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𝐒𝐜𝐞̀𝐧𝐞 𝟐𝟎


𝕯𝖚𝖔


« 𝕵𝖊 𝖘𝖚𝖎𝖘 𝕰𝖘𝖈𝖆𝖒𝖎𝖑𝖑𝖔, 𝖙𝖔𝖗𝖊́𝖗𝖔 𝖉𝖊 𝕲𝖗𝖊𝖓𝖆𝖉𝖊 ! »

Il était blond, avec quelques reflets roux, des joues rebondies et rosées, il était mignon. C'est la première pensée qu'avait traversé l'esprit du jeune Minho.

Impossible d'oublier ce souvenir d'une douceur exquise, et pourtant le tableau avait fait de la peine au jeune garçon. Il en avait fait du chemin, Jisung, depuis.

Le blondinet était de nouveau assis, seul, sur les marches de l'entrée de l'établissement. Il avait appuyé ses coudes sur ses genoux, la mine boudeuse entre ses petites mains. Jamais Minho n'avait vu un être plus adorable que son petit protégé, il était le seul et l'unique à le mettre dans tous ses états. Il en avait perdu la tête, quelques jours plus tôt. 

L'affaire n'avait pas eu de conséquences sur la scolarité de Minho, forte heureusement. La directrice avait appris toute l'histoire en discutant avec les parents des deux amis, à un jour d'intervalle.

Evidemment, elle savait la raison pour laquelle Jisung avait changé d'école en cours d'année, mais elle ne s'était pas attendue à une telle cruauté de la part d'enfants. Les parents de Yoo n'avaient pas porté plainte, ils n'avaient pas même cherché à contacter ceux de Minho. Ce n'était pas comme si rien de cela ne s'était passé, car le cœur de tous sera marqué par les évènements de ce jour ensoleillé aux couleurs ternes. Pour autant, personne n'avait remis l'affaire sur le tapis, la fâcheuse rencontre avait suivi le courant de la rivière pour se déverser dans l'océan des souvenirs lointains.

Le vent estival caressait les cheveux blonds du jeune garçon dont les joues étaient plus rondes que d'ordinaire, de par sa moue. Il semblait contrarié par quelque chose, peut-être même tracassé, en témoigne ses doigts qui trituraient le bas de son tee-shirt. Plus loin, ses autres amis discutaient de choses et d'autres sans un regard pour le blondinet.

« Qu'est-ce qui se passe ?

- Ah, salut Nono ! »

Ledit « Nono » ne souligna même pas le surnom qu'avait utilisé Hyunjin, bien trop préoccupé par l'état de son petit protégé à l'autre bout de la cour.

« Salut, Minho !

- Salut, Chan. Pourquoi il est tout seul ?

- Qui ? Jisung ? Aucune idée. »

Il avait répondu en haussant les épaules, n'en sachant guère plus.

« Il a dit qu'il voulait rester seul, quand je l'ai vu en arrivant.

- C'est vrai, Seungmo ? »

A peine arrivée, Yeji avait écouté attentivement la conversation en entendant le nom de son ami, visiblement de mauvaise humeur en ce dernier jour d'école.

En effet, aujourd'hui, les grandes vacances débutaient le soir même.

Alors, Minho comprit.

« A plus tard !

- Tu vas où ? »

Le concerné ne prit pas le temps de répondre à Changbin qui n'avait pas même pu le saluer. Il n'avait pas tout compris, mais visiblement le brunet oui, c'est ce qu'il en conclût en le voyant avancer à grands pas vers les marches du bâtiment scolaire.

Tous s'échangèrent un regard, de toute façon, ils avaient fini par ne plus se prendre la tête quand il s'agissait des deux inséparables.

« Sungie !

- Ah, Min' ... T'es là. »

Ce n'était pas une question, simplement une constatation comme s'il se parlait à lui-même. Il avait à peine accordé un regard à son ami.

« Qu'est-ce qui va pas ?

- R—rien. Je—je vais bien, oui tout va bien.

- T'y crois vraiment, toi ? 

- Non, ça va !

- Ils sont où les oignons ?

- Hein ? Mais non, c'est pas ça ! »

Pourtant les larmes parlaient d'elles-mêmes, car Jisung ne savait pas mentir, ses émotions débordaient sans lui laisser une chance de les contenir. C'était comme un vase trop rempli, ça coule tout seul, jusqu'à ce qu'on éteigne le robinet. Seulement, lui, il n'avait pas les outils pour le fermer, alors le liquide inonde le sol jusqu'à ce que le tuyau se vide. Et parfois, c'était sacrément long, il en avait un paquet, d'émotions, dans son petit cœur d'enfant.

Mais après tout, était-ce nécessaire, de taire ce qui le rend plus vivant que quiconque ?

De son côté, Minho, lui, il avait les clés pour calmer le torrent de larmes de par la seule présence et la chaleur que dégageait sa poitrine quand il le prenait dans ses bras. Comme un pouvoir magique dont il était l'unique possesseur. C'était doux et rassurant, il était protégé dans la bulle paisible qui se formait autour d'eux naturellement.

Et c'est ce qu'il se passa.

Jisung inspira profondément pour cueillir le parfum de son ami. Ça le rendait à la fois euphorique et puissant, ça le rendait à la fois calme et tremblant, emporté par une énergie qu'il ne saurait décrire.

Qu'est-ce qu'il sent bon, Minho.

Et curieusement, l'autre pensa la même chose.

Qu'est-ce qu'il sent bon, Jisung.

Il paraît que l'on est attiré par l'odeur d'une personne, c'est ainsi que l'attirance se crée de façon si naturelle qu'elle est imperceptible. Les sens en alerte, le cœur se fond et l'esprit s'échappe pour glisser dans un profond plaisir, une satisfaction comme si le cœur était enfin rassasié et ne manquait plus de rien.

Il se sentait bien, là, le petit Jisung. Il voulait leur bulle éternelle, il voulait ce lien qui les unissait pour toujours, sans en trouver de raison. Car l'attraction n'a pas de raison, le corps parle sans réfléchir, et le cœur se lance alors dans une course folle. D'un côté, c'était l'affolement et l'anarchie, mais d'un autre, c'était une sensation doucereuse qui plongeait le jeune garçon dans un bien-être sans égal.

« Qu'est-ce t'as, mon Sungie ? »

Le pronom ne laissa pas le blondinet de marbre et ses joues prirent immédiatement feu. Le cœur en vrac, l'esprit engourdie comme dans un nuage de coton, il perdait pieds et il s'agrippa inconsciemment au vêtement de Minho.

Celui-ci nota sa réaction, il se promit de l'utiliser régulièrement. Il aimait plus que tout, l'authenticité si caractéristique de ce petit bonhomme aux cheveux d'or et de lumière.

Il sourit.

Cependant, il ne tarda pas à reprendre son sérieux.

« Aujourd'hui, c'est aujourd'hui que ... »

C'était amusant la façon dont Minho pouvait lire en lui. L'aisance avec laquelle il comprenait son ami sans avoir besoin d'explication, c'était comme une évidence.

Toujours dans les bras l'un de l'autre, Jisung en profita pour cacher sa gêne sur l'épaule du brunet. Par habitude, il savait que le jeune garçon avait d'ores et déjà comprit. Il redouta un peu sa réaction, s'attendant à voir l'incompréhension marquer les traits de son visage. Son visage si parfait, il se laissa rêver quelques secondes, sans savoir ce que cela signifiait, car en vérité, il n'y avait rien à interpréter.

Toutefois, Minho en avait décidé autrement, il avait besoin de regarder son ami dans les yeux, il le connaissait par cœur. Car la voix du blondinet trahissait une peur démesurée qui ne demandait qu'à être estompée.

Il souffla.

« Mais Sungie, on a pas besoin d'aller à l'école pour se voir ! Les vacances, c'est fait pour s'amuser !

- Ensemble ? »

Les yeux de Jisung tremblaient, désireux d'une réponse positive pour taire ses angoisses.

« Evidemment !

- C'est vrai ? Minho, tu mens pas ?

- Bah, pourquoi je mentirais ?

- Mais—

- Non, j'ai pas mieux à faire ! Sungie, je veux te voir, et tu verras on fera plein de choses trop chouettes tous les deux ! Puis, on fera la fête avec les autres aussi avec plein de gâteaux et même une chasse au trésor ! Mes parents en ont déjà fait une fois, c'était trop cool !

- Une chasse au trésor ? »

Cette fois, l'émerveillement domina l'angoisse et Jisung ne sût se retenir d'imaginer l'aventure incroyable que ça devait être, une chasse au trésor.

« On va vraiment faire ça ? Hein, dis ! On va faire une chasse au trésor tous ensemble ?

- Oui ! Et même qu'on va gagner tous les deux ! »

Minho était fier, car chaque fois qu'il voyait son visage s'illuminer, c'était comme un ciel rempli d'étoiles, c'était beau à voir. Il aimait se reculer loin des lumières artificielles pour admirer à sa juste valeur ces yeux étoilés, et un sourire si pur qu'il pourrait en devenir fou. Il l'était peut-être déjà, fou, finalement. A quel moment était-il tombé pour ce joli blondinet au cœur peint d'innombrables couleurs ? Dès lors que ses yeux s'étaient posés sur sa silhouette ?

Ça n'avait pas d'importance.

Il chérissait plus que tout au monde le temps passé en sa compagnie. Oui, c'était ainsi qu'il se sentait heureux, aux côtés de ce petit bonhomme extraordinaire.

Il devait être magicien, pour le rendre si heureux.












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(en train d'écouter une 
playlist de lana del rey)

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