Épilogue

Resserrant ma doudoune contre moi, je peste contre cette foutue neige.

New-York l'hiver, c'est l'enfer. Les températures frôlent le moins dix degrés, on se croirait en Antarctique.
Ca me fait presque manquer Jacksonville. Là-bas, l'hiver est beaucoup plus supportable.

Les rues sont moins bondées de monde. Noël est passé, les gens profitent en douceur de la nouvelle année. Enfin si on oublie le fait qu'Apollon a été transformé en humain et atterri à la Colonie des sang-mêlé. Mais ça encore, ce ne sont pas vraiment mes affaires.

Je suis rentré à New-York juste avant Noël, pour le passer avec mes parents, et le nouvel an avec mes amis, ensuite, j'irais me rendre au Camp Jupiter, comme je le fais à chaque vacance.

Mais là, au lieu d'être confortablement chez moi à siroter un bon chocolat chaud et faire quelques-uns de mes devoirs, je suis ici dans rues de la grosse pomme, à chercher un café.

Annabeth m'a donné rendez-vous dans un café de la 4th avenue. Elle ne m'a pas donné la raison pour quoi, mais je n'ai pas réfléchi et ai accepté. Peut-être est-ce parce que ça fait un moment qu'on ne s'est pas vue seulement toutes les deux.

Après être partie au camp, on se parlait par message iris au moins une fois par semaine. Jason se joignait aussi par moments. Malheureusement, avec les semaines qui passaient, ça se faisait moins.
Parfois, je lui montrais comment je m'étais amélioré avec mes pouvoirs. Bien sûr, je suis loins d'égaler la puissance de Jason, mais je pense que c'est juste un question de temps avant qu'on soit au même niveau. D'ailleurs maintenant je sais voler.
Étonnamment, ça a été moins dur que ce que j'avais cru. Il a juste fallu que je me jette à l'eau. Ou plutôt dans le vide. J'avais bien cru y passer, mais les premiers entraînements ne se faisaient pas à de trop grandes distances terre-ciel.

Je lève la tête et constate que je suis enfin arrivé.

Enfin, je vais pouvoir me réchauffer, pensais-je.

Entrant dans le petit café, qui, comme je l'avais espéré, était chaud, je respire enfin normalement. Je cherche la blonde du regard, mais n'aperçois aucune blonde bouclé parmi les clientes.

Bon, peut-être qu'elle est en retard. Tiens, quand j'y pense, c'est pas dans ses habitudes. Annabeth n'est jamais en retard. Elle est même toujours en avance.
Bizarre ça..

À présent, j'ai un mauvais pressentiment. La fille d'Athéna ne serait jamais en retard à un rendez-vous auquel elle m'aurait elle-même invité. C'est vraiment louche.

Je ferais mieux d'être sur mes gardes. Heureusement, j'ai ma pièce en or, qui se change en lance ou en épée. Jason avait la même, en or. Quoi de plus logique pour deux jumeaux d'avoir la même arme. Personnellement, j'aurais aimé l'avoir d'une autre couleur, mais j'imagine que je n'ai pas mon mot à dire là-dessus, déjà qu'on m'offre une arme qui se change si je la lance en l'air.

En somme, après m'être assuré que j'ai ma pièce et ai regardé autour de moi, je décide d'aller me choisir une place.
Quoi qu'il arrive, si c'est Annabeth ou une menace qui arrive, je suis préparé.

Retirant ma doudoune noire, je pose mes bras sur la table et attends.
Je regarde les venues et les sorties des clients, mais je ne détecte personne de suspect. À part peut-être le monsieur d'âge moyen au crâne dégarni et à qui le sourire me met très mal à l'aise.

Je suis tellement concentré à surveiller ses moindres faits et gestes que je ne fais pas attention à la personne qui prend place en face de moi.

Tournant finalement mon regard vers celle-ci, je la détaille intensément.

Elle aussi porte une doudoune entrouverte sur un t-shirt avec le nom d'un groupe de rock, sans doute. Je m'y connais pas en rock, métal, tous ces styles de musique.

Ce que je remarque en premier, c'est son espèce de diadème en argent sur le front. D'ailleurs, il est de la même couleur que sa doudoune. Ses cheveux sont d'un noir d'encre, coiffé dans un style punk et sa peau blanche fait ressortir ses yeux d'un bleu électrique.
Son nez est parsemé de taches de rousseur, et dans son regard de lit une certaine sagesse.

L'inconnue en face de moi est plutôt intimidante, pourtant, j'ai ce sentiment que je ne risque rien, je me sens en confiance, comme si.. Comme si je connaissais la jeune fille qui ne devait pas avoir plus de seize ans en face de moi.

Confuse, et un peu décontenancé face à sa simple présence, je me décide enfin à engager la parole.

- Vous êtes qui ? lâchais-je abruptement, n'en tenant plus.

Les lèvres de l'inconnue s'étirèrent en un sourire affectueux, me déstabilisant encore plus.

- Je vois que tu es direct, comme moi.

Je fronçais les sourcils maintenant. Pourquoi "comme moi", je suis censé la connaître ? Si c'est un monstre sous couverture qu'elle s'attende à se retrouver le ventre percé d'une lame.

- Et tu es ? demandais-je, méfiante, la main dans la poche ou se trouve mon arme.

- Thalia, révèle-t-elle, toujours accompagnée de son sourire. Grace. Ta grande sœur, et je crois que toi et moi a pas mal de choses à se dire.

─────────