𐔌 ㅤ 🌹ㅤㅤ ࣪ 𓈒

Sans que je ne puisse l'expliquer, mon cœur s'était mis à faire un véritable concert dans ma cage thoracique, tant il battait fort. Je contemplais Heeseung, sans savoir quoi faire. Je m'étais d'ailleurs fait la réflexion qu'il était loin d'être bien sobre. Puis la simple pensée de me dire qu'il était peut-être venu ici en voiture me perturbait. Je ne pouvais pas le laisser repartir dans cet état.

Ce dernier se tenait toujours dans l'entrée, me regardant avec un rictus sur les lèvres, comme s'il attendait que je réagisse. Un soupir quitta alors mes lèvres.

❝ — Tu peux rester si tu veux...

Oui, j'avais cédé, et ce n'était peut-être pas une bonne chose. Nous nous sommes donc tous les deux dirigés vers mon salon, nous asseyant sur le canapé.

À vrai dire, j'étais plutôt perdue, voire nerveuse, ne sachant pas du tout quoi faire. Heeseung, quant à lui, continuait de me fixer sans rien dire non plus. Mais ce silence commençait réellement à peser. C'est pour cela qu'après un moment d'hésitation, j'avais pris la parole.

— Bon.. je te propose qu'on regarde un film. ❞

Je ne m'attendais pas vraiment à une réponse de sa part, mais le jeune homme se contenta juste de hocher la tête, comme pour dire qu'il approuvait. Il s'était mis à fixer le vide, son âme semblait presque avoir été aspirée. Je n'y étais pas vraiment habituée : j'ai toujours connu un Heeseung plein de répartie et qui n'a pas sa langue dans sa poche. Peut-être qu'il était simplement fatigué.

J'avais alors récupéré la télécommande pour ensuite allumer la télévision. Au vu de l'état dans lequel était mon collègue, il était évident pour moi de choisir toute seule le film que nous allions regarder.

Finalement, j'ai lancé un film romantique, presque au hasard puisque je ne savais pas prendre de décision. Mais en voyant que le noiraud n'était pas vraiment à l'écoute, je me devais de faire quelque chose pour lui. Me levant, j'allai à la cuisine pour récupérer un verre d'eau, lui tendant ensuite.

❝ — Tiens, tu peux boire un peu, ça va te désaouler.

Avais-je déclaré avant de me rasseoir sur le canapé, à côté de lui.

Celui-ci me regarda avec un sourire en coin, tandis qu'il hochait la tête.

— Merci. ❞

Il avait bu le verre d'eau sans protester, et cela m'avait d'ailleurs un peu surprise. Puis nous nous sommes tous les deux reconcentrés sur le film, un silence s'installant à nouveau dans la pièce, maintenant comblé par le bruit de la télévision.

Rien de notable pour les minutes qui suivirent. Le film m'avait permis de me changer un peu les idées et de penser à autre chose. Jusqu'au moment où j'avais ressenti une pression sur ma cuisse. En baissant lentement les yeux, un hoquet de surprise s'échappa de mes lèvres en y voyant la main de mon collègue. C'était tellement inattendu pour moi.

Mon regard remonta alors sur le visage d'Heeseung, tandis que j'étais toujours aussi confuse. Cette étincelle dans ses yeux s'était remise à briller. Et bizarrement, elle avait eu le don de réchauffer mon cœur, sans que je ne puisse le contrôler. Quel était cet effet si étrange qu'il avait sur moi ? Mon corps y répondait avec des signes anormaux.

Le noiraud semblait vraiment amusé. Est-ce qu'il savait ce qu'il faisait ? Mes joues avaient commencé à chauffer. Un peu plus et je ressemblerais à une vraie cerise.

Un frisson parcourut mon corps, mais pas le même genre de frisson que quand nous nous étions embêtés mutuellement lors de la réunion, alors qu'il avait fait exactement le même geste.

Alors, à présent, mon attention s'était complètement détachée du film que nous regardions. Heeseung s'était tout à coup collé à moi, sans me demander mon accord, évidemment. Tandis que je détournais le regard pour ne pas le regarder, un ricanement quitta ses lèvres.

❝ — Alors, Cherry ?

Je levai un sourcil, décidant d'enfin tourner la tête vers lui.

— Oui ? ❞

Un rictus malicieux restait plaqué sur ses lèvres. C'est ce sourire que je trouvais absolument insupportable quand j'avais commencé à le côtoyer. Mais là, ce sourire me faisait une tout autre sensation.

❝ — On se dégonfle ?

Me lança-t-il, comme s'il était fier de la manière dont il agissait.

— Lee Heeseung, je te maudis. ❞

J'avais prononcé cette phrase tout en me mettant en boule sur le canapé, ma tête maintenant enfouie dans l'un des coussins que j'avais à ma portée. Il n'y avait pas que lui que je maudissais. Je me maudissais aussi pour réagir de la sorte.

❝ — I don't think so...

Sa voix semblait étonnamment grave. Mais depuis quand est-ce qu'il parle anglais ? Avec un très bel accent en plus de cela...

Cependant, j'étais presque sûre que c'était uniquement de la provocation, c'est pour cela que je n'avais pas répondu et étais restée dans la même position qu'auparavant.

Soudainement, le son de la télévision s'arrêta. Le film était terminé ? Je ne pense pas, ça s'est coupé si brusquement. Je relevai curieusement la tête de mon coussin pour regarder autour de moi, puis j'aperçus Heeseung avec la télécommande à la main.

— Eh ! Qui t'a dit d'arrêter la télé ? ❞

Lui lançais-je alors.

Ce dernier se mit à rire, comme s'il se moquait de moi, ouvertement.

❝ — Tu penses vraiment que tu faisais attention au film ?

Là, je dois avouer qu'il n'avait pas tort. Mais de toute façon, j'étais trop fatiguée pour débattre.

— Ouais bon, d'accord... ❞

Un soupir s'échappa de mes lèvres tandis que je m'étais mise à regarder l'horloge murale du salon. Un silence s'installa à nouveau, avant que le noiraud ne le brise, comme d'habitude.

❝ — Cherry, ne me mens pas.

Lâche-t-il d'une voix assez basse.

Il avait laissé sa phrase en l'air, sans la finir, comme pour y ajouter un effet de suspense. Pour être honnête, je détestais cela. Peu après, mon collègue reprit la parole.

— Tu me trouvais réellement attirant ? ❞

Le ton qu'il employait m'était presque inconnu. Du moins, je ne l'avais jamais entendu parler de la sorte.

Pour une fois, on n'entendait pas de l'amusement ou de la malice dans sa voix. Sa voix avait l'air sincère, comme s'il me posait sérieusement la question.

Mais il était trop tard pour moi pour mentir.

❝ — Oui. Tu veux savoir la vérité ? T'as tout. Que ce soit le charme, la prestance, l'attirance, mais ta personnalité ruine toujours tout parce que tu te fais passer pour un connard auprès de tout le monde.

Rétorquais-je d'une seule traite.

Suite à cela, étant trop fatiguée, je me suis levée du canapé pour me diriger vers ma chambre, voulant aller me coucher. Mais avant de partir définitivement, j'ai quand même pris le temps de me retourner vers le jeune homme.

— Bonne nuit, Lee Heeseung. ❞

Cette soirée pouvait maintenant remporter le titre de "la soirée la plus bizarre de ma vie". Et étrangement, je n'allais pas m'en plaire.

Oui, cette soirée était bizarre, mais pas dans le mauvais sens.