😷 Chapitre 2 😷
Ils ne devaient pas rester dans un endroit aussi découvert, les magasins abandonnés étaient remplis de rôdeurs affamés qui n'attendaient que de naïves proies se pointeraient devant leurs gueules salivantes. Akaashi repéra une bifurcation et accéléra le pas du mieux qu'il put.
- Allons par là, Bokuto !
- Akaashi non, attend-
Kotaro attrapa de justesse le bras de son kouhai, juste avant que ce dernier ne pose son pied dans un piège à ours. Le plus jeune, qui était habituellement le plus attentif des deux, hoqueta de surprise. Ses sens s'étaient lourdement dégradés depuis le début de l'apocalypse. L'épuisement, la faim, et la douleur l'empêchaient de garder les idées claires.
- Mer... Merci, Bokuto . . .
- Est-ce que ça va ?
- Je . . . Je crois, oui . . . Viens, ils sont encore derrière nous.
Il ne laissa pas le temps à son sempai de protester, et contourna le piège pour s'engouffrer dans la rue. Bokuto grimaça mais le suivit, caressant son camarade d'un regard douloureusement inquiet. Il savait que la respiration de l'ébène n'était pas aussi saccadée qu'à cause de leur fuite éternelle. Keiji avait l'air fiévreux, et peinait de plus en plus à maintenir le rythme infernal que la survie leur avait imposé.
- Il faut qu'on s'arrête, Akaashi !
- On n'a pas le temps.
- Mais–
- NON ! Je vais bien, continuons !
C'était un mensonge qu'aucun des deux ne croyait. Akaashi Keiji n'allait définitivement pas bien, et s'il pensait réussir à tromper quelqu'un, alors il avait terriblement tort.
Le fait était qu'il s'était fait mordre la veille, et que sa blessure commençait lentement mais sûrement à s'infecter. Le virus avait pénétré son corps et se répandait au travers son système nerveux. La peau de son abdomen était déjà devenue noire. Ce matin-même, il avait dû retirer avec beaucoup de mal un vers qui s'y était installé. Il le savait, fatalement, qu'il ne pourrait pas y réchapper. Il aurait beau courir jusqu'au bout du monde, mais la Maladie aurait de toute façon raison de lui.
Il était en train de mourir.
La transformation prenait 18 et 36 heures, selon les individus. Et Akaashi approchait à chaque seconde de l'échéance limite, et vivait chaque heure dans la crainte de devenir l'une de ces créatures. Il ne voulait certainement pas en faire partie. Il voulait qu'on le tue avant, mais il ne pouvait pas demander à Bokuto une chose pareille. L'argenté ne s'en remettrait jamais. Il serait incapable d'abréger les souffrances de son ami.
C'était sans doute pour cette raison que le plus jeune était encore autant déterminé, parce qu'il voulait trouver d'autres survivants. Il savait qu'il en restait, ils ne pouvaient pas être les derniers humains du Japon. Les autres devaient juste avoir trouvé de meilleurs cachettes qu'eux.
Et Keiji espérait que ces gens-là accepteraient de mettre dignement fin à ses jours avant qu'il ne perde totalement son identité. Et il espérait aussi qu'ils accueillent Bokuto dans leur groupe. Car l'ébène ne voulait surtout pas laisser l'homme qu'il aimait seul.
La chouette avait un instinct de survie surhumain, si bien qu'il pouvait s'en sortir dans presque n'importe quel contexte sans vraiment savoir comment il le faisait. Mais à quoi bon vivre si c'était pour être condamné à la solitude ? L'argenté en perdrait l'esprit.
Et plus que tout au monde, Akaashi voulait que Bokuto vive.
Akaashi aimait son sempai plus qu'il n'aimait n'importe quoi —plus qu'il n'aimait le volley-ball, les études, ou même sa famille. Il ne savait même plus quand il avait commencé à ressentir cela, mais il n'avait jamais ressenti le besoin de l'annoncer à son sempai. Il appréciait le temps passé avec lui, et ça lui suffisait amplement. Il ne cherchait pas à obtenir plus que ce qu'il avait déjà. Et aujourd'hui encore, même aux portes de la mort, il se contentait bien de leur amitié.
- Il faut... Il faut juste qu'on continue de courir... On y arrivera, Bokuto, j'en suis certain . . !
Il n'en croyait pas un mot, mais il fallait bien qu'il s'accroche à quelque chose. Seule l'énergie du désespoir lui permettait encore de bouger. Son corps entier brûlait avec la même ardeur que la gorge d'un volcan au bord de l'éruption, et ses cellules mourantes s'apparentaient à des germes de magma bouillant qui éclataient dans un terrible grondement de mort à la surface d'un lac rougeâtre et fumant.
Il pouvait les sentir s'éteindre. Les unes après les autres. A chaque instant.
Son temps lui était compté, et il n'y avait plus d'espoir à avoir. Trop peu de personnes étaient immunisées au virus, et Akaashi n'en faisait clairement pas partie. La Maladie était en train de le tuer lentement, de l'intérieur, faisant pourrir son corps autrefois athlétique, et réduisant son esprit intellectuel au chaos.
Pourquoi luttait-il encore ? En réalité, il devrait déjà se considérer comme mort.
- Nous pouvons... Nous pouvons encore . . .
Il n'avait rien mangé de consistant depuis 2 jours, et l'eau courante devenait de plus en plus difficile à trouver. Les voilà perdus dans une ville qu'aucun des deux ne connaissait, n'ayant pas vu âme qui vive depuis des semaines. Ils avaient dû quitter Tokyo car la ville était trop grande, trop peuplée et donc un centre épidémique bien trop dangereux. Depuis, ils vagabondaient de villes en villages, se faisant le plus discrets possible.
- Pouvons... encore... trouver...
Un goût de sang acide remonta dans sa bouche, et il ne savait pas si c'était le virus qui avait raison de lui ou bien la malnutrition qui se faisait ressentir —à moins que c'était à cause du manque de sommeil ? Il souffrait de bien trop de choses pour savoir ce qui était à l'origine de ses symptômes dégradants.
C'était navrant de voir à quel point même respirer lui demandait désormais un tel effort. Et, il n'avait encore rien dit à la chouette bicolore, mais son champ de vision était pollué par des points noirs et blancs dansants depuis maintenant une bonne heure.
Ils avaient ralenti le pas car l'ébène ne pouvait simplement plus courir. Il ne pourrait bientôt plus mettre un pied devant l'autre, alors le garçon aux yeux dorés prit l'initiative de faire passer le bras de son kouhai par dessus ses épaules. Les râles monstrueux derrière eux se faisaient plus faibles. Ils ne savaient pas trop comment, mais il semblait qu'ils étaient parvenus à distancer les dévoreurs de crânes.
- Akaashi, murmura Kotaro avec une douleur incommensurable dans sa voix, arrête, s'il te plaît . . .
La dernière fois que le dénommé Akaashi avait entendu tant de détresse dans la voix de son sempai, c'était lorsqu'il avait dû abandonner son meilleur ami à son sort.
La perte de Kuroo avait été terrible pour toute leur petite troupe, mais elle avait particulièrement déchiré le coeur de l'argenté.
Le capitaine de Nekoma les avait quitté avec le sourire, en leur disant de ne pas s'en faire, et en leur souhaitant bonne chance avec un petit geste de la main alors même qu'un zombie lui dévorait l'épaule...
Ils avaient dû regarder avec impuissance l'homme au regard malicieux attirer les créatures à lui avant de se jeter par la fenêtre pour permettre à ses amis de s'enfuir.
Et Kotaro ne s'en était jamais vraiment remis, son regard avait perdu une grande partie de son éclat depuis. Comment aurait-il pu, de toute façon ? Kuroo avait été son meilleur ami, son demi-neurone, son "âme frère", son partner in crime ! Il était la moitié de sa bêtise, et ne plus l'avoir à ses côté avait créé un vide incompensable dans sa vie. Il avait pleuré pendant très longtemps, et aujourd'hui encore ça lui arrivait de céder à ses larmes. Akaashi ne disait jamais rien. Aucun mot ne pourrait consoler cette injustice. Mais ça lui faisait toujours mal de voir celui qu'il aimait dans un tel état.
Et ça l'effrayait, aussi. Parce que si Bokuto avait été dévasté par la mort de Tetsurou, alors que deviendra-t-il lorsque Keiji le quittera ?
- Si nous.. Si nous trouvons une nouvelle cachette, reprit le passeur, a-a-alors, on pourrait . .
- Akaashi, attends, tu n'y arrivera pas-
- Si... Il faut.. Il . . .
Ses oreilles bourdonnaient aussi fort qu'un essaim de guêpe se battant contre une nuée de frôlons. Pas maintenant, s'intima-t-il silencieusement. Tiens encore un peu, pour Bokuto. En trouvant un refuge avec d'autres survivant, l'argenté ne sera pas seul, et il pourra vivre. Il devait vivre. Akaashi n'accepterait pas que son sempai meure, alors même s'il fallait qu'il rampe à même le béton pour avanc—
Le noiraud s'effondra sur le béton dans un bruit sourd. Son champ de vision se voila d'un filtre grisâtre. Même son train de pensée s'était arrêté, les mots dans sa tête prenaient la forme vague d'un gymnase de volleyball où résonnaient des bruitages indifférenciables. Après son corps, voilà que son esprit était en train de lâcher. Il aurait pourtant juré qu'il lui restait une demi-journée encore . . . Mais il n'y arrivait plus. Il ne tenait plus.
C'en était trop pour lui.
»»——☠——« 𝖆̀ 𝖘𝖚𝖎𝖛𝖗𝖊 »——☠——««
J'aime les cliffhangers :)
Ne me détestez pas svp 😇
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Cho.
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