𝐒𝐜𝐞̀𝐧𝐞 𝟏
𝕾𝖈𝖊̀𝖓𝖊 𝖊𝖙 𝖈𝖍œ𝖚𝖗
« 𝕾𝖚𝖗 𝖑𝖆 𝖕𝖑𝖆𝖈𝖊 𝖈𝖍𝖆𝖈𝖚𝖓 𝖕𝖆𝖘𝖘𝖊 »
♪
L'hiver tombe. Quelques flocons de neige recouvraient peu à peu le paysage pour endormir la nature sous un tapis blanc. Comme pour fermer les yeux, Lee Minho aurait bien aimé hiberner lui aussi. Mais du haut de ses huit ans, il n'avait d'autres choix que suivre sa mère jusqu'à la voiture. Il tremble de froid, les mains dans les poches de sa nouvelle doudoune grise, il fronce les sourcils, elles ont de la chance les marmottes. Le petit garçon avait envie de regarder un dessin animé sous un plaid pendant que sa maman cuisine un bon petit plat. Il aurait aimé décorer de ses petites mains les feuilles cartonnées que ramenait son papa de son travail, les très grandes, celles qui font un mètre de large. Puis, il voudrait ramener tous ses copains, et toutes ses copines pour une soirée pyjama et se coucher tard en mangeant du pop-corn et rire des bêtises des uns et des autres.
Pourtant, en ce jour froid de janvier, il se plaignait une énième fois à sa mère qu'il n'aimait pas l'hiver. Madame Lee s'était retournée en lui offrant un sourire, celui qui ramène le soleil. Elle est belle, sa maman, tout le monde le dit. Mais elle est encore plus belle aux yeux de son petit garçon, quand il était plus jeune, il disait que c'était une fée. Parfois, ses amis se moquent encore de lui, car ils ont tous grandi. Minho lève les yeux au ciel, et parfois il menace son ami Hyunjin de lui faire avaler une boîte entière de mouchoir s'il ne se tait pas. Alors, le plus jeune partait en courant en criant « au secours » comme si Minho allait lui sauter à la gorge.
Toutefois, ce jour-là, il s'en rappellera toute sa vie.
Sa mère s'était garée, il avait protesté une dernière fois alors que la femme ne relevait plus ses remarques. Elle sortit de la voiture pour prendre le sac de son fils et ouvrit la portière pour le lui donner. Lorsque le garçon daigna enfin sortir du véhicule, elle embrassa ses cheveux bruns et lui mit son sac sur le dos avant de le pousser gentiment jusqu'au portail.
« Allez, ouste petit chenapan !
╴ Maman, arrête !
╴ Travaille bien, mon cœur. A ce soir, et n'oublie pas de ramener le livre de la maîtresse pour qu'on le lise ensemble.
╴ Je peux très bien le lire tout seul, non mais. »
Et il lui tira la langue alors que sa mère lui donna un coup sur la tête gentiment.
Elle était douce sa mère, comme une fleur sous un léger rayon de soleil. En fait, peut-être qu'elle était elle-même le soleil.
Si madame Lee était le soleil, alors son mari serait la lune. Et Minho avait hérité de lui ce côté mystérieux et un peu séducteur malgré lui.
Les parents de Minho s'étaient rencontrés au lycée. Ils avaient fait leurs études ensemble et s'étaient mariés. Lorsque le petit garçon a vu le jour, monsieur Lee avait pleuré comme sa femme ne l'avait jamais vu. Il était si heureux d'avoir dans ses bras un être issu de leur amour. Tout était beau, tout était doux. Le père de Minho ne montrait pas beaucoup ses émotions, enfin en dehors de son épouse, parce que madame Lee pouvait lire en lui d'un seul regard. Et c'est ce qui était beau, dans leur relation, ils n'avaient pas besoin de mots pour communiquer.
