Ou bien lorsque vous vous apprêtez à détruire le monde dans lequel vous vivez.

Sophie avait l'impression d'être au fond d'un gouffre immense. Plongée dans une sorte de brouillard.

Si je ne fais rien, Edaline va mourir.

Celle qu'elle considérait comme sa mère biologique, vu que ses relations avec Oralie n'avaient jamais été, du moins avant les dernières semaines, que des relations "professionnelles", allait mourir.

Ma vie n'est pas censée ressembler à un mauvais film d'horreur.

La Télépathe était allongée sur son lit, dans la position de l'étoile. Et elle était en train de se demander si la loi de Murphy pouvait se vérifier.

Tout ce qui est susceptible de mal tourner tournera mal, et ce au pire moment.

Tout était en train de mal tourner. Le contrôle de la situation était en train de lui échapper. Enfin, avait-elle déjà eu l'occasion d'avoir le contrôle total sur tout ce qu'elle faisait depuis qu'elle était dans les cités perdues ?

Bonne question.

. . .

- Sophie ?

Un mot pas très élégant avait la furieuse envie de s'échapper de ses lèvres, là. Cela faisait une vingtaine de minutes qu'elle s'était mise à pleurer, et elle devait probablement ressembler à un remake de Mimi Geignarde... En pire. Alors, non, on ne pouvait pas vraiment dire que le voix de Keefe était ce dont elle avait besoin. Elle allait encore une fois se montrer faible. Et elle détestait toujours ce genre de situation.

- Ah.

L'Empathe se tenait dans l'encadrement de la porte, les pieds ancrés dans le sol, les mains dans les poches. Keefe Scencen dans toute sa splendeur.

- Alors alors Foster, quoi de neuf ? demanda t-il tout en se laissant tomber à côté d'elle.

Elle avait envie de rire et de pleurer en même temps. C'était vraiment désagréable.

- Je n'ai jamais trouvé de remède aux larmes, continua t-il tout en essuyant les sillons translucides sur les joues de la Télépathe.

Elle lui offrit un petit sourire. Un maigre sourire. Une goutte d'eau dans un désert. Un début d'espoir.

- Il faudra que j'essaye un jour.

C'était officiel. Sophie aimait réellement l'idiot qu'était Keefe Scencen.

. . .

Elle savait qu'il ne lui restait plus que quelques heures avant le départ. Plus que quelques instants dans cette réalité.

Autant garder un bon souvenir de ces moments, non ?

Grady était assis dans le salon. Pensif.

Pas besoin d'être Empathe pour savoir qu'il est relativement triste.

La Télépathe s'assit à côté de lui, silencieusement. Et ce n'est qu'après de longues minutes de silence qu'elle se décida enfin à ouvrir la bouche.

- Tout va s'arranger.

Super. Maintenant, l'Hypnotyseur la regardait comme si elle était folle.

- Depuis quand es-tu aussi optimiste ?

Bonne question.

- J'appelle ça l'effet Keefe. Je... Je sais que tu ne l'apprécie pas. Voire pas du tout, même. Mais... C'est la personne qui me fait le plus rire. La personne qui me fait voir la lumière quand tout est sombre. La personne qui sait comment me rassurer.

Sophie s'arrêta au beau milieu de sa phrase, pour essayer de mette les bons mots sur ce qu'elle ressentait.

- Même si ça ne te plaît pas, papa, c'est lui que j'ai choisi.

Chose étonnante, en face d'elle, son père lui offrit un véritable sourire. Une petite étincelle venait de se rallumer au fond des yeux de Grady Ruewen.

- J'ai toujours su que tu finirais pas le choisir lui. C'est peut-être pour ça que... Que j'ai toujours été impitoyable quand on parlait de lui, d'ailleurs.

Bloody hell. Il était au courant du choix que j'allais faire avant même que je ne me rendes compte que je m'engageais sur le mauvais chemin.

Le troisième œil, c'était de famille ?

À ce moment là, il n'y avait plus le poids des soucis qui pesaient sur leurs épaules. Il n'y avait que le père et la fille. Qui discutaient. Qui commençaient une conversation qu'ils auraient tout le loisir de terminer plus tard.

Dès que je reviendrai.

Dans sa tête, une petite voix issue d'un souvenir venait de se manifester.

-Tu devrais toujours écouter mes conseils, Foster. Toujours.

. . .

Retour à la case départ. Le QG du Cygne Noir. Encore.

Ma vie est un cercle vicieux.

Ils étaient dans la salle de réunion du Cygne Noir. Encore une fois. À la seule petite différence que, celle-ci serait peut-être la dernière.

- On est tous d'accord pour dire que l'on s'en tient au plan, il me semble ?

Face aux manifestes signes d'accord que lui envoyaient les personnes réunies autour de lui, Mr. Forkle continua.

- Bien. Je suppose que vous avez déjà dit au revoir à votre famille et à vos amis, alors j'aimerais que Sophie, Marella, Keefe et Dex me suivent.

La Télépathe se sentait mal. Elle se sentait mal vis à vis de Biana, à qui on enlevait son petit ami, mal vis à vis de Caprise Redek, qui ne pourrait plus bénéficier de l'aide de sa fille pour calmer ses crises, mal vis à vis de Dex et de ses frères et sœurs, qui ne se reverraient peut-être plus jamais. Mais la personne pour laquelle elle se sentait le plus mal n'était pas l'une de celles qu'elle venait de nommer. Non.

Il a vraiment l'air triste, quand même...

Lord Cassius ne lui avait jamais paru aussi... Humain.

Bel euphémisme.

Elle capta le regard de Grady. Celui d'Alden. De Della. Biana. Fitz. Bronte. Oralie. Perséphone. Kesler. Elwin. Médoc. Juline. Rex. Bex. Lex.

- À bientôt.

C'était une promesse.

. . .

- La première date à laquelle nous allons vous propulser sera l'époque de Ruy.

Sophie fronça les sourcils.

- Comment va t-on faire pour changer d'époque ? On sera obligés de revenir à celle de base, ou bien de transporter le Peregrinans ?

Forkle lui sourit.

- Dex fait partie de l'équipe. Il sait exactement comment régler le Peregrinans.

L'elfe marqua un petit temps d'arrêt.

- Il faudra juste éviter de le perdre.

Une léger rire s'échappa des lèvres de Keefe.

Sophie. Sache que... Tu es peut être le résultat de plusieurs manipulations chimiques, de modifications ADN, d'une batterie de tests plus étranges les uns que les autres, tu n'en est pas moins la personne la plus humaine que j'aie jamais rencontré. Sache le.

Elle avait envie d'aller faire un câlin à Mr. Forkle, maintenant. C'était malin !

- J'ai réglé le Peregrinans à la bonne date.

Il mit l'elfe dans les main de Dex.

- Bonne chance, bande de gamins.

Avant que tout ne devienne plus que lumière aveuglante, avant qu'elle ait l'impression de se faire secouer dans tous les sens et avant que son corps n'aie l'impression de subir plusieurs transformations chimiques douteuses, une phrase lui revint en mémoire.

Un phrase d'un livre.

Qu'elle avait lu il y a des années de cela.

Une seule phrase.

Sept mots.

"L'essentiel est invisible pour les yeux"

. . .

Impact de la vague... Maintenant.

. . .

Bon.

Ce chapitre est extrêmement fleur bleue.

(je trouve)

Oui.

Au bout de 17 chapitres, on rentre dans le vif du sujet.

Poulloulou.

J'en saute de joie, dis donc.

Que va t-il se passer ?

.

Des idées ?

Personne ?

Abadakor...

(ouais, je suis fatiguée... Comment t'as deviné ?)

A.