𝐒𝐜𝐞̀𝐧𝐞 𝟖
𝕮𝖍𝖆𝖓𝖘𝖔𝖓 𝖊𝖙 𝖒𝖊́𝖑𝖔𝖉𝖗𝖆𝖒𝖊
♪
« 𝕿𝖗𝖆-𝖑𝖆-𝖑𝖆 ... 𝕮𝖔𝖚𝖕𝖊-𝖒𝖔𝖎, 𝖇𝖗𝖚̂𝖑𝖊-𝖒𝖔𝖎 »
Lundi était arrivé rapidement, et pour une fois, Minho était ravi d'aller à l'école. Non pas qu'il n'aimait pas se rendre en classe, mais il n'était pas vraiment du matin et avait tendance à traîner des pieds. Il regardait par la fenêtre de la voiture de sa mère en chantant à tue tête alors que la femme souriait en l'observant dans le rétroviseur d'un bref coup d'œil. Cependant, elle ne dit rien, laissant son garçon dans sa bulle, elle aimait l'admirer de la sorte, rien n'était plus beau. Minho avait toujours été son plus beau cadeau, et il en était de même pour son mari, ils étaient si heureux, ensemble.
Aujourd'hui, le soleil brillait, les oiseaux chantaient et il allait retrouver Han Jisung. Sûrement allaient-ils parler de la journée qu'ils avaient passée ensemble, dire à quel point ils voulaient se retrouver une fois encore.
Quelques kilomètres plus tard, l'école se dessinait à l'horizon. Alors, Madame Lee finit par prendre la parole. Elle appela son fils discrètement, pour le ramener doucement à la réalité, un point d'encrage, comme une voix au loin qui vous attire sur les berges après une promenade en barque sur un lac paisible.
Minho leva la tête pour croiser le regard de sa mère dans le rétroviseur. Qu'est-ce qu'elle était belle, ses cheveux relevés dans une coiffure fluide, quelques mèches qui encadraient son doux visage. Son maquillage léger, ses yeux de chats dont il avait hérité, qu'est-ce qu'elle était belle, il avait de qui tenir.
« La boulangerie en face de l'école était en travaux, tu te rappelles ?
- Oui, et ils ont fini ? Ca y est ?
- Et oui, finalement. Je me disais qu'on pourrait prendre quelques pâtisseries en sortant de l'école, tu pourrais en proposer à Jisung aussi.
- Oh oui, trop chouette ! Et tu sais, maman, Jisung, je suis sûr qu'il adorerait leurs cheese-cakes, ils sont tellement bon ! »
La femme rit doucement, de son rire clair et léger.
« Oui, c'est possible.
- Alors, après l'école ?
- Oui, mon cœur, ce soir. D'ailleurs, on est arrivés. Allez, hop, hop, hop, en marche garçon ! »
Elle avait dit ces mots en serrant le frein à main.
Finalement, après avoir reçu son baiser sur le front, Minho avait presque couru jusqu'au portail à la recherche de quelqu'un en particulier. Toutefois, il se rendit compte qu'il n'était pas encore arrivé. Il vit au loin ses amis, alors il décida d'aller à leur rencontre pour les saluer, après tout, ils restaient ses amis. C'est vrai, Minho passait beaucoup de temps avec Jisung, mais il n'en reste pas moins que sa petite bande est toujours important à ses yeux.
Il trottina jusqu'à apercevoir Chan qui le vit en premier.
« Oh, salut Minho ! T'as l'air en forme !
- Ouais, ouais !
- C'était bien avec Jisung ? »
En vérité, Changbin avait été le seul au courant puisqu'ils étaient dans la même classe, Minho n'avait eu de cesse de dire à son ami à quel point il avait hâte.
Hyunjin fronça les sourcils et se tourna vers le brunet. Il n'avait mis personne d'autre au courant, et visiblement, ça avait blessé son meilleur ami. Cependant, il était tellement absorbé par ses pensées qu'il ne l'avait même pas remarqué. Il ne vit pas sa mine sévère, les traits durs qui avaient fermé son si beau visage.
« Comment ça ?
- Hein ?
- Comment ça, t'étais avec Jisung ?
- Ouais, samedi.
- Et tu nous as rien dit.
- Non, mais c'est pas le plus important. »
Oh que si c'était important aux yeux de Hyunjin. Il ne savait lui-même pas trop pourquoi, mais il se sentait trahi. Comment quelqu'un comme Jisung pouvait le remplacer ? Il n'était pas à la hauteur, le garçon ressentait toujours un certain mépris à l'égard du blondinet. En vérité, il le trouvait ridicule, il n'avait de cesse de se moquer de lui, rendant la classe hilare. Et ça, ça brisait toujours le cœur du garçon aux joues rebondies, car encore une fois, il ne le montrait pas, mais il en souffrait.
Maintenant que Minho était entré dans sa vie, il avait oublié le comportement déplacé de certains de ses camarades. Ce n'était qu'une fois en classe qu'il sentait son estomac se retourner, chaque fois que Hyunjin se moquait de lui, il se disait qu'il avait peut-être raison, il était ridicule. En effet, Jisung avait bien compris qu'il était différent des enfants de son âge, mais il n'y pouvait rien, c'était plus fort que lui. Finalement, les moqueries, c'était peut-être le revers de la médaille, il le méritait, en échange de sa propre vie, il devait bien supporter ça.
On appelle ça, « Le syndrome de l'imposteur ».
Oui, c'était ça. Toutefois, personne ne l'avait évoqué, car Jisung ne parle pas beaucoup. Quand il voit un médecin, c'est toujours ses parents qui prenaient la parole à sa place. Il ne se sentait pas légitime de partager de ses sentiments, celui à qui il se confie le plus, c'était un certain brunet dont la simple présence apaisait ses maux. Mais pourtant, il ne lui parlait pas de tout ça, il n'osait pas mettre des mots sur ses maux, seulement Minho n'avait pas besoin d'explication, il savait déjà. En effet, le jeune garçon ressentait toutes les émotions du plus petit. Il avait l'impression de lire en lui, c'était un privilège dont personne n'avait eu droit jusqu'à lors. Sûrement parce que personne n'avait essayé de le comprendre, personne ne faisait attention à ses sentiments.
Cependant la cloche se mit à sonner, et Minho aperçut du coin de l'œil un jeune blond aux reflets roux trottiner jusqu'au portail. Il alla à sa rencontre pour l'accueillir et le saluer avant de retrouver sa classe.
Néanmoins, il ne fit pas le regard noir de Hyunjin.
Hyunjin, il avait grandi dans une famille où on lui répétait sans cesse à quel point il avait de la valeur. Si ça passait admirable aux premiers abords, ça en était devenu une obsession pour le jeune garçon. Il avait toujours besoin de se sentir au-dessus de tous, car ses parents ne lui avaient pas appris l'humilité. C'était un équilibre avec lequel ils n'avaient pris le temps de jongler, car il est important de montrer à l'enfant qu'il faut de l'or. Cependant, il n'en reste pas moins que l'humilité est une qualité à ne pas négliger. La balance entre les deux est la chose la plus saine à maintenir, et Hyunjin avait visiblement une carence là-dessus.
A ses yeux, ses amis avaient de la valeur, puisqu'il les avait choisis, mais il avait tendance à mépriser ceux qu'il ne portait pas dans son cœur. Et par-dessus tout, il condamnait la différence, il n'avait pas appris que ça pouvait être une qualité. La différence est une erreur, un défaut de fabrication, tout ce qu'il ne comprenait pas ne méritait pas son respect et encore moins son affection. Oui, car Hyunjin en avait de l'affection à donner, il était généreux avec ses amis, même s'ils se disputaient parfois, ça n'avait pas grande importance. Seulement, il choisissait avec soin ceux qui avait la joie de partager son cœur, et ceux qui n'avait pas cet honneur. Son cercle était assez restreint, finalement, comme pour beaucoup d'enfant car il voyait sans cesse les mêmes personnes, alors le choix était vite fait.
Alors, oui, il n'avait jamais fréquenté quelqu'un d'aussi original que Jisung, des « idiots », il en voyait à la télévision, dans la rue, sur le chemin pour aller au marché. C'était étrange et presque terrifiant d'être confronté à ce que l'on ne connait pas, ses habitudes étaient bouleversées. Il avait construit toute sa vie des normes, et voilà qu'un garçon sorti de nul-part ne rentrait pas dans les cases.
Mais ça, Minho ne pouvait pas le deviner.
Sa journée s'était passée tranquillement, comme à son habitude, à la récréation il avait joué avec Jisung, ils avaient parlé du week-end, ils avaient aussi beaucoup ri.
C'était à la récréation de l'après-midi, qu'il avait eu un mauvais pressentiment. Jisung n'était pas sorti de sa classe, c'est ce que lui avait dit Seungmin. D'abord, Minho s'était montré très inquiet, et puis rapidement, il s'était laissé aller aux jeux et avait mis ses préoccupations de côtés. La fin de la journée avait été amusante, ils avaient fait un exercice distractif et Changbin ne s'était pas gêné pour faire le pitre. Toute la classe avait ri, même la maîtresse avait du mal à garder son sérieux.
Mais la journée avait pris fin, et il se rappela de la promesse de sa mère. Ils allaient acheter une pâtisserie dans la boulangerie nouvellement rénovée. Alors, forcément, il chercha Jisung du regard dans les couloirs de l'école, un bout de bonheur accroché à ses lèvres et le cœur léger.
Cependant, ce n'était pas un Jisung rieur, dont la joie de vivre débordait qu'il devinait au loin. Non, il ne vit aucun sourire décorer ses joues pleines, car il était là, assis à même le sol, la tête entre ses genoux. Son corps frêle était secoué de soubresauts, ses respiratoires paraissaient lourdes et difficiles.
A ce moment-là, Minho eût le sentiment que son cœur était en train de tomber de dix étages sans ressentir la douleur de la chute. C'était si violent qu'il en resta paralysé, le souffle hachuré, comme un vide qui résonne sans trouver d'écho.
La forme au fond du couloir tremblait sans pour autant changer de position.
Au bout de quelques secondes, le brunet se reprit et décida de s'approcher doucement de son petit protégé. Il commençait à trembler à son tour, la vue était déchirante, mais ce n'était pas le moment de faiblir.
Quand il jugea la distance suffisamment courte, il se pencha légèrement vers le blondinet, le regard inquiet et le cœur en frac. Il masqua sa voix tremblante et prit un ton discret, léger mais préoccupé.
« Jisung ? »
Et c'est lorsqu'il croisa son regard qu'il comprit.
De ses yeux en sortait un torrent d'émotions, toutes plus inquiétantes les unes que les autres, des émotions et beaucoup de douleur. Ce n'était pas une souffrance physique, quoi que ça ne tarderait pas à le devenir si ce n'était pas déjà le cas, ça il l'avait bien compris, le jeune Minho. C'était un vide, un trou sans fin, et pourtant ses iris tremblaient d'affliction.
Il était brisé.
Tout simplement.
« Jisung, viens là ... »
Et Minho l'enferma dans une douce étreinte.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro