𝕷𝖊 𝖕𝖆𝖞𝖘𝖆𝖌𝖊 𝖉𝖊́𝖋𝖎𝖑𝖊 𝖕𝖆𝖗 𝖑𝖆 𝖋𝖊𝖓𝖊̂𝖙𝖗𝖊 𝖉𝖚 𝖙𝖗𝖆𝖎𝖓
𝕼𝖚𝖎 𝖓𝖔𝖚𝖘 𝖊𝖒𝖒𝖊̀𝖓𝖊 𝖆̀ 𝖓𝖔𝖚𝖛𝖊𝖆𝖚 𝖊𝖙 𝖏'𝖒𝖊 𝖉𝖎𝖘
𝕮'𝖊𝖘𝖙 𝖇𝖊𝖆𝖚 𝖑𝖊𝖘 𝖕𝖑𝖆𝖎𝖓𝖊𝖘
𝕮'𝖊𝖘𝖙 𝖇𝖊𝖆𝖚 𝖑𝖊 𝖒𝖔𝖎𝖘 𝖉𝖊 𝖏𝖚𝖎𝖓
𝕮'𝖊́𝖙𝖆𝖎𝖙 𝖇𝖊𝖆𝖚 𝖍𝖎𝖊𝖗, 𝖈'𝖊́𝖙𝖆𝖎𝖙 𝖇𝖊𝖆𝖚 𝖈𝖊 𝖒𝖆𝖙𝖎𝖓

♪ ' ミ

  Face au miroir, le jeune homme se battait avec sa cravate, il détestait cet accessoire qu'il jugeait étouffant et inutile. Il regrettait la tenue non-imposée en France, l'uniforme, ce n'était vraiment pas son truc. Il était revenu en Corée du Sud pour sa première année de lycée et il avait passé son temps à grogner face à son reflet, tous les matins faisant le même discours. Ça faisait beaucoup rire ses parents, lui un peu moins.

  Alors voilà une nouvelle année commençait, encore avec cette maudite cravate. L'uniforme de ce lycée était un peu plus confortable que celui de son précédent établissement scolaire et les couleurs un peu plus gaies. Minho n'avait pas l'habitude de porter des tenues aux tons extravagants, mais le gris foncé toute l'année, ça l'avait un peu attristé.

« Tu t'es sort, loulou ?

   ╴ Ouais ...

   ╴ Tu sais toujours pas faire ta cravate ? » se moqua gentiment son père.

  Celui-ci s'avança vers son fils pour lui venir en aide alors que le lycéen soupira, déjà lasse. Ce combat matinal avait au moins le mérite de lui changer les idées, car la rentrée qu'il s'apprêtait à vivre était particulière.

  En effet, il allait rejoindre ses amis d'enfance dans un cadre totalement différent. Il ne savait pas trop sur quel pied danser, de ce qu'il avait vu à la soirée, ils étaient toujours les mêmes, mais il ne pouvait empêcher une pointe d'angoisse de fleurir en lui. Il n'était pas du genre à manquer de confiance en lui, seulement il n'écarta pas la possibilité que ses amis n'aiment ce qu'il était aujourd'hui. Il avait grandi, ils avaient tous grandi. Le courant passait bien, il avait vécu une très bonne soirée avec tout ce beau monde, mais le quotidien, les études, les autres lycéens ... Le décor allait être différent, ils allaient laisser derrière eux les joyeuses retrouvailles pour se trouver une routine.

« Maman reprend le travail demain ?

   ╴ Oui, alors je la laisse se reposer un peu. J'ai pris un jour de congés pour rester auprès d'elle avant sa reprise.

   ╴ C'est vrai que ça fait bientôt deux ans qu'elle n'a pas travaillé.

   ╴ Mais elle va s'en sortir. Elle est forte, ta maman.

   ╴ Je sais, papa, je sais. »

  L'homme qui approchait la quarantaine sourit à son fils, et le décoiffa affectueusement. Toutefois, ça ne plût guère au garçon qui rouspéta.

