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8 - Résidence Lealy-Beale

– Tout doux mon beau.

Elle rit doucement en regardant l'animal tenter encore une fois de se lever.

– Arrête de bouger. Tu ne sais vraiment pas prendre la pause, mais t'es si beau que je te pardonne.

La jeune fille parle doucement pour ne pas effrayer le poulain assis dans la paille. Elle-même s'est installée sans façon sur une botte de foin à un mètre à peine de l'animal dont la mère tourne un regard méfiant sur l'artiste qui tente de tracer les contours de la tête fine du futur étalon. D'un trait de fusain ferme, elle ébauche l'oreille dressée par la curiosité du poulain lorsqu'elle entend des pas derrière elle. Se tournant vivement, Ciarà reconnaît Niall Murdoch précédé par sa sœur. Kate lui sourit, un peu hésitante, elle ne sait pas si Ciarà est heureuse de revoir le grand écossais.

Niall intercepte l'échange subtil de regards entre les deux jeunes femmes : il comprend que quelque chose se passe. Témoin pour la première fois de leur complicité, il saisit immédiatement qu'elles partagent un langage commun inaccessible aux autres. La jeune fille brune à la robe bleue lui serre doucement le bras avant de s'éloigner pour rejoindre la maison, les laissant seuls. Le grand écossais reporte alors son attention sur Ciarà, il a reconnu la jeune femme rencontrée à la soirée, même si sa robe verte assez semblable à celle de Kate, disparaît sous un immense tablier gris qui dissimule ses formes féminines. Sa chevelure disparait, elle aussi, sous un immense foulard gris assorti à son tablier. Un peu surpris, Niall pense qu'il ne reconnaît guère la coquette silhouette appréciée lors de la soirée royale. Il apprécie enfin le plaisir de pouvoir distinguer ses traits à la lueur du jour. Elle est belle. Un peu surpris, c'est le seul commentaire qui vient à l'esprit de Niall en l'observant en silence. Il a l'impression de la connaitre de puis toujours. Le visage fin, éclairé par des iris verts surpris se lève vers lui l'interrogeant du regard. Niall essaye de se reprendre, tapotant sa cuisse de sa main fermée, cette jeune fille est... intéressante certes mais elle n'a rien de particulier. Et il ne la connait pas. 

– Le roi sait-il que votre art ne s'exerce pas que dans le domaine du portrait ? Bonjour Miss Ciarà.

– Bonjour, Monsieur Murdoch.

La jeune femme répond à son salut d'un geste du menton avant de poursuivre.

– Le roi ne me connaît guère, il m'utilise si ça lui chante, lorsque cela m'arrange, mais avouez que ce jeune garçon est beaucoup plus séduisant que certains hommes qui peuplent la cour.

Elle désigne d'un doigt couvert de fusain le poulain qui cherche toujours à attirer son attention, Niall ne peut retenir un petit sourire amusé en entendant la réplique provocatrice de la jeune fille. Il la reconnaît mieux maintenant. Ciarà n'a pas sa langue dans sa poche.

– Montrez-moi le résultat de vos observations, jeune fille, et je vous donnerais mes conclusions sur le problème.

Rapidement Ciarà fait disparaître la feuille derrière son dos. Elle ne doute pas de son art, mais le regard bleu de l'homme et la façon dont il envahit son espace soudain la trouble.

– Je... Non, il n'est pas achevé et le modèle est assez remuant donc...

Niall saisit sa main droite hachurée de noir et la regarde pensivement. Il s'étonne d'être ému de la fragilité apparente de cette petite main fine, salie de poudre.

– Donc... montrez-moi. Vu l'état de vos doigts, vous dessinez depuis un certain temps et votre modèle doit être déjà bien esquissé. De plus, j'ai une demande à vous transmettre qui nécessite que je regarde ce croquis.

Soupirant doucement, Ciarà cède et lui tend le dessin. Elle profite du fait qu'il saisisse la feuille pour libérer ses doigts qui la picotent doucement. Espérant faire disparaître cette sensation curieuse, elle frotte ses mains vigoureusement sur le grand tablier de toile qu'elle revêt pour travailler et protéger ses effets. Attendant le verdict de l'homme qui contemple alternativement l'œuvre et l'artiste, elle se frotte nerveusement le front en refusant de fixer son regard sur l'écossais.

– Non.

Étonnée, elle regarde l'homme qui vient de parler assez brutalement. Il saisit sa main une nouvelle fois alors que sa voix résonne dans le silence de la prairie. Elle interroge du regard celui qui la domine de sa stature.

– Vous allez encore vous salir le visage.

Doucement, il effleure de son pouce son front, frottant la ligne noire qu'elle a dispersée dans son trouble.

– Je...

Ciarà, choquée, ne peut terminer sa phrase. Il la touche, mais elle ne frissonne pas de terreur. Les images de Seamus ne s'imposent pas à elle. Au contraire, la douceur du geste fait trembler ses jambes et elle s'assoit à nouveau sur la botte de paille pour éviter le ridicule de s'affaisser à ses pieds. Elle n'a pas assez déjeuné aujourd'hui, ce qui doit expliquer sa soudaine faiblesse.

