Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

𐚁 Chapitre 70

━━━┅━ J I S U N G ━┅━━━

   Le bout de mes doigts pianotait sur le clavier tactile de mon téléphone, répondant aux messages de mes amis sur le groupchat principal. Il n'était que dix heures du matin mais, pourtant, ceux-ci avaient l'air en forme pour cette journée qui s'annonçait déjà très spéciale.

J'étais couché sur mon lit préfabriqué en plein milieu de la chambre de Minho, les rayons du Soleil levé depuis bien des heures transperçant à peine le rideau brun qui recouvrait la grande fenêtre de la pièce. Je m'étais réveillé assez tôt, par habitude, alors que le châtain semblait encore profondément plongé dans sa léthargie. La veille, il s'était endormi sans crier gare, sa main dans la mienne, et il m'avait été difficile de ne pas le trouver adorable à ce moment-là. J'avais cru comprendre que son sommeil avait été compromis ces dernières semaines, alors le voir facilement succomber à Morphée même en ma présence m'avait réconforté. Néanmoins, de mon côté, les minutes s'écoulaient et je commençais à m'ennuyer.

Mon téléphone désormais posé sur mon torse, je pris un moment pour examiner le plafond de la pièce et réfléchir à ce que je pouvais faire. Minho avait l'air de bien se reposer et il n'était pas si tard, alors je ne voulais pas déranger son sommeil égoïstement. Seulement voilà, il me manquait. Son sommier était à portée de main mais il me paraissait pourtant à des kilomètres tant il me manquait. De plus, je pouvais à peine distinguer sa silhouette de là où j'étais couché, augmentant ainsi mon impression de distance immense. Ça paraissait peut-être exagéré mais après ce que nous avions partagé, hier, j'avais du mal à m'imaginer loin de lui. De cette façon, je décidai d'y remédier rapidement en me redressant le plus silencieusement possible.

Bizarrement, j'avais réussi à passer une assez bonne nuit par terre, le tas de couvertures imprégnées du parfum naturel de Minho avait été suffisant pour que je ne sente pas trop la rigidité du sol. J'avais cependant mis un certain temps à m'endormir, me rejouant les scènes de cette fin de soirée pendant de longues minutes avant de pouvoir fermer l'œil. Le sentiment d'euphorie ne m'avait dès lors plus quitté, tellement que j'affichais un sourire jusqu'aux oreilles depuis mon réveil. Le haut de ma tête dépassant à peine du matelassée par peur d'être pris la main dans le sac, je pus apercevoir le dos du jeunot, celui-ci tourné vers le mur. Sa respiration était paisible et profonde, une preuve qu'il demeurait bel et bien encore endormi. Je l'observai ainsi un long moment dans cette position, mon menton posé sur le lit et mon regard sur la silhouette immobile.

Englobé par le silence constant présent dans la petite chambre, je pensais au fait qu'il y avait largement de place pour que je me glisse auprès de Minho. Je n'aurai qu'à me faire tout petit, je pouvais même retenir ma respiration s'il le fallait car tout ce que je désirais était l'avoir à mes côtés. Je ressentais l'étrange sensation que je devais à tout prix le sentir contre moi au risque qu'il ne me glisse entre les doigts. Néanmoins, j'avais peur que ce soit trop tôt pour lui, qu'il me trouve trop invasif et précipité. Je ne voulais pas tout gâcher alors que notre histoire n'avait pas encore commencé, je m'en voudrais de réduire ses efforts à néant simplement pour mon propre plaisir. Seulement voilà, j'hésitais à faire un pas vers lui pour lui montrer que j'étais presque tout autant intéressé par lui qu'il l'était par moi.

Déterminé, je me levai lentement de ma couchette puis grimpai sur le matelas d'une place de Minho qui s'affaissa dès lors sous mon poids en un léger bruit de grincement. Effrayé d'avoir dérangé son sommeil, je me figeai un instant pour m'assurer du contraire puis continuai de m'insérer dans son espace personnel en m'allongeant aussi confortablement que possible à côté de lui. À ce moment-là, comme s'il avait soudainement senti ma présence, le châtain gigota et se tourna pour désormais me faire face. Les yeux grands ouverts, je patientai avant de me rendre compte qu'il dormait toujours. Un soupir de soulagement m'échappa alors tandis que je j'essayais tant bien que mal de me détendre.

Minho avait l'air paisible et inconscient, totalement ancré dans sa léthargie pendant que j'en profitais pour l'observer d'un peu plus près. Grâce à cette proximité, j'arrivais à percevoir ses cernes sombres que j'avais déjà pu remarquer lors de notre cours de piscine. Ça me fendait le cœur, je m'en voulais terriblement d'avoir été la principale cause de ses nuits sans repos et de ses pleurs continus. Je souhaitais plus que tout me rattraper et lui permettre d'avoir enfin l'esprit tranquille mais je devais avouer ne pas trop savoir comment m'y prendre. C'était la raison pour laquelle je tenais à lui montrer mon affection par ce rapprochement physique, ce dernier bien plus doux que les baisers de la veille...

Couché sur mon flanc, mon faciès était si proche de celui de mon vis-à-vis que je pouvais entendre sa respiration. Mes pupilles se mirent à parcourir les traits de son visage et à analyser chaque détail. Il avait de longs cils qui ornaient parfaitement la forme unique de ses yeux, ses cheveux désormais longs étaient en bataille et ses lèvres... Plus je les observais et plus je me forçais à me retenir de les embrasser. Un sourire plissa les miennes lorsque je repensai au sentiment que ça m'avait procuré, à la manière dont j'avais ressenti exactement ce que je m'attendais à ressentir, comme si Minho avait été le bon choix, celui qui m'était destiné. Et j'étais tellement soulagé qu'il ait enfin pu me dire ce qu'il avait sur le cœur, je l'admirais sincèrement pour son courage et sa patience envers moi.

D'un geste hésitant, je levai ma main pour venir doucement caresser sa tempe et remettre l'une de ses mèches châtaines en place. Cependant, malgré ma précaution, Minho sursauta et papillona immédiatement des paupières, certainement surpris par ce contact physique soudain. Je me figeai à la seconde même où il ouvrit ses yeux et les posa sur moi, mon palpitant battant la chamade en l'attente de son sermon.

— Jisung..? Bredouilla-t-il d'une voix encore ensommeillée.

— Merde, désolé ! Je voulais pas te réveiller... M'excusai-je rapidement pour ne pas aggraver mon cas.

Seulement, Minho ne me répondit pas et, à la place, se redressa en position assise en essayant de chasser la fatigue àade sa bouille adorable. Je l'imitai alors en m'asseyant à mon tour sans pour autant le quitter du regard, j'espérais qu'il ne serait pas fâché que je me sois tapé l'incruste dans son lit et je ne pouvais m'empêcher d'angoisser à l'idée qu'il me trouve dérangé pour me l'être permis. Ces quelques secondes de silence s'écoulèrent comme des heures tandis que je réfléchissais au meilleur moyen de me justifier sans lui dire que j'avais simplement envie de m'accrocher à lui telle une sangsue. Néanmoins, quand il tourna enfin sa tête vers moi pour me regarder et que je vis son visage bouffi et ses sourcils naturellement froncés, j'eus du mal à réprimer un rictus.

— Mh ? Me questionna-t-il sans que je ne sache réellement ce que ça signifiait.

— Mh ? Renchéris-je alors sur le même ton.

Il avait les paupières à moitié closes, l'air dans les vappes et peu satisfait de s'être fait extirpé de son sommeil, ce qui était compréhensible. Je fus soulagé de ne voir aucune once de colère dans son expression, rien que de la confusion et ça me fit doucement rire.

— Tu devrais te rallonger et dormir encore un peu. Lui suggérai-je en le guidant par les épaules.

Et sans même questionner ma présence, il m'écouta et s'allongea confortablement sur le matelas en se positionnant assez près du mur pour que je puisse avoir moi aussi de la place. Son attention semi-consciente me toucha, j'étais vraiment heureux qu'il accepte cette proximité et je pus sentir mes joues chauffer à ce moment-là.

— Dors avec moi. M'induit-il en un murmure, les paupières déjà closes.

— Tu veux bien ? Demandai-je alors, pris de court par sa proposition. Je veux pas t'embêter...

— Tu m'as pourtant pas demandé la permission juste avant.

Touché.

Les lèvres pincées, je cherchais une excuse quelconque à lui donner mais me résignai en sentant sa main agripper mon t-shirt pour m'inciter à le rejoindre. Ce fut sans le faire attendre une seconde de plus que je m'allongeai lentement près de lui, lui faisant face. L'air satisfait, Minho esquissa un léger sourire, mon vêtement toujours coincé dans le creux de sa main. Quand je remarquai que sa poigne se relaxait petit à petit, je sus que Morphée était à deux doigts de lui balancer son sable à la figure et, à ce moment-là, je ne pus m'empêcher d'être égoïste à nouveau.

— Minho ? L'interpellai-je dans un chuchot.

— Mh ?

— Je peux te serrer dans mes bras, s'te-plaît ?

Je n'eus pas le temps de regretter mes mots que le susnommé ouvrit les yeux. Les miens grands ouverts, on s'observa ainsi un long moment pendant lequel mon cœur tentait de ne pas lâcher. Je ne savais pas ce que son regard signifiait car il était neutre mais je me demandais tout de même pourquoi il me toisait de cette manière sans dire un mot. Peut-être avais-je dépassé les bornes, que je quémandais bien trop à son goût ?

— T'es pas obligé d'accepter, hein ! Dis-je alors pour le rassurer. C'est juste que tu m'as grave manqué cette nuit et je voulais voir si tout ça était réel, et cetera, mais je dois puer de la gueule donc t'afflige pas ça

J'avais déblatéré mon monologue à toute vitesse, par peur qu'il planifie déjà de me jeter dehors de bon matin. Néanmoins, j'eus ma réponse lorsqu'il m'interrompit en faisant le premier pas. Toujours silencieusement, il vint de lui-même se caler confortablement contre mon torse, son bras par-dessus ma taille pour rapprocher davantage mon corps du sien. Je me figeai sur le champ avant de sourire de toutes mes dents puis de l'enlacer à mon tour. Ma main se mit à caresser ses cheveux et je n'hésitai cette fois pas à déposer un baiser sur le haut de son crâne.

Je n'eus aucune idée de comment mais, après ça, je m'étais assoupi sans même le réaliser. Lorsque je me réveillai à nouveau, ce fut seul dans le lit et dans la pièce entière. Je n'avais pas changé de position, j'étais toujours allongé sur mon flanc droit mais Minho n'était plus dans mon embrasse. Confus, je tentai de le chercher autour de moi, en vain. L'esprit embrumé par cette deuxième session de sommeil impromptue, j'eus du mal à bouger mes membres avant un bon moment. Quand je réussis enfin à m'extirper hors du matelas, je n'eus qu'à me déplacer d'un pas pour ensuite m'écrouler sur ma couchette faite en couvertures et attraper mon téléphone. Mes yeux s'écarquillèrent instantanément lorsque j'y découvris l'heure affichée.

Quatorze heures.

J'en eus le souffle coupé tant ça m'avait surpris. De base, je n'étais pas un grand dormeur mais je m'étais si bien senti dans les bras de Minho que j'avais dormi quatre heures de plus. Et je ne le regrettais pas le moins du monde, ce moment câlin avait été si agréable que je n'hésiterai dorénavant plus à lui demander à ce qu'on dorme ensemble. Cependant, il y avait un problème : Nous avions prévu de rejoindre notre petit groupe d'amis à seize heures trente et je devais impérativement faire un détour chez moi pour pouvoir me rendre un minimum présentable. Seulement, il était déjà tard, j'avais extrêmement faim, il y avait plus de trente minutes de trajet d'ici à là-bas et je ne savais toujours pas où se trouvait Minho.

Ainsi, je restai immobile un long moment en réfléchissant à toutes ces circonstances sans pour autant me hâter de trouver des solutions. J'avais l'impression d'avoir mis mon cerveau sur pause mais je remarquai immédiatement le mouvement de la porte de la chambre lorsqu'elle s'ouvrit lentement. Je fixai alors celle-ci en observant le maître des lieux y passer sa tête dans l'entrebâillement sans dire un mot avant qu'il puisse m'apercevoir, non sur son lit mais sur le mien.

— T'es réveillé ? Questionna-t-il d'une voix douce comme si ce n'était pas flagrant.

— Toi aussi ?

— Oui, ça fait une petite heure, déjà. Me sourit-il en entrant dans la pièce.

— Ah ? Je t'ai pas fait chier, au moins ? Demandai-je subitement, inquiet d'avoir gêné son sommeil.

— Non, du tout. Il ricana timidement avant de s'asseoir sur son lit, près de moi. J'étais bien dans tes bras...

Mon regard le sonda de longues secondes afin de m'aider à assimiler ce qu'il venait de m'avouer. Lorsque je compris qu'il avait adoré qu'on dorme ensemble tout autant que moi, je dus réprimer un rictus qui menaçait de plisser mes lèvres à tout moment. Néanmoins, c'était dur de ne pas craquer alors que Minho lui-même possédait son magnifique sourire sur son magnifique visage. Il était vraiment magnifique et je me demandais comment j'avais pu un jour poser mes yeux sur quelqu'un d'autre que lui.

Il me fallut le reluquer un petit instant pour remarquer qu'il était d'ailleurs habillé. Minho portait un short en jean et un chemisier léger à manches courtes noir, son col lui faisait un léger décolté que j'appréciai observer quand il se pencha pour ajuster sa paire de chaussettes. Ses cheveux étaient humides donc je supposai qu'il s'était lavé et vêtu pendant mon sommeil, certainement horripilé par la chaleur et la pellicule de sueur qui nous collait à la peau. Une chose que je comprenais plus que tout, actuellement.

— Tu t'es déjà préparé à partir ? Le questionnai-je alors pour en savoir davantage.

— J'arrivais plus à dormir. Du coup, j'en ai profité pour aller prendre une douche ! M'expliqua-t-il avec enthousiasme. Tu veux en prendre une aussi ?

— Ouais ? J'ai un peu l'impression de passer pour un rat d'égout, là, tellement tu sens bon.

Je me mis à rire et Minho fit de même, à gorge déployée. Ce n'était qu'une petite blague sans grand intérêt mais, avec lui, j'avais l'impression d'être incroyablement drôle. En fait, dans ses yeux, je ne voyais que le reflet de toutes mes qualités, comme si j'étais totalement dépourvu de tout défaut. En sa compagnie, je me sentais meilleur et plus fort. Il me rendait meilleur et plus fort.

— 'Fin, je veux bien mais j'ai pas amené de rechanges, moi.

— Je peux te prêter des vêtements, si t'es d'accord. Me proposa le châtain, après réflexion.

— Ça dépend, t'en as encore qui m'appartiennent ? J'esquissai un rictus malicieux en pinçant le bout du t-shirt que je portais pour y faire allusion.

— Oh.

Ce fut aussitôt que je m'étais retrouvé dans sa salle de bain pour prendre une douche rapide. Minho m'avait une nouvelle fois accompagné jusqu'à celle-ci, il m'avait indiqué où se trouvait tout ce dont j'aurais probablement besoin, puis m'avait laissé seul. Évidemment, je ne m'étais pas éternisé, me lavant aussi vite que je le pouvais afin de ne pas abuser de l'hospitalité qu'il m'offrait généreusement. J'aurais d'ailleurs adoré profiter de l'absence de son père pour passer l'après-midi rien qu'avec le châtain mais ce dernier semblait attendre cette sortie entres amis comme Noël, alors il était hors de question que mon égoïsme fasse de nouveau surface. Je devais penser à lui avant tout, maintenant, car son bonheur était soudainement devenu ma priorité.

Une fois sorti de la cabine de douche, je me dépêchai donc de m'habiller sans perdre une seule seconde. Celles-ci étaient précieuses car l'heure tournait bien plus vite qu'on ne pouvait le réaliser et il nous restait un tas de choses à faire avant notre départ. Finalement, je ne ferai pas de détour chez moi et j'avais à l'avance prévenu ma mère de mon programme pour éviter qu'elle s'inquiète. Mon père nous ayant quitté il y a de ça des années, elle était malgré elle devenue la seule figure parentale que je possédais et je veillais toujours à bien la ménager afin de ne pas briser ce lien que je nous trouvais chanceux d'avoir.

