première fois à la fête foraine et que tu me dis aussi parfois par messages. Clarifiai-je pour lui raviver la mémoire.

— Mh... Il fit semblant de réfléchir un long moment avant de répondre. Non, je vois pas. C'est quoi ces fameux deux mots et demi ?

— Si, si, arrête ! Tu vois très bien de quoi je parle.

— Je t'assure que non. Nia-t-il fièrement.

— T'abuses.

— Si tu me dis pas clairement ce à quoi tu penses, comment je suis censé te le dire ?

— T'es chiant, tu le sais ça ? Dis-je en le fixant droit dans les yeux, les sourcils froncés.

— Comme tu veux, tant pis pour toi. Il haussa les épaules et détourna le regard. Bon, je vais y aller, du coup.

— Non, allez, s'il-te-plaît ! Je vais mal dormir si tu me le dis pas...

— Te dire quoi ?

— Minho... Ronchonnai-je comme si je faisais un caprice avant de céder en chuchotant par la suite. Dis-moi je t'aime.

— Quoi ? Ça a buggé, tu peux répéter ?

— Je t'aime ! Hurlai-je presque en secouant mon téléphone. Je t'aime, okay ? C'est bon, t'es content ?

— Je t'aime aussi, Jisung. Me confia ensuite Minho comme s'il s'agissait d'un secret.

— Ouais, c'est ça, ouais. Maintenant, vas-t'en avant que je te raccroche au nez.

L'immense sourire qui s'afficha instantanément sur le visage du brunet me confirma qu'il était effectivement satisfait. J'étais affreusement embarrassé par la tournure des événements mais si c'était le prix à payer pour voir ses belles pommettes se teinter de rouge, alors je le ferai volontiers à chaque occasion qui se présenterait à moi.

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