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2- Craignethan castle

Dès que le cavalier disparaît dans la nuit, Ciarà Mac Millan s'effondre contre la roue fraîchement réparée. Ses jambes flageolent encore de peur rétrospective. Elle ne saisit pas vraiment ce qui vient de se passer. L'homme aux yeux bleus les a aidés, il l'a menacée, l'a désarmée. Il a collé son corps à deux reprises contre le sien, ravivant les souvenirs qu'elle fuit depuis une semaine. Puis il est parti sans poser plus de questions sachant qu'elle avait menti. Il ne sait sûrement pas à quel point mais il sait.

Elle ne comprend pas comment mais elle a réussi : Kate et elle sont saines et sauves. Soudain les dernières paroles du grand écossais lui reviennent à l'esprit, il va y avoir du passage sur le chemin. Tout danger n'est pas écarté, car elles sont encore trop proches du château familial.

À cette idée, elle se relève rapidement et soulève la bâche. Kate s'assoit et l'interroge du regard. L'anxiété contenue dans les yeux si semblables aux siens fait culpabiliser Ciarà de ne pas l'avoir rassurée plus tôt. Elle a entendu les combats, les questions sans pouvoir rien faire. Sa sœur est fragile, il est de son devoir depuis toujours de la protéger. Aujourd'hui encore plus qu'hier.

— Ne crains rien, Katy, tout va bien. Je... je t'expliquerai plus tard. Je dois déplacer le chariot et nous cacher quelques minutes.

La main blanche et pâle de la jeune fille s'accroche une seconde à la manche sale de la veste de lin grossier. Elle supplie Ciarà du regard.

— Je n'ai pas le temps. Il faut faire vite. Cache-toi. Je reviens t'expliquer dès que je peux.

D'un geste rapide, elle embrasse le front de Kate et lisse les cheveux fins de sa sœur avant de la dissimuler de nouveau sous la bâche. D'un pas vif, elle se dirige vers les chevaux attelés, qui sont restés tranquilles à brouter l'herbe disponible sous leurs sabots.

— Allez mes grands, il faut gagner votre pitance. Un petit effort. Conduisez-moi ce chariot tout doucement un peu plus loin et vous aurez un beau sac d'avoine.

Docilement, les deux vieilles montures obéissent à leur maîtresse et, en quelques instants, le chariot est masqué derrière les arbres d'un bosquet touffu d'épineux. Soulagée, Ciarà revient tenir sa promesse. Elle attache un sac d'avoine sous les naseaux des chevaux, achetant ainsi leur silence comme lui avait indiqué Jack, le palefrenier. Elle choisit ensuite de grimper à un arbre, proche du chemin pour vérifier que grâce à la complicité de l'obscurité sa cachette est fiable et surveiller les alentours. Une fois de plus, elle se félicite d'avoir endossé un déguisement masculin, c'est tellement plus simple ainsi. Son cousin Jamie aurait été fier de la voir monter avec autant d'agilité sur les branches du chêne. Et Murdoch n'y a vu que du feu. Pour lui, elle n'est qu'un gamin maladroit cachant un secret. Pourtant son instinct lui a fait comprendre qu'elle mentait. Ciarà sait que cet homme est dangereux et est soulagée de penser qu'elle ne croisera plus les yeux si bleu qui étaient capable de lire au plus profond d'elle.

Deux minutes plus tard, un bruit lointain de cavalcade lui fait tourner la tête vers le sud. Une troupe de cavaliers au grand galop passent alors devant elle. Ils sont au moins une dizaine, ils vont trop vite pour qu'elle distingue quoi que ce soit dans l'obscurité, mais Ciarà comprend que si elles avaient été encore sur le chemin, ils se seraient arrêtés et n'auraient pas agi comme Niall.

Niall ? Pourquoi le nomme-t-elle ainsi dans ses pensées ? Le guerrier écossais l'a troublée et effrayée par son comportement. Mais il ne sera que le premier d'une longue série d'épreuves sur le chemin qui les conduira à une certaine sécurité.

Patiente, Ciarà attend encore quelques minutes, pour être certaine qu'un retardataire ne suive pas la bande à distance et lorsqu'elle est certaine que tout danger est écarté, elle descend de son perchoir et court rassurer sa sœur. Il est temps de reprendre la route. Londres est encore très loin.

********

Le souper est terminé depuis une heure. Les compagnons de route de Niall Murdoch, le ventre plein, mais ivres et bruyants se sont regroupés dans les deux salles prévues comme dortoir et continuent à mener grand train, sous l'effet de leur immodération à consommer les vins de leur hôte. Niall, lui, s'est réfugié dans la bibliothèque du comte d'Arran, encore mieux garnie que sa cave et savoure l'ironie des lignes de Monsieur de Montaigne en sirotant un whisky issu de la distillerie du comte.

"Or l'ivrognerie entre les autres, me semble un vice grossier et brutal. Le pire estat de l'homme, c'est où il perd la connaissance et gouvernement de soi."

Le penseur français n'avait pas tort. Aucun de ses compagnons n'est en état de délivrer le moindre message royal et Charles 1er serait furieux de constater leur état.

Assis dans un confortable fauteuil recouvert de tapisserie, placé en face de la fenêtre, Niall relit avec plaisir "Les Essais" de l'auteur dont il a visité le fief bordelais en compagnie de William d'Angus, son mentor et ami. Celui-ci l'a guidé sur les routes européennes et introduit dans les cours royales. C'est avec étonnement et plaisir qu'il l'a retrouvé au dîner. De façon totalement inattendue, William est lui-même en voyage dans les Lowlands et les deux hommes ont convenu de se retrouver plus tard dans cette même bibliothèque avec leur hôte, hors de portée des oreilles indiscrètes.

Niall, en avance, tente de se concentrer sur sa lecture, mais sa curieuse rencontre sur la lande reste présente dans son esprit. Le jeune Keegan, aussi déterminé et courageux soit-il ne pourra pas résister à une attaque de la moindre bande de malfaiteurs. Qu'adviendra-t-il de cette femme inconnue ? L'écossais pense qu'il aurait peut-être dû les accompagner. Ou alors les emmener au château de Craignethan avec lui.

Plongé dans ses pensées, il n'entend pas la porte s'ouvrir et ce sont les voix de personnes qui discutent à voix basse derrière lui qui s'éloignent de ses interrogations.

— Il doit être mis au courant. Cela le concerne.

— Je voudrais bien James, mais je n'ai pas toutes les données en main. Le laird Murdoch m'a juste dit que Niall devra se décider vite et qu'il était certain que son neveu serait réticent.

Comprenant que l'on parle de lui et reconnaissant les voix de William d'Angus et de James Hamilton, comte d'Arran, il hésite à les interrompre, ce qui semble l'option la plus civilisée, ou, au contraire, à satisfaire sa curiosité.

— Je ne l'ai pas revu depuis notre retour du continent, mais je pense que vu les circonstances, il n'acceptera pas.

— Ils ne lui laisseront guère le choix, tu le sais comme moi. L'avenir de son clan est en jeu.

— Pourquoi as-tu été choisi comme messager ?

— Je n'en sais fichtrement rien. On se connait peu lui et moi. Contrairement à toi.

Niall imagine le sourire tendre les lèvres de son ami William. Se demandant ce qu'ils mijotent, il décide d'arrêter là le jeu et de dévoiler sa présence.

— On complote dans mon dos, messieurs ?

Il se lève et, contournant le siège qui le masquait à la vue des deux hommes, dévoile sa grande silhouette dans la pièce éclairée. Les quelques lampes allumées par la jeune domestique qui lui a ouvert la porte, et qui aurait lié un peu plus connaissance avec lui, lui permettent de distinguer l'air gêné du comte d'Arran et de son comparse William d'Angus. Niall ne peut s'empêcher de sourire à la vue de ces deux pairs respectés du royaume, sobrement habillés de pourpoints et de chausses noires à la britannique gênés devant le bâtard écossais en kilt qu'il est. Ils se connaissent tous trois et se respectent et les deux hommes ne sont pas heureux de se trouver ainsi en position d'infériorité.