J'avais choisi de porter un pantalon court qui remontait juste comme il faut sur le début de mes mollets, un marcel qui me moulait le torse et un flanelle à manches longues par-dessus celui-ci sur lequel j'avais flashé. J'étais pour une fois bien content d'être aussi petit que Minho, ses vêtements m'allaient comme un gant et ils sentaient une bonne odeur de pêche, tout comme le gel douche et l'adoucissant qu'il avait apparemment l'habitude d'utiliser. À ce stade, j'allais finir par lui piquer la moitié de sa garde-robe. Lorsque j'ouvris enfin la porte de la salle de bain, je fus d'abord surpris par la bouffée d'air frais qui pénétra à la seconde dans la pièce puis, bien vite, je sortis de cette fournaise pour rejoindre la chambre de Minho.

La porte était grande ouverte, alors je ne pris pas la peine de frapper avant d'entrer sans un bruit. Là, j'aperçus Minho face au long miroir accroché au battant de son armoire. Il avait coiffé ses cheveux en arrière comme la fois dernière et tentait désespérément de mettre un collier, en vain. Je gloussai légèrement en l'entendant grogner de frustration, je voyais bien qu'il était sur le point d'abandonner.

— Besoin d'aide ? Questionnai-je alors en m'approchant lentement de lui.

Minho fit un bond sur lui-même avant de faire volte-face en ma direction, certainement étonné de me voir déjà de retour. Il attendit que je ne sois qu'à quelques centimètres de lui pour me répondre à l'affirmative, suite à quoi j'acquiesçai à mon tour en lui souriant timidement. Dans la foulée, le châtain se tourna de nouveau face à la glace tandis que je me plaçais derrière lui. Nos regards se croisèrent un court instant avant qu'il ne détourne le sien, me forçant à me concentrer sur ma tâche qui ne s'avéra pas si compliquée que ça.

— Voilà. Murmurai-je dans sa nuque une fois que je réussis.

Minho réajusta le bijou en s'observant dans le miroir puis se tourna vers moi, tout sourire, alors que je reculais d'un pas. Il me remercia d'une voix presque inaudible que je sus quand même décrypter et je n'eus pas le temps de lui faire comprendre que ce n'était pas grand-chose avant qu'il ne me reluque à son tour de la tête aux pieds.

— Ça te plaît ? Me demanda-t-il subitement en plongeant de nouveau ses iris brunes dans les miennes.

— Peu importe ce que tu mets, tout me plaît chez toi. Répondis-je du tac au tac en le fixant béatement sans vraiment réfléchir au sens de sa question.

— Je... Je parlais de la tenue que tu portes...

— Ah. Ah, bah ouais, ouais ça me plaît grave aussi !

Un silence s'installa dans lequel on porta tous les deux un soudain intérêt pour le sol et les murs. J'étais affreusement embarrassé de m'être mépris au sujet de notre conversation mais il fallait dire que Minho n'avait pas été très explicite et que le complimenter m'avait paru assez naturel. Lorsque je relevai mes yeux vers lui, je remarquai immédiatement le rictus qu'il tentait tant bien que mal de dissimuler et le bout de ses oreilles désormais teinté de rose.

— Bon, je vais... Je vais m'occuper de plier les couvertures. M'informa-t-il en se ruant sur mon lit préfabriqué.

— Je vais t'aider !

Ce fut ainsi d'un commun accord qu'on se mit à ranger les couettes, une à une, dans son placard. Alors que je tenais deux bouts symétriques, Minho tenait les deux autres. On les secouait de manière à ce qu'elles ne se froissent pas puis, minutieusement, j'amenais mon côté jusqu'au sien afin de plier le tissu correctement. Seulement, plus je reproduisais ce geste machinal, plus j'étais tenté de lui voler un baiser. Nos visages se retrouvaient toujours suffisamment proches pour que je puisse me le permettre mais j'hésitais à chaque occasion par peur de le brusquer. Cependant, ce fut au bout de la cinquième couverture pliée que je cédai à la tentation. Mes mains lâchèrent immédiatement le tissu pour, à la place, venir prendre dans leurs paumes la tête du châtain.

Je n'attendis pas sa réaction pour capturer ses lèvres au préalable hydratée par un baume, m'autorisant ainsi à clore mes paupières en espérant qu'il me réciproque le baiser, et ce fut le cas. L'esprit complètement énamouré, je laissai ses lippes m'emporter dans leur valse sans aucune envie qu'elles ne s'arrêtent dans leur lancée. Seulement, lorsque ça arriva, je fis un pas en arrière pour lui permettre de reprendre ses esprits. Je fixais son visage en attendant qu'il fasse le moindre geste ou bien qu'il dise un mot, mais rien. Il avait les pupilles dilatées et la bouche entrouverte, son corps figé, presque choqué par mon initiative comme s'il s'agissait de la première fois. À ce moment-là, je n'eus aucun doute : J'avais merdé.

Pris de peur qu'il m'en veuille de ne pas lui avoir demandé la permission, je commençai alors à me confondre en excuses, déblatérant des tas de syllabes qui n'avaient ensemble aucun sens. Cependant, je fus bien vite interrompu dans mes pensées aléatoires par le rire timide de mon vis-à-vis. Minho était en train de sourire de manière authentique et je me sentis extrêmement soulagé en m'en apercevant. Il ne m'en voulait pas, il semblait même avoir apprécié mon action et apparemment beaucoup puisqu'il se hâta de me rendre la pareille en m'embrassant à son tour. Ce baiser fut court mais il raviva la flamme autrefois coincé dans mon estomac.

Lorsqu'on se sépara, ce fut pour laisser échapper des ricanements un peu niais qui nous aidaient à dissimuler notre gêne. C'était tout récent, cette gêne entre nous. Du moins, de mon côté, j'avais toujours prôné la confiance en soi en me prenant pour le garçon le plus cool de la planète. Cependant, je me trouvais en fait depuis tout ce temps devant le garçon que je pensais réellement être le plus cool de la planète. En tout objectivité, évidemment. Si j'avais su, deux ans auparavant, que mon crush sur Minho allait s'avérer réciproque, je ne l'aurais pas cru un seul instant. Et si j'avais cru m'être définitivement fait à l'idée de ne pouvoir qu'avoir son amitié, j'étais maintenant bien plus satisfait par la tournure des choses.

Bien vite, on avait fait comme si de rien n'était en continuant de plier le reste des couvertures puis, dès lors que la chambre ne ressembla plus à un campement, on ne perdit pas de temps avant de se rendre dans la cuisine. Nos estomacs grognaient, affamés. Je n'avais pas mangé depuis hier midi, alors j'étais bien heureux que le châtain me propose de petit-déjeuner sur place. J'étais heureux de réussir à être aussi confortable dans son intimité mais ça ne m'empêchait tout de même pas de craindre d'abuser de son hospitalité. Après tout, je n'étais pas venu jusqu'ici pour vider ses placards mais bien pour lui, et lui seul. Le repas se déroula à une vitesse éclaire, l'heure de notre départ approchait de plus en plus et nous ne devions surtout pas manquer ce bus.

Ainsi, une fois terminé, on déposa chacun notre tour la vaisselle sale dans l'évier. Je regrettais ne pas avoir le temps de la laver et de devoir laisser cette corvée à Minho mais je me promis de me rattraper, une prochaine fois. Rapidement et dans le silence le plus total, on se hâta tous les deux de se rendre dans l'entrée pour mettre nos chaussures. Les miennes avaient pu sécher depuis la veille et j'étais de constater que je n'allais pas passer l'après-midi dans des chaussettes mouillées. Le châtain s'était assis sur une petite banquette spécialement mise à disposition pour plus de facilité tandis que, moi, je m'étais contenté de m'agenouiller afin de faire les lacets. Presque automatiquement, n'étant situé qu'à quelques centimètres de mon vis-à-vis, mes yeux se posèrent sur ses genoux couverts de pansements et je ne pus m'empêcher de me sentir coupable à nouveau.

— Tes blessures, ça va ? Osai-je enfin le questionner après plusieurs secondes à l'observer.

— Mh... Il se mit à réfléchir, une moue sur les lèvres. Ça me fait encore mal, parfois, mais c'est en bonne voie pour guérir. Grâce à tes conseils !

J'esquissai un léger sourire suite à ses propos ; soulagé de ne lui avoir rien cassé de sérieux et touché par sa remarque. L'égratignure sur sa pommette, elle, avait déjà complètement disparu. Je m'en voulais suffisamment de lui avoir littéralement sauté à la gorge, l'autre jour. Si, en plus de ça, j'avais abîmé son joli minois, jamais je ne m'en serais remis.

— Et toi ? Me demanda Minho en me sortant subitement de mes songes. Ton crâne et ton torse.

— Ça va ! J'ai juste une petite bosse à l'arrière et un bleu mais c'est rien, ça me laisse un souvenir.

— J'ai vu ça, hier... L'hématome sur ton sternum... Avait-il marmonné, la culpabilité se faisant ressentir dans sa voix.

— Eh, c'est pas grave, okay ? Je l'ai bien mérité, en plus.

Un air inquiet sur le faciès, je terminai de faire mon deuxième lacet avant de m'accroupir face à Minho. Mes avant-bras appuyés sur ses cuisses, il s'était immédiatement figé, les yeux grands ouverts et les muscles tendus. Je m'étais, quant à moi, gentiment moqué de son expression hébétée. Le jeunot était si facile à intimider que je me voyais déjà le malmener à tout va. La rougeur sur son ses joues lui ajoutait ce petit quelque chose qui me rendrait certainement accro, j'en étais persuadé. Je le fixai alors sans un mot pendant une bonne minute, et j'aurais pu m'éterniser encore longtemps s'il n'avait pas décidé de prendre la parole.

— On devrait y aller... Chuchota-t-il, comme s'il avait peur d'interrompre ce moment.

Cependant, je ne bougeai d'abord pas d'un pouce, profitant encore un peu de ce contact physique avant d'enfin lui laisser le champ libre. Dans la foulée, Minho se leva à son tour et se rua sur son tote bag qu'il jeta aussitôt sur son épaule puis, de mon côté, j'attendis patiemment que la porte d'entrée soit ouverte pour mettre un pied dehors. J'observai le maître des lieux verrouiller le battant et le suivis du regard jusqu'à ce qu'il se mette à descendre les premières marches de l'escalier. Sur ses talons, ce fut ainsi qu'on quitta l'immeuble afin de se rendre en direction de l'arrêt de bus le plus proche. Celui-ci se situant à cinq minutes à pied de chez les Lee, on eut le temps de s'habituer à la chaleur presque désagréable que diffusait le Soleil sur le trajet.

Trajet qui s'avéra plus court que prévu tant nous avions discuté. De tout mais surtout de rien, des choses qui s'étaient passées dans nos vies respectives en l'absence de l'autre, et cetera. J'avais tellement de questions à poser à Minho, tellement à lui raconter aussi mais, étrangement, chacune de mes pensées tournaient autour de lui et le concernait directement ou indirectement. Pendant tout ce temps, il avait été ma seule préoccupation, continuellement au centre de mes songes sans que je ne puisse l'écarter de ceux-ci. Et voilà que maintenant nous étions en pré-couple... Rien ne pouvait me rendre plus heureux qu'être avec lui, aujourd'hui.

À peine nous avions posé le pied sur le trottoir pour se préparer à la venue du transport en commun que le véhicule pointa le bout de son nez. Minho m'offrit un sourire timide avant d'y monter et je l'imitai aussitôt en posant ma main sur son épaule pour ne pas qu'il s'éloigne trop de moi. Heureusement pour nous, il n'y avait pas énormément de monde à l'intérieur, cela nous permit donc de trouver sans aucun mal deux places assises. Ce fut dans ces conditions qu'on s'installa et passa le reste du trajet à profiter de la présence de l'autre. C'était simple et, pourtant, ça me réchauffa le cœur. Le trajet se déroula sans encombres et assez vite, malgré la demi-heure de route. Lorsque je jetai un coup d'œil à mon téléphone, je me rendis compte qu'il était presque seize heures, nous assurant donc largement d'être à l'heure du rendez-vous avec nos amis.

Le bus nous ayant directement déposés en plein centre-ville, nous ne devions marcher que quelques minutes pour arriver devant la fête foraine. En deux temps, trois mouvements, on pouvait déjà apercevoir les gigantesques attractions et le monde qui stagnait à l'entrée. Parmi ces gens, je remarquai Seungmin et Junji, accompagnés de deux jeunes femmes. Tout bonnement curieux, je me demandai de qui il pouvait bien s'agir, seulement, à peine eus-je le temps de me poser la question sur leur identité que Minho s'était rué en leur direction sans même me prévenir. J'écarquillai mes yeux en le voyant traverser la route sans faire attention à la circulation et le poursuivis aussi vite que je pus pour l'empêcher de se mettre en danger bêtement. Ce fut donc essoufflé que j'arrivai face au petit groupe qui nous salua à la seconde où il nous vit.

— Vous êtes déjà là ? Nous questionna Seungmin en posant ses yeux sur le châtain uniquement.

— Oui ! On a pris le bus assez tôt pour pas risquer d'arriver en retard. Répondit alors ce dernier en lui souriant.

Je ne pus réprimer ma contrariété face à Seungmin. Le brunet semblait ne prêter attention qu'à Minho, malgré les trois autres personnes à ses côtés, et ça me tapait déjà sur les nerfs. Il n'y avait qu'à voir son petit air satisfait en me jetant des coups d'œil vifs tandis que, moi, je le toisais du regard sans m'en cacher.

— Alors, Commença-t-il justement en ricanant. vous avez passé une bonne nuit ?

Il était évident que j'étais ici la seule personne à comprendre ce qu'il insinuait véritablement et ça me fit lever les yeux au ciel tant c'était absurde. Il n'avait donc que cette idée en tête ? Néanmoins, je savais pertinemment qu'il ne cherchait qu'à me provoquer et tirer une réaction de ma part, et je ne laisserai certainement pas son égo se gonfler davantage. Souhaitant dès lors changer de sujet, je pris les devants et nous présentai, Minho et moi, auprès des deux jeunettes qui nous offraient apparemment leur compagnie, ce soir.

— Shuhua, enchantée ! S'exclama la brunette avec un sourire radieux. Et voici Soyeon, ma meilleure amie. Seungmin nous a invité, j'espère que ça vous dérange pas...

— Pas du tout, c'est avec plaisir ! Répondis-je immédiatement pour la rassurer.

— Vous êtes au lycée Maxident ? Questionna ensuite Minho, curieux.

— Ouais ! Hum... En fait, j'ai contacté Seungmin via le compte Maxicupidons du bahut, je sais pas si vous en avez entendu parler ?

Inconsciemment, je laissai échapper un rire qui attira visiblement l'attention de Minho, celui-ci essayant avec moi de réprimer un rictus. Effectivement, on en avait entendu parler et cette coïncidence ne m'étonna finalement pas tant que ça. Après tout, d'après ses propres dires, Seungmin était un homme convoité par la planète entière, alors si cette jolie brune pouvait lui faire oublier illico mon bientôt-petit-ami, je lui en serai extrêmement reconnaissant.

Ce fut de cette manière qu'on commença à faire connaissance sur le bord de la route. Le Soleil brillait de mille feux et la chaleur devenait de plus en plus insupportable, même lorsque j'enlevai ma chemise légère. Mon regard ne cessait de scanner le châtain près de moi qui se ventilait grâce à sa main. Tout de suite, je me mis à chercher de quoi l'aider, un flyer que je pouvais transformer en éventail ou bien un petit coin d'ombre dans lequel il pourrait s'abriter, mais rien à portée de main. C'était embêtant et on ne pouvait pas changer de localisation tant que Changbin et Hyunjin n'étaient pas là sous peine de se faire gronder par ce dernier. Il fallait dire qu'il n'avait pas un très bon sens de l'orientation, alors il pourrait totalement se perdre aussi bien dans la fête foraine que dans un mini-supermarché. Chose qui s'était produite auparavant, en effet.

