𝗖𝗛𝗔𝗣𝗜𝗧𝗥𝗘 𝗧𝗥𝗢𝗜𝗦
𝖫𝖨𝖳𝖳𝖫𝖤 𝖳𝖠𝖫𝖪𝖲

Minho avait roulé un petit moment, avant qu'ils ne se décident sur une destination. À cette heure-ci, il n'y avait plus très grand monde dehors alors ils s'étaient réfugiés dans un des quelques parcs de la ville malgré la basse température. Ils étaient assis sur un banc, côté à côté, poursuivant la discussion qu'ils avaient avant qu'on ne les interrompt.

Tous les deux éclairés par les lampadaires allumés, ce fût la première fois que Jisung vit le visage de Minho aussi clairement. Son nez droit rougis par le froid, ses lèvres gercées et pourtant si bien ourlées, son regard limpide tout sauf oblique. Si Jisung devait être totalement honnête, Minho était plus beau que toutes les filles présentes à la soirée. Ses traits irréels ne faisaient pas toute sa beauté ; il dégageait quelque chose. Une aura sereine, reposée et attentive. Jisung ignorait d'où ça sortait, une telle présence, mais ça lui faisait du bien. Il avait justement besoin de calme, c'était la seule chose qu'il demandait.

Et puis sa voix. Minho était celui à avoir complimenté la voix de Jisung, alors que c'est lui qui possédait la plus transcendante. Pas péjorativement, elle avait quelque chose qui émouvait Jisung d'une façon ou d'une autre sans raison. Minho s'était fait un peu plus bavard qu'avant et le plus jeune ne s'en était plaint, l'écoutant attentivement à son tour. Jisung avait remarqué que Minho ne parlait pas beaucoup de lui, surtout de sa situation. Il savait que sa saison préféré c'était le printemps et que sa couleur préféré était le violet pourtant il ignorait s'il étudiait ou non, s'il vivait encore chez sa famille ou non. Ça ne l'avait pas dérangé, parce que Jisung ce n'était qu'un étranger.

Au bout d'un moment, pendant lequel Jisung avait relevé la tête vers le ciel de la nuit noire, et pendant lequel uniquement de quelques mots futiles fusèrent dans l'air, le cadet sentit quelque chose se poser sur le bout de son nez. Il cligna des yeux de force par la surprise, et tandis qu'il venait de se rendre compte qu'il s'agissait d'une goutte de pluie, une autre d'entre elle tomba sur ses jambes nues.

« Il pleut ?, annonça Minho, incertain. »

Comme si c'était pour accompagner ses paroles, la pluie se mit à frapper bien plus fort, et les deux garçons n'avaient même pas vu ça arriver. Assis sur un banc, il ne semblait n'y avoir nulle part où se réfugier aux alentours pour fuir le mauvais temps. Minho se leva bien vite lorsqu'il se rendit compte que la pluie ne faisait que s'empirer, et qu'ils finiraient sûrement trempés dans peu de temps. Il offrit un regard à Jisung, il aurait bien aimé lui offrir sa main également mais il n'osa pas.

« Je crois qu'on devrait mieux de retourner dans la voiture, il proposa. »

Jisung évidemment accepta alors qu'il essayait inutilement de couvrir son visage à l'aide de sa main. Ils ne comprenaient pas vraiment pourquoi maintenant, de tous les moments, il s'était mis à pleuvoir aussi fortement alors que les nuages dans le ciel n'avaient pas l'air si menaçant. Mais s'ils devaient être honnête, c'était plus amusant qu'il ne voulait l'admettre. À courir dans le seul parc encore ouvert de la ville malgré l'heure, après avoir échappé à la fête de l'horreur. De toute façon la compagnie de Minho était sept fois mieux que d'être entouré de ses pseudo-amis. Ils ne comprenaient pas exactement pourquoi ils couraient, qu'ils le fassent ou non ils finiraient trempés dans tous les cas. Jisung sentait déjà le haut qu'il avait enfilé lui coller la peau et Minho lui sentait un peu plus ses chaussettes qui s'imbibaient d'eau lorsqu'il sautait dans les flaques qui se formaient progressivement.