« Allez, en route, mauvaise troupe. » avait déclaré monsieur Lee, en français.

  L'expression fit pouffer Minho, au début, il avait été perturbé par les nombreuses expressions surprenantes françaises. Les habitants du pays eux-mêmes ne savaient pas toujours d'où elles venaient, mais elles faisaient partie du quotidien, on ne pouvait y échapper. Au fur et à mesure qu'il en avait appris de nouvelles, il aimait les sortir à tout va, ça avait bien fait rire ses camarades collégiens français.

  Le brun avait eu franc succès au pays du romantisme, même s'il remettait en question la vision qu'avaient les étrangers de la France. Il n'empêche qu'il avait vu de jolies choses, il avait eu beaucoup d'amis, filles comme garçons, ses traits lui donnaient un air exotique, il n'avait pas croisé beaucoup d'autres asiatiques. En effet, la famille Lee n'avait pas emménagé dans la capitale mais en proche banlieue alors des adolescents aux mêmes origines se faisaient rares. Toutefois, ça restait de beaux quartiers, il côtoyait des adolescents dont les parents avaient les moyens, d'autres avaient des revenus plus modestes, cependant. Il aimait cette mixité, même s'il avait noté que les classes sociales ne se mélangeaient pas toujours, même chez les plus jeunes.

  Enfin, il avait été dans des classes où l'ambiance était conviviale, les élèves étaient soudés, ce qui n'était pas le cas partout. Il avait été témoin d'harcèlement, dans d'autres classes, il se souvient de cette jolie rousse dont tout le monde se moquait. Ça l'avait mis très en colère, peut-être parce que la jeune fille lui rappelait quelqu'un. Les adolescents l'avaient entourée en lui disant des méchancetés. Il était en cinquième, déjà assez populaire, alors forcément, son intervention avait eu un réel impact.

  En plus, il n'avait pas compris pourquoi les camarades de la rousse étaient si méchants, elle était jolie avec ses nattes et ses yeux verts. Il l'avait même embrassée, un jour où ils se reposaient dans un parc après une journée d'école, l'été pointait le bout de son nez et la jolie rousse allait déménager. Minho n'était pas amoureux, mais il avait eu l'envie soudaine d'échanger un baiser avec la jeune fille, elle était adorable avec ses joues rondes et ses tâches de rousseurs. Il était un peu tombé pour elle, c'était peut-être sa première amourette.

  Non, car son premier amour, il l'avait déjà connu.

  Ça n'avait rien à voir, c'était plus de l'affection qu'autre chose. Il l'avait sondé du regard, comme pour chercher une réponse à sa question, elle avait fermé les yeux en souriant légèrement mais il avait eu peur d'en avoir trop fait. Minho s'était excusé, les joues rouges au possible, alors la rousse avait ri, et le cœur du brun était devenu léger. Elle avait posé ses lèvres sur les siennes à nouveau, et ça s'était arrêté là.

  Ils n'avaient pas eu le temps de se mettre ensemble, de toute façon, ils n'en avaient pas eu envie. De son côté, Minho avait donné. Il avait développé une allergie à ce concept ridicule, « sortir ensemble » avec tout le bahut à l'affût. Il avait tenté une fois, ça avait été une erreur, mais il était tellement perdu qu'il avait accepté les avances de cette fille « populaire » bien qu'il n'en sache rien. Un besoin d'affection de s'imprégner de la légèreté de ce pays qui lui était jusque-là inconnu. Elle était charmante, certes, mais il s'était senti gêné, ça avait mal fini, heureusement, les collégiens n'étaient pas restés longtemps sur cette affaire car la fille en question s'était mise avec un autre garçon. Minho ne dirait pas que ça ne lui avait fait ni chaud ni froid, à vrai dire, c'était son égo qui avait été blessé, même s'il avait été celui qui avait mis fin à la relation.

  Alors ce moment à l'odeur de l'heure fraichement coupée avec la jolie rousse, ça avait été si plaisant, sans prise de tête, un instant doux de pure volupté. Quelque chose d'éphémère mais ça rendait le tout un peu plus magique.

  Suite à ces deux expériences, Minho n'avait plus eu de relation. Toutefois, il était très convoité par les jeunes de son âge. Il fût surpris lors qu'un jour, un garçon lui partagea ses sentiments. Il l'avait prié de n'en piper mot, car il avait peur des représailles, ce qui était compréhensif, surtout au collège. Evidemment, les sentiments du châtain n'étaient pas réciproques, pour autant, Minho l'avait gratifié d'un sourire.

« C'est courageux ! Alors, rien que pour ça, merci !

   ╴ T'es vraiment trop poli, Minho.

   ╴ Un truc de Coréens. » avait-il plaisanté.

  Le brun n'avait jamais souffert de racisme, peut-être que son charisme et sa beauté l'avait protégé là-dessus. Au début, les élèves pensaient qu'ils jouaient le mystérieux, mais en fait, Minho était juste en train de se remettre d'un chagrin d'amour. Ça l'avait tant blessé qu'il avait formé une carapace, toutefois, le collège n'était pas bien grand, tout le monde connaissait Minho et ses apparences ne trompaient personne.

  C'était un jeune garçon aimable, travailleur et toujours prêt à aider les autres. Il avait une façon bien à lui de s'exprimer, mais au fur et à mesure du temps, l'ambiance était devenue plus légère et tout le monde aimait Minho.

  Ensuite, il y avait eu l'émergence de la k-pop avec la sortie de « Gangnam Style », les adolescents s'étaient intéressés aux boys bands et girls bands parce que c'était le pays de Minho. Pour résumer, le collège entier était devenu fan de la musique pop sud-coréenne, le brun était sûrement un des rares à n'en avoir cure. Il était en quatrième quand c'était arrivé, des filles s'étaient amusées à l'appeler « oppa » mais elles n'avaient pas essayé une deuxième fois, la tête de Minho les avait bien vite dissuadées de continuer. Il n'était même pas en colère, mais ça lui donnait froid dans le dos, c'était très gênant et ses camarades l'avaient très bien compris.

  La popularité des mangas était arrivée avant, dès que Minho arriva, en fait. Quelques-uns s'étaient amusés à l'appeler le « tsundere » et ça avait fait pouffer le brun, pas plus dérangé que ça. L'attrait pour les pays asiatiques avait peut-être également joué un jeu sur sa popularité, mais il était évident que ce n'était pas la seule raison. Le Coréen dégageait quelque chose de fort et naturellement attractif, ça surprenait même les adultes. Visiblement, peu importe le pays, il renvoyait la même image.

  Les premiers temps avaient été un peu difficiles, le choc culturel était impressionnant, seulement Minho était jeune, alors il s'y acclimata rapidement. De leurs côtés, ses parents étaient ouverts d'esprit, mais même avec cette qualité, ils avaient mis quelques mois avant de s'y faire.

  Le brun avait eu le droit à quelques sorties scolaires, il avait pu visiter Paris et il en était tombé amoureux. Il l'avait découvert avec un point de vue touristique, l'école ne leur montrait que le beau de la capitale, ils étaient tous encore jeunes.

  Du salon, monsieur Lee l'appela, le tirant de ses songes. Il gardait de bons souvenirs, ces quelques années en France avaient été agréables, mais ce ne fût pas le cas de toute la famille.

« On va être en retard, mon grand !

   ╴ J'arrive, papa. »

  Le jeune homme courut dans les escaliers pour rejoindre son père. Ils se sourirent pour ils ne savaient quelle raison, mais c'était très bien comme ça.

« Allez, mon p'tit chou ! C'est une belle journée qui t'attends !

   ╴ Papa, je suis plus grand que toi ...

   ╴ En taille ! » précisa monsieur Lee, un air malicieux sur le visage.

  Puis, il lui ébouriffa pour la énième fois les cheveux, alors Minho se remit à râler.

« Oui, mais tu resteras toujours mon petit bébé ! » termina l'homme, un sourire tendre aux bords des lèvres, presqu'ému.

  Et dire que des personnes pensaient son père froid, les apparences sont vraiment trompeuses, et là-dessus, il avait pris de lui. Néanmoins, le brun semblait plus accessible que l'homme, toujours dans la trentaine mais la quarantaine l'attendait sagement, bientôt, il prendra un coup de vieux. Plus il prenait en âge, et plus les gens le pensaient sans émotions aucunes.

  Vu de l'extérieur, monsieur Lee n'arborait aucune expression faciale, cependant il suffisait d'échanger quelques mots pour se rendre compte qu'il était quelqu'un d'avenant. Oui, il était pire que son fils, largement même, mais il avait lui aussi un cœur tendre. Plus jeune, Jisung lui-même en fût témoin.

  En parlant du blond, Minho ne pût s'empêcher de penser à lui, tout le trajet durant. Ces pensées intrusives n'avaient pas l'intention de se taire, visiblement.

« Minho, tu m'écoutes ?

   ╴ Hein ? Pardon, j'étais—

   ╴ Ailleurs, oui, je vois ça. Ça va aller, je te dis.

   ╴ Mh, facile à dire.

   ╴ Eh, moi aussi j'ai dû retrouver mes anciens collègues il y a deux mois.

   ╴ Ouais mais ça compte pas, t'étais déjà adulte. »

Monsieur Lee acquiesça, son fils n'avait pas tort.

« Donc, je disais ... » reprit le père de famille.

  Minho vit au loin son nouveau lycée se dessiner dans son champ de vision, il eût un frisson. Le conducteur le remarqua mais fit mine de rien, pas besoin d'en dire davantage.

« L'arrêt de bus n'est pas très loin de la maison.

   ╴ Oui, je sais. On passait devant tous les jours quand j'étais gosse, je te rappelle.

   ╴ Veuillez parler sur un autre ton, jeune homme.

   ╴ Pardon, pardon.

   ╴ T'en as pour quinze minutes de trajet, tu devrais t'en sortir. »

  Le fils unique approuva du chef, c'est vrai que certains de ses camarades devaient sûrement avoir plus de trente minutes avant d'arriver au lycée.

  Finalement, le véhicule se gara.

« Allez, bonne journée, mon grand loulou.

   ╴ Bonne journée, papa. Et prends soin de maman !

   ╴ Tu sais, il faut pas t'en faire. Ta mère va mieux, Minho.

   ╴ Mh, mais quand-même. »

  Le brun n'aimait pas quand ses parents l'appelaient par son prénom. Ça sonnait trop sérieux, malgré son âge, il appréciait les petits surnoms. C'était une habitude chez les Lee qui n'avait pas changé avec le temps. Minho n'était pas de ceux qui étaient gênés par leurs parents à l'adolescence, il n'avait pas honte de l'affection qu'il leur portait. Et puis, il avait déjà dix-sept ans, il avait passé sa crise d'adolescence. Enfin, il n'en avait jamais eu, à vrai dire. En même temps, il n'avait pas eu l'occasion d'en faire une, les difficultés qu'avaient dû affronter la famille Lee l'avait rendu mature un peu trop rapidement. Déjà qu'enfant, il faisait plus que son âge, psychologiquement parlant.

  Il claqua la porte, songeur, il ne regardait même pas devant lui. Alors, il fût surpris en entendant son nom crié par une voix qu'il ne connaissait que trop bien.

« Minho !

   ╴ Ah, Jisung ?

   ╴ T'es beau, dans ton uniforme.

   ╴ Toi aussi, t'es beau. »

  Ils avaient l'air idiot, à rougir tous les deux.

  C'était étrange, Jisung qui se précipite à sa rencontre en criant son nom. Les compliments du matin, il avait l'impression de revenir des années en arrière.

  Finalement, peut-être que les choses n'avaient pas tant changé entre eux. Du moins, leur complicité était toujours la même. Cependant, Jisung n'avait plus cet air naïf et guilleret, cet entrain dans la voix, à sautiller partout. Il avait sacrément muri, il lui semblait plus posé, plus calme. Enfin, ce n'était que d'apparence, car Jisung ne pouvait se débarrasser de toutes ces émotions qui le traversent. Il avait appris à les canaliser, et encore, il avait toujours des sauts d'humeur, le sang chaud, et des pics d'énergie sortis de nul-part.

  Toutefois, Minho n'en savait rien.

« T'es prêt ? Ils vont faire l'appel pour les classes. »

  Effectivement, le proviseur avait appelé les nouveaux arrivants. Ici, tout le monde gardait sa classe pour les trois ans à venir. Par miracle, Minho était dans la classe de Changbin et Wooyoung. Quant à Jisung, il avait toujours à ses côtés Seungmin, Hyunjin et Yeji. Cependant, Changbin était malheureux car l'année dernière, il n'avait pas eu la chance d'avoir Soyeon dans sa classe, Minho se dit que ce n'était peut-être pas plus mal.

« Et Chaewon ?

   ╴ Elle a déménagé ... » l'informa Seungmin.

  Le brun acquiesça.

  Il afficha un grand sourire en apercevant Chan et Soojin s'approcher d'eux. A leurs côtés, un jeune homme blond avec de jolies tâches de rousseurs souriaient tout en discutant avec les deux autres.

  Minho n'avait jamais vu de Coréens avec des tâches de rousseurs, il en fût donc très surpris. De plus, ça lui fit remonter des souvenirs, ceux avec une certaine jolie rousse. Il secoua la tête de gauche à droite, ce n'était pas le moment de se perdre dans ses pensées.

« Salut, tout le monde ! »

  Tous saluèrent Chan en retour, heureux de le revoir. Ils dirent également bonjour à Soojin, plus magnifique que jamais. Minho n'avait pas eu l'occasion de la voir longtemps car quand il était revenu en bas avec Jisung, la jeune femme était déjà partie. Déjà petite, elle était très belle, mais maintenant, sa beauté était à couper le souffle. Elle dégageait quelque chose d'élégant et séduisant en même temps.

  Puis, Chan reprit la parole en se tournant vers le blond aux tâches de rousseurs.

« Je vous présente Felix, c'est le fils des amis de mes parents. Il vient tout droit d'Australie.

   ╴ Bonjour à tous. Je suis ravi de faire votre connaissance. Je parle coréen mais je suis encore maladroit, alors ne m'en voulez si je fais des erreurs. Merci, tout le monde.

   ╴ Ouah, tu parles trop bien ! » s'exclama Hyunjin, plutôt dans le sens qu'il utilisait des mots très peu naturels.

  Ça se voyait qu'il était encore en cours d'apprentissage. Toutefois, chacun nota le sourire lumineux de Felix, comme s'il avait ramené le soleil d'Australie avec lui.

« Hé, les gars !

   ╴ Ah, salut Jeongin.

   ╴ On est dans la même classe ! J'y crois pas !

   ╴ Nan, sérieux ?

   ╴ T'as pas entendu le proviseur, Jiji, ou quoi ?

   ╴ Ta gueule, Hwang. »

  Minho sursauta face au langage qu'utilisait son ami, jamais il n'aurait imaginé ce petit bout de chou devenir quelqu'un d'insolent. Effectivement, Jisung avait changé, mais il restait adorable aux yeux du brun.

« Ah, mais je te connais pas toi ! » nota ledit Jeongin en s'adressant au nouveau de l'école.

  Le nouveau en question se sentit un peu mal à l'aise.

« Jeongin, c'est pas une façon de saluer un inconnu. » le réprima Chan.

  Le jeune garçon eût un sourire gêné et s'excusa auprès du brun.

« C'est rien. Je m'appelle Lee Minho.

   ╴ Enchanté, je suis Yang Jeongin.

   ╴ Ravi de faire ta connaissance.

   ╴ C'est le p'tit génie de la bande, puis regarde comment il est notre mignon, notre bébé ! » s'emporta Hyunjin en enfermant le plus jeune dans une étreinte un peu forcé, on aurait dit un pauvre prisonnier qui avait peine à respirer.

  Ledit bébé tenta de se libérer de son emprise en se secouant dans tous les sens. Le garçon aux cheveux longs semblait complètement gaga du lycéen qui portait de jolies fossettes. C'est vrai qu'il était adorable, c'est ce que pensa Minho.

  C'était fou comment la dynamique du groupe restait intact malgré les derniers arrivant que le brun ne connaissait pas encore, ou peu. Il comprit, ainsi, que le seul inconnu de tous était Felix, car pour le reste, tout le monde semblait proche.

  Ça rendait Minho heureux, ces sourires, la complicité de chaque membre de la petite bande devenue grande. Maintenant, il était soulagé et avait hâte de découvrir ce que lui réservait l'avenir. Il espérait passer de belles années, plus merveilleuses encore que ses souvenirs de primaire.

« Yo' les gars !

   ╴ Salut, Soyeon. » dit en cœur tout le groupe.

  Changbin s'approcha de sa copine pour lui offrir un chaste baiser sur les lèvres. La jeune femme sourit à travers l'échange, visiblement heureuse de retrouver son petit-ami. Ils étaient vraiment mignons ensemble.

« Hé, le peuple ! Comment vous allez ?

   ╴ Ah, Wooyoung ... Tu peux pas parler normalement ? Dès le matin, tu nous agresses comme ça ? » se plaignit Hyunjin.

  C'est vrai que le garçon aux cheveux longs pouvait se montrer râleur, néanmoins, pour le coup, il avait raison. Jeongin s'était même tenu les oreilles tant le volume sonore du plus extraverti de la bande était fort.

  Derrière lui se tenait San, un peu plus tranquille.

« Mon amour, calme-toi. Tout le monde va bien ?

   ╴ Impec' ! » répliqua Changbin, en lui faisant une accolade.

  Il sauta ensuite dans les bras de Wooyoung et ils firent ensemble une sorte de danse de la joie assez comique. Changbin n'était pas mal dans son genre, niveau extraverti, ils faisaient la paire, tous les deux.

« Bon, on est au complet ... » nota Chan, heureux.

« Ils manquent juste Dahyun ...

   ╴ Ouais, Seungmin, madame est en école de théâtre. Comment elle se la pète sur les réseaux, c'est fou.

   ╴ Avec tout mon respect, Yeji, parle mieux de ma femme.

   ╴ Je déconne, chou ! Ta femme, c'est la meilleure !

   ╴ Mh, je préfère. »

  Minho crût s'étouffer. Il n'avait pas été mis au courant de la nouvelle.

« Depuis quand tu sors avec Dahyun, Seungmin ? » s'offusqua Minho, déçu de l'apprendre seulement à l'instant.

  Le susnommé sourit, un air taquin sur le visage.

« T'étais bien trop préoccupé par Jisung, j'ai même pas eu le temps de parler à la soirée que tu cherchais déjà l'homme de tes rêves. »

  Cette fois, ils furent deux à manquer de s'étouffer.

« Pardon ?

   ╴ Ça va, Jisung ... Tout le monde le sait. » intervînt Changbin.

  De son côté, Minho était rouge comme une pivoine.

« Ah non, moi je savais pas !

   ╴ T'inquiète, Wooyoung, moi non plus. » partagea Jisung, qui essayait de cachait sa gêne en faisant mine d'être nonchalant même s'il bouillonnait de l'intérieur.

  Finalement, le sujet de discussion se porta sur Felix, plus perdu que jamais. Il ne comprenait pas le langage familier mais il faisait de son mieux pour suivre la conversation. Ainsi, il se retrouva à faire face à une avalanche de questions.

  Toujours dans un état second, Minho se mit en retrait pour reprendre ses esprits. Cependant, Jisung en avait décidé autrement, il s'approcha de lui pour lui murmurer quelques mots. C'était agréable d'entendre sa voix, le brun en avait des papillons dans le ventre. Il se sentit toute chose rien qu'à la mélodie un peu grave de son vis-à-vis. Il avait un timbre reposant, comme une chanson calme que l'on écoute en fin de journée pour se détendre.

« Ça va, Min' ?

   ╴ Euh, oui—oui ... et toi ?

   ╴ T'es tout rouge. Tu te sens pas bien ?

   ╴ Si, ce—ça va. »

  Jisung gloussa.

  Le plus âgé papillonna des yeux, il se demandait depuis quand les rôles s'étaient inversés. En effet, il n'aurait jamais imaginé devenir le plus timide des deux, ou alors le blond cachait bien ses émotions. La présence de Jisung le rendait à la fois euphorique et apaisé, surtout dans ces moments-là, où ils étaient tous les deux calmes.

  Toutefois, le cadet était en vérité tout aussi troublé et, d'une façon ou d'une autre, ça le rassurait de constater qu'ils étaient dans le même état. Il se demanda alors si Minho ressentait la même chose que lui, une drôle de sensation qui monte puis redescend, comme un manège.

  Ils étaient tous les deux perdus dans leurs sentiments, c'était à la fois naturel et gênant. Les deux jeunes hommes ne savaient plus quelle place avait l'autre.

« Je suis heureux de t'avoir retrouvé, Min' ! Tu peux pas imaginer à quel point.

   ╴ Tu m'as manqué aussi, Sungie. Terriblement même. »

  Le surnom ne laissait toujours pas Jisung de marbre. Il jura qu'il allait finir par en être dépendant, comme une bouffée de nicotine, même s'il ne fumait pas. C'était enivrant, ça lui faisait chaud dans le ventre.

  Pourtant, il n'en laissa rien paraître. Enfin, jusqu'à ce que son corps vienne naturellement contre celui de Minho. Cette étreinte surpris ce dernier qui sursauta. Néanmoins, il fut le premier à resserrer l'emprise, le parfum de Jisung lui faisait tourner la tête et la chaleur de sa poitrine était extatique. Ils étaient bien, là, et auraient aimé que ça dure une éternité.

« Regarde ! » interpela Seungmin, en donnant un coup de coude à Yeji.

  Celle-ci fondit sur place, les trouvant extrêmement mignons. Si elle avait pu, elle aurait hurlé comme une fangirl, mais se retînt. A la place, elle laissa des mots s'échapper de sa bouche.

« Oh, putain !

   ╴ Comme tu dis.

   ╴ On avait raison depuis le début !

   ╴ C'était un peu évident ...

   ╴ Pourtant, on est les premiers à l'avoir vu.

   ╴ J'crois qu'on doit être les seuls intelligents de cette bande d'idiots.

   ╴ Pas faux. » approuva Yeji, en haussant les épaules.

  Ils se mirent à rire, ensemble. Leur complicité n'avait pas bougé, malgré les années, ils étaient toujours sur le coup, dans leurs petites magouilles.

« Bon, les enfants ! Il est temps de se rendre en classe !

   ╴ Oui, papa Chan ! » s'écrièrent tous en chœur.

  Ainsi commença cette rentrée des classes.

  Les deux jeunes hommes durent s'éloigner, à regret, l'un de l'autre en espérant qu'une chose : se retrouver. Comme si le contact avec l'autre était vital.

  Deux âmes se retrouvent, la séparation avait été atroce, mais les retrouvailles étaient intenses, une collision. Car ces deux âmes n'en formaient qu'une, et briser l'union, c'est comme les briser eux-mêmes. Les deux âmes avaient survécu, mais c'est en se réunissant de nouveau qu'elles sentirent l'air remplir leurs poumons, pour oublier leur peine, elles avaient retenu leur souffle.

  Comme Saturne sans ses anneaux, comme une nuit sans étoile, c'était à la fois inimaginable et profondément triste, sans repère, les navigateurs se perdent en pleine mer. Alors, forcément, la réunion de ces deux êtres était une explosion de sentiments.

  Comme l'éruption d'un volcan.

「

Quel est le couple
le plus inattendu ?

Quel est celui que
vous aviez prédit ?

Votre couple/duo
préféré hors minsung ?

」

:)