Discrètement, je pliai mon vêtement de sorte à en faire un couvre-chef que je posai ensuite délicatement sur la tête de Minho. Celui-ci, confus et surpris par mon geste, se tourna vers moi avec de grands yeux ronds qui s'illuminèrent lorsque je lui souris. Quand je vis que les quatre autres personnes étaient en pleine conversation, j'en profitai pour m'incliner vers le châtain et lui murmurer quelques mots au creux de son oreille.

— Je veux pas que tu chopes une insolation.

Suite à ça, je lui embrassai brièvement la tempe avant de me redresser tout aussi vite, pile au moment où Junji se tourna vers nous.

— Je suis content de faire la fête foraine avec Jisung-senpai et Minho-san ! Avait-il dit, enthousiaste. J'étais triste que vous êtes disputés.

— Que vous vous soyez disputés. Le corrigeai-je en souriant pendant qu'il répétait la phrase en boucle pour s'en souvenir. Tout va bien maintenant, d'accord ?

— Minho-san et toi êtes à nouveau meilleurs amis ?

Mon corps se figea à l'entente de cette question soudaine. Il était en réalité en droit de se la poser mais je devais avouer que sans lui expliquer l'entièreté du contexte, je ne savais pas quoi lui répondre et, à priori, Minho non plus. Ce dernier parut être dans la même détresse que moi à cet instant-là tandis que Junji nous observait chacun notre tour en attendant son dû impatiemment. J'entrepris alors de bégayer quelques mots en guise de réponse mais fut heureusement interrompu par une voix rauque qui s'éleva derrière moi. Il s'agissait de Changbin, mon sauveur du jour. Celui-ci trottina jusqu'à nous en saluant tout le monde avant de s'excuser de son retard, expliquant qu'il y avait eu un accident sur la route qui avait ainsi provoqué un long embouteillage.

Il était dix-sept heures moins le quart et Hyunjin était désormais le seul manquant à l'appel. Ironique pour celui qui avait tant insisté pour organiser cette sortie. Néanmoins, ça ne m'étonnait pas le moins du monde venant de lui, il avait le chic pour toujours savoir se faire désirer et ce, en toute circonstance. C'était devenu difficile de trouver des sujets de discussion pour nous distraire en l'attendant, l'ambiance était toujours au rendez-vous - contrairement à Hyunjin - mais tout le monde commençait à s'impatienter. Ainsi, je décidai de moi-même prendre les devants en appelant l'absent. Et après de nombreux bips sonores, tout le groupe maintenant tenu en haleine, je tombai sur sa messagerie. Un râle simultané se fit entendre et Minho se mit à rire, apparemment amusé par la situation.

Je ne pus m'empêcher de l'observer se fendre la poire un instant, un rictus pliant instinctivement mes lèvres avant qu'on me rappelle à l'ordre. Une seconde fois alors, je composai le numéro de Hyunjin mais, de nouveau, il ne répondit pas.

— Non mais il se fout de la gueule du monde, c'ui-là ! S'exclama Changbin, les mains sur les hanches

Son opinion fit l'unanimité mais au moment-même où je m'apprêtais à rappeler une troisième fois le retardataire pour lui laisser un message menaçant sur sa boîte vocale, une voix qu'on reconnut tous immédiatement se fit entendre. Hyunjin avait enfin décidé de montrer le bout de son nez. Cependant, si tout le monde s'imaginait qu'il venait seul, ce n'était pas le cas puisqu'un jeune homme, un peu plus petit que lui, marchait à ses côtés. Personne n'osa dire un mot, surpris par la présence de cet inconnu, on les observa simplement arriver en notre direction.

— Coucou, les copains ! Salua Hyunjin en nous offrant son plus grand sourire. Je me suis permis de ramener un plus-un.

Ça, nous l'avions à priori tous remarqué mais la question sur son identité restait en suspens. Le nouveau venu avait les cheveux blonds bouclés et des yeux bleus qui ne quittaient pas Hyunjin un seul instant. J'avais un doute et je ne voulais pas arriver à des conclusions hâtives mais quelque chose se tramait forcément entre ces deux-là et nous n'allions pas tarder à le savoir.

— Pourquoi vous me dévisagez comme ça ? J'ai pas le droit d'inviter mon mec ? Demanda-t-il sarcastiquement en replaçant ses lunettes de soleil sur son nez.

— Ton quoi ? Hurla presque Seungmin, littéralement bouche bée – comme nous tous – suite à cette révélation.

— Salut, moi c'est Troye.

À l'unisson, malgré la surprise générale, on décida de se présenter à lui en l'accueillant chaleureusement parmi nous. Nous avions des tas de choses à dire à Hyunjin, des tonnes de questions à lui poser et des regards inquisiteurs à lui lancer. Seulement, le jeunot nous coupa l'herbe sous le pied en nous induisant d'enfin entrer dans l'enceinte de la fête foraine. À vrai dire, il n'attendit en réalité même pas nos acquiescements avant de s'y précipiter, son nouveau petit-ami à la main. Souhaitant à tout prix voir la réaction de Minho, je me tournai vers lui et lui sourit doucement en apercevant ses yeux pétiller de malice. Il semblait penser à la même chose que moi ; Hyunjin ne perdait rien pour attendre !

Cependant, maintenant que mes iris étaient ancrés dans les siens, il m'était difficile de m'en détacher. C'était comme s'ils m'aspiraient, me poussant un peu plus à chaque fois à m'approcher de lui car le moindre centimètre de distance me paraissait de trop. Mes jambes avancèrent mécaniquement, suivant les autres dans leur marche sans même m'en rendre compte. À cet instant-là, je me fichais bien de savoir ce et qui nous entourait, tout ce qui comptait était d'avoir Minho près de moi. Ce fut ainsi qu'on se faufila parmi la foule, impossible de voir à plus de deux mètres devant nous tellement c'était bondé et j'aurais pu m'en plaindre si j'avais pas eu cette terrible envie que je ne pus me réprimer de quémander.

— Dis, je peux te tenir la main ? Demandai-je en la lui frôlant timidement.

Minho releva son regard vers moi, celui-ci me prouvant qu'il était à la fois étonné et flatté. J'étais embarrassé de me montrer à ce point tactile en public car j'avais peur qu'il me trouve un tantinet trop collant. Néanmoins, bien loin de tous mes doutes et de toutes mes craintes, le châtain avait seulement souri avant de lui-même venir glisser sa paume dans la mienne et, cette fois-ci, ce fut à moi d'être étonné et flatté. Maintenant que nos doigts étaient entrelacés, je ne pouvais cesser de sourire à pleines dents, mon bonheur bien trop visible pour être dissimulé. Et bien qu'un peu plus reservé, Minho semblait l'être tout autant. Après toutes les épreuves que nous avions traversées, j'étais heureux d'enfin pouvoir lui apporter un peu de sérénité, il le méritait amplement.

Légèrement en retrait par rapport au groupe, on profita un peu de ce moment rien qu'à nous avant de rattraper nos amis, ceux-ci s'étant à priori arrêtés à un stand de nourritures pour commander de quoi se rafraîchir. Ne souhaitant pas lâcher la main de Minho, je nous conduisis jusqu'à la petite buvette devant laquelle presque personne ne se trouvait. Tout de suite après que les autres aient pu passer commande, je décidai de faire plaisir à mon compagnon en lui achetant son soda favori. À peine avais-je fait volte-face vers lui que j'aperçus son visage s'illuminer. Comblé, il prit la canette entre ses mains et en bu quelques gorgées en attendant que nos amis terminent leur conversation, puis me la tendit pour qu'on puisse la partager. C'était peut-être ridicule mais cette petite attention était tout pour moi.

— Si vous voulez faire bande à part, vous pouvez le dire, hein ! S'exclama Seungmin en nous observant de loin.

Ce reproche avait bien évidemment été glissé sur le ton de la rigolade, je le savais, mais le fait que ce soit Seungmin m'énervait une fois de plus. Contrarié, je lâchai alors un soupir tandis que Minho lui échangeait un sourire complice. Ça ne me plut pas le moins du monde mais je n'eus même pas le temps de protester que tous nos amis posèrent leur regard sur nous. Forcément, la remarque du brunet avait attiré les curieux et, curieux, ils l'étaient tous. Nul doute sur le fait qu'ils aient possiblement distinguer nos mains enlacées, non plus. Et si jusqu'à présent la nature de notre relation n'avait pas encore été dévoilée au grand jour, désormais, c'était plus que flagrant. Cependant, aucun d'entre eux ne fit de commentaire lourd ou intrusif et, à la place, des sourires étirèrent les lèvres de certains dans un silence qui voulait tout dire.