C'était bien quand même. Il faisait froid, c'était collant, ils auraient été au sec s'ils étaient restés à la fête, mais c'était simplement bien. Bien mieux que tout ce qu'ils avaient l'habitude de faire.

Ils s'étaient engouffrés dans la voiture dès que le plus âgé eut débloqué portes de celle-ci, humidifiant au passage leur siège respectif. Une fois les portes bien claquées, et le silence retombé, ils se mirent à rire. Simultanément, comme d' un commun accord, et ça fit du bien. Autant à Jisung, qui découvrait ce que c'était de s'amuser, qu'à Minho qui croyait l'avoir oublié depuis longtemps. Pourtant la situation n'avait rien de bien hilarant, il ressentait juste le besoin de se laisser aller après que la pression soit redescendue.

Lorsque que tout deux furent calmé, Minho en profita pour se pencher vers les sièges arrière et fouilla dans le sac qui traînait par là. Il refit face à Jisung avec une simple serviette blanche, qu'il lui tendit avec attention.

« Tiens. Tes cheveux gouttent. »

Et Minho là ne mentait aucunement, les cheveux auparavant bien lisse de Jisung n'étaient plus qu'un souvenir. Les mèches maintenant trempées tombaient devant ses yeux, donnant l'impression que ses cheveux étaient bien plus longs qu'ils l'étaient réellement. Il attrapa la serviette dans un remerciement, et s'attela à la tâche d'essuyer ses cheveux trempés.

« Tu dois être bien prévoyant, pour avoir ce genre de chose dans ta voiture, remarqua Jisung calmement alors que sa vision était couverte par la serviette.

— C'était juste dans mon sac de sport. »

Jisung s'arrêta le mouvement de ses mains qui se trouvaient toujours contre son crâne, et regarda son aîné curieusement.

« Tu fais du sport ?

— Hm, il baissa la tête vers le volant l'air coupable, On peut dire ça. »

Il n'osa poser aucune question de plus, ayant peur de toucher à une corde sensible. À la place, il se contenta de terminer ce qu'il faisait avant de donner la serviette à Minho pour qu'il fasse de même.

« Moi je..., commença Jisung. »

Minho émit un léger son qui était en réalité une incitation à continuer ce qu'il allait dire. Étrangement, Minho savait que s'il ne le faisait pas, Jisung n'oserait peut-être pas poursuivre sa phrase.

« Je fais de la poterie, beaucoup, il regarda ses mains.

— De la poterie ?, le brun s'exclama ne s'attendant clairement pas à ça.

— Oui. Je crois que c'est quelque chose que j'aime vraiment. En fait, c'est la seule chose dont je suis sûr. J'aime la poterie, pour de vrai. »

Alors que Jisung parlait, Minho souriait. Et mis à part ces petites paroles dites avec si peu de confiance, le son de la pluie contre le pare-brise de la voiture résonnait. C'était faible, un bruit de fond, et ça accompagnait parfaitement la voix mélodieuse du plus jeune.

« Ah oui ? Et pourquoi tu aimes ça ? »

Il hésita.

« Je sais pas vraiment. J'aime bien la sensation de l'argile sur mes mains je pense ? Et j'adore avoir la liberté de créer ce que je veux. C'est la seule chose que je peux choisir et contrôler. »

Jisung se surprit lui-même, quelque part. Il ne s'était jamais vraiment demandé pourquoi il faisait autant de poterie, ou pourquoi il n'avait même pas besoin de se forcer à le faire. Alors que la réponse était la plus logique, il aimait ça, tout simplement. Il était curieux désormais, pourrait-il un jour découvrir toutes les choses qu'il aimait, pour de vrai ? En aurait-il l'occasion ?

« J'espère que j'aurais un jour l'occasion de voir le genre de chose que tu créer, Jisung. »

C'était tellement honnête, que Jisung s'en sentit frissonner. Et il espérait, lui tout autant, qu'un jour Minho aura l'occasion de voir tout ce qu'il pouvait créer. Il espérait avoir l'occasion de trouver qui il était, et se présenter à Minho de nouveau.

La pluie finit par s'arrêter après quelques longues minutes, même si aucun d'eux n'y avait vraiment fait attention. Jisung avait abaissé le dossier de son siège, et désormais à moitié allongé il observait son aîné avec qui il partageait une énième conversation aux airs anodins. Minho lui rendait le même regard fatigué, le corps tourné en sa direction. Il ne voyait pas exactement les traits de son visage, seulement c'était comme s'il pouvait deviner chacune de ses expressions. Leurs voix étaient si calmes, si posées, leurs mots paraissent innocents alors qu'en réalité ils n'avaient jamais parlé aussi ouvertement. Ils n'avaient jamais partagé autant. Pourtant, le faire n'avait jamais semblé être une mauvaise chose. Au contraire.

Et puis lorsque les paupières de Jisung s'étaient faites plus lourdes, il se sentit comme le pire des idiots. Parce qu'il l'était. S'endormir dans la voiture d'un parfait inconnu, en plein milieu de la nuit, il devait avoir perdu la tête, c'était la seule explication. Mais il n'avait de se réveiller du rêve dans lequel il se trouvait actuellement. C'était encore plus idiot, lorsque les paroles de son père lui revinrent à l'esprit. Dans quelques heures à peine, il devait se trouver devant l'église avec un accoutrement présentable. Et pas ses vêtements trempés par la pluie. Il ne pouvait pas en être plus conscient, il savait ce qu'il risquait également. Seulement cette fois, il avait vraiment envie de faire ce qu'il avait envie de faire, pas ce que son père avait envie qu'il fasse. C'était l'unique pensée qui surplombait son esprit, alors qu'il sombrait peu à peu dans un léger sommeil.

Il finit par ouvrir ses yeux de nouveau un bout de temps après, il ignorait combien exactement, mais il savait que c'était assez longtemps pour que le soleil ne pointe le bout de son nez. Il se maudit en se redressant, l'euphorie d'il y a quelques heures visiblement redescendue. Alors qu'il essayait de s'habituer à la nouvelle luminosité, il fut surpris de ne trouver personne sur le siège du conducteur. Il observait autour de lui, mais aucune trace de Minho. Il s'était volatilisé. D'ailleurs, il remarqua qu'il ne se trouvait même plus dans l'une des rues adjacentes au parc public. Il était plutôt garé dans une rue remplie d'immeuble, qui lui était légèrement familière. Il ne passait que très rarement par ici, mais il savait que ce n'était pas très loin de son lycée. Enfin, ancien lycée.

Il se laissa retomber contre son siège dans un soupir, toujours déboussolé par ses quelques heures de sommeil. Il ne s'inquiétait pas plus, parce qu'il ne pensait pas vraiment être en danger. S'il le voulait, il pouvait s'enfuir dans la minute, mais il préférait attendre son aîné et s'excuser auprès de lui. Essayant de se remémorer les moindres détails de la veille, un détail le frappa. Il n'avait même pas prévenu ses parents.

Il extirpa son téléphone à clapet de la poche de sa veste, espérant pouvoir y trouver l'heure en même temps de répondre aux éventuels messages de sa mère, toutefois il abandonna aussitôt qu'il constata que son téléphone était HS.

C'est à cet instant que la porte du conducteur s'ouvrit, alertant Jisung. Minho était de retour. Il avait changé de vêtement, s'était coiffé et semblait avoir apporté deux boissons, qu'il tenait dans ses mains.

« Tu es réveillé ? »

Jisung se releva immédiatement et se courba comme il le pouvait dans la seconde qui suivit.

« Je suis vraiment désolé de m'être endormi, j'ai dû te déranger, s'excusa-t-il. »

Minho lui offrit un sourire gêné alors qu'il prenait place sur son siège, lui assurant que ce n'était rien.

« C'est moi, j'ai pas osé te réveiller, désolé. Tu m'as attendu longtemps ? Je suis parti chercher quelques trucs à mon appart', il pointa du doigt l'immeuble derrière lui.

— Non, du tout. Encore désolé, vraiment, il s'excusa de nouveau, ne pouvant chasser la gêne qu'il ressentait.

— C'est rien, je t'assure. J'ai pris du café, je sais pas trop si tu aimes bien mais je me suis dis... »

Minho lui tendit la boisson.

« Si. J'aime bien, merci beaucoup, il lui sourit en attrapant le café, qui sut réchauffer ses deux mains.

— Tu veux que je te raccompagne ? »

Jisung refusa en premier lieu, ayant l'impression de profiter de la gentillesse de Minho, mais après que ce dernier n'ait insisté, il finit par accepté. Il s'était vite mis en route, et Jisung redressa son siège.

« Au fait, il est quelle heure ? Mon téléphone a plus de batterie, il posa la question qui le démangeait depuis un moment.

— Il doit être neuf heures, je pense, Jisung grimaça, Tu avais des trucs de prévu ? Désolé, j'aurais dû te réveiller-

— Non, non, il le coupa, T'inquiètes pas, c'est rien. Enfin, j'avais des trucs prévus mais... C'est pas très important. »

Jisung baissa la tête, c'était officiel. Il avait raté la messe, celle qui tenait tant à son père. Il se sentait un peu coupable, mais il ne regrettait pas. Il appréhendait plus le fait de rentrer chez lui qu'autre chose. Pas seulement parce qu'il allait se faire gronder comme jamais auparavant, c'était même au-delà de ça.

Mais quand Minho s'arrêta devant chez lui, il ne se défila pas. Il fit ses derniers au revoir à la personne avec qui il avait plus partagé en une nuit qu'avec ses amis en des mois, sans oublier de s'excuser à nouveau, Et une fois la voiture disparue dans une autre rue, il osa rentrer chez lui où il savait que ses parents l'attendait.

Il ouvra la porte déjà déverrouillée, mais avant même de pouvoir déchausser ses chaussures, il entendit des pas débouler en sa direction. C'était sa mère. Et lui offrait un regard tellement inquiet, mais aussi sévère.

« Où est-ce que tu étais passé ! Je croyais que tu serais rentré avant le lever du soleil ! »

Et c'était parti. Essayant d'ignorer les cris de sa mère, il se débarrassa de toute ses affaires. Si l'attitude de sa mère était pénible à cet instant, celle de son père allait être terrible. Il n'avait aucune intention d'y échapper d'ailleurs, il savait que les choses seraient pires s'il le faisait. Alors il se dirigea de par lui-même vers le salon, où il trouva sans surprise son père assis sur la table, tendu.

« Je suis rentré, dit- il avec monotonie. »

Le verre que tenait l'adulte fut posé sur la table dans un grand bruit, et il dut se retenir de sursauter.

« Jisung, tu as une idée de quelle heure il est ?, Jisung savait que cette question était rhétorique, alors il resta silencieux, Neuf heures passé ! Et rappelle moi à quelle heure est la messe ?

— Huit heures, il dit faiblement alors que même sa mère restait silencieuse.

— C'est ça, huit heures, tu le sais très bien alors explique moi quelle est ton excuse pour ne pas y être allé ?! »

Son père fit volte-face, laissant apparaître son visage plus qu'énervé. Sa mâchoire était serrée et ses sourcils froncés, Jisung pu jurer ne jamais l'avoir vu aussi fâché.

« On te laisse aller à cette stupide fête à une condition et tu n'es même pas capable de la respecter ?!, il frissonna tant la voix de son père était forte, Et arrête avec ses yeux innocents ! »

S'il devait être totalement honnête, Jisung avait peur. Il n'avait jamais vu cette facette de son père, et espérait ne jamais la revoir. Il voulait simplement retrouver Minho, l'étranger qu'il avait rencontré à cette fête, et qui l'avait laissé dormir dans sa voiture comme si de rien n'était.

« On t'en demande pas beaucoup. Vraiment pas. Mais même ça, tu peux pas le faire pour nous ?!, il cria, Deux jours hors du lycée et tu te crois déjà libre comme l'air. Je crois pas que tu as bien compris. Tu es toujours sous mon toit et sous ma garde, d'accord !? Alors tu fais ce que je te demande ! »

Il resta silencieux, la tête baissée.

« Monte dans ta chambre. Et n'ose même pas poser un pied hors de cette maison. Peut-être que ça te fera comprendre. »

Jisung ne perdit pas un instant pour s'enfuir à l'étage, ravalant les quelques larmes qui menaçaient de couler le long de ses joues. Si seulement il pouvait fuir cette vie.

je suis en retard déso j'avais oublié 😓
si je finis le chapitre 11 dans les deux jours qui suivent, je post le 4 en avance.