Le petit brun avait grandi dans un foyer aimant, pour lui, il était naturel de recevoir de l'amour de la part de ses parents. Et plus encore, Minho était peut-être un peu têtu, mais tout le monde l'aimait. C'était un garçon beau, avec ses yeux de chats, et très gentils. Il était droit, derrière ses taquineries, derrière ses râles, derrière ses airs mystérieux, il avait un cœur tendre.
Alors, il n'avait pas compris la détresse de cet autre petit garçon qui attendait sur les marches de l'école. Il était blond, avec quelques reflets roux, des joues rebondies et rosées, il était mignon. C'est la première pensée qu'avait traversé l'esprit du jeune Minho. A cet âge, il ne se posait pas vraiment de questions, il disait simplement ce qu'il pensait. De toute façon, il n'en avait rien à faire de ce que pouvait penser les autres. Il avait ses amis, il avait ses parents, le reste n'avait pas d'importance. Minho avait de l'assurance, c'était assez frappant de par son jeune âge. En fait, il avait toujours eu un certain charisme qui lui valait l'admiration de ses camarades, parfois même des adultes. Il était impressionnant, du haut de ses huit ans, et il n'avait jamais douté de lui-même. Juste qu'il ne prêtait pas attention aux questions existentielles des enfants qui veulent copier les adultes.
Mais oui, effectivement, il n'avait pas compris le cœur brisé du blondinet, assis sur ses marches, les genoux repliés contre sa poitrine. D'abord, il l'avait admiré et puis, ses amis étaient arrivés et il pensait déjà à autre chose. Pourtant, quand la cloche a sonné, il avait jeté un œil aux marches, cependant elles étaient désormais vides. Il fronça les sourcils, si on avait dit de lui qu'il était mystérieux, alors personne n'avait jamais dû croiser ce garçon. Car il était un mystère à lui seul, et jamais personne n'avait attisé sa curiosité de la sorte.
Tous les enfants s'installent à leurs places, et la journée avait commencé. Lorsque l'heure de la récréation avait sonné, Minho avait couru pour rejoindre Hyunjin, son meilleur ami. Ils avaient prévu une partie de foot avec les enfants de sa classe contre les enfants de la classe de Hyunjin.
Minho avait pris un an de plus à l'école à cause de son asthme. Il a été longuement hospitalisé mais il était revenu en plein forme, toutefois le docteur avait bien dit à ses parents qu'il ne devait pas trop en faire. Il avait un protocole en cas de crise mais il avait le droit de faire du sport à court terme. Dix minutes de récréation, c'était bien, mais il n'avait pas le droit de suivre les cours de sport, une heure étant trop longue. Le docteur autorisait le garçonnet de jouer avec ses amis, l'en empêcher serait le priver de vivre, mais attention pas d'excès.
Quand il était invité chez des amis, les parents de ces derniers étaient au courant et faisaient attention que Minho ne court pas trop longtemps. Le petit brun avait bien compris la situation, il l'acceptait étonnement car il voyait les efforts de ses parents et l'exception que faisait le docteur pour qu'il s'amuse. Il était très intelligent, un peu plus que les enfants de son âge, de ce fait il comprenait beaucoup de choses.
Le docteur avait promis que d'ici quelques années, Minho pourrait vivre normalement. Son petit corps devait se renforcer avec le temps.
Hyunjin lui sauta au cou.
« Salut, Minho ! Tu sais pas quoi ? Ben y'a un garçon bizarre qui vient d'arriver dans notre classe. La maîtresse a dit qu'on devait prendre soin de lui, blablabla, qu'il était différent mais que la différence était parfois quelque chose de beau. Et j'te jure qu'il est vraiment bizarre, il se lève tout le temps quand la maîtresse nous interroge en criant « je sais, je sais » il tient pas en place et il est tout le temps dans la lune. On dirait il comprend rien, il était tout le temps à côté de la plaque, je pense qu'il est un peu bête. Il fait rire tout le monde tellement il est bête. »
Minho l'écoutait d'un air distrait parce qu'à vrai dire, ça ne l'intéressait pas plus que ça, les histoires de son ami. Le petit brun avait juste envie de courir, faire une partie de foot et crier en riant. Il s'était tant accroché à la vie pendant son séjour à l'hôpital, sa maman venait souvent pour lui raconter de belles histoires et son papa le faisait tout le temps rire. Parfois, un monsieur venait pour amuser tous les enfants de l'hôpital, et le temps passait plus vite comme ça. Il était fasciné par les tours de magie et voulait à tout prix savoir comment le bénévole faisait. Hyunjin était même venu quelques fois, et d'autres amis aussi, ceux qu'il connaissait depuis la maternelle.
Aujourd'hui, Minho avait besoin de se dépenser et faire sortir toutes ses émotions bloquées à l'intérieur de lui pendant son hospitalisation. Alors, il n'avait qu'une hâte, c'est courir avec les autres enfants pour jouer au foot. Mais Hyunjin était une vraie pipelette et ne semblait pas avoir fini de parler. Seulement, le petit brun l'avait gentiment coupé pour s'intéresser au jeu et Hyunjin n'avait pas fait d'histoires.
La respiration de Minho commençait à être un peu difficile à cause du froid, maintenant il comprenait mieux son corps et savait quand ça n'allait pas. Son professeur l'ayant remarqué s'avança vers lui.
« Tu as du mal à respirer, Minho ?
╴ Oui, un peu.
╴ Je vais chercher ta ventoline, rentre dans le hall te réchauffer. Je pense qu'avec ce froid, tu devrais y aller du mollo, ok ?
╴ Oui, je vais faire attention.
╴ Je reviens. »
Minho rentra dans le hall en portant une main à sa poitrine, sa respiration commençait à être gênante. Il aurait dû le savoir, quand il fait froid, ses crises sont plus fréquentes. Maintenant, il le savait, il n'aura pas le droit de courir cette après-midi, il était triste mais pas fâché, il n'était plus fâché contre sa maladie. Au début, c'était difficile, très difficile. Il avait six ans et il était tombé par terre après un effort, ce jour-là il avait cru mourir. Les professeurs avait appelé les ambulances, il n'était qu'en première année de primaire, c'était au moins de janvier. Un jour de froid, comme celui-ci. Il avait étudié à l'hôpital quand il allait mieux. Tout juste un an plus tard, il est retourné à l'école mais il n'est pas allé à la classe supérieur avec ses autres amis. C'était frustrant, à l'époque, il était tout le temps en colère. Mais ses parents avaient trouvé les mots justes et peu à peu il avait grandi, un peu trop vite pour son âge. Il avait compris la situation et il est finalement allé en deuxième année alors que ses amis étaient en troisième année. Toute cette histoire, c'était il y a exactement deux ans, et il avait repris l'école il y a un an. Le docteur lui avait dit qu'il était devenu un grand garçon, alors Minho était un peu fier.
Cette année, il le voyait tous les mois. Ses parents et ses professeurs devaient noter chaque crise, le moment et la raison, les circonstances. Minho n'était pas très content car les adultes allaient dire au docteur qu'il avait fait une crise.
Minho s'installa sur un banc dans le hall et il fut surpris qu'un petit garçon ait déjà pris une place, au bout. Il reconnut rapidement l'enfant de ce matin, quand il était arrivé. De plus près, il le trouvait encore plus mignon, toutefois, il avait quand-même l'air triste. Tout seul sur son banc, il était minuscule.
« Salut !
╴ Hein ? Ah ! Euh, salut ! »
Minho avait tout de suite comprit qu'il s'agissait du garçon dont lui avait parlé Hyunjin. Dans la lune, à côté de la plaque ? En effet, mais il trouvait ça mignon. Alors, le petit brun avait ri, il n'avait pas pu s'en empêcher. Mais ce n'était pas de la moquerie, il était seulement attendri par le comportement du garçon aux cheveux blond.
Minho lui tendit la main.
« Moi c'est Lee Minho, et toi ?
╴ Moi ? Han Jisung.
╴ C'est un joli nom, Han Jisung. »
Le plus âgé souriait doucement. Toutefois, il sursauta quand le blond sauta sur ses pieds pour se mettre debout face à lui. Il avait les yeux pétillants, un sourire fier.
« Ah bon ? Tu trouves ?
╴ Hm, oui.
╴ C'est ma maman qui l'a choisi ! Mais mon papa aussi il l'aime bien mon nom, hein ! Ah et euh, tu vas pas jouer dehors ? Pourquoi tu restes assis ?
╴ J'ai juste froid. »
Oui, il mentait mais il n'avait pas envie que la deuxième information à son sujet se porte sur son asthme. Il voulait découvrir ce garçon étrange et terriblement mignon. Il fût frappé par la vitesse avec laquelle il parlait, et le fait de passer du coq à l'âne aussi rapidement. Minho pensait qu'il était innocent, il ne savait pas pourquoi, il avait envie de protéger ce petit bout d'homme.
« Ah, moi non plus j'aime pas le froid !
╴ Tu viens d'arriver ?
╴ Oui, on m'a changé d'école parce que les autres enfants se moquaient de moi.
╴ Ah bon ? Comment ça ? »
Sa franchise le prit de court. Il avait incliné la tête pour marquer son étonnement, puis il se rappela de la discussion avec Hyunjin. Il fronça les sourcils, il n'aimait pas ça. Le petit garçon ne le savait pas encore, mais il n'aimait pas l'injustice. Et cette situation était injuste, et ça le contrariait beaucoup.
Alors, il regardait le petit bout d'homme aux cheveux blond avec des reflets roux, il le regardait droit dans les yeux.
« Jisung ?
╴ Oui, Minho ?
╴ Pourquoi les autres enfants se moquent de toi ?
╴ Hein ? Bah euh, je sais pas. »
Il haussa les épaules, nonchalant. Cependant, Minho distingua l'humidité dans ses yeux, ça devait le toucher puis plus qu'il ne le laissait percevoir. A ce moment, le petit brun comprit quelque chose, sa mère lui avait dit un jour.
« Tu sais, des gens font comme s'ils ne savaient pas qu'on se moquait d'eux, ou alors comme si ça ne les touchait pas. Des personnes les croiront stupides, mais les apparences, c'est facile, et ça demande beaucoup de courage de voir ce qu'il y a derrière. Je pense que le plus triste dans tout ça, c'est que dans le fond de leur cœur, ils souffrent. Minho, mon chéri, j'aimerai que tu essaies de comprends ce qu'il se cache au fond de leur cœur, car je sais que tu es très courageux. »
Jisung avait repris, ce qui fit sursauta une nouvelle fois le plus âgé.
« Ah si, je sais ! Parce que je suis stupide ? »
Et là, le cœur de Minho se brisa en morceaux. De son côté, le blondinet continuait de sourire comme si de rien n'était. Face à ça, le petit brun fut transporté par de multiples émotions différentes. De la tristesse, de la colère, l'injustice, et tellement de choses qu'il ne pouvait pas même nommées.
Il serra ses petits poings et inspira profondément avant de lâcher tout l'air de ses poumons. Ses regards d'abord noirs devînt fiévreux, déterminé. Il prit la main de Jisung avec force et douceur et entrelaça leurs doigts.
« Jisung ! Je te promets que personne ne se moquera plus jamais de toi. Enfin, pas devant moi, ça c'est sûr !
╴ Bah, pourquoi ?
╴ Mais parce que ... »
En vérité, il n'avait pas les mots. Alors, il lui dit simplement ce qui lui traversa l'esprit.
« Parce que moi, je te trouve mignon ! »
Ça n'avait pas vraiment de sens, mais Minho était si sincère que ça n'avait pas vraiment d'importance.
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