— Nous sommes désolés Niall. On avait prévu de t'en parler ce soir de toute façon. Le problème est de trouver l'angle d'approche qui t'évitera de te mettre en colère.

— Ah. Allez-y. Je crois que le meilleur angle est la sincérité.

Le comte d'Arran désigne à ses invités deux fauteuils et ouvre une petite porte vitrée de la bibliothèque d'où il sort deux verres et un flacon empli de liquide ambré.

— Niall, je vois que ton verre est presque vide. Je te le remplis avec un peu de notre whisky ?

— Non merci. Il est parfait, mais je pense que je vais avoir besoin de garder la tête claire avec vos manigances.

Il répond avec légèreté, car il sait que ses amis ne lui veulent pas de mal, mais la situation semble compliquée et les mots Montaigne restent dans un coin de sa conscience. Il veut garder "connaissance" de lui et maîtriser ses pensées et ses actes.

Après avoir servi Angus confortablement assis, le maître de maison prend place à son tour en face de Niall. Quelques minutes passent en silence, durant lesquelles les trois hommes savourent en silence leur boisson. Niall attend en observant son ami. Âgé de quelques années de plus que lui, James le comte d'Angus a choisi de regagner son fief après avoir réussi à épouser la jeune Lucie de Choiseul. Ayant assisté à la dure bataille pour la conquérir et au bonheur de son ami, Niall est curieux d'avoir des nouvelles de la jeune femme. Elle est maligne comme un singe et il lui fait confiance pour réussir à dompter son mari, mais la rude vie écossaise est tellement différente de ce qu'elle vivait en France qu'il craint un peu pour le couple.

— Comment va Lucie ?

Poser franchement les questions est souvent la meilleure façon d'obtenir des réponses. Comme à chaque fois que l'on évoque sa jeune épouse, William sourit et les rides d'expression qui commencent à marquer son front s'estompe.

— Elle va bien. Un peu fatiguée et surtout frustrée de ne pouvoir m'accompagner et te revoir.

— Fatiguée ? Que se passe-t-il ? Tu lui fais labourer les terres avec tes hommes ? Ou alors tu refuses de lui obéir ?

Niall se moque. Lucie peut demander la lune à son mari, il trouvera une échelle assez longue pour rejoindre l'astre et le décrocher. William semble gêné, mais rougissant légèrement, ce que les deux hommes trouvent étonnant, il bombe le torse avant de reprendre la parole.

- Disons que nous n'avions pas prévu... qu'un nouvel enfant s'annoncerait si vite après les jumeaux.

— Des jumeaux ?

L'écossais a failli s'étouffer en buvant. William a des enfants et il n'est pas au courant.

— Oui. Ils ont six mois et euh... la sage-femme m'a dit que le prochain devrais naitre en juin.

Les enfants sont nés en septembre juste après le décès de Lorna et de son bébé. Niall se perd dans ses pensées. Cela lui semble si loin. Il a quitté le château le lendemain des obsèques et court dans le pays depuis sans plus se poser de questions et sans repenser à cette nuit d'horreur.

— Les félicitations sont de rigueur alors. Je te souhaite bien du courage.

Le comte d'Arran, père de cinq enfants, lève son verre en souriant vers William avant qu'une idée le perturbe. William et lui échangent un regard gêné que Niall, en train de se reprendre, perçoit. Il soupire.

— Je te félicite. Dès que j'en aurais fini avec cette mission, je passerais voir la comtesse pour la féliciter à mon tour. Tu dois être bien occupé ?

— Euh... oui. Enfin, ils sont petits, et ce sont les nounous qui épaulent mon épouse lorsque j'arrive à lui faire lâcher les garçons. Je suis désolé, Niall, je ne t'ai pas fait prévenir parce que...

Il hésite à poursuivre, mais Niall se penche en avant et lui tape amicalement le genou.

— J'ai compris. Mais ne t'inquiètes pas. Je... j'ai dépassé cela et je suis vraiment heureux pour vous. Lucie a trouvé le moyen idéal pour t'empêcher de repartir sur les terrains de bataille.

Son air détaché et la sincérité de ses paroles rassurent les deux hommes. Niall semble avoir fait son deuil de sa jeune épouse et du bébé mort-né.

— Si tu nous parlais du message royal ? Tu as été assez discret à table, mais si j'ai bien compris tes joyeux compagnons de route et toi vous devez disséminer la bonne parole à travers l'Écosse ?

Le comte d'Arran décide de replacer la discussion sur un ton différent et Niall le remercie du regard. De toute façon, il est là pour cela.

— Exact et tu fais partie, en tant que pair du royaume d'Écosse, de ceux à qui je dois officiellement transmettre l'invitation du roi Charles d'Angleterre et d'Écosse, à te rendre au château de Whitehall pour la fête qu'il donnera à l'occasion de la fin du printemps.

Le comte réfléchit quelques secondes en contemplant son verre de whisky. De son côté, William Hamiton scrute le visage impassible de Niall espérant y lire d'autres informations, mais il l'a bien formé et Murdoch ne montre que ce qu'il souhaite montrer.

— Tous les pairs d'Écosse seront présents ?

William a posé la question presque distraitement, mais Niall ne s'y trompe pas et un petit sourire éclaire son visage barbu.

— A ton avis ?

Il refuse de lui en dire plus pour le plaisir de voir les rouages du cerveau politique de William analyser les choses et parvenir à la même conclusion que lui.

Arran les regarde. Il a déjà été témoin, il y a quelques années de la complicité de ces deux-là et avale une gorgée du liquide ambré et fort, attendant tranquillement le fruit de leurs conclusions. Les deux hommes sont rompus à l'exercice diplomatique et connaissent le mode de fonctionnement des rois et des puissants en général. Charles 1er, jeune roi débutant n'a aucune chance de cacher son jeu face à eux. Il se frotte la barbe. William sourit.

— Le roi d'Angleterre nous connaît bien. Il s'inquiète pour ses frontières et pour ses terres écossaises. Il va vouloir arranger quelques mariages et ligoter certains clans avec des alliances. Chaque écossais se rendant à Whitehall se verra gentiment contraint de lui obéir.

Niall et lui levèrent leur verre et se sourirent.

— Quel est l'alternative alors ? Je veux garder mon indépendance. Certes Charles est mon roi et je l'accepte ainsi, mais je ne veux qu'il m'impose ma religion ou ma façon de gouverner mes terres. De toute façon, je suis déjà marié et mes enfants sont trop jeunes pour être ne serait-ce que fiancés.

Le comte d'Arran est furieux, il avait senti quelque chose, mais ne pensait pas la situation aussi grave.

— Alternative ? Aucune. Le roi invite et c'est une convocation. Mais Lord, comme vous le dites, vous êtes marié et vos terres sont loin de Londres et même d'Edimbourg donc d'un moindre intérêt, vous échapperez sûrement à la convoitise du roi.

Niall se veut rassurant, il a accepté la tâche désagréable de transmettre l'invitation, car cela lui permet de prévenir ses amis et de maintenir ainsi une sorte d'équilibre entre la couronne d'Angleterre et les clans écossais.

— Bien. Nous serons prêts. Un homme averti en vaut deux. Merci Niall.

Niall esquisse une petite révérence ironique.

— Ce fut un plaisir. Maintenant chers amis, à vous de me transmettre votre message. Il s'agit de mon cher oncle n'est-ce pas ?

Arran et Hamilton se regardèrent. Ils espéraient tous deux que Niall aurait oublié.

— Alors ? Qui commence ?

Pourquoi est-ce que les deux hommes avaient l'impression que Niall les conviait à un combat ?


(Madia : Craignethan Castle - Lanarkshire)

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