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⁴/₆ - 𝙻𝙴 𝙼𝙰𝚁𝙲𝙷𝙰𝙽𝙳𝙰𝙶𝙴

Définitions

Mots imposés -

Abscons : difficile à comprendre
Panacée : remède prétendu universel
_____

Termes complexes -

*Déréliction : Etat d'une personne qui se sent abandonnée et privée de
tout secours.
*Asthénique : Personne dans un état de fatigue générale, dépression et
faiblesse.

Etape du deuil :
Le marchandage - Dans le cas d'un décès (cette étape
se caractérise différemment dans le cas d'une rupture amoureuse), la
personne endeuillée cherche par tous les moyens de se convaincre
qu'iel est toujours en contact avec le proche décédé. Ça peut être par
l'accumulation d'objets, la conviction de communiquer avec son esprit,
ou par le fait de se tourner subitement vers la religion.

____

Ses yeux s'ouvrirent difficilement, lourds à lui arracher le front, agressés par le faisceau de lumière qui perçait le petit jour entre les volets clos. Son corps immobile, cloué dans le matelas, refusait encore de lui répondre. L'épuisement le terrassait.
Moins de vingt quatre heures après la mise en bière d'Hanta, il se sentait comme un homme à la dérive entre deux planètes vierges, aspiré de force par un champ gravitationnel inconnu, définitivement perdu dans le vide. 
Avant qu'il n'ait pu récupérer le moindre souffle d'énergie, la douleur se ravivait déjà. Ses paupières brulaient, suppliant de se refermer, mais son cerveau, lui, refusait de coopérer.
Ses pensées se centraient, irrémédiablement, sur la souffrance qui dévorait son âme, et toutes les images, la peine, les pleurs, l'horreur, revenaient comme une horde d'assaillants.

Il pleura.

Il ne faisait que pleurer. Il lui semblait même que ses yeux ne lui servaient plus qu'à ça.
Le monde avait perdu ses couleurs, ses formes, il se dessinait seulement en masses intangibles, trop lointaines pour les atteindre, trop étrangères pour les comprendre, trop creuses pour se donner la peine d'essayer, finalement.
Il faisait si froid dans cette chambre, vide et fade, privée de la présence d'Hanta pour l'illuminer et la réchauffer, démunie de tout son intérêt vital qui faisait de cette pièce un lieu d'amour.
Désormais, c'était une cave triste et effrayante, dont il ne pouvait malgré tout pas sortir.
Alors Izuku se raccrochait, du plus fort qu'il le pouvait, aux moindres artefact de souvenir qui agonisait ici, il s'entourait de petits riens pour en faire un grand tout, une ombre sauvage à laquelle s'agripper.

L'odeur de son fiancé y résidait, alors il en faisait des montagnes et des cercles autour de lui, comme un autel sacré qu'il construisait pour survivre à la réalité.
Sur le lit, les vêtements d'Hanta jonchaient les draps, empilés comme des reliques, surmontés de quelques uns de ses bijoux favoris, des élastiques qu'il mettait dans ses cheveux, un flacon de parfum, une liste de courses écrite de sa main, une paire d'écouteurs qui lui appartenait.
Tout ce qui pouvait lui donner cette impression, fausse et macabre, qu'il trainait encore dans les parages, qu'il n'avait pas totalement disparu. Il avait besoin de le sentir près de lui, par n'importe quel moyen.
Même si ça revenait à perdre la tête.

Il se sentait à la fois rassuré et prisonnier dans ce mémorial de fortune qu'il ne parvenait pas à quitter, tout en étant conscient qu'il s'y étouffait.

Il tenta de bouger un peu, forçant son corps à activer ses muscles, mais la fatigue le terrassait, et la détresse qui fuyait par tous les pores de sa peau ne fit qu'accentuer les pleurs de misère qui brouillaient sa vue. 
Il s'entendit trembler de douleur, sa voix lui échappa en plaintes, puis en une salve d'appels au secours, se sentant happé par les ténèbres émotionnels qui s'agrippaient à son corps.    
Il eut peur de sombrer complètement, de disparaitre dans les ombres du monstre qui tentait de l'enlacer, il crut même un instant qu'il perdrait bientôt connaissance. 

La porte de sa chambre s'ouvrit avant qu'il ne puisse basculer de l'autre côté de sa conscience. 

Sans parler ni faire craquer les gonds, Katsuki fit entrer, en même que lui, un peu d'éclairage provenant du couloir, avant de s'avancer lentement dans sa chapelle improvisée. 
Lui-même encore en vêtements de nuit, à moitié ensommeillé dans un jogging desserré, il ne prononça rien du tout en venant prendre place à côté de lui sur le bord du lit, témoignant silencieusement de sa présence dépourvue de jugement alors qu'il le prenait dans ses bras. 
L'eau qui jaillissait hors des paupières épuisées d'Izuku vint ainsi s'entasser sur l'épaule de Katsuki, qui acceptait calmement de recevoir toute cette souffrance pour soulager son porteur du mieux qu'il pouvait. 
Finalement, entre deux canonnades de pleurs, Izuku n'avait dormi que deux minuscules heures. 

Et toute sa journée se résuma à quelques moments de répits somnolents, entrecoupés de nouvelles crises, tandis que son ami d'enfance demeurait à ses côtés, massant parfois son dos, d'autres fois ses épaules. 
De temps en temps aussi, il lui parlait. 

_ Tu veux manger quelque chose ? lui proposa t-il aux alentours de midi. 

_ Je crois que je n'ai pas faim. 

_ Tu crois ? 

Il ne savait plus ce que lui disait son corps, il ne parvenait plus à comprendre les signaux et les sensations. Tout se changeait en murmures inaudibles, lointains et déformés au contact du vide gargantuesque qui rôdait dans sa poitrine.  

_ Tu as des nouvelles de ta mère ? relança Katsuki une petite heure plus tard.

_ Elle m'a envoyé un message. Elle va venir tout à l'heure. 

Après ces quelques mots, Izuku s'enfonça dans un très léger sommeil, qui dura tout au plus une trentaine de minutes. 
Et puis le cycle se répétait. 
Pleurs, vide, sommeil, douleur, vide, sommeil ... 
Il se répéta ainsi jusqu'au lendemain matin. 

Perdu dans ce cauchemar sans point de fuite, il lui semblait qu'il ne sortirait jamais de cet état de déréliction, condamné à errer ainsi, asthénique et démuni, entre deux océans de vacuité. 
A quoi pourrait rimer le reste de son existence, maintenant qu'Hanta n'en faisait plus partie ? 

Trouverait-il encore, dans cette vie creuse, le goût du soleil sur sa peau ? 
Le parfum d'une étreinte contre son corps ? 
Le chant délicat d'un cocktail en terrasse ? 
Et si, désormais, il ne lui restait plus que l'ombre et la noirceur ? 
Qu'advient-il d'une âme quand elle s'échappe dans les ténèbres ? 

Alors, pour tenter de fuir à ses questionnements sans réponses, tandis que le jour se levait pour la deuxième fois après les funérailles, il s'enterra dans les reliques du passé de son amour inconditionnel. 
Tout comme la veille, il demeurait piégé dans le cadre de son lit, et exactement comme le matin précédent, ses paupières se battaient pour un peu de repos que son cerveau leur refusait. 
Quand les larmes se déversèrent à nouveau, il les enferma dans sa bouche solidement fermée, il serra les dents, plongea son visage dans son oreiller, et s'accrocha à ce qui n'existait plus. 
Dans ses bras, coincés dans ses mains, tout contre sa poitrine, il tenait ses souvenirs à portée de son cœur. Les écouteurs, les vêtements, tout ce qui témoignait de la vie d'Hanta, pour se persuader, en fermant les yeux, qu'il n'avait pas disparu. 

Il se mentait. 

Puis, comme on jette une ancre au milieu des abysses, la porte s'ouvrit, encore. 
Par son arrivée, Katsuki l'arracha à son monde imaginaire, obligeant son esprit à reprendre conscience de la réalité. Ce fut si douloureux qu'il le détesta durant les quelques secondes suivantes. 
Il lui en voulait d'être venu lui rappeler la vérité. 

_ Deku. appela doucement Katsuki. Je sais que tu es réveillé. 

Sa seule réponse fut de se recroqueviller davantage dans ses couvertures, étouffant plus durement ses larmes dans le tissu de l'oreiller pour se soustraire à l'intervention de son ami. 

_ Izuku, lève toi. ordonna Katsuki, la voix douce mais le ton ferme.

_ Pourquoi faire ? murmura t-il dans un chuchotement à peine audible. 

_ Pour te lever Izuku. Tu ne dois pas rester enfermé là-dedans. Alors on va déjà commencer par ouvrir la fenêtre parce que ça sent le fennec, et ensuite tu vas aller prendre une douche. Tu ne peux pas t'enterrer sous ta couette pour l'éternité.

Ses mots lui paraissaient monstrueusement abscons, ils le frôlaient sans vraiment l'atteindre, se heurtant à la bulle de solitude invisible qui se formait irrémédiablement autour de lui. Alors, comme s'il n'avait rien dit du tout, Izuku resta muet et statique, la moitié du visage enfoncée dans un oreiller, l'autre moitié cachée sous ses cheveux décoiffés.
Qu'y avait-il à voir, en dehors la chambre ? 
Rien du tout, selon les crissements dans sa poitrine.

_ D'accord. Je vois. soupira Katsuki en hochant la tête.

Puis, faisant mine de capituler, il tourna les talons.
Mais Katsuki n'abandonnait jamais, Izuku savait qu'il n'était pas du genre à le faire.
Du reste, il se dirigea immédiatement vers la fenêtre, qu'il ouvrit en grand d'un geste brut et large, avant de s'attaquer aux volets, et le soleil s'engouffra, éclatant comme une grenade jetée par surprise.
Traumatisé par la lumière soudaine, Izuku braqua de nouveau son nez dans son coussin, le corps toujours recouvert de ses draps et des vêtements empilés dessus.

Il semblait que, après l'avoir autorisé à se vider de toute son eau la première journée, Katsuki venait de décider de changer d'étape, et qu'il ne lui laisserait désormais plus le droit de s'auto séquestrer. Il le confirma juste après par ses déclarations. 

_ Ne compte pas sur moi pour te laisser couler Deku. argumenta t-il, cette fois en haussant la voix.

_ Katchan, s'il te-

_ Je sais que tu souffres et que t'as l'impression que je te demande la lune. Mais je peux pas te laisser comme ça, il faut que tu sortes de ton lit pour avancer. Tu crois que tu vas aller où si tu restes couché là ? Je t'ai dit que j'allais t'aider, et je vais le faire. Et c'est certainement pas en te laissant dans ton trou que je vais le faire.

Puis, en rejoignant à nouveau le lit, il souleva la couverture sans préavis, envoyant valser les draps et tout ce qui s'y trouvait dans un coin du matelas.

_ Lève toi !

_ Et si je n'y arrive pas .. ? 

_ Alors je vais rester là et te le répéter jusqu'à ce que tu y arrives. 

Il a fallu près de vingt minutes à Izuku pour parvenir à s'asseoir sur le bord de son matelas. 

Son corps, tellement lourd, lui faisait atrocement mal. Encore plus mal que s'il venait de se jeter du haut d'un immeuble. Ses pupilles craignaient cette lumière vive qui envahissait la pièce, sa peau se froissait au contact du vent léger qui passait par la fenêtre ouverte, son visage se déformait au rythme de ses mouvements forcés. 
Sur son front, ses cheveux dépeignés tombaient comme des griffes qui attaquaient ses tempes, la moindre sensation s'apparentait à une agression, il se savait tellement faible, tellement impuissant. 

Katsuki lui tendit sa main pour l'aider à se redresser véritablement sur ses jambes. 

_ J'ai peur de ne pas réussir. avoua t-il entre deux sanglots, tandis que son ami l'attirait vers lui. 

_ Réussir quoi ? 

_ A retrouver une vie, à me reconstruire. 

Debout sur ses genoux frêles et tremblants, il ne put que se laisser encore basculer dans l'étreinte de son ami d'enfance, qui accueillit son corps entre ses bras pour lui assurer son indéfectible soutien. 

_ Tu n'en es pas là, Izuku. Je sais que tu aimerais que ce soit déjà fini, cette douleur. Mais avant d'essayer de penser à un avenir que tu n'arrives pas à imaginer, tu dois d'abord commencer par accepter le présent. 

_ Et si ça non plus j'y arrive pas ? 

_ Je te laisse pas tout seul, et si ça marche pas du premier coup, alors on recommencera. On recommencera autant de fois qu'il le faudra, jusqu'à ce que tu y arrives. 

_ J'ai peur. 

_ Je sais.

Puis, pour ne pas le laisser s'enfoncer davantage dans les sables mouvants de sa peine, Katsuki l'accompagna hors de sa chambre, qu'il quitta malgré tout avec la boule au ventre. 
S'éloigner de son autel de déni lui arrachait la poitrine, comme s'il prenait le risque de ne pas le retrouver à son retour, comme si Hanta pouvait disparaitre une seconde fois, comme s'il l'abandonnait dans les limbes sans se retourner .. 

Ce matin-là, Katsuki fit couler un bain pour Izuku. 

Ce matin-là fut le premier d'une longue liste, qu'Izuku arrêta progressivement de compter. 

Dès lors, Katsuki venait le chercher dans son temple chaque jour au levé du soleil pour lui rappeler de sortir de son lit, pour soutenir sa douleur et guider ses pas, une heure après l'autre. 
Jamais plus. C'est ainsi que son ami lui apprenait à ne pas tenter de déchiffrer des peines qui n'existaient pas encore. 
Aucun moment ne se révélait plus facile qu'un autre, plus léger ou moins pénible, et ses souvenirs flottaient irrémédiablement autour de lui, à l'image des indissociables anneaux de Saturne. 
Mais il s'accrochait aux mains de Katchan, il le suivait sur la terrible route de la guérison, il lui faisait confiance pour le mener jusqu'à sa destination sans jamais le laisser s'entraver. 

Pourtant, Katsuki ne lui promettait aucune quelconque panacée, il ne lui cachait jamais que des jours et des semaines difficiles restaient à venir, il ne lui faisait pas croire au miracle en guise d'encouragement. 
Au lieu de ça, il s'acharnait à lui tenir la main autant dans ses réussites que dans ses échecs, il lui garantissait son soutien à chaque chute, à chaque obstacle, et il ne lui reprochait jamais ses écarts de faiblesse. 
Parfois, il le voyait faire quelques pas en arrière, retomber dans ses mirages ou refuser de s'alimenter pendant quelques jours, mais il ne se fâchait pas pour autant. 
Ils reprenaient simplement du début, sans montrer de signe de lassitude ou d'agacement, et quand Izuku en avait besoin, il le laissait aussi pleurer sur son épaule durant plusieurs dizaines de minutes. 

De plus en plus ouvertement, Katsuki s'installa dans sa maison, et sa présence devenait progressivement évidente dans les lieux. 
Il accrocha ses notes sur le frigo de la cuisine, étendait ses vêtements sur le fil à linge du jardin, étala quelques affaires autour du lavabo de la salle de bain. 
Finalement, la chambre d'ami devint la chambre de Katsuki. 

Il donnait à Izuku de nouvelles routines, des habitudes auxquelles se rattacher pour appréhender plus sereinement les changements dans son existence. 
Le midi, ils préparaient le repas ensemble, qu'ils mangeaient ensuite avec la télé allumée pour suivre les épisodes d'une série ou une autre. 
Durant le premier mois, ils ont englouti plus d'une dizaines de ces séries, passant parfois des demi-journées entières sur le canapé pour ne rien louper des aventures irréalistes des personnages. 

Petit à petit, au fil des semaines qui avançaient, Izuku accepta quelques sorties hors des murs de sa maison. Pas grand chose, un aller-retour au magasin, une visite à sa mère qu'il voyait tous les deux jours, un passage rapide au centre commercial pour racheter trois ou quatre vêtements. 
Tout un tas de subtils riens, semés les uns près des autres jour après jour, et qui créaient finalement un terrain de plus en plus propice à un futur nouveau départ. 
C'est durant cette période qu'Izuku prit conscience de toute l'importance de la présence de Katsuki, de la chance qu'il représentait dans son enfer, et de l'impact de son infini soutien sur sa vie. 

Il savait désormais que, sans lui, il ne serait peut-être jamais parvenu à franchir les étapes de son deuil, otage de sa propre douleur, séquestré par son corps et sa peine, enchainé à des chimères jusqu'à ce que la folie le consume. 
Sa colocation improvisée avec lui devint une évidence à ses yeux, un fait immuable qui par ailleurs ne surprenait plus personne autour de lui. 
Il se voyait guérir à ses côtés, accepter le présent sans imaginer l'avenir et panser ses plaies qui,  à défaut de se refermer, saignaient de moins en moins à chaque nouveau levé du soleil. 

Quatre mois après la disparition d'Hanta, il restait encore beaucoup de chemin à parcourir pour atteindre la rémission, mais l'espoir renaissait de ses cendres. 
Il apprenait doucement à conjuguer ses souvenirs avec son quotidien, et même si son amour perdu ne cessait jamais de lui manquer, il habillait sa peine d'éclats de gratitude. 


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