Rapidement, leur attention se détourna de Minho et moi, et ils se mirent de nouveau à marcher vers la première attraction de la soirée. Il s'agissait d'un manège assez léger, afin de bien commencer sans trop abuser. Dans la file, je ne quittai pas le châtain d'un pouce, il possédait toutes les étoiles du ciel dans ses pupilles et lorsqu'il souriait, c'en était de même pour moi. Passer cette journée entre amis semblait lui faire le plus grand bien et j'étais infiniment heureux d'avoir l'occasion de partager ce moment avec lui.

Une dizaine de minutes plus tard, nous avions déjà terminé notre tour de manège. Ce mini grand huit nous avait tous réveillés et malgré le fait que ça n'ait duré qu'un court instant, ça n'avait pourtant pas empêché Junji d'aller vomir dans des buissons un peu plus loin. Le pauvre garçon n'avait pas supporté les virages brutales et les tournis dus à la vitesse, beaucoup trop soudain pour lui. J'étais mort d'inquiétude, je craignais que le noiraud soit malade et qu'il ne puisse donc pas passer le reste de la soirée avec nous. Alors que la majorité de nos amis se moquait gentiment, Minho, lui, décida le premier d'aller s'assurer de son état. Sur ses talons, je le vis lui frotter tendrement le dos et lui donner de quoi boire ainsi que quelques mouchoirs.

D'un signe de la main, je leur indiquai un banc vide qui se trouvait à quelques mètres d'ici sur lequel le jeune japonais pourrait se reposer un peu pendant que les autres iraient s'amuser ailleurs. On ne resta alors que tous les trois assis l'un à côté de l'autre, Junji me séparant de Minho.

— Comment tu te sens ? Questionnai-je le concerné en le regardant fermer les paupières.

— Ça va... Ça va, je crois. Me répondit-il d'une voix pourtant peu sûre.

— Tu sais, t'es pas obligé de faire les mêmes attractions que nous si tu te sens mal après.

— Je sais mais je voulais faire comme Jisung-senpai et m'amuser avec mes amis ! S'exclama-t-il en me lançant un regard déterminé.

Je ne pus réprimer un ricanement suite à l'air qu'il affichait sur son visage pâle. Je me sentais touché qu'il nous apprécie tous autant car c'était réciproque, mais je ne voulais pas qu'il mette son bien-être de côté juste pour quelques moments ensemble. Minho devait probablement penser pareil puisqu'il se mit à tapoter affectueusement le haut du crâne de Junji, un sourire attendri sur les lèvres.

— Jisung-senpai, Minho-san ? Nous interpella-t-il après un long silence.

— Oui ?

— Est-ce que vous êtes en couple ?

Totalement paniqué par cette question sortie de nulle part, je relevai mon regard vers Minho qui, lui aussi, me regardait déjà avec des yeux écarquillés. Junji était de nature très, voire trop, curieuse pour mon propre bien et ça n'était pas sa plus grande qualité. Il semblait réellement s'intéresser à ce sujet et je me demandais d'ailleurs ce qui avait bien pu lui mettre la puce à l'oreille. Néanmoins, alors que je m'apprêtais de nouveau à balbutier quelques syllabes, le jeunot bascula soudainement vers l'avant et se mit à vomir une nouvelle fois.

— Décidément... Marmonnai-je en en lui frottant l'épaule pour tenter de le rassurer.

— Je vais chercher de l'eau ! Nous informa ensuite Minho en se levant d'un bond.

J'acquiesçai immédiatement d'un hochement de tête avant de rediriger mon attention sur mon petit protégé. Lui qui avait attendu cette après-midi fête foraine depuis des lustres, j'étais maintenant persuadé qu'il n'oublierait pas cette journée de sitôt. Tous deux enveloppés dans le silence tandis que je m'occupais de lui apporter toute ma sollicitude, je me trouvai surpris lorsque Junji réitéra sa question. Il ne semblait pas plus inquiet par son état et je ne savais pas si je devais en être soulagé ou bien moi-même inquiet.

— Hum... Commençai-je en ne sachant pas vraiment si je devais lui dire la vérité. Je sais pas trop mais... en tout cas, j'aime vraiment beaucoup Minho, ouais.

À peine lui avais-je répondu que Minho arriva à toute vitesse en trottinant, une bouteille d'eau fraîche à la main qu'il me tendit ensuite. Un sourire aux lèvres, je le remerciai et la lui prit pour la donner à mon tour à Junji. Ce dernier se rinça la bouche plusieurs fois avant d'en boire quelques gorgées qui parurent lui faire un bien fou. Son visage avait repris des couleurs et il sembla aller un peu mieux, ce qui me soulagea énormément. Ne souhaitant pas qu'il se force à faire d'autres attractions du genre, je proposai à mes deux vis-à-vis de faire un tour près des stands de jeux et ce fut avec joie que l'ébène répondit à l'affirmative. Son enthousiasme non dissimulé me fit plaisir, il était tout bonnement adorable et je voulais qu'il puisse se divertir autant qu'il le souhaitait car, la fin d'année scolaire approchant à grands pas, il repartirait bientôt dans son pays natal.

Ainsi, on se mit tous les trois en route vers les quelques stands à proximité. Étant donné que Junji eut du mal à supporter être la tête dans les nuages, il valait mieux pour lui qu'on reste les pieds sur terre un petit moment avant de tenter à nouveau sa résistance aux attractions fortes. De cette façon, on enchaîna les différentes activités : Que ce soit tirs à la carabine, faire tomber des gobelets ou marquer autant de paniers de baskets que possible... Le choix était large et mon porte-feuille presque vide. On s'amusa pendant près d'une demi-heure sans pause, riant à s'en faire mal aux côtes tant c'était amusant et agréable. Junji était le plus heureux des adolescents et c'était quelque part comique car j'avais l'impression que Minho et moi étions ses parents.

À chaque fois qu'il touchait un gobelet à l'aide de sa balle, il faisait en sorte qu'on l'ait bien vu, nous forçant presque à applaudir et à prendre des tas de photos pour en garder un souvenir. C'était drôle, jamais en me portant simplement volontaire pour guider un correspondant étranger je ne m'étais imaginer autant m'entendre avec lui. Et malgré l'écart d'âge et les différences entre nos mœurs, je le considérais comme un ami proche, quelqu'un que j'aimerais garder près de moi encore longtemps dans cette vie éphémère.

En jetant un rapide coup d'œil à mon téléphone pour vérifier l'heure, j'aperçus une notification provenant du groupchat sur Instagram. L'auteur du message s'avérait être Seungmin, nous demandant où nous étions passés car le reste du groupe nous cherchait. Je m'apprêtai alors à cliquer dessus pour lui indiquer notre localisation avant d'être coupé dans mon élan par Minho, celui-ci me pointant un autre stand près de ceux auxquels nous avions déjà joué. Il s'agissait aussi d'un tir à la carabine mais, celui-là semblait sortir du lot puisque l'un des prix à gagner avait attiré l'attention du châtain. En voyant la moue sur son faciès, je me ravisai de parler du message récemment reçu et, à la place, je me ruai vers ce stand pour nous payer une partie.

Minho me supplia presque de jouer, souhaitant apparemment vouloir me voir à l'œuvre et à la main d'une arme à feu. Peut-être bien que c'était son truc ? Rapidement, j'avais cédé et m'étais mis à la tâche, faisant de mon mieux pour me concentrer et lui gagner le cadeau qu'il désirait. Bien que les premières fois où je m'étais essayé à ce jeu je n'en étais pas ressorti gagnant, cette fois-ci se déroula étrangement sans accroc. Lorsque le propriétaire du stand m'annonça que je pouvais désormais choisir n'importe lequel de ses lots, je me tournai instantanément vers Minho en l'incitant à faire son choix. Ses yeux brillèrent d'excitation et il se mit à sourire si fort que le haut de ses pommettes devint davantage proéminent. Ayant déjà fait son choix en amont, il n'hésita pas une seule seconde avant de pointer du doigt l'objet qu'il convoitait.

Il s'agissait d'un porte-clés mais pas n'importe lequel, un porte-clés en forme de chenille. Là, ça fit tilte dans ma tête et je compris immédiatement la raison de sa décision.

— Regarde ! M'induit-il en me montrant son précieux cadeau.

— C'est parce que t'aimes les limaces, c'est ça ? Lui demandai-je rhétoriquement en ricanant.

— Mais c'est pas une limace, c'est une chenille... Son visage s'était affaissé pour laisser place à un sourcil arqué.

— C'est presque pareil, en vrai...

Non ?

— Ah.

Nous aurions pu débattre un long moment sur le sujet mais je n'avais pas envie de le contrarier alors qu'il passait une bonne journée, je gardais ça pour plus tard. Tout content, Minho se hâta d'accrocher sa bestiole verte à son trousseau de clés tandis que Junji s'approchait lentement de nous avant de se racler la gorge.

— Minho-san a raison ! Quand les limaces sont bébés, elles ne laissent pas de traces derrière elles pour indiquer leur passage mais les chenilles oui, elles laissent leurs petites crottes sur les feuilles. Nous informa-t-il, visiblement heureux de détenir une information de la sorte.

— Voilà, j'ai raison. Répliqua Minho, un énorme sourire sur le visage.

— C'est dégueulasse mais merci pour ce petit TMI, Junji... Je dormirai moins con, ce soir.

Il ne suffit que d'un regard entre Minho et moi pour qu'on explose de rire à l'unisson. L'ébène sembla confus quant à notre soudain éclat de rire, la bouche légèrement entrouverte et les yeux grands ouverts mais il ne fit pas la moindre remarque. À la place, il se contenta d'hausser les épaules et d'afficher une moue sur son adorable bouille. Ce fut seulement une fois que notre hilarité retomba que j'informai les deux jeunots du message que Seungmin m'avait envoyé et, d'un commun accord, on décida de partir à leur recherche sans tarder. Ainsi, on se mit à déambuler à travers les différentes allées de la fête foraine avant d'apercevoir Hyunjin au loin, le grand dadais faisant d'immenses gestes en notre direction. Une nouvelle fois, on éclata de rire. Il ne savait vraiment pas se tenir en public, c'en était presque à se demander comment il avait fait pour se dégoter un copain.

Une fois arrivés à leur niveau, le visage de tout le petit groupe s'éclaira en nous apercevant. Ils paraissaient attendre depuis un moment déjà, alors on s'excusa en expliquant qu'on avait été trop pris par les différents stands mais personne ne sembla s'en formaliser, ce qui me rassura. Pendant quelques minutes, certains d'entre eux nous racontèrent ce qu'ils avaient fait de leur côté. Tantôt ils avaient fait des manèges assez simples, tantôt des sensations fortes et d'autres avaient préféré se faire un petit encas. J'étais bien content d'être resté avec Junji et Minho, notre petite escapade avait été à la fois amusante et reposante.

Et alors que le châtain leur contait nos aventures, je me laissai distraire par les lumières clignotantes d'une devanture particulière. Les néons brillaient d'une telle intensité qu'ils pouvaient nous rendre aveugle, quémandant presque aux personnes présentes aux alentours de venir y faire un tour. Cette attraction n'était nulle autre que les fameuses auto-tamponneuses. Minho et moi ayant un passif bien chargé avec ces voiturettes, je lui administrai un léger coup de coude afin d'attirer son attention et de lui indiquer ma trouvaille d'un mouvement de tête. Obligé de s'interrompre dans une de ses phrases, le jeunot fronça d'abord les sourcils avant d'écarquiller les yeux. Il avait compris où je voulais en venir et, de mon point de vue, je pouvais en conclure qu'il en rêvait tout autant que moi.

Ainsi, sans rien dire, on déclara aux autres qu'on reviendrait vite et s'empressa de se rendre dans la file d'attente. Il était totalement hors de question de passer à côté de cette chance inouïe d'avoir un moment rien qu'à nous. Ça pouvait paraître un peu égoïste de n'avoir invité personne à nous suivre mais, pour être honnête, ça n'aurait pas du tout été la même chose si tout le monde s'était joint à la partie.

Un énorme sourire placardé sur nos visages, je pris les devants pour payer notre entrée dès lors que ce fut à notre tour de passer. D'un commun accord, on se rua chacun dans une voiture différente, l'un à l'opposé de l'autre. Nous avions la même idée en tête, le même désir de recréer ce souvenir et de revenir à notre toute première soirée passée ensemble lorsqu'on s'était rencontré. C'était touchant et ça me rendait nostalgique, ce moment-là resterait pour toujours gravé dans ma mémoire, comme tous ceux qui suivraient et qu'on créerait au fil du temps. Notre histoire venait tout juste de débuter et – je l'espérais – elle n'était pas prête de se terminer de sitôt.

Une fois installé, ma ceinture bouclée, je pus sentir mon cœur battre la chamade en menaçant de se décrocher de ma poitrine. J'avais aussi la parfaite impression d'être revenu quelques jours auparavant, lorsque Minho et Seungmin mettaient un point d'honneur à tracer tous mes faits et gestes. Seulement trois jours s'étaient écoulés depuis ce double-date et, pourtant, tellement de choses avaient changé. Que ce soit la nature de notre relation à Minho et moi, la redécouverte de mes sentiments pour lui, sa confession vis-à-vis des siens... Tout s'était amplifié, me consumant presque de l'intérieur tant je me sentais désormais épanoui. Ce n'était que le commencement mais je savais déjà qu'il ne me suffirait que de la présence du châtain pour être heureux. Il était un peu comme la lumière d'un phare, me guidant à travers les tumultes de mes sentiments.

La tête dans les nuages, je n'eus même pas le temps d'entendre le signal de départ que mon véhicule se fit déjà carambolé. Surpris, je me tournai vers la source de mon faux accident et aperçus Minho, un rictus à la fois adorable et machiavélique sur le faciès. Il semblait apparemment prêt à livrer bataille et je l'étais tout autant, alors je n'hésitai pas à enfin prendre le volant et mettre la gomme. Ainsi, pendant toute la durée du tour, on se heurta à de multiples reprises, se frôla et s'échangea sourires et menaces en l'air. Même si d'autres personnes glissaient sur la piste autour de nous, on n'en avait rien à faire, la seule chose qui nous intéressait était de toucher l'autre, encore et encore. Et une fois que les voiturettes se stoppèrent, désormais immobiles pour signaler que la partie était finie, on s'extirpa de nos habitacles respectifs pour ensuite quitter l'attraction en trottinant.

Il était maintenant temps de rejoindre les autres mais je n'en avais pas la moindre envie. L'adrénaline à son summum alors que le volume de la musique du manège tambourinait encore dans mes tympans, je sentais tout mon corps vibrer et ma tête tourner. Les lasers de lumières colorées nous aveuglaient et rendaient ce parcours du combattant davantage compliqué mais, lorsque Minho se tourna vers moi pour me demander quel chemin prendre, je ne pus me retenir.

La foule était compacte, nous bousculant de part et d'autre, ce qui me poussa à lui agripper subitement la main pour le diriger à l'arrière de l'attraction. Son dos se cogna contre la construction en même temps que mon corps contre le sien avant que mes lèvres ne viennent immédiatement capturer ses lippes entrouvertes. Il fut d'abord étonné par mon action, ses muscles rigides sous mon toucher, mais il s'était rapidement relaxé quand mes mains glissèrent sur sa taille pour la caresser légèrement. Là, il décida de répondre à mon baiser et de m'attirer dans son étreinte en enroulant ses bras autour de ma nuque. Je n'arrivais pas à m'arrêter de goûter à ses lèvres, bien trop pris dans le moment pour pouvoir le lâcher de sitôt.

Lorsqu'on se sépara enfin pour de bon, nos respirations on-ne-peut-plus saccadées, mon regard plongea intensément dans celui de Minho. On resta là pendant une dizaine de secondes, à simplement s'observer mutuellement en tentant de calmer les battements de nos cœurs presque synchronisés avec le rythme de la musique. Je lui souris doucement et il m'imita avant de venir poser son menton sur mon épaule. Sa chaleur était si agréable, je me sentais incroyablement bien dans ses bras et j'aurais adoré ne plus m'en séparer mais il était temps de se diriger vers notre destination initiale, auprès de nos amis. Ainsi donc, ce fut les yeux pleins d'étoiles qu'on se mit en route.

Directement après notre retour au sein du groupe, on se mit tous à déambuler dans la fête foraine. Il y avait tellement de possibilités qu'il nous était impossible de pouvoir faire chacune des attractions alors, encore une fois, on se divisa ici et là pour s'amuser en petit comité ou grignoter une spécialité qui nous donnait envie. Mon estomac menaçait d'exploser tant j'avais ingurgité du sucre mais je m'en fichais, passer ce moment avec toutes ces personnes précieuses à mes yeux m'importait le plus. Je n'arrivais d'ailleurs pas à croire que l'année ne tarderait pas à s'achever et que nous allions devoir faire nos vies chacun de notre côté. Nous avions des projets différents et je craignais que malgré toute la volonté du monde, nous n'allions nous voir que de temps en temps. Sans oublier le fait que je n'avais toujours pas mon admission dans l'Université de Bordeaux et qu'il y avait donc un risque que je sois séparé de Minho.

Rien qu'à cette pensée, une boule d'angoisse prit possession de mon ventre et me rendit anxieux. Ce n'était ni le moment, ni l'endroit mais en voyant mes amis rire aux éclats, je ne pouvais m'empêcher d'y penser. Les yeux dans le vide, je ne réalisai pas que ceux-ci débattaient actuellement sur le choix d'une attraction à faire. Ce ne fut que lorsque Minho me pressa doucement le biceps que je repris conscience de ce qui m'entourait. M'excusant à l'aide d'un petit sourire, je le questionnai du regard.

— Tu veux faire la Tour de la Terreur ? Me proposa-t-il à la seconde.

— Ça, là ? L'interrogeai-je en lui pointant du doigt l'immense attraction verticale.

— Tu veux pas ?

— Tu veux, toi ? T'auras pas peur ? Ricanai-je nerveusement.

— Pas si tu viens avec moi.

En deux temps trois mouvements, voilà qu'il m'avait convaincu. Nous avions aussitôt confier nos affaires au reste du groupe qui patienterait au pied du manège puis, sans plus tarder, on accourut jusqu'à la courte file d'attente. Rapidement, on nous indiqua les sièges sur lesquels nous pouvions nous installer. Un homme s'approcha pour vérifier que tout était opérationnel pour notre sécurité et je ne pus m'empêcher de déglutir. Je devais avouer que la peur commençait à se faufiler sous ma peau, tellement que j'en ressentais des frissons, ceux-ci peut-être aussi causés par la brise de vent qui s'était levé en même temps que le Soleil s'était presque couché. Minho semblait un peu crispé, les mains serrées autour des harnais qui entouraient son visage, j'étais persuadé qu'il regrettait sa décision.

— Eh, ça va aller, okay ? Lui dis-je pour tenter de le rassurer.

Sa petite tête inclinée vers l'avant pour réussir à m'apercevoir, il l'hocha vivement puis me sourit. Je le vis ensuite tendre son bras à son maximum pour attraper ma main que je lui donnai volontiers. Néanmoins, à peine eus-je l'occasion de frôler sa peau que les sièges montèrent d'un coup brusque. Surpris par ce mouvement soudain, je dus clore mes paupières pour me ressaisir. Plus nous montions haut, plus le paysage était à couper le souffle. Au loin, on pouvait apercevoir un bout du Soleil allongé dans l'horizon, nous offrant alors un panorama exceptionnel que je fis remarquer à Minho. C'était magnifique, la lumière se reflétait joliment dans ses iris et son sourire rivalisait avec la douceur du vent. La montée ne dura qu'une poignée de secondes et, une fois les sièges stabilisés et maintenant immobiles, je tournai ma tête vers le châtain afin de le prévenir que la chute ne tarderait plus.

Ce dernier avait les yeux fermés, complètement terrorisé par la vision directe qu'on avait sur le vide sous nos pieds. Je me moquai gentiment de lui en lui répétant que ça ira, qu'il n'avait pas à avoir peur car j'étais là, tout près, et il m'avait une nouvelle fois tendu la main pour que je l'agrippe.

— Je te lâche pas, okay ? Lui promis-je en gloussant, l'adrénaline se faisant de nouveau ressentir.

— Jisung ? M'interpella-t-il, sa voix tremblante.

— Ouais ?

Je t'aime.

Là, mon cœur fit un bond et nos sièges cédèrent à la gravité. Son aveu soudain avait été interrompu par la chute fulgurante sans que je ne puisse y répondre, me laissant sans voix, sans même un cri, juste un choc. Une fois au sol, j'eus du mal à reprendre mes esprits, j'étais sonné par ces deux événements et mon corps ne sembla pas pouvoir s'en remettre de sitôt. Tout s'était passé trop vite, c'était à peine si j'avais regardé le ciel en chutant. Le brouhaha de la foule fut l'unique chose qui réussit à me sortir de cette transe, me permettant ainsi de me détacher tant bien que mal puis de quitter mon siège en titubant. Minho était déjà parti, j'étais l'un des derniers encore dans l'attraction alors je me dépêchai d'en sortir et de rejoindre mes amis.

Ces derniers nous applaudirent comme s'ils accueillaient des héros, tout sourire. Je ricanai alors à leurs airs hébétés mais perdis rapidement mon rictus en apercevant Minho légèrement en retrait. Il ne parut pas triste, juste embarrassé et ça me rendit tout aussi gêné. Il venait de me dire qu'il m'aimait. Il m'avait dit ces trois petits mots et avait fuit sans que je ne puisse réagir à ceux-ci. À vrai dire, je ne savais pas quoi en penser, je ne savais pas non plus s'il le pensait réellement ou si c'était sous le coup de la terreur. Je n'en savais absolument rien mais le châtain fuyait visiblement mon regard et ça me brisait le cœur. J'avais envie de le serrer dans mes bras et de lui réciproquer ses vrais sentiments mais je m'en sentais incapable dans ces conditions. Ce qui était sûr, cependant, était que je n'allais pas le laisser penaud en faisant semblant de ne rien avoir entendu.

Il était non loin de vingt heures lorsqu'on décida tous qu'il était l'heure de quitter les lieux. L'afflux de monde était tel que se promener n'était plus aussi agréable et que ça agaçait plus qu'autre chose, alors il valait mieux couper court à la soirée. À l'entrée de la fête foraine, une effusion d'affection éclata : Entre étreintes, rires et taquineries, la rue était désormais emplie de nos voix. De mon côté, mon regard n'avait toujours pas quitté la silhouette de Minho. Ce dernier gloussait en regardant nos amis faire les marioles, les mains jointes et ma chemise autour de ses épaules. Je ne voulais pas me séparer de lui, le voir partir et ressentir son absence lorsque je me retrouverai seul chez moi, ce soir. Seulement, je n'avais malheureusement aucun moyen d'arrêter le temps et, quand les aurevoirs commencèrent, il me fallut affronter la réalité.

J'avais alors d'abord enlacé chacun de mes amis et salué les deux jeunes femmes qui avaient été de bonne compagnie. Faisant désormais face à Minho, ses grands yeux brillants m'analysant intensément, je ne sus que dire ni que faire. Lui aussi semblait redouter les adieux, même temporaires. Timidement, je lui proposai de l'accompagner jusqu'à l'arrêt de bus depuis lequel il saurait rentrer chez lui et il accepta volontiers. Arrivés là-bas, ce fut à notre tour de se dire au revoir, alors je le pris dans mes bras et le cajolai contre moi en priant pour qu'il ne veuille pas se détacher de mon corps. Cependant, son véhicule se gara plus vite que prévu et je dus me forcer à le quitter. Il s'apprêta à faire volte-face pour y grimper lorsque je le retins une dernière fois pour venir l'embrasser le plus longtemps possible.

C'était douloureux, je détestais ce sentiment. Et quand Minho monta enfin dans le bus, celui-ci s'éloignant dans la foulée, je sentis mon cœur s'alourdir dans ma poitrine. C'était donc ça l'Amour ? La réalisation que l'un ne pouvait plus exister sans l'autre.

○○○

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro