𝐄𝐧𝐭𝐫𝐚𝐜𝐭𝐞 🌹
𝕷𝖊𝖘 𝖞𝖊𝖚𝖝 𝖉𝖊 𝕮𝖆𝖗𝖒𝖊𝖓
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La pièce était encore en désordre, c'est ce que le blond nota dès son arrivée « il vient donc vraiment d'emménager » comme s'il ne faisait plus confiance à ses dires. Il sonda le jeune homme face à lui, qui le regardait déjà. Ils se toisaient du regard, incertains de ce qui allait découler de cet entrevue, l'échange visuel suffisait pour l'instant, mais les mots allaient devoir prendre le relai. Et ces mots, ils les cherchaient, chacun de leur côté, avec précaution pour ne pas abîmer leur rencontre, cet instant précieux qu'ils avaient amené à deux.
En y réfléchissant bien, le brun comprit le jeu du plus jeune, c'était une demande, comme pour s'assurer de son consentement, et il avait fui pour permettre à Minho de laisser parler son cœur. Le cadet ne savait pas si le jeune homme qui avait partagé une longue période de sa vie aimerait le revoir, et s'il le voulait réellement, alors qu'il le montre. Et il lui avait montré car c'était important pour lui, même s'il n'aurait pas osé faire le premier pas. Après tout, il était celui qui avait choisi de partir et mettre un terme à ce qu'ils partageaient à l'époque.
Ça avait été douloureux pour les deux, même si l'un en avait douté. Mais à présent, que dire, par où commencer ? Des milliers de chemins se proposaient à eux mais ils ne parvenaient à se décider lequel suivre. Toutes ces années séparées, à l'autre bout de la planète, le sentiment d'avoir affaire à un inconnu n'était pas totalement vrai mais il n'était pas totalement faux. Ils avaient juste avancé de leur côté, entamé ce premier pas dans la vie d'adulte, sans leur moitié près d'eux.
Les deux jeunes hommes avaient évolué en empruntant une voie différente, une culture différente, un entourage et une vie d'un tout autre genre. Toutefois, une similitude les liait, cet attrait pour le milieu artistique, au point d'en faire leur métier. Le goût de la scène, l'euphorie à l'entente des applaudissements, la fierté de leur prestation, la jouissance d'offrir une partie d'eux à ces inconnus.
La difficulté de reprendre là où ils s'étaient arrêtés, des cris, des injures, la voix brisée et le cœur en miettes, s'affirmait. Ils s'étaient blessés sans mesurer l'ampleur de leurs mots crus, des mots qu'ils ne savaient s'ils les pensaient ou non. En vérité, ces deux-là n'eurent pas le loisir de réfléchir, le ton sévère, ils s'étaient emportés sans faire la part des choses. Des mots cruels, mais qui résonnaient en eux, d'une façon ou d'une autre, des reproches enfouis depuis un moment. Ils étaient peut-être allés trop loin, seulement l'émotion demeurait réelle, aucun doute là-dessus.
Soudain, Jisung fût distrait par un livre qui trainait sur la table basse. Il avait quitté le regard intense du plus âgé pour s'intéresser à l'ouvrage, le titre attisa sa curiosité alors il se leva pour l'examiner. En dessous, un nom, et pas n'importe lequel, c'était un nom aux consonances douces, un nom qu'il avait chéri, et il n'appartenait à nul autre que le jeune homme en face de lui. Il caressa la couverture du bout des doigts, comme effrayé par le papier décoré de mots et d'une illustration, elle captura son attention, un frisson.
« Tu te souviens de ce que tu m'as dit, à l'aéroport ? » souffla Minho, comme s'il avait peur que le ton de sa voix tâche le moment présent.
Jisung n'était pas sûr, il en avait dit des bêtises, bien qu'il les ait pensées, pour la plupart en tout cas. Il fronça des sourcils, incertain, il ignorait s'il devait émettre une hypothèse ou simplement se taire, en attendant que le plus âgé développe le fond de sa pensée.
« Tu te pensais plus intelligent, tu n'avais peut-être pas tort. Mais ça m'a tant blessé que j'ai voulu te prouver le contraire.
╴Tu as écrit ça ? Pour moi, ou à cause moi ?
╴Les deux, je pense. »
Jisung montra son approbation en hochant du chef, ce qu'il avait été stupide. Car ces mots-là avaient été gratuits et il ne les pensait guère. Son seul but avait été de blesser celui qui heurtait son cœur, au point que ça en avait été insupportable.
« Tu sais quoi ? T'es qu'un gros con ! Tu serais même pas capable de la moitié de ce que je fais ! La seule chose que tu sais faire, c'est cocher des cases* comme tous les cons de ce pays ! T'es doué que pour la danse, mais dans ta cervelle, c'est vide ! »
[* en Corée du Sud, l'examen de fin d'étude en dernière année de lycée, consiste à répondre à un QCM et ce dans toutes les matières, d'où les cases à cocher]
Il se souvînt, la colère de Minho avait grimpé comme jamais ça ne s'était produit. Il en fallait beaucoup pour le mettre en rogne, très sérieusement en tout cas, mais le blond avait dépassé les limites. Le plus âgé s'étaient senti humilié par celui qui faisait battre son cœur depuis si longtemps au point qu'il ignorait quand ça avait commencé. Qu'on le traite d'imbécile, ça ne lui faisait ni chaud ni froid, il aurait même sorti son fameux sourire narquois et aurait passé son chemin. Mais pas Jisung, il ne pouvait pas lui faire ça, car chacun de ses mots avait une importance capitale. Il était le seul capable de le blesser de la sorte, le reste n'avait pas tant d'importance, finalement, à côté de cet être qu'il avait adoré plus que tout au monde.
Ce monologue avait tourné en boucle dans sa tête, il ne l'avait pas quitté un seul instant, alors il avait posé sur le papier le fond de sa pensée. C'est à ce moment-là qu'il avait commencé à lui pardonner, à digérer l'humiliation et la déception, mais le manque ne s'était pas estompé pour autant. Jisung le poursuivait jusqu'à ses songes, le jeune homme remplissait son espoir nuit et jour, sans relâche, sans le ménager ne serait-ce qu'un instant. Pourtant, son cellulaire n'affichait plus son nom, il avait attendu, mais par fierté, il ne s'était pas autorisé à demander pardon le premier. De toute façon, rien n'assurait que le blond lui offre une réponse, ça ne ferait qu'enfoncer sa médiocrité, déjà qu'il se sentait plus bas que terre. Il ne voulait nourrir aucun espoir, c'était mieux ainsi.
Finalement, Jisung se positionna face au brun.
« Minho ?
╴Mh, dis-moi.
╴Je suis désolé, pour tout.
╴On était juste deux ados idiots.
╴Avec une fierté mal placée. » ajouta le plus jeune, en riant nerveusement car ce n'était pas facile à assumer.
Le propriétaire des lieux souffla, amusé. Il poursuivit la conversation, l'air un peu plus maussade.
« Et leur cœur brisé.
╴Déçu.
╴Egoïste, un peu.
╴Vulnérable, beaucoup.
╴On était cons.
╴Tu crois qu'on l'est toujours ?
╴On peut toujours essayer.
╴Rien ne sera plus comme avant.
╴Je te le fais pas dire. » approuva Minho, un goût amer dans la gorge et la poitrine qui se serre à en faire atrocement mal.
Toutefois, Jisung voulait nourrir ce maigre espoir. C'est vrai, ils ne pourront faire comme si de rien était, comme la première fois, car les circonstances étaient différentes. Seulement, il ne se voyait pas laisser Minho faire sa vie de son côté.
« C'est toi qui fuit, mais c'est toi qui veut renouer contact ? T'es drôle, Jisung ... Jisung ou Sungie, si tu veux bien me le permettre. »
Le cœur du susnommé rata un bon, ça ne sonnait pas comme tout à l'heure. A présent, ils se montraient calmes, à l'écoute, et ça changeait la donne, il en aurait presque rougi.
« Min' ?
╴Mh, oui ?
╴Tu vas faire quoi, ici ?
╴Je vais ouvrir un studio de danse.
╴Tu veux être prof ? » s'étonna Jisung.
Minho secoua doucement la tête de gauche à droite en pinçant ses lèvres entre elles. Ça aussi, ça lui avait manqué, au blond, ce drôle de sourire.
« Aujourd'hui, je suis chorégraphe. J'aimerai accueillir des artistes, leur monter une chorégraphie.
╴Genre, des idoles ?
╴Non, des artistes indépendants.
╴Des artistes qui veulent sortir de l'ombre ... Et se faire un nom, en dehors de l'industrie musicale actuelle ...
╴T'as tout compris.
╴C'est que je te connais un peu.
╴Un tout petit peu. » plaisanta Minho, joueur.
Le blond reporta son attention sur le livre, abandonné sur la table basse. Il secoua sa tête en sa direction, pour désigner l'objet de son questionnement.
« Et ça, tu vas en faire quoi ? »
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