𐚁 Chapitre 48
━━━┅━ M I N H O ━┅━━━
La gorge sèche et le regard attentivement posé sur l'écran éteint de mon téléphone, je commençais à angoisser. Je n’avais pas de nouvelles de Seungmin depuis mon départ et je ne tarderai pas à arriver à destination, sur notre lieu de rendez-vous improvisé. Le bus faisait des bonds sur la route inégale, me faisant alors sursauter à chacun de ses mouvements. Si je n’étais pas aussi concentré sur l’objet précieusement cajolé dans mes paumes de mains, j’aurais très certainement fini par avoir la nausée. Mais heureusement, le trajet passa à toute vitesse. Sans même que je ne m’en rende compte, voilà que le véhicule se gara près de l’arrêt auquel je devais descendre. Alors, rapidement, je me levai de mon siège et me dirigeai vers les portes de sortie.
Il était dans les environs de quinze heures et, en ce plein mois de mai, le soleil frappait de toutes ses forces en déversant sa chaleur massacrante et irrespirable sur nous. Lorsque Seungmin m’avait appelé pour me signaler que la localisation de Jisung indiquait sa présence dans le grand parc près du lycée, il ne nous avait pas fallu plus d’une seconde pour émettre une théorie. Théorie qui s’avérait véridique puisque le blond avait aussi posté une photo de lui et de son petit-ami dans sa story Instagram. Ils devaient probablement profiter de ce magnifique temps et se promener, ou bien faire un pique-nique. L’idée ne me plaisait pas le moins du monde mais je n’avais pas vraiment d’autre choix que de le suivre et lui montrer que, moi aussi, j’étais heureux sans lui. Ce qui n’était en fait pas la vérité mais, ça, il n’avait pas à le savoir.
À grandes enjambées, je parcourus alors le long trottoir goudronné jusqu’à enfin parvenir à l’entrée principale du parc. Là, je réussis à apercevoir Seungmin parmi une dizaine de personnes de passage. Il m’attendait, ses mains dans les poches et son regard explorant brièvement les alentours. Le brunet portait un short en jean et un marcel blanc qui contrastait parfaitement avec son teint mate et ses bijoux argentés. On aurait dit qu’il s’était préparé pour l’occasion, c’était à la fois marrant et touchant. Quant à moi, j’avais à peine eu le temps d’enfiler une chemise et de me coiffer avant de sauter dans le premier bus qui passait près de chez moi. Il fallait dire que je n’avais voulu manquer ce moment pour rien au monde, prêt à tout pour cette mission à laquelle nous avions mutuellement agréé avec mon ami. Cet après-midi, il serait de nouveau mon copain.
— Seungmin ! L’interpellai-je en trottinant vers lui.
— Bah enfin, j’ai cru que j’attendais Godot. Se plaigna-t-il en me souriant.
— T’abuses, j’ai fait aussi vite que j’ai pu. Lui dis-je en fronçant faussement les sourcils tandis qu’il s’empressa de remettre en place le col de mon vêtement. Il y a quoi dans ton sac ?
— Alors... J’ai amené un plaid, deux paires de lunettes de soleil et de la bouffe, évidemment.
— On fait un pique-nique ? Questionnai-je en fouillant dans sa besace.
— Je doute qu’ils soient en train de baiser dans le lac donc ouais, je suppose.
Suite à ses propres mots, il ricana, fier de lui. Les lunettes de soleil désormais dans mes mains, je refermai son sac puis me redressai pour le taquiner.
— Et si c’était le cas, on aurait fait pareil ?
Ses yeux s’écarquillèrent et il se figea sur place un instant pendant que j’enfilais mon nouvel accessoire, l’air arrogant. Je continuai alors de le fixer en attendant sa réponse mais, au lieu de ça, il se mit à pouffer de rire. Le genre de rire qui se voulait gêné et mal à l’aise ; le résultat que j’escomptais.
— Bon, on y va ? Lui induis-je en avançant d’un pas, ce à quoi il acquiesça en me suivant dans la seconde.
Ce fut ainsi qu’on pénétra dans l’enceinte du parc, nos lunettes noires sur le nez afin de dissimuler notre identité. Cet endroit était immense, tout vêtu de verdures et de petits lacs, par-ci et par-là. De beaux arbres bien fournis ainsi que des buissons de fleurs décoraient le bord des chemins de terre qu’on parcourait à la recherche de Jisung. Il y avait beaucoup de monde cet après-midi ; des familles, des enfants, des couples, des solitaires… Inconsciemment, ils s’étaient tous donné rendez-vous ici, aujourd’hui. Parfois, il m’arrivait de penser au destin, à sa conception farfelue du cours des événements et à tous ses désenchantements. Est-ce qu’en essayant de m’imposer à Jisung je forçais le destin ? Ou bien est-ce que toutes mes démarches étaient déjà prévues depuis notre rencontre ? C’était le genre de questions qui me taraudaient tard la nuit, le genre à faire bouillir les neurones tout en creusant les cernes déjà bien sombres.
De base, je n’étais pas vraiment du genre à croire aux étoiles et à faire confiance à l’Univers. Seulement, maintenant, j’espérais que le Ciel m’ait destiné Jisung, qu’Il l’ait créé rien que pour moi.
Plongé dans mes songes, je marchais aux côtés de Seungmin sans plus faire attention vers où nous allions. Ce ne fut que lorsque celui-ci grogna dans sa fausse barbe que je retournai à la réalité. Curieux de savoir ce qui le tourmentait, je tournai ma tête en sa direction et le questionnai silencieusement à travers les verres opaque de mes lunettes.
— Ça fait dix minutes qu’on marche, là. Il est où, cet abruti ? Demanda-t-il rhétoriquement.
Je ne répondis donc pas à sa plainte, préférant rire de son impatience pendant qu’on continuait à nous balader le long du grand lac. Il était vrai que je commençais moi aussi à perdre patience. Lui et son copain pouvaient être partout et nulle part à la fois, peut-être même qu'ils étaient déjà repartis avant qu'on ait eu le temps de mettre un pied dans cet endroit, finalement. Cette chasse au trésor s’annonçait difficile, je me demandais s’il était réellement nécessaire de s’imposer tout ceci et si on ne ferait pas mieux d’abandonner directement cette idée qui n’était déjà pas très correcte, de base. Avec ce bout de réflexion, mon pas ralentissait peu à peu. Je m’apprêtais alors à convaincre Seungmin d’arrêter cette mascarade pour aujourd’hui mais, avant que je ne puisse ouvrir la bouche, mon regard se posa sur un couple de garçons assis dans un coin d’herbe au loin. Là, mon ami se tourna vers moi, les yeux pleins de malice. Il les avait donc vu aussi.
L’endroit où ils s’étaient installés était calme et quasiment vide, parfaitement situé face au grand lac sur lequel se pavanaient de beaux cygnes blancs. Tout près, seule une femme se reposait, les yeux rivés sur son bouquin, presque à la moitié de la distance qui nous séparait de Jisung. C’était le lieu idéal, à l’abri de tous tout en ayant l'opportunité de garder un œil sur les deux jeunes adultes qui n’avaient pas encore remarqué notre présence.
— Attends ! Appelai-je Seungmin en chuchotant alors qu’il se préparait à s’incruster dans le décor. C’est pas trop cramé si on se met là-bas ?
— Peut-être… Mais si on fait ça, c’est aussi pour qu’il nous voit justement, non ? Me répondit-il en haussant les épaules. Autant y aller à fond, honnêtement, puis s’il veut nous confronter, qu’il vienne.
Ainsi, il engagea la marche jusqu’à l’emplacement qui lui paraissait être le meilleur puis posa son sac à dos au sol, afin d’en sortir le plaid qu’il avait gentiment apporté. Les yeux toujours protégés par mes lunettes, je l’aidai à le déplier tout en jetant quelques coups d'œil à Jisung. Ce dernier était assis de dos, très épris par la conversation qu’il entretenait avec son rendez-vous. Tant mieux, ça nous permettait de nous installer confortablement et de préparer notre plan. Aujourd’hui, Seungmin et moi allions faire un pique-nique romantique improvisé au bord du lac ! Le cadre était vraiment magnifique ; les grands cèdres nous couvraient du soleil ardent, accordant alors aux douces brises de vent de venir caresser nos pommettes de manière agréable. J’étais content que nous ne soyons pas en mauvaise posture, en plein soleil ou bien sur une pente raide. Non, cet endroit était vraiment parfait et je me demandais si Jisung était celui qui l’avait choisi spécialement pour son flirt.
Désormais assis sur la couverture aux motifs aléatoires, Seungmin entreprit de retirer ses chaussures et je l’imitai ensuite. J’étais face à lui, donc dos au couple qu’on espionnait. J’avais besoin de temps avant de me faire du mal, je laissai donc l’honneur à mon acolyte de me rapporter les moindres détails de ce qui se passait derrière moi. Mon après-midi allait alors se résumer à attendre que l’expression faciale du brunet change, pour le meilleur comme pour le pire. En patientant tandis qu’il les observait, je le regardais lui et sa tête de mouche que lui faisait sa paire de lunettes douteuse. Elle lui prenait la moitié de son faciès, comme s’il s’était collé deux poêles à crêpes sur le nez et cette pensée ne manqua pas de me faire esquisser un sourire.
— Merde. Lâcha-t-il subitement alors que mes yeux s’écarquillèrent.
— Quoi ? Il vient vers nous ? Paniquai-je par la suite.
— Non, il s’est tourné pour nous regarder. Notre couverture est grillée.
À cette remarque, je déglutis. Il était vrai que nous n’avions fait aucun effort pour ne pas qu’il nous voie mais il ne lui aurait fallu que quelques petites minutes avant de se rendre compte de notre présence, ce n’était pas très glorieux. De ce que Seungmin me racontait, Jisung s’était tourné et leur regard s’était croisé avant que le blondinet ne fasse de nouveau volte-face. Et comme si de rien n’était, il discutait maintenant de nouveau avec le grand ébène.
— Tu crois qu’il se pose des questions ? Demandai-je, immobile.
— J’en ai aucune idée mais, en tout cas, s’il pense que c’est encore que du hasard, c’est qu’il est vraiment bête. Il ricana en tripotant à ses bijoux de mains.
— Tu penses qu’il va venir nous voir, au bout d’un moment ?
— Non… Je pense pas. Il releva sa tête vers moi en me souriant d’un air désolé.
Un peu déçu, je baissai mon regard sur la languette du sac à dos du brunet. Je savais que s’il venait jusqu’à nous, ce serait principalement pour nous demander des comptes et que, par conséquent, je réagirai comme un gamin et me tairai. Seulement, je ne pouvais cesser d’espérer qu’il ferait le premier pas, qu’idéalement, il oublierait toute cette histoire et qu’on pourrait ainsi reprendre le cours de notre vie, de notre relation, là où on l’avait laissé. Que je puisse miraculeusement effacer tous mes sentiments à son égard afin de lui offrir mon amitié à nouveau, juste pour l’avoir près de moi comme avant. Néanmoins, j’étais conscient que ces scénarios n’étaient pas réalisables, que ce n’était pas aussi simple et que les complications qui avaient entravé notre relation, quelle qu’elle soit, étaient toutes causées par ma faute. S’il était si loin de moi, maintenant, c’était uniquement car je l’avais éloigné. Après tout, il n’allait pas passer son temps à me courir après, je n’avais été qu’un simple ami pour lui.
— T’en fais pas, vas. Commença Seungmin, comme s’il avait lu dans mes pensées. Essaie de pas trop te creuser la tête et profite un peu, okay ? Tu veux manger quelque chose ?
Sa petite attention me fit plaisir, il avait toujours le don de rendre les choses plus faciles et plus légères. D’accord avec ce qu’il me proposait en échange d’un sourire, je retirai mes lunettes et l’observai fouiller dans sa besace. De celle-ci, il en sortit une longue barre de quatre-quarts encore bien emballée dans son plastique et j’en eus l’eau à la bouche. Je me hâtai alors de l’ouvrir pendant que Seungmin cherchait de quoi pouvoir se couper des morceaux.
— Tu vas te foutre de ma gueule mais je crois que j’ai oublié le couteau…
Mes paupières se mirent à cligner frénétiquement, le temps que mes neurones sensitifs intègrent l’information puis la remonte jusqu’à mon cerveau déjà légèrement ramolli par la chaleur étouffante de cette journée. Seulement, lorsque je compris que ce ne serait pas aujourd’hui qu’on mangera du gâteau, je ne pus m’empêcher d’exploser de rire, un rire qui résonna alors tellement fort qu’il, j’en étais persuadé, avait atteint tout le monde aux alentours. En m’en rendant compte, je cessai subitement de glousser en venant plaquer ma main contre ma bouche, mes yeux et ceux du brunet grand ouverts.
— Il m’a entendu, tu crois ? Articulai-je dans ma paume.
— Ouais. Me confirma Seungmin en observant derrière moi avec un rictus coincé au coin de ses lèvres. Il nous regarde, là maintenant.
Complètement gêné par la situation, je restai figé sur place et n’osai plus dire un mot tandis que mon ami retirait ses lunettes de soleil pour fouiller de nouveau le sac, comme si le couteau apparaîtrait mystérieusement sans l'accessoire sur son nez. Cependant, la seule chose qu’il en sortit fut un petit paquet d’oursons en gélatine et deux yaourts à boire qu’il avait probablement dû voler à son petit frère. En constatant qu’il n’avait visiblement pas amené le goûter idéal, il s’excusa mais je le rassurai aussitôt en lui affirmant que la nourriture était réellement le cadet de mes soucis. En effet, outre le fait que je ne pourrais malheureusement pas déguster son quatre-quarts, j’avais à la place mes bonbons favoris et ça me suffisait amplement.
Je commençai alors à grignoter pendant que Seungmin se mettait à l’aise en s’allongeant sur le plaid, les bras soutenant sa tête, celle-ci dirigée vers le ciel. Sa nouvelle position m’obligea à me tourner, toujours assis mais faisant désormais face à Jisung. J’avais peur de les observer, de les voir proches, de les voir s’aimer... Et en jetant quelques coups d'œil, je remarquai d’ailleurs que l’abondance de mets sur leur plaid, leur pique-nique était garni et ce n’était absolument pas une bonne nouvelle qu’ils s’investissent autant dans leur date. Était-ce Jisung qui avait pris les devants ? Est-ce qu’il était même du genre à préparer une surprise à son petit-ami ? Je n’en savais rien mais mon coeur en subissait les conséquences. Ils avaient l'air de bien s’amuser tous les deux, en plus. Je ne cessais d’envier le jeune homme aux côtés du blondinet et je commençais petit à petit à me monter la tête, à réfléchir à mes motivations. Ce soudain silence de ma part, mon ami le remarqua puisqu’il vint tendrement caresser ma cuisse pour me réconforter.
Sans dire un mot, il m’incita à m’allonger près de lui et je m'exécutai aussitôt. Lentement, je m’étendis sur le ventre et mes avants-bras, les lunettes noires toujours sur le nez. Là, je relevai la tête pour regarder devant moi et remarquai que Jisung avait changé de place, il se tenait maintenant assis face à nous tandis que son rendez-vous lui faisait la conversation. C’était étrange, j’étais prêt à parier qu’il s’était déplacé exprès pour avoir une vue d’ensemble sur Seungmin et moi. En tout cas, c’était ce que j’aimais croire.
— Ils font quoi ? Me questionna le brunet, les yeux clos.
— Ils discutent et mangent, rien de transcendant pour le moment. Lui répondis-je sur un ton monotone, ce à quoi il hocha seulement pour acquiescer.
Il ouvrit ses yeux une seconde pour poser son regard sur moi puis les referma aussitôt, probablement bercé par les papouilles que je lui faisais inconsciemment sur l’intérieur de son bras. Il devait trouver ça agréable et c’était tant mieux car j’adorais en faire. Un léger rictus souleva alors mes lippes.
— Ça te chatouille pas ? Demandai-je en montant le long de son coude.
— Du tout.
Mon plan avait échoué, je n’arrivais pas à l’embêter. Si ça continuait ainsi, il se pourrait qu’il s’endorme et alors là, je me retrouverais tout seul face au monstre qui hantait mes nuits et mes jours. N’empêche, je n’allais pas arrêter de le chouchouter pour autant, lui qui prenait si bien soin de moi jusque-là. J’étais content de pouvoir lui rendre la pareille, du moins, du mieux que je pouvais. On resta comme ça un long moment à discuter de tout et de rien, de petites discussions qui ne valaient rien mais qui, au contraire, valaient tout. C’était simple et agréable, comme Seungmin.
Le paquet d’oursons était presque terminé, j’avais dévoré sa grande majorité alors que mon acolyte en avait quémandé que quelques-uns. Les yeux clos depuis tout à l’heure, je commençais à me demander s’il s’était endormi.
— Tu veux le dernier nounours ?
Apparemment nul besoin de réponse verbale, il se contenta simplement d’ouvrir grand la bouche. Je compris immédiatement alors qu’il attendait son dû comme un prince et je ne cherchai pas à l’évincer. Amusé, j’approchai lentement le bonbon de ses lèvres jusqu’à pouvoir les toucher puis y fis délicatement glisser l’ourson entre celles-ci.
— Me mords pas, hein. L’avertis-je en ricanant alors qu’il refermait le piège sur mes doigts.
Une fois nourri, j’éloignai ma main et l’observai mâcher pendant qu’il ouvrait petit à petit ses paupières. Ses lunettes posées près de son visage, j’amena alors ma main au-dessus de ses yeux afin qu’il ne soit pas agressé par les rayons lumineux. Là, j’aperçus ses lèvres s’étirer en un rictus et, curieux de savoir ce qui le faisait sourire de la sorte, je baissai ma tête à son niveau et le questionnai du regard. Suite à cela, il amena sa main jusqu’à mon visage et la glissa ensuite dans mes cheveux, d’un geste lent et tendre. Mes yeux ronds comme des billes, je l’observais sans faire le moindre mouvement, pétrifié par son action sortie de nulle part. Le rythme de mon cœur accéléra d’une seconde à l’autre pendant qu’il replaçait l’une de mes mèches de cheveux derrière mon oreille, un sourire charmeur pendu à ses lippes.
— Qu’est-ce que tu fais..? Questionnai-je en balbutiant, totalement déstabilisé.
— Jisung nous regarde, là ?
Je dus réfléchir un court instant avant de comprendre les mots qui sortaient de sa bouche, trop absorbé par son regard qui reluquait mes lèvres. Je ne réussis à m’en détacher seulement quelques secondes pour jeter un œil au suspect qui, effectivement, nous observait de loin pendant que son copain traînait sur son téléphone.
— Oui. Dis-je alors simplement en reportant de nouveau mon attention sur Seungmin.
— Embrasse-moi. Il me sourit, l’air hébété. Allez, embrasse-moi.
Sa requête me prit de court tant elle était surprenante mais, une fois la question considérée, je n’hésitai pas une seconde avant de relever mes lunettes sur mon front puis de m’incliner sur le brunet pour venir capturer ses lèvres dans un tendre baiser. Nous étions à une assez longue distance de Jisung, alors il n’y avait pas besoin d’en faire trop pour que ce soit crédible. Nos lèvres étaient seulement superposées les unes sur les autres pendant que nous laissions s’écouler quelques secondes. Lorsque j’estimai que ça suffisait à semer l’illusion, je me redressai, les joues horriblement rouges et brûlantes. J’avais déjà embrassé Seungmin, et d’une façon bien plus langoureuse d’ailleurs, mais je n’arrivais pas à m’y habituer. C’était trop étrange de faire ça avec mon ami, sans sentiment et avec des limites à ne pas dépasser. Pour lui, en revanche, ça semblait facile comme tout. Il s’amusait et y prenait du plaisir, tout en ayant conscience que c’était un jeu, une fausse relation sans lendemain.
Un sourire timide affiché sur mon visage, j’en profitai pour relever le regard vers Jisung à travers les lunettes que j’avais de nouveau posées sur mon nez. Ce dernier ne nous avait pas quitté un instant du regard et ses sourcils étaient froncés à leur maximum, me faisant sourire davantage tant je le trouvais mignon ainsi.
— Il nous a vu. Dis-je alors à Seungmin, celui-ci toujours allongé dans la même position. Et il nous regarde encore, c'est trop drôle.
Je gloussai en constatant que Jisung ne changeait toujours pas son expression faciale, comme s’il restait figé à cause de la scène dont il venait d’être témoin. Et j’aurais pu continuer d’analyser sa réaction encore un long moment si le brunet à mes côtés ne m’avait pas subitement sauté dessus.
Sans que je ne le voie venir, il s’était redressé pour que nos visages soient au même niveau et, sans attendre mon aval, avait capturé mes lèvres à son tour pour me donner un baiser mille fois plus gourmand que le précédent. Totalement surpris, je lui agrippai d’abord le bras en guise de maintien puis, inconsciemment, fermai les yeux. Cette fois-ci, nos lèvres ne s’effleurèrent pas seulement, celles de Seungmin mouvaient lentement contre les miennes en les entraînant dans leur danse. Il n’y avait pas mis la langue et j’en étais bien soulagé, je pouvais dès lors simplement profiter de cette sensation langoureuse qui, elle, dura beaucoup plus que quelques petites secondes. M’efforçant ainsi à retenir ma respiration un long moment avant de pouvoir en prendre une nouvelle, je me contentai de resserrer ma prise sur son pauvre bras nu. J’avais terriblement chaud et je savais pertinemment que cette journée presque caniculaire n’y était pour rien. Je semblais juste très, voire trop, emballé par ce baiser enthousiaste et euphorisant qui n’en finissait plus. Ce n’était pas un scoop, tout le monde le savait, Seungmin embrassait à merveille mais j’avouais seulement m’en rendre compte à ce moment-là, alors qu’il me prenait à pleine bouche devant des regards curieux.
Lorsque nos lèvres se quittèrent enfin, mes poumons s’emplirent automatiquement d’une grosse bouffée d’air, comme si on m’en avait empêché durant des jours. Je n’allais pas nier, j’étais à bout de souffle et, surtout, au bout du rouleau. Son geste n’avait pas été calculé au préalable, ce qui donnait ce réalisme absolument torride qu’il nous fallait dans cette fausse relation. Mes lippes étaient humides et certainement rouges tant elles avaient été malmenées, j’avais actuellement l’impression de baver comme un chien enragé. Les yeux clos par la stupeur et la gêne, j’entrepris de remettre mes lunettes de soleil correctement avant de poser le regard sur Seungmin. Ce dernier, tout sourire, semblait extrêmement fier de lui, pas une seule once d'embarras ne traversait son corps. Après tout, à quoi m’attendais-je en fricotant avec un bourreau des cœurs ? Il avait réussi à me faire tourner la tête mais je la récupérai aussitôt en la cachant dans le creux de mes mains. Ce n'était pas l’heure d’être fébrile.
— Est-ce que ça va ? Me questionna-t-il l’air inquiet pendant que je tentais doucement d’apaiser les battements de mon cœur.
— Mh. Répondis-je simplement.
— J’ai abusé ?
— Mh. Marmonnai-je à nouveau en prolongeant l’onomatopée.
Mon visage toujours enfoui dans mes mains, je pris une profonde inspiration puis laissai mon regard passer entre mes doigts pour aller se poser sur le blondinet dans ma ligne de mire. À ma grande déception, ce n’était pas le cas du jeunot, celui-ci apparemment bien trop occupé à discuter avec son Roméo, comme si je ne venais pas de subir un détartrage gratuit rien que pour attirer son attention.
Je soupirai, las et épuisé de faire des pieds et des mains pour quelqu’un qui ne m’accordait plus aucune importance et qui, de ce que je pouvais percevoir, se fichait de me voir avec un autre. C’était vraiment frustrant et blessant mais je devais garder à l’esprit qu’il ne possédait pas toutes les cartes en mains et que, par conséquent, je n’avais pas tellement le droit de lui en vouloir. Ce n’était une situation facile pour personne, finalement.
D’un mouvement lent, je me tournai sur mon flanc puis m’allongeai face à Seungmin sans dire un mot, celui-ci me questionnant du regard avant de venir délicatement retirer mes lunettes.
— Un problème ? Me demanda-t-il en se redressant lui aussi sur l’un de ses côtés, son bras soutenant sa tête.
— J’en ai des tas, si tu veux savoir. Soupiré-je ensuite de désespoir.
— Je peux en résoudre quelques uns, tu crois ?
— En m’embrassant encore, peut-être. Dis-je, le regard toujours perdu dans le vide. À condition que t’échanges miraculeusement de corps avec Jisung, si possible.
— Tu t’es cru dans Your Name ? Pouffa-t-il.
— C’est dramatique. Si j’avais été Mitsuha et lui Taki, je l'aurais poussé de cette fichue montagne, cet abruti.
— Ça, c’est un meurtre, si je ne m’abuse.
— C’est pas l’envie qui me manque, crois-moi. J’haussai les sourcils pour appuyer sur mon exacerbation.
— En vrai, comment tu peux le kiffer autant que t’aimerais l’étriper ? Il avait le don de se poser des questions existentielles dont j'ignorais souvent les réponses, sauf pour celle-ci.
— Sérieusement ? Commençai-je en plongeant mon regard dans le sien. Je pense que les plus grands philosophes philophiles te diront que c’est de l’Amour mais, moi, je te dirais que c’est surtout une dérivée du syndrome de Stockholm.
— Tu sais que t’es grave drôle, premier degré ?
— T’essaies de me séduire en me complimentant, là ? Questionnai-je tout en haussant les sourcils de manière suggestive.
— Ça fonctionne ? Répliqua-t-il en m’adressant un clin d'œil.
— Non.
Seungmin était littéralement hilarant, j’adorais chaque minute passée avec lui. Néanmoins, malgré ses beaux sourires et ses belles paroles, je n'arrivais pas à effacer mes nombreuses craintes vis-à-vis de Jisung.
— J’ai peur que ça serve à rien, Seungmin… Soupirai-je, mon humeur de nouveau massacrée.
— Qu’est-ce qui te fait dire ça ?
— Peut-être que, justement, ce qu’on fait là empêchera Ji’ de vouloir me recontacter. Et… j’ai vraiment pas envie que ça arrive. Nerveux, je préférai clore mes paupières avant de continuer. Déjà, rien que de le voir là tout près, sans pouvoir l’approcher ni lui parler, c’est horrible.
J’en souffrais trop, c’en était à peine supportable à la longue. Aujourd’hui, en tout cas, je savais que j’arriverais bientôt à saturation, que je ne tiendrai pas le coup si je devais passer à nouveau des heures à l’observer tomber amoureux de quelqu’un d’autre que moi. J’étais impuissant mais j’avais encore la possibilité de faire des choix, après tout.
Le regard posé sur moi, Seungmin m’écoutait d’une oreille attentive.
— Minho. Souffla-t-il tandis que j’ouvrais les yeux pour lui porter mon attention. Si tu veux, je peux aller le voir et en discuter avec lui. Je pourrais tout lui raconter et lui expliquer la situation, lui dire que t’es fou amoureux de lui et que, si c’est réciproque de son côté, c’est maintenant ou jamais parce que tu penses définitivement prendre tes distances à partir des grandes vacances.
Un sourire désolé plissa ses lèvres à la fin de son monologue. Il savait bien, au fond, que je n’accepterai pas ce deal mais il essayait de me convaincre, peu importe la manière. Qui sait, peut-être que Jisung m’aimait en retour, finalement, et qu’il me suffisait simplement de lui confesser mes sentiments ? Non, ce n’était pas si facile. Je voulais que ça vienne de moi, que ce soit fait dans les règles de l’art et pas autrement. Cependant, même avec la plus grande volonté du monde, jamais je n’aurais le courage de tout lui avouer, c’était impensable. Et même si Seungmin organisait le rendez-vous, j’étais persuadé que ça se terminerait de la même façon que la fois dernière, Jisung serait piégé dans mon silence.
On resta ainsi pendant un bon moment ; moi quasiment collé contre le torse du brunet tandis que celui-ci me frottait doucement le dos pour me rassurer. Le jeunot changea de position seulement lorsqu’il estima que mon gros chagrin s’était suffisamment calmé. Désormais assis sur le plaid, son corps perpendiculaire au mien, il entreprit de prendre mes jambes et de les superposer sur les siennes sans même me demander mon avis. Il avait le chic pour n’en faire qu’à sa tête de toute façon. Je l’observai alors faire puis mettre ses lunettes sur son nez, m’annonçant qu’il enfilait une nouvelle fois sa cape d’invisibilité afin d’espionner notre ennemi commun. Je ricanai encore en voyant sa tête de mouche avant de prendre le magazine de mode qu’il avait amené. Ce n’était clairement pas ma lecture quotidienne mais si je pouvais me divertir un peu…
À chaque fin de paragraphe, je relevais mon regard vers Seungmin qui, lui, se contentait de surveiller les environs. Tantôt son visage était neutre, tantôt sa bouche s’ouvrait en grand pour laisser échapper un bâillement. Il n’était pas très poli mais, au moins, il n’y avait rien à signaler jusqu’à ce que je le remarque grimacer.
— Quoi ? L’agressai-je en posant brutalement le magazine sur mon torse.
— Il… Un soupir passa au travers de ses lippes, ce qui ne présageait rien de bon. Son gars a cueilli une pâquerette pour la mettre dans ses cheveux…
— Ah ? Ringard.
— Ensuite, ils se sont embrassés…
—Ah. Trop tard.
C’était pire que tout, finalement. Mon visage désormais caché derrière les pages du bouquin pour tenter de cacher mon dégoût et mon désarroi, j’avais envie de disparaître de la surface de la Terre. J’étais misérable et, à cet instant, je détestais cette tête d'anchois qu'était Jisung plus que tout au monde. À mes yeux, il n’était plus beau, plus adorable, plus intelligent, plus l’homme de ma vie… Je ne le considérais plus, désormais, je ne l’aimais plus. Ou peut-être que si, un petit peu. Ou peut-être que j’étais simplement énervé et contrarié. Peut-être.
Les sourcils froncés, j’aperçus de nouveau la lumière du soleil quand Seungmin retira lentement le magazine de mon faciès.
— Tu vois, Commençai-je en changeant complètement d’expression. il s’en fout, ça sert à rien. Il est heureux avec lui, on ferait mieux de les laisser comme ça tous les deux.
Tout de suite, mon ami ôta son accessoire pour obtenir un contact visuel plus direct avec moi. Son regard était fixe et ses sourcils eux aussi légèrement froncés, il semblait déterminé à me faire ravaler mes paroles.
— Ça veut rien dire, ça !
— Ah oui ?
— Réfléchis, s’il est jaloux en nous voyant tout lovey-dovey, il va forcément riposter en essayant de te rendre jaloux, toi aussi.
— Tu crois ? Demandai-je au bord des larmes.
— Fais-moi confiance.
Les minutes s'écoulèrent tellement vite que je ne les sentis pas passer. Pendant ce temps, Seungmin s’occupait de rapporter les moindres faits et gestes de mon crush. Lorsque ce dernier ne s’allongeait pas sur les cuisses de son copain, il lui faisait manger à la cuillère, et quand ils riaient, ils ne faisaient pas long feu avant de s’embrasser. C’était réellement un enfer. Et même si le brunet me rassurait sans arrêt, je ne réussissais pas à relativiser, j’étais trop focalisé sur l’idée atroce de perdre Jisung à tout jamais. J'avais l’impression d'être dans un cul de sac.
Après avoir estimé que j’avais assez lu pour aujourd’hui, je reposai ce qui me servait de diversion avant de plonger mon regard au cœur des branches d'arbres. Je m'apprêtai ensuite à soupirer pour la énième fois lorsque, soudainement, Seungmin exécuta un mouvement brusque qui m’interpella immédiatement. Il avait éjecté mes jambes si violemment que je m’étais retrouvé sur mon flanc droit sans même le réaliser. Interloqué par son action, je me redressai et me tournai vers lui pour le questionner.
— Qu’est-ce qui t’arrive ? L’interrogeai-je alors qu’il s’éloignait de moi.
— Il y a… Il toussota, visiblement gêné.
Intrigué par ce qu’il regardait du coin de l'œil, j’examinai les environs et tombai sur un trio de ce qui semblait être des lycéens, ceux-ci marchant tout simplement sur le chemin de terre par lequel nous étions venus. J’étais confus, je ne savais pas vraiment où est-ce que mes yeux devaient se poser alors, avec la plus grande des discrétions, je demandai au brunet.
— Là-bas, c’est la meuf qui crush sur moi. Celle du post anonyme. M’expliqua-t-il en me pointant la jeune femme du menton.
— Oh, okay ! Elle est super jolie. Souris-je.
— T’as vu ? Répliqua-t-il un grand sourire sur les lèvres.
— Où ça en est, d’ailleurs ? Tu l’as DM ?
— Non, pas encore, mais j’ai demandé son compte aux Cupidons pour voir à quoi elle ressemblait et si je la connaissais.
— Et alors ? Enchaînai-je, de plus en plus curieux.
— Je me rappelle l’avoir croisé deux, trois fois, entre deux cours mais rien de plus. En tout cas, ça me plairait d’apprendre à la connaître.
Je ne pus retenir un immense rictus taquin de faire surface sur mon visage tant j’étais heureux à l’entente de ses propos. Rien ne me ferait plus plaisir de voir mon ami être aimé de la manière dont il méritait et qu’il tombe alors dans les abysses profondes et infernales de ce qu’on surnomme l’Amour.
— Mais qu’est-ce que t’attends ? Vas la voir ! Lui induis-je, enthousiaste.
— Non, pas maintenant, pas tant qu’on fait semblant de sortir ensemble toi et moi. Je veux rien commencer avant d’avoir fini ma mission, ce serait pas correct.
— C’est vrai, t’as pas tort.
Égoïstement, je n’avais pas considéré la question avant de parler. Seungmin avait totalement raison, il n’allait pas flirter avec quelqu’un alors qu’on risquerait de nous surprendre tous les deux à n’importe quel moment. Et c’était injuste, injuste pour lui. J’avais l’impression de l’empêcher de se comporter librement et d’entraver son bonheur. Après tout, cette fausse relation, nous l’avions démarrée car nous étions tous les deux célibataires, lui plus que moi. Seulement, désormais, il avait quelqu’un en vue et j’étais littéralement celui qui le restreignait d’aller voir cette belle brune alors qu’il en avait terriblement envie.
— On peut tout arrêter, si tu veux ! Lui affirmai-je alors d’un air on-ne-peut-plus sérieux.
— Mais non, t’abuses. Il ricana en venant m'ébouriffer les cheveux tendrement. J’ai dit que j’allais t’aider, alors je vais le faire jusqu’au bout.
Il me rassura en un sourire puis observa son admiratrice s’éloigner petit à petit. Ça me fendait le cœur mais je ne pouvais l'obliger à rien, cet événement me permettrait juste de revoir mes indécisions et, probablement, me faire envisager de mettre un terme à cette mascarade plus vite que prévu.
L’esprit plein à craquer, je ne réfléchissais même plus à mes mouvements tant j’étais préoccupé. Sans y prêter attention, je tournai par automatisme la tête vers ma droite et tombai en plein dans le regard de Jisung. Ce n’était pas un hasard, il m’observait de nouveau et je crus défaillir à ce moment-là. Cet instant ne dura qu’une demi-seconde avant qu’on se détourne tous les deux en même temps mais, pourtant, ce fut comme si le temps s’était arrêté, comme s’il attendait que je vienne enfin vers lui. Néanmoins, ce n’était pas le bon moment, pas encore.
— Merde. Lâcha Seungmin après quelques minutes plongées dans le silence. Ils s’en vont.
Souhaitant confirmer son information, je fis mine de m’étirer pour ainsi avoir la possibilité de leur jeter un coup d'œil et je fus à la fois soulagé et terrifié en constatant que c’était la vérité. Les deux jeunots se hâtaient de ranger leurs affaires et de plier leur couverture de pique-nique, tout sourire, avant de quitter le carré d’herbe sur lequel ils s’étaient installés. Sans un regard de sa part, j’observai alors Jisung partir au bras de son petit-ami en prenant le chemin opposé à celui que Seungmin et moi avions pris. Je ne réussis pas à réprimer ma tristesse en le voyant s’en aller. Ça pouvait paraître exagéré mais j’avais la sensation douloureuse qu’on me retirait brutalement une partie de moi, en ayant aucune garantie d’un jour pouvoir la récupérer. Il me manquait déjà.
Lentement, je me recroquevillai sur moi-même, le menton posé sur mes genoux.
— Ça va aller ? Questionna le brunet en sachant pertinemment quelle serait ma réponse.
— Je… J’angoisse, je crois. Dis-je alors en secouant ma tête de gauche à droite.
— Pourquoi exactement ?
— Je sais pas où ils vont, ni ce qu’ils vont faire et… ça me fait peur. Je sais que Jisung me doit rien mais j’ai peur qu’ils couchent ensemble, par exemple. J’expirai tout l’air de mes poumons avant de pouffer sarcastiquement. ‘Fin, c’est sûr qu’ils l’ont déjà fait, de toute façon.
— Tu te tracasses trop, Minho… Me rassura-t-il en venant tendrement caresser l’un de mes genoux. Tu sais, Ji’ l’a déjà fait dans le passé.
— Je sais, c’est pas ça. C’est juste qu’il a l’air de vraiment bien l’aimer ce mec et j’ai peur que le fait de coucher ensemble les rapproche davantage, tu vois ce que je veux dire ?
— Ah... Souffla-t-il après avoir compris le sens de ma pensée. Ce sera pas forcément le cas, en vrai, et je pense pas que Jisung accorde tant que ça d’importance au sexe.
— Je sais pas mais c’est pareil. C’est foutu. Répliquai-je ensuite, totalement défaitiste.
— Je te promets que non.
Suite à ses mots de réconfort, le grand brun me prit dans ses bras pendant un long moment avant de me proposer de quitter les lieux. J'acquiesçai rapidement à sa question et on ne tarda donc pas à se lever pour s'exécuter. Seungmin ne dit plus un mot, me laissant dans un silence qui m’était consolateur et apaisant. À ce rythme, nous étions bien vite arrivés à l’arrêt de bus que j’allais devoir emprunter afin de rentrer chez moi.
— Merci, au fait. Vraiment, merci. Dis-je enfin pour briser le calme avant mon départ.
— Me remercie pas, je t’ai dit. C’était quand même une chouette après-midi, non ? Il sourit.
— Mh, on va dire que t’y es en grande partie pour quelque chose. J’espère juste pas l’avoir gâcher avec mon mauvais mood…
— Jamais. Me rassura-t-il. C’est toujours cool de passer du temps avec toi.
C’était dingue son talent à remonter le moral d’autrui en un instant.
À la vue de mon carrosse, je m’étais dépêché de lui sourire timidement avant de l’enlacer, une étreinte qu’il me rendit volontiers en me serrant fort contre lui. On se verrait tous les deux le lendemain mais, pourtant, ce fut comme si nous allions nous séparer pour des mois. Ce geste, pour moi, était simplement ma façon de le remercier sans qu’il ne me hurle d’arrêter à tout bout de champ. Et lorsque le bus se gara près de cet arrêt, je me précipitai à l’intérieur en disant au revoir à Seungmin d’un signe de main.
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