– Vous allez bien Mademoiselle Mac Millan ?

Niall l'a vu rosir puis devenir livide. La peau pâle de la jeune fille paraît aisément déchiffrable et elle semble malade.

– Ça va, oui... c'est juste que j'ai dû passer un repas, je pense. Ça va aller mieux dans quelques minutes.

En effet, lorsque le contact des doigts légèrement rugueux de l'homme cesse, elle sent son estomac se calmer même si elle tremble toujours. Pourquoi est-il si proche d'elle ? Pourquoi la scrute-t-il avec autant d'attention ? Ciarà cherche comment détourner son attention.

– Que pensez-vous de mon dessin ?

Niall consent à ne plus fixer le fin visage dont le foulard met en évidence la forme harmonieuse. Ce fichu foulard cache la somptueuse chevelure brune dont il garde le souvenir et qu'il aimerait admirer à la lueur du jour. Il ferme les yeux une seconde, refusant de suivre la direction que ses pensées lui imposent. Ciarà est une gentille jeune femme au caractère bien trempé. Une compatriote courageuse qu'il a envie d'aider un peu, qu'elle soit jolie ne rentre pas en ligne de compte. Il ne veut pas se marier et cette catégorie de jeune fille est strictement intouchable en dehors du mariage. Donc, il regarde le croquis et sourit.

– Ce que j'en pense ? Que votre talent est aussi affûté que votre esprit. Je vous propose de croquer trois petits diables, beaucoup plus remuants que ce poulain. Ils devraient vous plaire, mais cette mission, si vous l'acceptez sera périlleuse.

– Je ne comprends pas.

— Vous avez déjà peint des enfants ? De jeunes enfants ?

Ciarà réfléchit. Oui les enfants de Jack et Mary, deux domestiques du château de son grand-père. Lui propose-t-il de peindre... ses enfants ? Il est veuf. Niall a peut-être des enfants ? Sans comprendre pourquoi cette idée lui est assez désagréable, elle répond prudemment.

– Cela m'est déjà arrivé en effet.

— Mon amie, la comtesse d'Angus vous... veut. Je sais, dit comme cela, c'est effrayant, mais Lucie est effrayante. Et adorable. Comme ses enfants.

Ciarà prend une profonde inspiration. Ce ne sont pas ses enfants. Son visage s'éclaire d'un large sourire et Niall la trouve soudain magnifique. Ciarà mériterait que l'on fasse un portrait d'elle. Il a maintenant délivré son message, mais il n'a pas envie de partir.

– Vous acceptez sa proposition ?

— Je... je ne sais pas. Je n'ai pas vraiment réfléchi à tout cela. C'est ma marraine, Lady Mary, la portraitiste, je n'ai fait que la remplacer au pied-levé l'autre soir.

— Vous pensez qu'elle n'apprécierait pas ?

Niall s'assoit à côté d'elle sur une botte toute proche et se tourne vers la jeune femme cherchant à comprendre pourquoi elle hésite. N'a-t-elle pas saisi la chance qui s'offre à elle ?

– Non ! Elle serait enchantée. Elle cherche un moyen de nous retenir Kate et moi ici. Mais je sais que mon grand-père va nous... rappeler. Je ne sais pas si je peux prendre la responsabilité de commencer un portrait.

Elle rit et regarde ses mains noircies avant de reprendre.

– Je ne sais même pas si j'ai le talent pour le faire ! C'est un peu fou ! Comment votre amie a-t-elle eu vent de ma présence ?

Niall lui explique brièvement. Il a vraiment envie de l'aider, de lui donner le coup de pouce qui lui permettrait de s'affranchir de cette obligation de mariage qui semble tant la perturber. Un peu étonnée, elle l'écoute attentivement reprendre le récit qui l'a mené à ses côtés. Cet homme la surprend. Il a pris le temps de lui apporter un livre, il a soigné sa jument et maintenant il est encore là pour lui proposer un... travail. Enfin quelque chose qui lui apporterait un peu d'argent. Et qui pourrait lui permettre d'échapper à son grand-père.

Niall ne l'a pas dit clairement, mais il sous-entend que cet argent lui donnerait une liberté. Heureuse d'être assise pour assimiler plus calmement toute cette nouveauté, Ciarà laisse son regard errer sur la silhouette musclée du guerrier écossais assis si proche d'elle. Elle s'est presque habituée à cette proximité. Rassurante. La tenue traditionnelle lui va à merveille et révèle sa carrure puissante. Le tartan sombre est agrémenté de rayures du même bleu que ses yeux et le kilt dévoile des mollets musclés par des heures de chevauchées. Lorsqu'elle remonte son regard vert vers l'homme, Ciarà croise le sien. Il sourit légèrement Gênée d'être surprise en plein contemplation de son corps, elle se ressaisit

– C'est la première fois que je vous vois habillé en véritable écossais.

Évidemment ce n'est pas tout à fait vrai, mais il ne le sait pas.

– Ce n'est que la seconde fois que nous nous rencontrons, jeune fille. Et vous pensez que c'est la tenue qui fait l'écossais ?

– Non. Mais vous la portez fièrement. Comme mon père ou mon frère.

– Merci. Vous... ne m'avez pas parlé d'eux l'autre soir ?

Elle hésite une seconde. L'expression neutre mais attentive de l'homme la décide. De toute façon, rien n'est secret, s'il veut se renseigner sur les sœurs Mac Millan, il trouvera forcément un écossais pour lui expliquer l'histoire de sa famille quitte à déformer la réalité.

– En effet. Mon frère aîné a disparu il y a cinq ans en Europe, sur un champ de bataille. Mon père... a changé depuis cet événement et nous a confié à notre grand-père. Puis, il a eu un... accident de cheval un soir d'orage, il y a trois ans. Il est mort et nous sommes restées chez notre grand-père depuis ce jour. Ceci explique que je ne parle pas beaucoup d'eux.

Niall réfléchit un peu. Il sent qu'il est temps d'aborder le sujet réel de sa venue. beaucoup plus important, n'en déplaise à Lucie que le portrait des enfants Angus.

– Au repas, chez mon ami, il y avait aussi un homme qui souhaitait mon aide. Seamus O'Connor.

Il guette attentivement la réaction de la jeune femme. Sans surprise, elle devient plus pâle encore et se raidit avant de s'éloigner de lui.

– Votre aide ? Et pourquoi donc ?

– Il veut que sa... fiancée soit plus "réceptive". Je reprends ses propres mots. Il veut aussi hâter le mariage décidé par son grand-père.

Ciarà sursaute et ne peut retenir une grimace de dégoût.

– Bien. En quoi cela vous concerne-t-il ?

– Il est persuadé que j'ai une influence sur le roi et que je saurais le convaincre de... comment dire... l'inciter à accélérer ce mariage.

– Il ne sait pas que Kate est à Londres ! Vous ne le lui direz pas n'est-ce pas ?

Soudain très inquiète, Ciarà se rapproche de lui et pose sa main sur la peau nue et tiède du bras de Niall avant de la retirer aussitôt sous son regard surpris.

– Je ne lui dirais rien bien sûr. Mais il sait déjà que Mademoiselle Kate Mac Millan est à Londres. Il est persuadé de l'avoir vu au bal.

– Ah.

Soudain découragée, elle se rappelle que Seamus l'a croisée il y a deux jours et, qu'évidemment, il l'a prise pour sa sœur. Elle ne sait plus comment réagir à cette situation. Avoir fait tout ce chemin pour fuir un homme et le retrouver de nouveau ici à Londres. Il semble que Kate et elle aient joué de malchance. Faut-il repartir pour l'Écosse ? Ou alors s'enfuir ailleurs ? En France. Les relations entre la France et l'Angleterre sont apaisées en ce moment.

Les doigts légèrement rugueux de Niall qui effleurent sa joue la ramènent à la réalité.

– Ciarà ? Je ne sais où vos pensées vous ont conduit mais revenez avec moi.

Niall s'est reculé. Il n'avait pas prévu de la toucher. Ni d'intervenir auprès du Roi, actuellement moins il le voyait, mieux il se portait. Mais la détresse de la jeune fille et l'intense réflexion qui avaient suivi ses paroles sur le soi-disant fiancé de sa sœur l'avait troublé.

– Je peux sûrement vous aider. Intervenir auprès du roi est faisable et pas obligatoirement dans le sens qui arrangerait O'Connor.

– Pourquoi feriez-vous cela ? J'ai cru comprendre que le roi et vous... c'était un peu compliqué en ce moment.

Niall éclata de rire.

– On peut dire cela comme ça en effet. Je n'ai pas vraiment intérêt à discuter mariage avec lui mais... pourquoi pas. Je peux trouver d'autres solutions, d'autres combinaisons d'alliances qui arrangerait le souverain et pas forcément O'Connor. Mais j'ai une condition, jeune fille.

Niall s'est levé et il ne rit plus en s'approchant encore plus de Ciarà. Soudain inquiète, celle-ci lève les yeux pour soutenir le regard bleu acier qui ne plaisante plus. Méfiante, elle sait qu'elle n'a pas le choix pour aider sa sœur.

– Dites-moi.

Sa voix ne tremble pas. S'il exige quelque chose comme ce que Seamus voulait de Kate, enfin d'elle, elle a déjà subrepticement saisi son siang dudh, caché dans une poche du tablier. Elle est prête.

– Je voudrais comprendre comment Seamus a pu, suivant ses propres mots, "tomber sous le charme des paroles" de mademoiselle Kate Mac Millan qui est muette si je ne me trompe pas ? 

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