
ᴏ₁. ᴊᴏʜɴɴʏ ᴄʜᴇ́ʀɪ﹐ ᴛᴜ sᴀɪs ᴄ·ϙᴜᴇ ᴄᴀʀʟɪᴇ ᴀᴜʀᴀɪᴛ ᴅɪᴛ ﹖ ᴘʟᴇᴜʀᴇ﹐ ᴛᴜ ᴘɪssᴇʀᴀs ᴍᴏɪɴs ﹗
CHAPITRE 1.
johnny chéri, tu sais c'que carlie aurait dit ? pleure, tu pisseras moins !
TOUT L'MONDE a bien vu qu'après cet été, tout avait changé.
pourtant, ils ont tous gardé leur sourire.
ce qu'il s'est passé ?
personne n'en est sûr, mais tout l'monde le sait et tout l'monde en parle.
sujet palpitant ?
oh que oui.
chacun en a sa version, d'ailleurs, ce qui provoque souvent de grandes disputes.
le pire, c'est qu'ils continuent de sourire même lorsque les cris fusent.
hypocrites ?
et pas qu'un peu.
TOUT A COMMENCÉ au début de l'été.
le soleil tapait si fort, ce qui a fait atteindre tente-cinq degrés à la ville qu'est riverdale.
c'était une ville assez grande et peu ensoleillée, mais lorsqu'arrivait l'été, ça n'était pas la même température.
la rivière coulait, couvrant les cris de joie d'une gosse.
et de l'autre côté de cette rivière se trouvait un sac plastique recouvert de terre.
sous ce sac, le plastique se levait et se baissait, comme si le vent y était pour quelque chose.
aucun bruit autour de ce sac.
aucune ombre.
rien, si c'n'est le corps frêle qui respirait comme il pouvait à l'intérieur.
seul un mot ne sortait de ce sac, de la bouche des habitants et des feuilles autour ; carlien langdon.
morte ou vivante ?
les habitants sont partagés entre les deux.
DEPUIS CET INCIDENT, l'eau a continué de couler, comme elle voulait faire comme si rien ne s'était passé sous ses yeux.
comme si carlie n'en valait pas la peine.
tout ceci était oublié par les gens.
en apparence, du moins.
tout l'monde sait que rien ne sera complètement effacé, peu importe les efforts que feront les médias pour y arriver.
le sac plastique restera coincé dans notre mémoire.
dans la mienne, en tout cas, c'est sûr.
carlie n'est pas quelqu'un qu'on oublie, c'est évident...
pourquoi essayer ?
c'est impossible.
VOILÀ DEUX MOIS que l'été est passé.
la rentrée approche si vite et personne n'est vraiment heureux d'y retourner.
ça n'est plus pareil sans carlie, évidemment.
ma mère dit qu'il faut faire son deuil, et moi je trouve ça con.
elle n'est pas morte.
certains veulent la voir comme telle pour ne pas souffrir de l'attente, et ils veulent qu'on ait la même vision pour ne pas nous voir souffrir ─ nous, ses amis ─.
ça part d'une bonne intention, mais je continue de trouver ça débile.
pourquoi faire couler les larmes dès maintenant alors qu'on peut les retarder pour le moment tant attendu ?
le faux espoir est mauvais, certes, mais je le préfère largement durant les moments tristes.
j'aime la vérité, évidemment.
seulement, il ne faut jamais réveiller un somnambule...
━ RÉVEILLE-TOI, le môme, m'hurle une voix, ce qui me fit grogner.
J'ÉTAIS encore au pays des rêves.
je déteste les réveils de ma soeur, elle fait toujours le même truc.
et à chaque fois, ça m'gonfle.
je me demande même comment elle fait pour être aussi chiante...
ce doit être un don qu'on distribue dans les maternités.
comme ta connerie me souffle mon inutile conscience.
inutile ?
oh, je dois paraître assez difficile, mais bon, c'est une vraie pute parfois.
━ OH, LE MÔME, t'entends c'que j'te dis ? hurle-t-elle. magne-toi ! souffle alissa-l'alien, sa voix trahissant son impatience.
MA CONSCIENCE s'est enfin rendue compte qu'il fallait qu'elle se la ferme, ce qui m'encouragea à me lever de cet objet satanique qu'est le lit.
aujourd'hui, chaque visage qui cottoyait carlien va croiser le mien.
ils feront tous comme si rien ne s'était passé, mais le seul mot qu'ils vondront prononcer sera le sien.
certains profiteront même de l'évènement pour parler, comme si la nouvelle morbide faisait briller leurs yeux curieux et ─ pour certains ─ tristes.
je ne fais pas vraiment parti de cet univers, au désespoir de mes amis qui me trouvent bizarre.
elle aussi me trouvait bizarre, d'ailleurs.
l'idée qu'une élève puisse mourir ne devrait pas ravir quelqu'un, mais je pense que les adolescents aiment les choses morbides.
les films d'horreur sont un bel exemple, d'ailleurs.
bon, moi aussi, j'aime ce genre de film.
la différence est que je n'aime que les meurtres qui se produisent à l'écran.
eux sont passionnés par un corps caché dans un sac plastique couvert de terre.
un vrai corps, pas quelque chose d'artificiel.
celui-ci, ils finissent par s'en lasser.
les ados' seront toujours plus exigeants au niveau des étoiles qu'on donne au film qu'ils iront voir.
pour eux, la qualité de l'horreur est reliée à la quantité du sang.
pour moi aussi, certaines fois.
je ne suis pas un alien, non plus !
seulement, parfois, j'aimerais leur hurler :
oh, un homme a tué sa femme dans la grange familiale, c'est du vrai sang qu'il y a sur sa poitrine et c'est ta ville, alors pourquoi postes-tu ça sur instagram ?
mais je n'en fais rien.
MAINTENANT debout face au miroir, je contemple le brun qui vire au noir de mes cheveux.
voilà bientôt deux minutes que je le fais sans vraiment m'en être rendu compte.
c'est pour ça que ma soeur se fout de moi ?
évidemment...
cette chieuse, elle ne loupe jamais une occasion de rire de moi.
je me décide enfin et me prépare aussi rapidement que possible puis je sors de mon entre et quitte le cocon familial sans avoir avalé la moindre chose.
comme d'habitude, finalement.
vous voyez le problème ?
même après un terrible évènement, ma routine reste intacte.
c'est peut-être ça qu'ils veulent, les jeunes passionnés de meurtres : un changement de routine.
en fait, ils l'espèrent et je les comprend.
personne n'aime les routines, bon sang.
MON QUARTIER est toujours calme.
les week-ends, du moins.
la semaine, jakub crie afin que je sache où il est.
depuis ma chambre, je l'entends.
je le soupçonne d'être aussi chiant qu'alissa-l'alien, sauf que j'aime bien plus jak' que celle-ci.
mon frère de coeur ?
je ne pense pas que ce soit le mot.
simplement, nous avons des idées en commun.
━ TE MAGNE PAS, surtout ! ricane-t-il.
JE REMET correctement ma veste et me demande une fois de plus pourquoi les gens n'aiment pas le retard.
ce qui est étrange, c'est que jakub l'aime aussi.
il fait juste le mec sérieux à deux franc cinquante, là.
pour nous, être en avance signifie rentrer dans la norme, et je détesterais être dans la norme, je crois.
━ OH, fais pas genre, tu veux, je lui fais remarquer en levant les yeux au ciel, sourire aux lèvres.
━ OUAIS, bon, j'avoue, capitule le jeune homme. c'est bizarre de revenir au lycée après cet été, pas vrai ? me demande-t-il.
━ TROP, j'hoche la tête et nous avançons enfin.
LE LYCÉE, c'était son royaume.
à présent, les filles vont se battre pour devenir la nouvelle reine.
elles ne vont pas juste faire des élections en le disant à tout le monde !
non, elles vont faire ceci discrètement et continueront de pleurer carlie avec leur larmes de crocodile.
stupide ?
c'est un petit mot pour décrire ça.
certains garçons seront violents et rateront les cours, comme si cela changeait de d'habitude.
seulement voilà, l'évènement de cet été sera leur excuse.
ce sera le cas pour certaines filles également.
absence ?
carlien.
violence sur les autres élèves ?
carlien.
son prénom sera leur issue, et si elle savait ça, elle...
NOUS SOMMES au lycée.
des million de sacs se bousculent les uns contre les autres alors que toutes les têtes que j'avais oublié ces vacances me reviennent en pleine face, comme une balle qu'on m'aurait renvoyé.
soudain, un casier me frappe en plein coeur, mon corps pénétrant l'enceinte du lycée.
des fleurs y sont placardées avec le soin d'un enfant perdu tiré de peter pan.
comme je l'avais prévu, des tonnes de filles ─ qui, pour certaines, ne parlaient jamais à carlie ─ pleuraient devant son casier et postaient des photos sur instagram.
#ripmybff.
stupides adolescentes, bourrées par leur propre hypocrisie.
tandis qu'elles jouent la comédie, je jette un rapide coup d'oeil à l'objet et me dirige à mon cours sans montrer une quelconque émotion aux autres.
certains visages me rappellaient des souvenirs, et ceux-ci referont surface dès que j'entrerais dans cette salle.
tous les fantômes de l'année dernière vont surgir pour glacer la pièce et ses invités.
MON ANCIENNE PLACE sera remplacée par une autre personne, comme carlie sera remplacée par une autre fille ─ qui ne lui arrivera même pas à la cheville, évidemment ─.
l'expression qui part à la chasse perd sa place me trotte dans la tête, bizarrement.
seulement voilà, carlie n'était pas la chasseuse cet été.
elle était la proie.
pas une biche, non, plutôt une princesse en danger.
ce que ne savait pas la jeune femme, c'est que ce sont des filles comme blanche-neige, cendrillon, et toutes ces filles jolies qui sont visées les premières.
la jeune femme était aussi inconsciente qu'elles, voilà tout.
et en pensant à ça, le cours se déroule sans que je n'en suive le fil.
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