DEVOIR N1
Il était un peu tard pour faire machine-arrière désormais. Les dés étaient jetés. Ce fût alors le regard presque vide de toutes émotions que la Huit s'avançait vers les hurlements de ses semblables. Elle attacha ses cheveux presque machinalement.
Aucune émotion
Aucune réaction
Aucun mot
Rien
On dit que les yeux sont le miroir de l'âme. Il en était alors que plus désolant de constater qu'au delà de ses pupilles bleutées il n'y avait rien d'autre.
Pas d'étoiles
Pas de flammes
Pas d'amour
Pas de joie
Rien
Elle défit doucement les premiers boutons de son affreux déguisement laissant tout juste apercevoir la naissance de sa poitrine. Ses cheveux n'étaient pas coiffés pour l'occasion. Elle n'avait pas de brosse. Seul un chouchou usé trouvé par terre les maintenait en l'air pour cacher la misère.
Elle avait l'air d'une imposture.
Une imposture soigneusement montée mais une imposture tout de même ; dans son bel uniforme. Elle n'avait que peu de vêtements, tous noirs, usés, déchirés ou délavés. On aurait dit une toute autre personne. Et ça lui plaisait.
Était-ce malsain ?
Oui, complètement.
Elle aurait aimé pouvoir en sourire mais les traits de son visage ne semblaient pas avoir été conçus pour cela. Elle portait aux pieds une paire de Vans rouges.
Volés ?
Disons empruntés...
Empruntés pour une durée indéterminée et ce sans l'accord de leur propriétaire.
Je vous avais prévu. Lisbeth Winkler est belle et bien une imposture mais elle, au moins, ne l'était pas de plein gré. Elle l'était parce que tous préfèrent se fier à son visage d'ange plutôt que d'imaginer qu'elle monstre s'y cachait en réalité. Elle l'était parce qu'il est plus facile de se bercer d'illusions que de voir la vérité en face. Elle ne faisait pas semblant. Elle ne se créait pas une quelconque image. Les gens le faisaient à sa place.
Elle était au dessus de tout ça
Au dessus de ces étiquettes
Au dessus des commérages
Au dessus de tout
Pas besoin d'artifices
Pas de sacrifices
Juste une femme
Une femme rongée par le vice
Et pervertie jusqu'à la moelle
Elle ne pouvait qu'imaginer les autres sélectionnées se pavaner les larmes aux yeux dans leurs beaux uniformes d'apparats ornés de bijoux et d'accessoires superflus. Elle les voyait presque envoyer valser leurs cheveux soigneux au vent et essuyer soigneusement leurs dîtes larmes de leurs ongles manucurés, le tout en prenant le plus grand soin de ne pas faire couler leur mascara.
Pathétique
Grotesque
Insultant
Rabaissant
Oh que les gens allaient pouvoir jaser en la voyant elle arriver ni coiffée, ni maquillée et qui de plus est, visiblement sans soutien-gorge. Elle allait faire scandale. Oui vous avez bien entendu, celle qui d'habitude se cache et complaît dans l'ombre allait faire scandale !
Il faut croire que la tristement célèbre OSIRIS a changé de stratégie : se cacher sous la lumière des projecteurs aux yeux de tous.
Voilà qui était habile
Et mûrement réfléchi
Elle s'avança sur l'estrade laissant les rayons éblouissant du soleil frapper sa peau blanche de plein fouet. Tous se turent. Sûrement attendant un quelque mot ou discours de sa part.
Ils n'allaient pas être déçus
Elle regarda un à un les Bourges des premiers rangs avant que son regard ne se perde sur les Huit et Sept relayés au fond, la regardant avec fierté. Elle en reconnus deux ou trois mais principalement un, Malcolm, son revendeur. Le métisse la fixait lubriquement comme à son accoutumance. Probablement était-il complètement défoncé car à sa grande surprise un sourire au coin attendait passivement sur ses lèvres qu'elle prenne la parole.
Aurait-il parié qu'elle essayerait de se faire passer pour la parfaite petite Sélectionnée ?
Si c'était le cas il aurait mieux fait de s'abstenir.
Elle s'avança vers le micro. Instinctivement le premier rang recula. Elle ne l'eût pas retenu. Le Maire la regardait dépité. Elle prit le micro d'une démarche nonchalante.
Une silence s'installa.
Un bref coup d'œil au spectateur, au Maire, à Malcolm. Puis elle approcha le micro de ses lèvres. Tant de regards braqués sur elle, il y avait de quoi lui faire perdre tout contrôle. Elle inspira profondément, soutenant le regard pervers de son revendeur avant de lever royalement ses majeurs vers les caméras.
«Allez tous vous faire enculer.»
❝ 𝑶𝒑𝒆𝒏 𝒚𝒐𝒖𝒓 𝒆𝒚𝒆𝒔 𝒎𝒚 𝒍𝒊𝒕𝒕𝒍𝒆 𝒉𝒆𝒂𝒓𝒕𝒔, 𝒘𝒆'𝒓𝒆 𝒂𝒍𝒍 𝒋𝒖𝒔𝒕 𝒇𝒖𝒄𝒌𝒊𝒏𝒈 𝒔𝒉𝒂𝒎. ❞
𝙇𝙞𝙨𝙗𝙚𝙩𝙝 𝙒𝙞𝙣𝙠𝙡𝙚𝙧, 𝙊𝙎𝙄𝙍𝙄𝙎
Une discours bref et intense !
Il fallait s'y attendre.
Voici donc pour ce premier devoir une entrée que personne n'est prêt d'oublier !
Total : 750 mots
Thème Musical : Boss Bitch - Doja Cat
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