𝐒𝐜𝐞̀𝐧𝐞 𝟐𝟒
(♬) 𝕻𝖗𝖊̀𝖘 𝖉𝖊𝖘 𝖗𝖊𝖒𝖕𝖆𝖗𝖙𝖘 𝖉𝖊 𝕾𝖊́𝖛𝖎𝖑𝖑𝖊
𝖈𝖍𝖊𝖟 𝖒𝖔𝖓 𝖆𝖒𝖎 𝕷𝖎𝖑𝖑𝖆𝖘 𝕻𝖆𝖘𝖙𝖎𝖆
𝖏'𝖎𝖗𝖆𝖎 𝖉𝖆𝖓𝖘𝖊𝖗 𝖑𝖆 𝖘𝖊́𝖌𝖚𝖊́𝖉𝖎𝖑𝖑𝖊
𝖊𝖙 𝖇𝖔𝖎𝖗𝖊 𝖉𝖚 𝕸𝖆𝖓𝖟𝖆𝖓𝖎𝖑𝖑𝖆 (♬)
✧ ☾ ✧
Quelques feuilles tombaient des arbres, elles offraient un cadre magnifique à qui passait par là et levait le bout de son nez. Les couleurs chaudes, ça rappelait les cheveux d'or aux reflets roux d'un jeune garçon aux yeux pétillants. Il était fasciné par le camaïeu orangé de l'automne, et même si c'était tous les ans la même chose, il ne pût retenir son émoi face au paysage stupéfiant qu'il se présentait à lui. Il aurait voulu cueillir la beauté automnale et l'emmener partout avec lui, comme un doudou qui rassure.
Oui, les couleurs chaudes apaisaient le cœur de Jisung.
Un sourire se dessina sur ses lèvres à la sensation de la brise caressant sa chevelure. C'était comme des vagues qui valsent en rythme avec le souffle d'Eole dans un champ de blé. Le vent effleurait ses cheveux souples dans un tourbillon d'allégresse.
C'était si bon de vivre ainsi. Il avait de nouveau perdu la notion du temps, ses pensées le conduisirent dans un océan de douceur. Il aimait cette déconnexion avec le monde extérieur car dans ses rêveries, il se sentait léger et un profond soulagement allégeait son cœur. Des nuages de coton le conduisaient jusqu'au porte de l'allégresse. Alors de là, jamais il ne désirait faire demi-tour.
« Jisung ? Tu m'entends ?
- Hein ?
- Si tu es prêt, la classe est déjà dehors.
- Ah, euh, oui ... J'arrive, maîtresse !
- Prends ton temps, les autres attendent sur la pelouse.
- Je suis là, regardez. »
Il lui offrit un sourire qui gonfla ses joues remplies. C'est vrai, l'institutrice le trouvait adorable et elle avait parfois du mal, mais elle ne devait pas le prendre dans ses bras. Elle n'avait pas d'enfant et quand elle voyait Jisung, son désir de donner la vie à un bout de chou n'était que plus fort.
Il entendit Yeji trottiner jusqu'à lui en appelant.
Il lui fit face et le bonheur débordant, ils se sourirent. Seungmin était attendri par la scène, il avait l'impression de voir des jumeaux qui ne pouvaient pas se passer l'un de l'autre. Les deux enfants se complétaient à merveille et une aura chaleureuse se dégagea d'eux au moment où ils se prirent la main.
« Allez, viens Jiji ! On va faire une balle au prisonnier, ça va être terrible !
- Mh, oui. »
La jeune fille s'arrêta, elle inclina sa tête sur le côté. C'était soudain, la mine défaite de Jisung contrastait avec le sourire solaire qu'il portait quelques secondes plus tôt.
Yeji se tourna vers Seungmin. Ainsi, elle s'assura que son ami partageait ses pensées car il était certain que quelque chose n'allait pas.
Ce fût finalement la pause méridienne. Minho avait une faim de loup, il s'était renseigné ce matin sur le menu du jour et il avait passé une bonne partie de la matinée à s'imaginer le délicieux plat sur la table. Alors à peine la cloche eût sonné qu'il avait déjà quitté la salle, son cartable mit maladroitement sur son dos.
Cependant, en chemin, il croisa Chan qui l'interpella. Il fût prêt à lui reprocher de le ralentir jusqu'au lieu sacré qu'était la cantine, mais il se ravisa, il allait devoir attendre tout le monde de toute façon.
« Hé, Minho ! Tu vas où comme ça, en courant.
- J'ai faim.
- Oh, d'accord. Je te laisse tranquille, c'est compris. » plaisanta-t-il.
Quand le brunet avait cette voix, c'était signe qu'il fallait rester tranquille à moins de vouloir affronter la colère du Tigre Min. C'était le surnom dont il avait hérité ce fameux jour où il avait secoué Hyunjin car il avait osé prendre sa part de gratin alors qu'il en raffolait. Le pauvre garçon ne savait pas que le met avait été mis de côté pour son ami, en retard à cause d'un contrôle de mathématique. Ce jour-là, Changbin crût que le cerveau du plus jeune allait cogner son crâne si fort qu'il allait en perdre des neurones. Heureusement, Hyunjin avait préservé toutes ses capacités intellectuelles. Ça avait été si brutal que Dahyun avait vérifié qu'il savait toujours compter.
Depuis lors, plus personne ne se mit en travers de la route du Tigre Min. C'était à la limite si on ne lui faisait pas une haie d'honneur.
Finalement, tout le monde était déjà dehors à les attendre. Cependant, quelqu'un manquait à l'appel, l'instinct de Minho (car il était redevenu Minho) l'avait immédiatement remarqué. Il interrogea alors ses amis.
« Il est où, Jisung ?
- Là-bas, dans son coin. » lui apprit Seungmin en montrant la direction avec son menton.
Effectivement, le radar de Minho repéra rapidement le blondinet assis sur les marches le regard perdu au loin.
« Il boude encore ... » ajouta Hyunjin, en haussant les épaules.
« Pourquoi ? »
Chan avait à peine posé la question que le brunet était déjà au milieu du chemin qui le conduisait jusqu'à son petit protégé.
« Plus rapide que son ombre ...
- C'en est même effrayant ! »
Comme à leurs habitudes, Dahyun et Changbin avaient échangé quelques autres plaisanteries du genre. Yeji faisait la moue, elle n'était pas sûre de la raison pour laquelle il était ainsi.
Elle avait bien compris, que le cours de sport avait perturbé son « Jiji » mais elle jonglait entre plusieurs hypothèses. Depuis le début, ça n'allait pas, c'était évident et Seungmin partageait son avis. Cependant, au fur et à mesure du temps, le regard de Jisung s'était vraiment éteint jusqu'à devenir humide de larmes.
Pourtant, personne n'avait été méchant.
C'était juste que ...
Ça avait toujours été ainsi.
« Sungie ? Qu'est-ce qu'il se passe ?
- Minho ? T'es là. »
Encore une fois, il avait le regard vitreux, comme s'il était en mode pilotage automatique. Le cœur du brunet se serra.
« Pourquoi tu es tout triste comme ça ?
- Hein ? Moi ?
- Bah oui, toi ! Pas le Père Noël ...
- Tu savais que le Père Noël, eh bah il existe pas ?
- Qu'est-ce que tu racontes encore ? Tu pleures à cause du Père Noël ?
- Mais non, je suis plus un bébé. »
Jisung lui avait tiré la langue.
Décidément, il était bien loin le Tigre Min. Le brunet en avait carrément oublié le plat que lui avait promis la cantinière.
Toutefois, il était un peu rassuré de voir le visage du blondinet reprendre vie. Les expressions de son visage étaient toujours très marquées, ça avait beaucoup amusé Minho au début. Les charmes du petit bout de chou ne manquaient jamais de le surprendre. Il avait tendance à le masquer, mais ça le faisait parfois rougir.
Alors, en le voyant ainsi, il ressentit le besoin vital de le prendre dans ses bras. C'était plus fort que lui, une sorte de sortilège qui dictait chacun de ses faits et gestes.
« Raconte-moi, Sungie. »
Et le jeune garçon fondit en larmes. Toujours ces maudites larmes, Jisung en avait horreur. Elles arrivaient sans crier gare, elles étaient si imprévisibles.
Des spasmes traversaient l'ensemble de son corps, s'en était presque douloureux. Il s'accrochait désespérément à la veste de Minho, avec un peu de chance il évitera de se noyer dans ses tourments obscurs. Il s'agrippait pour remonter à la surface, une bouffée d'oxygène, un pas ancré dans la réalité car ce n'était pas sa rêverie qui allait l'emporter mais des ombres cauchemardesques. Les méandres profonds l'aspiraient vers un endroit incertain.
Minho sentait sa détresse, il avait mal lui aussi.
Alors il l'enferma dans une étreinte puissante mais chaude, son souffle s'échouant sur la peau de son cou, c'était bon de sentir Minho tout contre lui. Celui-ci le sentit entre deux eaux, il décala donc sa tête sans lâcher le blondinet, pour le couvrir de baisers papillons. Il parsemait son visage de ses lèvres tout en le serrant contre lui.
Il ne le lâchera pas.
C'est ce qu'il s'était dit à ce moment-là. Son affection pour le petit être fort mais sensible qu'il tenait contre sa poitrine était si intense qu'elle prenait toute la place dans son esprit. C'était étrange comme sentiment, il ne comprenait pas bien. Toutefois, malgré la force de ce sentiment perturbant, il n'avait pas peur. C'était une évidence.
Finalement, le corps de Jisung se détendit. Il cala sa respiration sur celle de son ami en gardant ses paupières closes. Il était bercé par son odeur, la chaleur qui se dégageait de sa poitrine pansait son âme entière.
Il renifla.
« Min' ... Tu sais, moi, je veux pas.
- Qu'est-ce que tu veux pas, mon petit Sungie ? »
Il était si troublé qu'il ne tiqua même pas sur le surnom le faisant d'ordinaire rougir au possible. Ça sonnait doux, un peu.
« Je suis un poids pour tout le monde, pas vrai ?
- Dis pas ça, Sungie !
- Mais pourquoi personne veut de moi ? Pourquoi tout le monde me gronde tout le temps même quand je fais de mon mieux ? Pourquoi ce que je fais c'est jamais suffisant ? Et pourquoi ... ? »
Il avait fait une pause pour reprendre sa respiration, mais surtout car la suite faisait mal. C'était douloureux de le constater, c'était douloureux de l'entendre. Cependant, ce n'était pas le pire, ce n'était rien à côté de ce qu'il s'apprêtait à faire.
Car le dire, c'était comme recevoir une épée dans l'abdomen.
« Pourquoi je suis toujours le dernier qu'on veut dans son équipe ... ? »
Soudain, tout faisait sens.
C'était donc ça, la raison de son désespoir.
Ça pouvait sembler anodin, seulement Minho comprenait aisément que ce n'était pas le cas pour le blondinet. La signification derrière cette attitude, aussi insignifiante pouvait-elle paraître, donnait raison à ses angoisses.
« Je suis toujours le trop. Je suis le dernier choix. Je suis le pire choix. Je suis celui qu'on veut pas dans son équipe. Et c'est pas qu'en sport, et aussi, et—
- Sssshh, Sungie, calme-toi.
- Non, tu comprends—
- Jisung. »
Il avait prononcé son prénom sur un ton différent. Ce n'était pas méchant, ce n'était pas agressif, simplement assez inattendu pour arrêter le blondinet dans ses pensées intrusives.
Il se recula légèrement, en prenant soin de garder ses mains sur son bras pour garder le contact entre leurs deux êtres. Evidemment, Minho n'en avait pas conscience. L'instinct parlait pour lui, à croire qu'il le connaissait par cœur.
« Stop. »
Les pupilles de Jisung tremblaient.
« Arrête ça. »
Il était suspendu à ses lèvres, ne sachant s'il devait s'écrouler ou s'apaiser.
Finalement, il ne fit aucun des deux. Le jeune garçon se contenta d'attendre, seulement rien ne vînt. Il mit quelques secondes à s'en apercevoir, en réalité Minho était le premier à l'attendre.
« Minho ...
- Tu es capable.
- Non, je—
- Tu sais faire tellement de choses ... Tu t'en rends même pas compte, et c'est ça qui me rend triste.
- Tu es triste à cause de moi ?
- Non, c'est pas ça. »
Il appuya ses dires en secouant la tête de gauche à droite, ses mains tenaient encore le bras de Jisung. Ce n'était pas le moment de le lâcher, il devait se relever de lui-même avant de desserrer la légère pression qu'il exerçait sur son petit protégé.
« Pourquoi tu pleures alors, Min' ? »
En effet, il ne s'en était pas rendu compte mais des larmes fines coulaient sur ses joues.
« Toi aussi, t'as épluché trop d'oignons ? C'est ça ? »
Cette fois, Minho pouffa.
« Non, je suis pas triste à cause de toi. Je suis triste parce que je t'ai pas connu plus tôt. Moi, j'ai même pas pu empêcher tous ses imbéciles de dire des bêtises sur toi. Mais maintenant je suis là et je vais te prouver qu'ils disent n'importe quoi. Moi, je te choisirai toujours en premier dans mon équipe ! »
Il l'embrassa sur le front, et un sourire étira ses lèvres. Témoin d'une tendresse au fond du cœur, Jisung frissonna.
C'est vrai qu'il est sacrément beau, Minho.
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